Souvenirs... [PV Silver] [TERMINE]

Irisia... région de Johto, en pleine après-midi... un soleil éclatant... Des gens habillés légèrement profitant de ce magnifique temps pour faire des promenades en famille, aspirant l'air frais venant de la mer, se dégourdissant les jambes, faisant découvrir à leurs enfants le plaisir simple de la marche... Que de moments qui composeraient de merveilleux souvenirs une fois les enfants devenus grands, et les parents devenus vieux...

Observant toutes ces familles d'un oeil distrait, un homme était assis à un café, sirotant tranquillement un verre de whiskey avec glaçons, calmement... L'esprit éperdu dans des moments du passé définitivement résolus, comme toujours lorsqu'il se retrouvait dans un tel lieu, porteur de tant d'éléments de sa mémoire... Son téléphone portable était posé sur la table, et de temps à autre, il posait un regard hésitant sur son mobile... Incertain si oui ou non il devait le saisir pour composer un certain numéro...

Il resta ainsi longtemps...

Des heures passèrent. Les whiskey s'enchaînèrent. Les familles continuaient leur ballade... Le soleil descendait de plus en plus bas dans le ciel...

Pris dans un élan de courage, ou plutôt porté par sa consommation d'alcool, le quadragénaire se décida à prendre en main son téléphone, et à composer un numéro qu'il connaissait par coeur...

Il le porta à son oreille dans un sentiment presque honteux... il aurait préféré ne pas avoir à appeler cette personne... à ne pas appeler celle qui l'avait délaissé, celle qu'il s'était juré de ne jamais appeler. Quoi qu'il advenait... son ex-femme.

"Allô ?"

Heureusement pour Giovanni, il changeait fréquemment de numéro pour ne pas se faire repérer par la police trop aisément et donc ne pouvait pas être reconnu... sinon elle n'aurait jamais décroché, c'était certain...
Aussi, il se devait de se la jouer diplomate pour éviter de se faire pitoyablement raccrocher au nez...

"Lorelei... Olga...Ne raccroche p.."

*Bip Bip Bip*

Plus de tonalités... et Damnation...

Rangeant plutôt énervé son téléphone dans la poche, finissant cul sec son verre, et sortant un second mobile de son autre poche, Giovanni décida de laisser passer une quinzaine de minutes avant de retenter un essai.

Pour l'attente des quinze minutes, il se décida à composer un autre numéro... qu'il s'était dit d'éviter de composer également...

Shirayuki... Silver.

A nouveau, le mafiosi porta l'appareil à son oreille et attendit...

Pas de réponses... Il devait être occupé à détruire une partie de sa base, à battre des Rockets ou des Quetzacoalts, connaissant son fiston...

Il y eut l'habituel Bip sonore avant la messagerie de son fils, qui déclara d'une voix impassible familière que "Vous êtes bien sur le portable de Silver Shirayuki. Si vous avez quelque chose d'intéressant à dire, laissez-moi votre message, et je vous rappellerai"

Si vous avez quelque chose d'intéressant à dire... ces paroles restèrent un moment en flottaison dans l'esprit de Giovanni, qui se demandait sincèrement si son unique garçon serait intéressé à le revoir... et peut-être à connaître sa mère...

Il y eut un instant de silence avant que Sakaki se décidât à parler...

Silver... c'est... Giovanni. Je suis au café d'Irisia, nommé "La Marmite à Ecremeuh"... J'aimerais que tu viennes... ça pourrait être intéressant pour toi. A toute à l'heure, j'espère...

Puis il raccrocha... et attendit... il ne voulait pas donner trop de détails à Silver, connaissant le caractère de son fils, il ne voulait pas essuyer un refus... il pensait qu'en disant peu ça intriguerait son cadet, et l'amènerait à lui... du moins, il l'espérait vraiment grandement...

A nouveau le temps s'écoula, et au bout d'une petit dizaine de minutes, le pokémafieux entreprit de rappeler Olga...

"Lorelei Olga, allô ?"

"Silver."

Un mot. Composer une phrase avec la membre du conseil des 4 aurait été délicat, elle ne lui aurait probablement jamais laissé finir. Au moins, le fait d'énoncer le nom de son unique fils, l'avait sans doute laissée la bouche ouverte et légèrement en état de choc, ce qui lui permettait de lui dire ce qu'il avait à lui dire...

"Ecoute, il viendra probablement à Irisia, au Café de la place... il faut que tu soies là."

Un faible "Silver..." attristé, nostalgique lui servit de réponse. Puis, la puissante dresseuse semblant se reprendre, elle affirma d'une voix ferme, glaciale, reflétant son caractère :

"Je ne le fais pas pour toi. Mais pour lui. Je viens d'ici une heure..."

Puis elle raccrocha.

Machinalement, le mafiosi ferma son mobile et le rangea à nouveau... puis sortit de la petite valise qu'il avait pris avec une sorte de livre... un album photo pour être exact... Où se trouvaient toutes les photos concernant tous les gens de sa famille... il avait la veille fouillé dans les vieilles affaires de sa mère rangées dans les archives Rockets pour obtenir quelques photos des grands-parents de Silver ensembles... des photos de sa mère, du Roi des Iles Orange, de ses différentes belle-mères, d'Olga et lui à leur mariage, de Chocolate âgée de 4 ans qui tenait un bébé rouquin dans ses bras. Sans jamais avoir su que ce petit bout d'être humain qu'elle tenait était en réalité son demi-frère...

Giovanni se décida de feuilleter ses images qu'il connaissait par coeur en attendant l'arrivée d'Olga, ou de Silver, ou des deux à la fois...

Puis ses yeux dérivèrent au bout de cinq minutes sur le petit parc qui se trouvait presque en face du restaurant... Là où Silver aimait bien aller se promener... comme tous les enfants des différentes familles marchant...

Les souvenirs ressurgirent.

Son fils, courant du mieux qu'il le pouvait du haut de ses un an et demi, allant dans le bac à sable et prenant un malin plaisir à en prendre dans ses petites mains pour les jeter dans les yeux des enfants qui lui déplaisaient...

A ce moment, comme beaucoup d'autres, Giovanni aurait aimé posséder comme Légendaire Célébi...

Silver, pour ce qu'il avait à faire, ne pouvait résolument pas se servir du téléphone. De nos jours, les ondes téléphoniques se font intercepter très aisément, par la police où oas des criminels avec beaucoup de moyens. Or, il devait absolument éviter que ce qu'il avait à dire se fasse écouter, que ce soit par les Rockets où pas les Quetzacoalts. Étant le fils de Giovanni, son portable devait probablement avoir été mis sous surveillance.
Voilà pourquoi Silver était en train de se faire suer, sur un vélo, à pédaler avec toute son énergie. Il y avait vraiment des fois où il regrettait d'avoir laissé Corboss au professeur Orme, mine de rien, avoir un Pokémon pouvant voler était extrêmement utile...

Le roux donna un coup de pédale supplémentaire, faisant une fois de plus accélérer son véhicule, qu'il avait emprunté. Oui enfin...de toute manière, il appartenait à un agent Rocket, ce vélo ne devrait pas lui manquer.
Où en tout cas pas trop.
Bref, si la fonction Traçage de son Pokédex fonctionnait encore...Elle devrait être par ici.
Et en effet, elle était ici. Il suffit de voir pour cela que Silver vient de manquer de se prendre un arbre pour s'en rendre compte. Elle était à côté d'un Lac, en train d'entraîner son à mieux se diriger en vol, toujours en se propulsant à l'aide de ses canons qui crachaient un puissant jet d'eau de manière continue.
Blue.

Autrefois, elle avait eu la phobie des Pokémons Oiseaux, ce qui l'avait conduit à trouver une autre manière de voler, d'où cette méthode pour prendre de l'altitude. Tortank était un Pokémon lourd, pas vraiment adapté pour le combat aérien, mais Blue se caractérisait par son aptitude à prendre au dépourvu ses adversaires, souvent par des ruses, et faire voler un Tortank était une idée que peu de gens pourraient avoir, et encore moins réussir à mettre en application, mais la détermination de Blue avait rendu ce miracle possible.

Silver descendit précautionneusement de son vélo, qu'il laissa à l'abandon et entreprit de rejoindre Blue, qui tendait une Baie Oran à son Pokémon. Lorsqu'elle l'aperçu, elle lui fit de grands signe de la main, qui provoquèrent quelques rougeurs sur son visage, ainsi qu'une tendance légèrement fâcheuse à manquer de trébucher pour s'étaler lamentablement. Silver réussit néanmoins à arriver jusqu'à Blue sans trop de problèmes, et après les traditionnelles salutations, il parla du sujet qui lui tenait vraiment à cœur :

- Blue, je suis désolé de venir comme ça, mais il fallait absolument que je te parles, et le téléphone n'était pas approprié.

- Qu'est ce qu'il t'arrive encore ? De nouveaux soucis avec ton père ?

- ...Pas vraiment. Tu connais le conflit qui est en train d'éclater maintenant ?

- Je m'y suis intéressée en effet. Mais bon, les Rockets devraient l'emporter sans peine non ? Et si tu lui demandes, Giovanni devrait te laisser leur donner un coup de main.

- Justement, c'est ce que je veut à tout prix éviter. Si je l'aide, probablement, sans me vanter, que l'on devrait réussir à démanteler les Quetzacoalts, mais ils restent extrêmement puissant. Ce ne sont pas de simples fanatiques Blue. Ils disposent d'une puissance financière considérable. Et je ne veux pas créer une guerre totale. Je ne veux pas qu'il y ait de victime innocente à cause d'un tordu qui pour son simple désir de pouvoir, se fiche de ruiner leur vie. Je ne veux pas...que d'autres personnes soient comme nous. C'est pour cela...que je veux m'opposer à mon père...et aux Quetzacoalts. Et pour cela, j'ai besoin de toi.

- Tu aurais plus besoin de tous le monde, non ?

- Oui...Les porteurs de Pokédex font partis des dresseurs les plus puissants des deux régions, et de plus, selon le professeur Chen, ils sont tous dotés de capacités qui leurs sont propres. Le combat, l'évolution, l'échange, le dressage, le soin, l'élevage, l'évolution... Ce sont nos spécialités, et cela tu le sait bien non ? Si on se réunit...Je pense que l'on peut réussir à empêcher que cette guerre provoque un massacre.

- Donc tu veux mon aide ? Pourquoi pas, ça peut être amusant de voir Red et Yellow dans la même pièce. Tu veux pas inviter Ondine en plus, que l'on rigole un peu ?

- Tu acc*BIIIIIP*

Silver posa un regard sur son téléphone. Voyant le numéro qui s'affichait, et qu'il ne connaissait pas, il ne préféra pas répondre. Sauf que son cœur rata un battement lorsque son répondeur se mit en marche, et que la voix de son père résonna :

Silver... c'est... Giovanni. Je suis au café d'Irisia, nommé "La Marmite à Ecremeuh"... J'aimerais que tu viennes... ça pourrait être intéressant pour toi. A toute à l'heure, j'espère...

- Je n'irais pas. Pour qui se prend-il ce...

- Tu veux pas y aller pour ton égo où parce que tu lui en veut encore ?

- Je...

-Silver, boucles-la et vas-y.

- Mais...de toute manière je n'y serais jamais à temps ! Ça ne vaut pas la peine !

Une minute vingt-deux secondes plus tard, Silver, qui boudait légèrement, était sur le dos du Tortank de Blue, qui les emmenait tous deux avec toute sa vitesse vers Irisia. Ils y arrivèrent quelques temps plus tard, environ deux heures après l'appel de Giovanni. Là-bas, Blue fit rentrer Tortank qui n'en pouvait plus dans sa Ball, et après avoir menacé Silver de lui botter les fesses s'il n'y allait pas, elle était partie au Centre Pokémon.

Silver, d'un pas lent, se dirigeait vers « La Marmite à Ecremeuh », il le connaissait ce café...Il y venait souvent quand il était petit, avec sa mère, vu que son père était tout le temps absent...Sa mère...il l'avait vue plusieurs fois ces dernières années, voir même assez souvent...Mais depuis sa rencontre avec Meister, il s'était tenu à l'écart de tous les membres de sa famille...Et maintenant, il allait revoir son père.
Mais n'avait absolument pas prévu que sa mère serait là. Il n'avait même pas envisagé qu'elle accepte de voir le Pokémafieux, qui était responsable de tant de choses...

Aussi, d'un pas qui n'était pas vraiment motivé, le roux s'avança, et s'installa à la troisième place de la table. Il dévisagea successivement son père et sa mère, qui étaient assis l'un en face de l'autre. La tension qui régnait était palpable, un silence plana pendant quelques minutes, puis Silver, sans même esquisser un sourire dit :

-Eh bien...me voilà.

Giovanni avait senti les minutes passer comme des heures après son dernier appel... Les souvenirs dans lesquels il était plongés ne parvenait que faire ralentir le temps, et lui occasionner une désagréable sensation qui le poussait presque à finalement partir, à poser un lapin à son ex-femme et à son fils... mais il ne pouvait pas le faire. Plus le faire. Il avait décidé de recontacter les membre qui formaient la famille Shiruyaki pour justement avoir l'occasion de se parler, de dire des vérités, avant que cela ne soit trop tard... car, malgré la confiance apparente, celle que Giovanni s'efforçait toujours d'afficher, il sentait que les événements allaient prendre une tournure plutôt... mauvaise... Il ignorait pourquoi, il savait juste qu'il fallait qu'il ait l'occasion de parler avec ses enfants, pour ne pas revivre une expérience semblable à Tina... avec qui les adieux avaient été muets... C'était la reconversion qu'il souhaitait faire, expier ses fautes familiales... bien qu'il savait la tâche peu aisée, voire impossible à cause de son égo, et surtout guère facilitée par les rancunes venant des différents côtés.... Mais il devait s'efforcer d'essayer de le faire...

C'était son devoir, en tant que père... et mari.

Recommandant un verre de whiskey, car c'est bien connu, l'alcool fait passer la temps, Giovanni réfléchissait à quel genre de dialogue il pourrait avoir avec Olga et Silver... et non, cette rencontre, malgré qu'il l'avait les invités quelques heures auparavant, était totalement... improvisée... il le fallait, pour que cela soit sincère, et ait de l'impact sur la membre du conseil des 4 qui conservait une farouche rancoeur envers Giovanni, et peinait à admettre que son petit garçon avait passé son enfance à s'entraîner durement pour devenir un puissant dresseur, bien qu'elle en était fière... d'une certaine manière, même si elle aurait préféré qu'il ait un tout autre destin.... celui des petits garçons de son âge qui allaient jouer au foot avec leurs amis, draguer les filles... et autres choses normales, pourtant inconnues de leur rouquin... Tout ça à cause d'un individu...

"Tu me le paies ce verre ?"

Rares étaient les personnes qui pouvaient se vanter de faire sursauter le parrain de la Pokémafia... Olga en était une... sa voix haute et ferme l'avait violemment tiré de ses pensées et forcé à relever le regard... pour croiser celui glacial avec qui il partageait un fils.

Le temps avait dépeint sur elle, quelques rides çà et là étaient apparues, mais globalement, elle se conservait bien et adoptait toujours ce charme fatal qui lui valait beaucoup de succès auprès de la gent masculine...

"Alors... ?"

Le coupant dans son admiration, Giovanni poussa un détourna le regard et s'exprima d'une voix conciliante.

"Hm. Oui, assieds-toi..."

La phrase était à peine prononcée que la puissante femme était assise, et prenait soin de commander la plus chère boisson alcoolisée possible en demandant même la carte au serveur afin de comparer les prix... Sakaki n'en fut guère étonné, et eut un sourire en coin...

Sourire qui disparut à la question de la rousse...

"Où est Silver... J'espère que ce n'était pas une excuse pour me voir. Tu sais que je suis membre du conseil des 4, alors que toi simple Gym Leader, que j'ai de puissants pokémons glaces tandis que toi des simples Pokémons sols... il serait suicidaire pour toi de tenter de me piéger, tu le sais, Sakaki-kun..."

"A vrai dire, je ne suis plus Gym Leader depuis 7 ans environ... Mais je ne suis pas là pour te coller la défaite que tu mérites... Silver va vraiment venir."

"Il va vraiment venir ? Comme la nuit de noces dans le palace de glace que tu m'avais promise en me disant qu'elle "viendrait lors d'une meilleure conjoncture" ?"

Ca y était... les vieux reproches sujets à de disputes de couples et à de la vaisselle cassée réapparaissaient... Sakaki, empiété dans son orgueil par la supériorité effective de Lorelei, ne compta guère se laisser faire d'avantage...

"A vrai dire, tu n'aurais pas trouvé beaucoup d'hommes pour ne serait-ce que de te promettre de passer une nuit de noces dans un palais entièrement fait de glace..."

"..."

Voilà. Olga et Giovanni avaient dans le même réflexe croisé les bras et observaient un point autre que leur interlocuteur dans une moue qui semblait bouder. Et l'heure qui passa resta dans cette optique du : Je n'ai plus rien à te dire. Aussi, quand Silver arriva, il trouva une ambiance incroyablement digne des pokémons de sa mère et du tempérament de son père... Le jeunot s'installa tranquillement mais son motivation sur le siège vide entre ses deux parents puis esquissa un discret :
-Eh bien...me voilà.

Avant de faire replonger la table dans un silence digne de la "Drôle de Guerre"... soit un silence qui précédait un puissant éclatement de ressentiments... que Sakaki espérait ne jamais se réaliser... aussi, il se décida en premier de décroiser ses bras et de centrer son attention sur son fils unique...

"Silver... tu connais ta mère... Olga Shiruyaki Lorelei..."

"Silver, tu connais ton père... Giovanni Silver Sakaki... T'as pas mieux comme début de conversation ?"

Giovanni foudroya un court instant le regard de son ex qui le soutint... Bon sang, elle avait rien perdu de son caractère...

Silver, si tu es là aujourd'hui, c'est parce que... la dernière fois, nous n'avons pas pu énormément parler de ton passé, et nous n'avons pas beaucoup aborder des choses que tu aimerais connaître... Aussi, j'ai amené ta mère pour pouvoir discuter... en famille

Les derniers mots qu'il avait prononcés lui avaient coûté, il avait bien du inspirer discrètement avant de les dire... pas car il ne pensait pas être une famille, mais parcequ'il la savait éparpillée, déchirée, et peu ressemblante à une vraie famille... aussi le terme employé pouvait paraître déplacé aux yeux de son cadet, qui n'avait connu comme famille que ses mentors d'entraînement, et ses partenaires...

Pour résumer la sensation que Silver éprouvait, je vais vous faire une petite métaphore explicite. Armé de votre pioche, qui n'est même pas à vous mais qu'un « ami » a insisté pour vous refourguer, vous allez jusqu'au centre du cercle glacial Arctique. Ensuite, vous y creusez un trou profond dans la glace, et vous vous immergez dans le liquide froid.
Voilà, c'est grosso modo ça. Personne ne parlait, il y avait juste deux personnes rousses qui jetaient des regards tous sauf chaleureux à la troisième. Oui, il faut dire que parmi ses enfants et ex-femmes, peu d'entre eux parvenaient à avoir une relation proche de l'adjectif amicale avec Giovanni. Chocolate, il ne savait pas exactement pourquoi elle lui en voulait. Enfin, c'était aussi la seule qui avait réellement cherché à le défendre lors de la dernière rencontre familiale, après que ce dernier se soit pris un coup de poing de la part de son fils et des invectives de la part de la dernière des Sakakis.
Silver, pour sa part, lui reprochait d'avoir trompé sa mère, d'avoir été absent pendant son enfance, et surtout d'avoir été indirectement responsable de son enlèvement, à cause de son passé et de son identité de criminel. C'est pour cela que, sous le coup de la colère, il n'avait pas hésité à lui décocher un féroce crochet du droit lors de leur dernière rencontre, arrachant à cri de surprise à Chocolate et à Tina, ainsi qu'une mine presque...contrite à son géniteur.
Quand à Tina...elle lui en voulait surtout, d'après ce qu'il savait, de son absence, et de son incapacité à croire en elle. Il l'avait tuée, socialement parlant, parce qu'il n'avait pas réussi à supposer qu'elle pourrait vivre sous cette menace. Belle preuve de son amour paternel, mais également...de l'estime qu'il avait pour elle. Lorsqu'il avait son âge, Silver avait, en l'espace de quelques mois, réussi à former une équipe Pokémon redoutable, du niveau de celle de Gold. Pourquoi en aurait-elle été incapable ? Après tout, le même sang coulait dans leur veine...

"Silver... tu connais ta mère... Olga Shiruyaki Lorelei..."

"Silver, tu connais ton père... Giovanni Silver Sakaki... T'as pas mieux comme début de conversation ?"

Le roux leva les yeux au ciel, et lâcha un profond soupir. Sérieusement...la capacité émotionnelle de son père en présence de membres de sa famille (sauf peut-être Meister où Rayleigh) avoisinait le Zéro Absolu. Évidemment qu'il connaissait sa mère ! Pendant l'étape où il recherchait Giovanni activement, il était allé la voir souvent, et elle s'était toujours montrée chaleureuse à son égard. Seul le sujet Sakaki lui faisait froncer les sourcils et se montrer désobligeante.

Silver, si tu es là aujourd'hui, c'est parce que... la dernière fois, nous n'avons pas pu énormément parler de ton passé, et nous n'avons pas beaucoup aborder des choses que tu aimerais connaître... Aussi, j'ai amené ta mère pour pouvoir discuter... en famille

- Tu m'as amené ? Ne soit pas ridicule. Je suis venue pour mon fils, à qui tu as ruiné la vie. Et je n'ai JAMAIS eu besoin de toi pour parler en famille avec Silver.

- Arrête Maman. Elle dit vrai père, je suis allé la voir de multiples fois pour...parler. Et comprendre. Pourquoi tu l'as abandonnée. Pourquoi tu NOUS a abandonné.

La nuance Maman/père était intentionnelle. Giovanni n'avait, pour Silver, presque jamais été un père, tandis que...Olga avait été là dès qu'il en avait eu besoin. Lors de son évasion, la première personne qu'il était allé voir, c'était elle. Et puis après le crash, après qu'il ait appris l'identité de son père, elle lui avait expliqué ce qu'il s'était passé entre eux. Mais Silver ne parvenait toujours pas à comprendre.

- Père...Pourquoi as tu fais les choses comme ça ?

Silver leva un regard qui luisait d'étincelles de colère envers Giovanni. Olga avait attrapé la main de son fils et la serrait.
Très fort.

- Tu...n'aimait plus Maman, ça...je peux le concevoir. Mais...au lieu de lui dire...Pourquoi tu ne lui as pas dit, au lieu qu'elle apprenne que tu lui était infidèle par un autre biais ? Pourquoi l'as tu détruite ainsi ?

Le roux donna un coup de poing sur la table, faisant tressauter les boissons que le serveur venait d'amener. Quelques personnes levèrent un regard intrigué vers le trio hétéroclite. La membre du conseil 4 avait les yeux humides. Malgré ses dénégations, elle ne s'était jamais totalement remise de la trahison de Giovanni.

- Et niveau gaffe, tu ne t'est pas arrêté là. Tina. Tu est donc incapable de lui faire confiance ? Tu as préféré la tuer plutôt que l'aider. Fuir, plutôt que d'avancer. Tu savais ce dont elle était capable, et as triché. Elle aurait pu devenir aussi puissante que moi, voir même plus forte, si tu avais seulement pris la peine de l'écouter, et de l'aider. Tu as passé ta vie...à fuir tes enfants.

Les réunions de famille ne s'étaient jamais bien passées. Et Giovanni venait de penser qu'en fait, elles ne se passeraient jamais bien... à peine avait-il ouvert sa bouche, que son cadet avait poussé un profond soupir après avoir levé les yeux au ciel, et son ex cracher son venin...

- Tu m'as amené ? Ne soit pas ridicule. Je suis venue pour mon fils, à qui tu as ruiné la vie. Et je n'ai JAMAIS eu besoin de toi pour parler en famille avec Silver.

- Arrête Maman. Elle dit vrai père, je suis allé la voir de multiples fois pour...parler. Et comprendre. Pourquoi tu l'as abandonnée. Pourquoi tu NOUS a abandonné.

L'envie soudaine qu'éprouva le pokémafieux suite à ces mots fut de soit commander un litre de whiskey, soit de se lever et de partir... Son fils, appeler sa génitrice "maman", sur un ton affectif, et lui "père" sur un ton d'une froideur extrême, alors qu'il avait passé ses 16 dernières années à le rechercher, s'était adonné à quelque chose qu'il n'avait pas apprécié nommé la torture pour le retrouver... avait alourdi son CV de criminel pour déboucher sur une micro-piste, avait fait ce qu'on appelait le sale job de ses propres mains... les avait salies de sang pour lui, la chair de sa chair... Ce spectacle lui donnait sincèrement envie d'abandonner toute tentative de réconciliation...
Mais la lourdeur de ses responsabilités, évoquée par ses trois enfants, à tavers ce fameux "tu nous as abandonnés", le rattrapa, et surtout, le regard acier de son garçon, empli d'un sentiment rancunier qu'il eut l'impression de connaître le força à rester assis, pour accomplir ce qu'il n'aurait peut-être plus jamais l'occasion d'accomplir... ces yeux. Voir son fils adopter ce regard... Cela obligea Giovanni à faire un paradoxe. Un paradoxe avec son père... Paradoxe auquel il n'avait jamais réfléchi avant, dont il ne prit conscience que lorsque Silver semblait rongé par la colère, que lorsqu'il demanda d'une voix qu'on ressentait démolie par l'incompréhension "- Père...Pourquoi as tu fais les choses comme ça ?"... durant un instant, le mafiosi adopta une mine déconfite, ayant la forte impression de se voir lui, en face de son propre père faire des reproches, moins ouvertement... et moins clairement. Mais faisant quand même des reproches...

Et à cet instant précis, alors qu'Olga voyait des larmes déborder du coin de ses yeux, et serrer fortement la main de celui qu'elle considérait comme son "petit chéri", le déclic se fit pour Sakaki. Il pouvait compatir... compatir pour ses enfants. Car, les erreurs du Père, avaient été répétées par le Fils... et il venait de s'en rendre compte, en voyant l'état de détresse émotionnel plus dissimulé par Silver que par sa mère qui pleurait...

- Tu...n'aimait plus Maman, ça...je peux le concevoir. Mais...au lieu de lui dire...Pourquoi tu ne lui as pas dit, au lieu qu'elle apprenne que tu lui était infidèle par un autre biais ? Pourquoi l'as tu détruite ainsi ?

Loreilei aspira un bon coup pour ne pas s'effondrer... pas à cause des vérités sorties par le rouquin, non, mais par la souffrance qui s'en dégageait, la souffrance qui était celle de son unique enfant, la souffrance qui s'extériorisait sous forme de colère avec le poing sur la table, cette peine de ne pas avoir eu de parents pour assister à ses premiers combats Pokémons, à ses premières découvertes de la vie...

Giovanni quant à lui abaissa le regard et resta de marbre, croisant les mains sur la table... et prépara sa défense... bien qu'il doutait que cela se révèle efficace... après tout, lorsqu'on était coupable, à quoi bon se prétendre innocent si ce n'était que pour alléger sa peine... or, en l’occurrence, sa peine ne pouvait nullement être allégée...

- Et niveau gaffe, tu ne t'est pas arrêté là. Tina. Tu est donc incapable de lui faire confiance ? Tu as préféré la tuer plutôt que l'aider. Fuir, plutôt que d'avancer. Tu savais ce dont elle était capable, et as triché. Elle aurait pu devenir aussi puissante que moi, voir même plus forte, si tu avais seulement pris la peine de l'écouter, et de l'aider. Tu as passé ta vie...à fuir tes enfants.

L'approche du sujet de Tina fit relever la tête du Pokémafieux envers le rival de Gold, et lui fit légèrement serrer ses phalanges...

"Passé ma vie... à fuir mes enfants..."

Les paroles que Giovanni répéta furent susurrées et plus pour lui-même que pour la dresseuse de glace et Silver... Puis, soudain, le mafiosi exprima un profond soupir, celui des personnes agacées et dut s'abstenir de taper lui aussi du poing sur la table...

j'aurais dû faire les choses autrement. J'aurais dû. Oui. Non, je n'aurais pas dû tromper Olga pour Roberta. Non je n'aurais jamais dû mentir à Chocolate sur ma profession, ni ne pas reconnaître Tina et encore moins la tuer socialement.

La membre du Conseil des 4 détacha ses iris de celles de l'objet de sa tendresse pour les fixer sur celui qu'elle avait aimé...

"Te connaissant, ça équivaudrait presque à un "je suis désolé"... toutefois, ça n'en est pas un..."

"Je n'ai pas eu beaucoup de choix Olga. Et Silver... Je n'ai finalement pas l'impression qu'il soit en mesure de comprendre..."

Cette fois ce fut au tour de la puissante femme de martyriser la table et de menacer de faire tomber les boissons.

"Ce n'a rien d'une excuse ça ! Tu vois pas que ton fils souffre le martyr de tes erreurs, et qu'il est parfaitement capable de comprendre ce qui a bien pu passer dans ton égoïste de tête têtue pour que tu nous abandonnes comme si nous n'éti...?!"

Je ne vous ai pas abandonnés !

La voix grave du Pokémafieux sut couvrir celle stridente de son ex-femme.

Que veux-tu que je vous dise bon sang ? Navré d'avoir suivi la voie qui m'était toute tracée, celle de l'homme le plus puissant de Kanto ? Navré que tu soies aveuglément tombée amoureuse d'un mari qui n'avait rien de parfait, alors que tu le savais très bien ? Navré d'avoir vu mon fils se faire kidnapper ? Navré d'avoir pensé que le mensonge protégerait mieux que la réalité ? Navré d'avoir préféré tuer Tina socialement plutôt que d'encourir le risque d'un jour la voir réellement morte ?

Une tension d'autant plus virulente que celle précédente s'installa autour du trio... et Giovanni commençait à avoir de la peine à gérer ses propres ressentis envers sa famille... il avait l'impression qu'il endossait toutes les responsabilités liées aux malheurs familiaux... en sachant que, dans un couple, lorsque cela allait mal, chacun avait forcément sa part de regrets...

D'ailleurs, cette pensée sut décrocher un air accusateur au mafiosi... air destiné à Olga... lui faisant rappeler certains éléments de leur passé commun...

"Olga, as-tu seulement dit à Silver ce qui s'était passé ce jour-là ? Ou lui as-tu juste dit qu'une personne proche de mon entourage l'avait enlevé et que j'avais été trop incompétent et faible pour l'arrêter ?"

La concernée releva un regard choqué en direction de Sakaki, puis le transforma en coupable lorsqu'elle se tourna vers Silver...
Sakaki adopta une expression mi-ennuyée, mi-déçue...

"... Guère étonnant..."

"S'il te plaît, arrête. Arrête."

Alors que les larmes de son ex-femme recommençaient à perler, bien qu'elle paraissait violemment combattre leur réapparition, Giovanni croisa les bras puis poussa un profond soupir... il n'attendait désormais plus que Silver daigne savoir ce que pouvait bien cacher sa mère.. s'il en avait l'envie... ou la force...

Spoiler:

"Ce n'a rien d'une excuse ça ! Tu vois pas que ton fils souffre le martyr de tes erreurs, et qu'il est parfaitement capable de comprendre ce qui a bien pu passer dans ton égoïste de tête têtue pour que tu nous abandonnes comme si nous n'éti...?!"

Je ne vous ai pas abandonnés !

Plus que les mots, ce fut le ton de la voix de Giovanni qui fit lever son regard à Silver, afin de dévisager intensément son géniteur, qui, pour une fois, perdait son calme.
Et se lâchait.

Que veux-tu que je vous dise bon sang ? Navré d'avoir suivi la voie qui m'était toute tracée, celle de l'homme le plus puissant de Kanto ? Navré que tu soies aveuglément tombée amoureuse d'un mari qui n'avait rien de parfait, alors que tu le savais très bien ? Navré d'avoir vu mon fils se faire kidnapper ? Navré d'avoir pensé que le mensonge protégerait mieux que la réalité ? Navré d'avoir préféré tuer Tina socialement plutôt que d'encourir le risque d'un jour la voir réellement morte ?

A son tour, Silver sentit une veine palpiter à sa tempe, ainsi que l'adrénaline envahir son corps. Peut-être que si Giovanni s'était réellement excusé de tous ce qu'il avait fait subir à ses trois enfants, ainsi qu'à son ex-femme, Silver aurait pu se calmer, et avoir une discussion sérieuse avec lui. Mais non, encore une fois, Giovanni avait triché, avec des arguments que Silver ne voulait pas...non, ne pouvait pas entendre.
Le jeune homme, des éclairs dans les yeux, se leva brusquement, poings sur la table, tellement serrés que l'on voyait ses phalanges qui blanchissaient.

- J'AURAIS VOULU QUE TU T'EXCUSES D'AVOIR FUI !

Le cri du jeune garçon retentit au milieu du café. Silver, les joues rougies, et le regard haineux, se rassis, péniblement. Il avait lâché la main de sa mère, qui paraissait à deux doigts de fondre en larmes. Olga Lorelei, membre du conseil 4. Si forte, si froide...semblait sur le point de fondre de la même manière que son élément soumis à une forte température, mais cette fois, c'était à une tension inimaginable que la trahie était soumise.
La main de Silver se referma autour de son verre, qu'un serveur timide venait d'apporter. Il le porta rageusement à sa bouche, et but d'un trait son contenu, avant de le reposer sur la table violemment.
Selon le point de vue du roux, son père avait passé toute sa vie à fuir. Une vois n'était jamais tracée, c'était nos choix qui permettaient de la construire. S'il l'avait vraiment voulu, Giovanni aurait pu ne pas être ce qu'il était aujourd'hui, mais simplement un homme, comme les autres. Et rien que ce choix aurait pu révolutionner leur existence, si Giovanni n'avait pas été un criminel...Jamais Chocolate n'aurait fugué, jamais Silver n'aurait été enlevé, et jamais Tina n'aurait eu besoin de mourir, du moins socialement.
Une seule fuite en avait entraîné une multitude d'autres, et cela formait maintenant Giovanni Sakaki, un être...lâche. En cet instant, Silver se retint de cracher au visage de son père.
Mais un détail l'interpella.

"Olga, as-tu seulement dit à Silver ce qui s'était passé ce jour-là ? Ou lui as-tu juste dit qu'une personne proche de mon entourage l'avait enlevé et que j'avais été trop incompétent et faible pour l'arrêter ?"

Le cœur de Silver manqua un battement, et il se retourna brusquement vers sa mère, laquelle le dévisageait maintenant d'un air...coupable. Soudainement, le jeune garçon se sentit très mal. Il y avait encore des vérités qu'il ignorait apparemment, et il se doutait qu'elles le feraient souffrir s'il les apprenait. Mais il voulait savoir la vérité que sa mère lui avait caché, et cela pendant plus de dix ans.

"... Guère étonnant..."

"S'il te plaît, arrête. Arrête."

Silver dévisagea sa mère, d'un air choqué. Puis, difficilement, il se tourna vers son père, qu'il regarda quelques secondes, silencieusement.

- Je...veux savoir.

HRP : Désolé de t'avoir mit dans l'embarras, personnellement, j'aime beaucoup ton post, et ait également du mal avec les émotions de Silver !

Spoiler:

Fui ? Il avait... fui ? Pourquoi diable tout le monde se tenait à cette explication, pourquoi diable tout le monde le prenait pour un lâche ? Giovanni, de son point de vue, avait du mal à concevoir ce qu'il avait fait comme étant une fuite... mais peut-être que pour Silver... cet abandon... avait été tellement... non. Il ne l'avait pas abandonné... il avait sa part de responsabilité... mais il ne l'avait pas abandonné, ça, il ne le penserait jamais... Un père... n'abandonnait pas ses enfants...

Du moins c'était ce que le mafiosi se répétait mentalement après avoir entendu le cri déchirant de son garçon chambouler le restaurant, après avoir vu sa colère traverser ses cordes vocales et lui arracher une beuglée terriblement éprouvante pour ceux qui l'avaient entendue...

Tellement éprouvante qu'Olga dut à nouveau profondément inspirer pour garder une once de self-control... Self-control qu'elle faillit perdre lorsqu'elle dévisagea Silver d'un air coupable, et lorsque ce dernier avait avoué vouloir connaître, vouloir savoir ce dont parlait son paternel...

Sakaki, les bras toujours croisés, laissa un silence planer autour de la table un petit moment, le temps à la puissante dresseuse glace d'inspirer calmement et d'être apte à préparer sa défense...

"Il y a des tas de raisons pour qu'un mari trompe sa femme. Tu ignores tout de la situation de notre couple Silver, et quand bien même, tu n'es pas apte à comprendre... alors accepte simplement ce fait. Et... Ne me juge pas... et ne juge pas ta mère."

Olga tourna la tête vers Giovanni, un regard cette fois moins dur, plus suppliant... comme si elle voulait éviter d'avoir à ressasser le passé, enfin, LEUR passé... Puis, voyant que le mafiosi n'avait pas l'intention de continuer, elle sut que c'était à elle de parler, désormais...

"Je... chéri... à l'époque, j'étais assez... excentrique, et exubérante et... bavarde. Quand je me suis mariée à Giovanni, il avait tout juste 20 ans et... veuf. Je sais, ça va te paraître déplacé tout ce que je te dis... mais le fait est que... nous avions pris un train de vie assez intense... enfin, j'avais pris un train de vie intense... ton père était souvent au bu-

"Viens-en aux faits, Olga..."

"Ce sont les faits !... Comme je le disais, il était souvent absent, rentrait tard, et travaillait tôt. Du moins c'est ce qu'il me disait... même si maintenant je sais que tu m'as menti durant tout ce temps... Enfin, voilà. Nous n'avions pas beaucoup de contacts les deux. Et je me sentais seule... tu étais là bien sûr mon chéri, je m'occupais souvent de toi la journée... mais le soir... j'ai voulu me divertir, faire la fête, sortir et ce genre de choses..."

Tout ce qu'essayait d'expliquer Lorelei à l'instant c'était que tous deux avaient des personnalités diamétriquement opposées, et que l'entente n'était pas aisée. Et que cela avait conduit à un bien triste accident que la membre du conseil des 4 peinait encore aujourd'hui à se pardonner.

"...Et j'ai fait des rencontres... Attention je n'ai jamais trompé ton père bien que j'aurais dû...mais... je... je me suis confiée à beaucoup de gens sur ma situation tant j'étais stupide, egocentrique et bavarde... j'ai... je suis vraiment désolée... Giovanni, s'il te plaît..."

Le concerné décroisa ses bras pour poser ses coudes sur la table et regarder dans le blanc des yeux son garçon.

"Tout ce qu'essaie de te dire ta mère, c'est que nous vivions malgré tout une vie secrète. J'avais une villa, ici, à Irisia, c'est là que tu vivais, avec nous. Et ta mère a dévoilé à une personne qu'elle voyait fréquemment que nous avions un fils. Que le patron de la Team Rocket avait un fils. Et que ce fils habitait dans cette ville. Cette personne, c'était le bras-droit de l'Homme Masqué..."

La main d'Olga vint serrer fort celle de son rouquin, comme espérant trouver à travers ce toucher maternel un réconfort permettant de la déculpabiliser.

"Je suis tellement désolée... si j'avais su... si j'avais... su..."

Des larmes coulèrent lentement le long des joues de la quadragénaire... Sakaki observait Olga verser sa peine en silence. Puis entreprit de reprendre l'album qu'il visionnait avant l'arrivée de son ex-femme... Il l'ouvrit, et le tourna en direction de Silver...

"Une semaine après ça, je rentrais du travail vraiment *insista Sakaki lorsqu'il croisa le regard sceptique de Lorelei*. J'avais retrouvé ta nourrice assommée. Et tu avais disparu. Olga m'a quitté sur-le-champ, et te pensait définitivement perdu..."

Il laissa un petit silence s'installer, et se permit de poser sa main sur celle d'Olga, et indirectement sur celle de Silver, avant de recentrer toute son attention sur lui.

Ta mère t'a cherchée, de son côté, et moi, je t'ai cherché du mien. Nous ne t'avons pas abandonnés, d'aucune façon... je t'interdis de me le dire encore une fois. Je... m'excuse... Tu as eu une enfance volée. Tu as passé des moments terribles. Mais à aucun moment je n'ai cessé de te chercher, tu entends ? Je sais que ce que je vais te dire ne va pas te réjouir, mais des gens sont morts pour que je te retrouve... Alors... Ne dis pas que j'ai fui mes enfants, jamais.

La page sur laquelle était ouvert l'album était celle où on voyait quatre photos. Une de Lorelei enceinte, heureuse, sur une balançoire seule. Une autre où un bébé joufflu tournait obstinément la tête, refusant d'ingurgiter la nourriture que son père essayait de lui donner à la petite cuiller... Encore une où ce même bébé, un peu plus grand, soufflait sa première bougie à côté de sa maman. Et enfin, une où Sakaki tenait Silver dans ses bras.

"Je suis tellement désolée... si j'avais su... si j'avais... su..."

Silver, avachi dans son siège, affichait strictement la même expression que si on lui avait flanqué un coup de massue sur le crâne. Il sentit la main de sa main de sa mère se crisper sur la sienne, mais il se dégagea violemment. Olga se tassa au fond de son siège, aussi sûrement que si son fils venait de la frapper. Ce dernier, choqué regardait fixement un point à l'horizon, comme si son père et sa mère étaient tous deux transparents. Sa bouche était agitée d'un imperceptible tic, unique signe de son tourment interne :

"Une semaine après ça, je rentrais du travail vraiment. J'avais retrouvé ta nourrice assommée. Et tu avais disparu. Olga m'a quitté sur-le-champ, et te pensait définitivement perdu... Ta mère t'a cherchée, de son côté, et moi, je t'ai cherché du mien. Nous ne t'avons pas abandonnés, d'aucune façon... je t'interdis de me le dire encore une fois. Je... m'excuse... Tu as eu une enfance volée. Tu as passé des moments terribles. Mais à aucun moment je n'ai cessé de te chercher, tu entends ? Je sais que ce que je vais te dire ne va pas te réjouir, mais des gens sont morts pour que je te retrouve... Alors... Ne dis pas que j'ai fui mes enfants, jamais.

Pâle comme un mort, Silver jeta un bref coup d'oeil sur les photos que Giovanni observait. Qu'est ce qu'il aurait aimé que cette époque ne s'arrête jamais...Que cette foutue Team Rocket n'existe pas, qu'il puisse vivre avec une famille complète, et heureuse , pas une famille tyrannisée par une guerre de gangs, où tout simplement par les conflits liés au boulot du père. Mais évidemment, le temps qui était affiché sur cette simple photo...était révolu depuis longtemps. Il n'aurait jamais une famille heureuse, surtout maintenant qu'il connaissait les vérité sur l'affaire de son enlèvement.
Silver était...complètement perdu. Il en avait voulu à Giovanni pendant toute sa vie, et il apprenait maintenant que, même si Giovanni gardait sa part de responsabilité, sa mère lui avait caché qu'elle avait une grosse importance dans cette histoire. Et cela...il ne pouvait pas lui pardonner.
Pas tout de suite du moins.
Silver fit un signe au serveur qui s'approcha prudemment :

- Apportez-moi un verre. Peu importe quoi, mais quelque chose de fort.

Lorsque sa commande arriva, Silver attrapa son verre, le vida d'un trait, et le tendit de nouveau au serveur, qui ne savait plus où se mettre :

- Un autre.

Le temps que sa commande arrive, Silver dévisagea son père et sa mère froidement, les joues un peu rougies par l'alcool. Et il se mit à rire :

- Ha ha ha...C'est trop drôle...Vraiment... J'ai passé ma vie à détester mon père pour mon enlèvement, et à chaque fois que j'allais te voir, mère, tu me confortais dans l'ide que mon père était un être pathétique...même pas capable de protéger son fils... Et moi...Haha, je te croyais ! J'étais un bon garçon, pas vrai ? J'écoutais tous ce que tu me disais ! Et alors que je pensais enfin pouvoir avancer...J'apprends que pendant toutes ces années, tu m'as menti !

Silver était secoué de rires, mais le ton de sa voix était froid. Et la formulation poignarda Olga. Le jeune homme était repassé du « Maman » affectueux, au « mère » impassible. Silver aurait presque pu tout simplement dire que c'était sa génitrice, cela ne l'aurait pas plus dérangé que cela... Il en voulait à sa mère, comme il en voulait à son père. Parce que même s'il ce dernier n'avait pas commis d'erreur, si ce n'est avoir fait confiance à Olga, rien que son existence, et son métier avait suffit à mettre Silver en danger.

- Mais c'est incroyable, non ? Un de mes parents sait que je suis en danger à cause de lui, sait même que toute sa famille est en danger à cause de lui, mais malgré cela, il n'envisage même pas d'abandonner son travail ! Oui, on sait tous que le travail, c'est la vie, hein ? Et l'autre, sachant pertinemment les enjeux, se conduit comme une parfaite idiote et raconte sa vie à n'importe qui ! Ha ha ha, c'est trop drôle...vraiment !

Son verre, venait d'arriver, le roux le porta à sa bouche et le bu cul-sec. D'un signe, il ordonna au serveur d'aller en chercher un autre.

- Oui en fait c'est ça...Mes deux parents sont des crétins...Avec un hérédité pareille j'ai intérêt à me lever tôt si je ne veux pas devenir un imbécile, pas vrai ? Oh mon dieu...que c'est amusant...

Olga n'avait pas supporté... Non, elle n'avait pas pu encaisser le fait de voir son fils dégager froidement sa main lorsqu'elle avait essayé d'y trouver du réconfort. N'avait pas supporté de voir le visage si beau, si tendre malgré les dures épreuves vécues, devenir aussi livide, aussi sec, aussi vide de son fils. Elle s'en voulait. A mourir.

Là, crispée sur son siège, alors que Silver commandait une boisson après avoir jeté un furtif coup d'oeil aux différentes photos, elle voulut le serrer dans ses bras, pleurer, s'excuser. Mais elle savait que son adolescent ne le permettrait peut-être pas, ne l'écouterait pas. La blessure était trop fraîche...

Aussi, elle voulut tenter de retrouver du réconfort auprès de l'être humain qu'elle avait sûrement le plus haï et aimé à la fois dans sa vie. Mais sa dignité l'en empêcha. Elle ne voulait pas montrer sa douleur et sa faiblesse devant l'homme qui en était la cause indirecte, et elle préféra ravaler en silence ses larmes, observant d'un oeil réellement navré son rouquin... son chéri à elle... l'homme pour qui elle serait toujours là, quoi qu'il advenait. Sa raison de vivre.

De son côté, Giovanni était resté impassible. S'étant contenté de hausser un sourcil vaguement surpris lorsque son fils unique commanda une boisson fort alcoolisée qui était en fait le "Blended Scotch Kanto Whiskey", grandement réputé. Voilà le côté Bootleg de son rejeton qui ressortait... en l'observant, il lui fit penser à sa soeur... Tous deux avaient la même façon d'avaler une vérité violente, à travers une bonne gorgée d'eau-de-vie, patiemment, calmement presque. Puis peu après cela, venait un pêtage de plombs mémorable. Ce que redoutait pour le moment Sakaki, Lorelei paraissant trop dévastée par son aveu pour supporter une vague de reproches virulents. Lui, il avait l'habitude, voire était entraîné à cela. Mais son ex-femme... elle avait toujours été la "gentille" dans l'histoire de leur couple aux yeux aciers de leur rouquin, et se voir ainsi changer de rôle, prendre enfin conscience de sa réelle implication dans l'enlèvement, avait dû fortement ébranler leur fils, et l'ébranler elle.

Toutefois, cet état de choc était nécessaire. Pour qu'enfin, une réconciliation ait lieu, pour qu'ils redeviennent une famille, enfin. Du moins, c'était ce en quoi croyait avec ferveur Giovanni.

Mais le rire soudain de Silver sut couper court aux illusions de Sakaki, redoutant désormais une autre réunion familiale pittoresque qui ne se concluait que par encore plus de doutes, d'aigreur et de haine...

- C'est trop drôle...Vraiment... J'ai passé ma vie à détester mon père pour mon enlèvement, et à chaque fois que j'allais te voir, mère, tu me confortais dans l'ide que mon père était un être pathétique...même pas capable de protéger son fils... Et moi...Haha, je te croyais ! J'étais un bon garçon, pas vrai ? J'écoutais tous ce que tu me disais ! Et alors que je pensais enfin pouvoir avancer...J'apprends que pendant toutes ces années, tu m'as menti !

"Chéri je..."

Essaya Olga entre deux fous rires de son garçon, mais il ne l'écoutait plus. Oh non. D'ailleurs, quelque chose venait de se rompre apparemment, et cela marqua le mafiosi. Voir le "maman" transformé en "mère" devait être un choc poignant dur à accepter pour la membre du conseil des 4... et Giovanni n'avait pas vraiment souhaité cela...

- Mais c'est incroyable, non ? Un de mes parents sait que je suis en danger à cause de lui, sait même que toute sa famille est en danger à cause de lui, mais malgré cela, il n'envisage même pas d'abandonner son travail ! Oui, on sait tous que le travail, c'est la vie, hein ? Et l'autre, sachant pertinemment les enjeux, se conduit comme une parfaite idiote et raconte sa vie à n'importe qui ! Ha ha ha, c'est trop drôle...vraiment !

Un déglutissement se fit, comme si Lorelei tenta d'empêcher un cri sanglotant de s'échapper de sa bouche. Et elle voulut parler, argumenter, se défendre, mais Giovanni posa sa main sur sa cuisse comme pour avorter cette envie, alors que Silver venait de finir cul-sec son verre et en commandait un autre.

Puis leur jeune garçon conclut en affirmant à quel point ces deux parents étaient des crétins avec ironie. Faisant serrer l'emprise que Sakaki avait sur la cuisse de son ex-femme, n'étant guère amateur des insultes venant des membres de sa famille...

Et enfin, vint le légendaire silence. Durant lequel, les iris fines du mafiosi étaient implantées dans celle couleur métal de son garçon fortement éméché par l'alcool englouti. Il comprenait, ou du moins, pouvait légèrement imaginer, à quel point la rancune du dresseur était justifiée. Mais il lui fallait aller au-delà de cela, sinon, jamais, jamais ils ne redeviendraient une famille. Il fallait faire comprendre cela à son fils, le remettre sur le droit chemin, ne pas le laisser sombrer une amertume tenace mélangée à de la haine avec ses géniteurs. En tant que père, il se devait de trouver un moyen de se réconcilier avec lui... et avec sa mère. C'était son devoir.

Le serveur vint, et apporta à Silver son verre. Cependant, ce fut Giovanni qui le réceptionna, le but cul-sec et le posa sur la table.

Et enfin, engagea les tentatives diplomatiques...

"C'est bon... tu as fini ? On peut parler en tant que grandes personnes désormais ?"

La main de Loreleil vint se poser sur celle de Giovanni et l'enleva de sa cuisse de manière sèche, puis elle croisa les bras, et s'adossa contre son siège, regardant tantôt son ex-mari d'un regard dur et noir (résignée de le laisser parler, Silver ne semblant plus vouloir l'écouter), tantôt son fils avec désolation, culpabilité et tendresse. Sakaki lui adressa un bref regard irrité et reporta toute son attention sur son cadet, une expression quelque peu excédée, lassée...

"Je suis fatigué de le dire fils, mais tu ne peux pas comprendre... Tu ne peux rien comprendre. Ou peut-être ne le veux-tu pas..."

Il poussa un bref soupire courroucé et fit signe au serveur de partir avant que le petit roux à table étant juste majeur mais ne paraissant guère tenir l'alcool joyeux commandât un quatrième verre. Ce qui le rendrait d'autant plus agressif qu'il ne l'était sobre...

"Ta mère a commis une bourde monumentale. Mais hélas, on ne peut pas revenir dans le passé, on ne peut pas changer les choses... Tu ne peux pas gommer nos erreurs comme tu ne peux pas recouvrer ton enfance volée et crois-moi, j'en suis vraiment désolé... Mais c'est ainsi."

Le pokémafieux se redressa légèrement de son siège, posa ses deux mains sur la table, réduisit la distance qui le séparait de Silver et observa d'un regard sincère les traits de son fils.

"Mon travail met en danger mes proches. Je le sais. Mais j'ai toujours averti les personnes qui voulaient fonder une famille avec moi de ce qui pouvait éventuellement arriver. Olga avait conscience des dangers, de même que Roberta, la mère de Tina. Pourquoi ne pas abandonner mon travail, me demandes-tu ? Car c'est pour ça que je suis né Silver."

Forcément, l'argument était faible, et facilement démonté... aussi, il voulut éviter de trop se pencher sur le pourquoi il a continué un travail qui n'avait rien de sain pour ses proches.

"N'en veux pas à ta mère Silver... elle n'en savait rien...

- Tu ne pourras jamais me faire croire ça.

Silver, contrairement à ce que pensait Giovanni, n'était pas ivre. Non, même s'il n'avait pas la même résistance à l'alcool que sa tante (qu'il ne connaissait pas encore), il avait quand même du sang Bootleg dans les veines. Le sans qui avait ingurgité tant d'alccol.
Le sang qui avait vu mourir tant de personnes.
Non, Silver n'était pas ivre, mais son esprit était néanmoins embrumé par la quantité d'alcool qu'il avait englouti. Il était toujours en colère, mais il ne savait plus à qui il devait en vouloir. Il ne savait plus s'il devait en vouloir à quelqu'un, mais un stupide sursaut de dignité l'empêchait d'oublier cette colère, de tenter de passer par dessus les épreuves de sa jeunesse, pour pouvoir se tourner sereinement vers m'avenir.
Il pensait que lorsque Gold avait battu le Masque de Glace, il serait enfin libéré de ses tourments. Mais la vérité était que non, le visage de l'homme masqué continuait de le tourmenter.
Encore et toujours.

- Je vais te dire un truc...ô mon père, ô le grand chef. Tu dit que tu es né pour quelque chose, tu veux donc me faire croire que tu n'as pas eu le choix ? Arrête, je ne tolèrerais pas des arguments aussi lâches, surtout venant de toi. On a toujours le choix, père. On ne choisit pas sa famille, mais le reste de notre vie...est dicté par nous. Non, tu la sais la vérité... La vérité était que...tu voulait le pouvoir, non, je t'en pris, ne me regardes pas comme ça, tu sais que c'est vrai. Tu as toujours eu un goût immodéré pour le pouvoir. C'est ça la vraie raison de ton travail. Tu as toujours désiré être l'homme le plus puissant de Kanto et de Johto...

Silver semblait s'être calmait, il ne criait plus. Cependant, sa colère tournait encore en lui, mais plutôt que de cirer, il avait préféré choisir ses mots avec soin, peut-être seulement pour être cruel avec son père et sa mère. Peut-être seulement pour imposer son point de vue. Probablement un peu des deux, même lui ne le savait pas.

- Et tu oublies un détail... Oui, ma mère était au courant, oui, probablement que Lisa di Luce, et Roberta Sbreggia le savaient. Je me suis renseigné figure-toi. Mais tu oublies une grande partie de ta famille... Moi, je n'ai pas eu mon mot à dire là dessus. Chocolate non plus. Et c'est pareil pour Tina. Je l'ai dit tout à l'heure, on ne choisit pas sa famille, et c'est cela qui as été à l'origine de toutes nos souffrances... La fugue pour Chocolate, l'enlèvement pour moi, la mort, même si elle est sociale, pour Tina.

Silver eu l'envie, même si elle fut très brève, de commander un autre verre. Mais il la repoussa, sombrer dans l'alcool aurait été une mauvaise idée. Et il songea à Blue, qui en cette seconde devait les regarder, son sourire espiègle aux lèvres :

- Pour tout, dire...je ne sais plus où j'en suis. Je viens d'avoir dix-huit ans de certitudes qui viennent de s'effondrer. Père, tu veux que je vous pardonne... Et pour l'instant, j'en suis incapable. A y réfléchir...la seule personne qui m'as vraiment sauvé...ça a été Blue. Elle, elle ne m'as jamais fait souffrir.

Il ne savait pas vraiment pourquoi il avait dit ça. Peut-être pour leur signifier que l'absence totale de famille qu'il avait eu, quelqu'un d'autre s'était chargé de le combler. Que cette absence qui avait durée si longtemps...Olga et Giovanni ne pourraient jamais la rattraper .

Lorelei avait l'impression que le but de leur réunion commençait à devenir obsolète, à partir en fumée... qu'en réalité, cette envie de reconsolider une famille n'avait fait que de la rendre plus séparée... l'avait éloignée elle, de son garçon chéri. Et ne faisait que de creuser d'autant plus le fossé qu'il y avait entre le fils et le père.

Et cette impression devint certitude quand le rouquin affirma ne pas croire son paternel. Ce qui sut déclencher à ce dernier un léger haussement de sourcil et une mine vaguement surprise, intriguée.

- Je vais te dire un truc...ô mon père, ô le grand chef.

L'ironie empestait dans tout le bar et la membre du Conseil put clairement voir les muscles masseters de son ex-mari se contracter par la faute des paroles crues de son cadet....

-Tu dit que tu es né pour quelque chose, tu veux donc me faire croire que tu n'as pas eu le choix ? Arrête, je ne tolèrerais pas des arguments aussi lâches, surtout venant de toi. On a toujours le choix, père. On ne choisit pas sa famille, mais le reste de notre vie...est dicté par nous. Non, tu la sais la vérité... La vérité était que...tu voulait le pouvoir

Sakaki exprima une mine totalement aberrée et son expression faciale avait tout de la personne qui allait essayer de s'expliquer mais Silver ne lui en laissa guère l'occasion.

-non, je t'en prie, ne me regardes pas comme ça, tu sais que c'est vrai. Tu as toujours eu un goût immodéré pour le pouvoir. C'est ça la vraie raison de ton travail. Tu as toujours désiré être l'homme le plus puissant de Kanto et de Johto...

Giovanni ouvrit la bouche mécaniquement comme pour répliquer, mais aucun son ne sortit...
La recherche du pouvoir... la raison pour laquelle il est devenu Chef Pokémafieux ? ... Une thèse vraie. Ou du moins, partiellement vrai. L'autre partie de la vérité, Sakaki n'y pensait pas, préférant l'ignorer, la camoufler au plus profond de sa conscience, à la place même qu'occupaient les cadavres, dommages collatéraux de l'enrichissement Rocket, mais la connaissait bien. Par contre, cette vérité, il ne la ferait part à ni Tina, ni Chocolate et encore moins Silver. C'était l'unique secret avec lequel il avait réussi à vivre sans le dévoiler d'une manière ou d'une autre durant les quarante et un an de son existence sur Terre. Et là son fils lui parlait comme s'il le connaissait par coeur...
Ses muscles masseters à cette simple pensée se crispèrent de plus belle...

Puis, un léger silence plana... silence durant lequel le Pokémafieux dut faire un immense effort de concentration pour ne pas s'énerver et inverser les rôles en jouant lui l'adolescent qui perdait ses nerfs. Non, il ne devait pas agir de la sorte devant son fils... bien que les thèmes qu'il abordait étaient les rares qui parvenaient à faire perdre ses moyens à l'homme le plus froid et calculateur de Kanto et Johto réunies. Parler des raisons de son activité criminelle, était un acte suicidaire pour la personne interlocutrice en temps normal... sauf si elle faisait partie de son sang, bien entendu, étant un privilège, ce qui était le cas ici...

- Et tu oublies un détail... Oui, ma mère était au courant, oui, probablement que Lisa di Luce, et Roberta Sbreggia le savaient. Je me suis renseigné figure-toi. Mais tu oublies une grande partie de ta famille... Moi, je n'ai pas eu mon mot à dire là dessus. Chocolate non plus. Et c'est pareil pour Tina. Je l'ai dit tout à l'heure, on ne choisit pas sa famille, et c'est cela qui as été à l'origine de toutes nos souffrances... La fugue pour Chocolate, l'enlèvement pour moi, la mort, même si elle est sociale, pour Tina.

Privilège dont commençait à abuser Silver ... Toutefois, cette vérité sut décrisper totalement le mafiosi, et lui donner un air plus sombre au visage, comme terni par un sentiment... du remord ? des regrets ? Ou une simple blessure portée à l'orgueil, son fils insinuant qu'il n'avait jamais su gérer ses enfants et les rendre heureux comme un père se devait de le faire... qui savait, même Sakaki ignorait la nature-même de sa soudaine envie de foutre une baffe à son rouquin...

Mais le fait qu'il eût raison, et que Giovanni le savait, avait rendu sauves les joues du garçon Bootleg... mais ses dernières paroles surent renflouer violemment cette envie, et le quadragénaire se dut de crisper ses phalanges pour ne pas les abattre sur la face de son unique fils.

Alors comme ça, il était perdu ? Il ne pouvait pas lui pardonner ? A vrai dire, le mafiosi s'y attendait légèrement, mais la déception était quand même fortement présente... et désormais, en plus de tout cela, Loreleil avait perdu toute l'estime que son petit mec pouvait avoir pour elle...

Finalement, l'intention d'améliorer la situation de Giovanni n'avait fait que de la rendre plus critique, "Le mieux est l'ennemi du bien", disait un certain philosophe dresseur... cela n'avait jamais été autant vrai. Il était la personnification même de ce dicton car, toutes les actions dans une intention de bonté commises, avaient tourné au désastre... Tina, Meister, Rayleigh, Gath... Silver.
Et jamais Sakaki avait ressenti autant de colère en lui en réalisant cet état de fait. Non, pas de la colère. De la haine. Carrément. Comme celle qui l'avait possédée lorsqu'il avait tué Tarask. Ou celle qui s'était immiscée en lui en voyant son frère geindre et le critiquer lors de leur dernière réunion familiale. Celle l'ayant habité lorsqu'il avait vu pour la première fois son géniteur. Exactement la même lorsqu'il avait vu de ses propres yeux Chocolate, sac à dos sur les épaules, fuir de chez eux. Une réplique moins intense de celle qu'il avait exclamée en constatant la mort de Lisa. La même qui l'avait parcouru lorsqu'il avait remarqué la disparition de son unique fils, alors âgé de deux ans.... Pareille à celle ressentie sur le cadavre falsifié de Tina en train de carboniser... Une colère qu'il ne parvenait à gérer...

A y réfléchir...la seule personne qui m'as vraiment sauvé...ça a été Blue. Elle, elle ne m'as jamais fait souffrir.

-Alors marie-la.

S'adossant contre sa chaise, et croisant les bras avec une attitude à la limite du je-m'en-foutisme, Giovanni poussa un soupire totalement lassé, avec un soupçon de dégoût. Loreleil fit des yeux ronds comme des boules de bowling et voyait sa nervosité augmenter de quelques crans car moins Giovanni se comportait comme Giovanni, moins c'était bon signe... elle le savait.

-Honnêtement, c'est bien si tu as rencontré quelqu'un qui vaut mieux que toute ta famille. Qu'est-ce que tu attends... Tu as de l'argent que je sache. Celui gagné à ton dur labeur et à tes écrasantes victoires face aux autres dresseurs bien moins bons que toi, ô mon talentueux fils. Il te suffit juste d'aller vers elle, lui prendre la main, l'emmener vers de lointains horizons, et vivre ta vie.

-Giovanni... arrête... s'il te plaît...

-Ne t'en fais pas Lorelei, je ne fais rien que de dire ce que notre fils veut entendre. Tu l'as entendu, il compte réfléchir si nous méritons pardon ou non, ce qui équivaut, et tu le sais bien, à une négation totale. Il n'aura plus envie de te voir après cela. Comme il n'a jamais vraiment eu envie de m'avoir comme père.

Un autre soupir se fit, et cette fois-ci émana de la membre du Conseil des 4.

Tu n'as jamais supporté les critiques... mais elles sont fondées. Tu es mégalomane. C'est un fait. Egoïste, lâche et complètement avare de puissance... Arrête de te comporter comme un ado boutonneux vexé et prend tes responsabilités en main Gio-

-Mais je fais quoi là, à ton avis ?

L'intonation du mafiosi était montée dans les graves et dans les octets, étant à la limite de hurler.

-Tu sais bien le climat dans lequel on vit... les attentats. Les morts. Vous pensez que cela va s'arrêter ? Que nous sommes actuellement sur la pente ascendante ? Que j'ai beaucoup de choix, que j'ai eu beaucoup de choix ? Je fais une action qui déplaît, la moindre, absolument la moindre, Silver finit la cage thoracique implosée. Et tu penses que la raison pour laquelle je vous amène tous les deux ici c'est de se prendre la tête et de repartir énervés, comme TOUTES les fois où les membres de la famille Sakaki se sont retrouvés autour d'une table ?"

Un regard totalement interloqué servit de réponse de la part de la dresseuse glace qui lança un coup d'oeil hautement perplexe à Silver, le questionnant du regard, se demandant de quoi pouvait bien parler son ex-mari...

-Quoi... ?

Mais elle n'eut guère de réponse, Sakaki s'étant levé. Et fixant avec froideur les yeux azurs de celle avec qui il avait eu son unique garçon. Puis ce fut au tour du concerné d'être observé, la froideur ayant laissé place à de la... déception.

-Très bien Silver. Tu es majeur. Tu es en droit de faire ce qu'il te plaît. Sauf une chose... Meister veut fonder une ligue anti-Quetzacoalts avec tous les dresseurs compétents qu'il pourrait trouver. Je t'interdis de la joindre. Va enfin créer ce que jamais personne partageant ce ... sang n'a eu. Une famille. Une vraie. Tu sais, comme tu aurais aimé, avec une mère pour serrer fort dans les bras ses enfants chéris, et un père présent. Vu que Lorelei et moi avons été incapables de te donner ce bien, fais-le au moins pour tes gosses à toi... après tu pourras me lancer des critiques...

Et sur ces mots, le mafiosi enfouit sa main dans la poche de son veston, pour jeter avec brusquerie un tout petit portefolio, contenant un album seulement réservé à Silver, avec ses photos en compagnie de ses géniteurs, et également les détails de tout son compte épargne que Giovanni avait crée à sa naissance, pour ses futures études, selon les voeux communs des deux parents...

-Tu pourras retirer à ce compte un peu d'argent, pour pouvoir fuir tranquillement à l'étranger. Assez pour construire ou acheter une bonne maison sans hypothèque, ou avec un prêt minime... pour le reste, je pense que tu sauras te débrouiller.

Et une fois ses paroles dites, le pokémafieux tourna les talons, sous l'oeil noir lancé par Lorelei, totalement dépassée par les événements et cette attitude à bout de nerfs du chef Rocket...

Et voilà… Une fois de plus, la réunion qui était censée améliorer les relations entre les membres de la famille Sakaki ne se déroulaient pas comme tout le monde l’aurait souhaité. Et pourquoi ? Parce que tous les membres de cette foutue famille sont incapables de mettre leur ego de côté ne serait-ce qu’une seconde, pour tenter d’avoir une vraie discussion. Silver n’est pas fichu de faire taire ses artères lorsqu’il s’agit des relations avec son père, et n’admettra jamais qu’ils se ressemblent vraiment, même s’il le sait. Il n’est pas non plus prêt d’admettre que Giovanni, dans la situation où il se trouvait, avait fait au mieux, pour lui, pour Chocolate, et pour Tina. Et pourtant, il le sait aussi.
Ce n’est qu’une simple question de fierté.
Et pourtant…pourtant… Au fond de lui il aspirait toujours à former une vraie famille, avec son père, sa mère, ses sœurs… Pitoyable, n’est-ce pas ? Qu’un ridicule sentiment de fierté l’empêche de réaliser le plus cher de ses désirs. Enfin… Il aurait également aimé voir son père admettre ses torts, qu’il ne soit plus le « grand Papa mafieux inaccessible », pour devenir simplement le « Papa qui n’as pas pu empêcher ce drame d’avoir lieu. ».

Le pire, c’est que Silver s’était calmé. La tirade de son père, même très dure, avait eu le mérite de calmer le jeune homme, même s’il n’arrivait à être d’accord avec tout. Il pensait avoir le droit de mettre du temps à les pardonner, de mettre du temps à reboucher le trou béant que sa jeunesse volée avait causé.
Mais voir ce simple portefeuille, qui contenait tout ce que ses parents avaient souhaités pour lui…l’avait étrangement apaisé. Ils n’avaient jamais souhaités que cela arrive. Cette vérité, toute simple, et pourtant si longue à concevoir, venait enfin de se frayer un chemin vers le cerveau de Silver. Et à cela s’ajoutait un message que venait de lui envoyer celle qu’il devrait épouser selon Giovanni.

« Ne laisses pas ta fierté prendre le dessus. »

Alors elle… A tous les coups elle les observait. Et le fait qu’elle soit psychologue à ce point l’horripilait et l’émerveillait simultanément. Mais elle avait raison, il allait, pour une fois, devoir se montrer adulte envers son géniteur. Aussi il envoya un simple sms, jusqu’au numéro de son père.

« Ne me juges pas mal, j’ai besoin de temps. De temps c’est tout. Un jour, on redeviendra cette famille, dont on rêvait tous. »

Puis il dit à sa mère qu’il allait partir, voir disparaître pendant quelques temps, mais qu’il reviendrait. Et qu’ils auraient tous une nouvelle discussion à ce moment là. Il ne voulait pas s’étendre plus sur le sujet, et se leva, paya, et partit.
En emportant les quelques photos qu’il y avait dans le portefeuille, mais en laissant ce dernier sur la table. En revanche, Giovanni se fourrait le doigt dans l’œil sur un sujet. Non, Silver n’allait pas rejoindre la ligue Anti-Quetzacoalt, mais il allait réunir tous les Pokédex-Holders. Pour que autant que possible, il puisse aider à mettre fin à cette guerre.

HRP : Si Gi veut faire un dernier post, je n'y voit pas d'inconvénient ^^

Il avait perdu patience. Il avait perdu son self-contrôle. C'était un fait. Non, il n'en était pas fier. Il n'était pas particulièrement satisfait de la tournure de leur petite réunion non plus, non seulement rien de positif n'avait été dit, mais en plus de ça, Lorelei y avait perdu le crédit que pouvait lui accorder son fils, étant certainement la seule des deux géniteurs à qui Silver se confiait... En gros, tout s'était mal passé.

Finalement, Giovanni avait cessé de croire qu'un jour les Sakaki pourraient se tenir fièrement et droitement tous ensembles pour enfin former à ce qui ressemblait plus ou moins à une vraie famille. C'était un vain espoir... Il n'aurait jamais dû se déconcentrer de ses buts premiers... pourquoi diantre avait-il chamboulé ses ordres de priorités... dans l'absolu, Tina, Chocolate et Silver ne couraient qu'un risque plutôt minime d'une attaque s'il agissait de manière apparente selon les bons voeux Quetzacoalts, et pourtant... il avait sur-estimé leur implication, et avait surtout été envahi par un vice qu'il ne voulait pas admettre, mais qu'il savait présent lorsque la vie de ses enfants était en jeux... la paranoïa... D'ailleurs, c'était sûrement la raison de sa déconcentration et son manque d'efficacité au cours de ces derniers mois...

S'il avait plus eu les pieds sur terre, et ne s'était pas amusé à courir à gauche et à droite pour tenter de sauver les fesses presque hors de dangers de tous les membres de sa famille, peut-être que la team adverse aurait déjà été abolie... Ou du moins, il aurait eu plus de légendaires en poche pour l'aider à mener ce combat de titans qui allait bientôt s'annoncer, il le savait...

Enfouissant nerveusement les mains dans les poches de son pantalon, Sakaki rendit son pas plus pressé et baissa la tête, éperdu dans ses pensées... Hanté par le visage rougi de rancune, de chagrin, de déception et d'alcool de son unique garçon... Un soupir émana de sa bouche, et rapidement il chassa cette pensée de son esprit, pour se focaliser sur les priorités qu'il avait trop négligées, celles qui importaient pour l'avenir des régions... Mina... Owen Holmes. Abel. Garth... Les légendaires... la Team terroriste...

*BrrrBrrr*

Un léger son accompagné d'une petite vibration coupa immédiatement court à sa réflexion et le força à tirer son téléphone portable de sa poche, persuadé qu'il s'agissait d'un message de la part de Lysander à propos d'une réunion avec les fournisseurs de l'armement Rocket...
Cependant, il n'en fut rien... Et la surprise pour le Pokémafieux fut grande à la lecture du message...

« Ne me juges pas mal, j’ai besoin de temps. De temps c’est tout. Un jour, on redeviendra cette famille, dont on rêvait tous. »

Le quadragénaire s'était immobilisé au milieu de la rue et avait stoppé net son pas furtif. Il dut au moins relire quatre fois le message et cinq le nom de l'expéditeur pour s'assurer qu'il lisait bien un SMS de son Silver...

Inconsciemment, un vague sourire mi-tortureux mi-heureux s'était dessiné sur les traits du Boss qui expira un bon coup, comme pour canaliser sa colère et la tension qu'il avait stockées...
Machinalement, il tourna son portable pour avoir accès au pavé numérique, et tapa une réponse qu'il se pressa d'envoyer... Chose faite, il éteignit son mobile, le jeta par terre, puis le fracassa de son pieds et enfin éparpilla les morceaux... Ce qui attira des regards interloqués et choqués des passants dans la rue, ce qui indifféra totalement le mafieux...

Avec le repérage satellite, il préférait agir avec une certaine prudence... ne savait-on jamais...

Renfouissant ses mains dans ses poches et reprenant son pas à rythme soutenu, il relit intérieurement le message qu'il avait envoyé à son cadet...

"Oui fiston, espérons. En attendant ce jour, ne te dresse pas contre les terroristes. C'est ma responsabilité... à bientôt..."

Oui, c'était son affaire, son partenariat, son chantage... c'était à lui de régler ce problème... même s'il savait bien que Silver n'allait pas rester sur le bancs de touche lors du grand match... après tout, c'était son fils...

Et il en était fier.

Spoiler:

462 lignes pour giovanni
254 pour Silver


1 page de rp :)