NC-12 : Au temps des Souvenirs [pv Poe]

« Rien ne pourra m'arrêter désormais... »

La Mentali était postée sur le toit d'une habitation, observant la vie grouillant en dessous. On était à Azuria, petite ville tranquille de bord de mer, un jour festif pendant la saison estivale. Elle était assise, regardant avec un air rempli de dégoût la population humaine.

« Tu croyais à tout tes mensonges n'est ce pas? La seule chose pure qui reste dans ce putain de monde, c'est ta naïveté. Je te détruirais pièce par pièce soit en sure. Pour te voir périr. Pour que je prenne le contrôle. »

En un élan, elle se laissa tomber du haut de son piédestal. On aurait pu croire qu'elle parlait seule, vu que personne ne l'accompagnait. Mais non. En fait, Lilith et Hyde était deux entités dans le même corps. Et là, c'était Lilith qui le contrôlait, au détriment de Hyde. Entre les deux, elle était la plus puissante, la plus froide, la plus destructrice. Tout ce qui importait pour elle, c'était avoir un contrôle total.

« Te souviens-tu de cette souffrance, Hyde ? Tu sais celle qui accompagne ton ancienne existence dans cette ville? Et tu sais quoi? Je vais t'infliger une douleur inoubliable.»

Oui, ce qu'elle voulait, c'était faire sombrer la petite Hyde dans les ténèbres les plus profondes et le désespoir le plus noir. Afin de l'obliger à lui léguer le contrôle... Sa chute depuis le toit fut lente et atterrissage sans encombre. Elle se mit à avancer à travers le marché champêtre. Légumes, baies, produits d'entretien pour Pokémon. Du monde s'activait. Un monde pathétique aux yeux de la Mentali. Elle avançait, sans que personne ne lui prête attention. Ce qui l'arrangeait d'ailleurs. A quoi cela servait d'entretenir une discussion avec ses monstres bipèdes? Et puis sérieusement, à quoi cela servait d'être à leur solde, obéissant à leur moindre volonté? Ils n'apportait que du malheur, des soucis et n'offraient que très peu de liberté. Hyde, sa deuxième entité en était la preuve. À avoir été proche de ses choses, elle s'était laissé corrompre par la tristesse, elle, Lilith, avait été obligée de s'exprimer, sortir, prendre le contrôle. C'était pathétique tout cela pour elle. Se lamenter? Pleurer? Souffrir? Pour eux? Que né ni. Plutôt qu'elle crève la petite Hyde et qu'elle la laisse elle , Lilith prendre le contrôle d'un corps plein de puissance. Manifestement, à côté des Pokémons domestiques, Lilith se sentait supérieur.

Il devait être midi, son estomac la rappelait à présent à l'ordre. En même temps les odeurs du marché étaient alléchantes. De plus, elle était arrivée dans les alentours d'un vendeur de viande rôtie. La fragrance qui en émanait était juste divine, lui faisant frémir le museau. Discrètement, elle s'avança dans l'ombre du stand. Le vendeur n'allait se rendre compte de rien. Alors qu'il était occupé avec une cliente assez capricieuse et exigeante, dans un petit coup de patte rapide et précis, la Pokémon psy fit tomber subtilement un morceau conséquent et s'en alla avec. Tout avait marché comme sur des roulettes...

« Eh toi là! Repose ça! »

Surprise, la Mentali se retourna. Ce n'était pas un humain qui l'avait interpellée mais un... Flagadoss. Son air furieux le rendait encore plus niais qu'il l'était déjà. Il devait avoir eu un éclat de lucidité pour intervenir aussi violemment. Le dévisageant d'un air dédaigneux et hautain, la Mentali lui siffla avant de reprendre sa route des mots dénués de toutes chaleurs.

« Et tu te crois dans le droit de me dire ce que je dois faire? Pathétique... »

Ce qui ne manqua pas de mettre dans une fureur noir le Pokémon rose. En un temps trois mouvements, il s'élança dans un cri de rage sur la petite féline. L’attaque était trop prévisible. Lilith esquiva et s'écarta, continuant à marcher proche d'un étalage voisin. Le Flagadoss se releva, crachant, et bavant sa rage, et s'élança de nouveau.

« RAAAAAAAAAH! GIGAAAAA IIMMMPPPAAACTEUUH! »

Il s'éleva dans les airs afin de gagner en puissance avant de redescendre, près à frapper. Une attaque d'une tel ampleur ne pouvait être très facilement esquiver. Sa folie destructrice était dangereuse. Il voulait anéantir cette petite prétentieuse, cette petite teigne qui avait osé voler son maître adoré et de sur-croix, le rejeter avec un air dédaigneux. Elle devait recevoir et sentir la douleur de l'attaque suprême ! Son maître allait tellement être heureux qu'il ait attaqué et mis KO une voleuse de plus. Il sentait déjà l'odeur de la récompense... Un restaurant Pokémon... Oh oui et ces nouilles délicieuse et fondantes... Et cette sauce goutteuse et à en tomber par terre. Oui Il allait se régaler pendant que elle, la chose, la Mentali en face de lui serait en train de se morfondre et regrettant amèrement son geste. Il descendit en flèche un sourire vicieux et de victoire sur les lèvres. Elle n'allait pas pouvoir esquiver l'attaque c'était une évidence. Même elle le savait. Mais elle ne doutait pas, le regarde avec toujours le même regard glacial. Comme si elle était au courait de quelque chose qui allait encore tourner la mésaventure à son avantage.

Vacarme assourdissant

L'impact avait était rude. Un étalage de légumes et de fruits avait était détruit (bah oui, l'attaque s'est faite juste à côté, vous ne comptiez pas qu'elle reste indemne?!). Des légumes étaient explosés et jonchait les lieux. La vie s'était arrêtée dans les alentours, toute attention portée à cet incident. Les gens se rapprochaient afin d'en savoir un peu plus et d'aider le marchant abasourdi. Quand à l'abruti de Flagadoss, il sortit la tête de dessous une montagne de légumes, cherchant sa « proie » d'un air napoléonien. Lilith était là, pas loin de lui sur la pile de légumes et fruits. Attendez... J'ai bien précisé... SUR? Elle arborait toujours son air distant et froid, adressant un sourire moqueur au Pokémon eau et psy. Elle planta son regard de glace au plus profond de l'autre afin de lui geler toutes ses ardeurs, ses envies, ne laissant en lui qu'un sentiment de peur intense et d'incompréhension.

« C'est ce qu'il arrive quand on veut jouer les héros alors qu'on a des gros problèmes de visions... Hypermétrope c'est bien cela? Et bien un conseil, apprend à utiliser tes pouvoirs psy si tu veut un jour pourvoir protéger des informations capitales! Allez Hasta la vista! »

Le Flagadoss secoua la tête, surpris. Elle serait donc allée dans ses souvenirs pour chercher des informations et utiliser son problème de vue à son profit?! Elle avait donc vraiment esquiver l'attaque?! Mais c'est impossible! Et son air hautain toujours là pour vous rappeler que vous êtes faibles! Non! Elle ne devait pas lui faire peur! Elle ne payerait rien pour attendre. Elle étaient allé trop loin. Il allait l’étriper, la pendre... Et la re-étriper! Il s'élança de nouveau. Sauf que... Son problème de vu était tel qu'il ne vit pas la pomme qui était devant lui. Et comme un abruti fint il posa le pied dessus et... Retomba, le derrière en premier, totalement ahuri. La Mentali avait déjà disparu. Et déjà le propriétaire de l'étalage l'avait repéré et s'avançait vers lui avec air très contrarié. Mince, à cause d'elle il devra payer les pots cassés... Il l'aura un jour... Il l'aura.

Lilith était épuisée. Utiliser tant d'énergie en très peu de temps était contre son intérêt. Surtout pour un péon quoi ! Elle devait laisser la place à Hyde. Il ne l'aurait pas emmerdé, elle aurait pu garder le contrôle sur son autre elle. Par des spasmes de plus en plus important, Hyde reprenait la place qui lui était due, devant l'impuissance de Lilith. Mais cette dernière ne se faisait pas de soucis. Quelques temps de repos et elle reprendrait le contrôle de son corps.

Hyde avait enfin le contrôle. Elle s'ébroua violemment afin de faire passer le violent mot de crâne qui était la conséquence de la prise de contrôle de Lilith. Elle devenait de plus en plus envahissante ces derniers temps, sans qu'aucun accord soit trouvé. Ce qu'elle voulait? C'était la possession de leur corps et anéantir Hyde le plus possible. Cette dernière était déstabilisée par ses interventions de plus en plus fréquente et de plus en plus puissante. Il devait bien y avoir un moyen... La peluche au pelage bleutée soupira lourdement. Il fallait maintenant qu'elle se souvienne de là où elle était et pourquoi elle y était venue. En un flash, elle eu la réponse à ses questions. Azuria. Après plusieurs années d'errance, Hyde s'était donc enfin décidée à revenir sur les lieux du drame. Le lieu où elle avait tout perdu. Famille. Amour. Espoir. Et d'autres. Il lui avait fallu plusieurs années pour refermer la blessure. Il fallait se résigner. Se dire qu'elle était désormais la dernière de sa famille.

La Pokémon arriva sur les lieux de son ancienne demeure. Tout avait changer. Les cendres avaient été remplacées par de la végétation. Les herbes avaient poussaient en abondance, utilisant comme engrais les cendre et le sang qui y avait coulé. C'était totalement différent du dernier souvenir qu'en avait notre héroïne. Ce n'était plus cette grande battisse ravagée par les flammes et d'où émanait des cris de douleurs. Personne n'en est sorti vivant. Le feux les avait emportés dans un autre monde. Le temps avait agit, laissant à la nature une maison en ruine. Hyde reconnaissait encore la disposition des anciennes pièces. Le vestibule, le salon, la chambre de leurs maîtres, la cuisine... Elle s’arrêta devant l'ouverture qui était auparavant une porte. Son ancienne chambre. À elle, mais aussi à toute sa famille. L'émotion et la sensation de pesanteur la prirent. Elle s’imaginait encore courir avec Jyll, et Poe au dessus des meubles. Et Jeckyll, lui si calme, les regardant plus bas leur disant de descendre. Et Jyll ce maladroit qui en baillant, glissait du meuble et tombait sur un des coussins disposés en bas. Et elle... Et eux, riant encore aux éclats. Tout était comme si... des spectres de son passé réapparaissait devant elle. Les rires pouvaient s'entendre dans le bruit du vent. Prise de mélancolie, et sorti des ruines de la maison et alla s'installer au niveau du lieu de l'ancien perron avec le morceau de gigot qu'avait volé Lilith auparavant.

Alors qu'elle dégustait tranquillement son met, perdue dans ses pensés, un bruit dans les végétations se fit entendre. Vivement, Hyde se releva, cherchant à identifier d'où venait le bruit. À gauche. Qui pouvait bien venir ici, dans ces ruines ? Certainement cette idiot et pas fini de Flagadoss qui cherchait encore sa revanche... En quelques secondes, la mentali ramassa un caillou dans sa gueule et commença à tournoyer sur elle même. De plus en plus vite. De plus en plus vite... Jusqu'au moment où elle décida d'entrouvrir sa petite gueule visant le lieu d'où venait le bruit.

BOM

Touché ! Sous les vertiges, elle tomba le derrière en premier. Apparemment, elle avait bien visé, la chose ne plus bougeait dans les hautes herbes. Bon il ne restait plus qu'à attendre que la chose ne rebouge et sorte. Fière d'elle et avec la tête qui tournait, elle se releva (après plusieurs tentatives ratées), alla se rasseoir péniblement près de son repas et continua de manger. Rien ne devait perturber son repas.

Des souvenirs douloureux.
Une blessure ouverte.
Tu es seul.
Seul…
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Beaucoup de chahut pour pas grand chose. Enfin pas grand chose, juste une simple abruti qui est venu chercher des noises à la Mentali et au Pyroli. Ce dernier prénommé Poe s'était lancé cœur et flammes dans la bataille contre les envahisseurs, les faisant valser, crier et faire des bruits peu commun pendant que Hyde était restée en arrière, essayant de calmer ses pulsions meurtrières. D'un coté, elle avait bien envie de tout faire exploser et de réduire en charpie le Flagadoss et son armée insignifiante de Psykokwaks. Mais d'une autre coté, elle voulait se montrer un peu plus « civilisée » que ce qu'elle avait montré au départ au Pyroli. Et puis, elle éprouvait tout de même un peu de pitié devant un être aussi pathétique. Autre raison pour rester calme. En effet, elle ne voulait pas utiliser de l'énergie inutilement pour ce truc. Elle ferma les yeux et essaye de penser à autre chose. Ce n'était pas très aisé avec le boucan qui régnait dans le lieu, mais elle y arriva.

Elle s'était remémoré alors le dernier Noël qu'ils avaient passé tous ensembles. Il n'était pas encore minuit. Nelly, la fille de ses propriétaires était tout excitée, comme tout enfant ce jour là. Hyde et ses frères aussi d'ailleurs. Jekcyll lui le cachait bien, observant le sapin d'un air distrait. Quand aux autres...Ils couraient toujours dans la pièce pour se défouler. Hyde se rappelait très bien de cette soirée. Elle avait même fait un croche patte à Poe, pour qu'il perde la course.

« Eh mais tricheuse! Tu m'as fait un croche patte!
- Han mais c'est même pas vraaiiii! 
- Si c'est vrai, menteuse, t'auras pas de cadeaux ce soir toi!
- Ah bon? Tu veux que je dise à maman toute les bétises que t'as faites aujourd'hui?
- Graa tu m'énerves!
- Je vais de faire bouffer ta fourure espèce de...

Jeckyll toussota légèrement pour attirer l'attention de Poe et de Hyde. D'ailleurs, au bruit, les deux garnements arrêtèrent de se chamailler et tournèrent la tête vers leur frère. Il les regardait avec un sourire moqueur et une bonne humeur. C'était le jour de Noël voyons. Il n'allait pas sermonner ses frères et sœurs les plus turbulents. Il prit la parole, tout en essayant de se retenir de rire suite à leur dispute futile.

« Hum vous savez, si vous voulez vraiment vous taper dessus vous pouvez aller dans la neige ça va vous...
- Oh oui tiens! Viens là toutouffe je vais te mettre la pâté!
- Ne m'appelle pas toutouffe!
- ... »

Jeckyll n'avait pas finit sa phrase, qu'ils étaient déjà sortis. Il les suivit accompagné de Jyll, ne voulant rater ce combat épique. Tout aussi obstiné l'un que l'autre. Il fallait toujours avoir un œil sur les deux. Il était rare de les voir faire un truc ensemble sans qu'il se tape dessus. Et puis Hyde n'arrangeait jamais les choses... La neige tombait à gros flocons ce qui rendait le paysage encore plus beau. Une épaisse couche recouvrait déjà le sol, aussi bien que la Mentali et le Pyroli étaient presque totalement immergé. Tiens, les voilà que se jetaient l'un sur l'autre. Nelly avait rejoint Jyll et Jeckyll sur le perron de la porte. Ils regardaient les deux turbulents s'envoyer de la neige dans la figure, se mordiller les pattes et prendre le dessus sur l'autre. Ils étaient de force similaire (Hyde était une femelle mais elle excellait dans ce domaine).

« Ils sont encore en train de se taper dessus.? »

Nelly avait posé la question aux deux autres évolutions d'évoli. Ces derniers se retournèrent vers la jeune fille, lui lançant un air blasé, signifiant « hélas oui. Encore... ». Nelly laissa échapper un petit rire avant de s'assoir avec eux. Soudainement, Hyde se retourna et fit voler une boule de neige dans la figure de Jeckyll. Quant à Poe, il envoya une boule de neige dans la figure de son cher frère Jyll. Surpris, les deux victimes s'ébrouèrent et lancèrent un regard désapprobateur aux combattants qui étaient écroulés de rire. Hyde et Poe s'adressèrent à l'unisson à leurs frères.

« Eh oh vous deux les fénéants! Venez nous montrer que vous êtes plus forts que nous! »

Vexés, Jeckyll et Jyll plongèrent sur eux. La Mentali se souvenait très bien de leur tête. C'en était encore hilarant. Ils tombaient presque tout le temps dans le piège de la provocation. Du coup, par la suite ils étaient tous dans la neige, en train de se canarder mutuellement. Nelly les surveillait, riant aux éclats. Ensuite, une fois bien épuisé, ils étaient tous rentrés dans un éclat de rire général. C'était le plus beau Noël pour la Mentali. D'ailleurs, ce souvenir avait réussi à la calmer un minimum. Mais elle avait totalement oublié ce qu'il se passait à côté d'elle. Elle rouvrit les yeux. Alors : derrière elle, il y avait un Psykokwak dans un état pitoyable, la tête toujours collé au tronc d'un arbre. Une troupe de Psykokwak entourés de flammes en train de faire un arret cardiaque. A croire qu'ils n'ont toujours pas compris qu'ils n'allaient pas mourir. Et... il manquait le Flagadoss. Elle ne l'avait plus dans son champ de vision. Peut être était-il parti...

« RAAAAAAAAAH !!! JE VAIS TE DEMOLIREUUUUUUUUUUUUUUUUUH !!!!! »

Oh Gosh! Il n'allait pas recommencer hein? Et bien si... Il était tellement bête qu'il allait recommencer l'attaque suprême. A la base, il n'était pas fait pour faire cette attaque vu son putain de problème de vu de merde. De plus il devait avoir fait court-circuiter ses derniers neurones pour ne pas comprendre quelque chose, au point d'avoir limite le cerveaux qui lui coule par les oreilles?! La Mentali aperçut avant l'impact de l'attaque Poe esquiver l'attaque avec une aisance monstre. Ah en parlant de monstre, si Hyde pouvait se transformer comme une sorte de gros monstre vert de Marvel, elle l'aurait fait depuis longtemps pour éliminer la vermine qu'était le Flagadoss. Pourquoi? Et bien, elle qui avait essayé de se calmer, elle était passée maintenant à un stade au dessus de la colère. La Haine. Ce sentiment à la fois chaud et froid. Elle s'était remise à trembler de rage, les morceaux de pierres à léviter autour d'elle de plus belle avec une vitesse plus importante. L'imbécile, il venait de détruire un des derniers pan de mur qu'il restait de sa maison. A LEUR maison. Et apparemment, Poe était dans le même état qu'elle, entre la folie, la rage et les larmes. Elle reconnaissait bien son frère là. Il n'était pas rare dans le passé ils aient tout les deux les même réactions par rapport à un évènement précis. La rage. Les larmes. La joie. Elle ressentait ses émotions et réagissait pour lui. Et inversement. Ils n'étaient pas frère et sœur pour rien. Hyde était trop loin pour entendre distinctement ce que Poe disait au Fladadoss. Mais elle savait, elle sentait que dans ses paroles se déversait tout un flot de violence. Violence qui parcourait aussi ses veines. Elle haletait sous l'effet de la rage qui la consumait. Elle ferma les yeux de nouveau pour essayer de faire baisser le seuil de violence. Elle voulait rester un minimum lucide, pour éviter d'être le Diable en personne.

« Il a quelque chose à vous dire. »

Elle rouvrit un œil. Le Pyroli avait lâché à ses pattes le Flagadoss faiseur de catastrophes. Elle adressa un regard gratifiant à son frère. Ce petit jeu devant l'avoir essouffler un peu. Elle jeta ensuite un regard dur au Flagadoss. Ah non pardon, au Ramoloss. Apparemment, Poe s'était fait plaisir en lui retirant le Kokiyas qu'il avait à la queue. Comme c'est dommage. Leur cher « ami » avait régressé. Tss. Ordure.

Il s'était redressé la regardant avec un air effaré et rempli de peur. Il essayait de faire le dur, mais la Mentali s'impressionnait énormément. En temps normal, il aurait rouvert son clappé diseur de merde. Mais l'aura de la Mentali était si malsain, si... mauvaise qu'il préférait finalement (enfin!) à la fermer. Hyde avait laissé tomber le contrôle d'elle même. Elle était sur le point de lui exploser à la face. De manière royale.

« Je t'écoute. Et ne tache pas faire perdre mon temps.
- Euh... En fait je... ce n'est pas moi qui ai fait le complot hein c'est... »

La Mentali lui sauta dessus. C'en était trop. Il osait mentir en plus de tout ce qu'il avait fait? Sa colère était tel, que la force mental qu'elle exposait aux éléments qu'elle faisait léviter, qu'ils se s'était réduits en miette. De petits morceaux de pierre virevoltaientt autour d'elle.

« J'étouuuuuuuuuuuffe »

Hyde reprit un minimum ses esprits. Effectivement, elle avait bien mis sa patte de manière à lui bloquer la respiration. Elle desserra la patte, lui permettant de reprendre la respiration. Elle sentait que sa colère s'était transformée. Ce n'était plus de la haine pour un triple imbécile comme lui. Mais plutôt une envie de le tuer. C'était bien la première fois qu'un sentiments aussi noir naissait dans son esprit. Ses muscles tremblaient sous la force de ce nouveau désir. D'un coté, elle avait vraiment envie de lui éclater la face. Mais d'un autre côté, ce n'était pas un truc à faire. Elle soupira, et susurra à l'oreille du Ramoloss quelques mots, d'une vois glaciale.

« Pars. Avant que je ne réduise en miettes comme ses pierres et que tu ne puisses plus respirer. Tu sais je me retiens de te laisser partir en vie. Pars avant que je ne change d'avis. Et plus jamais, tu ne toucheras ni à moi, ni à mon frère. Ais-je été claire?
- Oui oui c'est promiiiiiiiiiiiiis!
- D'ailleurs, son Kokiyas est dans les fourrés. Dix pas à gauche, cinq à droite. File. »

A peine avait elle prononcé ses mots, le Ramoloss s'enfuit à toute vitesse. Il n'était pas près d'oublier un moment aussi traumatisant que celui là. Maintenant, il restait un autre problème. Il fallait que la Mentali se calme, et qu'elle fasse redescendre la tension et la rage emmagasinée. Sinon elle risquait de faire énormément de dégât et de s'en vouloir pour la vie. Elle avait beau essayer de respirer normalement et de fermer les yeux, elle n'arrivait pas à se calmer. Elle s'assit et adressa un regard à son frère qui la regardait avec un air inquiet. Après un soupir elle reprit la parole.

« Tiens Poe, tu connais pas un moyen pour se calmer? Puisque, c'est pas que c'est dérangeant mais.. j'ai des envies de meurtre, rien de plus. Parle moi d'autre chose, je ne sais pas. Tiens, tu te souviens de notre dernier Noël? A oui en fait, mon nom à moi, c'est Hyde. Je suis ta sœur. »

Ce n'était peut être pas le lieu ni le moment de faire une déclaration comme ça. Mais il allait bien qu'il le sache un jour. Elle ferma les yeux et releva le menton vers le ciel. Le vent fit frémit ses poils. Ses envies se dissipaient un peu. Il devait le ressentir lui aussi. Il fallait qu'ils pensent ou parlent d'autres choses. Mais de quoi? C'est vrai que ça fait un moment qu'il ne s'était pas vu, mais elle n'avait absolument rien en tête qui lui venait à dire, quelque chose d'intéressant. Peut être à cause de la colère tiens.

Hyde se sentait calmée, zen. La voix du seul membre de la famille qui lui restait l'avait apaisée lentement. Elle n'avait pas vraiment fait attention à ce qu'il avait dit. Elle s'en foutait clairement. Ce qu'elle voulait c'était entendre le rythme de ses paroles et le son de sa voix. Des choses qu'elle n'avait plus qu'en rêve et en souvenirs. Et même ceux-ci n'arrivait plus à reproduire la complexité d'une vrai voix. Le temps avait fait son effet et elle avait vraiment du mal à se souvenir de la voix de son frère Poe. Maintenant qu'elle avait en face d'elle, elle en profitait, rattrapant tout le retard qu'elle avait. D'après les bribes de souvenirs qu'elle avait, sa voix n'était pas trop différente. Seul une tonalité plus grave notifié qu'il avait grandi et muri. Ce n'était plus un enfant, il était bel et bien en adulte maintenant. Et pourtant... Hyde l'avait observer là, de courts instants. Il avait cette même manie enfantine. Le regard un peu fuyant, des problèmes pour énoncer ce qu'il voulait dire. Comme quand il y avait quelque chose le tracasser au fond de lui. Quelque chose qu'il n'osait pas avouer, révéler. Même les yeux fermés, cela crevait les yeux (enfin, façon de parler). Elle l'avait connu si bien, enfant. À croire qu'il était resté exactement le même, avec une note de nostalgie et de tristesse en plus. Il devait avoir vécu des évènements traumatisants après l'incendie. D'ailleurs, la Mentali ne savait toujours pas comment il avait fait pour sortir vivant de cette affaire... Si il avait était à l'extérieur, elle l'aurait aperçu, il en était certain. Et puis, même si elle ne l'avait pas vu, Jeckyll l'aurait vu, lui tout du moins.

« Au faite, tu as bien changé depuis ce temps, tu n’es plus la Hyde turbulente et légèrement précieuse que j’avais connue auparavant. Tu sembles un peu plus dégourdie, mais aussi bien plus… directe dans ce que tu dis et fais, heureusement que tu avais ceci… »


Hyde émis un fin sourire lorsque son frère montra de la patte son grelot. C'est vrai. Elle avait pas mal changé avec le temps. Le temps l'avait forgée différemment du moule auquel on aurait bien voulu lui faire ressembler. Précieuse, prestigieuse et distinguée, tel devait être ces qualités principals, avec un maitre qui la chérirait pour qu'elle puisse prolonger la grande lignée pure de sa famille. Mais le destin en avait choisi autrement pour elle. L'incendie. Jeckyll. Elle ne devait pas rester comme elle était, frêle et fragile. Elle se devait de changer pour survivre. S'endurcir, être vif, voler... Bref, devenir une vrai sauvage. Même si certaines fois dans son apparence, dans ses paroles ou dans sa démarche, on pouvait encore retrouver cette grâce, cette prestance et cette élégance naturelle. Et puis il y avait cet autre elle qui l'épuisait et qui lui faisait peur en même temps. Comment ne pas avoir peur de quelque chose dont tu ne sais pas d'où il vient, comment et pourquoi il est apparu. Cet chose qui cherche à vous détruire coute que coute pour avoir le pouvoir et la puissance d'un corps. Elle avait du s'endurcir aussi à cause d'elle. Pour lui tenir tête et ne pas abandonner. Puisque tout abandon dans ce domaine signifiait tomber dans le néant. Elle comprenait très bien pourquoi Poe avait eu du mal à la reconnaître. Il ne savait pas grand chose d'elle en y pensant bien. Elle non plus d'ailleurs. Ils ne connaissaient que l'enfance de l'un et l'autre. Mais pas la suite de l'accident. L'incendie qui les avait divisé.

« Oh…Euh…Pardon faut encore que je face attention à certains de mes mouvements et quand je m’assois. »

La Mentali sursauta à ses mots. Quelle patte ? Ah... Oui elle. Elle l'avait totalement oubliée. Hyde examina discrètement la constitution de la chose. Cela n'avait rien de naturel. Une sorte de prothèse assez performante. En réfléchissant bien, il devait avoir eu un accident pour hérité de cette chose. Peut être à cause de l'incendie, d'ailleurs. Ce ne serait pas étonnant. La toute première fois qu'elle avait vu le Pyroli avec cette patte, elle en avait eu peur. Mais en fait, elle se disait qu'elle aurait mieux fait d'avoir de la compassion. Cela a du être une expérience assez redoutable et douloureuse. Avoir peur d'une chose qui a du être odieuse.. C'est tout à fait ignoble. Elle s'en voulait. Elle ne pouvait et ne voulait pas l'avouer à son frère pour éviter de le blesser plus qu'il ne l'étais déjà.

« Tu…Tu as changé à ce point à cause de l’acci… euh… de l’incendie ? »

La Mentali leva un sourcil devant l'hésitation de son frère de porté. Elle ne voyait pas en quoi il devait être gêné de lui poser la question. Et puis, dans ces circonstances, il n'y avait pas de différence entre « accident » et « incendie ». Dans tout les cas, cela devait être un feu déclenché de manière accidentelle. Personne ne semblait en vouloir à la famille d'éleveur. Pourquoi des gens seraient venu pour détruire leur pension et surtout sans raison apparente ? Non, pour la Mentali il n'y avait pas vraiment de doute sur la nature accidentelle. Ensuite, il y avait du feu. Personne ne pourrait nier ce fait comme n'étant pas un incendie. Ou bien c'est qu'il était aveugle, sourd, et sans odorat. Après un maigre sourire, la Mentali finit par répondre à la question de son frère.

« Désolée, j'ai dû te faire peur. Oui en effet, j'ai pas mal changé comme tu le vois. Plus vive, moins chochotte... Mais bon il le fallait pour que je reste en vie, hein. Toi aussi tu as changé. Non, je ne veux pas parler du physique, loin de là. Je m'en fout. Enfin... Pas tout à fait euh... Enfin laisse tomber. Je voulais dire que tu avais changé.. psychologiquement. Cela ce vois comme une truffe au milieu du visage. »

Hyde soupesait les expressions qu'elle allait utiliser. Elle reprit la parole après un las soupir. Pendant qu'elle s'exprimait, la Mentali essayait de savoir pourquoi son frère avait autant changer.

« Tu n'es plus le Poe joyeux et turbulent. Même quand tu souris on vois très bien que tu te forces. Je dois imaginer que tu as eu des expériences traumatisantes toi aussi. Enfin, plus que moi. Vivre avec des remords et sur le passé, ce n'est pas une vie... A moins que... »

Hyde avait beau farfouiller dans l'esprit de Poe, elle n'avait accès à aucune information. Comme si tout ce qu'il s'est passé était enfermé dans un espace non accessible. Enfin, qu'il s'efforçait de rendre inaccessible. Il lui cachait des chose. Pourquoi elle n'arrivait pas à avoir des informations, sur l'incendie et tout ce qui a suivi, dans sa mémoire ? Et puis ses hésitations dans sa voix, son air gêné et triste. Quelque chose d'important semblait échapper à la Mentali. Ça en était limite vexant. En temps normal, elle passait son temps à sonder son esprit pour pouvoir synchroniser ses actions avec son frères. Il n'avait jamais fermé son esprit. Jamais. Pourquoi le devrait-il d'ailleurs... A moins qu'il n'ai quelque chose à protéger... En un mouvement, elle se rapprocha de son frère jusqu'à être limite museau contre museau. Son regard violet et perçant semblait vouloir entrer avec insistance dans l'esprit du Pyroli.

« Que me caches-tu ? Ce n'est pas dans tes habitudes de fermer ton esprit comme ça et de m'empêcher de lire dans tes pensées. Que souhaites-tu que j'ignore ? Et que souhaites tu protéger ? Si c'est moi, ce n'est pas la peine, parle. Je ne suis plus la petite pleurnicharde que j'étais avant. »

Un regard inquisiteur et dur était fixé dans celui de son frère. Même si la vérité devait être dure à entendre et à digérer, elle préférait l'entendre maintenant. Et ne pas lancer le doute et les non-dits roder sur son chemin.

Un violent frisson parcourut l'échine de la Mentali. La tête lui tournait et la voix de son frère résonnait dans sa tête tel un vilain écho. En fait, elle n'avait pas l'impression que sa tête lui tournait mais que c'était le monde qui s'effondrait sous ses pieds. Elle ressentait l'air autour d'elle comme une cage glacée l'empêchant de respirer normalement. Des larmes coulèrent en perles sur ses joues bleutés. Ce que Poe avait dit était totalement faux. Elle ne voulait pas y croire. Il avait inventé et faisait de la comédie ce n'était pas vrai. Elle fit l'erreur de vouloir vérifier par elle-même dans l'esprit de son frère. Maintenant qu'il l'avait ouvert il était vachement plus aisé de voir les souvenirs. Elle ne fut pas déçu de l'expérience. Elle tressaillit sous le flot de souvenirs qui l'envahir. Les flammes. Les cris. Les larmes. La peur. Toutes ces choses se ressentaient à chaque fragment de souvenir. Des souvenirs si intenses que son corps faillit céder sous leurs poids. Ce qu'elle n'osait pas croire, ce qu'elle n'osait pas affronter lui revenait en pleine face. La responsabilité de son frère dans la mort du reste de la famille.

« C’est à cause de moi que la maison à prit feu… »

Cette phrase et ce qui a suivi ont été comme une grande claque pour Hyde. Elle ne s'attendait pas à ce genre de révélation. Les souvenirs de cette journée lui revenaient peu à peu, comme un puzzle dont on avait perdu les pièces. Certains souvenirs qui étaient tombés dans l'oubli remontaient à la surface. Des détails qu'elle avait trouvé futiles et que sa mémoire avaient oublié. Cette journée là, Jeckyll s'était réveillé avec des images qui le préoccupaient. Un cauchemar. Il en avait parlé qu'à Hyde ce matin-là. Et elle lui avait répondu de ne pas s'en faire, que c'était juste un mauvais rêve, rien que ça. Il n'était pas pour autant rassuré, persuadé que quelque chose de mal risquait d'arriver. C'était pour ça d'ailleurs qu'elle était sorti faire un tour en ville avec lui. Pour lui faire changer les idées. Elle lui avait alors sorti qu'une bonne odeur lui effleurait le museau. Et comme elle le connaissait si bien, il la suivit pour qu'il soit sûr qu'il n'allait rien lui arriver. À un moment donné sur la route, il s'était arrêté brusquement, les yeux fixés dans le vide. Encore ce mauvais pressentiment. Hyde s'était approché de lui et l'avait rassuré avec douceur. Il voulait rentrer à la pension. Une sensation désagréable planait en lui. Il ne savait pas pourquoi mais il voulait absolument rentrer. C'était à contre cœur que la Mentali avait fait demi tour accompagnée d'un de ses frères. Ils marchaient vite, une odeur de brulé de plus en plus présente dans l'air. C'est alors qu'ils aperçurent l'inévitable. La pension transformée en un brasier fourbe prenant des vies une à une. Le vent soufflait alimentant les flammes d'une manière impressionnante. Hyde s'était effondrée à cette époque. Jekyll lui regardait ce qui serait bientôt que les restes d'un foyer détruit sans dire un mot. Aucune larme n'avait coulé. Et pourtant son regard triste trahissait son calme extérieur.

Après ceci, ils ne parlèrent jamais de l'accident. Il avait énormément changé, s'étant renfermé sur lui même. Pendant que la Mentali remettait ses souvenirs anciens dans l'ordre. Quelque chose lui apparu comme une évidence. Il ne lui avait jamais avoué. Il agissait différemment. Comment avait-elle fait pour ne pas se rendre compte de la détresse dans laquelle était Jeckyll ?! Trop aveuglée par sa douleur elle n'avait pas vu que son frère qui lui restait sombrait peu à peu dans le désespoir le plus total. Qu'il était bien plus mal qu'il n'osait lui-même admettre. Et elle n'avait pas pu l'aider, elle n'avait pas su l'aider. Hyde étouffa un sanglot. Maintenant que la chose lui était clair, elle comprenait certaines choses qui lui était totalement passé à coté. Le sourire triste de son frère le fameux soir de neige. Son regard vide. Son air livide. Cela aurait du l'interpeler. Elle aurait pu...

« Je suis désolé… c’est moi qui ait tué toute notre famille et notre foyer…Pardonne-moi…Je ne veux plus être seul… être tout seul et faire des cauchemars. »

Les larmes s'écrasaient sur le sol, s'évaporant presque aussitôt à cause de la chaleur dans l'air. Elle ouvrit les yeux, jetant un coup d'œil au Pyroli écrasé au sol sous le poids de la douleur et de la peine. Finalement, en y pensant bien, tout le fardeau qu'il avait porté sur ses épaules depuis tout ce temps, n'était pas vraiment de sa faute. Elle était elle aussi responsable. Elle aurait tenu rigueur des craintes de Jeckyll tout ceci ne serait peut-être pas arrivé. La maison n'aurait pas brulé et ne serait peut-être pas réduite en cendre. Et Jeckyll serait toujours là avec elle. Il lui manquait énormément. Le frère avec lequel elle partageait le plus de secret. Son caractère doux et calme lui permettait de discuter tranquillement. Ce qu'elle n'avait jamais eu l'occasion de faire avec Poe, aussi turbulent qu'elle. Il était un peu comme une pierre centrale dans la fratrie. La pierre où l'on osait dire ses peurs et ses peines. Pierre qui n'était plus là d'ailleurs...

La Mentali s'avança vers son frère et s'assit à coté de lui. Elle ne savait pas comment le réconforter, elle n'avait jamais été très bonne à ce truc là. Elle ne lui en voulait pas. Les seuls sentiments qu'elle avait à son égard était de la compassion et de la tristesse. Rien de plus. Rien de moins. Que voulait-elle lui dire exactement ? Elle n'en savait rien en fait. Peut être qu'elle comprenait ce qu'il ressentait. Mais cela était totalement faux. Elle ne pouvait pas ressentir ce qu'il ressentait. Elle n'était pas lui et il n'était pas elle. Ils étaient deux personnes bien distinctes. Au bout de quelques instants, elle finit par lâcher un soupir.

«  Je... »

A peine avait-elle commencé à parler qu'une sensation étrange la prit. Comme si on l'avait piqué avec une aiguille, mais à l'intérieur d'elle-même. Elle se sentait bizarre. Ses pattes la picotaient comme voulant agir sans l'autorisation de leur propriétaire. C'était étrange. Un goût peu commun lui apparaissait dans la bouche. C'est alors qu'elle se retrouva les pattes avant au niveau du cou de son frère. Interloquée, elle recula d'un bond. Quand est-ce qu'elle avait fait ça ? Quand est-ce qu'elle avait retourné Poe pour l'étouffer ? Toutes ses informations lui échappaient. D'après ce qu'elle comprenait, c'est qu'elle venait d'essayer de tuer son propre frère. Tout ceci au delà de sa volonté. Elle continuait de s'éloigner de lui, afin d'éviter de reproduire à nouveau ce geste, voir de faire pire.

« Je suis désolée ! Je ne... »
*Tu ne voulais pas quoi ? Avoue le pourtant... Tu aurais voulu le tuer pour ce qu'il a fait hein!*
« Ferme la. Tu ne comprends rien ! Et je t'interdis d'intervenir sur mes gestes. »
*Ne fais pas ta gamine. Ne te cache pas derrière des évidences ! Bien sur que si tu aimerais le tuer. C'est tout à fait... Normal de la part d'une sœur totalement fol-...*
« La ferme... »
*Allez, avoue le. Fait lui perdre la vie comme il l'a fait perdre aux au... *
« LA FERME ! Que comprends-tu de tous ça ? Tu n'as jamais eu de famille, cela t'es égal peut-être. Mais pas à moi. Dégage. »

Lilith. Fléau ambulant qui lui pourrissait littéralement la vie. Cela devenait de plus en plus problématique si elle voulait agir maintenant sur ses faits et gestes. Cela lui aurait fait trop plaisir que Hyde fasse couler le sang de son frère. La Mentali lâcha encore un soupir lourd de sens et ferma les yeux. Lilith avait un don innée pour la mettre toujours dans une colère noire. Il faudrait peut-être qu'un jour qu'elle trouve un chercheur et qu'il l'aide. Avant qu'elle ne fasse quelque chose d'irréparable. Elle rouvrit les yeux et regarda le Pyroli toujours sur le dos complétement estomaqué. Mince. Elle se souvint alors qu'elle avait répondu à Lilith... Mais à haute voix. Il devait peut-être l'avoir entendu. À moins qu'il ne soit encore sous le choc de ce qu'il s'était passé quelques minutes avant. Timidement, elle s'approcha de lui, les yeux baissés. Elle n'était pas fière de ce qu'elle avait fait. Finalement, elle s'assit à quelques mètre en face de son frère avant de prendre la parole après un énième soupir.

« Désolée. Je ne voulais pas... Ce n'est pas moi. Enfin si. Euh... je t'explique. Je ne t'ai pas tout dit non plus. J'ai quelqu'un avec moi. Tu peux dire que je suis folle, ce n'est pas grave, ça ne me vexera pas. Je commence à le croire aussi. D'après ce qu'une amie humaine m'a dit, j'aurais deux personnalités. Moi et Lilith. Et cette dernière... Et quelque chose de fort peu recommandable, quelque chose d'ingrat et de gratuitement méchant, qui cherche la destruction la plus totale en moi; J'te jure, elle aurait était quelqu'un autre que moi, je lui aurait déjà maravé la... »

Sa colère était telle qu'elle était en train de se surprendre en train de vouloir proférer des insanités. La petite quadrupède se reprit et adressa un sourire triste à Poe. Les mouvements frénétiques des débris se calmaient au fur et à mesure où sa colère descendait.

« Aheum. Un peu de tenu tout de même. Enfin bref, elle me pourrit la vie. Et euh tu sais, je ne t’en veux pas pour l'accident. Il y a quelque chose que tu ne sais pas mais ce jour là, Jeckyll s'était réveillé avec un mauvais pressentiment. Il avait un rêve où la maison brulait. Il n'en avait parlé qu'à moi. J'ai voulu le rassurer en lui disant que ce n'était qu'un rêve. Il serait resté à la maison et je ne l'aurais pas obligé à sortir dehors avec moi, tout ceci ne serait peut être pas arrivé. Je ne sais pas. Je voulais qu'il se change les idées. Donc je lui ai dit qu'il y avait une bonne odeur vers la ville. Et comme tu le connais, il m'a suivi pour être sûr que je fasse pas de bêtise. C'est aussi de ma faute si la maison a brulé. Mais on y peut rien. »

La Mentali se triturait les pattes tout en s'exprimant. Ce n'était pas aisé d'avouer après tant d'années des choses comme ça. Elle n'osait pas affronter le regard de son frère. Intérieurement, elle avait peur elle aussi qu'il la rejette pour les fautes qu'elle avait commise.. Elle reprit la parole, d'une voix plus mélancolique et emprunt de douleur.

« Après l'incendie, on est parti Jeckyll et moi dans la foret. Et j'ai de nouveau commis une faute; Trop concentré sur ma propre peine, je n'ai pas vu que... Que Jeck' allait encore plus mal. Et... un soir de neige je... Il n'est jamais rentré à la tanière qu'on s'était fait. Ne me demande pas si il est encore en vie, où... Où il est... Je n'en sais rien. J'ai passé deux ans à le chercher et sans succès. »

Sa voix était devenue rauque. Elle retenait ses larmes autant qu'elle le pouvait. Mais quelques unes arrivaient à déborder de ses yeux et à rouler le long de ses joues. Hyde essuya les quelques gouttes et fit une pose dans son récit. Elle n'avait pas le courage de continuer maintenant. Ses yeux rougis par les larmes demandaient à verser d'autres flots de ce liquide salé. Sa voix quant à elle tressaillait sous l'émotion. C'est après quelques minutes de pause qu'elle reprit d'une voix plus maitrisée.

« Et c'est avec des humains que... que j'ai compris qu'il ne fallait pas se lamenter et rester sur des faits du passés. Ne pas garder ça pour soi, extérioriser ce qui nous déchire le cœur une fois pour toute. Et avancer. Et vivre pour les êtres chers qui ont perdu la vie. »

Un lourd silence s'imposait. Personne n'osait prononcer un seul mot. Seul le vent accompagnait ce moment solennel. La mentali avait l'impression que le poids inconnu qu'elle avait sur le cœur était enfin parti. Que son esprit avait enfin prit conscience d'un élément important. L'impression de pouvoir maintenant faire le deuil.

« Vous me semblez bien tristes et abattus mes petits. Que se passe t-il ? Allez venez je vais vous montrer quelque chose qui redonne le moral. Je n'aime pas voir des gens tristes. »

Hyde sursauta. Elle n'avait pas entendu quelqu'un se rapprocher des gravats. Elle se leva d'un bond observant les alentours. Elle ne voyait personne. Jusqu'à ce qu'elle se rende compte que la voix qu'elle avait entendu venait du ciel. L'oiseau descendit et atterrit à côté d'eux, les regardant tour à tour avec un air inquiet. Il avait un plumage magnifique. Shiny. Enfin c'est comme ça que les humains appelle son apparence. Des plumes dorées et lisses reflétaient les lueurs du soleil couchant. Il avait un air fier et distingué, ce qui lui donnait une envergure noble. Il ne semblait point sauvage. Et son maitre semblait prendre extrêmement soin de lui. Tournoyant autour des deux félins il leur montrait une direction à prendre.

« Allez, vite, venez ! Passez par les toits de maisons on ira plus vite ! »

Puis, en un battement puissant d'aile, il avança vers la ville, semblant vouloir les guider vers un endroit. Étonnée, Hyde lança un regard à son frère dévasté, lui faisant signe d'y aller. Autant voir ce que le Roucoups avait à montrer. Ils n'avaient rien à perdre. Plus maintenant. Elle se leva et suivit l'oiseau doré.


« Allez y venez là ! Mettez vous face au vent, comme ça ! Et regardez le paysage ! »

Montrant l'exemple, le Pokémon vol déploya ses ailes dans toutes leur splendeur et dans toute leur largeur. Ils étaient rendu sur le toit du plus grand bâtiment du la petite ville marine. Le soleil se couchait, allant se noyer dans le lac. Hésitante, la Mentali s'approcha du bord et s'éleva sur ses pattes arrières, gonflant les poumons et écartant les pattes avant. Ce fut la sensation la plus agréable qu'elle avait eu de la journée et même depuis longtemps. Le paysage sous un film orangé de lumière était sublime. On avait l'impression que l'horizon s'embrasait. Le vent fouettait joyeusement la fourrure de la Mentali, la maintenant en équilibre. La brise l'entourait d'une chaleur bienveillante. Elle avait une sensation de légèreté, de liberté profonde et total. Tous ses soucis semblaient s'envoler et disparaître avec le soleil à l'horizon. Elle esquissa un sourire discret, puis plus large pour se fendre en un éclat de rire cristallin. Le son de son grelot accompagnait ce rire dérivant au bon vouloir du vent. Elle lança un regard gratifiant au Roucoups avant de se tourner vers Poe qui hésitait encore.

« - Allez essaye. Ça fait vraiment du bien !
- Elle a raison. C'est agréable. C'est le lieu et l'heure où mon maitre vient quand il se sent vraiment mal. Testez jeune homme ! »

Hyde retourna son regard vers l'horizon et ferma les yeux.

Le vent chauffé par les dernier rayons de lumière de la journée fouettait le poil de la Mentali. Toujours face au vent, elle faisait le tour de ses pensées. Elle se sentait bien, apaisée. Peut-être que c'était le fait d'avoir retrouvé quelqu'un de sa famille et d'avoir lâcher ce qu'elle avait sur le cœur. Peut-être. Elle pensa à tous ceux qu'elle avait rencontré. Ryu la fille au panier, Christopher l'éleveur, Miranda la fille perdue dans la forêt. Et puis, il y avait aussi Kaisha la renarde de feu timide, Névoa la grande libellule je-m'en-foutiste. Tous lui manquait. Elle espérait du fond du cœur qu'il aillent bien où qu'ils soient. Et puis il y avait les morts. Ceux qu'elle ne reverrait jamais. Peut-être après sa mort à elle, qui sait ? Où qu'ils étaient, elle leur murmura un merci. Merci d'avoir était là tant qu'ils ont pu. Merci de lui avoir enseigner des choses. Merci de s'être occupé d'elle. Légère. C'était le mot. Légère. Elle se sentait comme ça. Toutes les émotions négatives, refoulés semblaient s'envoler dans le vent et disparaître avec le soleil. Son cœur s'était vidé de tout les remords qu'elle avait. Le remord de ne pas avoir dit ses mots en face. Celui de ne pas avoir écouté et réagis. Elle poussa un soupir de soulagement et ferma les yeux. La dernière prière allait à Jeckyll. Elle ne savait pas si elle devait le caser dans les morts ou les vivants éloignés. Elle lui adressait une seule chose à travers le vent. Où qu'il soit, elle espérait qu'il soit heureux. Que lui aussi puisse faire comme eux. Se libérer des spectre du passé. Ils n'y étaient pour rien. Qu'il erre dans des contrées lointaine ou qu'il ait été cueilli par la mort.

Elle rouvrit les yeux et s'éloigna doucement du bord du toi. Poe et l'inconnu étaient un peu plus loin, semblant discuter. Elle sourit. Oui, cela lui faisait énormément de bien de savoir qu'elle n'était plus la seule de la famille à vivre. Ils devaient essayer de prendre soin de l'un et de l'autre. Hyde cru voir un semblant de sourire sur le visage de son frère. Elle était heureuse pour lui. Lentement, elle les rejoignit. Lui aussi devait avoir compris une notion essentielle : le passé de ne s'oublie pas, on vit avec. C'est un fardeau différent pour chaque personne et chacun doit porter sa part. Et non vivre sur des éléments que l'on ne peut changer. La Mentali jeta un regard à l'oiseau. Elle le remerciait du fond du cœur. Même si il ne savait pas ce qui n'allait pas, il les avait aidé à voir le monde en face. Un bon cœur. Oui, elle le pensait vraiment. C'était absolument quelqu'un d'adorable.

« -Bien, puisque tout le monde est redevenue « normal » que fait-on ?!
-MANGEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEER !. »

La réponse avait fusée telle une flèche suivant sa cible. Surpris, l'oiseau doré se retourna vers elle lui adressant un regard étonné. Hyde s'assit à côté des deux et leur sourit.

« - Oui, j'ai faim. Et puis, c'est une occupation comme une autre !
- C'est vrai tu n'as pas tord. (rire) Par contre moi, je chasse donc...
- Pas de soucis, je chasse aussi. »

La petite boule de poils bleutés adressa un clin d'œil à son frangin. Il ne fallait pas qu'il s'inquiète. Toute chose s'apprenait. Et elle était même plutôt sûre qu'il apprendrait assez vite. Elle se souvenait encore de lui quand ils étaient gosses, c'était une vrai bombe d'énergie à courir dans tous les sens (avec elle d'ailleurs...). Même s'il n'attrapait rien , cela lui permettrait de se défouler les pattes.

« T'inquiète Flammèche, je te montrerai. Allez go ! »

Elle s'élança, suivie du Roucoups. Il fallait aller au petit bois le proche, il serait bien plus aisé de chasser quelques pauvres bestioles. Elle sautait de toits en toits, s'arrêtant régulièrement pour éviter de perdre son frère. Il semblerait qu'il n'ait pas l'habitude de la vie urbaine, pas très agile pour le déplacement sur les toits. Elle ne le blâmait pas. Il n'avait pas l'habitude, certes. Mais il y avait le fait aussi qu'il avait cette maudite patte robotique qui le gênait. Il ne devait pas s'en faire. Dans quelques minutes il allait pouvoir courir sur un espace plus adapté. Quelques minutes après, ils arrivèrent à l'orée de la forêt. La fraicheur boisée la vivifiait.

« - On est arrivé. Je vous devance. Appelez moi quand vous aurez fini si vous voulez. Ah j'ai oublié de me présenter : Je m'appelle Kinhane ce qui signifie Plume d'or. C'est ce que mon maitre dit.
- Moi, c'est Hyde. Et mon frère, c'est Poe. Mais tu ne vas pas voir ton maitre pour manger ?
- Ne t'inquiète pas. Il me laisse énormément de liberté. Et ce soir, j'ai bien envie de chasser aussi. À toute à l'heure ! »

L'oiseau reprit son envol, laissant les deux félins à l'entrée de la forêt. Hyde jeta un coup d'œil à son frère. Il devait être horrifié par le fait de chasser. Elle lui adressa un sourire apaisant avant de s'étirer doucement. Elle s'assit en face de lui prenant un air magistral comme elle les aimait pour faire le rôle du professeur face à son élève.

« Hum hum ! Aujourd'hui, leçon de chasse. Ce qu'il faut avoir pour chasser convenablement c'est.... l'instinct. Il faut laisser son instinct prendre le contrôle sur la raison. Ne penser à rien. Juste suivre son flair. Ah aussi ! Toujours courir face au vent. Cela permet de ne pas être trop repéré et d'avoir différentes senteurs dans la truffe.Des question ? Non ? Goooooooooo ! »

Et elle s'élança dans la forêt. Faire le vide. Quelque chose qu'elle adorait faire lorsqu'elle chassait. Laisser la sauvagerie reprendre le dessus. Le sang. Sentir la peur des victimes, leurs doutes et leurs angoisses. Le soleil couchant donnait une couleur embrasée à l'espacez boisé. Elle courrait, le vent dans la truffe. Chaque vibration de l'air donnait des indications sur les potentiels victimes de ce soir. Elle était fière d'être un Mentali. Apparemment différencier les différentes vibrations de l'air était propre à cette évolution. Passant du sol, de branche en branche,elle se déplaçait avec une très grande souplesse et discrétion. Traquer était tellement délicieux. Si plaisant. La seule envie qu'elle avait était de planter ses crocs dans la chair. Si tendre. Si juteuse. Elle se sentait frénétique, animée d'une plaisir sans limite. Son prochain repas était à proximité elle le sentait. Elle le traquait.

Soudainement, elle s'arrêta net, levant la truffe en l'air. Quelque chose n'allait pas. Une nouvelle vibration dans l'air s'était ajoutée. La bête semblait plus grosse et... Semblait chasser à son tour. À croire que le chasseur se faisait chasser. Un sourire mesquin se dessina sur le visage de la Mentali. Très bien; Elle acceptait le défi. Elle ne se laisserait pas chasser par une quelconque bête. Elle lui ferait comprendre qu'elle n'était pas de ceux qu'on chasse. Oui. Finalement, il sera son futur repas. Jouons à ce jeu si dangereux qui peut entrainer la mort d'un des participants. Excitant. Enivrant. Délicieux. Elle réprima un rire sadique et s'élança à la poursuite de sa nouvelle cible. Cela était si drôle. Chasser et se savoir chassé. Tourner en rond afin de trouver sa proie, sa victime ou son agresseur. Elle avait l'impression de sentir son souffle dans son cou, ses empreintes dans ses pas. Jusqu'à ce qu'elle finit par l'apercevoir alors qu'elle était perchée en haut d'une branche. Dans un élan de sauvagerie, elle sauta sur l'ombre sombre. Elle ne savait ce que sa grosse proie était, le soleil n'illuminant plus suffisamment les lieux. La chose roula par terre avant de se relever d'une traite et de sauter à son tour sur Hyde, griffes en avant. Le joyeux coup de patte l'érafla. Quelques goutes de sangs perlèrent. Quelle douce odeur cette substance rougeâtre. Mais l'odeur serait bien plus délicieuse si ce liquide vital appartenait à sa cible. En réponse, elle lui sauta dessus, visant le cou. Folie. Cela devait être le mot du dictionnaire qui devait la décrire à se moment même. Perte de raisonnement sensé. L'odeur du sang la rendait folle et la vivifiait. L'espace d'un instant, on avait l'impression que Lilith avait prit le dessus. Non, ce n'était pas ça. Les deux personnalités semblait se completer parfaitement et ne formait qu'une seule et unique personne. Cette même lueur démoniaque dans son regard. Elle planta vivement ses crocs dans la chair, sa cible laissant échapper un cris de douleur. Hyde se détacha de lui et fit un bond en arrière, les babines tachées de rouge, un rictus aux lèvres. Elle l'observait. Oh ! Quel magnifique regard. La terreur était si visible qu'elle lui donnait des frissons de plaisir. La douce mélodie de la peur. La proie reculait en rampant avant de s'enfuir en courant. Déjà ? Non. Le jeu n'était pas fini. Hyde laissa échapper un rire mauvais. Elle le retrouverait elle en était sûre. L'odeur de son sang était dans l'air. Elle s'élança à son tour.

Elle finit par arriver à l'orée de la forêt. L'odeur du sang était toujours présente, mais personne ne semblait être présent. La nuit s'était levait et illuminait les alentours. Doucement, Hyde s'avança à l'extérieur de la forêt.

« - Me tuer est si important à tes yeux?
- Tu me serviras de repas. C'est la seule importance qui compte. Mais ne t'inquiète pas. Tu ne souffriras pas longtemps. À la base, c'est toi qui me chassait. Il y a juste un retournement de situation »

Une voix montait dans les airs. La Mentali tournait sur elle-même cherchant d'où venait la voix. Et grand désavantage : le vent ne soufflait plus. Un long silence s'installa. Elle finit par s'asseoir et par fermer les yeux, scrutant le moindre bruit et la moindre vibration de l'air.

« Leçon n°1 : ne jamais prendre quelque pour acquis »

Vibration de l'air. Froissement de feuilles. L'ennemi se lança dans le dos de la féline mauve. Et contre toute attente, elle se retourna d'une manière vive et en quelques mouvements, elle l'envoya à terre et l'immobilisa. Il ne fallait pas la sous-estimer. Depuis le temps qu'elle vivait dans la rue, elle avait appris à utiliser ses facultés de Mentali. Elle plaça ses pattes au niveau de la gorge de l'inconnu. La lune n'illuminait pas grand chose, cachée derrière d'épais nuance. Dommage;Hyde aurait bien voulu savoir à quoi ressemblait exactement sa proie. Elle se pencha vers lui avant de lui chuchoter à l'oreille.

« Leçon n°2 : Toujours être à l'écoute. Ne t'inquiète pas, la mort sera douce, je te le promets. »

A ses mots, elle s'immisça dans son esprit. Sa proie c'était bien défendu, elle voulait réellement apaiser ses souffrances. Soudainement, elle recula d'un coup, apeurée. Commence ce faisait t-il qu'elle voyait ses propres souvenirs dans son esprit. Ce n'était pas possible. La maison en flamme, Nelly, la pension. Ce n'était pas du tout normal. À croire que l'esprit de sa victime potentiel lui renvoyait son propre vécu.

Et pour dissiper le doute, les nuages s'amincirent et se dispersèrent laissant la lune éclairer la scène. Hyde ouvrit des yeux grands de stupeur. Son attraction envers le sang disparu presque aussi immédiatement. Des anneaux s'étaient mis à briller sont le reflet de la lune. La proie se releva , posant son regard froid et rubis sur la Mentali.

« - Jeck' ?
- Bonsoir Hyde. Tu semblait vouloir entamer le boulot. Je t'en pris continue. »

Elle restait abasourdie. La personne qu'elle avait en face d'elle, la personne qu'elle traquait, la personne qu'il a essayé de tué n'était d'autre que son deuxième frère. La personne qui la regardait d'un regard glacial malgré des iris de feu n'était d'autre que Jeckyll . Son cœur s'emballa. Elle ne savait ce qu'elle devait faire maintenant. Se jeter sur lui et lui montrer sa joie, malgré le fait qu'il y a à peine une minute qu'elle avait essayé de le tuer ? Et puis cette voix morne et aussi froide que le marbre lui faisait peur. Ce manque de vie, ce manque de gaité dans le fait de revoir un membre de sa famille ne lui disait rien qui vaille.

« Tue-moi. »

Hyde tressaillit. Elle ne comprenait pas. Elle ne comprenait plus. Il s'était adressé à elle tel une machine dénuée de sentiments la transperçant de son regard. Et il était sérieux. Il ne plaisantait pas. Cela se voyait sur son visage. Ce n'était pas son frère qu'elle avait sous les yeux. C'était une sorte de boite de vide qui s'adressait à elle. Terrifiée, elle s'apprêtait à ouvrir la bouche quand il détourna son regard d'elle regardant derrière elle.

« Oh ! Mais ce soir c'est la fête. Tu arrives au point nommé Poe. Ta chère sœur avait prévu de me déguster. Apparemment, mon sang est un... Délice. Et je te fais la faveur de participer à ce festin. Je réitère mon ordre. »

Hyde se retourna et adressa un regard horrifié à son frère de feu.

« Tuez-moi. Ou c'est moi qui vous arrache la vie. »

Non. Ce qu'elle avait devant les yeux.... Ce n'était pas réel, ce n'était pas son frère. Ce n'était la réalité dans laquelle elle vivant. Non. Le Noctali en face d'elle n'était pas Jeckyll, ce n'était plus Jeckyll, son frère. Celui qu'elle adorait, celui qu'elle écoutait. Comment pouvait-elle sortir de ce mauvais rêve... Se mordre ? Non, elle n'y arriverait pas. La réalité. Elle avait la triste et dure réalité en face des yeux et se prenant une claque dans la face. Il avait changé. Son frère avait changé pendant ces trois ans d'errance. Un frisson parcourut l'échine. Même sa voix avait changé. Elle était semblable à de la glace éternelle qui ne fondrait jamais. Glacé. Terrifiante. Inhumaine. Et Poe qui ne comprenait pas. Elle avait envie de lui hurler de ne pas le tuer, de lui dire son identité. Mais aucun son ne sortait de sa gorge. Les vapeurs d'hémoglobine circulaient dans l'air. Une odeur qui fait très difficilement retrouver un état stable. C'était la première chasse de son frère, il risquait, il risquait... de faire quelque chose qu'il regretterait plus tard. Les pattes de la Mentali tremblaient et la tenait que très difficilement. Non, elle devait tenir, se montrer forte. Ne pas montrer de faiblesse maintenant, ce n'était pas le moment. Elle avait besoin d'être forte et arrêter ce qui allait ce passer.

« Je refuse de te tuer, tu es mon frère… »

Un sourire malsain et mauvais s'était dessiné sur le visage du Noctali, prêt à attaquer. Non ce n'était pas possible. Qu'avait-il vécu pour qu'il se transforme comme ça. Pour qu'il soit totalement différent de celui qu'il était avait. Celui qui aidait toujours et trouvait des solutions aux problèmes des autres. Là, tout ce qu'il voulait c'était la mort. La sienne. Ou celle d'Hyde et de Poe. Ses frères et sœurs. Ceux avec qui il avait grandit, joué, rit. Non, ce n'était plus le même. Il fallait faire quelque chose. De violents vertiges prirent possession de la Mentali. Tout celui lui donnait mal à la tête. Elle ne tenait plus. Tout ce qu'elle voulait c'était que tout s’arrête. Que le temps s’arrête pour qu'elle puis le remonter et savoir ce qui avait changé son frère. Que les violences s’arrête. Que les odeurs de sangs arrêtent de monter au nez de son frère Pyroli. Ça se sentait. Il se contrôlait, mais avec difficulté. Jeckyll était blessé, il était difficile de se tenir concentré tout en ayant des effusions de sang juste à côté de soi sachant que la sauvagerie et l'instinct avaient repris le dessus l'instant de la chasse. Poe avait foncé, plaquant le Noctali au sol. Un rire froid s'échappa de la gueule de Jeckyll. Un frisson parcourut la femelle. Depuis quand était-il capable d'avoir ce rire si froid, presque diabolique ? Peur. Oui, elle avait peur. Elle était totalement déstabilisée par la personne qu'elle avait en face d'elle qu'elle était sensée appelée frère. Poe c'était tourné vers elle, cherchant dans son regard de l'aide ou un réconfort sur ce qu'il avait lui aussi sous les yeux. De l'aide pour leur frère qui avait totalement perdu la tête. Et de l'aide à cause des vapeurs d'hémoglobine qui commençait à lui faire prendre le contrôle.

« Jeckyll... »

Des larmes roulèrent le long des joues de la Mentali. Elle ne savait pas quoi faire face à ça. Ni quoi dire. Ses pattes frêles tremblaient sous la peine que ça lui affligeait et la colère qu'elle accumulait en elle. Colère contre sa faiblesse à elle et contre le comportement abusif de son frère. Le ciel s'était voilé, quelques gouttes de pluies tombant à intervalles régulières, doucement, comme pour marquer sa peine. Elle avait peut-être une solution au problème. Mais c'était risqué. Autant pour elle. Que pour les autres. Il fallait qu'elle trouve la force ailleurs. Et son ailleurs... Résidait en elle, de l'autre côté du miroir.

***
Lilith...

Quoi ?

Aide-moi.

Et en quel honneur j'aiderai quelqu'un que je cherche à détruire absolument ?

Ne soit pas si bête. Aimerais tu avoir quelqu'un qui t’empêche de me détruire sur toute la ligne ? Quelqu'un qui aurait participé à ma destruction. Non, tu n'es pas comme ça. Tu préfères avoir la gloire de ma destruction totale et seule.

...

J'ai tord ?

… Non, tu as tout à fait raison. Mais tu sais très bien ce qu’entraîne cette décision.

Je m'en fiche. Je ne peux nier ton existence. Je ferai avec. Dans tout les cas, tu te propageras comme une traînée de poudre. Dans tout les cas. Autant que je t'enlève une épine du pied. Tout ce qu'il me reste... C'est la folie.

… Faire un pacte avec le diable. C'est un peu ce que tu veux faire. Tu es... Intéressante comme personne. Allions nos force. Fait de la douleur ta force. Et qu'elle soit dévastatrice.

***

La pluie s'était intensifiée. Hyde rouvrit les yeux. Une nouvelle puissance circulait dans ses pattes. Sonn regard avait changé. Ce n'était plus celui de petite fille innocente et apeurée par la situation. C'était un regard intense, sombre et déterminé. Ses tremblements s'étaient transformés et des pierres s'étaient mis à voleter autour d'elle psychiquement. Elle releva la tête et planta son regard dans celui de Jeckyll.

« Non. Je ne peux changer le mal qui me ronge. Je ne peux pas arrêter le mal. Alors... J'utiliserai la douleur... POUR REUSSIR À TE RENDRE COMME AVANT ! »

Éruption de fureur. Toute la peine s'était transformée en fureur destructrice. De nouveau, les pierres élevées grâce à ses pouvoirs psychiques volèrent en miettes et tombèrent au sol. Hyde s'avançait vers ses frères, le regard tourné vers le Noctali. Les ondes qui émanaient d'elle n'étaient en rien rassurante, lui donnant une certaines prestance et dangerosité. Poe la regardait du coin de l’œil ahuri. Un tel changement dans le comportement de sa sœur ne pouvait d'étonner. Jeckyll, lui laissa apparaître un rictus mauvais.

« - Poe. Éloigne-toi. Va respirer ailleurs. Ça te fera du bien. Je me charge de la suite.
- Tu m'as l'air bien sûre de ce que tu avances.Sachez une chose. Je ne changerai pas d'avis. Tuez-moi ou bien faites une croix sur les vôtres.
- LA FERME ! »

La Mentali s'élança vers lui et le gifla violemment, au point où il roula à quelques mètre d'elle. Aussitôt après, elle fonça sur lui, apposant ses pattes-avants sur lui, l’empêchant de se relever. Ses yeux étaient consumés par la violence. Une folle idée lui parcourut l'esprit, affichant une étincelle de folie pure dans ses yeux. Ce n'était pas le genre de regard qui vous rassure lorsque vous le croisait. C'est le regard qui vous fait frémir. Même Jeckyll, qui prônait la mort depuis leur rencontre, fut prit d'un frisson. La manière dont elle le regardait n'était pas... rassurant.

« Mourir ? À quoi bon ? La souffrance est tellement mieux... »

Sans prévenir, elle lié son esprit à celui de son frère et lança une vive attaque psychique. Oui, c'était son idée. Le faire souffrir, au point de lui faire dégoûter la mort. C'était si gratifiant de voir un rictus de souffrance se dessiner sur un visage. Si délicieux. Elle esquissa un sourire malsain au yeux de la réaction de Jeckyll. Ce dernier avait laissé échappé un cri de souffrance. Une inflammation. Il avait l'impression d'avoir une inflammation dans son crâne. Il lui hurlait d’arrêter. Il voulait qu'elle arrête. Il voulait mourir, certes. Mais il ne voulait pas souffrir comme elle le faisait sur lui. Il hurlait. Le hurlement relevant la brûlure qui le consumait. Des images de son passé revenaient. Non. Il avait voulu les enfouirent à jamais et ne plus les revoir. C'était de la torture. Ils les revoyaient. Tous. Poe, Jyll, lui... Elle. Un sourire au lèvres dans la maison dans laquelle ils avaient tous vécu. Non, il s'était promis d'oublier ce passé pour ne plus souffrir. Pourquoi ? Pourquoi le temps n'avait pas effacé ce qu'il s'efforçait d'oublier. Il ne les méritait pas. Ces souvenirs joyeux ils ne les méritait plus. Il savait ce qu'il était. Une chose qui ne n'aurait jamais du exister.

« - Ce n'est pas mieux de souffrir ainsi ?
- Arrête ça. Autant me tuer. Mais arrête ça de suite.
- J'en conclue que tu veux que je continue...
- NON, NON ! »

Hyde lâcha un rire sadique et froid sous la pluie battante. Cette sensation était si bonne. Se sentir supérieur et supplié. Alors que quelques minutes avant la situation était inversée. Quelle magnifique symphonie ces cris de douleurs. Cela faisait longtemps qu'elle ne s'était pas délectée d'une si belle mélodie. Oh ! Mais pourquoi pleure-t-il ? Lui qui voulait mourir il y a quelques minutes... Pathétique.

« Cris, hurle pauvre bête. L’essence de douleur n'en sera que meilleur. »

La Mentali enchaîna ses paroles avec une nouvelle attaque psy. Un frisson d'excitation lui parcourut le corps. Le Noctali laissa de nouveau échapper un petit cris de douleur et se débattit pour se défaire des pattes-avants de Hyde qui le maintenaient au sol. Il avait mal. Psychologiquement et physiquement. Une torture dans tout les sens du terme. Les images qu'il revoyait étaient horrible et le faisait souffrir. Et la puissance de l'attaque psychique lui faisait comme une brûlure interminable. C'était atroce. Et entendre ce rire, encore et encore. Ce rire diabolique qui sortait de la gueule de sa sœur. Ce regard enflammé par la folie qui le maintenait à terre. Doucement, sa vision se troubla, des larmes tombait le long de ses joues et finissant leur route dans les flaques d'eau. Puis, doucement, sa conscience sombra dans les méandres de l'inconscience. Hyde s’arrêta un moment, l'observant avec douceur et tristesse. L'éclat de folie avait disparu dans ses yeux. Elle se pencha vers son frère et lui donna un coup de museau affectif. Si elle voulait savoir ce qui le poussait à être comme ça, elle devait entrer dans les profondeurs de son esprit. Et faire qu'il change d'avis quand à sa vie. Elle lâcha un soupir et colla son front contre le sien. Par pouvoir télépathique, elle allait entrer dans les profondeurs de l'esprit de son frère. Ce qui entraînait forcement... Qu'elle laissait le contrôle totale à Lilith pendant... le temps de son excursion. Elle en connaissait les conséquences. Mais elle n'avait pas d'autres choix. Elle releva la tête, balayant les alentours du regard. La pluie battante lui empêchant d’apercevoir Poe. Peut-être qu'il était dans les parages, ou bien était-il plus loin. Elle n'en savait rien. Motivée, elle s'élança... A la recherche du frère qu'elle aimait tant.



Hyde ouvrit les yeux. L'univers qu'elle avait en face d'elle était sombre. Une foret. Mais pas le genre de foret féerique qui vous rassure et qui vous semble vous demander de rester. Non. C'était le genre de forêt qui semblait plutôt vous dire de dégager au plus vite. Les branches des arbres étaient anguleuses et effrayant. Le manque de lumière dans ce lieu était aussi peu rassurant. Un univers dévasté. Tel était le mot qui convenait parfaitement à la situation que la Mentali avait sous les yeux. Même la lune et ses étoiles, étaient absentes, ne répondant pas à l'appel de la nuit. Hyde se leva et entreprit de marcher dans une direction. Elle ne savait pas où est ce qu'elle allait. Mais elle estimait que vu qu'elle se trouvait dans l'esprit de son frère, avec un peut d'intuition, elle trouverais exactement le lieu où aller. Elle avançait parmi la végétation dense et sombre. L'herbe verte et grasse semblait tranchante et aussi peu accueillante que le reste de l'univers. Bizarre pour un monde intérieur. C'était très sombre, très triste. Pas une seule note de gaieté. Les couleurs, si peu qu'elle soient perçues étaient des variation de gris et de noir certains endroits tachés par quelques taches rouge, indiquant la violence de l'esprit dans lequel elle se trouvait. Les lumières des Mélancolux était elle aussi d'une douce tristesse.


Tout en avançant, la Mentali repéra une faible source de lumière rouge et intense. Une lumière flamboyante et clignotante. Intriguée, elle se dirigea dans la direction de l'objet étrange. Arrivé à quelques mètres elle s’arrêta, étonnée. Un cube se tenait, flottant, au milieu d'une minuscule clairière. Prise de curiosité, elle s'avança vers l'objet, intriguée mais méfiance. Il émanait de ce cube une force certaines mais faible. Il rougeoyait tel les flammes d'un feu violent. Une douce mélodie presque imperceptible se propageait dans la proximité de la relique. Doucement, Hyde avança une patte qui toucha la chose. Brusquement, une vibration se fit sentir dans l'univers de plus en plus intense. Puis, la lumière s'intensifia à son tour enveloppant Hyde. Elle ferma les yeux attendant que cela passe. En espérant qu'il ne se passe rien d'important à cause de son acte.

La quadrupède rouvrit les yeux. La petite mélodie était toujours là, et se rependait dans les environs comme un écho. Hyde n'était pas au même endroit que tout à l'heure. Elle observa les murs qui l'encerclait puis, fut prit d'un hoquet de stupeur. Cette tapisserie. Cette odeur reconnaissable entre toutes. Cette musique qui lui disait jusqu'ici vaguement quelque chose. Elle connaissait cet endroit mieux que tout. C'était la maison où elle avait vécu toute son enfance. Celui où elle avait vécu de si bon moments qui sont maintenant que quelques souvenirs qui s'effacent. Sous le choc, de nombreuses questions tournaient dans son esprit. Surtout une. Pourquoi. Pourquoi existait-il un endroit dans son esprit semblable à la maison de leur enfance ? Avec les mêmes décors, comme si la maison n'avait pas changée, comme si elle était fixé dans le temps, avant l'incendie. La Pokémon psy voulu avancer quand elle se rendit compte d'un détail essentiel. Elle n'était plus sous sa forme normal. C'était exactement la même chose qu'il s'était produit avec la Feunard et le Libégon qu'elle avait croisé quelques temps auparavant lors de leurs mésaventures dans un monde parallèle et du rêve. Elle avait une forme humaine. Ce qui signifiait qu'elle était arrivé dans les profondeurs de la dimension. C'était par pur hasard. Et elle était heureuse d'avoir pu accéder à cette partie. C'est souvent ans cette partie que tout est enfouit. Notamment avec Jeckyll, ce devait être ici, l'endroit où il garde les choses les plus fragiles et les plus importantes à ses yeux. Des choses qu'il aimerait oublier mais qui lui sont impossibles. Des choses... du passé. Hyde se dressa sur ses pattes arrière, devenues des jambes et avança lentement, pieds nus dans la maison. Plus elle avançait, plus un bruit devenait de plus en plus distinct. Des pleurs. Le sanglot d'un enfant triste et désemparé. Un sanglot à vous crever le cœur. Se fiant au son elle se retrouva devant l'entrée d'une pièce à la porte fermée. Les pleurs venait de cette pièce c'était plus qu'évident. Prenant son courage à deux mains, elle apposa sa paume sur la poignée et l'actionna.

Elle n'avait jamais vu cette pièce dans la maison réelle. Elle pouvait être apparentée à une petite chambre, peu éclairée. La seule lumière c'était une bougie qui brûlait dans un coin de la pièce, à côté d'un enfant recroquevillé sur lui même, lâchant de gros sanglots. Hyde s'avança doucement vers le jeune garçon et lui caressa lentement les cheveux. L'inconnu releva la tête et planta son regard étonné et rubis dans celui de la Mentali humanisée. Seule la lueur de la bougie permettait au deux protagonistes de se voir et...

« - Jeckyll ?
- … Qu... Hyde ? C'est bien toi ?
- Oui. Tu m'as manqué tu sais. »

Le jeune enfant se blottit dans les bras de Hyde, essayant de sécher ses larmes. Elle, le serrait entre lui et lui passait la main dans ses cheveux noir de jais pour le rassurer. Elle ne comprenait pas pourquoi, en face d'elle, elle avait un enfant qui était une forme ou la forme de Jeckyll dans ce monde et pourquoi, elle-même était plutôt sous une forme adulte. Une fois l'enfant calmé, elle lui murmura quelques questions, inquiète.

« -Que fais-tu ici ? Et comment ça se fait que tu sois enfermé et que.. tu sois qu'un enfant ?
- ]Je ne suis que la forme du passé.
- Du passé ?
- Oui. Celle que tu avais connu avant ta séparation avec lui. Et... Je suis enfermé... Parce que mon Moi actuel ne veux plus entendre parler de moi.
- De... parler de... Toi... C'est à dire de... Du passé ?!
- …
- Pourquoi ? Pourquoi tu ne veux plus... Enfin toi, lui je ne sais pas, je m'en fout ! Mais Pourquoi ?
- ... Je ne mérite pas de t'avoir comme sœur... Enfin.. « Nous »... Assis dans le noir, je ne peux oublier. Je pleure. C'est la seule chose que je peux faire. Mon sourire m'a été enlevé il y a longtemps. 
- Mais... Pourquoi ? Je ne comprends p...
- L'autre « moi » désire ma mort. J'entends sa voix, tout le temps, me dire « disparaît, disparaît ». Il... Enfin nous... n'arrivons pas à vivre avec des souvenirs... morts dans le cœur.
- Je ne comprends pas.

Un silence s'installa entre les frères et sœurs. Un silence lourd en émotion pour le garçon qui était reparti en sanglot. Hyde essayait de le calmer, de le rassurer. Au fond d'elle même, elle était... perturbée. Elle comprenait un piètre mot de ce qu'il disait. Tout était encore flou pour elle, les pièce du puzzle ne s'assemblant pas encore de manière instinctive. Elle ne voyait pas pourquoi autant de tristesse et de dureté avec soi-même de la part de son frère. La Mentali s'était adossée au mur, son frère lové dans les bras. Elle fredonnait l'air de la musique de leur enfance, celle de la boite à musique à musique de Nelly. Ce qui avait le don de détendre et de rassurer. La situation était assez particulière. Jamais. Jamais elle n'avait soutenu son frère. Elle n'avait pas fait attention à toute la souffrance qu'il pouvait emmagasiner en lui sans broncher, sans rien dire. C'était plutôt lui qui était là pour la soutenir, la consoler dans les moments où elle allait mal. Aujourd'hui, c'était elle qui le tenait dans contre elle pour le rassurer. Elle attendit qu'il se calme de lui même, tout en fredonnant. Ce qu'il finit de faire quelques minutes plus tard. L'enfant releva la tête et plongea son regard pourpre dans celui de sa sœur.

« P... Partout où je vais, il y a le malheur qui s’installe.
- Non c'est f...
- J'aurais pu éviter que la maison brûle. Je l'avais vu brûler dans mes rêves. Et je n'ai rien fait. Toit tu allais si mal et... Je ne savais pas quoi faire. C'était de ma faute si tu était si triste si... Bouleversée. J'ai décidé de partir ce soir là, ce soir de neige. En espérant que tu réussisses de nouveau à être heureuse. J'ai... voulu mourir en sautant d'une falaise. Mais... je n'ai été que blessé grièvement. C'est une Chacripan qui m'a aidé à survivre. Elle me faisait des soins même si je les refusais catégoriquement. Je ne comprenais pas pourquoi elle voulait m'aider alors que je cherchais à mourir. Je la détestais. Mais au fur et à mesure... J'ai commencé à l’apprécier, à l'aimer. On est devenu proche, j'ai repris goût à la vie. Quelques jours après que je sois totalement rétabli... Elle est morte à son tour prêt de moi, un nuit. Un mort de plus à mes pattes. Une fois de plus le cœur brisé. Voilà pourquoi j'ai changé. Enfin mon moi du présent. Il ne veut plus m'attacher à quelqu'un. Plus jamais. Oublier tout le passé et vivre seul... Ou mourir. Je ne vous mérite pas. Mon cœur est flétrie et ne refleurira...
- Pardon. P... Pardon ne pas avoir vu que tu souffrais autant. Je suis... Oh pardon. »

Une larme, puis quelques larmes glissèrent le long des joues de la Mentali. Jeckyll jeune releva la tête vers sa sœur, surpris par une tel réaction. Elle le lâcha et cacha ses larmes et mettant ses mains sur son visage. L'enfant se retourna et l'enlaça avec douceur. Comme ce qu'elle avait fait quelques minutes avant pour lui.

« - Tu... n'as pas besoin... tu n'as pas besoin d'oublier pour.... pour vivre... Oh Jeckyll ! Comprends ce que... ce que je te dis. Tu... tu n'es plus seul... On ne.. peut pas oublier... un passé. on... vit avec... Tu n'est... plus seul.. On est... on est là avec toi... Et tu... n'es en rien... responsable de toutes les morts qu'il... y a autour de toi...
- C'est faux Hyde, tu le sais bien.
- Non, c'est toi qui.. qui a tord. Si tu... était vraiment seul... je ne serais... jamais venu jusqu'ici pour... te chercher... Je veux... le vrai Jeckyll en... face de moi... Je t'en prie... On t'aidera... Reviens... Je sais que ton sourire ne s'est pas effacé à jamais. Je le sais. On apprendra ensemble à sourire de nouveau. »

Entre quelques sanglots Hyde essaya de s'exprimer à son frère, surpris. Puis, il sourit. Et embrassa sa sœur sur la joue et sourit tristement.

« Pourquoi tiens-tu encore à moi ? »

La Mentali releva la tête, les yeux pleins de larmes et planta son regard dans celui de son frère. Puis, dans un élan de tendresse intense, elle le resserra contre elle.

« Parce que... tu es une des seules choses qu'il me reste. »

Le garçon s'agrippa à elle, prit de violent tremblements. Des larmes chaudes coulèrent le long des vêtements mauve de la Mentali. Elle, elle essayait de réprimer ces larmes qui ne voulaient que creuser des sillons le long de ses joues. Elle ferma les yeux et essaya de ne penser à toute l'émotion qui l'envahissait. Les tremblements de son frères se calmèrent doucement. Il colla son front contre le sien, les yeux fermés et murmura.

« - Tu... Ne m'en veux p...
- Pourquoi je devrais t'en vouloir. Tu n'as rien à te reprocher. Ni moi, ni Poe. La vie est ainsi faite. Continuons à être qui nous sommes réellement pour ceux qui... ne peuvent pas être à nos côtés. »

Un nouveau silence hanta la salle, rythmé par le son de la boite à musique. Le jeune garçon pressa sa sœur contre lui tout en se nichant dans ses bras, chacun n'osant rien dire et profitant du moment. Il passa une minute, puis deux, puis dix. Aucun des deux ne bougeait, les yeux fermés, niché dans le cou de l'autre. Puis Jeckyll releva la tête et embrassa sa sœur sur le front avant de lui adresser un sourire magnifique. Les prunelles rubis semblaient revivre de nouveau. Cette étincelle perdue était revenue. Enfin. Il se leva et tendit sa main à Hyde pour l'aider à se relever.

« - Merci... Merci pour tout... Ma princesse. Tu t'es souviens ?
- Oui. Petit Prince. C'était mon surnom.
- Oui. »

Le jeune garçon aux cheveux de jais se mis à briller fortement d'une lumière apaisante et vive, tout en adressant un sourire ravis à sa sœur.

« Il serait temps que tu rentres Hyde. Ce n'est pas bien de séparer son corps de son esprit trop longtemps. Merci. Merci de m'avoir libéré d'un poids. »

La lumière finit par englober toute la salle, qui disparu dans la lumière blanche, tel un halo de douceur et de tendresse en pleine expansion. Hyde adressa un dernier sourire à l'enfant. Elle avait réussi. Elle ferma les yeux et se laissa emporter.


On dit souvent que lorsque deux choses se compensent, quand une des deux entités est absente, l'autre prend le dessus. C'est ainsi que Lilith prit le contrôle du corps. Hyde était partie dans l'esprit de son frère, elle n'allait pas laisser un corps sans âme. Lilith ouvrit les yeux et prit une grande bouffée d'air. La pluie s'était calmée mais était toujours présente. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas senti le vent fouetter son visage. C'était vivifiant. Et c'était la première fois qu'elle sentait l'absence de l'autre personnalité. C'était... bizarre et dérangeant. Malgré le fait qu'elle veuille sans cesse détruire Hyde, le fait de son absente lui faisait sentir un vide. Comme si elle ne pouvait exister l'une sans l'autre. Troublant. La deuxième personnalité de la Mentali soupira et observa le corps inerte du Noctali. Elle ne comprenait absolument pas pourquoi Hyde ne répondait pas à la demande de son frère qu'elle disait tant aimer. Si elle l'aimait tant que ça, elle l'aurait déjà tuer. Bizarre. Et puis, elle l'avait tout de même assez amoché avec la chasse. Ça aurait été sympathique de goûter de nouveau à sa chair. Mais bon. Elle ne comprenait absolument pas pourquoi elle voulait s'acharner à le faire redevenir comme il été avant. Au point de lui demander de l'aide à elle, alors qu'elle cherche à la réduire en miettes. C'était... Fascinant. Dérangeant. Bizarre. Lilith se retourna. Elle avait senti une présence dans son dos. Ah oui. Poe c'était bien son nom. Que lui voulait-il ? Avait-il compris que ce n'était pas sa sœur qu'il avait sous les yeux ? Elle soupira de nouveau et s'adressa au Pokémon feu.

« Hum. T'es là toi. Tu sais... Ta sœur... me fascine. »

Elle retint un sourire en coin. Elle se serait bien permise de rajouter « au point où je ne la tuerai pas tout de suite. ». Elle n'allait pas tout de suite se mettre à dos le frère de la personnalité avec laquelle elle partageait le corps. Elle devait contenir toutes les idées parasites comme ça. Si ilo pouvait lui donner des informations sur Hyde, elle serait ravie. Ça lui permettrait de la comprendre plus... Aisément. Devant le regard rempli incompréhension de Poe, elle roula des yeux. Mon dieu ce n'est pas vrai, ce qu'il était lent à comprendre.

« Détrompes-toi rapidement. Je ne suis pas ta sœur. »

La Mentali s'assit et planta son regard voilé et sombre dans ceux du Pyroli et lui adressa un sourire énigmatique.

« Je m’appelle Lilith. Enchantée Poe. Un plaisir de pouvoir... discuter avec toi. »

Le tonnerre gronda. Lilith releva la truffe, humant l'air avec précaution. Une tempête s'annonçait et il valait mieux qu'elle ne soit pas dans les parages. Elle soupira et se tourna avec un air déçu vers celui qui était le frère de son hôte.

« Eh bien... Je pense que notre discussion sera pour plus tard. Un orage se prépare, je me casse d'ici. Récupère ton autre frère. Il est sensé aller mieux, Hyde a l'air d'avoir fait du bon boulot. Eh bien... A la revoyure ! »

Elle s'élança dans les bois et disparut.