Abel Kujaku : Everyday's life [ONE-SHOT]

- « Voyons, « docteur » Kujaku. Ce n'était qu'une simple expérience de routine, je me suis donc dit que cela ne valait pas la peine de vous déranger pour si peu ! »

Excédé, Abel leva les yeux de sa pile de dossiers, croisant d'un regard polaire celui du docteur Takeshi Takhojo. Celui-ci avait ordonné la mise en place d'une expérience consistant à greffer des puces qui généraient constamment des ondes électriques dans le cerveau de Pokémon Foudre, dans le but de voir si en s'y habituant, ils pourraient augmenter la puissance de leurs attaques. Cette fois, Abel l'avait appris trop tard, et lorsqu'il s'était rendu sur les yeux, l'expérience était déjà terminée.

- « Soyez gentil et fermez-la, Takhojo. », répliqua Abel en se replongeant dans la lecture d'un rapport non traité. « Vous saviez parfaitement que je n'autoriserais pas cette expérience, c'est pourquoi vous avez fait sans mon accord. »

Le scientifique fou tenta de capter, sans succès, le regard doré de son supérieur hiérarchique officiel, ce qui arracha un soupir aux autres scientifiques présent dans la pièce. La scène était devenue quotidienne, la bataille entre le dirigeant de la partie scientifique de la Team Rocket et son adjoint. Pas un ne comprenait pourquoi Giovanni avait choisi ces deux paradoxes pour exercer ces tâches, étant donné qu'ils passaient plus de temps à se tirer dans les pattes qu'à réellement travailler.
Pas un ne savait.

Néanmoins, le laboratoire avait d'or et déjà été séparé en trois camps. Le premier, le plus majoritaire, était celui de ceux qui avaient tellement travaillés avec Takhojo qu'ils s'étaient habitués à ses méthodes, et que par conséquent les considéraient comme normale, ce qui faisait qu'ils le soutenaient totalement. En parallèle, un nombre croissant de supporter du Dr.Kujaku apparaissait peu à peu. C'était ceux qui, pendant toutes ces années, n'avaient jamais totalement adhéré au méthodes extrême de l'adjoint, et qui avaient enfin l'occasion d'exprimer leur mécontentement sans risquer de devenir les prochains cobayes.
Quand au troisième... Eh bien il s'agissait des plus vieux membres du laboratoire, qui avaient la nostalgie de Garth Maise, l'ancien directeur, et qui retrouvaient dans ces prises de becs celles qui opposaient le métis à Takhojo, lorsque le premier venait à peine de prendre ses fonctions.

Néanmoins, pas un seul ne les craignait pas.
Abel Kujaku était encore un nouveau membre Rocket, mais la vitesse à laquelle il avait effectué sa promotion en avait sidéré plus d'un. Cela avait d'abord généré de la jalousie, puis ensuite de l'effroi en apprenant avec quelle efficacité il avait détruit, voir annihilé les Quetzacoalts qui s'étaient dressés sur son chemin lors de l'attaque sur Cramois'île. Il était doté de réelles compétences de dresseur, d'un sens logique certain et savait s'en servir. Bref, il était dangereux.
Néanmoins, ils craignaient encore plus Takeshi Takhojo. Ils le connaissaient depuis suffisamment longtemps pour savoir que rien n'arrêtait cet homme lorsqu'il avait décidé de savoir. Un malade. Un pur et simple malade. Si cela pouvait servir ses recherches, il n'hésiterait pas à jeter en pâture à des Pokémons les membres les moins utiles du laboratoire, pour peu que cela lui fournisse les données qui lui manquaient. Et... son équipe Pokémon restait un secret bien gardé. Mais elle était redoutable, selon certaine source. Takhojo était quelqu'un que, mis à part le nouveau directeur, personne ne se mettrait à dos de sang-froid.

- « Et si c'était vrai ? Quelle importance ? Les Pokémons tests ont survécus, non ? »

Cette fois, Abel leva les yeux, une lueur énervée étant apparue clairement dans chacun d'entre eux.

- « Vous appelez ça une vie ? Ils n'ont même plus conscience d'eux-même, de leur corps. Nous devons les nourrir par perfusion, et vous dites qu'ils sont encore en vie ? Cette expérience était une énorme erreur, Takhojo.

- Je réitère mon « Quelle importance ? ». Tant que leur organisme est encore actif, nous pouvons encore nous servir d'eux pour tester des nouveaux produits et étudier leur réaction. En plus, ils ne réclament pas, c'est toujours une qualité appréciée chez les cobayes. Oui ? Une remarque à faire, Dr. Kujaku ? »

Il avait mis un sourire narquois en addition à sa dernière phrase. Il savait qu'Abel était à deux doigts de péter un câble, aussi il fut surpris lorsque ce dernier sourit :

- « Vous l'aurez cherché, je vais devoir sévir. »

Interloqué, Takhojo ricana « Vous n'avez pas l'autorité pour me punir, seul Giovanni a le droit. »

Abel le dévisagea sans ciller, un sourire froid aux lèvres. « Exact. Mais vous oubliez une chose, Dr.Takhojo. En tant que chef de la partie scientifique Rocket, j'ai parfaitement le droit de confier des missions à mes subordonnés. Et vous en faites partie. Cela fait longtemps que vous n'êtes pas allé sur le terrain je crois... ? » Le rictus de Takhojo s'effaça vitesse grand V, alors qu'une perle de transpiration apparaissait sur sa joue droite « ...or figurez-vous que j'avais besoin d'une personne en qui je pourrais avoir toute confiance pour mesurer le degré de douceur de la fourrure des Ramoloss, Pokémons passionnants s'il en est, la prise de données se révélera sans doute extrêmement intéressantes, vous devriez vous amuser à tâter le pelage de ses Pokémons. Ah, et assurez vous qu'ils restent en bonne santé, je ne voudrais pas avoir à vous sanctionner. »

Takhojo déglutit difficilement. Il se savait piégé. Abel n'avait pas l'autorité pour le punir arbitrairement, mais s'il s'agissait d'un échec de mission... c'était autre chose. « Vous n'oseriez pas. », parvint-il à prononcer.

- « On parie ? »

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Abel rentrait chez lui, les mains dans les poches de sa blouse blanche. Contrairement à son habitude, il ne l'avait même pas retirée, tellement il se sentait fatigué, aussi, quelques personnes lui adressaient des regards vaguement étonnés en voyant sa tenue. Néanmoins, personne ne s'en offusquait, et la majorité s'en foutait.
Lorsque tu habites à Doublonville et que ton champion d'arène s'appelle Meister Bootleg, tu développes très tôt une forme d'indifférence devant la bizarrerie.

- « Bonsoir. », dit Abel en franchissant la porte de son appartement.

- « Ah, m'sieur Kujaku, vous êtes rentré ! »

Julietta, quarante-deux ans, mère de famille de cinq enfants de trois pères différents, les trois ayants divorcés. Et vu que les juges ont estimés que l'absence de revenus réguliers de la mère risquait d'être un frein à leur développement, ils ont confiés la garde à leur père, la mère ayant le droit de visite le week-end, et étant au passage nourrie et logée.
Abel l'avait ramassée un soir au restos du cœur de Doublonville, alors qu'elle se planquait sous un carton pour y passer la nuit. D'habitude, il se forçait à ignorer les mendiants, n'ayant pas franchement les moyens de faire l'obole, mais celle-ci lui avait donné une crise de pitié. Aussi, il l'avait accueillie pour une nuit, sortant un matelas d'un placard tout en ignorant poliment les avances de celle qui espérait avoir trouvé son quatrième mari, jusqu'au moment ou elle avait vu les gamins, et qu'elle lui avait démontré par A+B qu'elle savait parfaitement s'en occuper. Par conséquent, Abel avait décidé le jour-même, étant donné qu'il cherchait une nounou, de l'engager.
En plus de cela, il avait réussi, en faisant pression par l'intermédiaire d'un Bootleg sur le maire, à lui dégoter un logement social, un appartement modeste, mais qui avait l'illustre qualité de ne pas être cher. Depuis, Julietta vouait au scientifique Rocket un état qui était facilement comparable à de la vénération, vu qui lui permettait de vivre décemment grâce au salaire qui lui versait, pas énorme sans être trop restreint.

- « Alors, Julietta, comment ont-ils été ?

- Adorables, m'sieur Kujaku. Yzont pas causés le moindre problème de la journée. Le p'tit a seulement eu une crise de larmes vers midi, mais vot' Feuforêve a écouté mes conseils et lui a fait un câlin, et ça l'a calmé. »

Abel sourit, attendrit. C'était un moment qu'il attendait beaucoup, entendre les autres dire que ses enfants étaient adorables. C'était une de ses sources de motivation pour la journée.

- « Et vot' Dracaufeu, elle sait y faire avec les enfants ! A chaq' fois qu'i s'endormaient, elle venait pour se servir de sa queue de feu com' une veilleuse. Et comme ça vot' Scalpion elle a pu dormir aussi, elle était contente.

- « Eh bien... je vous remercie Julietta. Je vous dit à demain ? Je devrais partir au travail un peu plus tôt que d'habitude, je peux compter sur vous ?

- Pas d'problèmes m'sieur Kujaku ! J'arriverais chez vous vers sept heures alors. A demain m'sieur Kujaku ! »

Lorsque la quadragénaire fut parti, Abel s'autorisa un soupir soulagé. Il n'avait rien contre elle, au contraire, elle savait parfaitement faire le travail qu'il lui attribuait, mais Julietta avait la fâcheuse tendance d'être un peu envahissante, et en fin de journée, il aspirait à autre chose.
Le nouveau père se déplaça sur la pointe des pieds jusqu'à la chambre des enfants, et entra sans un bruit. Ses dernières raisons de vivre. A pas de loup, Abel s'approcha du berceau ou les deux enfants étaient censés dormir.
Sauf qu'ils ne dormaient pas.

Leki et Mika, de leurs grands yeux neufs sur le monde, le regardaient avec un air content. Comme toujours, ils se réveillaient dès qu'il rentrait dans l'appartement. Abel ne parvint pas à retenir un sourire. Lorsqu'il les voyait, il se rappelait à quel point ses conflits d'adulte pouvaient sembler inconsistants pour ces jeunes être, tout simplement content de revoir leur papa.
Comme à son habitude, Abel les prit dans ses bras, et se dirigea vers son lit, ou il s'allongea, les deux petits poussant un gazouillement enchanté, vu qu'ils étaient sur une surface encore plus molle que leur berceau.
Le scientifique Rocket s'allongea à côté de ses enfants, et les serra contre son cœur. Il n'était pas très tard, mais il savait que la nounou les avait déjà fait manger, et avait changé leur couches. Lui même n'avait pas faim de toute façon. Les petits semblaient fasciné par le nouveau vêtement qu'ils voyaient sur leur père, la blouse de scientifique Rocket.
Leki, cependant, s'en lassa vite, aussi il grimpa sur un oreiller, se roula en boule et s'endormit presque aussitôt. En voilà un qui ne déborderait pas d'énergie lorsqu'il serait grand. Par contre, sa petite sœur semblait ne pas se lasser du contact de cette blouse blanche, qu'elle serait entre ses petits poings. Comme si c'était la chose la plus importante au monte.
Abel sentit son sourire s'accentuer. Il était idiot.
C'était la chose la plus importante au monde.

Mika continua à jouer pendant de longues minutes avec le vêtement de son père, jusqu'à ce qu'à son tour, le démon du sommeil ne l'attaque, et qu'elle ne s'endorme. Toujours en serrant dans ses minuscules mains la blouse. Même en dormant, elle ne voulait pas la lâcher.
Abel inspira doucement, pour ne pas réveiller les enfants. Il était pleinement heureux. Peu lui importe que la guerre continue mille ans, tant qu'il puisse continuer à vivre des moments comme celui-la. Mais il savait qu'il devait mettre fin à cette guerre pour ça, pour ce genre de moments. Dans son sommeil, Mika serra un peu plus la blouse. On dirait qu'elle y était tombé accro.

Et cela devint rapidement un rituel. Les jours suivants, elle ne voulu plus dormir, jusqu'à ce que, dans un éclair de génie, le coordinateur ôte sa blouse et la pose sur le bébé. Résultat garantit, elle s'endormit aussitôt.
Abel sourit, une fois de plus. Elle avait du s'y attacher. Maintenant, il la ramènerait ici tous les soirs.

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