Marcher seule, à travers vents et tempêtes, neiges et orages… une sensation de liberté infinie. Et pourtant… rapidement elle cède place à la solitude et à l’ennui. Je commençais à en avoir vraiment plein les pattes, des kilomètres à pied. Plus de deux ans que je sillonnais les routes, plus ou moins selon la saison et ma motivation il est vrai, mais cela faisait toujours aussi mal le soir. En fait… un moyen de transport ne serait vraiment pas de refus. Non pas une bicyclette comme tout le monde, c’est si peu original… non, je pensais plutôt à un pokémon impressionnant, capable de courir sur de longues distances et pas trop inconfortable si possible. Bref, pas facile à trouver…

C’est là que je me suis tourné vers Niam. Sur cette île perdue de l’archipel de Samibato, le climat était plutôt doux même en hiver, ce qui était bien agréable. Mais surtout, dans le petit village regroupant la population de l’île, comptait quelques légendes intéressantes. Bon, je reconnais, ils servaient également de la bonne bouffe, mais chut ! Je m’étais arrêtée dans un petit café pour boire un coup – non pas cette atroce boisson aussi noire que l’avenir réservé aux personnes qui oseraient en ingurgiter, mais un bon vieux thé glacé comme on les aime ♥ – et avais rencontré un vieux personnage qui semblait pas trop mal informé.

« Oh, donc vous êtes une dresseuse ? Vous combattez les arènes ? Combien avez-vous de badges ?
- Hmm… un seul, mais…
- Ne vous inquiétez pas, tout vient à point à qui sait attendre.
- Ouais ouais, soupirais-je un brin agacée par cet étrange pouvoir qu’avaient des vieux de faire dériver la conversation sur des sujets totalement inattendus aussi rapidement. – Donc, il y a des pokémons intéressants sur cette île ?
- Oh oui, toutes espèces vivant ici sont intéressantes. Beaucoup aiment courir dans cet environnement. Mais… Il s’interrompit, avalant une gorgée de sa boisson puis reprit. – Durant cette période de l’année, il est assez dangereux de s’y aventurer.
- Hm ? En quoi ?
- Eh bien ma petite, les courants aériens créent de violents orages sur la partie est de l’île, que l’on appelle les Plaines Raikan. Beaucoup de pokémons électriques tels que les troupeaux de Zeblitz ou d’Elecsprints investissent l’endroit et ils sont plutôt colériques avec toute cette électricité dans l’air. »

Je réfléchis un instant. N’ayant jamais réellement vu ces pokémons à l’état sauvage, je ne savais pas vraiment s’ils pourraient répondre à mes attentes mais d’après ce qu’on disait, le galop du zèbre électrique pouvait attendre des vitesses impressionnantes. Cela valait le coup de tenter ma chance, et puis, j’avais Libra avec moi. Un type électrique me serait bien utile pour communiquer avec ses semblables.

« Je vous remercie, je pense que je vais aller vérifier par moi-même.
- Vous avez de la détermination. Je vois. Soyez prudente. »

Après avoir payé ma boisson et salué le vieil homme, je quittai le café et me mis en route vers l’est. Ces fameuses plaines, aussi dangereuses soient-elles, je n’allais certainement pas repartir avant de les avoir trouvé. Ace voletait doucement à mes côtés, attirant au passage tous les regards des passants sur moi, ce qui m’énervait passablement aussi. Mais bon, je n’allais pas lui reprocher d’être mignon non plus… enfin bref, tout ça pour dire que je fus relativement soulagée de sortir enfin du village côtier, faisant place à présent aux immenses étendues d’herbe rase ensoleillées.

Je suivis tout d’abord le petit chemin qui ralliait le village, faisant probablement le tour en l’île en tant que sentier touristique durant la belle saison. Mais rapidement, je m’aperçu que le ciel devenait grisonnant, l’air étouffant. Une sensation étrange que je ressentais autrefois avant les grands orages d’été sur le continent… un frisson parcourut mon corps, je sentais que le danger n’était plus bien loin. Par précaution, je fis sortir Libra de sa balle et lui demandai de rester attentif au moindre bruit. On ne savait jamais avec les pokémons électriques… tellement instable cette énergie.

Fixant le ciel, je m’approchai doucement d’un arbre solitaire au pied d’un petit relief rocheux plutôt facile à escalader à première vue. Oui, je sais, jamais sous les arbres pendant un orage… eh bien en attendant qu’il se manifeste, je ne voyais pas où était le problème. Certes, il ne faudrait pas donner des mauvaises idées à certains, mais peu importe. Soudain, un coup de tonnerre me fit sursauter, déchirant le silence bercé par le bruissement des herbes sèches sous le vent. Ces plaines immenses semblaient désertes aujourd’hui, pas la peine de paniquer pour un rien… ou bien… ?

Des hennissements discrets troublaient le silence, un peu comme les bavardages dans les salles de classes. Une sensation désagréable m’envahissait… je me sentais épiée, un groupe d’équidés fourbes me regardant de loin, trop craintifs pour oser s’approcher. Vous savez, ce stupide cliché de « j’veux pas finir enfermé dans une baballe pour le restant de ma vie j’reverrais jamais mes n’amis ».

Sauf que cette fois, c’était tout le contraire. Vous connaissez l’expression « avoir une haleine de cheval » ? Eh bien c’est à peu près ce que j’ai ressenti quand je me suis retournée, faisant face à un ponyta hystérique, le visage tordu par un affreux rictus de psychopathe tueur en série et tout c’que vous voulez. Et le pire, c’est que j’n’eus même pas la force de flipper. C’était tellement improbable, j’aurais volontiers opté pour une hallucination due à cette atmosphère tendue.

« TU VEUX JOUUUUUUUEEEEEEEEER AVEC NOOOOOOOUS ? »

Tous les poneys approuvèrent en cœur. Parce que oui, il n’y en avait pas qu’une. Six, toutes plus cinglées les unes que les autres. A première vue, ils semblaient tous sacrément atteints, mais la première avait vraiment un grain. Bon, je ne parlais pas le ponyta couramment non pas faut pas croire, mais rien que leur tête et leur attitude en disant bien long sur leur santé mentale.

Par ailleurs, j’étais plutôt étonnée de les voir aussi confiantes. D’ordinaire, c’était plutôt chose difficile d’approcher les pokémons sauvages, même en groupes. Et ils n’avaient pas tous d’aussi bonnes intentions à l’égard de l’espèce humaine… quoique pour le moment, je devais bien avouer que je doutais sérieusement en ce qui concernait la nature des leurs. Et honnêtement, il y avait de quoi.

Mais comme toujours, il y en avait un qui y trouvait parfaitement son compte. Ace tournait autour de ses nouvelles amies, très heureux de trouver enfin des personnes partageant sa vision du monde comme pays des bisounours.

« Vous faites un pique-nique ? On peut se joindre à vous ?
- Je ne crois pas que ce soit une bonne…
- Cool Libra, elles ont l’air super sympa ! Ooooh du gâteau aux pommes, c’est du fait maison ? ♥
- … idée. »

Si Libra était un peu réticent à partager ce grand moment d’amitié avec des personnes rencontrées à peine quelques secondes plus tôt, Ace prenait vraiment son pied. Les présentations se faisaient un peu sur le tas, et la conversation commençait déjà à déraper sur le comment qu’on fait les plus beaux arcs-en-ciel et la recette du gâteau au pommes d’Appeljack. Bref, la conversation ne volait pas haut…

De mon côté, je me demandais comment réagir face à Pinkie Pie, dite cas désespéré du groupe. Sa fourrure semblait légèrement tirer sur le rose pâle, chose plutôt étrange mais pas vraiment étonnante… on se demande pourquoi. Il y en avait bien une autre qui essayait de s’approcher, un peu plus stable psychologiquement, mais la folle furieuse ne la laissait pas en placer une. Timide, peut-être ? Au moins, si on faisait abstraction de la psychopathe de service, elles avaient l’air de vouloir sympathiser. Les petits poneys semblaient partis pour faire un joyeux pique-nique entre meilleures amies pour la vie, et cet idiot de togetic marchait en plein dans leur délire visiblement… bah, je ne risquai rien de toute manière, non ?

« Va pour un pique-nique alors, » soupirai-je en repoussant doucement la tête du pot de colle rose dont la promiscuité m’était plutôt dérangeante. Si elle pouvait arrêter de me coller et effacer cet affreux sourire de sa tête de poney, je pense que ce serait un bon début avant d’envisager un pacte d’amitié éternelle et inébranlable. Pas vous ?

Que… que s’était-il passé ? Nous étions en train de nous amuser avec les ponytas et… il y avait un trio de poneys menaçants, ils avaient l’air d’en avoir après nos amies. Elles n’étaient pas gentilles, elles commençaient à hennir méchamment comme si elles voulaient sermonner les petits poneys… et puis après il y avait eut cette lumière bizarre et… Qu’est-ce que… je sentais comme un souffle chaud sur mon visage. J’ai l’impression qu’elle veut que… je me réveille.

J’ouvrai subitement les yeux, découvrant le nez du poney inquiet à quelques centimètres de mon visage. Bizarrement, je n’exprimai pas une once de surprise ; je me contentai simplement d’écarter doucement sa tête pour me redresser, observant rapidement les environs. C’était sombre… et il faisait froid, heureusement que le poney de feu était là pour me tenir chaud.

« Tu… tu sais où on est ? »

Elle secoua la tête négativement. De plus, il semblerait que ceux qui nous avaient enfermés ici m’avaient volé mon sac et mes pokémons… je n’allais pouvoir compter que sur cette petite peluche rose pour me sortir de là, sans réel moyen de communiquer. Cependant, la porte de la cellule où je me trouvai n’était pas fermée, c’était l’occasion de m’échapper. Qui sait, peut-être qu’en fouillant l’endroit, je pourrais retrouver mes partenaires et libérer les autres. Après tout… c’était sans doute ma faute si elles avaient été enfermées, même si j’étais plus victime qu’autre chose dans l’histoire.

Je me levai et poussai la vieille porte de fer tordue, la faisant grincer légèrement. Si toutes les portes étaient aussi sécurisées, cela ne devrait pas être si compliqué au final. Pour peu qu’on ne se fasse pas surprendre pas l’un des autres poneys maléfiques. Je fis signe à Pinkie de la main, l’invitant à me suivre. Cela ne me réjouissait pas non plus, mais je n’avais pas le choix.

Les couloirs de pierres étaient un peu plus larges que ma petite cellule, mais tout restait sombre, poussiéreux, froid. C’était inquiétant, mais aussi excitant. A chaque angle de couloir, s’attendre à rencontrer un ennemi prêt à vous éliminer… j’en frissonnais rien que d’y penser. Mais peut-être que je m’inquiétais pour rien ?

Tout cela déboucha dans une petite salle en longueur. Sur ma droite, une autre cellule qui semblait être occupée. Oh… une autre ponyta ? Ce ne serait pas celle qui portait le gâteau tout à l’heure ?

« Apple !
- Minute petit poney. »

Se retournant, la ponyta découvrit le visage du garde, tordu par un rictus inquiétant. Appuyé sur ses deux piliers de béton. Alors comme cela, ils avaient pensé à mettre des gardes tout de même ? Eh bien, on allait pouvoir s’amuser un peu… super…

« Retourne gentiment dans ta cellule si tu veux pas finir en lasagnes.
- Euh… fais diversion le temps que j’essaye de libérer ton amie, tu peux ? »

Pinkie acquiesça, et ses yeux s’illuminèrent d’une inquiétante lumière bleutée. Mais bizarrement… cela n’eut pas l’effet escompté. Hypnose était une capacité puissante, mais qui ne marchait qu’un coup sur deux. Je n’avais jamais été chanceuse au pile ou face… Le garde esquissa un large sourire et disparu un instant, réapparaissant juste devant le poney qui n’eut que le temps d’écarquiller les yeux… avant de se prendre une baffe magistrale qui l’envoya rouler sur le côté. Et cette porte qui ne voulait pas céder…

Mach punch, hein ? Je n’aurais pas aimé être à sa place… et j’aurais peut-être aussi du m’abstenir d’envisager cette possibilité. Visiblement, j’étais la prochaine sur sa liste. Peur… ? Questionnement stupides s’abstenir par pitié, qui resterait indifférent en étant sur le point de se manger faire massacrer par un pokémon combat psychopathe ?! Puis soudain, une puissante chaleur me força à me protéger les yeux ; un lance-flamme direct dans le dos qui s’écrasa au sol, soufflé par la puissance de l’impact.

« …T-toi ! Attends un peu que je te… *Rzzzzzzz* »

Alors qu’il se retournait, il fit face au terrible regard de Pinkie et, sans comprendre ce qui lui arrivait, le gros tas de muscles sans cervelle se retrouva à dormir sur son pilier. Tiens… cela me donnait une idée. J’approchai prudemment du dormeur et me saisissait de son deuxième pilier… ourf, c’est lourd ce truc ! Il doit bien peser une trentaine de kilos, et il porte ça à bout de bras ? Punaise… enfin, tant mieux d’un autre côté, ça fera d’autant plus mal sur sa tête.


D’endormi, il était passé à inconscient. Eh bien… plus de peur que de mal pour cette fois. Merci petit poney, les amis c’est magique ! Ceci fait, je laissai les deux meilleures amies pour la vie combiner leurs flammes pour incinérer la grille qui se ratatina sur elle-même en fondant. Apple avait l’air heureuse d’être libérée, elle devait avoir eut peur toute seule ici. Pinkie avait l’air blessée, mais le bonheur de retrouver son amie ma fit s’illuminer d’une douce lueur dorée, faisait scintiller sa robe rosée. C’était là leur force, ensemble elles étaient pouvaient surmonter toutes les épreuves, quoiqu’il arrive elles se relèveraient !

Bon eh bien… par où maintenant ?

Ace et Libra se revenaient à eux, constatant à leurs tours qu’ils étaient prisonniers. Ils se souvenaient vaguement avoir été téléportés par cette espèce de girafe psychopathe, mais après… tiens, le sac d’Alizire ? Mais où était-elle passée celle-là encore ? Ses autres amis étaient là dans leurs balles, mais aucune trace de sa dresseuse. Bah, elle n’allait pas l’abandonner ici, n’est-ce pas ? Sinon, cela allait lui couter cher en pâtisseries pour se faire pardonner ~

Le petit ange s’arrêta un instant de voler dans tous les sens pour réfléchir un peu. Apparemment, les murs de cette cellule étaient d’une nature inhabituelle, c’était sans doute pour éviter que les spectres ou les bourrins viennent tout saboter dans le QG. Tiens d’ailleurs, il y avait là un grand poney tout de noir et de blanc qui avait une place royale, surplombant toute la salle. Si c’était le boss du coin, cela signifiait que c’était de sa faute si lui et ses amis étaient enfermés ici. Non mais ! Il n’allait pas rester là sans rien dire, il devait protester et exiger sa libération ! Et puis pourquoi il était enfermé d’abord ? Ca n’avait aucun sens !

« Hé ! On peut savoir c’qu’on fait enfermés là ? Et qui vous-êtes d’abord ? »

Il avait crié d’une voix suraigüe, une à vous en vriller les tympans. Le grand vilain Evil Pony , qui n’était pas sourd malheureusement, tourna la tête vers leur cellule et sembla les foudroyer du regard. Hélas, il en fallait bien plus pour faire peur à la petite furie blanche. Libra ne disait rien, n’osant même plus interférer tant il était prévisible que cela ne mènerait à rien sinon à aggraver sa situation.


Accompagnée par mes deux nouvelles partenaires de pique-nique, je marchai un peu au hasard à travers les couloirs. Nos pas résonnaient de manière lugubre, en particuliers les sabots de Pinkie qui ne pouvait s’empêcher de sautiller comme une folle même en pareille situation. Je regardai AppelJack qui semblait plus sérieuse… comment elle et ses amies arrivaient à supporter cette folle en rose ? La force de l’amitié comportait encore bien des mystères pour moi…

Soudain, un grincement dérangeant nous alerta, faisait ralentir le rythme. Mais il s’était déjà arrêté, laissant place à ses sifflements inquiétants. D’autres gardes nous avaient déjà repérés ?

« Yeeepeeeee !
- Fé Partiiiii ! On fa les mafacrer !
- Yiiiiiiiikes !
- Pinkie tais-toi ! »

Déjà, c’était mal partit. Nous arrivions dans une grande salle, mais l’obscurité présente nous permettait à peine de discerner les murs et l’ombre de nos adversaires. Heureusement que mes poneys avaient des flammes pour crinière, sans ça on y verrait vraiment rien.

L’ennui, c’est que nos adversaires n’avaient pas perdu de temps. Sans comprendre comment, les deux amies se firent simultanément envoyer au tapis d’un violent coup de pied aérien. Les deux fouines sautaient partout, répétant les attaques avec une rage incontrôlable. Pinkie remarqua alors une ombre bizarre sur le mur, et commença à chanter une chanson idiote à son sujet. Ne me demandez pas comment, mais en se mettant à danser en rythme avec ses paroles insensées, elle réussissait à esquiver la pluie de coups qui la ciblait et ses assaillants s’éclatèrent tour à tour les pattes sur le sol de pierre.

Les deux sbires suffisamment amochés pour y réfléchir à deux fois avant de relancer l’assaut, Apple se décida enfin à allumer la lumière, créant un petit soleil artificiel dans sa salle… juste à temps pour voir son amie se manger une aura-sphère bien sentie dans le museau. Profitant de l’effet de surprise, le shaofouine se rua sur elle avec une rapidité impressionnante, pris appui sur son dos avant de l’écarter d’un coup de pied et, sans que j’eus le temps de réagir, se glissa derrière moi pour placer sa pattes griffues sous la gorge.

« Si vous voulez revoir cette humaine, je vous conseille de vous rendre sur le chhhhant.
- Fa fé frai ! Le boff il plaifante pas !
- Chaaaaaaaaant ? »

Alors qu’elle était complètement avachie contre le mur, ce mot sembla la ressusciter ; un nouveau terrifiant déforma son visage de poney et elle se remit à pousser la chansonnette. La grosse fouine grinça des dents, resserrant son étreinte ce qui acheva de me faire paniquer. J’allais me faire tuer parce qu’un idiot de poney n’aura pas su utiliser son *bip* de cerveau pour comprendre qu’il fallait la FERMER ! Et là je dois dire, heureusement qu’AppleJack était là.

« Hep, Pinkie ! La boule à facettes !
- Owiiii ! »

Amplifiée par le soleil artificiel, l’aurore de Pinkie eut exactement l’effet recherché : une explosion de lumières multicolores, parant les murs de la pièce des couleurs de l’arc-en-ciel. Mais ce ne fut pas aux yeux du trio qui ne supportèrent pas une lumière aussi vive ; le shaofouine relâcha un peu son emprise, me laissant simplement tomber à genoux car mes jambes ne me portaient plus. Quant au grand final, je n’ai pas osé regarder. Un lance soleil pulvérisa la grosse fouine contre un mur un peu plus loin, laissant sa marque sur la paroi. Et derrière tout ça, l’autre continuait à chanter, trottinant en cercle avec ses lumières et les deux idiots tétanisés qui l’écoutaient sans oser fuir ni ouvrir les yeux.

Moi, je n’avais même plus la force de me relever. Assise sur le sol froid, j’essais de me calmer un peu après avoir vu la lumière au bout du tunnel d’aussi près. J’entendis un petit couinement métallique, puis une chaleur qui s’approchait de moi. Je levai les yeux, rencontrant ceux de la ponyta qui venait d’être libérée.

« Tu vas bien ?
- … Je dois délirer, je comprends ce que tu dis, murmurai-je.
- Viens, nous avons encore d’autres amis à libérer. »

Elle avait une voix plutôt douce, réconfortante. Même si je ne comprenais pas trop comment cela était possible, je me relevai péniblement et rejoignis les autres qui s’apprêtaient à se remettre en route. Moui, je devais être en train de rêver. Des poneys qui me proposent un pique-nique, une prison pokémon, et maintenant un ponyta qui parle… Il m’avait bien dit que c’était dangereux, le papy du café. Enfin… allons donc libérer les petits poneys du pays arc-en-ciel, nous verrons bien ce qui arrivera.

Ace restait sans voix face à la cruauté de la capitaine. Sa voix, sa prestance… tout en elle émanait la puissance. Si elle semblait colérique, il n’y avait aucun doute qu’elle mettrait ses menaces à exécution. Le togetic n’était pas le genre à se laisser marcher sur les pieds, ça non, mais il n’était pas stupide non plus. Il n’avait aucune envie de se faire griller dans sa cage en essayant de convaincre ce zèbre effrayant.

Un brin d’inquiétude dans le regard, il se posa et se contenta d’observer en silence, écoutant les bribes de conversation qui lui parvenaient. Au moins, il savait à qui il avait à faire. Une sorte de police pokémon vouant une haine sans limite à la race humaine… mais le plus inquiétant, c’était ces fameux « camps de redressement » dont elle avait parlé. Briser leurs pokéballs, cela n’effacerait pas tout ce qu’ils avaient vécu ensemble. En vérité, depuis toutes ces années à sillonner les routes, il s’y était attaché, à cette humaine. Si le lien qui les unissait n’était pas aussi fort avec toute l’équipe, et s’ils ne s’étaient pas tous joints de leur plein gré, au final, ils aimaient bien leur vie tout de même. Alizire, viendra-tu nous sauver ?

Ayant à présent réuni trois de nos amies poneys, nous poursuivions notre chemin à travers les couloirs sombres. Je restai quelque peu traumatisée par mon expérience passée, même si j’avais finit par retrouvé mon calme. Ce n’était pas chose commune de se faire prendre en otage par une fouine, après tout. En chemin, j’échangeai quelques mots avec Fluttershy… le poney qui parle, ce n’était pas trop dur à avaler après tout ce que j’avais vécu. Elle avait l’air un peu timide, mais on avait déjà réussi à faire les présentations. Déjà plus facile pour communiquer.

« Et donc… qui sont ceux qui nous ont enfermés ici ?
- Elles se font appeler les GiGa Zebra… c’est une sorte de police. La capitaine Thunderbolt est très méchante, elle ne tolère pas l’amitié avec les humains.
- Ah… c’est un peu ma faute si vous êtes ici alors…
- Désolée…
- Mais tu vas nous aider à libérer nos amies, hein ? Et après on ira sauver tes amis ensemble ! Hein, hein, diiis ? »

La furie rose sautillait gaiement autour de moi, faisait sourire son amie qui en oubliait que je ne comprenais rien à ce qu’elle disait. Et vu le sourire qu’elle tirait, c’était tout sauf rassurant.

Et finalement, lumière au bout du tunnel, la sortie. Mais pas exactement la liberté allant avec. En effet, il semblait qu’ils aient gardé une belle cellule en plein air notre amie aux flammes irisées, RainbowDash. Mais, car il y en avait toujours un, les gardes étaient au nombre de quatre et ils semblaient bien moins fragiles que les vilaines fouines de tout à l’heure.

« Wesh, qu’est-c’que vous faites là ?
- V‘nez un peu ici on va vous faire vot’ fies-ta ! »

Bon, alors on avait affaire à des ringards pokémon se la jouant kikoowesh. Donc potentiellement avec le QI d’une huitre, ce qui allait grandement nous simplifier la tache. Un sifflement d’approbation ponctua l’arrivée de Fluttershy… alors comme cela, ils étaient sensible au charme féminin ? Heureusement qu’ils n’en avaient pas après moi cette fois, j’aurais été bien embêtée… Néanmoins, je remarquai que la ponyta concernée rougissait légèrement. Peut-être qu’elle pourrait tenter de les charmer pour faire libérer son amie ? Ce n’était pas très sympa de l’utiliser de la sorte, mais nous n’avions pas tant le choix que cela.

Je m’accroupis à côté d’elle, posant ma main sur son encolure ce qui la fit sursauter. Elle regarda de ses yeux de poney un peu gênée et ne sachant trop que faire. Comme je la comprenais…

« Tu peux les occuper le temps que…
- J-je… vais essayer…, » murmura la ponyta.

Il n’était pas question d’aller se faire peloter par ces ringards dégoutants, juste leur faire les yeux doux le temps qu’ils baissent leur garde. AppleJack invoqua à nouveau le soleil pour donner de magnifiques reflets scintillants à la crinière de la star, qui essayait de surmonter sa timidité maladive, et restait près d’elle pour la soutenir. Pendant ce temps, Pinkie s’éloignait l’air de rien, sautillant sans aucune discrétion. Mais bon, tous les regards étaient braqués sur Fluttershy, alors elle pouvait se le permettre. Il y en avait même un commençait à baver, ce qui perturba légèrement son numéro de charme. Beeeeeeh… dégoutant. En plus, ils commençaient déjà à se disputer sur qui allait se faire laquelle. Ses amies pourraient servir de lot de consolations aux perdants, mais chacun voulait la plus mignonne et ils en vinrent rapidement aux pieds. La pauvre demoiselle se désolait de voir ces goujats tabasser entre eux pour la séduire. On était plus la préhistoire tout de même, nous sommes entre gens civilisés que diable !

Mais la punition arriva vite. Amplifié par la puissance du soleil, un jet de flamme d’une rare puissance embrocha les quatre pokémons combat et leur cuit littéralement la peau. Pour couronner le tout, leur gel prit feu et les affola complètement. Sans leur crête, mon dieu, mais ils seraient défigurés ! Et plus aucune fille ne voudrait sortir avec eux, trop la lose ! Ah, saleté de produits chimiques, j’vous jure…

Bref, pendant que la rose semait la panique totale en faisait pleuvoir les flammes sur les Boys Bandés, RainbowDash en profitait pour pulvériser la porte de sa cellule sans ménagement et courut rejoindre ses amies. La pauvre, elle avait des fourmis dans les sabots à force d’attendre ! Mais je ne me faisais pas de soucis, elle aurait largement le temps de se défouler sur les prochains gardes… allez, on ramène Pinkie sur terre et on met les voiles avant les wesh aient finit de se recoiffer. Mes amis à moi ne devraient plus être bien loin à présent… j’espère qu’il ne leur est rien arrivé.

Notre quatrième amie libérée, nous arrivions finalement dans l’arène gigantesque. C’était exactement comme dans les livres d’histoire, en beaucoup plus grand seulement. Je n’aurais pas pensé être si petite en face de ce monument historique, pourtant encore bien entretenu d’après ce que je pouvais en voir. En fait, le lieu devait même encore servir pour les nombreux pokémons combat qui y vivaient ; après tout, les pokémons équestres n’étaient pas les seuls de la région.

« C’est les filles ! Eeeeeeeeh ! Je suis làààààààààààà !
- Rarity ? Ils doivent l’emmener en camp de redressement !
- Quoi ? Mais… ils sont trop rapides, on ne pourra pas les rattraper… »

Non, il restait encore une chance. Rainbow Dash, notre atout de vitesse. Certes, tous les poneys ne pourraient pas courir assez vite pour rattraper le convoi, mais elle était la plus rapide de ses amies et avait de bonnes chances d’y parvenir. Cependant, Fluttershy le savait, elle était beaucoup trop fonceuse pour faire face à la force des pokémons combat. Il allait lui falloir de l’aide.

« Dashy, il faut que tu prennes Alizire sur ton dos et que les rattrapes.
- N’importe quoi, elle ne ferait que me ralentir !
- Même si tu rattrapes le convoi, les gardes t’empêcheraient d’approcher et tu te ferais capturée.
- …Mouais, allez grimpe Ali-truc, accroche-toi bien. »

C’est ce que je pensais, un poil égocentrique le poney arc-en-ciel, et un peu trop confiante en elle-même. C’est mignon ce petit surnom d’ailleurs, ça lui va bien et ça évite de se fouler la langue avec un nom à rallonge. Enfin bref, je m’agrippai à la crinière enflammée et elle démarra au triple gallot à la poursuite du convoi. C’était comme un vieux rêve d’enfant, de toucher la crinière d’un ponyta sans se brûler… alors avec des flammes arc-en-ciel et une vitesse proche de celle du son, c’était le pied pensez-vous. Enfin, tant qu’elle ne s’emmêlait pas les sabots, puisque la moindre chute me serait fatale.

Au moins, ma monture avait l’expérience de la course. Tandis qu’elle se rapprochait progressivement de notre cible, elle tentait par tous les moyens de rester alignée pour profiter l’aspiration. Malheureusement, les boules de feu qui fusaient de tous les côtés ne nous simplifiaient pas la tâche et nous maintenaient en distance.

« Gruiiik, elles sont coriaces ! On leur balance les caisses ?
- Avec ça, c’est sûr qu’elles vont se casser la figure !

Effectivement, je me sentis pâlir en les voyant soulever à deux une grosse caisse de bois, qu’ils lancèrent tous deux en notre direction. Et à notre vitesse, le temps de se rendre compte de ce qui nous attendait, il était déjà trop tard pour esquiver…

« Accroche-toi, ça va chauffer ! »

Je fermais les yeux et me couchai littéralement sur son encolure, sentant la température grimper brusquement. Un bouclier de flammes intense l’entoura alors qu’elle pulvérisait la caisse avec une simplicité déconcertante. Lorsque j’ouvris les yeux, je remarquai qu’un objet nous était tombé dessus. Apparemment, la caisse qu’elle avait ouverte n’était pas vide… on dirait un carapuce, mais replié dans sa carapace.

« Super, on a une arme ! Dépêche-toi de la lancer, ça va nous calmer ces abrutis !
- T’es sérieuse ?
- C’que vous pouvez être lents vous les humains… »

Un peu surprise mais sans autre option à proposer, lançai la caparace en direction des deux grotichons. Chose surprenante, le pokémon à l’intérieur eut la présence d’esprit d’utiliser son aqua-jet pour aller se précipiter sur ses cibles et ébranler l’attelage, manquant de faire tomber ses passagers de peu.

« Bande d’abrutis, qu’est-ce que vous foutez à l’arrière ?!
- C’pas not’ faute chef !
- Tu commences à saisir le principe, c’est bien. »

Je ne répondis pas, encore troublée par l’absurdité de cette course. Enfin au moins, nous avions rattrapé le retard que les cochons nous avaient fait prendre : il aurait suffit d’une foulée pour sauter à l’arrière du convoi. Malheureusement, les sbires reprenaient leurs esprits et recommençaient à tirer, ce qui nous empêchait de dépasser par le côté. Le convoi s’engagea alors dans un autre tunnel du Colisée, rendant tout dépassement trop dangereux pour s’y risquer.

« Chef, ya des caisses au milieu d’la route !
- Vous avez des cornes bande d’andouilles, utilisez-les ! »

Les scarabées s’exécutèrent et lancèrent leurs attaques mégacorne dans le tas, dévoilant un cadeau inquiétant dont s’empara le simiabraz avec un sourire machiavélique. Un voltorbe ? C’était mauvais, très mauvais pour moi. Mais il fallait croire que notre Dashy avait tout prévu : alors que la bombe allait exploser sur son nez, elle déploya sa capacité hâte et dépassa la zone d’explosion en une fraction de seconde, sans que la bombe n’y comprenne quoi que ce soit.

A notre tour, nous explosâmes une des caisses restantes afin de récupérer notre cadeau qui s’avéra être… trois trompignons ? J’allais lui demande à quoi ces trucs allaient nous servir, lorsqu’ils libérèrent un nuage de doux-parfum dopant qui donna une grande décharge d’énergie à la ponette : elle s’entoura une aura électrique virulente et, dans un élan de vitesse incroyable, sauta par-dessus de convoi pour atteindre le conducteur en pleine tête. Ce dernier fut éjecté vers l’avant, grillant les scarhinos au passage, et le convoi fut ainsi dépassé avant de faire un tonneau magistral, tombant en morceaux au contact des murs de pierre. Tous pokémons présents à l’intérieur furent retrouvés inconscients sous les débris, certains même gravement blessés. La pauvre Rarity eut de la chance, sa cage était en piteux état mais elle s’en tirait un peu étourdie avec quelques bosses. Ses amies allaient bientôt pouvoir la rejoindre et s’occuper d’elle, mais pour l’instant, Dashy poursuivait la course jusqu’au QG où étaient retenus mes pokémons. Il n’était plus très loin d’ailleurs, la course avait été gagnée de peu.

Arrivant à au petit galop dans la grande salle où se trouvaient les trois chefs de la zone, je sentais que mon cœur allait me lâcher. Mes jambes tremblaient comme jamais lorsque je posai enfin pied à terre, m’appuyait sur le dos de la ponyta pour ne pas tomber à genoux. Elle aussi était épuisée, mais elle n’en laissait rien paraitre. Après tout, elle avait gagné la course ! Les vainqueurs ne montrent pas signe de faiblesse, c’est une attitude de perdant !

Je dévisageai alors les trois pokémons qui me faisaient face, mais une seule attira réellement mon attention. La capitaine Thunderbolt, une zeblitz à l’allure à la fois imposante et effrayante. Pourtant, un cœur de poney semblait battre sous cette froideur apparente. Je pris alors une grande inspiration et m’adressai à la capitaine.

« C-c’est vous qui avez emprisonné mes pokémons ? On ne vous laissera pas faire, laissez-les partir !
- Attend… elle retient toujours Twilight Sparkle aussi. Où est-elle ?! »

Je la fixai droit dans les yeux, l’air déterminée malgré le fait que je peinai à reprendre mon souffle suite à cette course et à tout ce qui m’était arrivé jusque là. Mais maintenant, il était temps de la pousser à la confrontation finale. Si c’est le seul moyen, alors… grâce à la force de l’amitié, nous vaincrons !

Notre adversaire semblait… passablement énervée. Une aura instable émanait de son corps tout entier, une colère, une rage incontrôlable. La faire céder n’allait pas être une mince affaire… d’autant plus que ses lieutenantes étaient là, prêtes à en découdre elles aussi. Pourquoi, pourquoi tant de haine envers la force de l’amitié ? Il allait falloir lui ouvrir les yeux si je voulais libérer mes compagnons, mais de quelle manière ? Que ressentait-elle, derrière cette froide cruauté apparente ? Il fallait la pousser à se regarder en face, c’était ça la clef.

Pourtant, elle avait encore une carte en main. La lumière s’alluma, dévoilant une ponyta inconsciente dans sa cellule. La girafarig pris le contrôle du corps inerte, l’obligeant à se relever et à faire face à ses amies. Qu’est-ce que… elles allaient la retourner contre nous ?

« Alors, votre force de l’amitié sera-t-elle assez forte pour vous battre contre votre amie ? Hahahaha !
- Vous êtes un monstre ! Reprend-toi Sparkle, dis quelque-chose ! »

Aucun son ne sortit de sa bouche de poney, aucune expression ne troubla l’impassibilité son visage. Les cinq ponyta semblaient déconcertées, ne sachant pas que faire face à cette situation. Pourtant nous… nous n’avions pas le choix. Il fallait les vaincre, ou tout le monde sera perdu.

« Alors ? Qui allez-vous sauver en premier ? Les pokémons de l’humaine ? Cette chère ponyta ou bien… votre peau ? »

Elle s’était approchée de la cage, faisant crépiter sa magnifique crinière blanche. Des menaces ? Les deux lieutenantes s’approchèrent alors de Sparkle pour faire front aux intrus. J’ignorais quels étaient les pouvoirs de la ponyta, mais elle devait être plus dangereuse que les autres pour qu’ils l’aient gardée ici plutôt qu’une autre. Qu’est-ce que… est-ce… je tremblais ? L’excitation ou bien… la peur de perdre ? Non, je me devais de leur faire confiance. Après tout ce chemin, impossible de renoncer si près du but.


« On… on ne peut pas se battre contre notre amie.
- Cela ne sera pas nécessaire. Si on terrasser Gigi, le lien devrait être rompu.
- Ok, on te fait confiance. Ca sera vite réglé !
- Att… »

La tête brulée n’attendit pas et fonça tête baissée sur son adversaire. Eclair fou était une attaque très puissante, mais aussi très dangereuse. La vitesse jouait peut-être en son avantage, mais nous ignorions encore ce que nous réservaient nos adversaires.

La ponyta possédée fit alors un pas en avant, préparant quelque chose. Et pour cause, une muraille d’énergie lumineuse s’éleva devant les trois équidés, formant une défense parfaite. Dashy n’eut pas l temps de freiner et percuta la barrière avec force, se faisait rejeter avec force au sol. Si aucun dégât n’avait été infligé à ses cibles, elle s’était tout de même blessée à l’impact et la girafarig en profita pour enchainer avec une attaque mâchouille de sa queue psychopathe.

« Donnez leur un avertissement, Frousha.
- Avec plaisir. »

La galopa avança à son tour secouant sa crinière ardente. Un énorme soleil se forma au dessus de sa tête, rayonnant d’une chaleur intense. La boule de feu géante s’écrasa sur les autres poneys et enflamma toute la zone. Heureusement pour moi, Pinkie se jeta devant moi et intercepta les flammes qui m’étaient destinées, me sauvant ainsi d’une brûlure atroce. Elle… elle m’avait sauvé la vie ? Certes, l’attaque ne devait pas avoir grand effet sur des poneys de feu comme elle, mais déflagration restait l’une de capacités les plus puissantes du type. Autant dire qu’elles ne s’en sortiraient pas indemnes si elle venait à recommencer.

Je reculai prudemment, m’éloignant des quelques flammes qui persistaient sur le sol. La température avait soudainement augmenté d’une dizaine de degrés, rendant l’air un peu étouffant pour moi. Cependant, Apple et Rarity avaient l’air de plutôt bien se porter, leurs flammes avaient gagné en intensité de manière assez spectaculaire.

« Pfeuh, c’est tout c’que tu sais faire ? C’est lamentable ! Et toi Sparkle, c’est quoi cette façon de combattre ? Depuis quand t’es devenue aussi faible ?
- … T-tais-toi… »

L’espace d’un instant, Sparkle sembla réagir à la provocation de son amie. Avait-elle une chance de reprendre le contrôle d’elle-même ainsi ? Il fallait essayer, ses amies ne pourraient pas tenir longtemps sous les assauts des deux lieutenantes si aucune de leurs attaques n’arrivaient à passer leur défense. Néanmoins, Frousha semblait piquée au vif par cette attitude hautaine et méprisante. Oui, elle allait leur faire payer cet affront.

« Dashy, tu vas bien ?
- J-je crois oui.
- Allez, on attaque ensemble ! On va lui montrer la force de notre amitié ! »

Pinkie, Apple et Rarity se préparèrent alors à combiner leurs attaques. Lance flamme, danse flamme, lance soleil. Trois capacités déjà puissantes séparément, qui promettaient un résultat spectaculaire lancées en combinaison. Et avec abri qui ne pourrait assurer une protection efficace tout de suite, l’attaque avait de bonnes chances de percer… du moins, c’était sans compter sur la réaction de Frousha qui s’interposa vivement, enveloppant son corps dans une aura flammes bleues déchainées. Boutefeu, une des attaques les plus spectaculaires qu’il m’avait été donné de voir. Le rayon mêlant lumière et spirale enflammée affronta avec violence la charge de la jument l’espace de quelques secondes, avant que cette dernière ne cède et se fasse repousser sur quelques mètres. Son accès de colère l’avait aveuglé, et maintenant elle était blessée dans son orgueil. Hors de question qu’elle se fasse battre aussi facilement.

« Ha ! Ridicule !
- Tais-toi Rarity, tu l’as assez énervée comme ça !
- Calme-toi, Frousha.
- Hmpf. »

Elle frappa le sol de ses sabots, jetant un regard meurtrier à ses opposants. Elle ne referait pas la même erreur deux fois, elle était bien trop fière pour laisser cela se reproduire. Quant à Gigi, elle semblait rester d’un calme à tout épreuve ; immobile, impassible, c’est à peine il elle ouvrait la bouche pour parler. Et pourtant, derrière ce sommeil apparent, elle semblait préparer quelque chose. A regarder ce visage impénétrable, j’avais un mauvais pressentiment.

Et pour cause. Une violente aura psychique s’échappa de son corps, faisant trembler le sol sous sa puissance. Un véritable déferlante d’énergie mentale se déchaina sur les poneys, les dispersant dans la salle par le souffle de l’explosion immatérielle. Un sourire se dessina sur le visage inexpressif de la girafe, regardant ses victimes se relever péniblement. Puis elle me regarda. Elle tentait de communiquer par la pensée… qu’avait-elle derrière la tête ?

« Ecoute moi bien, et réponds à ma question. Quel effet ça fait, de voir ses prétendus amis souffrir de la sorte ? Tu ne t’es jamais mise à leur place, n’est-ce pas ?
- Qu’est-ce que tu…
- Regarde-les. Elles se battent pour leur amie, elles se relèveront encore, jusqu’à ce qu’elles n’en aient plus la force. Mais toi, quels sont tes raisons ? Veux-tu seulement libérer tes amis parce que tu tiens à eux, ou plutôt parce que sans eux tu n’es rien ? »

A ce moment, une violente force psychique me paralysa soudainement, me planquant au mur du QG. Grimaçant de douleur, je continuai néanmoins à fixer la lieutenante avec cette même lueur de détermination dans le regard.

« Argh…
- Ils prennent les coups à ta place parce que tu es incapable de te battre seule. Que leurs rends-tu en échange ?
- Rien, peut-être. Mais ils ont choisit de voyager avec moi. Ne parle pas de choses que tu ne connais pas, tu n’as pas le droit… de nous juger. »

Elle relâcha l’emprise psychique, me laissant glisser contre le mur. Une larme perlait sur ma joue, mais il était impossible de deviner s’il s’agissait de rage ou de tristesse. Fluttershy m’adressa un regard inquiet, auquel je répondis par un sourire triste. Ne t’inquiète pas pour moi. Le combat n’est pas finit, tu dois encore libérer ton amie. Fais-le pour moi. Elle acquiesça, et fit signe à ses amies. Il était temps de toucher le cœur de Sparkle et de la réveiller. C’était le seul moyen si elles voulaient gagner.

Les cinq amies se mirent alors à chanter tour à tour, un chant totalement aléatoire et ridicule, peut-être dénué de sens même, mais qui prenait forme à chaque fois que l’une de ponyta complétait le vers de la précédente, formant une boucle sans fin pour peu que l’inspiration ne les lâche pas. Accompagnant les paroles, elles s’adonnaient toutes quelques pas de danse tout aussi aléatoires, mais donnant une sorte de chorégraphie plutôt harmonieuse. « Wake up my friend » reprenaient-elles toutes en chœur. Cela semblait n’avoir aucun effet à première vue, mais rapidement, Sparkle commença à avoir des réactions inattendues. Elle eut une inexplicable envie de rejoindre le chant, de danser avec ses amies comme elles le faisaient si souvent quand elles s’amusaient ensemble. L’emprise de Gigi ne tint pas, et la ponyta rejoignit ses amies qui l’accueillirent avec effusion. Des retrouvailles si touchantes… la capitaine ne serait pas contente, il était temps d’en finir.

« Il semble que cette force de l’amitié soit bien réelle. Nous allons devoir annihiler toute résistance, c’est regrettable.
- Vous aller brûler dans les flammes de l’enfer pour avoir osé nous défier. »

La galopa se cabra, puis invoqua une nouvelle attaque déflagration sur ses poneys, plus puissante encore que la précédente. Cette fois, elle ne retiendrait pas et se donnerait à fond. Cependant, Fluttershy réagit promptement et bloqua les flammes en érigeant à son tour une barrière, élevant un écran de flammes ardentes et permettant à ses amies de préparer une nouvelle riposte combinée avec toute la force de leurs plus puissantes attaques. Le psyko de Gigi parvient à retenir le rayon le temps de diminuer sa puissance de manière considérable, mais le coup ne la laissa pas indemne pour autant. Dashy saisit alors l’occasion pour lancer une nouvelle charge électrique, interceptée par le boutefeu de Frousha qui l’envoya valser dans les airs ; Pinkie réceptionna son amie en vol et lui cracha un faisceau de flammes qu’elle ne put éviter, suite à quoi une pluie d’étoiles dorées envoya la galopa rouler à terre.

Certes, elle avait mis une adversaire hors jeu, mais son attaque tête baissée la rendait trop vulnérable pour éviter la contre-attaque fatale. Elle se releva avec difficulté, mais elle savait qu’elle était trop faible pour pouvoir lancer une nouvelle attaque sans se blesser plus gravement. Mise à genoux par le pouvoir de l’amitié ? Non, non ! C’était inconcevable ! Elle comprenait pourquoi la chef se méfiait d’elles à présent. Sans un mot, Gigi fit alors crépiter ses petites cornes, invoquant des éclairs à répétition sur la troupe de petits poneys. Chacun se démenait pour éviter le harcèlement incessant de la foudre magique, mais Rarity n’eut pas de chance et se pris un éclair de plein fouet, ruinant sa magnifique coiffure et l’éliminant de la partie à son tour. La lieutenante psychique semblait prendre gout à ce jeu, savourant la peur dans les yeux de ses victimes. Apple fut la suivante, paralysée par un coup direct dans le flanc. C’est alors que Fluttershy changea radicalement de tactique ; au lieu de se contenter d’éviter la colère des dieux, elle exécuta une pirouette gracieuse dans les airs et fusa sur la girafarig, lui assénant une roue de feu frontale d’une puissance remarquable.

« Hm. Tu es prête à tout pour défendre tes amies, mais viendrons-t-ils te défendre toi ? »

Joignant l’acte à la parole, elle sonna son opposante à l’aide d’une onde psychique et l’enchaina d’une violente morsure de sa queue. La ponyta tomba au sol, ce dont Gigi profita pour la soulever mentalement et l’obliger à se relever malgré elle.

« Maintenant, c’est ton tour de te retourne contre elles.
- Aidez-moi… gémit-elle d’une voix à peine audible tant la peur lui nouait la gorge.
- Tu ne nous auras pas deux fois avec ce stratagème, relâche-là tout de suite ! Pinkie, il ne reste plus que nous !
- Owh, on va chanter ? ♥
- Je pensais à une méthode un peu plus… spectaculaire. »

Sur ces mots, elle envoya une série d’étoiles lumineuses vers le plafond, les faisant tournoyer dans les airs avec une grâce inquiétante. Pinkie se mit alors à les bombarder de flammes, les allumant une à une comme des lanternes flamboyantes dans l’obscurité du plafond de la pièce. Soudainement, Sparkle secoua la tête à la manière de la baguette d’un chef d’orchestre, et enclencha une pluie de météores ardents d’une précision foudroyante. Prise par surprise, aucune ne manqua leur cible impuissante. Je restai bouchée bée devant ce spectacle à la fois beau et inquiétant, regardant la girafarig s’effondrer à son tour. C’était terminé.


Je m’avançai légèrement, regardant tristement les combattants à terre et ceux qui restaient debout. Les trois ponyta restantes s’étreignaient à leur façon, heureuses de se retrouver enfin d’avoir passé le dernier obstacle à leur liberté. Certaines étaient blessées, mais tout le monde semblait à peu près en état pour reprendre la route. Je devais avoir quelques baies dans mon sac, peut-être que cela les aiderait à se rétablir… enfin, si la capitaine daignait m’y laisser avoir accès.

« Elles ont triomphé… Il y assez de blessés ainsi, vous ne croyez pas ? Laissez partir mes pokémons à présent, ou au moins… laissez-moi vous prouver le lien qui nous unit. »

Ma voix se détraquai, tremblante et faible, mais je ne pouvais pas abandonner. Mes amies ponyta n’étaient plus en état de combattre à nouveau, et je ne pouvais plus les impliquer dans mes problèmes. C’était la seule carte qu’il me restait en main. Saurait-elle retourner la partie en ma faveur ?

J’esquissai un sourire. Pas encore de victoire, simplement d’espoir. La capitaine relevait mon défi, c’était ma chance de lui prouver que les humains n’étaient pas tous les mêmes. Je comprenais ce qu’elle ressentait en quelque sorte, moi aussi j’avais perdu foi en l’humanité depuis bien longtemps pour le savoir. Est-ce que… je me mettais à compatir à sa souffrance ? Pauvre petit poney… son cœur n’était peut-être pas aussi impénétrable qu’il n’y paraissait. Derrière cette froideur apparente, la capitaine serait elle un pokémon sensible ? Oui, nous allions la vaincre, et elle viendrait avec moi. Je ne la laisserais pas s’entêter dans ce combat stupide et sans aucun espoir d’un avenir meilleur.

Je regardais les pokémons présents dans la cage. Ace semblait anormalement calme, me fixant dans un silence total. Ses yeux me disaient qu’il voulait combattre, mais son attitude portait à croire le contraire. Il était trop désavantagé face à cet adversaire pour s’y risquer, sa raison aurait-elle pris le dessus ? Quant à Libra, il restait tout aussi impénétrable qu’à l’ordinaire. C’était un pokémon dévoué, mais je ne comprenais toujours pas quel intérêt il avait eut à me suivre. En fait, je ne l’avais vu que rarement s’amuser, sa personnalité restait un mystère complet pour moi. Les autres étaient restés dans leurs balles, mais je savais qu’ils étaient prêts eux aussi. De toute manière, il n’y aurait pas de deuxième chance. Je devais faire le bon choix.

« Come on, Xya. En tant que chef de meute, c’est à toi de défendre notre équipe. »

En un instant, un filet de lumière s’échappa de mon sac et dévoila ma partenaire de combat désignée, la grahyena à l’allure fière. Elle jaugea son adversaire et sortit calmement, se positionnant devant moi. La capitaine ferma alors la porte, mais il semblait qu’elle soit un peu déstabilisée par l’attitude de la louve. Ce regard… elle ne montrait aucune crainte face à elle, bien que fasse au bas mot le double de sa taille. La canidé bailla à s’en décrocher la mâchoire, n’ayant pas l’air très enthousiasmée d’avoir à se battre visiblement.

« Ah, ma pauvre Alizire. Toujours à te mettre dans des ennuis pas possibles, hein ?
- Hm ? Quelque chose ne va pas ?
- Rien. Juste que nous ne serons pas toujours là pour te sauver. »

Que voulait-elle dire par là… ? Je la regardai dans les yeux, l’air à la fois surprise et un peu triste. Elle avait raison, toujours je fonçai droit dans les ennuis, et à chaque fois c’était à elle de me tirer des mauvais pas. Compréhensible qu’elle en ait marre, au final. Et pourtant, elle y avait prit gout, à cette vie d’errance avec tous ces pokémons qui nous avaient rejoins en cours de route. Mais comme chaque être vivant, elle avait ses limites.

« Désolée, je ferais plus attention à l’avenir.
- Bien. Tu as fait beaucoup de progrès en tant que partenaire de route. Elle se tourna alors vers son adversaire. – Et maintenant, à toi d’ouvrir les yeux. »

Je devais l’avouer, à mes débuts, je correspondais plutôt bien au cliché de la capitaine avec les pokémons que je croisais. Mis à part Ace qui paissait totalement outre mon autorité et s’évertuait à m’aimer quand même, et Xya que je considérais différemment, mes premières victimes n’avaient pas été des plus heureuses. Mais nous avions tous cette capacité au fond de nous, le choix d’évoluer et de s’améliorer. C’est ce qui faisait que même dans notre monde en train de sombrer, il y avait toujours de l’espoir.

L’heure du combat final avait enfin sonné. Je sentis la flamme des ponyta derrière moi, qui m’encourageaient du regard à leur tour. Oui, nos nouvelles amies étaient là pour nous soutenir à présent. Elles auraient pu s’enfuir simplement, mais elles choisissaient de rester pour nous encourager. Le pouvoir de l’amitié… merci les poneys. Je ne vous oublierais jamais.

Soudain, j’entendis mon portable bipper dans mon sac. Je jetais un œil inquiet à la cellule, puis me rassurait rapidement : encore Kyûn qui faisait des siennes sans doute. Et après c’est moi qui maltraite les pokémons, non mais où va le monde… Hm ? Cette musique qui flottait tristement dans l’air… c’était lui qui l’avait mise ? Peu importe, je devais me concentrer sur notre combat.


« Laissons-lui le premier mouvement.
- J’allais te le suggérer. Amène toi le poney, » lança t-elle en montrant les crocs.

Etrangement, je sentais que nous étions plus en phase que jamais pour cet affrontement. Nos intérêts étaient communs, et c’était peut-être le dernier que nous livrerions ensemble avant un long moment. Elle semblait avoir parfaite confiance en elle, je me devais d'en faire autant. Néanmoins, alors qu’elle attendait l’action de son adversaire, ses crocs commençaient déjà à s’entourer d’un voile de ténèbres. Si elle venait au contact, une bonne vielle attaque mâchouille calmerait ses ardeurs… et dans le cas contraire, la distance les séparant lui laisserait le temps de passer outre l’attaque et de répliquer. En soi, c’était une tactique efficace pour savoir à quoi s’attendre au prochain assaut et de pouvoir réagir en conséquence. Car aucune erreur n’était permise, cette fois.

Xya - Niveau 44 - Intimidation
251/251 pdv
Mâchouille & Croc Feu & Vengeance & Provoc

Les attaques utilisées sont Provoc puis Mâchouille. Vais pas la jouer bersek, ça serait pas drôle et un peu illogique :3

La foudre frappait de tous les côtés, indomptable, brulant tout sur son passage. La rage se lisait dans ces yeux, ce désir brûlant de vaincre que l’on reconnaissait à tous les vrais combattants. Mais les choses ne pouvaient pas se passer ainsi. Tant de fois les ténèbres rencontreraient la foudre qu’aucune des deux forces ne cèderait. Parce qu’aucune d’elles ne pouvait accepter la défaite.

Se relevant face à moi, la capitaine se cabra soudainement, me menaçant de ses sabots. Mais elle ne le fit pas. Quelque chose l’en empêchait. Quoi ? Elle avait tout détruit déjà, le QG n’était plus que ruines de ce qu’il était. La foudre était passée, et n’avait laissé derrière elle que cendres et désolation. Enfin, la capitaine ouvrait les yeux et faisait face au fruit de sa colère. En quelques sortes, je comprenais un peu ce qu’elle pouvait ressentir. Les émotions étaient parfois trop difficiles à gérer pour une seule âme, à trop vouloir porter ce fardeau on finissait par en perdre le contrôle.

Etait-ce... une larme ? La perle aqueuse roula le long de son museau, avant de se perdre sur le sol carbonisé du QG. Elle baissa la tête, honteuse. C’était finit. Elle reconnaissait ses tords et s’avouait vaincue. Xya s’approcha à son tour, se positionnant à mes côtés face à l’équidé.

« Je reconnais mes torts et j’ai honte de tout ce que j’ai fait. S’il te plaît, humaine, me permets-tu de me joindre à ton équipe ? J’aimerais parcourir le monde comme je le faisais auparavant et t’aider dans ta quête… Me permettras-tu de racheter ma faute ? »

Racheter sa faute, m’aider dans ma quête ? Peut-être avait-ce un rapport avec son ancienne vie, avant qu’elle ne prenne la tête de la brigade équestre de Niam. Je baissai les yeux à mon tour. Certes, j’avais vraiment envie de l’accueillir dans l’équipe, mais après tout ce qui s’était passé, pourrai-je lui faire confiance ? Une larme roula sur ma joue. Une seconde chance. Combien de fois en avais-je donné, combien de fois avaient-elles été gâchées ? Mais a trop douter, on finissait par en refusé à ceux qui les méritent, et une vie brisée ne se reconstruit pas.

« Non Gigi, je dois partir, ici n’est plus ma place. Je vous confie le QG à toi et Frousha, vous en ferez bon usage, prenez donc exemple sur ces jeunes filles dont l’amitié leur a permis d’arriver jusqu’ici.
- Nous ferons ça pour vous capitaine !
- Ne m’appelez plus ainsi, mon véritable prénom est Épona. »

Epona. Un joli nom. Cette musique qui avait résonné tout à l’heure... était-ce ce nom qu’on y entendait, résonnant comme un rêve lointain ? Epona... tu aimais cette mélodie, n’est-ce pas ? Elle qui te rappelait tant de souvenirs... heureux, peut-être trop face à la réalité du présent.

« L’acceptons-nous dans l’équipe ?
- Je n’y vois pas d’inconvénient. Si tu souhaites nous accompagner, tu es la bienvenue. »

Je lui tendis alors la main, caressant doucement son front. Le jugement avait été rendu. Je m’approchai alors de la cage om étaient encore retenus mes amis et leur ouvrit la porte. Ace me sauta dans les bras, tandis que Libra se contenta de sourire faiblement avant de rentrer dans sa balle. Je ramassai mon portable qui avait gardé le lien de la musique. Puisqu’elle semblait avoir une signification particulière pour elle, je devrais la garder en mémoire. Ce serait... notre chant de ralliement.

« Tu n’es pas obligée d’être enfermée tu sais. Si tu veux parcourir le monde avec nous, ce sera mieux pour toi, non ? Et si je veux t’appeler, je n’aurais qu’à jouer ce chant. Je ne chante peut-être pas aussi bien, mais on fera avec. »

Oui, c’était sans doute ce qui lui convenait le mieux. Comme au bon vieux temps... par ailleurs, je n’avais pas chevauché depuis plusieurs années. J’avais eut le loisir de prendre quelques cours dans ma jeunesse, mais c’était bien loin à présent. Galoper au vent à travers les plaines me rappellerait des souvenirs. En amazone, comme lors de nos longues ballades dans les bois. Je me hissai sur le dos de ma monture zébrée et tentai de trouver une position confortable, prenant garde à ne pas glisser lorsque nous prendrions de la vitesse. Cela devrait aller. Avant de partir, je lançai un dernier regard aux deux lieutenantes et aux six amies ponyta qui m’avaient tant aidée dans cette aventure d’un jour.

« Merci à vous toutes. On ne vous oubliera jamais. »

Un filet de lumière rougeâtre absorba mes autres compagnons pour leur épargner la fatigue du voyage. Les sabots claquèrent une dernière fois sur le sol de pierre avant de regagner la terre meuble des plaines de Niam. Un cowboy solitaire s’enfuyant au crépuscule vers de nouveaux horizons, telle était la dernière image qu’elles verraient de leur capitaine avant un long moment. Mais qui sait, peut-être allaient elles se retrouver un jour ? Elles et les six ponyta continueraient à répandre de pouvoir de l’amitié sur l’île et à protéger la paix des plaines de Ryhule. Quant à Epona... seul l’avenir le leur dirait.