Adieu... ma fille [PV : Garth + Abel, + 1 connaissance de Tina libre]

Spoiler:

Une brise légère planait sur Doublonville, un soleil qui fut éclatant tout au long de la journée commençait peu à peu à perdre de sa luminosité à mesure qu'il se rapprochait de l'est, les arbres dénudés voyaient leurs feuilles voltiger au ryhtme imposé par les aléas des courants frais, l'obscurité montrait timidement le bout de son nez, élargissant certains de ses coins d'ombres, tandis que la teinte des rayons solaires prenait une couleur mordoré foncée.
Une magnifique fin d'après-midi en somme.

Magnifique pour certains, funeste pour d'autres.

Le long de la route de Rosalia, à la sortie de Doublonville, se trouvait le cimetière local. Cimetière qui accueillait en cette fin de journée un nouvel occupant...
Un petit monde était rameuté au "lieu de repos des morts, des gens jeunes et moins jeunes, tous habillés de noir, la majorité ne cessant d'essuyer des larmes coulant le long de leur visage, observaient de leurs yeux humides un cercueil avançant lentement, sûrement, à l'endroit qui allait devenir la demeure éternelle de cet arrivant dans le monde des défunts...
Des gens cependant restaient stoïques, ceux portant le cercueil. Leur expression faciale était cachée par la visière de leur sombre casquette, et leur mine demeurait inexpressive. Aucune larme ne coulait le long de leur joue. Ils agissaient professionnellement, non pas car il relevait de leur profession d'agir ainsi, ils n'étaient pas croque-morts, mais pour la simple et bonne raison que leur supérieur hierarchique avait ses yeux rivés sur eux, et qu'éprouver le moindre signe de compassion, de tristesse pouvait être répressible... telle était le Crédo d'un Rocket qui avait le rare privilège de faire partie du cercle rapproché du grand parrain de la Pokémafia. Privilège qui se transformait en ce jour, en un fardeau.

Fardeau qui consistait à porter le cadavre de la fille du Boss de l'ultime Team Rocket...

L'atmosphère était paradoxale à la splendide météo du jour, un silence plat régnait dans le lieu de recueil, seulement rompu par les paroles solennelles du prêtre, membre éminant de la Team, désigné pour la bénédiction, et par les nombreux pleurs étouffés dans des mouchoirs... la bise légère apportait une caresse glaciale sur les joues humidifiées des membres de la famille Sbreggia, et de ses proches. Seule Roberta manquait à l'appel... Ce qui pouvait paraître, dans un sens, louche qu'elle ne vînt pas assister à l'ensevelissement de sa propre fille... On murmurait qu'elle ne se remettait pas de cette fatidique nouvelle, et avait préféré fuir dans son pays natal, afin de reprendre sa vie à zéro, couper les ponts avec tout le monde, tant le choc de la disparation de son enfant unique lui avait été insupportable...

Tout le monde adoptait cette théorie-là. Tous. A l'exception de l'homme qui suivait d'un pas lourd le cercueil contenant ce qui restait de l'adolescente. De son adolescente... Enfin, presque...

Habillé d'une chemise repassée au millimètre blanche, d'une cravatte noire, d'un tuxedo et d'un pantalon de la même couleur, les cheveux coiffés en arrière avec du gel, à l'exception de courtes mèches tombant sur son front, Giovanni Sakaki précédait le pas de ses subalternes qui s'accomodaient de leur dure tâche.
Ses traits faciaux avaient vieilli d'une bonne dizaine d'années, son teint d'ordinaire bronzé avait passé au clair maussade, des cernes témoins de nuits blanches formaient des fossettes sous ses yeux, et il affichait une expression pensive, tortureuse.

Lui seul était détenteur de la vérité.

C'était d'ailleurs pour cette raison que ses yeux parvenaient à rester aussi secs que son coeur.

Des mois. Il lui avait fallu des mois pour planifier cette macabre mise en scène.

Tout avait germé dans son esprit après avoir réuni ses trois enfants autour d'une table, après avoir entendu les dernières phrases de sa fille, qui avaient été :
-"Je me demande ce que je fais ici. C'est vrai quoi, vous êtes une famille... et moi je suis quoi ? La bâtarde de service... Vous savez ce que c'est d'avoir un père, et moi pas....
-J'aurai préféré plutôt vivre dans la misère et que papa s'occupe de moi !"

Les mots crûs de Tina... sa réaction vive à sa proposition qu'elle reste avec lui, par sûreté, pour prévenir l'attaque des terroristes qui risquait d'être, vu l'attention de la Team de les trahir... qui la toucherait elle... à quoi elle avait répondu "excuse-moi mais je pense que tu me sous-estimes, si j’ai quitté le domicile familial c’est bien parce que j’en avais assez que l’on soit toujours derrière mon dos, je ne veux absolument pas revivre ça ! Alors c’est non, tu n’as pas confiance en mes capacités je vois, mais ce n’est pas à toi d’en juger vu que tu ne me connais pratiquement pas et que tu t arrêtes à une stupide défaite !"

Tout cela l'avait amené à prendre cette décision fatidique... le jour-même...

Tuer sa fille. Pour la protéger...

Le cercueil continuait sa tragique course. Des cordes portatives se chargèrent d'abaisser doucement le tombeau humain à son origine... à la terre, dans le trou préalablement creusé...

Sakaki s'était arrêté, et observait fixement la boîte faite de bois s'enfoncer dans les profondeurs du trou, alors que de multiples souvenirs assaillaient sa mémoire....

*****

"Papa, c'est toi ?"

Une petite bouille de dix ans lui faisait face, la mine mitigée entre surprise, timidité et joie, se dandinant sur ses pieds, tandis que sa main caressait une de ses joues rosées, lui offrant de l'autre une sphère rouge et blanche...

*****

Désormais le cercueil était posé, les Rockets en charge de l'enterrement avaient saisi des pelles et commençaient à enterrer définitivement le corps reposant dans
le tombeau fait de bouleau...

Giovanni, lui, renifla discrètement avant de croiser ses mains derrière son dos, ne sachant détacher son regard sombre du cercueil se faisant peu à peu ensevelir.

Cette planification lui avait demandé des mois de travail...

Des mois pour obtenir des visas, des nouveaux papiers d'identité, étant même des vrais, produits par un infiltré du gouvernement étranger en question, des mois pour l'inscription à la HED (Haute Ecole de Dressage) de Tina, des mois pour un prélèvement de fonds suffisant, des mois pour trouver un travail d'avocate à Roberta... des mois pour construire un cadavre...
Ses scientifiques avaient travaillé jours et nuits pour obtenir une chaire synthétique venant de grands centres médicaux, utilisée pour la reconstruction faciale de grands brûlés, des mois pour obtenir un corps humain plus ou moins semblable à un vrai, quelques jours pour prélever des organes de porc et les intégrer dans le faux mannequin afin d'obtenir les fines particules qui s'évaporent dans l'air lorsqu'un corps humain brûle, quelques heures pour faire un prélévement dentaire sur Tina afin de le calquer au mannequin, les dents étant le seul moyen d'identification concernant les victimes d'un sinistre incendiaire. Des mois pour créer le scénario parfait :

Tina, seule dans son manoir, dans sa chambre, à l'étage supérieur, ne soupçonnant pas une fuite de gaz, désire allumer une bougie odorisante...
Le manoir prend feu après l'explosion, puis brûle, et finit par s'écrouler, tout ce que l'on retrouve de l'adolescente est un corps totalement brûlé, explosé...

Voilà le rapport officiel décrivant la mort d'une pauvre jeune fille, à son domicile...

La réalité étant officieuse, est toute autre... Tina, à l'heure où ses amis, ses proches la pleurent, pensent à elle dans la douleur, est à des milliers de kilomètres de là, en train de dormir dans un avion touristique, ayant à son bord plusieurs centaines de passagers, s'apprêtant bientôt à atterrir, la demoiselle elle s'apprêtant sans vraiment s'en douter à bientôt trouver un nouveau chez-soi, des nouvelles connaissances... une nouvelle vie. Sans père. Définitivement.

Pour assurer sa sécurité, Giovanni avait dû couper les minces liens qui les unissaient. Et... même en sachant que son enfant vivait, était en pleine santé, il n'y avait pas grande différence pour lui... Jamais plus il ne pourrait la voir. Jamais plus il ne pourrait la serrer dans ses bras. Jamais plus il ne pourrait assister à un de ses combats Pokémons....
Roberta... avait... accepté d'accompagner sa fille, de rayer sa vie également, à condition que plus jamais il ne la revoie. Il n'était pas dans ses attentions de tenir ses promesses, mais il savait la femme suffisamment déterminée pour se charger d'acquérir de nouveaux papiers, de se forger une nouvelle identité, et de lui faire perdre leur trace... à jamais. Aussi, il avait essayé de faire suivre ces deux femmes de sa vie, mais la bourgeoise s'en était aperçue, avait neutralisé les sbires, et avait pris un vol légèrement différent de celui planifié... Sakaki avait beau tenté de les filer, cela n'avait pas fonctionné... il savait pertinemment que sa fille... était réellement morte, pour lui...

Un sanglot bruyant vint perturber le discours du religieux, émanant de celle qui avait sûrement été la professeure de sa fille à l'école de dressage de la région... Le prêtre débitait sa dernière prière, alors que les personnes en deuil se tenaient dans les bras pour aider à surmonter la douleur, le visage déformé par la peine, les yeux inondés de larmes.

Des nuages commencèrent à faire leur apparition, alors que l'intensité solaire commençait à faiblir considérablement, et que les gens s'en allaient, par petits groupes, ne supportant pas le poids de leur perte familiale, amicale, proche...

Le cimetière se vida... lentement, sûrement. Le prêtre, une fois sa bonne parole terminée, resta un moment par respect, puis regagna les autres, à l'Eglise. Pour l'apéritif commérotatif qui s'y déroulait.

Giovanni resta parmi les derniers, observant la sépulture faisant face devant lui, qui n'était rien d'autre qu'un trou rempli, sur lequel se trouvait une croix de bois, où était écrit la date de naissance et de décès présumé de Tina Sbreggia.
Il remarqua d'un oeil distrait que désormais le cimetière était quasiment vide, restant seulement deux à cinq personnes qu'il n'avait pas pris la peine d'itentifier, le mafiosi ayant seulement envie de se replonger encore un moment dans ses souvenirs, de savourer les derniers vestiges qu'il avait de sa benjamine...

***

"Papa, c'est toi ?"

L'adolescente à la chevelure émeraude l'observait d'un air incrédule, ravi. Il se jeta dans ses bras, elle l'accueillit, surprise, mais rassurée. Vint Abel...

Le premier, unique combat que Sakaki put voir de sa petite dernière... se déroula à ce moment-là. Il fut serré... et lui... Il avait pris un plaisir incroyable à observer la tenacité de sa cadette à lutter pour la victoire... victoire qui malheureusement ne vint pas. Il se souvint de la déception qu'il avait ressentie à cet instant, de son regard austère, de la honte de Tina...
Mais il lui avait pardonné cet échec. Car c'était sa fille. Il l'avait épaulée, accompagnée au centre de soin le plus proche. Ils avaient parlé... et lui avait reproché des choses... il s'était expliqué.... elle avait montré sa jalousie envers son aînée, il lui avait imposé de devenir plus forte. Elle avait répliqué : "Tu peux compter sur moi". Puis avant de la laisser, il lui avait à nouveau offert, comme il y avait six ans en arrière, une Poké Ball... Elle avait été très reconnaissante... et l'en avait remercié...

Ce fut la dernière fois qu'ils se quittaient en de bons termes...

***

Un con. Il avait été un con. Et le voilà qui commençait à sentir des gouttes couler sur ses joues...

[Désolée du retard... Et de la réponse pas terrible.]

Parfois… Garth avait vraiment du mal à comprendre Meister. En fait, la famille Sakaki toute entière, en passant par Madame Boss, Boss junior, Chocolate Di Luce, la défunte, l’oncle, et la santé mentale de l’oncle en question. Ca avait été une sacrée surprise, mais c’était dans la mesure de l’envisageable, donc Garth n’y avait vu qu’une ironie du sort, qui en d’autres circonstances que celle de ce jour eut été… amusante.

Pourquoi dire cela?

La fille de Giovanni… Tina… était morte. Le scientifique, pris d’effroi car il comprenait tout à fait à quel point leur douleur devait être grande, et pensait même qu’elle était plus grande qu’il ne pouvait l’imaginer, se rendit alors chez eux… Giovanni était occupé, et on ne le laissa pas entrer, quoi de plus normal. De plus il supposa que celui-ci était parti, probablement avertir ses autres enfants et se réunir avec eux… Compréhensible. Il se rabattit donc pour aller voir son frère juré, et oncle naturel de la défunte.

Et fut pris de la plus grosse des incompréhensions en voyant le frère en train de déjeuner très tranquillement sur le toit de l’arène, en compagnie de Nephtys et de leurs Pokémons en train de batifoler. N’avait-il pas juré de protéger sa nièce… un échec pareil ne l’attristait pas plus que ça? Certes, ce n’était pas officiel et sans doute la jeune fille ne savait même pas qu’elle avait un oncle, mais lui… Il vivait très mal d’ordinaire de rater quelque chose, alors ce qui était si important… le laissait de glace? Peut-être bien qu’il ne faisait rien paraître car c’était pas officiel… Peut-être qu’il était sous écoute? Garth s’avança néanmoins du toit de l’arène fermée où Gardevoir l’avait téléporté… Ce truc était toujours ultra protégé, elle semblait gênée, ne pouvait pas y entrer. Il avait sûrement mis les systèmes d’alarmes en place, et le répulsif aussi. Mais, il l’ignora complètement.

« … Meister? »

« Yosh. » grogna ce dernier, inhabituellement calme, sirotant ce qui avait l’air d’un cocktail le plus simple qui soit. Nephtys dormait sous un parasol sous le soleil éclatant de midi. C’était quelques heures auparavant…

« … Tu vas bien? Est-ce que tu voudrais… Passer à la maison ce soir, après la veillée? Ca vous ferait peut-être du b… »

« Je suis en pleine forme, en train de savourer le soleil avec ma femme, je vois pas pourquoi je serais malheureux. Si, y a ce vieux plouc de Chen qui traîne dans le coin, à la limite ça, ça pourrait me gâcher la journée. Pourquoi? »

« Tu… n’est pas au courant? Tina… Elle est morte… »

Le Champion ne tressaillit même pas et bailla longuement, étirant ses bras, puis s’assit sur le transat où il roupillait avant. Garth nota alors qu’il avait vraiment pas froid, à se balader en maillot de bain sur sa terrasse en plein mois de mars. D’ailleurs il venait d’en faire construire une, là, non…? Les yeux d’or ambrés du barman se posèrent tranquillement sur la personne de son ancien camarade du laboratoire pokémon, sans exprimer la moindre tristesse ou mélancolie, juste de l’ennui.

« Ha. C’est bien, ça me fait une belle jambe. »

« Qu-quoi?! » s’étouffa Garth. Il était peut-être sous écoute, mais quand même… Être aussi froid quand quelqu’un vient vous annoncer un décès… Il aurait pu prétexter qu’il ne connaissait pas cette personne, qu’est-ce qu’il avait en tête précisément? Toutefois, le métis sut déceler chez son ami, habile menteur, un léger sourire ironique. Donc, il le faisait tourner en bourrique et avait un message à lui faire passer… Ou pas.

« Je la connaissais que de nom, qu’est-ce que tu veux que j’en ai à fichtre. J’veux bien qu’Esti ça lui fasse mal au cœur, mais moi j’en ai rien à cirer… »

« … » Garth comprit rapidement que Meister faisait exprès de ne pas comprendre. Peut-être qu’il essayait de lui dire qu’ils étaient surveillés… Ou peut-être encore autre chose… Mais le métis ne pouvait pas lui poser de questions. Il acquiesça et fit semblant de comprendre, de ce qu’il savait juste, Esti était un des hauts chefs de la police avec qui Meister avait fait connaissance. En tant que Champion d’Arène, c’était totalement justifié. Quand à Garth, son appartenance à la Team était sensée ne pas être connue du Champion. Bon… Quelle que soit sa raison, Meister n’irait pas à l’enterrement, et il faisait tout pour ne pas être affecté.

« … Très bien… Alors je me suis trompé. Bonne journée. »

Le métis disparut dans une téléportation. Il ne comprenait pas tout… Visiblement le champion savait quelque chose dont il n’était pas au courant. Mais quoi? Maintenant, il était l’heure de confier Phénix à ses grands-parents, à Irisia, et se rendre bientôt à l’enterrement, apporter son soutien à Giovanni. Peu importe leurs différents, aujourd’hui le patron de la Team Rocket n’était qu’un homme, pour lui… Les Teams et les évènements du passé n’existaient point non plus.

************

La mine sombre, et pour une fois ayant échangé sa tenue de scientifique contre un costume noir et un chapeau de feutre sombre, Garth ne se fondait toujours pas dans la masse. Un borgne en rastas, de toute façon, ça ne passe pas inaperçu. Mais, Giovanni s’y trouvait… Déjà. Il y avait les proches de Tina Sbreggia, la fille cadette du patron, plusieurs gens en sanglots… Mais pas la mère. Tina était supposée être morte dans un accident, mais sa mère aurait du se trouver au même endroit… Était-elle à l’hôpital? La présence de Giovanni serait-elle un frein à sa présence… Ou autre chose, mais que Garth n’osa pas entrevoir, ne serait-ce qu’un bout de l’ombre.

La réaction de Meister, si froide et indifférente, était en soi une preuve de cette théorie qui se formait dans l’esprit du scientifique. Mais c’était une pensée tellement affreuse et inconcevable pour un père qu’il ne put la croire vraie. Se pourrait-il qu’en réalité personne ne soit mort et que ce soit un faux enterrement…? Ca avait déjà été fait de maintes fois dans la mafia, mais pour le scientifique, s’il s’agissait d’un acte rationnel tout à fait crédible, c’était impossible pour un père de l’imaginer… Il resta à l’écart, le regard au sol, sinistre.

Impossible.

Juste impossible. Et Giovanni… Avait peut-être juste du mal à le concevoir? A comprendre ce qui se passait? Il croyait peut-être au fond de lui que ce n’était pas réel, d’où le manque d’expression de sa part… Ou peut-être ne voulait-il pas craquer devant tant de monde. C’était possible aussi. Lui… Il n’aurait jamais pu rester aussi calme. Peut-être que si. Qui peut savoir comment il réagira au décès d’un de ses êtres les plus proches, la chair de sa chair. S’il devait arriver quelque chose à Phénix… Non, il ne pourrait pas le supporter.

Mais c’était fini, déjà. Et Giovanni restait là, devant lui. Pleurant, en silence… Qu’il y a-t-il de plus dur au monde que de voir un homme accompli craquer? Bordel! Il ne pouvait pas mentir… Pas mentir sur ça! Son frère était sous écoute ou quoi, de ne pas venir dans cette épreuve, ou il n’osait pas se montrer là pour qu’on ne le comprenne pas… Garth se maudit d’avoir douté de Giovanni. Personne ne s’amuserait à mentir sur la vie de sa fille, même pour la protéger. C’était crédible… Mais…

« Monsieur, nous nous retirons. S’il y a un problème veuillez en rendre compte à la vigie à l’entrée du cimetière. Mes condoléances au père. »

Garth prêta à peine attention au chef de la police qui avait sécurisé les lieux autour du cimetière. Une bagarre de gangs était à éviter, certes… Mais pourquoi n’avaient-ils pas agi? Ca, c’était pas compréhensible du tout, aussi en le réalisa leva-t-il la tête vers le type qui venait de lui parler. Ce dernier partait vers le dehors, là où étaient les autres flics, et dans la voiture une tête grise foudroyait ce gaillard du regard… Eux aussi, c’était quoi encore que ce mensonge? La police qui sécurise une cérémonie mortuaire où se trouvent de nombreux membres de la criminalité, et n’arrête personne? Il y avait un type sacrément imbu d’honneur là-dedans. Qui n’avait pas voulu parler au père en train de se recueillir, logique, préférait lui demander à lui.

Garth soupira et jeta un bref coup d’œil à ceux qui restaient, et attendit que Giovanni soit prêt à partir. Mais en fait, il ne put attendre, et vint lui adresser une accolade masculine simple, mais pleine de sens, et de soutien.

Le soleil brillait, la journée aurait dû être magnifique. Un école Pokémon partait en excursion, avec pour but une visite au Dojo de Danse de Rosalia. La journée devait être mémorable. Cependant la maîtresse d'école sentait confusément que quelque chose n'allait pas.
Habituellement, Doublonville était une ville très vivante, dynamique, et lorsqu'ils partaient en excursion et devaient traverser la ville, elle était bien plus bruyante ! Mais aujourd'hui, un silence de plomb régnait sur la ville, qui semblait décédée.
Les Snubbuls des aristocrates n'étaient pas sortis pour profiter du beau temps, pas plus que les Ratattas des enfants. Pas un bruit n'était audible.
Mais soudain, un léger son se fit entendre, les enfants tendirent l'oreille, étonnés par ce timbre mélancolique qui résonnait dans ce silence absolu. La maîtresse, elle, commençait à comprendre. Elle pressentait que la journée, magnifiques pour les enfants, ne le serait pas pour tout le monde. Et lorsqu'ils passèrent à côté du petit cimetière, le sombre pressentiment de la maîtresse d'école se confirma. Elle fit nerveusement presser le pas aux innocents enfants qui ne comprenaient toujours pas quel était ce chant.

Un chant funèbre. Quelques enfants chantaient air si sombre et mélancolique qu'il semblait se peindre sur le visage de toutes les personnes présentent dans le cimetière à ce moment là. Un prêtre prononçait maladroitement une oraison funèbre, louant les qualités merveilleuses de la défunte, qui était enfermée dans le cercueil.
Un cercueil, portés par des hommes, quelques rares hommes qui eux, n'avaient pas une mine triste et dépitée. Ils agissaient professionnellement.
Un simple cercueil de bois vernis noir.
Sa dernière demeure.
Pour l'éternité.

Lorsque le coffre de bois entra dans les profondeurs de la terre, les pleurs des personnes présentent redoublèrent. Chaque pelletée de terre qui allait inexorablement recouvrir le corps de la défunte provoquait cris et larmes des personnes présentes, qui se serraient les unes contre les autres. Comme pour vérifier qu'elles étaient en vie. Comme pour partager leur douleur.
Soudain, la terre ne voltigea plus, le cercueil était totalement recouvert par la matière sombre et froide.
La croix de bois fut posé à l'emplacement de l'ancien trou. Sa tombe. Son hommage.
Chaque personne se succéda devant la tombe, pleurant, criant devant elle. Remerciant la défunte de tout ce qu'elle avait fait pour eux, de ce qu'elle avait été.
Chaque mot prononcé était approuvé par les membres de la familles, qui remerciaient chaque personne venu assister à l'enterrement de la jeune fille.
Puis vint le tour d'un inconnu. Tout de noir vêtu, comme toutes les personnes présentes, il resta quelques secondes face à la tombe, ses yeux d'or voilés qui regardaient silencieusement l'inscription.
Ci-git Tina Sbreggia.

C'était court, mais cela suffisait. Abel Kujaku détourna le regard. Puis il regarda de nouveau la tombe.
Ci-gît Tina Sbreggia.

La bouche du jeune homme s'entrouvrit, pour laisser entendre un seul et unique mot :

-Merci.

Merci. Il n'avait croisé la jeune fille qu'une seule fois. Pas loin d'ici d'ailleurs...Son premier combat, sa première victoire, mais la leçon qu'il en avait tiré et les conséquences sur son futur avait été incroyable, dépassant toutes ses prévisions les plus folles. Grâce à elle.

Il avait appris la nouvelle il y a de ça deux jours. Un mail, qui venait de son l'organisation, était arrivé sur son téléphone, et l'avertissait de la triste nouvelle. La mort de la fille du Boss. Sa présence avait été requise pour sécuriser le périmètre, parce qu'il était bon dresseur, et que la police pourrait décider de s'incruster, si jamais le Patron était si démoli par le décès qu'il ne parvenait pas à se défendre.

Le coordinateur se retourna, étudiant chaque visage, chaque expressions. Outre ceux des proches, effondrés, et ceux des connaissances, comme lui, qui affichaient seulement un air sombre, Abel réussit à apercevoir quelques personnes qui affichaient un air neutre, voir indifférent. Des agents de la Team Rocket...Donc par conséquent, lui aussi devait être là...
Abel regarda tout autour de lui, enfin il découvrit ce qu'il cherchait. L'ex-champion de Jadielle, Giovanni Sakaki. Autour de lui, quelques personnes qu'Abel ne tarda pas à identifier comme étants de simples sbires Rockets, qui paraissaient...fascinés par le spectacle que leur chef leur offrait. Parce que...le grand manitou de la Team Rocket pleurait.
Lui, qui était ordinairement si froid, si impassible, à tel point que l'on pouvait douter de la présence d'un coeur dans son corps pleurait.Son visage habituellement inexpressif où tranchant semblait démoli par l'annonce de la mauvaise nouvelle. Et ses sbires le regardaient, fascinés et étonnés par ce spectacle. Abel maugréa un « Bande de vautours » dans sa barbe. D'après ce qu'il savait, la famille était pour Giovanni ce qu'il y avait de plus important. Il en avait fait une de ses raisons de vivre les plus importantes et...
Maintenant il ne pourrait plus jamais revoir sa fille cadette.

Abel jura. Ils comptaient rester là longtemps ? Le Rocket finit par prendre la résolution de faire bouger les agents, afin de laisser leur chefs à eux comme à lui seul, il en avait probablement grand besoin. Mais une autre personne fit son apparition, et prouva que le jeune garçon avait probablement tort.
Garth Maise. Un des plus vieil ami de Giovanni et une des personnes qui le connaissait le mieux. Il venait de parler avec un homme, qui se dirigea vers une voiture de police. ...Police ? La police était ici ? Donc elle devait être au courant de la présence de Giovanni et ne cherchait pas à l'arrêter ?
Étrange...mais les soupçons du jeune homme s'évanouirent lorsqu'il vit Garth qui faisait une simple accolade à Giovanni. Abel, oubliant toute réserve, et la présence de la police, alla se porter à son tour à côté de son patron, et lui posa tout simplement une main sur l'épaule. Tout simplement. De la part d'un de ses employés qui l'avait haï il y a encore peu de temps.
Mais en ce moment, la seule chose que Abel voulait transmettre à son patron était le soutien, même s'il ne pourrait jamais le soutenir aussi bien que Garth le faisait.

L’espace d’un instant, Garth crut devenir fou de rage.

Pas parce que Giovanni était redevenu presque de marbre, ni qu’Abel se comportait avec lui comme le faisait Garth, un ami de décennies plus ancien que lui. Ce n’était là que foutaises. Mais d’entendre la vérité, la falsification de la mort de Tina, le mettait en rage. Il pouvait comprendre, là n’était pas la question. C’était même quelque chose de très noble. Mais bon sang, quel genre d’homme, quelle genre de machination se trouvait derrière pour avoir cette idée même? La guerre? Des mafias, ou des idéaux? Dans tous les cas, rien de rien ne devrait forcer un père à tuer sa fille, même si ce n’est pas vrai. Et aucune père ne devrait normalement arriver à se résigner à cette mascarade. Enfin, ce n’était pas à lui de juger, sur ça…

« Il le savait… » se contenta de murmurer Garth, de manière tout aussi énigmatique. Il ajouta, dans son esprit: « Meister le savait. » Et encore, la brillance de ce type l’étonnait. Capable de deviner la vérité en quelques éléments… D’un autre côté, Doublonville était sa ville, son royaume. Qu’il sache ce dont il retournait n’était que chose normale. Cependant il lui avait dit, que tout ça n’était qu’un jeu, carnaval, sans même avoir l’air de le dire. La justesse de déduction de Garth lui échappait… Ou bien? Devenait-il vraiment vieux… Non, son frère juré l’était plus encore. Mais il était probablement trop doux, peut-être trop optimiste pour ce monde, et à la fois trop pessimiste, pour suivre l’esprit humain.

Il avait l’impression… de vivre dans un autre monde.

Mais ce qui le rattachait ici, l’empêchait de vivre sa vie, de changer son propre monde, de s’accomplir, n’étaient que les réminiscences de son ancienne vie qu’il avait fui, dont il voulait protéger Phénix. Les réminiscences sous la forme des Quetzacoalt. De leur lutte avec les Rockets, qui avait forcé Giovanni à faire tuer symboliquement sa propre fille pour qu’ils ne le fassent pas d’abord. Il entendit le mafiosi indiquer qu’ils devaient passer aux choses sérieuses… Mais ça n’empêcha pas le scientifique de pester. Libres de vivre, libres d’étudier, libres de penser. Qu’est-ce qu’il fallait faire, bordel, pour que le monde puisse laisser ce droit à tous, dans leur intégralité?! Démanteler les Quetzacoalt et les Rockets… Mais eux, ce qui les avait conditionnés ainsi, il fallait le détruire ainsi.

Garth n’était pas aussi cinglé ni brillant que Meister. Pas aussi gentil et optimiste que Rivu, ni aussi naïf. Mais il était grand philosophe, et changer le monde, découvrir pourquoi - pourquoi?- tout se passait, son but, permettrait de changer leur monde. Donner un sens à tout, pouvoir changer ce qui n’en a pas, modifier ou comprendre mieux ce à quoi on ne peut échapper.

La localisation d’Artikodin… Celle de Sulfura… Manquait Electhor.

Garth dut redevenir, l’espace de quelques instants, le scientifique piégé dans les propres méandres de ce qu’il avait conditionné. S’il n’était jamais parti, Mewtwo n’aurait peut-être pas tout brisé. Il ne se serait peut-être même pas crée… Il n’aurait pas détruit Giovanni, la Team Rocket serait restée forte, les Quetzacoalt n’auraient pas pu se créer. Mais il serait toujours piégé à œuvrer dans ce qu’il ne voulait pas, il n’aurait pas acquis l’influence actuelle sur Giovanni… Et surtout, Phénix ne serait jamais née. Le destin était imprévisible. Qu’allait-il advenir de leur entreprise… Pas le big bang. Pas la destruction totale de l’humanité. Des conséquences néfastes, et positives s’extirperaient de la situation qu’ils allaient créer.

Et Garth allait veiller au grain, étudier les futurs possibles, et voir ce que lui pouvait faire. Il était maintenant temps de parler stratégie.

« Nous sommes prêts. Abel, selon Meister, a été contacté par quelqu’un qui l’a mis en relation avec l’un des Pokédex-holders… Un allié de poids. J’espère trouver un allié, sinon j’irais moi-même… Mais il nous manque Electhor. Giovanni, allez-vous vous y rendre vous-même, ou allez-vous envoyer Lysander? Il essaie de nous recontacter depuis quelques jours… »

… Il tenta de chercher quelques arguments… puis finit par pester.

« ... Ceci... est dans l'immédiat. Je ne comprends pas ce monde. Je ne veux pas que mes enfants vivent… dans un monde où la mort frappe n’importe quand. J’ai un grand plan pour le futur… je crois qu’il peut changer le monde. Mais seul, je risque de dévier. M’aiderez-vous? »

Abel laissa sa main sur l'épaule de son patron pendant quelques dizaines de secondes.
Le temps de lui faire comprendre ce qu'il espérait lui transmettre.
Le temps de croiser son regard, alerte et pourtant noyé sous les larmes. A la douleur que le jeune homme lisait dans le regard de Giovanni, semblait cependant s'ajouter autre chose. Un sentiment indescriptible, qu'Abel ne parvenait pas à comprendre.
L'ancien champion de Jadielle finit cependant par se reprendre, essuya les quelques larmes qui perlaient encore aux coins de ses iris, avant de lancer, d'une intonation de voix inégale :

"Tina n'est pas morte... Mais je ne peux pas en parler pour le moment..."

Pendant une brève et folle seconde, le coordinateur cru que l'annonce du décès avait anéanti encore plus qu'il ne le pensait le criminel le plus recherché du continent. Que pour réussir à surmonter la mort de Tina, Giovanni avait du se persuader qu'elle était encore vivante, en pleine santé. Qu'elle reviendrait le voir, l'appeler « Papa », lui offrir son sourire.
Abel le cru.
Avant que son cerveau ne se remette à fonctionner normalement. Qu'il comprenne l'implication de ce qu'il venait d'être dit. Si Tina était vivante...cela signifiait que son enterrement n'était qu'une mascarade. Et si il s'agissait d'une mascarade...Giovanni y avait forcément pris part. Mais cependant, Abel ne parvenait pas à identifier la raison qui avait pu motiver cette simulation... Qu'est ce qui aurait pu motiver un père à tuer socialement son enfant ?
Le jeune homme vit Garth se crisper de colère. Ce dernier avait compris. Abel fixa Giovanni, qui semblait aux prises avec ses sentiments, mais qui finit par reprendre la parole :

"Toutefois... on se doit d'accélérer les opérations contre les Quetzacoalts..."

Abel sursauta, sous le coup de la compréhension. Cette phrase ne pouvait pas être anodine. Pas maintenant. Giovanni avait...sacrifié l'ancienne vie de Tina, dans le but de la protéger des méfaits de la Team Quetzacoalt. Et...si il voulait vraiment faire croire qu'elle était morte...Il ne devrait plus jamais la revoir, et cela, il devait le savoir pertinemment. Les larmes que le Boss avait versé tout à l'heure revinrent en mémoire du jeune homme...Oui, il le savait pertinemment.

"Abel... Sulfura se trouve aux alentours du Plateau Indigo selon nos informations... On ignore encore précisément où... mais ta rencontre avec notre atout de feu sera imminente... sois prêt. Et pour Artidokin... il se situe vers les Iles Ecumes... A partir du moment où on saura préciséement leur position, le déroulement des opérations va être très rapide... je tenais à vous informer d'être prêt..."

En effet...Ils allaient devoir agir vite. Tout sauf que Giovanni ne doive sacrifier un autre de ses enfants. Pas Chocolate, ni Silver. Il ne...fallait pas qu'il en soit réduit à une telle extrémité. Pas qu'il courbe la tête une fois de plus devant les Quetzacoalts. Pas qu'il soit obligé de s'enfuir, une fois de plus.
Garth, en reprenant la parole, le fit sursauter :

« Nous sommes prêts. Abel, selon Meister, a été contacté par quelqu’un qui l’a mis en relation avec l’un des Pokédex-holders… Un allié de poids. J’espère trouver un allié, sinon j’irais moi-même… Mais il nous manque Electhor. Giovanni, allez-vous vous y rendre vous-même, ou allez-vous envoyer Lysander? Il essaie de nous recontacter depuis quelques jours… »

Ah oui...Gold. D'après ce qu'il savait, il allait rencontrer Sulfura en compagnie de ce Gold, dont il ne savait rien. Mais si Meister l'avait recommandé, c'est qu'il avait de bonnes raisons de le faire... Abel fit un signe de tête à ses deux Patrons, puis porta un doigt à ses lèvres :

- Changeons de local, les tombes ont des oreilles ici...

Le jeune homme désigna un policier, qui s'approchait, où plutôt tentait de s'approcher silencieusement des trois hommes, en se cachant derrière un caveau. Son Badge luisait sur sa poitrine. Abel l'avait vu tout à l'heure, sans vraiment le vouloir, avait retenu son nom... « Warren Vidic ».
Sans qu'il ne sache vraiment pourquoi, un très mauvais pressentiment commençait à s'emparer de lui...

L'air perturbé, voire choqué, du métis après sa première déclaration n'échappa pas au mafieux. Ce "Il" susurré plus pour lui même que pour Abel et lui devait obligatoirement se rapporter à son aîné... Meister le savait. Comme l'avait pensé Sakaki... rien de bien étonnant, son frère avait toujours eu le don de surveiller la moindre de ses dépenses suspectes... et de deviner ce que Giovanni calculait pour être indevinable. Pas pour rien qu'il était surnommé le "Maître des Énigmes" après tout.. Toutefois, le quadragénaire eut du mal à comprendre la réaction colérique du savant après cette déclaration. Il ignorait contre qui cette frustration était tournée, bien qu'il pensa qu'elle lui était destinée, comme cela avait souvent été le cas. Garth étant un être tellement pacifiste qu'il ne parvenait à s'énerver que contre le whiskey qu'il ne digérait pas et l'homme qui lui avait privé de sa famille... Et dans ce cas précis, il doutait que le whiskey soit à l'origine de ces injures proférées à voix basse...

Heureusement, Abel eut une réaction moins vive. Le jeune homme sembla perdu, comme l'avait prévu le pokémafieux suite à sa déclaration. Mais il fit rapidement le lien entre les différents éléments et la réalité probable qui s'en dégageait, au vue de son expression faciale pensive. Tellement pensive, qu'il sursauta lorsque le borgne prit la parole pour confirmer qu'ils étaient prêts... et donner certaines informations à propos du plan...

Un Pokédex Holders ? Comme allié... L'idée n'était de loin pas mauvaise, ces derniers étant des combattants et des dresseurs reconnus pour leurs aptitudes remarquables et leurs affinités particulières avec l'espèce Pokémon. Une bonne idée en soit... tant qu'il ne s'agissait pas d'un gamin... surtout pas d'un de la même trempe que celui qui l'avait vaincu quelques années auparavant... D'ailleurs à la pensée de sa dernière rencontre avec celui possédant "le Pikachu", le mafiosi eut une légère crispation de la mâchoire... Crispation qui se détendit lorsque Garth aborda le chapitre "Elekthor" ...

Chapitre qui ne fut pas poursuivi directement car Garth pesta d'une façon qui ne lui ressemblait absolument pas et choqua son meilleur ami qui ne l'avait jamais vu aborder un air aussi déconfit... et amer... encore plus amer que lorsqu'ils étaient parvenus à faire une mitose synthétique des cellules de Mew...

« ... Ceci... est dans l'immédiat. Je ne comprends pas ce monde. Je ne veux pas que mes enfants vivent… dans un monde où la mort frappe n’importe quand. J’ai un grand plan pour le futur… je crois qu’il peut changer le monde. Mais seul, je risque de dévier. M’aiderez-vous? »

Les yeux grands ouverts sous l'effet de surprise, Sakaki fronça légèrement les sourcils... tentant de percevoir dans l'iris du savant un méandre de folie... qu'il ne trouva guère. Un sérieux, une franchise et surtout, une détermination qu'il ne lui connaissait pas étaient nées au plus profond de la rétine du métis... ce qui alourdissait de sens sa précédente phrase... et lui donnait bien plus de crédibilité... et ne faisait que de rendre le mafiosi des plus perplexes...

Que lui demander son ancien compagnon d'infortune, à cet instant précis ? Lui priait-il de donner la parole, qu'une fois l'affaire Quetzacoalt finie, ils construiraient ensemble un monde meilleur ? Que Giovanni placerait tous ses capitaux étrangers et ses fonds propres dans les aides humanitaires et l'avancée de la science puis abandonnerait la totalité de ses activités lucratives ? Ou bien était-ce simplement l'expression du désir d'un employé qui aimerait travailler pour ses idéaux indépendamment des siens ? Tout en conservant le soutien de son ancien employeur, puisque ce dernier était un ami proche ?...
Dans tous les cas, Giovanni ne pouvait lui promettre son aide...

Mais Abel coupa court à ses pensées, et mettant un doigt devant son index et observant d'un air suspect une silhouette qui se dégageait de derrière des sépultures.

- Changeons de local, les tombes ont des oreilles ici...

Discrètement, Giovanni se tourna vers la tombe falsifiée de son enfant pour y déposer un bracelet en or qu'il conservait dans sa poche depuis plus de 15 ans... Cadeau de Roberta, bracelet attribué à l'hôpital au bébé pour permettre son identification... Il n'en avait désormais plus besoin... Cela lui aurait éventuellement servi si sa benjamine ne se rappelait plus, ou ne voulait plus se rappeler, de lui comme preuve indéniable... mais désormais, il était inutile... et porteur de trop de regrets... Aussi, accroupi sur la tombe, posant le bijou doré sur la terre fraîchement retournée d'un geste doux, Sakaki profita de cette action pour diriger son regard vers l'intrus...

"Warren Vidic"... Ce qu'il put lire sur son blason... Et immédiatement, il l'identifia... Nancy le rabattait les vingt heures qu'il passait hebdomadairement dans sa résidence secondaire à son sujet... Il était nommé "Le Barbu mal luné"...Surnom affectif que son père, Rayleigh, lui avait officiellement donné.. Beaucoup de rumeurs circulaient sur cette personne... Sur le responsable en chef des services de police des régions de Johto et Kanto, puisqu'il avait été promu... grâce au fait qu'il avait fait couler l'Empire Bootlegien...

Sans doute voulait-il réitérer cette victoire sur le crime... avec le fils de l'ancien bandit... Ou autre chose...

Se relevant de la tombe, où il laissa reposer durant quelques secondes sa main, Giovanni se retourna furtivement vers Abel et Garth, puis porta ses iris sur le personnel Rocket chargé de surveiller les forces de l'ordre, et sur Rivu Esti qui était plus loin, mais semblait assurer la situation...

Il en déduisit que Warren agissait seul... et qu'il espérait juste grappiller des informations qu'il pourrait utiliser contre sa société. En gros, qu'il n'était pas une menace et qu'il n'y avait pas de réelle organisation pour l'arrêter en ce jour fatidique... Mais malgré l'autonomie du vieux barbu, Giovanni se sentit grandement irrité d'être ainsi espionné avec ses hauts placés Rockets... Et ça, il ne voulait pas qu'on le permette... Pas aujourd'hui.

"Warren Vidic..."

Déclara-t-il dans un ton dédaigneux face au concerné, les mains croisées, faisant désormais dos au jeune coordinateur et au scientifique. Puis il reprit d'une voix neutre, impassible, dénuée d'émotion autre que le mépris.

Dites-moi... si vous tenez tant à m'arrêter... c'est pour poursuivre la lignée que vous avez jurée de maudire, celle de mon père... ou juste pour compenser ce que vous n'avez jamais été capable de faire avec ma mère...

La silhouette bientôt courbée de l'homme en question sortit de sa cachette en réponse à la provocation, les mains dans les poches, la mine aussi tranquille qu'un sadique sûr de faire mal...

"Disons simplement, Monsieur Sakaki, que si je tiens tant à vous arrêter, c'est parce que vous êtes comme le sel dans le café. Comme la cellule cancéreuse dans le système immunitaire. Comme un criminel dans un havre de paix. Un élément inopportun et inhérent. En bref, un élément à éliminer."

Giovanni ferma les yeux un court instant, réfléchissant à comment canaliser au mieux son envie d'enfoncer la queue de son Nidoking entre les vertèbres du policier. Puis il reprit d'une voix calme qui trahissait son sentiment de frustration, tout en jetant un léger regard en biais à Garth...

"Sauf que vous oubliez que ce monde n'a jamais rien eu, n' a rien, et n'aura jamais rien d'un havre de paix, Warren Vidic..."

L'interpellé croisa les bras dans un mouvement de dédain.

"C'est certain, tant qu'il y aura des gens comme vous pour le peupler..."

Un regard de défi était lancé au barbu. Le priant de sortir une de ses pokéballs pour donner l'occasion à Sakaki d’exaucer son souhait de voir ce scélérat mort. Mais Warren resta indifférent à ce regard, étant un être vicieux qui ne se battrait jamais de front contre un adversaire qu'il pensait bientôt maîtrisé... Aussi, il changea le sujet de conversation.

"Enfin, là n'est pas le débat... j'ai cru auparavant entendre vous et Monsieur Maise parler de ... Pokémons légendaires... Savez-vous que la loi proscrit toute organisation de sociétés ou de personnes étant à la recherche de ces créatures classifiées au patrimoine mondial ? Et donc, que vous, que ce très cher Monsieur Maise critiqué des milieux scientifiques, et de ce très jeune Abel Kujaku qui a déjà fait beaucoup de bruit légalement parlant, êtes passibles d'amandes élevées ? Voire de suspections d'atteinte à une espèce grandement protégée ? Et donc, passibles de prison ?... Ah et l'ensevelissement d'une fille qui ne vous a jamais vraiment reconnu comme un père n'est pas une excuse morale pouvant retarder votre éventuelle garde à vue, Monsieur Sakaki...

Un rictus sournois reflétant fierté et mécréance redéfinit les contours de la bouche de Warren... Et fit violemment serrer les poings au mafiosi, qui préféra se retourner vers Abel et Garth avec un regard de tueur.

"Abel, tu fais diversion, Garth tu fais le gai, et je me charge de l'étouffer avec sa barbe... Et le problème est résolu, n'est-il point ?"

Forcément, l'humour était de mise... il priait juste à ces deux confidents de réagir afin de l'empêcher de commettre une bourde incommensurable malgré son habituel sang-froid... ce jour n'étant vraiment pas le jour pour lui chercher des ennuis aussi sournois...

« Je trouve ça incroyablement hypocrite pour quelqu'un qui a remué ciel et terre pour retrouver le pokémon de la victoire, Victini ? De la part d'un homme autant impliqué dans les recherches sur Arceus que la famille Maise toute entière ne l'est ? »

Garth avait du mal à cacher sa colère. Et pas qu'un peu. Cependant, pour le scientifique qu'il était et plutôt calme en général, il restait à peu près serein.... Sauf que sa voix montrait un mépris épouvantable. Pourquoi est-ce que cet homme lui rappelait désagréablement son cousin, et à peu près tout ce qu'il haïssait ? Ah, peut-être parce qu'ils avaient la même voix. Ce n'était pas franchement un argument valable, sauf si on considère que, bien évidemment, Meister était tombé sur lui en faisant des recherches peu légales sur la police. Et que Garth, en creusant sa mémoire, se rappelait ce nom : Warren Vidic. Il le dévisagea extrêmement mal, réajustant son monocle d'un air sinistre.

« Vous critiquez mon influence auprès du monde scientifique... est-ce que je dois vous rappeler, Monsieur Vidic, que vous avez vous-même été radié du cercle des chercheurs pour avoir porté atteinte à l'éthique ? Il me semble aussi que vous avez plutôt intérêt vous-même à empêcher l'autre organisation qui enfreint cette fameuse loi d'accomplir ses desseins. Je n'ai pas à expliquer à quelqu'un comme vous le danger du fanatisme sur les foules... »

Il grimaça sérieusement et son unique œil se chargea de tant de haine que Moineau prit peur et le tira en arrière, sans obtenir de réponse.

« Je crois que vous en avez vous-même tiré partie... Si quelqu'un doit nous donner des leçons ce sera votre supérieur, pas vous. Au revoir. »

Garth attrapa Abel et Giovanni en leur collant une main dans le dos et les poussant vers la sortie. Rivu choisit ce moment pour aller dire à Vidic, comme un ange, que toute la foule s'était dissipée et qu'il pouvait partir. Il aperçut alors Abel, Garth et Giovanni qui avaient l'air de trois mafieux en pétard, quoi, oui, c'est ce qu'ils étaient, et... Vidic lança derrière eux quelque chose auquel Rivu ne pouvait rien répondre.

« Votre soi-disant rêve de monde pur pour votre chère Phénix... »

« Fermez-la. »

« Vous êtes conscient que tant que les organisations comme la Team Rocket existeront, il ne se réalisera jamais ? »

« Je sais. » répondit le métis. Son monocle brilla salement – Gardevoir fut saisie d'une si violente envie de tuer ce vieil homme sur place, qu'elle se retourna vers lui et se mit à briller. Elle vit juste le regard du supérieur de Vidic, Rivu Esti, simplement désespéré. Lu un instant dans son cœur – non... pas possible de s'en prendre à eux. Si ça ne tenait qu'à ce vieillard, sa mort ne serait pas une grande perte, du moins si, pour le monde scientifique. Puisqu'il était célèbre malgré tout. Elle se tint prête néanmoins à assomer l'esprit de Rivu s'il le fallait. Mais Garth la tira cette fois lui-même en arrière, pour partir, et glissa à ses deux compagnons : « Ne vous énervez pas. Cet homme est diaboliquement intelligent, et ses paroles ne sont que du poison. Si vous l'écoutez vous finirez pas devenir fou et perdre tout ce en quoi vous croyez. »

« C'est une preuve d'intelligence que de remettre en doute ses convictions. Le monde vit en croyant à l'existence d'Arceus, après tout. »

« Il ex... » commença Garth, mais il secoua vigoureusement la tête, en proie à un bouillonnement intérieur épouvantable. Sa rage.... il était inutile d'avoir une conversation avec cet homme. Il pouvait vous dire n'importe quoi pour vous convaincre et vous manipuler dans la foulée. « … Partons... »

Abel cru déceler, dans le regard de Giovanni, une étincelle de haine dès qu'il croisa le regard, étincelle qui était également présente, mais à la puissance dix dans le regard du Directeur du Département Scientifique de la Team Rocket, dont il était l'assistant, même si ils n'avaient jusqu'à présent pas vraiment eu le temps de travailler ensemble.
Qui pouvait donc être ce Warren Vidic , qui réussissait à faire perdre son sang-froid au métis ? Le dialogue qui se produisait entre les trois hommes, où chaque mots était prononcé d'une voix polaire, réussissait à faire frissonner le jeune homme. Cependant, son tempérament, qu'il avait forgé à force de se retrouver dans des galères pas possible depuis son admission chez les Rockets, le rattrapa peu à peu.
Malgré la poussée de Garth, qui tentait de les éloigner du cimetière, Abel serra les poings. Giovanni souffrait déjà assez comme ça, avec ce faux enterrement, et Garth, avec son amour que les Rockets lui avaient volés. Cet homme, qui se permettait de donner son avis sur des choses qu'il ne connaissait pas, le mettait hors de lui.

« C'est une preuve d'intelligence que de remettre en doute ses convictions. Le monde vit en croyant à l'existence d'Arceus, après tout. »

Comment osait-il nier l'existence d'Arceus ?
Perdant finalement, son sang-froid, sans pour autant céder à l'énervement, et à l'envie de frapper Vidic qui le taraudait, Abel s'échappa d'une poussée de la poignée de Garth qui lui tenait toujours l'épaule, et se retourna, dévisageant Vidic d'un regard froid, ses yeux d'or assombris sous l'effet de la colère :

- Pour un petit officier dans votre genre, vous parlez beaucoup M.Vidic. Et qui plus est, vous ne semblez pas savoir grand chose. Alors en effet, vous pourriez arrêter un homme démoli par le décès de sa fille, mais vous vous retrouveriez avec un problème beaucoup plus grands sur les bras. L'allèle de la drépanocytose peut tuer, mais protège également du paludisme, le saviez-vous ?

- Donc selon vous, il vaut mieux laisser exister les deux organisatons criminelles, c'est ça ? Belle leçon de morale, venant de la part de quelqu'un dont le casier judiciaire n'est plus aussi blanc que par le passé. Vous voyez comment les Rockets peuvent détruire la vie de quelqu'un ?

- Et selon vous, vous pouvez à vous seul gérer la menace Quetzacoalt ? Redescendez sur Terre, Vidic, vous nous avez déjà cruellement prouvés votre inefficacité lors de l'attentat de Céladopole.

- C'est plutôt à vous de redescendre sur Terre, Kujaku. Vous n'êtes pas mieux placés que moi pour parler de ça, me trompe-je ? Après-tous, vous êtes quoi ? Juste un sous-fifre. Où alors, c'est que le Boss n'est plus intelligent que par le passé, à confier des tâches importantes à des gosses sans cervelles, incapables de protéger les êtres qui leurs sont chers.

Abel sentit ses joues s'empourprer sous l'effet de la rage qui l'envahissait. Il fit un pas en avant, mais dans un jet de lumière, Dracaufeu jaillit de sa Ball, et tendit le bras devant le coordinateur, l'empêchant d'avancer. Abel se débattit un peu, mais le signe de dénégation que fit son Pokémon l'aida à se contenit.
Il rejoignit Giovanni et Garth en serrant des dents, au point de faire couler un filet de sang du coin de ses lèvres. Il avait compris à quel point Vidic était dangereux, en quelque phrase, il avait réussi à semer le trouble dans l'esprit d'Abel, et à lui faire perdre son sang-froid.
Cet homme...était un redoutable adversaire.

Giovanni avait pensé s'être plutôt emporté en présence de Warren Vidic... mais la réaction qu'eut Garth lui fit prendre conscience qu'il avait plutôt très bien géré sa colère, en comparaison à ses deux employés...

En effet, le scientifique invétéré qu'était le métis avait défendu sa réputation de savant, et donc son honneur, avec forte conviction en rappelant le passé à l'agent de police... ce qui fit lever un sourcil au mafiosi... Il ignorait que cet homme avait fait partie de l'élite quant à la recherche Pokémon, et encore moins qu'il en avait été viré par un débordement dit "éthique"... comme quoi, il était réellement taré. Et par conséquent, réellement dangereux... Il ne fallait ni qu'Abel, ni que Garth ne tombent dans son satané piège...

Heureusement son meilleur ami en resta aux mots, aussi enflammés et haineux qu'ils pouvaient l'être ils n'étaient pas une atteinte physique au policier... et vu qu'ils étaient dépourvus d'injures, Vidic ne pourrait les embêter avec "atteinte verbale à un représentant des forces de l'ordre". Toutefois, voir Garth Maise, savant incontesté, réputé pour sa relativité, son calme, son objectivité et sa fascination pour les Pokémons ainsi que son génie et ses idéologies pacifistes, totalement énervé, était une sale preuve qu'ils ne maîtrisaient pas la situation... l'esprit fin de Warren était suffisamment sournois, vicieux pour faire perdre la tête à un homme qui savait habituellement la garder froide, qui, alors à peine âgé de 17 ans, avait parcouru les dangereuses montagnes des Andes en compagnie de Miyamoto, et avait frôlé la mort, avait assisté au décès de sa compagnon de voyage... et avait su conserver son sang-froid, et sa tête, alors perdu à plus de 2100 mètres d'altitude, avec une température frisant les vingt degrés négatifs, avec un cadavre sur les bras...

Sakaki observait d'un air consterné son meilleur ami alors qu'il plaquait sa main derrière son dos et celui d'Abel, afin de s'encourager lui-même à ne pas poursuivre la conversation avec ce vil flic...

« Votre soi-disant rêve de monde pur pour votre chère Phénix... »

« Fermez-la. »

« Vous êtes conscient que tant que les organisations comme la Team Rocket existeront, il ne se réalisera jamais ? »

« Je sais. »


Giovanni avait ouvert machinalement la bouche pour répliquer quelque chose, mais aucun son ne sortit... Le défaut de Garth. Son idéalisme, et la naïveté qui en découlait... sur ce point, Vidic avait raison... tant que le crime serait empreint comme une marque rouge sur le cœur de l'espèce humaine, la paix ne serait qu'une douce chimère... Sakaki en avait conscience, et répondait à cela par un "Et alors ? On est comme ça, on est comme ça, on ne peut pas changer notre nature, autant en profiter."Ma foi, son vieux camarade ne pouvait sûrement pas accepté cette réalité de cette même manière...

Le débat sembla donc clos, sur ces derniers mots... Garth qui se faisait soutenir par sa Pokémon, et Rivu qui venait en renfort... le jeune coordinateur qui assistait à la scène, dans un silence polaire... mais l'intervention du supérieur de Vidic ne suffit pas à le calmer, loin de là... il parvint à ranimer la flamme de haine présente dans l'iris cyan du métis, et allumer celle des yeux dorés d'Abel...

« C'est une preuve d'intelligence que de remettre en doute ses convictions. Le monde vit en croyant à l'existence d'Arceus, après tout. »

C'était la chose à ne pas dire. Giovanni était mitigé par ce genre de croyances et n'attendait que preuve réelle et physique de leur existence, mais Abel et Garth, en tant qu'admirateurs d'Arceus, convaincus qu'Arceus n'était pas un mythe, ne toléreraient sûrement pas ces paroles... et en effet, ils ne les tolérèrent pas.

Garth eut une réaction plutôt posée, il faillit s'emporter, mais retrouva son calme et eut la sage pensée d'indiquer à Abel et à lui de partir. Sauf que le plus jeune du groupe n'eut ni ce calme, ni cette envie...

- Pour un petit officier dans votre genre, vous parlez beaucoup M.Vidic. Et qui plus est, vous ne semblez pas savoir grand chose. Alors en effet, vous pourriez arrêter un homme démoli par le décès de sa fille, mais vous vous retrouveriez avec un problème beaucoup plus grands sur les bras. L'allèle de la drépanocytose peut tuer, mais protège également du paludisme, le saviez-vous ?

- Donc selon vous, il vaut mieux laisser exister les deux organisatons criminelles, c'est ça ? Belle leçon de morale, venant de la part de quelqu'un dont le casier judiciaire n'est plus aussi blanc que par le passé. Vous voyez comment les Rockets peuvent détruire la vie de quelqu'un ?

- Et selon vous, vous pouvez à vous seul gérer la menace Quetzacoalt ? Redescendez sur Terre, Vidic, vous nous avez déjà cruellement prouvés votre inefficacité lors de l'attentat de Céladopole.

- C'est plutôt à vous de redescendre sur Terre, Kujaku. Vous n'êtes pas mieux placés que moi pour parler de ça, me trompe-je ? Après-tous, vous êtes quoi ? Juste un sous-fifre. Où alors, c'est que le Boss n'est plus intelligent que par le passé, à confier des tâches importantes à des gosses sans cervelles, incapables de protéger les êtres qui leurs sont chers.

Le visage d'Abel prit une couleur pourpre, tandis que les muscles buccinateurs du Pokémafieux se contractèrent violemment...

Le gardé Rocket fit un pas en avant, et Giovanni pensa qu'il allait engager un combat, surtout en voyant un trait rouge trancher l'air soudainement, faisant apparaître un imposant Dracaufeu. Qui, tendit le bras comme pour barrer le passage à son maître... et fit revenir à la raison le jeune Kujaku, et le faisant rejoindre son mentor et l'ex-champion de Jadielle...

"Surprenant, vous avez besoin d'un Pokémon pour vous ramener à la raison..."

Vidic eut un petit rire méprisant qui avait de quoi réfrigérer la plage de Carmin-Sur-Mer en plein été...

" Quelle preuve indéniable de faiblesse. Enfin, guère étonnant, venant d'un membre Rocket, dont le patron s'est laissé démolir par une petite défaite contre un petit gosse parce qu'il a un trop grand égo..."

Giovanni ne répondit rien de cet affront... il ne pouvait pas perdre son sang-froid alors qu'Abel avait su plus ou moins le conserver, il devait être celui qui ne devait absolument pas perdre sa tête... Autrement Warren aurait champ libre pour leur causer de redoutables embrouilles.

Mais plus ils resteraient en sa compagnie, plus leurs chances de s'énerver étaient grandes... Aussi Sakaki détourna le talon, et congédia Abel et Garth d'une voix glaciale de partir.

Avant de se détourner totalement, il porta un dernier regard en direction de la tombe de sa fille, et serra d'autant plus les poings.

Chose qu'il n'aurait pas dû faire, laissant une ouverture supplémentaire au policier.

"Sa seule erreur dans sa vie, c'eût été d'être votre fille... Mais vous pouvez vous consoler, il vaut mieux pour elle d'être morte que d'assister à l'arrestation de son père et au démantèlement de son organisation si puissante."

Un sourire qu'on pourrait qualifier de "chaleureux" si on le sortait hors-contexte déformait les traits de Warren. Giovanni plaqua à son tour ses mains derrière le dos de ses comparses pour les inciter à partir, mais la phrase de trop le bloqua.

"Cet enterrement, n'est que le début. Et vous le savez. Monsieur Maise, Kujaku, Bootleg Sir et Junior, et vous, êtes condamnés. Condamnés soit à mourir, soit à voir vos proches tomber. Si ce ne sont pas les Quetzacoalts qui vous détruisent, soyez sûrs que ce sera moi... "

Le pokémafieux crispa sa main sur le dos de ses employés mais tenta de poursuivre sa marche en direction de la sortie, mais Vidic voulait apparemment pousser la provocation encore plus loin.

"Monsieur Maise, vous ne pourrez jamais sauver les légendaires que les Rockets convoitent, ni vous racheter pour vos crimes. Vous n'étiez, n'êtes, et ne serez jamais qu'un vulgaire criminel aux yeux de la société. Monsieur Kujaku vous êtes dans l'erreur si vous pensez que vos proches sont en sûreté alors que vous êtes dans la Team Rocket, enfin ça, vous le saurez par vous-même tôt ou tard, lorsque ce sera vous en face d'une sépulture...
Et vous, Giovanni, vous faites fausse route si vous pensez vous en sortir. cette fois-ci."

Afin d'empêcher Garth ou Abel de répliquer, voire de s'emporter, Sakaki se chargea de répondre calmement au policier sans prendre la peine de se retourner.

"Il me semble que Garth a encore beaucoup d'influences auprès de beaucoup de scientifiques réputés tel le professeur Chen, contrairement à vous, et c'est cela qui compte. Quant à Abel, vous ne connaissez encore rien de lui et vous permettez de le juger. Un casier judiciaire ne reflète en rien la détermination d'un individu... Alors arrêtez de proliférer dans le vide. Rendez-vous utile Vidic, laissez la Team agir et gérer les terroristes. Une fois tout cela terminé, on pourra se faire la guerre comme au bon vieux temps, pour le moment, il y a trop d'enjeux. Dont des vies humaines. "Protéger et servir", n'est-ce pas là votre devise ? Alors pour une fois, appliquez-la."

"Voyez-vous cela, le "Brat Boy" qui se comporte en justicier, n'est-ce pas changer de registre ?"

Giovanni, en entendant le mot "Brat Boy", sentit sa veine temporale tambouriner, ses phalanges blanchir de plus belle, ses dents se serrer et ses muscles se contracter, son rythme cardiaque augmenter et sa pression s'élever... alors qu'il reprenait son calme, il avait déjà empoigné le col de Vidic et le surélevait légèrement du sol...

"Tout est... une question d'intérêt... sachez juste que la prochaine fois que vous userez de ce nom, je vous tuerai. Témoins ou non."

Le quadragénaire poussa violemment le sexagénaire au sol qui fut heureusement réceptionné par un Rivu Esti plutôt angoissé... Giovanni déserra le noeud de sa cravatte, et respira plus calmement... alors que Warren riait. Riait comme un dément.

"Sa seule erreur dans sa vie, c'eût été d'être votre fille... Mais vous pouvez vous consoler, il vaut mieux pour elle d'être morte que d'assister à l'arrestation de son père et au démantèlement de son organisation si puissante."

Il ne savait pas. Heureusement, il n'avait pas compris l'ampleur de la ruse de..;non, plutôt l'ampleur du sacrifice que Giovanni avait commis. Tina était maintenant...hors de portée de la police, et probablement des Quetzacoalts. Pour l'instant tout du moins. Giovanni se comportait, magnifique acteur, comme un père effondré, et en colère. Il était probable qu'une partie de sa colère n'était pas feinte, mais cela, Abel ne pouvait pas dire jusqu'à quel point. Et réaliser cela, entre autre, lui permit de se calmer, cependant le policier ne comptait pas les laisser s'enfuir aussi facilement.

"Cet enterrement, n'est que le début. Et vous le savez. Monsieur Maise, Kujaku, Bootleg Sir et Junior, et vous, êtes condamnés. Condamnés soit à mourir, soit à voir vos proches tomber. Si ce ne sont pas les Quetzacoalts qui vous détruisent, soyez sûrs que ce sera moi... "

Abel tiqua, et sentit la main de son patron se raidir sur son épaule. Ne pas se retourner, il ne devait pas se retourner. Il ne devait pas montrer sa plus grande faiblesse au fou qu'était Warren Vidic. Il ne devait pas montrer le désespoir qui l'avait envahi lorsque il les avait menacé de la perte de leur proche. Il ne devait pas mettre Yukichi en danger...Cependant, il ne put retenir un bref tremblement, ainsi qu'une unique larme de couler qu'il essuya rageusement. Elle était à la fois sa plus grande force et sa plus grande faiblesse. La raison qui le poussait à lutter contre la Team Quetzacoalt, ainsi que celle qui pourrait le pousser à trahir tous ce en quoi il croyait. Si quelqu'un, que ce soit les Quetzacoalt où Vidic, réussissait à la prendre en otage, malgré la protection que Meister avait mis en place, Abel n'aurait pas d'autre choix que d'obéir. Et si elle mourrait...Non, il se refusait à y penser. Et Vidic remuait encore le couteau dans la plaie...

"Monsieur Maise, vous ne pourrez jamais sauver les légendaires que les Rockets convoitent, ni vous racheter pour vos crimes. Vous n'étiez, n'êtes, et ne serez jamais qu'un vulgaire criminel aux yeux de la société. Monsieur Kujaku vous êtes dans l'erreur si vous pensez que vos proches sont en sûreté alors que vous êtes dans la Team Rocket, enfin ça, vous le saurez par vous-même tôt ou tard, lorsque ce sera vous en face d'une sépulture...
Et vous, Giovanni, vous faites fausse route si vous pensez vous en sortir. cette fois-ci."

L'image de lui en face d'une sépulture où le nom « Yukichi Natsuka » serait gravé dans la roche pour l'éternité lui vint brutalement à l'esprit. Non...il fallait qu'il réprime ses tremblements, il ne voulait pas non plus que Giovanni les voie, il ne voulait pas qu'il le croie faible. Comme dans un rêve, il entendit Giovanni répliquer, et menacer de mort Warren. Il entendit Garth leur intimer de se calmer, en les prévenant de l'objectif de Vidic... Perdu dans ses pensées, Abel ne réagissait plus. Gardevoir le ramena cependant à la réalité, par le son de la baffe magistrale qu'elle accorda à Rivu Esti. C'est à croire qu'elle passe son temps à coller des baffes... Et elle fit une démonstration touchante. Touchante tellement elle était brute.

« Ah ! Elle essaie simplement de vous dire qu'il serait temps de se comporter en homme et de garder votre roquet en laisse ! J'imagine que selon elle, un chef de police devrait être plus affirmé sur ses choix – à moins que le poison des mots ne vous guette vous aussi. Je vous conseille de lire du Machiavel, ou d'autres ouvrages traitant de politiques et de choix de gestion d'hommes... ça devrait vous être profitable. En tout cas, plus qu'à moi. »

C'était amusant de voir à quel point la réaction de Gardevoir, suivie par la tirades de Garth, avait contribué à détendre l'atmosphère. L'air un peu moins préoccupé, Abel suivi ses supérieurs, jusqu'à la sortie, où il enfourcha Dracaufeu, avant de lâcher :

- Je vais y aller, maintenant que je sais où est l'endroit, je vous tiendrais rapidement informé... Cependant, une dernière chose ,Giovanni. Surveillez vos employés. La prochaine fois que ce Tristan fais ça, lui où quelqu'un d'autre, je les tue.

Et dans un battement d'aile, Dracaufeu s'envola, laissant sur place Giovanni et Garth.

« C'est ce qu'il veut. Qu'on s'énerve. C'est son travail, et il essaie de mettre la discorde, dans notre groupe, dans nos cœurs, et il est loin d'être faible en la matière. C'est à cause de ça que ton père s'est fait avoir, par la corruption de ses agents, par cet homme – tu les juges peut-être faible, mais je n'ai pas besoin de dire à un stratège du crime comme toi que cela fonctionne mieux que de nature. Filons.... »

Les paroles de Garth ne furent qu'à peine entendues, couvertes par le rire dément de Vidic, bien qu'elle lui fussent presque hurlées à ses oreilles, le savant ayant violemment saisi le quadragénaire afin de l'empêcher de s'acharner sur le policier... dont le rire commençait sérieusement à agacer le mafiosi... il se prenait une crise de démence euphorique devant la tombe falsifiée mais pourtant symbolique de sa propre fille... Les nerfs, déjà en boulotte d'un baron du crime inapte à gérer comme il se fallait ses émotions en temps normal, s'enflammèrent en voyant l'air heureux, hilare du vieil homme...

A vrai dire, si Gardevoir n'était pas intervenue, sûrement que Giovanni aurait fini par casser quelques côtes à certaines personnes...
Mais la claque qu'elle envoya, non pas à Vidic comme on aurait pu le penser, mais à Rivu, sut susciter une forte surprise chez Sakaki, qui estompa momentanément sa fureur.

« Ah ! Elle essaie simplement de vous dire qu'il serait temps de se comporter en homme et de garder votre roquet en laisse ! J'imagine que selon elle, un chef de police devrait être plus affirmé sur ses choix – à moins que le poison des mots ne vous guette vous aussi. Je vous conseille de lire du Machiavel, ou d'autres ouvrages traitant de politiques et de choix de gestion d'hommes... ça devrait vous être profitable. En tout cas, plus qu'à moi. »

Giovanni ne put pas réellement comprendre l'intensité de la remarque du savant, étant un piètre littéraire, mais il put réaliser l'effet qu'elle eut sur l'agent de sécurité, dont le visage se déconfit presque immédiatement après la claque de "Moineau"... Et Vidic stoppa son rire de fou, observant son supérieur hiérarchique avec une certaine... appréhension. L'appréhension de se faire "tenir en laisse"... là, Garth venait de faire réaliser à Warren, sa réelle importance, sa vraie place... brisant ainsi tous les faux airs qu'il se donnait. Et le rendant donc, inoffensif. Il n'y allait pas avoir de suite à cette altercation... pas au vu du regard que Rivu leur lança à tous les trois... et surtout pas après que ce dernier leur eût indiqué la sortie. Clôturant ainsi cet enterrement...

Docilement, Sakaki tourna le dos, après avoir jeter un dernier regard froid, haineux, et déterminé à Warren... suivant ainsi Garth et Abel.

Abel qui était resté totalement passif tout le long. Toutefois, Sakaki avait remarqué, lorsqu'il avait posé sa main sur son épaule, des tremblements l'ayant vivement secoués, après que Warren eût abordé la question "proches en danger"... sans doute que le jeune homme avait ressenti la même colère que lui-même... ce qui était fortement compréhensible. Personne n'aimait voir son entourage menacer, personne...

Mais l'entourage du jeune Kujaku semblait en sécurité, contrairement au sien. Giovanni avait désormais du mal à cerner pourquoi l'adolescent s'était senti apparemment très concerné par les menaces abjectes du sexagénaire...

Et la réponse lui fut donnée, une fois que le Rocket élite enfourchât son Dracaufeu, et lui affirma d'une voix déterminée...

- Je vais y aller, maintenant que je sais où est l'endroit, je vous tiendrais rapidement informé... Cependant, une dernière chose ,Giovanni. Surveillez vos employés. La prochaine fois que ce Tristan fais ça, lui où quelqu'un d'autre, je les tue.

La première réaction du quadragénaire fut de hausser un sourcil... puis, alors qu'Abel prenait son envol, un vague souvenir lui revint, avec une histoire de meurtre avec ce "Tristan", sbire qui essayait vainement de grimper dans l'échelon hiérarchique rocket malgré son manque de compétence. Le mafiosi ignorait que la victime était liée d'une quelconque façon avec Kujaku, et d'ailleurs, il en avait cure... n'étant pas tellement suffisamment intéressé pour surveiller le moindre geste de ses quelques milliers d'employés à travers les différentes régions. Mais le message était passé. Il ferait un topo avec ses subordonnés sur la liste des personnes protégées... et y ajouterait les connaissances d'Abel... et de Natsuka Yukichi....

Alors que le dracaufeu ne devenait qu'un petit point dans le ciel, Giovanni se tourna vers Garth un court instant, observant l'oeil cyan de l'homme savant puis... parut hésiter. Et enfin, il posa une main sur l'épaule de celui qui était son meilleur ami, malgré toutes leurs divergences d'opinion, et lui adressa un regard vraiment gratifiant... Avant de partir, délaissant le scientifique avec sa pokémon, pour rejoindre la limousine qui l'attendait....


Cependant, avant d'ouvrir la portière, il adressa un dernier regard à l'endroit où gisait le faux corps de Tina... et exprima un soupire tortueux... Et, enfin, il se jura que jamais plus, il ne referait une telle chose.....

RP terminé

Giovanni : 487 lignes
Garth : 227 lignes
Abel : 197 lignes