Le pisteur et le gerant de bar [Achille]

Ennuyante cette journée. Les étudiants m'ont apportés à manger ce matin mais ceux qui étaient désignés pour cela l'ont fait très rapidement. C'était deux jeunes garçons très occupés entre eux si bien que je n'ai pas écouté leur discussion. Nick étant en congé et n’appréciant pas du tout son remplaçant, je n'ai pas fait la ronde de sécurité du matin ni les suivantes. Nick a bien insisté aujourd'hui qu'il ne pouvait pas m'emmener et souhaitait être seul. Satané traitre ! J'avais bien quelques idées pour expliquer pourquoi il m'abandonnait ainsi mais je n'avais pas envie de me prendre la tête avec ça. Son remplaçant était un homme proche de la retraite. Un vieux ch'noque aux capacités complètement dépassées persuadé d'être compétent. Personnellement je trouvais son Démolosse tout simplement ridicule.

En milieu de matinée je me suis rendu au cours de Marco. Son cours sur la reproduction des Papillusion ne m'intéressa pas même une seule petite seconde si bien que je fini par m'endormir. C'est Marco en personne qui me réveilla en m'invitant à aller m'installer dans ma niche sous prétexte que je ronflais. Je protestais bien sur, affirmant qu'il était juste vexé que quelqu'un puisse s'endormir durant son cours. Je lui fis perdre cinq bonnes minutes en chamailleries avant de céder et de sortir.

Le midi, je voulus me rendre à la cafeteria mais je découvris que le cuisinier avait décidé de faire un menu végétarien ce jour là. Je vécu cela comme une véritable trahison. Je passais tout l'après midi dans la forêt au nord de la ville à chasser la Laporeille puis je m'installais sur un rocher au sein d'un square marquant la frontière entre le centre ville et les faubourgs. C'est un endroit que j’apprécie : il y a le chemin de fer pas loin, un carrefour ou il y a souvent des accidents de voiture, l'entrée d'une rue commerçante et pourtant l'endroit est paisible, calme et surtout confortable. Un petit ruisseau est aménagé et il y a un vieux vendeur de hot-dog qui s'amuse beaucoup à m'en donner de temps en temps.

C'est au crépuscule qu'enfin un événement se produisit : un petit homme en haillons arrivant en courant à pleine vitesse, dérapa sur je ne sais quoi et s'écrasa au sol juste devant moi. Un paquet, qui sentait très fort, roula entre mes pattes. L'homme m'aboya dessus :

« Rends moi ça corniaud ! »

Je haussais un sourcil, étonné et ne fis absolument aucun geste pour lui rendre ni pour l'empêcher de le récupérer. Il s'en alla aussi vite qu'il était arrivée. Quelques secondes plus tard, c'est un mâle très impressionnant qui arriva en courant, paraissant chercher quelque chose.

« Si c'est un homme en haillons avec un étrange paquet qui sens fort la crasse, la sueur, l'alcool et le tabac que vous cherchez, vous arrivez un peu tard. »

J'attendis que l'homme se tourne vers moi et je pointais une direction du museau.

« Il est parti par là mais vous ne le rattraperez pas, vous êtes trop en retard. Il vous faut un pokémon volant ou un pisteur. »

Confortablement couché sur mon rocher, pattes croisées, j'observais calmement l'humain sous l'oeil amusé du vendeur de hot dog qui me souhaita un bonne soirée avant de s'en aller, sa journée à lui était terminée.

L’automne allait doucement commencer à s’installer et les jours avaient déjà commencé à raccourcir. Bientôt même les rayons du soleil ne seraient plus suffisants pour se protéger du froid. Achille avait des sentiments mitigés quant à ce changement de saison. Il allait devoir fermer la terrasse ce qui allait réduire la capacité d’accueil de son bar, les autres clients se réfugieront à l’intérieur augmentant la densité de population. Et plus les gens sont serrés plus les problèmes arrivent vite ! L’humeur général aussi allait baisser avec le manque d’exposition au soleil et les maladies saisonnières. En contrepartie Achille adorait l’automne, les couleurs, l’ambiance cosy mais pas encore glacé, Halloween et l’arrivée des courges. Il allait enfin pouvoir commencer à sortir des vestes sans mourir de chaud.

A cette heure de la journée le bar sentait bon le café, le chocolat chaud et les tartes maisons. Dans moins d’une heure les premières commandes de boissons alcoolisées arriveraient en même temps que le début de l’happy hour mais pour l’instant on se serait plutôt cru dans un salon de thé. Du bruit des disputes commencèrent à se faire entendre dans la réserve. L’imposant tenancier quitta son poste derrière le bar pour aller voir ce qui se passait et calmer l’affaire avant que tout ne dégénère. Il traversa la cuisine en quelques pas puis arriva d’un pas ferme dans la réserve. La pièce était assez grande et bien aérée, elle contenait divers produits secs, les réserves de boissons et de grand réfrigérateur et congélateur. C’était là que les revendeurs venaient chercher leurs marchandises et c’était justement un d’entres eux qui posait un problème. Raphaël était en train de se prendre la tête avec un des nouveaux. En quelques mots Achille compris que le nouveau essayait de les entuber et qu’il n’avait pas ramener autant d’argent qu’il aurait du vu la quantité avec laquelle il était parti. Raphaël n’était pas très impressionnant physiquement et il n’était donc pas très étonnant que quelqu’un lui tienne tête.

«- Si Raphaël te dis non c’est non ! Il n’y a pas à discuter, lança Achille d’une grosse voix, si tu veux qu’on continue à te fournir il faudra que tu nous paye d’avance maintenant.»

Les deux hommes se retournèrent d’un coup et Raphaël afficha une expression de soulagement mêlé à une pointe de frustration. Malgré son implication dans le bar il n’était jamais autant pris au sérieux qu’Achille et cela le fâchait, pourtant il admettait bien volontiers être content de recevoir de l’aide lorsque que quelqu’un commençait à s’énerver. L’autre homme, la trentaine approchante, fût surpris mais ne semblait pas prêt à lâcher l’affaire pour autant.

« - Mais il manque presque rien ! Soyez pas radin !

- Si c’est presque rien tu aura aucun mal à nous rembourser, d’ici là on te donne plus rien si tu allonges pas l’argent d’abord. »

L’homme allait rétorquer quelque chose avant de s’interrompre et tourner les talons. Achille en fît de même laissant à Raphaël à sa tâche. Alors qu’il allait sortir de la cuisine pour retourner dans le bar il entendit un gros bruit de chute et de métal venant de derrière lui. Il prit ses jambes à son coup et retourna dans la réserve en une fraction de seconde. Raphaël était étalé par terre, des boites et de la vaisselle cassés à côté de lui. La porte de la réserve qui donnait sur la rue était en train de se refermer et Achille courut à toute vitesse pour rattraper l’homme qui avait poussé son frère et s’était de toute évidence enfui non sans avoir volé quelque chose. Gérer les problèmes était la partie de son boulot qu’il détestait le plus mais il avait un business et une réputation à tenir. Il ne pouvait pas laisser une petite frappe agir aussi impunément. Il prit l’homme en poursuite mais Achille n’avait pas vraiment la carrure d’un coureur et se fatigua vite. Il était bon en sprint et arriva rapidement à un square mais il savait que sur le long terme il se ferait distancer. Apparemment il n’était pas le seul à le penser.

« - Si c'est un homme en haillons avec un étrange paquet qui sens fort la crasse, la sueur, l'alcool le tabac, vous arrivez un peu tard. Il est parti par là mais vous ne le rattraperez pas, vous êtes trop en retard. Il vous faut un pokémon volant ou un pisteur. »

A bout de souffle, il tourna la tête en direction de la voix mais ne vit qu’un Lougaroc perché sur un rocher. Il était grand et son poil semblait en trop bonne santé pour être un pokémon errant. De plus il venait de parler et toisait calmement Achille. Le mélange d’essoufflement et de confusion qui passa sur son visage aurait sûrement décroché de nombreux rires. Il soutint le regard du pokémon quelques secondes puis comme il n’y avait personne d’autres aux alentours il accepta l’idée qu’il venait de rencontrer le premier pokémon parlant de sa vie. Il était un peu choqué mais n’avait pas trop de temps à perdre.

« - Je … euh … merci. »

En parlant de pokémon volant, Caliel arrivait à toute vitesse derrière lui. Il devait être en train de jouer sur la terrasse quand son dresseur était parti les jambes à son cou. Le petit curieux l’avait suivit.

« - Caliel tu arriverais à prendre de la hauteur et suivre des yeux le gars que je suivais ? »

Le togetic fit non de la tête, il n’avait pas eu le temps d’apercevoir l’homme en question.

« - C’est pas grave alors, dit-il en souriant, tu peux retourner au bar surveiller Hélios alors s’il te plait ? Sinon il va encore embêter Raphaël ou mettre le feu à une nappe. »

Heureux de pouvoir rendre service le togetic fit un grand signe de tête puis repartit en direction du Summer’s. Achille posa ses mains sur ses hanches et prit une grande respiration.

« - Bon puisque que l’option du pokémon volant n’est plus d’actualité … tu as un peu de temps devant toi ? J’ai besoin d’aide pour attraper un petit voleur. Evidemment je te rendrais la pareil en retour si tu as besoin de quelque chose un jour. »

En prononçant ses mots il s’était tourné vers le pokémon parlant qui de toute évidence avait un super odorat. Si il refusait Achille devrait utiliser la méthode traditionnel et faire appel à tous ces contacts pour trouver l’adresse de cet homme, mais il préférait s’en occuper tout de suite. Il n’avait ni le temps ni l’énergie pour les problèmes qui trainent en longueur.

Hilarante. Voici le terme parfaitement adapté pour décrire ce que je ressentis en voyant la surprise apparaître sur le visage de l'humain. Indubitablement mâle, il était énorme et très impressionnant mais je ne doutais pas un seul instant de le vaincre facilement. Déjà à la course : il était à bout de souffle et n'allait pas bien vite à pleine vitesse. Ensuite à l'agilité. J'ai déjà affronté des mâles baraqués comme lui, tous sacrifiaient agilité pour obtenir la force. Une erreur selon moi mais une erreur très utile dans certaines circonstances. Et puis un humain ce n'est pas très solide : un simple caillou bien placé et tac, dans les pommes l'humain.

Il me remercia et un Togétic débarqua en trombe. J'observais la scène en silence, intériorisant mon amusement, et c'est dans la même posture avec le même calme qu'il me retrouva quand il se tourna vers moi de nouveau. Je n'avais pas pensé un seul instant qu'il allait me demander de l'aide. Avais-je envie de la lui accorder ? M'en fichais pour être franc mais c'était plus sympa que de rester sur ce rocher à ne rien faire.

« J'en ai. Mais tu devras me conduire chez toi lorsque nous aurons terminé afin que je sache ou te trouver. »

Pas question que je le laisse s'échapper. Je ne savais pas du tout ce qu'il pouvait m'offrir, je trouverais bien. Je descendis donc de mon rocher et n'hésitais pas un seul instant en prenant la direction prise par le fuyard. Rapidement ma truffe se retrouva au sol, guidant l'humain sans me presser : de toute façon je finirais par le retrouver. Je pris le temps de m'arrêter trois rues plus loin pour renifler un odeur qui n'avait rien à voir : celle d'un autre canidé qui était passé par là. Je pris le temps de prendre les renseignements, les informations et de lever la patte avant de repartir. Il y a pleins de raisons qui auraient pu me faire perdre la piste : un cours d'eau à traverser, le fait de monter dans un véhicule... Mais le voleur ne se doutait pas qu'il était pisté à l'odeur si bien qu'il fut très facile à pister. Je lui fis traverser plusieurs routes, attendant avec patience au passage piéton, m'amusant à jouer au pokémon parfaitement éduqué.

Nous nous retrouvâmes devant le centre commercial que je contournais, truffe toujours au sol pour guider dans une rue ou il n'y avait qu'un seul bar visiblement fréquenté par des personnes peu fréquentable. Sans une seule once d'hésitation, j’accélérais, pénétrais sur la terrasse et posais les pattes sur l'épaule d'un homme qui tomba.

« Coucouuuu ! Tu te souviens de moi ? »

L'homme, que je plaquais au sol, poussa un cri :

« Aaaaah ! Qu'est-ce que... Lache moi !

-Ooh que non. Tu pus humain pourtant il manque une odeur sur toi : l'urine. Je me suis dis qu'il était important de le signaler au collectionneur de puanteur que tu es. »

Il y eut un blanc entre nous, mon œil pétillait de malice.

« Tu ne vas quand même pas... »

Je pouffais de rire.

« Tu aimerais ? Quel dommage que nous n'ayons pas le temps. Tourne la tête, il y a quelqu'un qui veut te voir. »

L'humain que je guidais arriva avec un peu de retard. Celui que je plaquais au sol pâlit...

Un hochement de tête et le contrat était scellé. Achille venait peut-être de passer un contrat avec un diable à quatre pattes mais il était bien décidé à retrouver ce voleur rapidement. Il emboita le pas au canidé qui se mit truffe au sol à la recherche d’odeurs. Il avançait sans hésitation et devait donc sûrement avoir déjà retrouvé sa trace. Pourtant il n’accélérait pas le rythme, il trainait même. Il s’arrêtait à chaque passage piéton et semblait afficher un air fier de montrer à quel point il est civilisé. Achille s’attendait presque à le voir aider une vieille dame à traverser la route et il s’en serait amusé si il n’était pas si pressé.

Le duo s’approchait du centre-ville et Achille sentait les problèmes arrivés. Plus ils avançaient et plus il reconnaissait le quartier. Quand ils arrivèrent à l’entrée de la rue il en fût certains. Le Lougaroc le conduisait tout droit au Lippoutou bourré, l’ancien bar où Achille travaillait et qu’il avait quitté un an plus tôt. Après son départ il n’était plus vraiment en bon terme avec Roger le patron et surtout ils étaient concurrents maintenant. Dans ce genre de milieu, il peut-être très mal vu de trainer sur le territoire de quelqu’un d’autres. Achille ralenti le pas inconsciemment mais quand le Lougaroc mit le fugitif à terre il n’avait plus d’autres choix que d’y aller aussi.

L’intervention du pokémon avait attiré toutes l’attention et les clients étaient sorti du bar pour observer ce qui se passait sur la terrasse. A l’instant où Achille arriva sur la terrasse, le fugitif tourna la tête vers lui et blêmit. Tous les autres clients tournèrent la tête à leur tour et une rumeur commença à se répandre. Les habitués du bar l’avaient reconnu.

« - Ce n’est pas très poli de quitter ses hôtes aussi brusquement, surtout si tu pars en volant quelque chose. »

Achille savait bien que sa présence ici pouvait créer rapidement des problèmes et il fallait que la foule comprenne vite pourquoi il était venu. Il s’accroupit pour être à la hauteur du fugitif qui était encore plaqué au sol par le Lougaroc. Achille remercia ce dernier avant de reporter son attention sur le fuyard.

« - En plus en partant tu as bousculé mon précieux ami et partenaire et ça je ne peux pas le laisser impuni tu t’en doutes bien ? »

Avant qu’il ne puisse faire quoique ce soit une main se posa fermement sur son épaule suivit d’une voix qu’il connaissait par cœur.

« - Tu crois que tu peux venir tabasser mes clients avec ton pokémon fiston ? C’est pas comme ça que je t’ai élever. »

Le propriétaire du Lippoutou bourré, un petit homme bedonnant aprochant la cinquantaine et répondant au nom de Roger, était sorti protéger son territoire et sa clientèle. Un coup d’œil en arrière et Achille aperçut un Roitiflam, un Tengalice et un Staross. Il s’agissait des pokémons de Roger et ils semblaient prêt à se battre. La situation pouvait dégénérer à tout moment.

Achille se releva doucement et fit face à son ancien patron. Ce dernier ouvrit les bras et Achille accepta l’accolade. Cette salutation était si hypocrite mais il ne pouvait pas la refuser. Pas de cette situation.

« - Salut Roger, ça me fait plaisir de te voir même si j’aurais préféré dans d’autres circonstances. Je ne viens pas tabasser tes clients je viens donner une leçon à ce petit voleur là. Et je ne suis pas sûr que ce Lougaroc apprécie beaucoup que tu dises qu’il m’appartient. »

Toute la terrasse nous observait et j'ignorais toute la terrasse. L'homme que je plaquais au sol pâlit encore quand le grand baraqué arriva. Je laissais les humains s'expliquer entre eux. À l'époque ou j'étais dans la police, Seth aurait d'abord fait de la place autours de nous, sécurisant la situation qui ne l'était pas pour l'instant. Puis il aurait relevé l'homme, récupéré l'objet avant de lui passer les menottes pendant que je tenais en respect les autres humains. Ici je me moquais un peu des règles apprises dans la police. Je m'étais engagé à rattrapé ce voleur jusqu'à ce que le grand baraqué récupère ce qui lui a été volé. Ma mission n'était pas remplie, aussi lorsque le voleur bougea sous moi, se débattit un peu, je mis un peu de pression, de force et de griffe et le menaçais :

« Je resterais tranquille si j'étais vous. »

Et je lui montrais les crocs pour ajouter un peu de sérieux. Le voleur avala sa salive. Allais-je vraiment le mordre ? Je le mettais au défi de me tester. Un petit homme, le patron de bar je pense, interpella le grand baraqué qui l'accueilli d'une accolade. Je notais la présence de 3 pokémon, tout les trois prêts au combat. Je ne fus pas du tout impressionné, bien au contraire. La Rotiflamme n'est qu'une proie pour moi et l'expression de son visage démontrait qu'il en était parfaitement conscient. La position du Tengalice me prouva qu'il n'était pas habitué au combat : il me suffisait de le déséquilibrer pour m'offrir le temps de m'occuper des autres. Le Staross était un adversaire plus inquiétant mais en le prenant de vitesse je pouvais l'atteindre facilement.

Il était normal qu'il s'imagine que j'appartienne au grand baraqué mais celui-ci le corrigea. Je répondis :

« En effet je suis sauvage. Je suis Déclic, vétéran de l'unité d'élite K9. Dois-je me préparer à affronter vos trois pokémon ? Je ne fais qu'aider cet humain à récupérer l'objet qui lui a été volé mais si c'est ce que vous souhaitez, j'espère que vous avez une bonne assurance. »

Je me tournais vers le voleur en lui montrant les crocs :

« Souvenez-vous : restez tranquille. Si vous fuyez, je vous retrouverais.»

Puis je me plaçais à côté de lui. Chacune de mes pattes fut placée avec soin, rapidement, sans aucune hésitation. La position que je pris trahissais une parfaite assurance et les années d’entraînement à un combat qui n'avait rien des ridicules match pokémon.

« Je suis prêt. Dois-je vous affronter l'un après l'autre ou bien tous en même temps ? »

J'attendais qu'ils portent le premier coup, afin de pouvoir plaider la légitime défense s'ils attaquaient. Ma stratégie était déjà prête, la première attaque ne me touchera pas en revanche ma riposte fera beaucoup de dégâts...

Il n’y a pas à dire, ce Lougaroc était très surprenant. A l’instant où il mentionna l’unité K9 le problème Roger était réglé. Il ne voulait vraiment pas commencer à s’attirer les foudres de la police et n’allait probablement pas s’opposer à lui. De plus cette unité est connue pour être très efficace au combat. Roger ne prendrait pas autant de risque pour un client qui lui attirait des problèmes. La tension d’Achille ne descendit pas cependant. Est-ce que le loup allait le piéger ? Ce dernier avait précisé qu’il était un vétéran et que donc il n’était plus reconnu comme faisant parti de la police. Mais peut-être que pokémon acceptait mal sa retraite et continuer à combattre l’illégalité sur son temps libre et qu’il attendait simplement qu’Achille récupère son paquet pour lui tomber dessus. Il n’y avait qu’un seul moyen de le savoir.

« - Tu peux récupérer ce que tu es venu chercher mais ne cause pas plus de problème. » finit par lâcher Roger dans un soupir.

« -Je n’en avais pas l’intention. »

Achille s’approcha du fuyard, tendis la main d’un geste inquisiteur pour que le voleur lui rende son bien ce qu’il fit sur le champ. Ce gourmand avait volé plusieurs paquets et il les sortait tous de cachette différente. Le flair du Lougaroc l’aurait trahi si il avait cherché à en conserver ne serait-ce qu’un seul. Quand Achille eu rangé ses affaires il posa sa main sur l’épaule du fuyard d’un geste calme. Puis de l’autre main il lui mit une claque qui résonna jusqu’au quartier d’à côté. Si la main qu’Achille avais posé sur son épaule ne l’avais pas soutenu, l’homme serait tombé sur le sol sans aucun doute. Alors qu’il devait voir passer des étoiles devant ses yeux, Achille s’adressa à lui.

« -Celle là c’est pour t’en être pris à ma famille, si tu reviens je peux te promettre que je n’aurai aucun mal à graver l’empreinte de ton crâne sur le mur pour servir d’avertissement à tout les pequenauds dans ton genre. »

C’est seulement quand les murmures reprirent qu’Achille se rendit compte que le bruit de la claque avait fait taire tout le monde. Il s’approcha de Roger et lui fît la même accolade hyprocrite pour lui dire au revoir.

« - Je suis content qu’on est réussi à régler ce problème comme des adultes civilisés. Je t’offre un verre quand tu veux en remerciement.

- J’ai tous les verres que je veux ici, c’est gentil.

- Je sais bien, je disais ça pour être poli. »

Puis il fit demi-tour et un signe de tête au Lougaroc. Il attendit d’être suffisamment loin du Lippoutou bourré pour s’addresser au pokémon.

« -Merci Déclic, ça aurait été beaucoup plus compliqué sans toi. Je te montre où j’habite maintenant ? »

Le pokémon ne semblait pas être un flic en civil, du moins pas encore. Par précaution Achille avait prévu de l’amener à son appartement plutôt qu’au bar. De toute façon s’était sur le chemin pour rentrer au Summer’s, il ne perdrait pas de temps à faire un détour. L’improbable mais efficace duo marchait tranquillement quand Achille ne tint plus et posa la question fatidique.

« - Alors comme ça tu es un policier à la retraite ? Tu as dû en voir des trucs dans l’unité K9, pourquoi tu l’as quitté ? Tu as l’air trop en forme pour que ce soit à cause de l’âge où d’une blessure. »

Le malabar cherchait effectivement des informations sur l’ancien policier pour savoir comment se positionner par rapport à lui, mais il était aussi véritablement curieux. Il n’avait jamais eu l’opportunité de discuter avec un pokémon de sa vie. Autant profiter de l’occasion, peut-être qu’il comprendrait mieux ses propres pokémons après ça.

Calme avant la tempête. J'aime ce moment de calme juste avant qu'un combat n'éclate. Ce moment ou la proie réfléchi, cherche la meilleure solution pour sa survie. Prêt au combat, j'attendais qu'ils portent le premier coup. Il ne s'agissait que d'une question de lois : si j'attaquais le premier je récolterais les tords. Et puis cela m'offrait un temps d'observation et de réflexion supplémentaire. Difficile de lire la communication du Staross qui ne bougeait pas d'un pouce mais il devint vite évident que s'il devait attaquer ce serait déjà fait. Le Tengalice me paraissait beaucoup trop instable pour porter le premier coup. Quand au Roitiflam, il me craignait trop pour attaquer le premier.

Le patron de bar soupira et donna l'autorisation au grand baraqué de récupérer ce qui lui avait été volé. Je conservais ma position de combat durant toute l'opération, mettant au défi d'intervenir. Quel dommage que nous soyons dans un contexte pareil : j'aurais adoré assister à la distribution d'une claque comme celle qui fut donnée ! Je décidais à ce moment que ce grand baraqué prenait le chemin que je prenne la décision de bien l'aimer. De mon côté, je quittais la position de combat pour m'asseoir simplement, sagement et calmement, comme ci je n'étais qu'à moitié concerné. Je remarquais que plusieurs clients m'observaient avec crainte, je les ignorais royalement. L'endroit ne m'intéressait plus. Seul le fait que le grand baraqué avait désormais une dette envers moi me gardait présent. Il n'était pas question pour moi de le lâcher d'une semelle tant que je ne savais pas ou le retrouver.

Lorsque le grand baraqué donna le signal du départ, je dus combattre une forte envie de lever la patte sur le voleur qui n'était pas encore remis. Mais ce n'était plus mon affaire aussi passais-je mon chemin. J’acquiesçais quand il me proposa de me montrer ou il habitait. De toute façon je n'avais pas l'intention de le lâcher d'une semelle tant que je ne saurais pas. Les questions m'amusèrent. Il était évident que le contenu de ce qui avait été volé n'était pas très légal. Le grand baraqué était prudent et cherchait à se sécuriser.

« Je suis en bonne santé et j'ai encore l'âge de séduire les femelles, je te remercie. »

C'est avec amusement que je lui répondis ceci. Je regrettais un peu de ne pas avoir pu profiter d'une bonne bagarre plus tôt au bar d'ailleurs, cela m'aurait fait le plus grand bien.

« J'ai suivi l’entraînement d'élite de la police. J'ai fais parti des meilleurs éléments durant la majeure partie de ma vie d'adulte. Je dois te remercier d'ailleurs : cette petite traque comme à l'époque m'a fait le plus grand bien. »

Alors que nous étions au beau milieu d'un passage piéton, le passage au rouge de notre feu me coupa en nous forçant à accélérer. Je poursuivis :

« Je suis entré en conflit avec l'administration au décès de mon partenaire. J'ai pris la décision de prendre ma retraite avant de mordre l'un de ces insultants bureaucrates. Je me fiche des petits problèmes d'humains désormais, tu n'as pas à t'inquiéter pour tes activités et les objets que tu transportes en ce moment. » 

Je lui adressais un clin d'oeil en marchant.

« Mes compliments pour la claque.» Déposais-je pour terminer.

« - Je suis en bonne santé et j'ai encore l'âge de séduire les femelles, je te remercie. »

Achille ne put s’empêcher de lâcher un rire bref mais sincère tant cette réponse le prit au dépourvu. L’emploi du mot femelle était plutôt surprenant mais si Déclic avait parlé de séduire les femmes alors Achille aurait eu de drôles d’images en tête. Il n’eut pas le temps de lui répondre que Déclic enchaina.

« - J'ai suivi l’entraînement d'élite de la police. J'ai fais parti des meilleurs éléments durant la majeure partie de ma vie d'adulte. Je dois te remercier d'ailleurs : cette petite traque comme à l'époque m'a fait le plus grand bien. »

« - Tout le plaisir est pour moi. »

Si Déclic avait fait parties des meilleurs éléments de l’unité K9, la traque de cette petite frappe n’avait dû être qu’une formalité pas plus compliqué qu’un petit échauffement. Le pokémon à fourrure pressa le pas pour ne pas déranger sur un passage piéton et Achille accéléra légèrement la foulée pour le suivre. Il ne voulait surtout pas rater la suite de ce qu’allait lui raconter Déclic.

« - Je suis entré en conflit avec l'administration au décès de mon partenaire. J'ai pris la décision de prendre ma retraite avant de mordre l'un de ces insultants bureaucrates. Je me fiche des petits problèmes d'humains désormais, tu n'as pas à t'inquiéter pour tes activités et les objets que tu transportes en ce moment. »

« - Mouais, c’est aussi ce que dirais un flic qui veut gagner ma confiance .. »

Achille s’arrêta pour marquer une pause dramatique et regarda Déclic avec sérieux.

« - Mais non je rigole, ajouta-t-il en souriant et lui donnant une petite tape amicale sur l’épaule du revers de la main, je te crois ne t’en fais pas. Et je suis désolé pour ton collègue. »

Achille ne voyait pas l’intérêt de creuser plus le sujet, il ne savait pas quoi dire et de toute façon il ne connaissait Déclic que depuis quelques minutes. Rien de ce qu’il aurait pu dire aurait été pertinent.

« - Mes compliments pour la claque.»

Même si il ne se battait pas, le grand dadet avait appris à mettre des claques qui sonnent bien. Avec sa musculature il n’avait pas besoin de plus pour sonner comme il faut une personne lambda et il y avait un côté humiliant, bad bitch tout en étant moins violent qu’un coup de poing.

« - Merci ! Je peux te dire que ça m’a fait du bien. C’était pas mal non plus ton intervention musclée. Dans un autre contexte j’aurais presque aimé voir comment tu te serais débrouillé face à ses trois pokémons. »

Achille s’arrêta prêt du numéro quatre-vingt-onze de cette rue. Il s’agissait d’un immeuble assez ancien mais dont les propriétaires avaient assez de moyen pour entretenir et rénover ce qui avait besoin de soins. La porte était un gros morceau de bois lourd et décoré d’un gros poussoir en fer forgé qui représentait grossièrement une tête d’Arcanin qui tenait dans sa gueule un gros anneau de fer. Le palier était fait de vieilles pierres dans lesquelles une collection de sonnettes neuves venait jurer par leur aspect moderne.

« - C’est là que j’habite, j’habite au premier étage et je ne suis là que les matins si jamais tu viens me chercher un jour. Tu as déjà une idée de ce qui pourrait te faire plaisir ? »

Ce que dirait que dirait un flic pour gagner ma confiance. C'est totalement vrai. Durant mes années de services j'ai souvent du négocier avec les délinquants et autres criminels. Pour cela, je n'hésitais pas à faire ami-ami. Je n'ai cependant jamais réellement menti pour permettre à l'enquête d'avancer. Plusieurs fois je fus envoyé en mission d'infiltration avec une autre identité, chaque fois l'équipe s'était débrouiller pour que je n'ai pas à mentir pour ne pas me trahir. Bon... Je l'avoue que la fois ou j'ai du jouer le mâle aimant les mâles j'ai été assez mal à l'aise. Surtout quand je fus dragué par un gigantesque... Ouais nah, je veux oublier cette mission là.

Je ne fus pas vexé quand il remit ma sincérité en doute. Je n'en aurais pas eu le temps de toute façon puisque quelques instants plus tard il me donnait un tape amicale sur l'épaule en me disant qu'il blaguais. Ma queue battit l'air à trois reprises : j'aimais bien cet humain.

En revanche je ne répondis pas quand il exprima sa curiosité de savoir comment je me serais débrouillé avec les trois pokémon sinon que je lui adressais un véritable sourire de prédateur. J'avais surtout joué l'intimidation même si je ne doutais pas d'une victoire.

Il me conduisit jusqu'à un immeuble ancien, arrêtant ici notre périple. Il m'expliqua qu'il habitait au premier étage et qu'il n'était là que les matins. Je regardais autour de moi. Je passais rarement dans ce quartier mais je saurais le retrouver facilement. Qu'est-ce qui pourrait me faire plaisir ? Beaucoup de choses. Qu'est-ce qu'il pourrait m'offrir pour me faire plaisir ? … Qu'est-ce qu'il a à offrir ? Comment pouvais-je le savoir ? Je m'assis, dos à l'immeuble proche de la porte en parfait agent de sécurité.

« Je n'ai besoin de rien. Je suis bien nourris et correctement logé. Un pokémon a moins de besoins qu'un humain. »

Je m'interrompis pour saluer une dame âgée surprise de me voir en sortant de l'immeuble. J'avais moins de besoin qu'un humain : pas de vêtement à acheter, pas de factures à payer, pas d'emploi à conserver... Nourriture, logement, occupations, femelles. Voilà en résumé mes seuls besoins.

« La principale lacune de ma vie présente est l'ennui. Que puis-je te demander ? J'ignore tout de toi humain. Je ne sais pas qui tu es ni ce que tu as à proposer. »

Je le regardais droit dans le yeux, de cette expression franche et directe du prédateur. Je savais que ce regard était déstabilisant mais je l'oubliais souvent. C'était un regard d'attente. Qui est-il ? Qu'a t-il à me proposer ?

Il n’est pas forcément chose aisé de se présenter en quelques mots et de savoir ce qu’on pouvait apporter à quelqu’un d’autres. D’autant plus quand cette personne ne fait pas partie de la même espèce que vous. Achille passa en revue les récompenses et cadeaux classiques qu’il pouvait facilement donner à quelqu’un. La première qui lui vint en tête était la raison de cette poursuite.

« - Je peux te donner ça, dis le colosse en se tapant la poche d’un regard entendu, je ne sais pas si tu fumes mais ça peut se manger aussi. »

Le gérant de bar ne semblait pas très convaincu de sa proposition si bien qu’elle sonnait plus comme une question. La deuxième idée qui lui vint en tête était le cadeau le plus courant qu’il se permettait d’offrir.

« - Dans la même veine tu pourrais peut-être venir boire quelques coups gratuitement au bar que je tiens, ajouta-t-il toujours incertain que la consommation d’alcool soit appropriée pour un pokémon, notre terrasse est encore ouverte à cette période de l’année. »

Ses méninges tournaient à toute vitesse pour trouver quelques choses qui pourrait plaire à cet ancien policier. Comment lutter contre son ennui ? Achille lui aurait bien proposé de l’aider dans son business en flairant les personnes qui venait vendre sur son territoire et en les intimidant suffisamment pour qu’ils aillent ailleurs. Peut-être que ça aurait plu à Déclic mais ça revenait à lui demander de l’aide et lui imposer des responsabilités ce qui est très ingrat comme cadeau. Alors qu’Achille se demandait quel genre de distraction il pourrait offrir à Déclic, il en eu un (de déclic) !

« -Et si, hurla-t-il sous le coup de l’excitation avant de baisser le ton au vu de la proposition qu’il allait faire, et si je mettais en place des combats pokémons clandestins ? Tu pourrais participer et moi je gère le coté administratif à côté. Bon évidemment il faudrait un peu de temps pour que tout se mette en place, qu’on trouve où le faire et que les rumeurs se rependent suffisamment pour qu’il y ait d’autres participants que toi mais ça pourrait le faire non ? »

La proposition s’éloignait complètement du côté légal et policier de la carrière de Déclic mais il semblait animé par une soif d’actions voire même une soif de sang vu comme il avait été prêt à se battre contre les trois autres pokémons dans un combat de rue. Et à côté de ça Achille pourrait se faire de l’argent en organisant des paris et en faisant payer la participation. En rajoutant une corde de plus à son arc il serait capable d’étendre encore plus son influence et donc toucher plus de personnes en détresse. Il savait d’avance que cette idée n’allait pas plaire à Raphaël qui n’aimait pas la violence. Lui non plus d’ailleurs n’était pas particulièrement fan de ce genre de combat sans aucune règle, mais beaucoup de personnes l’étaient et cette entreprise pourrait vite devenir rentable.

« - Et évidemment tu serai le champion en titre, chuchota-t-il, au moins au début. Dis moi que ça te plaît parce que là j’ai plus aucune idée. »

Dans un premier temps le grand baraqué me proposa le contenu de sa poche, c'est à dire le paquet que nous venions de récupérer. Et qu'en aurais-je fais ? … Sérieusement... Un Lougaroc fumer ? Je n'ai jamais compris le goût des humains à pareille activité. Brûler de l'herbe pour inhaler ensuite la fumée et finir par la recracher... Parfois les humains sont vraiment bizarre. J'aurais pu revendre le paquet : mon expérience dans la police me faisait penser qu'il y en avait pour une petite fortune. Mais qu'aurais-je fais de tout ces pokédollars ? Ou les aurais-je rangé ? Comment les transporter ? Je n'avais aucun besoin de pokédollars. Et que ce soit Marco ou Nick, aucun des deux n'auraient été content d'avoir cet objet principalement parce qu'ils ne fumaient pas. Alors qu'en aurais-je fais ? Je haussais un sourcil, répondant en miroir à la mine peu convaincu de l'humain.

Il me proposa ensuite de venir boire gratuitement au bar qu'il tenait. Je penchais la tête sur le côté : ainsi il était gérant de bar ? C'était intéressant. J'ai l'habitude de ne boire que de l'eau mais je dois avouer que les humains proposent quelques boissons fascinantes comme d'autres repoussantes. Cette boisson alcoolisé au citron par exemple, quelle horreur ! Je suis toujours content quand Nick me propose de l'accompagner au bar : il y a toujours de l'animation. Mais c'est un lieu fait pour les humains et le plus souvent je me sens très seul la bas.

Et puis, très excité, le gérant de bar eut une idée qu'il me proposa aussitôt. Des combats de pokémon clandestins ? Ouais l'idée me plaisait. J'en ai démantelé plusieurs, à regret, avec Seth quand j'étais dans la police. Personnellement je trouvais l'idée très sympa et j'ai toujours eu envie de rentrer dans l'arène ou l'on pouvait réellement se battre et non faire semblant. Je n'ai jamais apprécié les match pokémon classiques ou il s'agit de neutraliser son adversaire, ou l'on est sur de ne jamais être gravement blessé, ou il n'y a pas d'enjeux. Il est beaucoup plus intéressants d'affronter un adversaire qui veut notre peau.

« Les bars sont des lieux sympa. Mais il s'agit d'un endroit d'humain fait pour les humains. Je m'y sens souvent seul dans mon coin. Pour ce qui est des combats... »

Je pris le temps de réfléchir quelques instants. Marco désapprouverait mais Nick je ne sais pas. De toute façon ils n'avaient pas besoin d'être au courant tout les deux. Et puis, c'était peut être enfin l'occasion de retrouver de véritables entraînements ?

« L'idée me plait. Je ne me suis pas réellement battu depuis longtemps. Les match pokémon classiques m'ennuient beaucoup : il n'y a aucun véritable enjeux, tout est irréel. Une situation ou celui d'en face est un véritable ennemi qui nous veux du mal, voilà un combat réel. La plupart des pokémon domestiques d'aujourd'hui ignorent cela. »

Et les difficultés réelles du monde réel. Il fallait se tourner vers un pokémon sauvage pour cela mais celui ci n'aura pas suivit l’entraînement d'un humain. Pourtant j'ai rencontré quelques temps plus tôt un pokémon sauvage entraîné et à haut niveau, un adversaire que je n'étais pas sur de vaincre : un Noctali qui vivait non loin de Lavanville.

« Pour ce qui est du bar, je n'ai pas de pokédollars pour te payer. Je ferais donc seulement acte de présence jusqu'à ce qu'un humain généreux me payer à boire. Ou se trouve t-il ? Y a t-il quelques pokémon ? »

J'étais toujours dans la même position : assis tel un agent de sécurité. J'attendis qu'il me montre le chemin pour le suivre.

Comme Achille s’y était attendu c’était la proposition des combats qui avait le plus retenu l’attention du pokémon Roche. Il expliqua pourquoi il n’était pas fan des combats pokémon classiques. Son explication donnait à Achille de parler à un vétéran de la guerre. Ceux qui prennent de haut les jeunes qui n’ont connu que la paix alors que c’est justement pour ça qu’ils sont allés se battre. Ceux qui ne veulent pas laisser les rênes au plus jeune parce qu’ils sont persuadés qu’ils sont trop faibles alors qu’eux-mêmes n’ont pas réussi à s’adapter à un monde en perpétuel évolution. Cependant il ne faut pas oublier que certaines expériences laissent des marques à vie et changent une personne.

« - Personnellement ça m’arrange beaucoup que mes pokémons ignorent cela. Je ne suis pas sûr que mon togetic resterait aussi candide et plein de vie après de telles expériences. Enfin faudrait déjà qu’il survive … »

Et il ne préférait même pas parler de son dernier petit bébé Hélios, le salamèche. Aucun des deux n’avaient eu à se battre pour trouver à manger ou pour survivre. Ils étaient mauvais au combat pokémon mais cela ne dérangeait pas Achille. Cependant il pensait de plus en plus à la nécessité de se protéger en cas de guerre de gang et le gérant de bar avait donc commencé à entrainer Caliel.

La mise en place des combats pokémons allaient prendre un peu de temps alors pour faire patienter Déclic il n’y avait plus qu’une solution : l’alcool !

« - T’inquiètes pas pour ça, tu l’as déjà trouvé ton humain généreux, fit-il dans un sourire, et il y a quelques pokémons sur place. Déjà il y a mes deux petits et certaines autres personnes qui travaillent sur place en ont aussi. Par contre ils ne parlent pas humain et ne sont pas trop portés sur les combats à mort et autres joyeuseries. C’est plutôt se courir gentimment après, embêter les gens et mendier des caresses et de la nourriture au client »

Déclic était toujours posé comme si il gardait l’entrée et toutes les personnes qui passaient dans la rue semblait surpris de voir un tel pokémon protéger un immeuble tout à fait banal. Achille passa une main dans ses cheveux pour remettre en arrière les quelques mèches folles qui lui tombait sur le front puis fit mine de se mettre en route pour que le Lougaroc le suive. Le chemin pour le bar n’était pas très long d’ici, c’est exactement pour ça qu’Achille l’avait choisi. En deux minutes ils aperçurent la terrasse où l’ambiance semblait au beau fixe. Alors qu’ils approchaient du bar les clients reconnurent de loin la silhouette du colosse et saluèrent son retour à grand cri. Le duo était repéré et Caliel arriva bientôt en volant à toute vitesse pour se jeter dans les bras de son dresseur. Pas loin derrière lui trottait Hélios qui manqua de tomber de peu. Achille s’accroupit pour être à leur hauteur et leur donna pleins de caresses, de papouilles et de bisous. Puis quand ils en eurent assez ils regardèrent le Lougaroc. Ils étaient perplexes et intimidés.

« - Je vous présente Déclic, un pote de Papa et peut-être même un futur collègue. »

Plus loin les collègues s’affairaient et Achille allait les rejoindre mais d’abord il alla faire un état de la situation à Raphaël puis retourna sur la terrasse.

« - Alors le héros de la journée, qu’est ce que je t’offre à boire ? »

Est-ce vivre la guerre que de se retrouver au cœur d'une mêlée au sein de laquelle s'affrontent à mort des humains et leurs pokémon domestiques contre des sauvages ? Est-ce avoir connu la guerre que de combattre pour sa survie tout en protégeant ses amis que l'on voit tomber autours de soit ? Est-ce avoir connu la guerre que d'être le seul survivant d'un pareil combat ? Certaines meutes de Grahyena et Elecsprint s'affrontent parfois pour des territoires, certains individus pour un partenaire mais il est rare que ces combats entraînent la mort de tout un autre clan. J'ai vécu de nombreux combats dans ma vie, pour beaucoup l'échec signifiais perdre la vie. Quoi qu'il en soit je comprenais l'opinion du gérant de bar, qui ne m'avait toujours pas dit son nom. Il est préférable pour le commun de la population de ne jamais connaître la vie réelle, de rester enfermer dans une vie artificielle donnant une impression illusoire de sécurité. Je me souviens, alors que nous étions en patrouille au cœur de Doublonville, qu'une femme nous a appelé, paniquée, parce qu'un enfant un peu plus âgé jouait un peu trop fort avec le sien et qu'elle n'arrivait pas à le faire obéir : elle était persuadé que son petit était en danger. Bien sur nous sommes intervenus. C'est ce jour là que Seth m'a fait comprendre que j'avais un point de vu différent des autres pokémon.

Lorsqu'il se mit en marche, je le suivi sans me presser, persuadé que nous étions loin de son établissement aussi fus-je surpris quand deux minutes plus tard des clients installés à une terrasse de bar le saluèrent à grands cris. Je me plaçais à deux pas derrière lui sur sa gauche et m'assis de nouveau amical mais pourtant droit et militaire ce qui suffit à impressionner le Togetic et le jeune Salamèche. Je fis un pas vers se dernier qui se raidit et cachais que je le reniflais en lui touchant le ventre avec ma truffe. Froide et humide, celle ci le chatouilla et lui arracha un petit rire. Battant de la queue, je voulu m'amuser à renouveler l'opération mais il s'enfuit dès que je fis un pas. Amusé, je me cherchais un coin confortable mais ne trouvais que des chaises pour humains, pas de banquettes ou de fauteuils.

Il y avait beaucoup d'humains naturellement et peu de pokémon si ce n'est un Couafarel, majestueusement assis à côté de son dresseur, qui m'observait avec une méfiance hautaine. Je failli pouffer de rire en voyant sa coupe monsieur, me remémorant toutes les railleries du temps ou je participais aux soirées des amis de la police.

À son retour, le gérant de bas me trouva confortablement couché dans un coin de la terrasse. De la ou j'étais, j'avais une vue contrôlée sur l'entrée du bâtiment, l'endroit ou les clients arrivaient, je voyais tout ce qu'il se passait sur la terrasse et personne ne pouvait me prendre par surprise ni échapper à mes yeux. Je lui répondis, surprenant les clients :

« Du jus de mangue avec du rhum, tu as ça ? »

Un humain d'un certains âge et dont l'allure démontrait une certaine force de caractère me regarda en haussant un sourcil, le Couafarel prit tout d'abord un air choqué puis reprit son air hautain en me regardant comme si j'étais un rustre. À l'autre bout de la terrasse un Grahyena me fixait. Nous échangeâmes un regard mais je me désintéressais de lui, battant de la queue au passage d'une serveuse en lui rendant son salut amical, ravi de la caresse qu'elle m'offrit. Le Grahyena se leva et s'approcha de moi. Je me redressais, assis et attendis qu'il exprime clairement ce qu'il souhaitait. Queue haute, il s'arrêta à quelques centimètres de moi, cherchant un signe de soumission de ma part mais il n'y en eut absolument aucun. Durant deux bonnes minutes il se donna en spectacle, augmentant l'intensité de ses comportements de domination sans aucun mouvement de ma part. Ni pour me soumettre, ni pour répondre à ses provocations. Je restais simplement là, tranquillement assis, parfaitement calme à le regarder. Tous les pokémon nous regardaient mais peu d'humains n'avaient remarqués la scène entre nous. Le dresseur du Grahyena était trop occupé à rire dans un coin.
Soudain, excédé, l'autre mâle s'élança en avant pour me mordre. Je fis un simple pas de côté. Le Grahyena percuta le mur de plein fouet, s’assommant à moitié en poussant un couinement de douleur ridicule qui attira l'attention de tout le monde cette fois-ci. De nouveau assis, j'observais le Grahyena aussi honteux que furieux qui se retournait vers moi en me menaçant de ses crocs. Je pris alors la parole, calmement mais tout le monde pouvait m'entendre à cause du silence :

« Tu commences à me fatiguer. Tu m'as agressé injustement et tu as échoué à me soumettre. Tu ne sais même pas prendre une position d'intimidation correcte. Tu te couvre de honte publiquement, tu es déshonoré. Maintenant calme toi et restons-en là. Si tu tiens vraiment à ce que je t'arrache la fourrure, quitte cette terrasse je te rejoins.»

Il était clair que je ne plaisantais pas. Le Grahyena hésita, déstabilisé...

Le gérant du bar n’était pas arrivé depuis deux minutes que tout le monde lui tombait dessus. Les clients qui voulaient le saluer, ceux qui étaient curieux de savoir pourquoi il était parti comme ça sans prévenir et revenait maintenant accompagné d’un Lougaroc, ceux qui souhaitaient simplement passer commande, les collègues qui avaient besoin d’aide et ceux qui se demandaient si Achille avait récupéré ce qu’il était parti chercher. Une accumulation de petites interactions qui lui firent prendre un peu de retard dans la commande du pokémon. Quand il arriva enfin derrière le comptoir, où s’affairait déjà le barman, il saisi une gamelle et ouvrit la bouteille de jus de mangue. Avec la chaleur de l’été il était presque obligatoire d’avoir des gamelles à remplir d’eau fraiche pour les pokémons des clients qui restent en terrasse. Après avoir rempli la gamelle de jus de mangue, c’est-à-dire après avoir vidé plus de la moitié de la bouteille, Achille ouvrit la bouteille de rhum puis s’interrompit quelques secondes avant de demander à son collègue.

« - C’est quoi les doses d’alcool réglementaire pour un pokémon ? »

L’expression de surprise et d’incompréhension qui s’afficha sur la tête du barman lui suffisait comme réponse.

« - Ouais je sais, je t’expliquerai tout à l’heure. »

Puis il versa l’équivalent d’un shot et demi, c’était un peu près la dose pour un humain. Quand ce fût fais il saisit la gamelle et s’en alla de nouveau sur la terrasse. Il s’approcha de Déclic quand il remarqua qu’il était en pleine « confrontation » avec un Grahyena. Ce dernier attaqua et Déclic esquiva. Ne pouvant interrompre son élan, le pokémon noir et gris donna un coup de boule dans le mur et poussa un cri de douleur. Maintenant tout le monde regardait et de leur point de vue on aurait dit que le Lougaroc avait blessé l’autre pokémon. C’était sans compter sur le discours qui suivit. Achille en profita pour chercher du regard le dresseur du pokémon en question. Il avait déjà vu ce Grahyena donc la tête du dresseur lui était familière. Il élimina les clients qu’il connaissait bien et qui ne possédaient pas de Grahyena ainsi que ceux qu’ils n’avaient jamais vu. Il élimina aussi les clients qui était déjà là quand il était parti à la poursuite du voleur tout à l’heure car à ce moment là il n’y avait aucun Grahyena sur la terrasse. Cela ne laissait que deux personnes possibles. La première était une femme de la trentaine avec des cheveux très courts. Elle avait bel et bien des pokéballs à sa ceinture mais elle regardait la confrontation entre les pokémons sans intervenir malgré les menaces de Déclic. La deuxième personne était un jeune homme qui semblait avoir le même âge qu’Achille. Il avait des cheveux bruns mi-longs et un peu gras ainsi qu’une grosse veste en cuir et il ne semblait pas avoir pris conscience de l’altercation entre les deux canidés. Achille s’approcha de lui et lui tapa gentiment sur l’épaule pour attirer son attention.

« -Hey, il est à vous le Grahyena là-bas ? Il est en train de causer des problèmes vous pouvez le surveiller s’il vous plait ? »

Malgré les formules de politesses le ton était ferme. Achille voulait bien être un gérant sympathique, rigolo et un peu excentrique mais il était aussi intransigeant sur la tranquillité de son bar. Ceux qui créer des problèmes sont prié de les résoudre si ils veulent encore être le bienvenu. Le dresseur du Grahyena leva les yeux au ciel d’un air exaspéré et soupira un « encore … » avant d’aller vers son pokémon. Il aboya quelques ordres que le pokémon n’écouta qu’à moitié. Pour se faire entendre il claqua des doigts justes à côté de l’oreille du Grahyena qui sursauta de surprise avant de porter enfin toute son attention sur le dresseur quelques secondes. Le jeune homme à la veste en cuir faisait des grands gestes en demandant à son pokémon de filer. Le pokémon finit par obéir et à aller s’installer ailleurs sans quitter Déclic du regard.

« - Désolé pour ça, fit Achille qui approcha la gamelle de jus de mangue et rhum, on dirait bien que tu attires les combats ou les situations compliqués toi. »

Achille s’assit par terre, sur le bitume, à côté de Déclic. Il s’étira longuement et laissa s’échapper un profond soupir.

« - Bon je me suis déjà éclipsé longtemps, il va falloir que je retourne bosser parce que c’est un peu la course derrière. Il leur manquait une personne et du coup ils ont pas eu le temps de prendre un peu d’avance sur la préparation de ce soir. »

Le gérant se releva lentement et profita quelques instants des derniers rayons du soleil qu’il verrait de la journée.

« - Tu peux rester là tranquillement si tu veux, je viendrais quand j’aurais un peu de temps. Sinon si tu as besoin d’un truc urgent tu peux demander à une des serveuses ou un serveur. Tu demandes Achille et je viendrais aussi vite que je peux. »

Il fît un signe amical à Déclic puis Achille reprit le travail.

Ce Grahyena était-il le pokémon dominant des clients de ce bar ? Étant donné la manière dont il tentait de me soumettre j'en doutais sérieusement ou alors ils étaient tous très nuls. Quoi qu'il en soit la tension était palpable entre nous et un combat semblait inévitable : il avait peu de contrôle de ses émotions et avait déjà perdu toute place dominante. Sa seule et unique option pour la récupérer était de me mettre une raclée publiquement. Mais vu la maladresse de son attaque, il n'avait aucune chance contre moi.

C'est le gérant du bar en personne qui agit pour résoudre la situation. Le dresseur du Grahyena se leva et aboya quelques ordres pour désamorcer le conflit. Finalement, l'autre canidé, après avoir ridiculement sursauté, accepta d'obeir à son humain et s'en alla, m'offrant une forme de victoire pleine et complète. Nullement perturbé par l'événement, je me recouchais précisément à l'endroit ou j'étais plus tôt. Je remerciais Achille pour la boisson et lui répondis avec un ricanement masculin. Il est vrai que j'ai une forme de don pour me retrouver impliqué dans des situations compliquées ou pour me faire agresser par les autres mâles. J’appréciais que le grand baraqué prenne le temps de passer un peu de temps avec moi alors qu'il avait du travail. Je lui souhaitais bon courage et restais seul dans mon coin, tranquillement.

La boisson fut un véritable délice que je pris le temps de déguster. Peu après le départ d'Achille, je notais un furtif regard depuis l'intérieur du bar : Une Roublenard qui m'observait de loin. Je la regardais droit dans les yeux puis lui fis un clin d'oeil. Elle sursauta et disparut. J'en fus amusé. Je fus alors interpellé par un client : celui d'un certain âge. Il me demanda comme un Lougaroc c'était retrouvé à apprendre à parler l'humain. Après lui avoir expliqué, je lui demandé ce qu'un capitaine fichait ici plutôt que sur son navire au beau milieu de l'océan. Après un instant de silence, l'homme éclata d'un rire sonore et nous eûmes une longue conversation qui intéressa plusieurs autres clients. Nous fûmes le centre de l'attention durant un bon moment. La Roublenard en profita pour se rapprocher et m'écouter parler de ma vie et de celle du marin. Celui-ci nous abandonna quelques instants pour un besoin naturel. J'en profitais pour inviter la Roublenard, l'encourager à se rapprocher de moi. Timide mais contente, la renarde s'installa contre moi. Je consacrais les minutes suivantes à faire sa connaissance et bien vite elle se laissa aller dans mes pattes, visiblement heureuse. Le Couafarel, qui était toujours là, en fut plus choqué que jamais quant au Grahyena il ne me lâchait plus du regard et ses babines restaient froissées en permanence. Je passais tout le reste de la soirée à discuter avec le marin qui s'en alla peu avant la fin du service.

Quand celui-ci arriva, j'étais toujours installé à la même place, la Roublenard roucoulant entre mes pattes. Il n'étais pas question pour moi de partir sans souhaiter le bonsoir à Achille, qui était toujours occupé, et franchement je n'avais pas vraiment envie de quitter ma nouvelle amie.

Les clients arrivèrent les uns après les autres pour profiter au maximum de l’happy hour. Des groupes d’étudiants venu passer du bon temps, des collègues qui veulent trinquer avant de rentrer chez eux, des chômeurs qui ont besoin d’un verre et même une équipe de marin qui profite de la marée basse pour glisser des flots plus doux. Comme d’habitude le service est intense et éreintant. Il est facile de ne plus savoir où donner de la tête parmi toutes les commandes à retenir, les numéros de tables et les « Monsieur ! » ou « Mademoiselle ! » lancé par les plus impatients. Comme d’habitude la cuisine exécute sa tâche parfaitement et tout le monde est ravi des pizzas maisons, des bruschettas et des planches apéros. Le chef reçoit de nombreux compliments. Comme d’habitude plus la nuit avance et plus les verres se renversent, l’alcool coule presque autant sur le plancher que dans les gosiers. Et comme d’habitude quelques râles se font entendre au moment de fermer la terrasse mais le patron autoritaire insiste et tout rentre dans l’ordre. Achille aperçoit Déclic en charmante compagnie, il lui aurait bien lancer un regard entendu mais le Lougaroc est bien trop occupé pour lui prêter attention.

La nuit recouvre tout Céladopole de sa douce couverture noire. Tout le monde dort sauf les monstres qui guettent un pied qui dépassent de la couette. Les dernières veilleuses du Summer’s s’éteignent et Achille ferme la porte à clef doucement pour ne pas réveiller le petit Salamèche qui dort dans ses bras. La flamme du bout de sa queue pend dans le vide, projetant une chaleur réconfortante sur le ventre nu de son dresseur. La saison des crop-tops était bientôt finis. L’équipe de fermeture du bar se dispersait tranquillement après s’être souhaité une douce nuit et embrassé une dernière fois pour la soirée. Seul restait Achille et une serveuse du nom de Sandra qui fumait une cigarette assise sur un rebord de fenêtre.

« - Et bah ! Tu trainasses ce soir dis donc, commença Achille faussement agacé, je te compterai pas ça en heure supp’. »

Elle sourit puis d’un geste de la tête lui désigna Déclic alors qu’elle expirait une bouffée de fumée. Allongé dans un coin de la terrasse la lune éclairait timidement ses poils à mi-chemin entre le brun et le roux. A ses côtés se tenait un autre pokémon et Achille reconnut enfin le masque caractéristique d’un Roublenard. Il s’agissait d’Eve, le pokémon de Sandra. La serveuse avait été dresseuse dans une autre vie avant l’année noire. Elle avait triomphé de plusieurs arènes avec Eve et d’autres pokémons mais ce passé était loin maintenant. Cependant Eve gardait quelques restes et c’était elle qui calmait les pokémons problématiques en général. Elle était efficace mais surtout précise et ne provoquait jamais de dégâts colatéral. Mais ce soir elle était simplement lové contre Déclic.

« - Pourquoi on n’est pas des pokémons nous ? »

Eve et Déclic étaient tranquillement allongés l’un à côté de l’autre, Hélios dormait profondément dans les bras épais de son dresseur et Caliel s’amusait à chasser des papillons de nuits. Achille s’assit à côté de Sandra, bien décider à s’accorder quelques minutes pour profiter consciemment de son bonheur. Les journées étaient fatigantes certes mais au moins il s’endormait sans aucune difficulté. Il ne savait pas ce qu’il aurait pu faire pour être encore plus heureux. Caliel du le sentir car il vint se blottir contre son dresseur et le serait de ses petits bras. Il profita un instant à la lumière d’une cigarette et d’une lune pudique. Puis la fatigue commença à s’installer doucement mais profondément. Il était temps d’aller rejoindre Morphée.

« - Tu as un endroit où dormir Déclic ? »

Aujourd'hui est un cadeau, c'est pour cela que ça s'appelle le présent, disait un grand sage. J'avais passé une excellente soirée et je continuais d'en profiter. J'avais bien compris que le bar avait fermé : Achille est intervenu un peu plus tôt pour mettre tout le monde dehors. Quelques râleurs ont résisté naturellement, dont le jeune homme au Grahyena. La situation aurait pu vite se tendre mais Achille dosa parfaitement son autorité et tout se passa tranquillement. Le seul petit incident notable c'est le Grahyena qui se débrouilla pour passer tout prêt de nous en me montrant les crocs. Je l'ignorais royalement, pas une once d'attention, pas même un poil qui frémi. Je savais que cette absence de réaction le mettrait en colère. J'en rajoutais une couche en plongeant le museau dans le fourrure de la Roublenard qui répondit à mon câlin. Savourant ma victoire, je jetais un œil au Grahyena qui s'en allait : son poil en était hérissé de contrariété.

Ainsi je n'avais pas très envie de partir et c'était aussi l'avis d'Eve. Tous les deux, nous discutions à voix basse, entre nous. Cependant, l'entraînement de policier d'élite me donnait le réflexe de garder un œil sur ce qu'il se passait autours de moi. Je le faisais de manière instinctive désormais, sans réfléchir. Je notais bien sur que Achille et la serveuse nous observaient mais je ne leur prêtais aucune véritable attention... jusqu'au moment ou Achille posa sa question.

Je lui répondis tranquillement, d'une voix grave et masculine, de celui qui se sens bien en cet instant :

« Ici même, la truffe dans la fourrure de ce beau cadeau que m'offre la nuit. »

La Roublenard, visiblement touchée par ce genre de parole, plongea son museau dans mon cou, contente. Je lui rendis son câlin et j'ajoutais :

« Je loge à l'université. Les étudiants m'ont construits la bas une niche tout confort. Mais je pense que vous pouvez comprendre que je n'ai pas très envie de rentrer seul ce soir. »

Je savais que Achille ne me laisserait pas dormir ici sur sa terrasse ni dans son bar. Je n'étais pas invité chez Sandra la serveuse et j'étais presque certains qu'elle ne donnerait pas l'autorisation à Eve de venir avec moi... Pourtant je tentais le coup :

« Je vous la ramène demain matin ? » Demandais-je à Sandra.

Qui ne tente rien n'a rien...

La présence d’une femelle rendait Déclic poète et Achille ne put s’empêcher de retenir un petit rire. Il y a quelques heures il n’avait jamais entendu un pokémon parler et voilà que celui là se lançait dans des métaphores.

« - Ca n’a pas de fourrure un cadeau enfin, blagua-t-il, mais si tu veux surveiller le bar et dormir là moi je n’y vois pas d’inconvénient. Du moins pas tant que tu te retiens de marquer ton territoire sur les murs ou la terrasse. »

Apparemment cette proposition ne plaisait pas à Sandra qui poussa un grognement avant de souffler une goulée de fumée.

« - Nan nan Eve ne dors pas dehors avec un inconnu. Si tu veux passer la nuit avec elle tu peux venir à l’appart. »

Cette proposition semblait plaire à la Roublenard qui émit un petit glapissement de satisfaction. Ainsi les quatres pokémons et les deux humains se mirent tous en route dans la même direction. Pour être exact le quatrième pokémon, Hélios, se laissait plutôt porter qu’autre chose, son sommeil était si profond que rien ne pouvait le réveiller. Sandra et Eve habitait dans le même immeuble qu’Achille et la plupart des employés du bar. Une fois de retour devant la porte Sandra s’adressa à Déclic.

« - Je suis super contente qu’Eve ait un peu de compagnie. Vraiment. Par contre ! Si vous me réveillez je vous jure que je vous mets dehors. Tout les deux. »

Puis elle ouvrit la porte et commença à monter les escaliers. Cette menace avait été prononcé sur un ton fatigué mais néanmoins ferme. Discrètement Achille s’adressa à son tour au nouveau couple.

« - Elle commence assez tôt demain et si elle a pas ses huit heures de sommeil elle va pas arrêter de râler donc s’il vous plait soyez sage.

- Je t’entends Achille ! »

Le gérant du bar gloussa comme un enfant qui aurait fait une bêtise puis il prit lui aussi la direction des escaliers et monta jusqu’à sa porte. Il dit au revoir une dernière fois puis entra chez lui. Il posa délicatement Hélios dans son panier ignifugé, fit un bisou à Caliel puis alla dans on lit où il se déshabilla et s’endormit en une fraction de seconde le sourire aux lèvres. Les journées commençaient tôt et finissaient tard. Il n’avait pas eu l’occasion de prendre plus d’une semaine de repos en un an. Grace à ça il n’avait plus aucune difficulté à s’endormir. Et heureusement pour lui car demain une grosse journée s’annonçait encore.