Oh Mon Bateau... C'est le plus beau des bateaux.

Sur le port de Carmin, on y danse, on y danse... Voila un trio de choc qui se trimballe sur le port. Y sont pas Beau? Nan. En fait, ils sont... Plutôt moche. Est il vraiment nécessaire de les décrire? Duduche, ce gros tas de bière, bouteille de pinard à la main. A côté de lui, René, un Grotadmorv, entrain de se faire verser une lampée de la piquette du dresseur dans ce qui ressemble à sa bouche. Encore à côté, à peine plus en retrait, Gloups, le nouveau venu. Il affiche un air impressionné à la vue de Mer... Voilà pour la carte postale.

Duduche s'éclatait bien, visiblement. Il était comme ça, maintenant. Cette simple ballade le réjouissait. L'air marin titillait ses narines agréablement, le goût âpre du rouge lui chatouillait la gorge. Visiblement, René était dans le même état de contentement. Ce qui était amusant, c'était que, dans ce genre de situation, sans gênes aucunes, les deux larrons se mettent à chanter.

"OOoooOOhh Mon Baaateaaauu! C'est le plus beau de Baaaaaateau!"

"Grot Grot! Taaaa D'Meuuuuurv"

Gloups lui, se situait dans une fine posture de contemplation. De toute évidence, il semblait beaucoup moins "gras" que ses deux compagnons. Il appréciait tout autant cette marche portuaire, mais pour de toutes autres raisons. Loin de cette triste euphorie éthylique, il se plaçait plus dans une optique contemplative. L'immensité qui lui faisait face le transcendait d'Émotion. De fascination, d'abord, et d'un respect teinté d'éffroi: Se retrouver seul à nager - imaginez le Marcacrin entrain de se debattre sur les flots - lui donnait des sueurs froides. Mais il n'y avait pas que ça:

Des gens commençait à leur dire avec une courtoisie certaine de la fermer. "Ta gueule!" "Va cuver plus loin, Papi!". Rien ne semblait pouvoir les arreter. Le clochard et le tas de boue se cassaient la voix dans un élan de notes fausses, un symphonie de dissonance.

Vont quand même pas nous faire chier, les Niquelés! Ils sont chiants les gens du coin... Qu'ils rentrent chez maman!

Il but une nouvelle gorgée. Et il avait une sacrée gorge. Sur une échelle de 1 à 10, Duduche était bourré à 8. Super. Il cessa de chanter avant de littéralement gueuler:
"NOUS SOMMES LIBRES!"

Ils se remit ensuite à chanter, balançant le fond de la bouteille dans le gosier du Pokemon visqueux. Finalement, ils arrivèrent au bout du port. Là, il n'y avait plus grand monde. C'était même le coin idéal pour faire une petite sieste. Il proposa l'idée à ses deux camarades, qui semblaient unanimement réjouis par l'idée. Ils prirent leurs positions habituelles: Gloups se posait d'abord, puis Duduche s'en servait comme d'un oreiller. Ensuite, René se posait à leur côté.

Alors qu'ils commençaient à s'assoupir, ils entendirent des bruits de pas. RRrrr... Grrrr... C'est quoi ça? J'regarde, ou je reste pieuté? Allez. On sait jamais que ce soit encore un enfoiré de casseur de SDF...

"Oh! C'est quoi ce bruit? Vous allez la fermer oui? Y en a qui dorment! Y a plus de respect, dans ce bas monde?"

"Excusez-moi cher monsieur mais vous n'avez pas l'air très bien... est-ce que je peux vous aider?"

René commençait à émerger aussi. Il remua un peu et ouvrit les yeux. Ensuite, il se plaça à coté de Duduche. Ni l'un ni l'autre ne s'était assoupi vraiment. Pourtant, ce n'était pas l'envie qui avait manqué. Avec le sacré coup qu'ils avaient dans le nez, cette sieste aurait été fort salvatrice. A son tour, Gloups sembla revenir en état d'éveil. Il faisait un genre de grimace mécontente. Un grognement -Il est quelle heure, bordel?- il vint se placer de l'autre côté de son dresseur, puis sembla observé doucement le nouvel arrivant, comme pour essayer d'analyser le danger.

A vrai dire, de prime abord, il ne fut pas plus impressionné que ça. Des riches, ça court les rues. Face à eux, il y avait deux comportements possible: Les détrousser violemment ou se ficher d'eux. En règle générale, quand ils ne venaient pas chercher querelle, la Dirty Team préférait éthiquement la deuxième option. Plus simple, moralement plus viable. Pourtant, le Pokemon Marcassin tiqua:

Le mec n'avait pas l'air d'un bourgeois classique. Comme une aura, comme une... Odeur de Pokemon! Le type devait être un dresseur. Il renifla un peu. Le parfum couvrait une espèce d'odeur de cleps. Caninos? Goupix? Pire? Cela commença à rapidement l'effrayer. Il aimait bien savoir sur quoi ils pouvaient tomber. D'autant qu'il n'était sorti de ses rêveries qu'après l'intervention du nouveau venu.

Duduche lui, se gratta la tête, répandant une odeur encore plus forte. Qu'est-ce qu'il a ce type? Je pue? Attends... Vérifions. Bien non. Ma dernière douche date pas trop... Euh... Deux Semaines. Roooh... Ils sont sensibles, ces types des beaux quartiers! Doucement, notre héros tendit la main. Comme un vers de poème apprit par cœur, il lança en degageant une haleine morbide:

"T'veux m'aider? File moi une petite pièce! On pieuterait bien à l'hôtel ce soir!"

René, lui, semblait plus hostile. Le mec ne l'inspirait pas. En même temps, ça ne l'aurait pas déranger de faire la peau de ce type et d'lui piquer son pognon. Comme il l'exprimait souvent au Marcacrin, à la guerre comme à la guerre. Et "faut bien vivre". On imagine rarement qu'un Pokemon ait pu galérer. Avant de rencontré Duduche, il en avait pas mal chié pour trouver de la graille. Trop faible, il n'avait jamais pu chasser, voler, comme le font pas mal de Pokemon sauvage. En rencontrant le vieux clodo, sa vie, même si pas toujours vraiment réjouissante, s'était vachement amelioré. La picole par exemple, lui avait donné le courage d'aller chercher la baston pour survivre. Et, petit à petit, il était devenu fort. On ne pouvait donc pas vraiment lui en vouloir d'être belliqueux. Mais sa fidelité et son amitié pour son dresseur l'empechait de faire le Kakou.

Duduche, ne voyant pas la réponse arriver, reprit un peu plus pressant, avec un sourire légèrement moqueur:

"C'est pas comme si ça manquait, pour toi, nan? Tu nous as réveillé. Tu nous dois bien ça, nan?"

Topic considéré comme abandonner, comptage de lignes :



ADD : 72 Lignes