Note pour plus tard, ne jamais, ô grand jamais, laisser Branette regarder avec moi la télévision. Encore que ce ne fût pas la première fois, mais comme par hasard, cette fois je m’en serais bien passer. Une fête foraine c’est vrai que c’est amusant et avec ce qu’en disait la journaliste, je ne cacherais pas la tentation de m’y rendre, mais entre mes nouvelles obligations ici et les arènes que je dois encore visiter, faire un grand voyage n’est pas si simple que ça. Malheureusement, quand une joueuse et reine de la taquinerie comme Branette décide du contraire, on se retrouve bien vite embarquer dans le train, direction Safrania à Kantô, avant de rejoindre à pied la ville de la championne plante Erika. Bien sûr qui dit journée à la fête, dit aucun dans sa pokeball et donc à nous sept un spectacle ambulant. Entre Donphan qui profitant d’être de sortie, s’arrête à chaque arbuste à baies pour augmenter sa propre réserve, Branette qui pour ne pas changer se retrouve à faire des grimaces aux pokemons des hautes herbes que sont les Ratata et autre Roucool. N’oublions pas non plus Qun, qui tout fier qu’il est, est partit en éclaireur officiellement, mais officieusement il doit sans doute vouloir montrer à de nouveaux pokemons qui il est, une star en somme.

Mygavolt est à ses basques et je préfère ne pas imaginer pourquoi avec elle. Même en s’étant sociabilisée, elle reste un chouia sadique par moment. Elle serait bien capable de piéger Keunotor dans ses toiles pour qu’il soit ridicule devant les autres. Psykokwak est à deux trois mètres devant, toujours à écouter ses chansons avec Kwak. En résumé, il n’y a que Gardevoir et Nanmeouie qui sont à mes côtés. La première n’étant pas non plus si innocente, puisque contrairement ce que je m’étais attendu, elle s’est rangé du côté de Branette lorsque cette dernière leur a parlé de la fête foraine. Dans le fond il n’y a donc que Nanmeouie a être réellement calme et sans taquineries d’aucune sorte pour moi, ce qui n’est pas plus mal finalement. Néanmoins, malgré les envies de chacun, nous arrivons finalement à Celadopole et sans avoir besoin de faire plus de pas, l’ambiance festive peut déjà se faire ressentir. Entre l’odeur des stands de barbe à papa version pokemon, les chamboule tout avec de faux Voltorbe en guise de projectile, l’imposant carrousel Ponyta, en passant par le petit palais des Givrali et un tas d’autres attractions, nous risquons de ne jamais voir le jour se finir. Bien sûr sans perdre de temps, Branette est déjà devant un stand. Une variante du test de force avec masse que l’on trouve parfois.

Cette fois la cible est un Ectoplasma, fictif bien sûr et qui réagit selon la force du coup. Sauf que contrairement à ce qu’à pu imaginer Branette, sa Ball’Ombre n’obtient qu’un résultat moyen, autant dire que ce n’est pas pour la mettre de bonne humeur. Le résultat ? Une cible qui se retrouve détruite par une attaque Tonnerre ni vue ni connue et une Branette qui fait mine de rien en se posant au-dessus de moi. Au moins quand Gardevoir et Psykokwak font un tour sur le carrousel, elles sont bien plus calmes, même si Atsuko continue à bouger au son de sa musique. Un peu plus loin, en m’aventurant dans le fameux palais de Givrali, avec ses murs invisibles. Autant dire que là, Donphan, Nanmeouie et moi sommes logés à la même enseigne, contrairement à Branette qui se paye le luxe de nous narguer en passant à travers les murs. Casper est de retour les amis. Néanmoins, même sans son aide, car bien sûr elle ne nous indique rien, nous arrivons à sortir en vie de cet enfer invisible et je remarque plus loin une petite tombola.

Au moins en y allant, je ne vois pas vraiment ce que nous risquons. Pas de cible pour abaisser la force que pense avoir Branette, ni de mur non visible dans lequel se cogner. Bon une fois n’est pas coutume, la chance n’est pas dans mes amis et contrairement à certains qui dépassent sans soucis les cents points, je ne suis qu’à soixante-trois, pas le pire, mais clairement pas le meilleur. Au moins la jeune femme qui nous explique nos potentiels lots est sympathique et je m’éloigne avec une boite en main, que je compte ouvrir plus tard. Bon maintenant ou allons-nous ? Une petite pause casse-croute ne me ferait pas de mal, mais il faut encore trouver un coin au calme et ça, ce n’est pas si facile que ça peut en avoir l’air malheureusement.

Les odeurs, les couleurs, le bruits, le monde, la foule, les enfants, les lumières, les attractions , les cris. L'enchantement était à son comble lorsque Anshu se promenait en centre ville. Chaque jour était maître de nouvelles surprises relatives aux particularités régionales de chaque ville de Kanto, et il entendait bien profiter de chacune d'entre elles au maximum. Il avait bu une bière à Carmin-Sur-Mer avant d'acheter un maillot de bain, et de se baigner dans les eaux pleines d'algues de la grande ville. Il avait visité les égoûts de la cité maritime, et avait même réussi à combattre un tadmorv - un pokémon qui sentait tellement mauvais que son Grainipiot avait refusé de sortir de sa ball. Et maintenant qu'il était à Céladopole, il tombait en pleine fête foraine.

Il ne savait pas ce que l'on fêtait mais il aimait beaucoup. C'était plein de gens, d'enfants mangeant des confiseries, de jeunes couples étreignant des peluches, de forains appelant qui voudrait relever leurs défis, et d'autres personnages riches en couleur. Qui aurait pu prédire que la ville se serait si bien relevée de ce fameux Halloween macabre, quelques années auparavant ? Tous semblaient oublier les évènements pour se concentrer sur l'instant présent. Une bouée Ronflex sous le bras, Anshu se fit appeler par une jeune femme qui tapota un panneau marqué "chance pour tous". En s'informant un peu plus sur le sujet, Anshu apprit le principe du jeu. Tirer un score, et choisir des lots. Tout le monde gagnait. Pourtant habillé aux couleurs locales - contrairement à quelques jours plus tôt - il se plia au jeu, et tira avec naïveté un bon score, 94.

Les yeux brillants d'excitation à l'idée de pouvoir faire grandir ses protégés, il hésita longuement. Ses mains baguées d'or et de pierres frottèrent son menton avec un air pensif. Ses yeux errèrent de lot en lot et puis finalement...

Anshu : Je prendrai une sombreball, ainsi que deux baies citrus, s'il vous plait.

Il n'avait pas vraiment compris l'utilité de toutes ces balls différentes, mais celle qu'il avait choisie semblait convenir à ses besoins. Après tout il avait prévu dans un futur proche d'élargir sa team d'explorateurs de pokémons aux sombres desseins qu'il ne trouverait donc que la nuit. Un serpent particulièrement violent qu'il savait petit comme un ver quand il n'avait pas encore évolué.

La dame se mit à rougir devant son accent exotique, et s'inclina bien bas en lui demandant de prononcer quelques mots dans sa langue natale. Anshu se plia au jeu, et elle lui demanda de l'accompagner manger un "hot dog". Il ne savait pas ce que c'était, et fut surpris de voir une "saucisse" coincée entre deux tranches de pain long et moelleux, le tout arrosé d'une sauce à base de tomate.

Etrangère : Hahaha, comment est-ce que vous dites "repas" en ningavien ?

Anshu : Nabÿc, si vous parlez d'un repas simple, puicdevyemma s'il s'agit d'un grand repas.

Etrangère : Ohoho ! Et comment dites-vous hot dog ?

Anshu : Nous n'avons pas de mot pour dire ... ant'tog.

Sa prononciation était hasardeuse. Rapidement, son "amie" de fortune se fit rapeler à l'ordre plutôt vindicativement par son patron ou bien son mari -il ne savait pas trop - et il se retrouva seul. Livré à lui-même, ses gains enveloppés avec amour et gloussements dans une petite boîte, il observa non loin un autre homme, lui aussi seul.

Enfin, si l'on mettait de côté les pokémons qu'il avait avec lui. Fort de faire une nouvelle connaissance, Anshu se leva, et alla saluer l'inconnu, sourire aux lèvres, mains dans les poches, turban légèrement redressé.

Anshu : Vous devez prendre de la place dans les ... tronsport en commun !

Il avait un sourire grand comme une banane, alors même qu'il n'était pas sûr que sa blague puisse être comprise par quiconque.

Je tourne en rond depuis quelques minutes. D’un côté ce n’est guère surprenant. Ce genre d’évènement rassemble toujours autant de monde, alors il en devient limite plus simple de croiser la route d’un pokemon légendaire, plutôt que de simplement trouver une table de libre, ou au moins un carré de verdure. D’un côté, si j’avais un peu de volonté et de courage, j’irais prendre le risque d’aller faire des petites courses dans les grands rayons du Centre Commercial, avant de m’éloigner le temps d’un repas de la ville. Ce ne sont pas les coins tranquilles qui manquent autour de Celadopole. De toute façon, avec les « enfants » que sont mes pokemons, je crois que ce ne sera pas à moi de décider quand partir, mais bien quand ils seront tous fatigués, ce qui n’arrivera assez probablement que tard dans la soirée. Qui a dit qu’être éleveur c’est une passion calme et reposante ? Une personne à l’esprit de Ramoloss sans l’ombre d’un doute. Quoi qu’il en soit, il semble que la petite star du groupe qu’est Qun, a finalement trouvé l’endroit où nous allons pouvoir nous installer un peu. Sans doute une belle trouvaille à ses yeux, étant donné que non loin il y à quelques stands gourmandes. En nous installant tout autour de la table, Donphan se positionne sur ma droite, pendant que notre saint seigneur Castor grimpe sur l’une des chaises, même s’il se sait incapable de bien se tenir ainsi et qu’il devra soit se mettre sur la table elle-même, soit à côté de son ami Babar. Au moins l’avantage dans ce genre de situation avec Branette, c’est qu’elle peut manger en flottant, ce qui fait qu’elle n’a pas à s’embêter pour trouver une place. Psykokwak par contre, même en ayant un physique plus simple que Qun pour s’installer autour d’une table, doit grimper sur la plus haute chaise pour être tranquille. Nanmeouie elle s’est assise sur ma gauche, agitant sa tête de droite à gauche avec un petit sourire mignon. Minavolt se fichant un peu des passants, se crée un coussin plus ou moins imposant en Toile-Elek et s’assoit dessus pour être à bonne hauteur.

Maintenant il reste le plus important à faire et c’est bien sûr d’aller acheter notre repas. Pas besoin de faire un dessin sur qui se dévoue j’imagine, puisque si ce n’est Nanmeouie et Gardevoir, les autres semblent être atteints d’une flemme aigue, ne pouvant être soigné que par un copieux repas. Sauf que bon, faut être réaliste, aussi gourmand qu’il puisse être, ce n’est pas avec deux trois stands d’un festival x ou y que l’on aura un déjeuner digne d’un quatre étoiles. Accompagner par mes deux demoiselles, nous allons prendre quelques boulettes – d’apparence viande, mais en réalité de sucre – et des biscuits au chocolat, ainsi qu’un bon hot-dog pour moi et des barbe-à-papa… Oui bon je suis conscient que ce repas a davantage l’air d’être un goûter, mais bon, est-ce ma faute si j’aime tant le sucré et que mes compagnons également ? Je n’en suis pas si sûr donc voilà. Rapportant le tout à la table ou il ne reste plus que deux chaises libres, je me rends compte que j’ai oublié de prendre quelques boissons. Oui j’ai toujours les eaux fraiches, mais tant qu’à faire sucré, autant le faire jusqu’au bout. Je vais donc chercher quelques jus de fruits, histoire de faire partager à mes amis la douce saveur acide d’un jus de pamplemousse. En revenant, un jeune homme au look plutôt étrange, ou tout du moins peu commun dans le coin s’adresse à moi. N’étant pas vraiment du style à ignorer et passer mon chemin – surtout que la table est juste à trois mètres donc bon – je me retourne vers lui pour lui répondre avec un petit sourire, tout en indiquant la fameuse table d’un geste de la main encore libre.

Il est vrai qu’avec mes amis, nous prenons un peu de place et encore, les plus volumineux ne sont pas tous là vous pouvez me croire l’ami. C’est pourquoi je préfère voyager à pied, découvrir de nouveaux horizons, même si mon travail, ou plutôt ma passion me prend beaucoup de temps. Excuser mes manières, je ne me suis même pas présenter. Je suis Kaiza Yashiro, en charge de la célèbre pension Yashiro près de Mauville. Vous par contre, il me semble assez évident que vous ne venez ni de Kanto, ni de Jotho. Peut-être d’une des îles de Samibato ? Mes parents sont partit vivre à Niam, la ville culinaire. Que diriez-vous de nous rejoindre pour grignoter un peu ?

Il lui avait répondu. Avec une telle vitesse et un tel flot de parole qu'il n'avait quasiment rien compris à son charabia. Cela dut se voir sur son visage car il afficha une mine de totale incompréhension. Hé. Les gens d'ici ne savaient pas reconnaître un étranger ? Ils respiraient au milieu d'une phrase ? Anshu cligna très fort des yeux pour se remettre, et décortiqua ce qu'on venait de lui dire. Il avait plus de pokémons que ceux qui étaient déjà dehors, et plus gros. Il l'appelait "son ami".

Ah bon ? Si vite ? Anshu n'était pas encore très familier avec les coutumes de Kanto, mais Chansen l'avait aussi appelé "ami" rapidement. C'était peut-être une expression ? Quelque chose qui ne voulait pas dire ce qu'il croyait. Il s'appelait Kaiza Yashiro, et était éleveur, et avait deviné qu'il n'était pas de la région. Le reste... il n'avait rien compris. Il avait vaguement reconnu le nom déformé d'une île. Quelque chose comme... "Nyllame", sans doute Niam. Ah. Mais il avait compris qu'il l'invitait à manger avec lui. C'était aimable, même s'il ne savait pas trop comment manger au milieu de tous ces pokémons. Il les fixa d'un drôle d'air, surtout en reconnaissant certains types caractéristiques de Samibato. Et bien, l'export battait son plein.

Anshu : Je suis Anshu Suraja - son accent était chantant, très chaleureux - je viens de Ningavio... et je suis un peu... perdu ?

Il s'assit doucement, prenant gare à ne pas tirer son turban en arrière. Il avait mis suffisamment de temps à nouer son attirail d'un orange vif pour libérer sa masse de cheveux au premier geste maladroit. Il croisa les jambes en tailleur, rapprocha ses chevilles de lui, et se tint bien droit.

Anshu : Qu'est-ce que c'est ici ? On fête quelque chose, c'est ça ? C'est plutôt amusant, j'ai... gagné ! A un jeu où on devait tirer quelque chose.

Il eut un sourire, posa son coude sur la table, et posa son menton dans le creux de la main, parfaitement à l'aise. C'était fascinant. Tellement de monde dans un aussi petit endroit. Une population qui dépassait et de très loin toutes les villes de sa mère patrie. Il doutait même qu'il y ait autant de pokémons chez lui que d'humains ici. Il jeta, en coin, un regard légèrement inquiet à la Mygavolt. Il ne connaissait que trop bien ces bêtes-là pour s'en méfier comme la peste. C'était une des raisons majeures de disparition sur les îles marécageuses et dans les grottes mal éclairées.

Anshu : Il y a beaucoup de couples, ici. C'est ... mignan.

Et c'était surtout très étrange. Il ne comprenait qu'avec beaucoup de de mal la propension à la démonstration sentimentale des habitants de la région. On se tenait par la main, se touchait, pire, on s'embrassait. Jamais il ne se serait permis pareil comportement. Chez lui l'amour se portait comme une fierté, et l'intimité était réservée... à l'intimité. Mais il avait cru comprendre en voyant certaines demoiselles à peine vêtues que la pudeur n'était pas vraiment le facteur principal d'intégration par ici. C'était peut-être même lui qui choquait un peu, avec toutes ses couches de tissus.