Ghost trick [PV Elrick Keiga]

- « Regardes, maman, c’est monsieur Kujaku, celui qui a gagné la coupe Gama ! Tu penses que je peux lui demander un autographe ? Tu penses que je serais comme ça plus tard ?

- Pas maintenant, ma chérie. Il a l’air fatigué. Il doit signer beaucoup d’autographes, tu sais ? »

Abel jeta un bref coup d’œil en direction de la voix enfantine qu’il venait d’entendre. Une mère avec sa fille, graine de future coordinatrice. Il n’avait pas eu besoin de décliner la demande, et s’en sentait soulagé. Apparemment, la mère avait comprise en le regardant qu’il n’était pas d’humeur, en ce moment.
Le pourcentage de personnes qui le reconnaissaient était faible (après tout, le concours Gama datait d’il y a plusieurs années), mais pas inexistant, or en ce moment, il aspirait à la tranquillité. C’était la raison pour laquelle le dresseur avait choisi Lavanville comme lieu de promenade. La plupart du temps, personne n’allait voir personne dans cette ville, a part pour présenter ses hommages pour un Pokémon décédé.
Bref, la retraite parfaite pour lui.

- « …Je devrais peut-être m’installer ici. »

Il avait revendu il y a quelques temps son appartement de Doublonville. Trop de souvenirs demeuraient en son sein, et il n’avait pas franchement envie de revoir le visage souriant de Yukichi chaque jour. Auparavant, il le gardait quand même, mais depuis que ses enfants avaient quitté la maison, cet appartement ne présentait plus le moindre intérêt pour lui, aussi il l’avait quitté, espérant sans trop y croire que repartir en vadrouille lui permettrait de trouver une nouvelle occupation.

- « Vous venez pleurer un de vos Pokémons, jeune homme ? »

Le jeune homme dont il était question sursaute, puis se retourna, découvrant le visage de l’emblème du village de Lavanville, monsieur Fuji en personne.

- « …Pas vraiment. Disons plutôt que mon état d’esprit correspond très bien au lieu. »

Le vieil homme eut un sourire. En voyant le spectacle du garçon qui se promenait dans la ville avec une tête à rendre blasé un Ectoplasma, il avait voulu se rendre utile. Il en avait vu souvent, des jeunes dans son genre, qui pensaient avoir tout perdu. La plupart du temps, ils se fourvoyaient.

- « Je vois… Eh bien, je suppose qu’il est inutile de vous déranger plus longtemps alors. J’espère que l’atmosphère du village vous permettra d’améliorer ce fameux « état d’esprit ». Ma maison est de ce côté, si vous avez besoin de quelques choses. »

Toujours avec ce sourire discret, M.Fuji laissa là l’ancien Rocket, assez perplexe devant la réaction du vieil homme. Il voyait difficilement comment un village pouvait lui permettre d’aller mieux, surtout un village ou la majorité des personnes pleuraient tous les jours, et qui était envahi à la tombée de la nuit par les Pokémons Spectres.
En fait, si tout le monde commençait à le gonfler comme ça, il allait sans doute reporter son projet d’emménager ici. Laissant échapper un profond soupir, il posa au sol son sac à dos, sortit une bouteille d’eau, et en but une gorgée, avant de tendre la bouteille à son Teddiursa, qui comme toujours se trouvait sur sa tête.
L’ourson shiny l’attrapa, en but une gorgée, puis lui retendit la bouteille. Abel jeta un coup d’œil à son Feuforêve, qui le regardait avec attention. Comme d’habitude, il avait faim, et il désignait un restaurant.

- « Non, Feuforêve, je sais que tu n’en as pas besoin, et non, ce n’est pas non plus l’heure de manger. On va manger dans même pas une heure, alors garde ton estomac tranquille pour une fois. Oh ? »

L’interrogation venait du fait qu’Abel venait d’apercevoir une silhouette familière, à côté du restaurant indiqué par le Spectre. Un homme, bien taillé, et surtout qui portait, l’air de rien, un sabre à sa ceinture. Et rien que ce critère réduisait les chances qu’il confonde à zéro. Laissant échapper un sourire, le jeune homme aux yeux d’or remit son sac sur ses épaules et se dirigea vers l’homme.

- « Bonjour, Elrick, ça faisait un moment que je ne t’avais pas vu, dis-moi. Alors, attiré par l’odeur qui se dégage de ce restaurant ? »

Adressant un sourire à celui qui l’avait entraîné au combat a une période, le jeune homme enchaîna.

- « Alors, comme vas-tu ? Et Lucario ? Vous êtes devenu quoi, depuis tout ce temps ? »

" - Jour 541 - Route 12, près de Lavanville

J'ai enfin rendu mon rapport sur le Roc Chaud au Professeur Orme. Je ne comprends toujours pas pourquoi il s’intéresse à ce genre d'objet, ni pourquoi il a pensé à moi pour ce travail. Voila ce que coûte la notoriété. Mais bon, tant que ça me permet de visiter des cavernes et de fouiller, j'y trouve mon compte. Le Professeur me renvoie à Lavanville, dans la Tour Pokemon. Que veut-il que j'y trouve ? Selon lui, il y aurait une recrudescence des activités spectrales dans cette Tour. Ca me semble tellement normal dans une tour ou on enterre les Pokemons ayant quitté ce monde. Pourquoi pas après tout, ça me permettra de trouver des indices sur un Pokemon Légendaire, Giratina. La doyenne m'a raconté de nombreuses histoires sur ce pokemon, notamment sur sa possible présence dans le Kanto. Si effectivement il est allé dans le Kanto, Lucario et moi-même trouverons des indices."  

Elrick écrivait sur la route 12. Lucario quant à lui s'entrainait au bord de l'eau. Une journée paisible, comme il n'en avait pas eu depuis longtemps. Depuis un an, Elrick Keiga devient un nom reconnu dans le milieu Pokemon, notamment chez les professeurs. Une nouvelle voie qu'il trouva logique, bien qu'un peu ennuyante, en tant qu'archéologue. Dresseur itinérant, il vit des demandes des différents professeurs, éminents spécialistes dans le domaine pokemon.

Il fallait dire qu'il n'aimait pas énormément dépendre des autres. Mais depuis son récent succès dans les recherches sur l'Orbe Vie, Elrick devenait une personnalité montante, aussi illustre que Peter chez les dresseurs. On lui demande parfois des interviews sur l'émission de radio "Equipe d'Exploration" à Doublonville, invitations qu'il ignore tout bonnement. Du calme oui, il voulait en profiter.

- Elrick : Lucario a raison de s’entraîner... Ça fait deux semaines que je néglige le mien. Je devrais le rejoindre...

Il sortit sa lame, décidé à s’entraîner mais fut vite arrêté par les gargouillis de son ventre, contrarié de ne pas avoir eu un vrai repas depuis quelques jours. Manger léger, et rapidement, toujours sur la brèche, la vie du karatéka n'est pas de tout repos. Déjà sa musculature commençait à montrer des signes de faiblesse, et ses joues se creusaient. Oui, il était temps qu'il mange copieusement. Heureusement, Lavanville était proche.

Arrivé en ville, il retrouva cette ville telle qu'elle était quand il l'avait visité les précédents fois. Ses habitants calmes, dépressifs pour la majorité d'entre eux. Le seul contact social qui ne donne pas l'envie de se passer la corde au cou, ce sont les commerçants. Après tout, qui voudrait acheter un sandwich à une pleureuse ?  

- Abel : Bonjour, Elrick, ça faisait un moment que je ne t’avais pas vu, dis-moi. Alors, attiré par l’odeur qui se dégage de ce restaurant ?

Il se retourna. La première seconde, il se demanda qui était l'homme qui venait de l'aborder. Un brun, jeune, comme il avait du en voir une tonne dans sa vie. Puis il prêta attention au pokemon sur sa tête ; Teddiursa, d'une couleur inhabituelle. Ce détail lui remémora un jeune garçon à l'époque, qui voulait devenir fort, et qui se battait contre ses pokemons. Il avait bien grandi, tiens.

- Elrick : Abel... Si je m'y attendais... Ca fait un moment oui. Je t'avais pas reconnu. Je t'avoue que ça fait un moment que je n'ai pas pris un bon repas assis à une table. Il vaut quoi, ce restaurant ?

Le monde est petit, hein ? Il regarda l'homme devant lui, et compara avec ce qu'il était avant. Oui, il avait bien grandi. Il était tenté de l'inviter à se joindre à lui pour le repas. D'autant qu'il tirait une sale mine. Elrick qui était un homme simple, commençait à accumuler une sacrée somme d'argent, au vu de sa notoriété et des contrats de ses "employeurs en blouse blanche". Un bon restaurant était décidément ce qu'il lui fallait.

- Abel : Alors, comme vas-tu ? Et Lucario ? Vous êtes devenu quoi, depuis tout ce temps ?

Lucario jetait un oeil au Feuforeve au dessus d'Abel. Il s'était toujours un peu méfié de ce pokemon, notamment leur de première rencontre. Il tendit à la patte vers Abel, pour le saluer. Le karatéka proposa à son interlocuteur de se joindre à lui pour le repas, argumentant sur le fait qu'il en parlerait bien autour d'une bonne assiette. Il rentra dans le restaurant, et fit signe à la gérante. Cette dernière l'emmena dans un coin en terrasse, une table pour six. Après avoir reçu les cartes, il s'adressa à Abel.

- Elrick : Comme tu le vois, ou tu le sais sans doute, tout va bien pour moi. Je suis cependant extrêmement occupé, mais je pense que tu t'en doutes... Le Professeur Orme ainsi que le Professeur Chen s'amusent un peu trop à dire mon nom dans les médias ces temps ci. Je peux plus croiser un scout sans qu'il ne bégaye... C'est affligeant. Et toi, ou en es-tu ? As-tu trouvé ce que tu cherchais ?

En jetant un oeil à la jeune fille qui s'approchait pour prendre les commandes, certainement la fille de la gérante, Elrick attendait la réponse de son invité.

Pendant quelques brèves secondes, l’expression du visage d’Elrick ne refléta qu’une légère incompréhension. Visiblement, il ne se rappelait pas de lui. Il lui fallut quelques temps pour réussir à le remettre, et à retrouver son prénom.
Abel ne s’en offusqua aucunement. Après tout, ils ne s’étaient croisés qu’une fois, et lui n’arborait pas de signes distinctifs aussi évident qu’un sabre accroché à une ceinture.

Abel... Si je m'y attendais... Ça fait un moment oui. Je t'avais pas reconnu. Je t'avoue que ça fait un moment que je n'ai pas pris un bon repas assis à une table. Il vaut quoi, ce restaurant ?

L’ex-coordinateur pivota légèrement la tête vers le restaurant. Peu de monde à table, mais vu que la soirée commençait à peine à pointer le bout de son nez, il n’y avait pas grand-chose d’étonnant la dedans. En revanche, on pouvait noter le sourire purement commercial des vendeurs et vendeuses, et celui qui l’était un peu moins des consommateurs.

- « A vrai dire, je n’en ai aucune idée. Récemment, mes Pokémons et moi ont surtout mangé façon pique-nique. Mais vu l’odeur, et que c’est un des rares endroits de la ville ou les gens ne tirent pas la tronche, je pense que tu n’as pas grand-chose à craindre. »

La dernière phrase était ponctuée d’un sourire, tout simplement justifié par le fait si pour l’instant, les vendeuses souriaient, y avait peu de chances qu’elles parviennent à garder une attitude autant professionnelle en devant servir un homme qui portait un instrument de mort à la ceinture. Surtout quand l’assurance tranquille qui émanait de celui-ci clamait qu’il savait très bien s’en servir.
Mais déjà, le karatéka l’invitait à s’asseoir. Abel jeta un coup d’œil à Feuforêve. Celui avait faim, et la rencontre avec Elrick lui faisait gagner la bataille entamée un peu plus tôt, celle d’entrer au restaurant avant l’heure du repas. Remerciant son bienfaiteur, le jeune homme s’assit à table.

Comme tu le vois, ou tu le sais sans doute, tout va bien pour moi. Je suis cependant extrêmement occupé, mais je pense que tu t'en doutes... Le Professeur Orme ainsi que le Professeur Chen s'amusent un peu trop à dire mon nom dans les médias ces temps ci. Je peux plus croiser un scout sans qu'il ne bégaye... C'est affligeant. Et toi, ou en es-tu ? As-tu trouvé ce que tu cherchais ?

Avant même qu’il ait fini sa phrase, Abel hochait la tête. Il avait en effet lu plusieurs fois dans les journaux le nom d’Elrick Keiga. Cela l’avait amusé de voir une tête connue dans une presse d’informations, et il s’était renseigné un peu plus en détail. Apparemment, Elrick perçait depuis quelques temps dans le domaine de la recherche, notamment grâce à ses recherches sur l’Orbe Vie. Ainsi, même des têtes telles que Orme ou Chen lui demandaient des travaux… Après tout, il avait l’avantage d’être sur le terrain bien plus souvent qu’eux.

Alors qu’il allait répondre à sa question, la serveuse arriva à côté d’eux.

- « Bonjour messieurs. Puis-je prendre votr…HIIIIIIII ! »

Tiens, ça, elle n’avait pas dû le lire dans les journaux, le fait que le célébrissime Elrick Keiga se promenait avec un sabre. Comme quoi, les humains sont prévisibles. Abel s’autorisa un rictus blasé, puis haussa les épaules.

- « Je vais prendre une de vos entrecôtes, avec l’accompagnement que vous suggérez avec. Avec cela, je vais vous demander des Pokéblocs « fait maison », tels que vous les indiquez sur la carte, pour des Pokémons de types Spectre, Normal, Eau, Feu, Glace, Acier, Plante et Ténèbres. Et ajoutez, sur ma note, une bouteille de votre meilleur vin de Baie s’il vous plaît. »

La serveuse écrivait sur son carnet à toute allure, apparemment totalement intimidée. Il faut dire que deux célébrités, dont une armée à la même table ça devait faire un peu beaucoup pour elle.
Abel adressa un léger clin d’œil à Elrick. La bouteille de vin de Baie était une façon de le remercier pour son invitation. Lui aussi avait un budget relativement important, souvenir du temps où il faisait encore des recherches pour la Team Rocket. Comme quoi, les deux avaient chacun une formation de scientifique.
Abel laissa le temps à Elrick de prendre commande à son tour avant de reprendre la parole.

- « Pour te répondre… On va dire que oui. Après une période d’entraînement intensif, j’ai fini par trouver ce que je recherchais… A savoir un corps et une équipe Pokémon entraînée. »

Quand il avait rencontré Elrick, le jeune homme en était à un stade où il était obnubilé par sa propre puissance. A ce moment-là, il était déjà un excellent dresseur, mais avait pris conscience que même si son équipe était incroyablement puissante, lui-même restait à désirer, aussi il avait choisi de se muscler, et le karatéka l’avait aidé dans cette voix-là. Aujourd’hui, il était un des meilleurs tireurs du continent, savait très bien se défendre à main nues (bien que ce n’était pas grand-chose face à Elrick), et enfin avait créé les PokéBullets pour lier son style de tir au combat avec ses Pokémons. En soi, il n’y avait pas grand monde qu’il craignait en terme de combat pur.
Et sans doute qu’Elrick devait le ressentir. Abel était parfaitement calme, plus la moindre trace de la vieille impatience qu’il y avait autrefois chez lui. Il avait trouvé ce qu’il recherchait. Et perdu autre chose en contrepartie.

- « Mais maintenant que j’ai cette force… Je n’ai plus d’objectifs qui mérite que j’y emploi cette « force ». C’est assez vide de sens en soi. J’envisageais de défier les champions d’arène, vu que j’ai déjà deux badges, mais c’est à peu près tout. »

Le jeune homme secoua la tête, peu désireux de rester sur ce sujet.

- « Enfin, je parle de force, mais je sais que ce que je sais faire n’est pas grand-chose à côté de tes dons à toi. Je suppose que tu as continué l’entraînement ? Ça doit être utile, quand tu fais des recherches sur le terrain, tel que tu le fait. »