Matt Cetgoh (Fini)

Il était une fois l’histoire d’un ranger au grand cœur, coureur de jupons et qui avait un vice caché qu’il n’osait pas raconter à ses collègues.

Matt Cetgoh est un nobliau issu d’une famille de marchands de Céladopole, qui avait fait fortune dans la vente d’eau de spiritueux. Bien qu’ils n’étaient pas les plus riches, les Cetgoh se sentaient tout de même supérieurs à la plupart de leurs comparses de Céladopole, notamment parce qu’ils étaient mieux habillés, car oui, la famille avait compris que même si l’habit de ne faisait pas le moine, il permettait d’ouvrir des portes qu’un vieux jean trouée ne pouvait pas ouvrir. Matt est le seul rejeton d’Hylia et de Jaime, si bien que ses parents fondaient beaucoup d’espoirs en lui dès sa plus tendre jeunesse. Le futur ranger avait le droit à des cours particuliers, car son père ne voulait pas le voir traîner avec les gueux de la ville. C’est durant cette jeunesse que le fils Cetgoh en appris beaucoup sur les pokémons, que ce soit les types, la reproduction etc. Mais ce qui l’intéressait pour sa part dans les pokémons, c’était leur comportement et l’instinct de survie qu’ils pouvaient développer. Afin de mettre en pratique tout ce savoir, Matt n’hésitait pas à accompagner son père dans les forêts environnantes lors de ses fameuses séances de chasse à courre. Si le patriarche n’était pas du genre à traîner avec les moins que rien, il faisait des concessions quand il s’agissait de chasse. En effet, la plupart des chasseurs de Céladopole sont majoritairement issus des milieux populaires, car il s’agit d’un moyen bien pratique pour ramener de la nourriture. Les nobles eux, préférant acheter la viande déjà découpée, ou la plupart du temps, ils se contentaient de graines ou de salades.

Ce que Matt appréciait dans la chasse à courre, c’était à la fois le côté sportif de la chose, à savoir courir après un pokémon qui tente de s’échapper, mais également tout le folklore qu’il y avait autour. Parmi les choses dont le ranger se souvenait surtout, c’était cette sensation de liberté qu’il ressentait lorsqu’il chevauchait le bourrinos de son père, sensation qu’il allait retrouver bien des années après en chevauchant Billy dans le parc Safari. La chasse, c’était son passe-temps, mais aussi le seul moment où il pouvait enfin être lui-même. Il fallait dire que le reste du temps, il y avait cette pression de son père, mais aussi de sa mère, pour qu’il réussisse dans la vie. Il s’agissait d’une notion essentielle pour la famille Cetgoh, basée sur la richesse. Pour Matt c’était l’inverse, lui considérait qu’être heureux dans la vie était la condition sine qua non à une vie réussie et non l’argent. La pression n’était pas que scolaire, mais également sociale. En effet, son père s’était mis en tête de le marier le plus tôt possible à l’aînée de la famille Dantépensé, une certaine Julie. La blondinette avait tout pour elle… Gentillesse, intelligence et beauté, le combo parfait pour l’enfant Cetgoh qui devrait finir tôt ou tard par se caser avec quelqu’un et pour ces parents il valait mieux choisir un parti avec de l’argent qu’une simple gueuse des campagnes.

Les deux enfants se lièrent rapidement d’amitié, Matt ne pouvant s’empêcher de répondre à la moindre sollicitation de la demoiselle, se disant qu’un homme se devait d’agir comme ça. Quand le jeune homme tentait de parler du sujet à son père, ce dernier resta évasif, sa mère n’aidant pas non plus. Le futur ranger se demandait même parfois s’il n’en faisait pas de trop avec la demoiselle ou si c’était juste son père qui avait aucune notion de romantisme. L’idylle dura un long moment, chacun aidant l’autre quand il avait un coup de moins bien. La relation se termina vers l’adolescence de Matt de façon relativement brutale.

L’adolescence, il s’agissait d’une période relativement stable dans la vie de Cetgoh jusqu’à ce fameux jour de chasse à courre. Le duo père fils était parti comme d’habitude dans la zone de chasse avec plusieurs compagnons. La journée commença de manière relativement classique, c’est-à-dire avec deux vivaldaim en guise de prise. Les chasseurs avaient même pris le temps de sortir les bouteilles de vins pour se réchauffer car l’hiver n’aidant pas, mais aussi pour se mettre une murge. Si certains souhaitaient rentrer car plus en état de chasser, Jaime et le chef de groupe décidèrent qu’il fallait continuer la battue. Les hommes tentèrent tant bien que mal de poursuivre leur activité, mais les coups de feu fusaient et visiblement peu de proies étaient abattus. Matt suivait son père sur le dos d’un arcanin que le patriarche possédait et qu’il avait prêté à son fils pour l’occasion. L’après-midi commença sous les meilleurs hospices, le père de famille avait même trouvé un troupeau de cerfrousse qu’il s’était mis à suivre. La poursuite se déroula sans encombre, jusqu’au moment où un des nombreux coups perdus vint se loger dans le crâne de Jaime. Le corps devenu inerte tomba au sol tandis que la monture continuait de poursuivre les pokémons. Matt s’arrêta net, pensant que son père simulait quelque chose. Le jeune homme descendit de son pokémon, s’approcha du corps pour constater la triste réalité. Pris par l’émotion, le fils Cetgoh hurla de rage et sanglota, tenant le corps du défunt dans ses bras tachés par le sang. Ne sachant que faire, il répéta des gestes en vains encore et encore, jusqu’au moment où des chasseurs du groupe s’approchèrent de lui pour le séparer de son père. Le futur ranger tenta de se débattre, mais l’un des chasseurs, le chef de groupe visiblement, l’assomma d’un coup derrière la tête. Les chasseurs ramenèrent la dépouille à la veuve qui se mit à hurler, si bien qu’on put l’entendre dans toute la ville. Des funérailles furent organisées, funérailles auxquels Matt n’avait pas voulu être là, préférant lui rendre hommage de manière intimiste.

Les mois passèrent et les plaies se refermèrent peu à peu, Matt devait avoir maintenant 19 ans. Le jeune homme qui avait tenu à rester au côté de sa mère pour l’aider décida qu’il était le moment pour lui de prendre son envol afin de devenir ranger. Ils considéraient ses derniers comme des sortes de protecteurs de la nature et se disait que si un ranger avait été présent ce jour-là, son père ne serait sans doute pas mort comme ça. Cetgoh prit son baluchon et entama un périple vers Parmanie, une ville dont il avait entendu parler et qui se trouvait juste à côté du parc Safari, un lieu qu’il avait toujours voulu voir de ses propres yeux. Le futur ranger commença son périple en se dirigeant vers Azuria puis Carmin-sur-Mer, avant de se perdre dans les méandres de la cave Taupiqueurs. Matt pensa d’ailleurs que ses derniers jours étaient arrivés, quand un guide le trouva errant dans les grottes à la recherche de tout et rien. Ce dernier l’aida à sortir, en contrepartie d’une bière dument mérité dans la prochaine ville qu’ils croiseraient à savoir Lavanville. Car oui, le duo avait fait un petit détour pour rejoindre la civilisation. Le futur ranger emprunta ensuite le long chemin qui le séparait de Parmanie, il avait d’ailleurs pris un vélo pour l’occasion. Après un périple sans grand danger, le jeune homme arriva devant la réserve qu’était le parc Safari. Surpris par la grandeur des lieux, Matt n’eut pas le temps de s’extasier bien longtemps.

En effet, le jeune homme fût accueilli par le Ranger Swanson, un homme bourru qui avait la réputation d’être sévère mais juste. Pour lui, l’amour des pokémons était essentiel, bien qu’il fût le premier à manger du pâté ou un ribs de grincochon.  Son futur mentor lui fît passer des tests et constata qu’il avait toutes les compétences pour rejoindre son armada qui avait pour mission de maintenir la biodiversité au sein du parc. Si la relation entre Swanson et Matt était relativement saine, cela n’était pas le cas avec ses autres collègues. Il s’agissait pour la plupart de pokévegans qui aimaient bizuter les nouveaux et qui le prenaient de haut, un peu comme son père le faisait avec les habitants de Céladopole à l’époque. Cetgoh commença donc sa vie de ranger par une mission dans un coin reculé de la réserve où les frisons aimaient se donner rendez-vous. Si en temps normal il s’agissait d’une espèce relativement sympathique, il ne fallait pas les embêter en période de rut et cela, Matt allait l’apprendre à ses dépens.

En effet, alors qu’il était sur place pour une simple mission de reconnaissance, un frison, le plus gros de tous, s’empressa de foncer sur le ranger pour lui apprendre la vie. Si ce dernier pensait sa dernière heure arrivée, il fût surpris quand un des congénères du frison s’interposa entre lui et l’alpha. S’en suivit un combat d’une virilité sans pareil, au bout duquel l’alpha reparti la queue entre les jambes et le survivant, avec une corne en moins. Billy, car c’était le nom que lui avait donné Matt, fût remercié par ce dernier avec un sandwich au pâté qu’il englouti d’une traite. Si le frison avait sauvé le ranger, c’était avant tout par pitié, mais les échangent qui suivirent forgèrent un début d’amitié entre les deux, si bien que le duo ne se sépara plus. Le frison accepta de suivre Matt à la seule et unique condition qu’il ne soit pas enfermé dans une ball, car je cite « FRI FRI SON ! », c’est-à-dire « c’est relativement spartiate comme endroit ».

Le duo enchaîna les missions dans toute la réserve, le frison servant en partie de moyen de locomotion pour son ami humain. Les choses se déroulèrent sans accroc et le ranger Swanson appréciait les méthodes du jeune homme, qui savait parfois se montrer ferme ; notamment face à la team rocket à qui il avait déjà collé des roustes pour tentative de braconnage. La vie suivit son cours jusqu’à ce jour où Matt et Billy tombèrent sur une scène impressionnante, une migration de doduo et dodrio. Ces derniers aimaient changer de nid régulièrement, entrainant des vas et vient dans tous le parc. Lors de ces fameux mouvements, chacun ne pensant plus qu’à lui (enfin à eux vu qu’ils sont bi ou tricéphales), cela laisse certains petits sur la touche. C’était le cas d’un jeu doduo chétif qui n’arrivait pas à suivre la meute. Afin de ne pas le laisser mourir sans repère, Matt décida en accord avec Billy de le récupérer et lui donner une seconde chance. Apeuré mais trop fatigué pour agir, l’oiseau se laissa approcher par le ranger qui lui tendit de la viande séchée, mais sans succès. Se rappelant qu’il s’agissait d’un pokémon végétarien, Cetgoh lui tendit une banana car c’était non seulement bon pour la santé, mais riche en potassium. Le doduo s’approcha doucement, la tête gauche commença à picorer le fruit tendit que la tête droite attendait une réaction de son comparse. Voyant que c’était sans danger, les deux têtes mangèrent le fruit qui disparu rapidement, puis se mirent à suivre Matt qui avait décidé entre temps de repartir car la vie devait suivre son cours. Sentant la présence derrière lui, mais également les cris stridents, le ranger se retourna et demanda au pokémon s’il voulait le suivre, les deux têtes hochèrent au même moment. Le jeune homme accepta la demande qu’à la seule et unique condition que le pokémon entre dans la pokéball, car il pouvait se permettre de gérer un pokémon sauvage, mais pas deux (et encore moins treize).

Matt commença à se faire une renommée au parc Safari de Parmanie, quand le ranger Swanson l’informa de sa migration prochaine au parc Safari de la région de Johto, car oui, Baoba, le directeur du parc, avait décidé de fermer celui-ci pour en ouvrir un autre dans la région voisine. Si Cetgoh n’était pas contre cette idée, celle-ci ne l’enchantait pas non plus. En effet, le jeune homme n’avait jamais quitté sa région natale et cela allait être une première pour lui. Le périple se passa sans trop d’accroc. Il dût cependant prendre sur lui, car Swanson avait eu l’idée géniale de le mettre dans le même train que ses comparses vegans, qui n’arrêtaient pas de lui faire la morale sur ses habitudes alimentaires. Ces derniers affirmaient que les carnivores étaient des démons sans cœur, mais Matt pensait justement que les gens ne mangeant pas de viande étaient des sans âme. Une fois sur place, les premières semaines furent difficiles, car il fallait expliquer aux gens que la chasse serait à présent réglementé, et chose encore plus grave, qu’il y avait des zones où il était tout simplement interdit de chasser. Ci certains opposèrent de la résistance à Matt, ces phalanges rappelèrent rapidement que la loi était parfois au-dessus de certaines mœurs…