Une histoire de gourmandise [Terminé]

Une ombre se faufila parmi celles des bâtiments! Discrète! Espionnant, furetant! Récoltant des informations sans se faire voir! Tel un James Bond du monde Pokémon, l’homme analysait le monde entier d’un regard d’acier, vif et perçant!
Ouais, ça, ça aurait du être le genre des espions de Giovanni, le Rocket parfait qui passe discret partout, que personne ne voit, et qui peut influencer n’importe qui d’un simple claquement de doigts.

Donc, pas Meister. Pas l’espèce de bonhomme qui se promenait là tranquillement avec Luxray, portant son veston négligemment par-dessus son épaule, en chemise, à profiter un peu de l’air marin. Il faisait bon à Carmin-sur-mer, mais il faisait bon… Ah là là, ça lui manquait un peu le temps où il était tranquille et libre de la Team à s’occuper de son casino à Céladopole. Mais bon, c’était une époque révolue, à cause de ces cabras sin leche de Quetzacoalt qui lui avait fait péter sa clientèle… Sans mauvais jeu de mots.

Aujourd’hui, le balafré qui se promenait comme si de rien n’était avait une mission bien spéciale. Bon, mission avancée un petit peu parce qu’il allait rendre visite au Major Bob, l’ancien champion, après qu’il se soit renseigné sur ce qui l’intéressait, mais mission tout de même!


En tant que nouveau champion de Doublonville, et ayant bourlingué un peu partout, il avait tôt fait d’aller visiter tous les commerces de sa ville, et on lui avait demandé de vérifier si tout se passait bien au concours pokémon de carmin-sur-mer… y avait comme une teinte de jalousie dans la voix de l’organisatrice qui le lui avait demandé, mais bon, il était sympa, et il allait faire ce qu’on lui demandait.
Dans une quête pour être mieux reconnu, n’importe quel petit job est bon à prendre!

Le concours aurait lieu demain.

Donc aujourd’hui, il en profitait pour flâner un peu… Il faisait beau, alors rester enfermé, ce serait du gâchis, et puis ça ferait prendre l’air à Luxray.
Tengalice squattait la chambre en regardant la télévision, ben… que voulez-vous, tel maître tel pokémon parfois, et vu que Meister était un feignant apocalyptique quand il s’agissait de faire un truc qui lui plaisait pas…. Et que Tengalice, fier de sa bedaine, détestait la marche… le couch-potatoe était donc un tronc d’arbre énorme avec une fourrure et des feuilles qui flemmassait en regardant le pokéathlon à la téloche. ..

Luxray se raidit devant une boulangerie, et se mit à ronronner très fortement en se frottant contre Meister, priant pour que celui-ci décide de lui offrir une boulangerie. Le maître des énigmes était en effet peut-être un super barman, un médiocre champion, un expert dans les mystères, mais c’était aussi une grosse feignasse pour la cuisine et, par voie de conséquence, ne le faisait jamais que pour ses clients en besoin de nourriture, donc vers les 4 h du matin. Alors, faire des préparations aussi longues que celle des viennoiseries, c’était un rêve que caressait de toute sa fourrure le pokémon électrique, et c’était surtout une méchante utopie.

En acheter toutefois…. Hé, pourquoi pas! Meister, toujours d’un pas très très très tranquille, pénétra dans la boulangerie avec le gros félin sur ses talons.

« Hola! Y a moyen d’obtenir des croissants frais dans cette vi- » mais le barman s’interrompit, subitement, l’air dubitatif, en fixant les produits qu’offrait la sympathique boulangère maintenant terrorisée par un gros pif ambulant. « … Vous allez me faire croire qu’ils datent de ce matin ceux-là? C’est une blague? »

Luxray gémit afin d’éviter à son maître de continuer à râler et surtout, d’éviter de se mettre à pourrir le commerce, et pour un pokémon qui maîtrise Hurlement, c’est tôt fait d’obtenir ce qu’on veut - Meister grinça des dents, ferma la mâchoire du pokémon avec une main et de l’autre fouilla dans sa poche pour la monnaie.

« Ok, ok! Je vous en prend six! Le casse pieds de service ça devrait lui suffire! »

Sa sortie du magasin permit à tous de respirer. Oh non c’est pas vrai, la calamité, le copain de boulettes du Major Bob était revenue…

« Vous ne seriez pas le nouveau champion de Doublonville par hasard ? Je suis une de vos plus grandes fans !! »

Oui, super naturelle, franchement elle aurait pu dire ça à Giovanni il l’aurait crue. Ou n’importe qui d’autre d’ailleurs. Mais elle ne manquait pas d’un culot époustouflant, on dirait presque lui et son culot ahurissant.
Ca ne manquait pas de lui plaire, pour sur… Si elle essayait de le suivre et d’avoir son attention, c’était gagné. Luxray, en revanche grogna en la voyant, grognement plutôt perturbé puisqu’il avait deux croissants dans la gueule, ce qui résulta en un cracher de miettes de partout.

Meister, ni une lui deux, lui fila une grosse tape sur le haut du crâne.

« Hé, gaspilles pas ça! C’est ptet pas la meilleure viennoiserie que t’ai jamais mangé, mais on crache pas le travail d’un cuisinier! »

Luxray secoua la tête et se hâta de se calmer et continuer à manger, tandis que son maître, qui venait à regret de voir plusieurs gros morceaux se gâcher par terre. Hmph… Bon, mais on lui parlait, là. Et de surcroît, une jeune fille, mignonne, qui avait fait la une de plusieurs magasines si il s‘en souvenait bien. Et assurément une grosse menteuse, aussi.

« Ca aurait pu marcher, mignonne, mais le problème c’est que je n’ai encore rien fait à part raconter ma vie dans un micro qui ait pu susciter de l’admiration. Du moins en tant que Champion, sinon… »

Un gros « Teeen » retentit au dessus d’eux. Meister leva le nez, qu’il avait fort grand, vers le balcon de l’hôtel où il avait réservé - un autre gros pif dépassait du balcon. Franchement, il n’y avait que deux grands nez pour se comprendre, de quoi rendre tout le monde fou quand on voyait le spectacle. Meister ignora un moment Miranda juste pour mettre ses mains en porte-voix et gueuler:

« Allez saute! Y’en reste deux pour toi, espèce de galapiat à poils de bactérie purulente! »

Aussi curieux que cela puisse paraître, c’était affectueux. Hallucinant, n’est-ce pas? Une grosse masse sauta effectivement du balcon, pleine de fourrure et de feuilles, un pokémon très moche, à l’image de son dresseur, pour attraper au vol les deux croissants que jeta son dresseur en l’air.

Le BOUM qu’il produisit en atterrissant fit un peu trembler le sol et sauter Meister sous l’impact, mais ça n’avait pas l’air de le déranger. Il regarda ses deux pokémons avec amusement, puis s’intéressa de nouveau à Miranda, cette fois souriant (ou grimaçant, ça dépend du point de vue), avec une lueur d’intérêt dans les yeux.

« Ou alors tu es une habituée des casinos? J’en ai tenu un à Céladopole il y a quelques années, et maintenant qu’il ne m’appartient plus je travaille partiellement à celui de Doublonville. Alors à moins, mademoiselle Miranda Walsh, que tu ne sois une mannequin délinquante et que tu ailles claquer tout ton argent là-dedans… »

Cette perspective avait l’air de beaucoup l’amuser. Ca le faisait même carrément rire. Mais, d’un coup, il redevint sérieux… à peu près, ce qui correspondait juste à garder cette grimace amusée.

« …. Je vois pas comment tu pourrais me connaître! Par contre, moi, je te connais, Mirabella. J’ai parié contre toi, demain, pour le concours. Si tu ne gagne pas j’empoche… ouf.. Un joli petit paquet! D’un autre côté je perds quasiment rien si tu gagnes, donc bon…. Je m’attends plus à voir un joli spectacle qu’autre chose. »

Très franchement, les accusations de la jeune femme… lui plaisaient et l’amusaient plus qu’elles n’inquiétaient le Champion à long nez. Plaisaient, parce qu’elle s’était renseignée sur le sujet, et que son raisonnement était logique… l’amusaient, parce qu’elle essayait de le coincer sur quelque chose d’infaisable.
Pas faisable envers quelqu’un comme lui qui savait parfaitement se défendre, d’autant plus que de son propre point de vue, il n’était coupable de rien. Aucune escroquerie, rien. Il la laissa rire, en ne faisant que sourire.

Alors, c’est totalement décontracté, à l’inverse de Tengalice sur qui il s’appuya pour s’asseoir un peu dans une discussion qui se promettait riche (il profita pour donner un coup de coude à son nounours et lui dire de manger et d’arrêter de grogner, ce qui, comme on l’a déjà vu, gâchait la nourriture), pour mieux faire face.

« Oh? Ouais, c’est vrai. Je le savais. Sauf que, tu m’autorises une petite OBJECTION, ma puce? Comment peux-tu prouver qu’on ne m’a pas fait de chantage, que j’avais le choix d’accepter ou de refuser leur implantation? As-tu déjà seulement fait face à la mafia, Mirabella, quand tu n’as d’autre choix que d’accepter ou mourir? J’avais pas de quoi me défendre… et tout à perdre. Un bar que j’avais transformé en casino de mes propres mains, une famille qui était alors encore facilement touchable pour la Team… »

Mais, il ne jouait pas la carte de l’émotion. Bien au contraire, ses sourcils s’étaient arqués de manière mi froncée, mi relevée, en mimique très intéressée.

« Oh, je sais ce que tu vas dire… Il n’y a pas de preuves non plus qu’on m’ait fait du chantage? En l’occurrence, dans mes actions, il y a montre d’une nette rancœur que je leur porte. Je les aime pas, figure toi. Me faisaient partir mes clients, et tout… Tu vois, mignonne, ce gamin qui l’a démantelée, la Team Rocket, il n’a rencontré aucune résistance quand il est allé fouiller les salles privées, c’est seulement à l’intérieur du sous-sol qu’il en a eu. Pourquoi? Je l’ai laissé passer tranquille et sans rien dire. C’est les rockets qui l’ont vu et ont donné l’alarme. Moi… ça me convenait parfaitement. »

C’était vrai, mais c’était aussi vrai qu’il n’en avait strictement rien à faire. S’en foutait totalement de la Team.

« … Mais les choses ont changé. Un ami m’a proposé de reprendre le casino à Doublonville… J’ai accepté… Et la Team Rocket était là. J’avais pas envie que ça recommence, qui plus est, j’ai plus rien à perdre. La seule chose sur laquelle on pourrait me faire chanter est partie à l’autre bout du monde! Tu vois, Mirabella, maintenant j’ai pu me rebeller contre eux. Giovanni est revenu en croyant que je lui appartenais toujours, et je lui ai mis une dérouillée à Doublonville, dans mon arène. Maintenant j’ai un truc à protéger de moi-même par contre…. »

…. Bon, en fait, il arrangeait les choses comme il le voulait, mais les témoins n’avaient vu que Meister prendre au collet Giovanni et aller dans l’arène avec lui, puis vu Giovanni ressortir par le toit en hélico et les deux sacrément amochés. De là à croire qu’ils s’étaient battus, il n’y avait qu’un pas.

« … Et de surcroît, bellissima, j’ai trimé dix ans pour réparer les boulettes d’un malfrat, pour le service public. Tu crois vraiment que je serais assez stupide pour m’infliger ça moi-même? Ha ha… Mais tu as raison: j’ai gardé des contacts. Des amis, qui sont ou ne sont pas partis de la Team, et que je ne vendrais pas, car ils sont les énigmes les plus intéressantes que j’ai jamais vues… J’adore les énigmes, les puzzles. »

Il se tut, puisqu’il en avait fini de s’expliquer. N’avait été qu’une connaissance, et n’était plus leur complice. Mais… avec intérêt, il la fixa maintenant, amusé et intrigué. Notamment, ses yeux étaient posés sur les pâtisseries et viennoiseries qu’elle avait acheté.

« Chaque être vivant est une énigme, et celle qui m’occupe, présentement, c’est comment fais-tu, princesse, pour rester taille mannequin malgré tout ce que tu manges. Sacré appétit c’est bien ça, et maligne en plus d’être jolie… J’ai du souci à me faire pour mon pari! »

Il détailla encore une fois le sac… et les fans qui arrivaient derrière. Ca le fit légèrement rire.
« C’est bête, si tu n’avais pas commencé par m’accuser, je t’aurais bien offert un verre. Vu que les beignets et le crumble ça a l’air de te plaire, je me dis qu’un Délice fruité ça te plairait bien. Ananas, jus de poire, sirop de framboise et sirop de fraise, ça accompagnerait pas mal tout ça… Préparé devant toi, j‘entends, puisque tu ne me fais pas confiance. Mais bon, faudrait demander à un bar de me laisser faire ça puisque j'ai pas les ingrédients pour avec moi… »

Oh, très original… une aguicheuse.

Pas la première qu’il voyait cela dit. Le problème, c’est qu’elle avait vingt ans de moins. Alors en effet il laissa faire… Puis l’écouta continuer son discours. Il en disait trop d’un coup? Oh, sûrement possible.
Elle devrait lui faire confiance? Absolument pas.
Il s’en foutait royalement, en fait. Peut-être qu’il était tombé dans un panneau, vu l’allure mystérieuse qu’elle faisait. Mais… rien à faire, de tout cela.

« Je connais certaines personnes haut placée, oui, et donc? T’aider à la détruire? Et comment comptes-tu faire ça, cariñosa? »

Luxray refusa le beignet, tout simplement parce que Meister le regardait. Et qu'il n'acceptait de nourriture de personne sauf du maître. Ca le fit sourire… et très amusé. Oh, alors cette pimbêche se pensait intelligente? Mmh… Puis, il pensa à Garth. Et très franchement, ça l’étonnerait qu’une fille comme elle puisse être une quelconque menace. Des informations? Maintenant que Quetzacoalt avait fait une alliance avec la Team, ce serait facile à tous d'en récupérer.

« Appeler la police? J’espère que tu sais que cela te sera totalement inutile… Et les détruire par toi-même, ce serait un grand dommage pour le monde de la mode. Tu es mignonne, ce serait bête que l’on retrouve ton corps au fond de l’océan, troué de balles, avec un boulet… ou mieux. Sauf que je ne t’aiderais pas à le faire. Tu l’as dit, je les connais… Et c’est précisément pour ça que je ne les trahirais pas. Je me moque de la Team, mais tu vois, la disparition de certains d’entre eux, comme le Major Bob, l’un de mes anciens plus fidèles clients et amis, m’ennuierait profondément. Et, comment dire.. »

Il grimaça à son tour, et bailla. Mmh, fatigué lui... Trop de parlotte.

« … J’ignore s’il est toujours en lien avec eux. Amuse toi à les démanteler si tu veux, je m’en fous. Par contre, et pour que tu me lâches, car tu m’agaces et si tu avais été un homme ça ferait longtemps que tu aurais pris une beigne… et donc n'aurait pas eu ces renseignements. Donne-moi une seule bonne raison de le faire, et je livrerais le nom d’un des membres de la Team Quetzacoalt. Puisque tu essaie d’avoir des informations, cela devrait t’intéresser, n’est-ce pas… Mi-ra-be-ll~a? »

Tss….
Ca le fit sourire pas mal, encore une fois. Et voilà qu’elle refaisait la maligne.. Puis la blessée. Mais ses réactions amusaient Meister… Une petite curieuse, hein? Voilà qui tombait bien, on avait du mal à trouver plus curieux qu’elle.

Toutefois, il n’avait guère envie de la revoir. Pas quand elle posait trop de questions comme ça. Pas quand la jeune femme risquait de mettre son nez dans les affaires de la seule personne qui comptait pour Garth, l’autre étant morte et la troisième un vieux crétin sénile à l’autre bout du monde: Garth, et sa fille Phénix. En l’occurrence aucune envie qu’elle vienne gonfler un type qui venait de récupérer un petit enfant de quelques mois à peine

Et là voilà qui s‘enfuyait? Courrait vers la salle de concours... Meister la regarda partir, puis au bout d’un moment, étant certain qu’elle devait s’être enfuite vers la salle de concours, s’y dirigea aussi… Pour la voir là. Au loin. Mais… une idée lui vint, histoire de la troubler plus encore. Il siffla Luxray… tira un morceau de papier, écrivit quelque chose sur ce papier, et le lui confia. Le chat s’acquitta de sa tâche, apporter la lettre à l’Alakazam de la jeune femme… et revint. Mais Mei était un peu plus loin, et quand le chat l’avait rejoint, il venait juste de finir d’écrire un message à Giovanni Sakaki… et à Abel Kujaku. Annula sa réservation à l’hôtel et repartit en direction de Doublon ville - voilà qui devrait agaçer la gamine.

Voici ce qui était écrit. Et, bien sûr, ça avait un sens.

~ Parfois, ce qu’on cherche est juste sous nos yeux.~
~Maître des énigmes!~



[FIN]

Meister Bootleg : 154 lignes, joli score !
Miranda Walsh : 135 lignes , très bien aussi !

Pour un post de moins d'une page, c'était magnifique, Bravo à vous deux !