Ace

Gargouille immobile, les bras tendus à l'horizontale, l'homme resta ainsi figé quelques fractions de secondes, la queue de pie de son costume voltigeant, animée par un vent irréel. Tout autour de lui, ainsi que de son adversaire, la multitude de gants éthérés continuaient à s'entrechoquer, applaudissements d'une foule inexistante, cependant envoûtante. Spectre mauvais surplombant le terrain, l'œil de l'énorme tête difforme invoquée par le Magirêve fixait le Cadoizo, lui rappelant incessamment la malédiction qui le tourmentait désormais, lui imposant un ordre opposé à la contrainte revendiquée la capacité Encore, interminable boucle sans échappatoire.

Shiro : Cady tu n’as plus vraiment le choix. Alors lance Lutte !

Tel un rat blessé acculé, impuissant face à un ennemi lui étant largement supérieur, le pelage teinté de rouge, le cuir parcouru de profondes et sanguinolentes entailles, se voit contraint à se jeter vers sa propre mort, pourvu faire quelques blessures, s'accrochant à un espoir illusoire, le volatile adepte du froid se lança contre le spectre chapeauté qui, alors, chargeait sa capacité Tonnerre. Lui passant au travers mais réussissant malgré tout à le perturber, le Cadoizo chargea à deux reprises, sans occasionner les incroyables dommages qui lui auraient permis de vaincre in extremis, mais réussissant néanmoins à se blesser seul en percutant le terrain à chaque tentative de Lutte.

Etincelantes, vibrantes, tourbillonnantes, crépitant dans l'obscure ombre de l'entité maléfique à œil unique, des orbes d'électricité aux teintes bleutées se formèrent tout autour du Magirêve, alors auréolé par des arcs d'énergie électrique aussi éphémères qu'effrayants. Reliée par ces cordages électrique, tantôt chaînes solides et fiables, tantôt simples abstractions pourtant lumineuses, les sphères semblaient effectuer un mouvement rotatif autour du spectre violacé, attirés par une gravité électromagnétique, dans une lugubre danse de lucioles éclairant un effroyable danger, inconcevable, inimaginable, mais létal, murmurant de fuir temps qu'il n'était pas encore trop tard.

Sacrys : Reste concentré et prépare une double Ball'Ombre. Offre-moi également une bonne paire de gants.
Darkoire, communiquant par la pensée : Je vois, je vois... J'anticipe où tu veux en venir...
Sacrys : Parfaite synchronisation de nos esprits, n'est-ce pas ?
Darkoire, de la même façon : Je dirais même plus, de notre esprit.

Un rictus diabolique se dessina sur les lèvres alors entrouvertes du champion, tandis que lentement, il effectuait des moulinets de ses bras alors totalement tendus, étirés. Les moulinets, gagnant progressivement en rapidité, voyaient chacune de leurs boucles se terminer de plus en plus tôt, tandis qu'au niveau des aisselles de l'homme de noir vêtu se formaient deux orbes, de part et d'autres, emplies d'une énergie qui ne pouvait qu'être obscure. D'abord petites billes sombres, absorbant toute lumière environnante, les sphères gagnèrent en diamètre jusqu'à finir par prendre l'ampleur de ballons de Basketball alors que les bras de l'indirect grand ami de Charon commençaient à se fatiguer. Arrêtant brusquement ces épuisants mouvement, jugeant avoir suffisamment fait tournoyé les orbes, ignorant toute loi de la physique, le champion s'immobilisa, les bras levés dans le ciel. C'est alors que deux gants se détachèrent de la multitude pour rejoindre les mains du coordinateur, les enveloppant, s'adaptant à la forme de ses doigts, lui donnant l'impression qu'un liquide froid et collant lui avait alors englouti l'extrémité de ses membres supérieurs.

Les mains alors protégés par des gants éthérés allant lui permettre d'entrer sans danger en contact avec les capacités chargées par son Pokémon, Sacrys contempla un instant les ténébreuses orbes, masses noires, atrocement sombres, nuages de fumée tourbillonnant, abritant de fins éclats rougeâtres, gouttes de sang glissant à la surface d'une eau froide et sale, lucioles de feu, âmes de damné hurlant leur peine, flammes infernales visibles au plus profond d'un obscur puits. Plongeant les doigts dans ces formes étranges, les refermant en leur sein, comme si elles abritaient un quelconque objet, caché plus profond de leur propre obscurité, il effectua alors une traction au niveau des coudes, faisant revenir ses membres vers le thorax. Tirant pendant un moment sans toujours parvenir à échapper à l'emprise des noires ténèbres, il parvint néanmoins à arracher de chaque Ball'Ombre un long objet, violacé, horriblement sombre, incompréhensiblement tordu.

Longues lames jumelles, difformes, vraisemblablement dangereusement acérées, affutées, méprisable, émanant une repoussante aura malsaine, laissant s'échapper des volutes de fumée noire visibles uniquement à quelques centimètres de leur source, cette paire d'outils du mal vibrèrent quelques secondes dans la poigne du champion avant de finalement s'immobiliser, s'offrant à lui, désormais soumises. Maniant ces armes éthérées à l'aide de gants dans la proximité avec la réalité était comparable, ce dernier les fit bondir, danser, valser, montrant l'étendue de sa maîtrise des armes à une main à son adversaire, avant goût de ce qui ne devrait pas tarder à suivre. Les sphères ténébreuses, dépossédées de leur cœur, se dissipèrent, s'éclaircissant jusqu'à ne plus être visibles.

Sacrys : Relativement bien équilibrées, malgré leur forme, il faut l'admettre...
Darkoire : Tu ne vas quand même pas te plaindre de la forme, j'ai pris du temps à les imaginer, tu sais ?
Sacrys, prit d'un petit rire amusé : Eh eh eh... Maintenant, l'enchantement...

Brusquement, agile chat quittant brusquement sa passive position pour s'élancer, chasseur émérite, vers sa proie sans défense, ses pattes frôlant à peine la surface du sol, carreau d'arbalète lourde sifflant dans l'air, chantant, violent coup de vent, Sacrys s'engagea sur la piste gelée. Patinant, glissant avec légèreté sur la surface glacée, fusant dans la direction du maladroit volatile, bientôt poussé par des escadrons de gants éthérés ayant cessés de s'entrechoquer, nuage blanchâtre dans son sillage, multitude grouillante, remuante, véritable essaim, le champion poursuivit sa progression écartant les bras afin de rendre bien visibles ses létales armes.

Un éclat de lumière illumina son visage pour l'espace d'une fraction de secondes, éclair précédant le roulement de tonnerre, tandis que, magiquement, les lames éthérées se mettaient à briller. Parcourues d'étincelles bleutées, tremblotantes, crépitant suite à l'absorption d'une quantité d'énergie presque irréelle, les longs couteaux du néant venaient de boire la capacité Tonnerre que continuait alors à charger le Magirêve comme s'il avait s'agit d'une généreuse coupe de sang, ne faisant qu'alimenter une insatiable soif de pouvoir. Une dizaine de mètres seulement devait à présent séparer le champion du Cadoizo, qui ne semblait pas encore avoir eu le temps de se retirer ou se mettre à l'abri, tant cet assaut de la part de l'autre dresseur était inattendu. Il ne pouvait que s'agir de la première fois qu'il voyait un humain se joindre à un combat de Pokémon pour prendre le contrôle des capacités de son monstre de poche, comme le laisser fortement supposer son air abasourdi. Cinq mètres. Le rictus sur les lèvres du champion s'étendit, terrifiant, sourire machiavélique dévoilant des dents à la blancheur des éclatants linceuls de soie.

Trois mètres. Les mains armées du chasseur revinrent vers son abdomen, s'entrecroisant, serrées sur la poignée des mortelles lames démoniaques. Derrière-lui, le nuage grossissait, menaçant, prenant une envergure horriblement démesurée, l'aidant à se propulser de plus en plus vite, lui faisant gagner en vitesse, le catapultant littéralement sur son adversaire. Un mètre. Le prédateur planait désormais, ne touchait plus le sol, oiseau de proie fendant sur son repas, son simple regard déterminé hurlant son désir de sang, de chair fraiche, son appétit. Ses bras se déplièrent, envoyant les serres tordues dans la direction du Cadoizo, prêtes à déchirer des tendons, à fendre des os à la recherche de moelle.

Un sombre éclat déchira l'image qu'avait le volatile de la scène, masquant à ses yeux son vil adversaire, voilant ses armes maudites, l'envoyant faire dans un monde d'obscurité aux contours noirs se détachant sur cette non-couleur, tandis qu'une effroyable douleur s'emparait de son flanc gauche, le forçant à se recroqueviller sur lui-même, lui imposant une position soumise. Encore une fois, ses nerfs prirent feu, l'éventrant de l'intérieur, à l'aile droite, incontrôlable pulsation douloureuse, brûlure infligée par une lame chauffée à blanc. Deux coups venaient d'être donnés, deux assauts plus psychologiques que physiques, qui, sans infliger la moindre blessure corporelle, venaient de lui entailler profondément l'esprit.

Sacrys, d'un ton allant crescendo : Et pour la grande finale...

D'un coup de pied, l'homme de noir vêtu repoussa son adversaire, l'envoyant valser dans les airs, boule de papier mâché écrasée, comprimée, inanimée. Faisant preuve d'une remarquable dextérité, probablement aidé par sa paire de gants éthérés, il fit tournoyer les lames jumelles avant de les envoyer en avant dans un brutal mouvement des bras, ses mains s'entrechoquant après avoir projeté les lames létales dans la direction de son ennemi. Ce fut alors qu'une onde de choc fut crée, lors de la collision des deux membres éthérés, vague d'énergie électrique absorbée plus tôt. Perturbant la trajectoire des deux armes, paralysant momentanément l'oiseau alors recroquevillé sur lui-même, l'onde électrique fit soudainement briller de mille feux les épées maléfiques, les auréolant d'une intense lueur bleuâtre, petits nuages de lucioles colorées qui chantaient dans des crépitements irréguliers, lançant quelques arcs électriques qui allaient parfois toucher les piliers de glace, à moins d'atteindre le sol glacé lui-même. Levant les bras à la façon d'un chef d'orchestre, le champion observa un instant la scène, avant de sourire et d'ouvrir la bouche.

Sacrys, à pleins poumons : Maëstro !

De chacune des mains du fin stratège surgirent une longue chaîne d'énergie, effroyable rayon condensé d'électricité qui s'élançait, imperturbable, vers l'arme de son côté. En une fraction de secondes à peine, les lames maudites furent de nouveau liées au champion, une liaison étant établie de leur manche aux gants enchantés de ce dernier. Les contrôlant cette fois à distance, le sourire du professionnel s'étendit, lui déchirant presque le visage, en un rictus comparable à celui de son Pokémon, dont la démoniaque invocation cyclopéenne continuait à observer la scène de son unique œil disproportionné. Prêt à se lancer dans la dernière phase, montrant sa supériorité au gamin impuissant, derrière son Pokémon alors démolit, Sacrys se laissa tomba en arrière, bientôt rattrapé par l'essaim de mouches blanches, nuage de flocons de neige, pour être lancé dans les airs.

Prenant son envol, le coordinateur s'éleva et, accompagné par quelques fragments de la capacité Encore, se mis à tournoyer sur lui-même, à tourbillonner, jusqu'à ressembler à une sombre toupie reliée par de minces ficelles phosphorescentes à deux dangereux couteaux. Hélices de la machine de guerre qu'était devenu leur porteur, les armes du néant finirent par former un véritable anneau autour de ce dernier, infranchissable ceinture de matière noire phosphorescente qui, se déplaçant dans l'espace au gré de la volonté du champion, lâchant quelques éclairs bleutés à un rythme irrégulier, vint happer le Cadoizo, le charriant de force dans cette ténébreuse ronde, lui flagellant l'esprit par de régulières explosions de douleur, annihilant toute résistance de sa part, le chosifiant littéralement.

Brusquement, tirant sur les chaînes de foudre qu'il maniait, Sacrys brisa l'atoll annulaire pour lancer les lames derrière lui, dans une large boucle, ces dernières traînant le corps mou du volatile. Puis, se stabilisant avec l'aide de la masse blanchâtre grouillante et envoyant ses poings magiquement gantés devant lui, tandis que les énormes dagues passaient juste au dessus de sa tête à plusieurs mètres de hauteur, il inversa le sens que prenaient les armes. Dans un choc encore plus brutal que le mouvement esquissé par leur porter, les lames jumelles se fracassèrent contre le sol, lâchant le corps flasque, inanimé, de l'oiseau, qui rebondit mollement au contact du sol glacé, alors fissuré.

Shiro : Cady !
Sacrys : Un coordinateur digne de ce titre se doit d'être capable d'entrer en symbiose avec ses Pokémons et de combattre aux côtés de ces derniers... N'es-tu pas de cet avis ?

Un sourire, chaleureux et froid, amical et moqueur, se dessina sur le visage du champion, tandis que les gants conjurés disparaissaient, autour de lui, les un après les autres, dans des "pofs" caractéristiques. Le spectre à œil unique se recroquevilla lentement pour enfin voir sa ténébreuse silhouette se déchirer d'elle-même, silencieusement, sous le regard vide du Magirêve qui venait de rejoindre son maître. De sombres volutes de fumée entourait désormais l'inséparable duo, brouillard de guerre, cendres des infernales lames jumelles, obscure masse gazeuse dans laquelle Sacrys agitait les doigts d'un air désintéressé. Ouvrant la bouche, le fantôme chapeauté aspira enfin les restes de ses deux Ball'Ombre dans un râle pour disparaître en souriant, l'éclat de ses joyaux brûlant encore dans l'air quelques fractions de secondes après l'évanouissement de sa spectrale silhouette.

Shiro : Bravo pour votre victoire Mr.
Sacrys : Je t'en remercie.

Il s'inclina de quelques fractions de degrés vers l'avant, offrant au novice un salut hautain, puis, avec élégance, il lui tourna le dos. Ses pas l'emmenèrent alors vers la sortie, doucement, avec une infinie lenteur, tandis que ses yeux, vagues, fixaient le vide. Instinctivement, sa main droite vint à la rencontre de la portière, seul obstacle entre lui et l'extérieur de la salle. La rumeur qui envahissait alors les couloirs vint assaillir les oreilles du champion, habitué à la presque passivité de son adversaire et au silence des rares spectateurs attirés par le nom de l'un des combattants.

Le nombre de promeneurs qui arpentaient les allées intérieures du bâtiment semblait, aux yeux de l'homme costumé, s'être considérablement accru depuis qu'il avait pénétré dans les lieux plusieurs minutes plus tôt afin de relever un défi qui ne lui avait semblé être qu'une simple formalité, plus qu'autre chose. Dès qu'il eut lâché la portière et que cette dernière eut repris sa position d'origine, un petit attroupement vint se former autour de lui, l'immobilisant littéralement sur place. A sa droite comme à sa gauche se tenaient quelques caméramans ainsi que des journalistes tendant leurs enregistreurs vocaux et microphones dans sa direction en lançant des paroles qui, entremêlées comme elles l'étaient, n'avaient aux oreilles du champion aucune signification. Devant lui se manifesta une des journalistes, ayant réussi à imposer momentanément le silence à ses consœurs et confrères, qui ne tarda pas à lui demander un bref résumé de sa part sur l'évènement.

Ils enregistraient vocalement et visuellement tout ce qu'il pouvait dire ou faire, à présent.

Sacrys : Et bien... Je viens tout juste à l'instant de sortir vainqueur de match amical...
Journaliste B, surgissant à sa droite et lui coupant la parole : Certains des spectateurs critiqueraient votre style, et particulièrement votre tendance à vous joindre personnellement aux affrontements entre Pokémons. Que pourriez-vous leur répondre ?
Sacrys : Eh ? En ce qui concerne mes méthodes, j'estime que...
Journaliste C, l'interrompant : Pourquoi avez-vous choisi votre Pokémon phare face à un simple enfant, plutôt qu'envoyer combattre un autre plus adapté au niveau de votre adversaire ?
Sacrys : C'est à dire que...
Journaliste B : Pourriez-vous répondre à la question posée sur vos façons de...
Journaliste D : Quelles ont été vos impressions sur le défi proposé ?
Journaliste A : Je voue prie de bien vouloir continuer votre résumé, nous en étions à...

Une multitude de gants apparurent brusquement pour disperser la foule qui se formait autour du champion, repoussant les tenaces journalistes et abaissant de force les caméras pointées vers les pieds de leurs porteurs. Comprenant l'énervement naissant chez son maître, Darkoire s'était décidé de mettre fin à ces interviews très peu organisés qui commençaient à s'éterniser. Les gants éloignant toujours plus les envoyés de la presse, dont certains des membres commençaient à perdre patience et frapper les accessoires conjurés, Sacrys fit un signe de la main signifiant qu'il prenait congé avant de commencer à s'éloigner, cette fois d'un pas un peu plus rapide.

Sacrys : Eh... Je veux bien qu'on vienne me poser des questions, mais il faudrait déjà me laisser y répondre et ne pas m'interrompre chaque deux secondes.
Darkoire, communiquant par pensée : De toutes façon, il leur reste toujours le môme à interviewer, s'ils souhaitent absolument parler de cet affrontement dans les médias.
Sacrys : Pauvre gamin...

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Un vent frais soufflait au dehors, emportant des feuilles d'arbres, sèches, colorées. Elles roulaient, au sol, prenaient parfois leur envol, ou, dans des craquements presque inaudibles, se faisaient piétiner, sur les pavés, sous quelques bottines. Cette même brise vint gonfler les mèches de cheveux de Sacrys, sortant alors de la construction, les faisant onduler. Les yeux du champion s'attardèrent un moment à suivre une large feuille, mi-verte, mi-orangée, qui flottait, soulevée par quelque courant d'air, puis il plongea une main à l'intérieur de son costume pour s'emparer d'un appareil blanc, ivoire, contrastant avec sa tenue sombre, de jais.

D'un prompt mouvement du pouce, il ouvrit et ralluma le Pokénav pour y jeter un rapide coup d'œil. Deux appels en absence, de la même personne, Stevens. Décidément, il ne pouvait pas se permettre d'éteindre son Pokénav le temps d'un petit affrontement. Que pouvait donc lui vouloir ce bon petit diable de majordome, engagé sur un coup de tête ?

Darkoire : Eh eh... Ce bon vieux Stevens... Je croyais qu'il finirait par démissionner, lui qui voulait accompagner un richard pour explorer le monde.
Sacrys : De même, mais apparemment il semble bien apprécier son rôle à l'arène. Accueillir les dresseurs, leur donner des conseils, s'occuper des Pokémons quand je ne suis pas là... Le tout pour un très bon salaire, dans une ville bien paisible. Difficile de ne pas succomber au charme de Parmanie, il faut l'admettre.
Darkoire : Et oui, Parmanie, quelle ville sublime... Des fois, elle me ferait presque penser à Rosalia, surtout avec sa tour, maintenant... Ou plutôt, notre tour, devrais-je dire.

Souriant à son spectre, Sacrys sélectionna le numéro de son majordome sur l'écran tactile et lança l'appel. Tenant alors l'appareil près de son oreille, il patienta un instant, donnant un coup de pied dans un petit caillou, probablement un morceau arraché des pavés sous l'effet de l'érosion. Au bout d'une dizaine de secondes, l'on décrocha l'appareil.

Stevens : Enfin ! Monsieur Asatsu !
Sacrys : Eh... Que voulais-tu donc, Stevens ?
Stevens : Ah ! Vous n'y croirez jamais, monsieur Asatsu...
Sacrys : Parle tout de même.
Stevens : Et bien, un dresseur est venu tantôt pour relever le défi...
Sacrys : Ah, classique...
Stevens : Comme vous n'étiez pas là, il avait souhaité que je vous appelle afin de lui dire quand revenir.
Sacrys : ... D'accord pour le premier appel, d'ailleurs je ne vois pas pourquoi tu pensais que je n'y croirais jamais. Concernant le second, dix minutes plus tard... ?
Stevens : Alors, comment dire... On l'a retrouvé coincé dans un des murs de l'arène...
Sacrys : Qui donc ?
Stevens : Beh, le dresseur, pardi !
Sacrys : ...

Un bref silence s'imposa face au fait très hors du commun qu'annonçait Stevens afin de justifier son dernier appel, pour ne pas parler de farce ou d'absurdité. Ne parlant plus, n'écoutant la respiration de son interlocuteur, les craquements de feuilles, les murmures éloignés des passants, le champion attendit. Finalement, il reprit la parole, sur le ton de l'ironique plaisanterie.

Sacrys, étouffant un petit rire : Mais bien sûr, mais bien sûr ! Sais-tu qu'à l'instant même où nous parlons, j'aperçois un Ecremeuh avec des ailes, dans le ciel ? Oh, il n'est pas seul, d'ailleurs !
Stevens : Monsieur, croyez-moi, je suis tout à fait sérieux ! Il y a bien un dresseur coincé dans le mur de l'arène ! La tête est à l'intérieur, le reste du corps à l'extérieur !
Sacrys : Ahein, admettons que ce tu dis soit vrai et que, par je ne sais quel miracle, un dresseur soit coincé dans le mur de mon arène... Qu'attends-tu pour le dégager de là, pauvre diable ?
Stevens : Euh... C'est que comme il a le menton gras...
Sacrys : ...
Stevens : ... Enfin, double-menton, vous voyez...
Sacrys : Achève, achève.
Stevens : ... Même avec l'aide de gens du coin, on n'a pas réussi à la dégager. Nous sommes donc venu à la conclusion qu'il fallait scier le mur, autour de son cou, pour le faire sortir de là.
Sacrys : Je vois...
Stevens : Et pour ce faire, il nous faudrait votre consentement, monsieur.
Sacrys : Oh, et bien, je ne souhaite pas que l'on scie le mur de mon arène en mon absence, qui sait, ils risquerait de toucher à l'alimentation et faire tomber toute l'installation à l'intérieur...
Stevens : ... Et électrocuter le dresseur...
Sacrys, d'un ton faussement joyeux : Ce n'est qu'un détail. Donc, comme vous n'aurez mon consentement qu'à mon retour, l'abruti qui se sera coincé la tête devra patienter. ~
Stevens : Mais enfin, monsieur !
Sacrys : Bonne journée ! ~

Il raccrocha immédiatement, refermant son Pokénav et le fourrant dans une poche, à l'intérieur de son costume. Son regard croisa celui de son Magirêve, et ils se sourirent mutuellement. Darkoire devait avoir tout entendu, car le sourire qu'il partageait avec son maître était celui du complice qui venait de se faire narrer une histoire invraisemblable, gaminerie visant à attirer l'attention, simple simulacre de poisson d'Avril. Sacrys poussa un soupir, avant de faire signe à son Pokémon qu'ils s'en allaient.

Sacrys : Et puis, si tout ce qu'il dit est bien vrai, je ne laisserais tout de même pas un pareil voyou s'en aller sans même rire un peu de l'avoir vu dans cette ridicule position, non ?
Darkoire : Tutafeh !