Chausette du débutant [ Myriam vs Harmonie ]

« Si tu échoue, les conséquences seront terribles. J'ai déjà honte que tu te rends à un match d'entraînement pour débutants, alors que tu est sensée être une fière combattante. »

« Euuuuuhhhh...... » Voilà une réponse éloquente à la panique qui venait de s'emparer du cœur de la petite demoiselle en robe et veste noire, froissant la chemise blanche interposée entre les deux de ses mains, ses pupilles frémissantes à la vue de cet homme élégant... une cape, ou peut-être un long manteau, posé négligemment sur ses épaules, à la prise du vent, s'engouffrait et lui créait une silhouette encore plus imposante qu'à la normale.
Ce qui n'était déjà pas peu dire. Les hommes de leur contrées d'origine étaient, pour la plupart, naturellement plus grands que la majorité des hommes d'ici... Et il en faisait partie. Ce n'était pas non plus un géant, mais, par rapport à elle qui était un peu plus petite que les femmes, encore une fois de leur pays d'origine et donc avait une belle taille pour les standards de ce lieu, il avait effectivement l'air d'être Goliath. Facilement une tête de plus.

Donc, quand quelqu'un qui est beaucoup plus grand que vous et a les épaules d'un déménageur vous signale que si vous faites une bêtise, cela risque d'être lourd de conséquences pour vous.... Vous l'écoutez, ou alors vous faites partie de ces gens qui ont un mental d'acier et peur de rien.
Myriam Nadesh ne faisait pas partie de la seconde catégorie, et en plus, elle était amoureuse de l'homme qui la menaçait actuellement. Enfin, la menaçait. Un bien grand mot. Disons simplement qu'il lui rappelait que, malgré toutes ces années et un nombre impressionnant de choses qu'ils avaient vécu, elle ne restait qu'une... vulgaire servante, d'où son vêtement. Elle l'interprétait comme ça. Lui, c'est bien difficile de le savoir, mais c'est possible que ce soit pareil.

« Mais.... mais et si je ne réussis pas à les battre ? »

Il ne répondit pas. Le soleil de Jadielle tapait fort, alors les reflets dans ses lunettes étaient encore plus impressionnants que jamais, et il était ainsi bien difficile de voir son expression. Le seul moyen était qu'il se penche et se mette à sa hauteur, mais il n'avait aucune raison de le faire, et comme elle était stressée, Myriam serra un peu Elekid entre ses bras. Solochi jappa au sol, puisque maintenant qu'il y avait des plus petits que soi il était bien obligé de marcher, Myriam n'ayant jusqu'à preuve du contraire pas quatre bras... Et il était jaloux !

« Et bien.. tu déshonoreras ton nom, et je ferai en sorte qu'il ne soit plus associé au mien ? »

Il se pencha après avoir dit cela, pour s'accroupir sur le sol sableux du chemin menant à l'Académie Gardevoir, et tapoter, caresser, et gratter la tête de Solochi, avec un petit soupir amusé. Pendant ce temps, la maîtresse de Solochi paniquait complètement. Elle essayait déjà, avec ses récents combats d'arènes, de se mettre à fond dedans et d'oublier ce pour quoi elle venait se battre, ou tentait de se donner de fausses mais valeureuses raisons... sauf que là, de le voir juste avant, ça ne l'aidait pas.
Donc, Myriam, pendant que son patron câlinait le petit dragon, tentait de se changer les idées, et de trouver un sujet de conversation qui ne porterait pas sur ses éventuels échecs. Elekid gigotait nerveusement, voulant lui aussi obtenir des caresses du grand type en noir trop classe, mais en gigotant il fit tomber le sac de Mlle Nadesh et tous les gâteaux qu'il y avait dedans enroulé dans du papier aluminium. A la différence de Solochi qui avait été éduqué par son papa, puisque maman était introuvable, Elekid bondit par terre et se précipita sur les gâteaux, après avoir donné un petit coup de patte arrière au visage sans méchanceté à sa maîtresse... Le lord se releva, et comme il passa du coup à sa hauteur elle put voir qu'il était franchement amusé. Trop tard. La nervosité avait repris le dessus, elle se tourna vers l'Académie qu'on voyait au loin, prête à s'enfoncer dans l'allée, commençant déjà à dire :

« Bon, je vais y aller, je vous rev- »

Mais un bras l'avait attrapé, et elle retrouva des lèvres contre la peau de son cou. Un parfum qu'elle appréciait rapproché d'elle, tant qu'elle put le sentir et... S'offrit même le privilège de repousser cet homme, doucement. Elekid détourna la tête en faisant « beeuuuuh », se faisant bientôt moquer par Solochi, mais comme Myriam d'une part ne connaissait pas le langage des pokémons et d'autre part s'était considérablement calmée, elle les ignora totalement.

« Monsieur, il faut vraiment que j'y aille... »

« Tâche de faire vite. Je ne suis pas venu pour te regarder : certains prétendent des choses à propos de cette ville et de son champion... je suis venu les vérifier. Et si c'est vrai, je risque d'avoir besoin de renforts, aussi menus soient-ils. »

Comment ça... ? Une vague froide l'envahit. Vague froide qui ne dura pas longtemps, parce que par un deux ex machina une silhouette familière apparut derrière eux et un autre barbu, brun, celui-là, avec le faciès d'un bel homme mais le cœur d'un bisounours... et que cette personne interrompit brutalement toute pensée du duo avec son :

« Monsieur Vincent ? On peut vous aider ? »

« … Esti est dans mon dos, c'est ça. » pesta le Lord. Myriam acquiesça. C'était invisible derrière les lunettes, mais il leva les yeux au ciel en maudissant tous les diables de toujours lui coller un abruti dans les pattes. Le lord lâcha sa servante et pesta. « Votre présence m'insupporte au plus haut point. Quoi, encore. »

« Il faut que je vous demande des informations concernant votre patrie d'origine... On a des agents qui risquent d'avoir des missions là-bas, et je pensais que vous pourriez nous donner plusieurs... »

« Ca vous viendrait pas à l'esprit que je suis peut-être un espion. Heureusement pour vous, non, si je peux vous aider à ruiner cette ordure de Sasaki » Rivu hésita. Il avait dit Sasaki ou Sakaki ? « Je collaborerais sans hésitation. Allez y Myriam. »

Myriam entra... pour se retrouver face à une de ses espèces de femmes si belles et séduisantes que la plupart des hommes qu'elle connaissait s'arrêteraient à leur passage, et que si elle avait dans son pays, les ministres l'auraient déjà entourées avec des phrases flatteuses. Myriam la gratifia d'un regard effrayé en entrant ainsi qu'à tous ceux qu'il y avait autour. Quelqu'un l'aida à en faire mentalement abstraction, pour qu'elle puisse calmer son stress, et se concentrer sur le combat.

Oui, cette femme était belle, elle avait l'air professionnelle. Mais surtout, il y avait un fichu Cizayox.
Un de ces trucs qui peu importe ce qu'il faisait était immunisé à la plupart des attaques de Roserade, et qui pouvait faire très mal à Anorith. Le seul à pouvoir rester vaillant, c'était Gallame... Mais il ne pouvait pas combattre pour le moment. Tout simplement parce qu'il avait pris l'habitude de rester aux côtés de sa maîtresse pour soutenir son mental et l'aider à réorganiser ses pensées dès le départ. Et que la technique qu'il avait récemment apprise était, justement, trop récente pour qu'il puisse l'utiliser....
Anorith était par ailleurs celui qui était le plus résistant pour le moment, et quand Gallame arriverait, parce qu'il ne tiendrait sûrement pas la distance, il pourrait faire face à un adversaire affaibli. Dans tous les cas, Anorith et Roserade seraient mis K.O en premier, et il était certainement meilleur que...

Deux attaques par tour ?

Il y avait un effet secondaire à l'une des attaques d'Anorith qu'elle n'aurait cru en fait utiliser. Et pas comme ça. La demoiselle regarda son adversaire. Ligne droite. Autour d'elle. Ligne horizontale circulaire. Derrière elle. Un tour complet. Une idée jaillit dans son esprit... Et se concentrer sur le combat lui permettait de faire abstraction du reste. Il fallait prier pour qu'Anorith ait la patte juste, et du reste, quand il se vit lancé hors de sa pokéball, en face d'un pokémon Acier, il se dit sincèrement qu'elle avait pété les plombs.
Jusqu'à ce que...

« Anorith ! Exécute une prison antique ! »

Prison de quoi – l'insecte reçut alors les ordres mentaux de la dresseuse par le biais de Gallame. S'il avait pu sourire, il l'aurait fait. A la place, ses yeux aciers se fermèrent – et du terrain d'herbes d'énormes rochers constitués par de la terre solidifiées sortirent, se plaçant en cercle autour de Cizayox... Mais pas en cercle horizontal. A la diagonale par rapport au sol, et il y en avait deux, se déplaçant pour couvrir une sphère autour du pokémon insecte. Bien sûr, les bouts de ses rochers s'en prenant au pokémon.

Myriam ignorait grâce à Gallame l'agitation dans la pièce, pour être seule, face à son ennemie.


[HS : Cookie pour la personne qui retrouve à quoi la première phrase de Rivu fait allusion.]

Anorith se lança à l'assaut, ignorant qu'en même temps qu'il concentrait ses pouvoirs, pour tenter de toucher Cizayox, et que le flux de pouvoir s'agitait en lui, les flots du système sanguin de sa maîtresse s'accéléraient aussi considérablement. Elle frémissait, se retenant de rentrer son pokéball et de fuir. Il fallait rester concentrée. Beaucoup plus de choses se jouaient ici qu'un simple match d'entraînement... Son adversaire était une personne calme aussi, ce qui changeait des gamins que Myriam avait du affronter au passage, mais cela ne la rassurait pas vraiment.
Bien que son esprit soit resté relativement tranquille, elle ne pouvait pas se permettre de se relâcher. C'était étrange... Mais cette personne, nommée « Harmonie » parvenait à éveiller en elle des souvenirs peu agréables. Les souvenirs d'une fuite, où les poursuivants étaient comme elle, à faire simplement leur devoir, à rester stoïque, et posséder d'imposants pokémons face à qui elle n'était rien, et face à qui les siens faisaient pâles figures. Puis d'autres souvenirs, plus anciens, quand il y avait autour d'elle moults gens d'un haut rang social, que l'on reconnaissait, tant pour leurs faits au sein du monde, ou par leurs simples capacités, ou par leur naissance, ou peu importe quel critère.
Harmonie était l'une de ces gens : elle était reconnue des siens, et elle avait ce calme des grands esprits. Pourtant, elle semble... prendre du plaisir à ce combat ?
Là, elle ne joue pas sa vie. Elle ne joue pas celle d'Anorith. Les gens viennent soigner vos pokémons, il y a des infirmiers, ces effusions de violence sont contrôlées, ce n'est pas le terrain sauvage de la vie.

Anorith s'élança en avant, partageant l'anxiété mais aussi la concentration de Myriam par deux liens, celui que Gallame maintenait entre eux, et le lien naturel qu'ils avaient formé au fil des ans, et posa la griffe au sol, obéissant. Les deux attaques se déclenchèrent, mais un brin d'herbe chatouilla son museau et l'empêcha de mener à bien l'une des deux, et le colosse ne subit qu'une seule attaque. Mais il était déjà en mouvement, et l'oeil noir de la maîtresse ainsi que de l'insecte détectèrent les actions de ce dernier, mais trop tard pour pouvoir agir. Simultanément, ils mordirent, pour l'une sa lèvre, pour l'autre, le sol.

Les coups portèrent. D'abord un violent coup asséné, puis deux seconds, gracieusement effectués, comme les pointes d'un épéiste. Elle fronça les sourcils. Comme elle, son adversaire jugeait plus intéressant de ne pas directement nommer les attaques, ce qui, aux dires de son ancien maître et actuel patron, loin d'être une aberration, devrait être la norme chez les dresseurs et autres compétiteurs.
Pour l'amour du ciel, on n'envoie pas une lettre à son adversaire, politique, ou quelconque rival, pour lui dire ce que l'on va faire, c'est lui donner l'occasion de vous contrer. Du reste, un dresseur bride le véritable potentiel des pokémons, tout en le raffinant, c'est une collaboration, et non pas un ordre.
Anorith utilise l'une de ses griffes, la plante au sol pendant qu'il vole, propulsé par l'élan, puis retombe lestement au sol. Elle peut jurer que ses yeux luisent d'une perverse satisfaction... ou peut-être simplement joyeuse, d'avoir un combat où il est autant en phase avec elle. Ils ont vu quel a été l'effet de l'herbe sur lui, elle l'a déconcentré...

Alors peut-être...

« Dites-moi... Est-il vrai que l'acier s'oxyde à l'eau ? Et que les minéraux le font rouiller ? »

Elle n'était pas encore à un stade où Gallame pouvait assurer mentalement les connexions et faire partager ses pensées aux pokémons, ses suggestions de tactiques, pour qu'ensuite ces derniers décident de la marche à suivre. Par contre, rien ne l'empêchait de tourner ses phrases de façon à ce que l'ennemi ait à réfléchir au moins cinq dixièmes de secondes.
Mais Anorith avait comprit – et il s'élança, jetant un Pistolet à O sur la patte droite du Cizayox, l'une de celles qu'il devait naturellement utiliser pour se déplacer et sa si grande vitesse, ses ailes ne faisant guère office que de décoration puisqu'il n'était pas de type sol. La manœuvre visait à le déstabiliser – pour que le Pouv.Antique qui venait derrière le percute en pleine cible.

Très bien... Puisque plus rien ne fonctionne, en désespoir de cause, elle siffla à voix basse, dépitée, en constatant qu'encore une fois ce fichu insecte de métal avait évité son attaque :

« Ma parole, cet imbécile qui esquive tout ce qu'il peut, il va se faire couper les pattes et les ailes, ça va lui faire les pieds... »

En grommelant cela, elle ne réalisa pas que sa voix portait à Anorith. Mais l'insecte, blessé, lui jeta brièvement un œil, qu'elle aperçut – et rougit immédiatement de se laisser emporter. Elle se laissait agacer par les promesses de vrai combat de son adversaire, et perdait de vue les véritables priorités. Bon sang, si seulement elle avait eu un pokémon amical avec le feu, elle aurait pu soulager Anorith. Là, immédiatement, elle n'avait pas tellement le choix et lui non plus. Et il ne tiendrait pas à la prochaine attaque, ils le savaient tous les deux.

Mais... Perdre un tour n'était pas envisageable. Elle se mordit les lèvres, furieuse de devoir lui infliger ça, mais pour gagner, il faut savoir faire des sacrifices. Et elle allait sacrifier des baies sucrées sur l'autel de la culpabilité, dès que ce serait fini. Gallame lissa ses lames... les autres aussi.

Puis, à voix haute, elle s'adressa à son pokémon, et ignora le reste de la salle qui voyait très bien ce qu'elle faisait  : « Jusqu'au bout ! Les Spartiates et les Légionnaires se battent jusqu'au bout ! Transformons ce terrain en un baroud d'honneur ! Pour que les ambitions de notre chef se réalisent ! »

Anorith éclata de rire intérieurement. Il comprenait ce qu'elle venait de dire, et le ton mi-inspiré, mi-rieur dans sa voix. C'était très con, mais ça avait le mérite d'inspirer Anorith... fallait rester debout, se battre jusqu'au bout, et faire appel à la puissance préhistorique des pokémons, tout comme les Spartiates ça remonte à bien longtemps, et que c'était des bêtes.

De plus gros rochers sortirent du sol. Deux attaques Pouvori Antique simultanées – qu'il jeta sur les ailes de Cizayox, espérant de nouveau entraver ses déplacements.

Victoire par forfait de Myriam.

Gain de 300pts à la fin de l'event.
Les mots après le prochain post seront doublés.

L'esprit de Myriam cessa de fonctionner à l'instant même où les pierres du Pouvoir Antique, élancées, loupaient leur cible qui venait de se dématérialiser à cause du rayon rouge du renvoi de la ball... et allaient s'effondrer dans les gradins. Non, elle ne subissait pas un Blue Screen of Death interne à cause du bonheur d'avoir gagné, ce qui aurait été tout mignon, mais à cause d'une colère épouvantable, entièrement noire. Il n'y a rien de pire pour un vainqueur que d'avoir l'impression de s'être fait voler la victoire, de le n'avoir eue que parce que l'ennemi vous a pris en pitié, et pire, qu'il a été condescendant et arrêté le combat « pour vous faire plaisir ». Voilà le ressenti de Myriam.

Vous vous sentez... pitoyable.

Pitoyable. Ce sentiment précis que Myriam avait expérimenté... toute sa vie. Toujours dans l'ombre, c'était un choix, de quelqu'un d'admirable. Dans l'ombre, elle faisait pitié, mais c'était parce que cela déconcentre l'ennemi. Pitié, parce que c'était utile.

Aujourd'hui, elle tentait elle aussi de devenir quelqu'un de formidable, à sa façon. Sa façon n'incluait certainement pas une telle humiliation. Et alors que ses pokémons se mettaient à tous sauter en rond, sauf Gallame, ils ne réalisèrent pas que leur maîtresse avait le regard fixe de quelqu'un qui va faire une grosse connerie. Regard fixe qu'ils connaissaient très bien : leur maître l'avait depuis sa naissance même. Pas à proprement parler « fixe », mais tellement déterminé que l'avenir n'a qu'un point, et une seule route, dont on doit déblayer les encombres.

Myriam voyait à présent cette route, et elle voyait aussi que l'énorme Ronflex qui s'était mis dessus s'éloignait en lui laissant l'énorme flaque de boue de l'humiliation, et qu'elle était obligée de passer dessus. Ca aurait été si ça avait été un combat normal, à l'abri des regards.

Mais là, Harmony se volait toute la gloire. Celle qui se retirait, on savait pas pourquoi, et par la même se montrait encore une fois supérieure à son adversaire... devant tout un public, dont Myriam avait oublié consciemment la présence. Elle ne put faire autre chose que de gronder entre ses dents :

« Un jour... Oui, un jour... Vous me paierez cet affront. »

Cela lui était inconnu, mais personne ne remarqua cet accès de colère, sauf, un être présent dans la salle.

Qui ne pensait absolument pas que Myriam avait déshonoré son nom, contrairement à elle. Trop fin tacticien pour ne pas reconnaître que l'autre s'était effacée pour ne pas démoraliser ses troupes, alors qu'elle allait perdre, et qu'il ne s'agissait que d'un acte mal interprété, sans sens. Pourtant, vu l'expression épouvantée de Myriam alors que les lumières s'éteignaient et que Harmonie quittait les lieux... que le public sortait petit à petit, mais qu'une seule personne restait...

Il comprenait ce qu'elle avait ressenti, et vu qu'elle avait marmonné avec la lueur mauvaise de la rage dans les yeux.

Rien ne pouvait lui faire plus plaisir.

A part, peut-être, la manière dont elle avait géré le match, mais le tueur aux lunettes rondes n'avait réussi à semer Rivu que quelques minutes auparavant et assister à la fin du combat. C'était une mince victoire, mais une victoire quand même – et il faut encourager les troupes. Garder la tête et les pieds sur terre, mais reconnaître le travail.

Et se régaler de la tête que la jeune femme fit quand la dernière lumière s'éteignit, car elle n'était pas encore sortie de la salle, bien qu'elle était en chemin. Car à cet instant, juste pour lui filer la frousse, le lord referma en fracas la porte de sortie. Myriam bondit en arrière et poussa un cri strident, mais aucun de ses pokémons ne réagit. Pour cause : tout le monde était rentré, sauf Solochi, et Solochi voyait très bien dans le noir.

Elle recula, paniquée, en entendant des bruits de pas. A se promener à l'extérieur, elle en avait presque oublié la pénombre, et ses yeux l'avaient totalement fait. L'habitude à l'ombre commençait à revenir, mais pour le moment, ça ne lui faisait que voir une grosse forme noire qui... ricanait.

« Et bien, on a gagné par triche ? Qu'Harmonie s'incline alors qu'elle avait gagné est une chose bien surprenante, mais qu'une jolie fille ose tricher, voilà qui est bien plus désagréablement surprenant. Quel châtiment conviendrait... ? »


« Je n'ai pas triché ! C'est elle qui m'a prise de haut en faisant semblant d'avoir perdu ! » protesta Myriam – mais sa nature reprit vite le dessus : « Enfin, elle ne l'a peut-être pas fait exprès, mais je l'ai ressenti ainsi... De toute façon, monsieur, je vous en prie, excusez-moi d'avoir eu l'air de tricher, mais je vous jure que ce n'est pas mon style, par pitié, ôtez-vous cela de la tête, je vous en conjure, je n'ai rien fait de mal- »

Mais la forme sombre continuait à avancer, et le bruit d'une lame racla contre son étui. Au loin, quelques agents de maintenance se préparaient à venir entretenir la salle pour de prochains combats, mais la lumière était faible là-bas, trop pour atteindre cet endroit, et de toute façon la jeune femme ne les entendaient pas. La menace fit paniquer la demoiselle qui par réflexe, fit rentrer Solochi, pour ne pas le blesser, ce qui était très con parce qu'il aurait pu la défendre. Enfin, à la place, elle tenta d'attraper un spray lacrimo dans une de ses poches. La voix, forcée pour ne pas être reconnue (et pourtant, ceux qui l'ont déjà entendue conviendront avec moi qu'il force à mort déjà) reprit.

« Je dis que vous avez triché. C'est trop facile de dire 'c'est pas mon style' avec des larmes dans les yeux, et espérer s'en tirer. Est-ce que vous savez combien la Team Rocket a payé sur la victoire de votre adversaire... ? »

La jeune femme (plus si jeune que ça, certes) paniqua encore plus, mais cette fois, trouva son gaz. Elle reculait toujours, mais le brandit et cria : « Tricher, c'est mal, c'est pour les faibles ! Je ne SUIS PAS faible ! » Elle entamait un second rugissement tout mignon à base de « mais c'est vous qui l'êtes, la criminalité, c'est le chemin facile, le chemin pour les faibles comme vous » sauf que seule la première partie sortit, puisqu'elle avait tellement reculé qu'elle ne vit pas dans le noir, les marches derrière elle, et glissa.

Une main jaillit brusquement et lui agrippa le bras, l'empêchant de tomber... et un rire franchement moqueur retentit. Un rire qu'elle connaissait bien. Les lumières de l'arène et du chemin lumineux des gradins s'allumèrent faiblement, mais elle avait déjà reconnu qui c'était. En même temps, une seule personne pouvait lui répondre :

« Excellent réflexe, dire que je m'attendais à ce que tu fondes en larmes et promette n'importe quoi à cet 'agent' de la Team Rocket. Plus de cran que tu n'en as l'air, ou bien est-ce l'adrénaline qui te rend folle comme ça ? »

« … Milord, ce n'est pas drôle ! Enfin, je veux dire, je ne trouve pas ça drôle. » Mais en attendant, elle était bien contente de s'être fait rattraper, et de se faire caresser les cheveux. « J'ai été humiliée... »

« Pas tant que moi par ce stupide Esti. Il est allé me sortir toute la liste judiciaire de pourquoi non, il ne peut pas me donner d'infos sur le Champion, et qu'il n'y a plus rien de la Team Rocket ici. Un vrai gamin tout fier qui fait son exposé. » Il sourit et son nez toucha celui de la demoiselle. « Laisse donc cette Harmonie et sa petite victoire... et allons fêter la tienne, puisqu'il n'y a plus rien à faire ici. »