Mission n°4 : Le pokedex a besoin de vous ! [Peche - Dante]

Samibato. Dante n’avais jamais été sur les îles constituant cette région. Lorsqu’elle avait trouvé l’annonce dans le journal, demandant de l’aide pour les recherches du professeur local, elle avait tout de suite réservé une place. Heureusement pour elle, car il n’en restait plus qu’une d’ailleurs. Elle était venue de la région de Johto, en bateau à partir d’Oliville en direction de l’île Tabisku. Une occasion en or de la découvrir, étant le lieu qui accueille le Grand Festival des concours Pokémon dont elle avait tant entendu parler en temps que coordinatrice. Mais ce n’étaient pas ses talents dans les concours qui lui donnaient un avantage sur cette mission spéciale, plutôt ceux de photographe. La jeune femme pouvait se vanter d’avoir l’œil pour les détails et était sûre que cette faculté lui serait très utile pour ramener des informations au professeur.

C’est la joie au cœur qu’elle arriva sur l’île. Le port sentait bon la mer et le vent fouettait son visage, ébouriffant ses cheveux encore plus que d’habitude. Elle laissa le soleil la réchauffer quelque peu, immobile sur le quai, puis se mît en route. Cela promettait d’être une belle journée. Elle demanda son chemin à un passant avant de se rendre au point de rendez-vous convenu avec le professeur : un café non-loin du rivage. Elle y entra, un peu curieuse de ce qu’on allait lui demander d’observer exactement. La scientifique était assise à une table, un portable et quelques feuillets étalés devant elle. Elle sirotait un café en l’attendant. Dante se senti dévisagée, au fur et à mesure qu’elle avançait vers la table en question.

« Bonjour mademoiselle Reev. C'est bien ça ? Oui tant mieux. Donc je suis le professeur Zaaki de Samibato. Je vous remercie d'avoir bien voulu répondre positivement à mon annonce. Je vais vous donner un carnet et un stylo, vous allez vous rendre sur le port et voir monsieur Raoul le pécheur. Il est d'accord pour vous prêter le temps qu'il faudra sa megacanne. Vous allez devoir longer les quais et essayer de voir à quel endroit ça mord le mieux et me rapporter quel pokemons vous avez pu voir. Bonne chance à vous.
- Merci Professeur. Je ne vous décevrai pas, soyez en sûre. Je vais commencer tout de suite.»

La jeune femme s’empara du carnet et du stylo. Le professeur avait été très prévoyante. Heureusement d’ailleurs car elle-même ne possédait rien pour écrire ses observations. Elle n’y avait même pas pensé. La jeune femme s’éloigna, observant ce qu’elle avait en main. Le carnet en question portait déjà son nom et était illustré d’une canne à pêche. Elle ne pût s’empêcher de sourire. Elle ne possédait vraiment pas les capacités d’organisations de la scientifique. Il allait falloir faire un effort pour ordonner ses résultats du jour.

Elle retourna sur le port et, cette fois, n’eût pas de mal à trouver Raoul, le pécheur. Tout simplement car sur l’une des baraques qui s’élevaient plus ou moins majestueusement à côté des quais, trônait une magnifique enseigne. « Chez Raoul ». Juste assez subtil pour ne pas le manquer. L’homme en question était plus jeune que ce que Dante l’avait imaginé. La trentaine, tout au plus, il était fort musclé de par son métier et était occupé à inventorier les caisses en partances pour différents centres commerciaux lorsque la jeune femme arriva. Il se retourna et la détailla de la tête aux pieds, laissant un sentiment de malaise à la photographe. S’il lui arrivait d’attirer les regards des hommes, elle préférait nettement ne pas s’en rendre compte. A son sourire charmeur, elle ne pût qu’en répondre un crispé. Raoul ne parût pas s’en rendre compte et alla chercher la mégacanne, qu’il avait préalablement mise de côté.

« Et voilà ! De la bonne qualité que je vous laisse, là. Vous savez vous en servir, au moins ? Parce que sinon, je peux vous accompagner, vous aider un peu dans votre travail et on pourrait faire connaissance, joindre l’utile à l’agréable…
- Euh… C’est gentil mais je devrais pouvoir me débrouiller. Vous savez, il ne faudrait pas effrayer les Pokémons. »

Dante s’échappa le plus vite qu’elle pût, marmonnant un au revoir avant qu’il n’insiste davantage. Elle ralentît l’allure un peu plus loin, satisfaite de la distance qu’elle avait mise avec le pécheur. Elle se trouvait à côté d’une borne numérotée. Elle ne savait pas trop ce que cela représentait mais c’était le repère idéal pour commencer sa recherche. Elle nota donc l’emplacement grâce à ce numéro puis s’assît au bord de l’eau. Sa ligne lancée, elle se prépara à patienter en observant le reflet du soleil qui scintillait sur les vagues.

Quelques minutes s’étaient écoulées avant que Dante ne sente une tension dans la corde de sa canne à pêche. Elle sursauta presque. Il aurait été dommage qu’elle laisse tomber la magnifique canne dès la première prise. Surtout que le visage de pervers de Raoul flottait encore dans son esprit. Elle se rattrapa donc et tira de toutes ses forces sur le manche. Au bout du fil, un Remoraid. Le poisson ne semblait pas du tout heureux de se retrouver à la surface. Normal, en même temps. Qui ne serait pas fâché, tiré par un hameçon dans la bouche ? Peut-être les punks ? Ou les hommes avec des habitudes bizarres au lit ? Le visage de Raoul revint violemment à l’esprit de Dante, qui le chassa derechef. En attendant, le Remoraid, lui, ne se laissa pas faire. Il lança un regard vide à la photographe avant de lui envoyer un jet de bulles à la figure.

[Aaaah ! ]

Le temps de retrouver ses esprits, le Pokémon avait déjà retrouvé sa liberté et le fond de l’océan. La jeune femme soupira. Ce n’allait pas être de tout repos, finalement. Elle s’essuya tant bien que mal avant d’attraper le carnet et le stylo. Au moins, ses affaires n’étaient pas trempées. Elle aurait eu du mal si le carnet avait pris l’eau. Elle se promît de le garder au sec, pour ne pas faire ressembler ses notes à des tâches d’encre si l’expérience devait se réitérer.

[Remoraid, donc.]

Sa première annotation. Elle consigna également le temps qui s’était écoulé avant que ça morde. Elle s’en servirait pour estimer les endroits les plus concentrés en poissons. Elle se releva et décida d’aller un peu plus loin. En chemin, elle passa dans un presse-shop pour s’acheter un journal et une bouteille de limonade. Si elle devait patienter toute la journée, autant trouver de quoi s’occuper. En principe, lorsqu’elle n’avait rien à faire, elle entraînait ses pokémons. Mais ici, hors de question de faire du bruit près de l’eau. Cela fausserait certainement les données. Le gérant du magasin ricana un peu dans sa barbe lorsqu’il vît la jeune femme entrer, les cheveux ayant pris l’eau alors que le soleil était au beau fixe. Sa mésaventure n’était pas trop compliquée à deviner, apparemment. Dante soupira et paya ses achats avant de sortir.

Un peu plus loin, un banc semblait l’attendre. Il s’agissait d’ailleurs précisément d’un banc fait pour les pêcheurs, étant fort proche des vagues pour les touristes souhaitant admirer l’océan. Dante s’assît et releva son visage vers le soleil, espérant qu’il allait vite finir de la sécher. Ou qu’elle n’allait pas à nouveau être trempée. Si seulement le prochain poisson était du genre amical et pas du tout dérangé qu’elle le tire des flots… Elle pouvait toujours rêver. La photographe bût une gorgée de sa limonade et grimaça lorsque les bulles atteignirent sa gorge, avant de relancer sa ligne.

Dante n'eût pas du tout longtemps à attendre, cette fois. A se demander si elle n'avait pas acheté de journal pour rien. A peine quelques secondes après avoir lancé sa ligne, elle senti une tension dessus. Mais lorsqu'elle tira sur le manche, aucune résistance. Le Pokémon devait tester l'objet. Elle resta donc immobile. La ligne se retendît un peu , mais par à-coups. Dante se trouvait donc avec un Pokémon eau moins bête que les autres. Il semblait avoir compris le stratagème. Cela n'amusa la dresseuse qu'à moitié. S'il restait dans l'eau, elle ne saurait pas de qu'elle espèce il s'agissait, et en plus il pourrait empêcher d'autres Pokémons de mordre, le fourbe.

Elle fût tout de même soulagée de constater que ce petit jeu n'amusa pas le Pokémon trop longtemps. Un Stari sortît des flots, tournoyant et rougeoyant au possible. La photographe, surprise d'un tel enthousiasme (contrastant avec la réaction du Remoraid) ne pût s'empêcher de sourire. En voilà un Pokémon bien affectueux. Il semblait même qu'il mettait un certain point d'honneur à épater la galerie. Dans le dos de la jeune femme, les passants tournaient la tête et poussaient des exclamations de ravissement.

Le Stari s'en alla enfin et Dante cala sa canne à pêche entre ses jambes pour applaudir la performance, même si elle n'était pas sûre d'être entendue. Elle en profita pour noter sa trouvaille dans le carnet puis rassembla ses affaires pour bouger de quelques mètres lorsqu'un homme l'accosta.

" Elle est bien jolie, votre canne. C'est marrant, on dirait celle de mon frère Raoul. Vous vous débrouillez bien avec !
- Ah.. Ca doit être parce que je l'ai empruntée à votre frère. J'effectue un recensement pour le professeur Zaaki. Je suis Dante, enchantée.
- Ah oui ! Le prof' m'avait parlé de ça ! Eh bien on se reverra chez Raoul alors. Je m'appelle Bastien, ravi de vous rencontrer. A plus tard ! "

Dante n'en croyait pas ses yeux. Comment Raoul le pervers pouvait-il être le frère de ce jeune homme tout à fait charmant ? Elle sentît le rouge lui monter aux joues. C'est qu'il lui plaisait tout à fait, ce nouveau personnage... Avec sa tignasse sombre, son bronzage, ses yeux verts, ses muscles tout juste visibles. Tout pour faire soupirer une femme. Puis Dante n'avait pas vraiment rencontré d'homme comme lui au cours de son voyage.

Ses yeux lui restèrent en tête alors qu'elle se déplaçait vers la digue. Elle se trouva un endroit plus ou moins confortable, prépara sa canne et ouvrît son journal. Il était temps d'oublier un peu le Bastien et de se concentrer sur sa mission, bien plus importante. Pour le moment, du moins...

L'océan est plein de mystères et de créatures plus étranges les unes que les autres. Mais ce qui allait apparaître devant Dante en était une des moins compréhensibles. Un Bargantua. Ce poisson, parmi les plus horribles des mers, avait un regard horrible et méchant. De plus, il existait en deux versions, respectivement rouge et bleue, qui ne s'entendaient pas du tout. Les combats de rivalité entre ces Pokémons étaient tout à fait ridicules et agaçants. Bref, Dante ne les aimait pas du tout.

Alors lorsque, toute à ses pensées, l'un deux vint à sa rencontre au bord de la digue, elle essaya de ne pas lui lancer de regard de dégoût, sans succès. De toutes façon, il ne semblait pas amical du tout. Quelle surprise... Il ne mordît même pas à l'hameçon, préférant monter à la surface de lui-même pour affronter la photographe. La jeune femme rangea la canne, prête à simplement changer de place pour l'éviter. Mais le poisson ne l'entendît pas de cette oreille. Il s'illumina, signe d'une attaque Hâte.

[Bon... Je suppose que je n'ai pas le choix...]

Elle sortît une de ses Pokéball et fît sortir Lady Oscar. Celle-ci montra sa joie d'être choisie en première par un petit cri victorieux et un câlin sur l'épaule de sa dresseuse. Enfin, ce qui pouvait ressembler à un câlin, pour sa taille. Il s'agissait surtout de frotter sa tête dans la chevelure de sa dresseuse. Ensuite, elle sauta à terre et fît face au Bargantua, toujours à l'eau. L'insecte lui grogna dessus, comme il l'avait fait sur Dante quelques minutes plus tôt.

Le tout était d'être précise et rapide. Le poisson était à son aise dans l'eau et son attaque Hâte avait encore augmenté sa vitesse. L'avantage de Larveyette se situait dans une de ses attaques, de type Plante. Elle ferait son petit effet sur le Pokémon eau, elle en était sûre. Pour peu qu'elle le touche. La photographe décida de tenter sa chance. Qui ne tente rien n'a rien, après tout. Et c'était l'un des moyens les plus rapides de finir ce combat, pour revenir à des occupations plus... Stimulantes. Penser au beau Bastien, par exemple. La Reev secoua la tête. Ce n'était pas encore le moment de se déconcentrer.

"Très bien. Oscar, commençons par une attaque Tranch'Herbe !"

La Larveyette se contorsionna et, dans un cri, lâcha ses feuilles coupantes en direction de l'eau.

One-shot. De quoi faire plaisir à la dresseuse. Oscar avait été quelque peu touchée de la part du poisson, mais elle semblait encore en pleine forme. Le Bargantua, lui coulait dans les eaux profondes de l’océan. L’attaque Tranch’Herbe waterproof avait été suffisante pour s’en débarrasser, à la plus grande joie de Dante. Elle n’aurait plus à supporter la vue de ce truc puant et agressif. La jeune femme se rassît, gardant Oscar près d’elle cette fois, après lui avoir promît que si elle effrayait les prises, elle rentrerait directement dans sa Pokéball.

La Larveyette avait pris un air sérieux, décidée à montrer à sa dresseuse qu’elle aussi, pouvait être patiente. L’insecte entreprît de se construire un petit nid de sécrétions à côté de Dante et s’y roula, laissant la main de sa dresseuse lui gratter le dos à loisir. La photographe ne résista pas et sortît son appareil pour immortaliser le moment. Sa petite partenaire était magnifique, comme ça au soleil. Dante savait qu’elle devait en profiter un maximum. Bientôt, elle évoluerait en Couverdure et serait déjà plus imposante que la petite larve qu’elle était.

La jeune femme sortît de ses pensées en sursaut : Elle avait oublié d’ajouter le Bargantua à son carnet ! Elle se fouetta mentalement pour se remettre le cerveau à l’endroit et nota vite ses observations. Ensuite, elle relança la canne au même endroit. Après tout, le dernier Pokémon n’avait pas vraiment mordu à l’hameçon. Et elle avait quelques scrupules à changer de place alors que Lady Oscar était si bien installée. Elle ouvrît enfin son journal pour tomber sur une publicité. L’une des îles de Samibato semblait se targuer d’un Mont Thermal.

[Pourquoi pas… Après ce boulot j’aurai bien mérité quelques vacances… Puis c’est Chevalier Ulrich qui va être content !]

Le Chamallot en question n’avait encore jamais été en territoire de chaleur intense. Du moins, pas depuis qu’il l’accompagnait. Dante était sûre que ça lui ferait un bien fou, de se retrouver aussi près de terres volcaniques. De plus, s’il apprenait la présence de thermes, et donc de jeunes (et moins jeunes) femmes en maillot de bain, il ne se ferait certainement pas prier ! Dante rigola silencieusement : Le Pokémon avait vraiment un caractère spécial. Puis, elle se questionna sur sa définition de « vacances ». Depuis qu’elle avait abandonné son boulot de photographe aux concours Pokémons de Carmin sur Mer, elle avait l’impression d’être en vacances en permanence. Ce n’était certainement pas cette journée de pêche qui allait lui donne une impression contraire, même si pour le professeur Zuuki, cela représentait énormément de travail qu’elle n’aurait pas à faire elle-même.

Dante s’accrocha à cette dernière pensée pour se sentir moins coupable. Elle aidait vraiment la scientifique dans son travail, elle n’était donc pas en vacances ! La photographe se ressaisît et se concentra sur le bouchon qui flottait à quelques mètres d’elle. Oscar s’en retrouva pour un moment privée de caresses, mais ne s’en plaignit pas. L’insecte avait bien compris le message et resta calme, en attendant qu’un de ces drôles de Pokémons crachant de l’eau veuille bien se faire prendre au piège de sa dresseuse. Elle ne serait pas contre leur envoyer d’autres Tranch’Herbe, s’ils voulaient se battre. L’insecte avait besoin d’exercice et regardait à présent l’eau avec un œil mauvais.

Les petits poissons dans l'eau
nagent nagent nagent nagent nagent
Les petits poissons dans l'eau
nagent aussi bien que les gros

[Et vu que tu me le demanderas sûrement.. Pour le prochain, je choisis le numéro 2 ^^]

La surface de l'eau bougea de façon moins régulière que les vagues qui venaient se fendre sur la digue. Bien sûr, ce fût imperceptible pour Dante et Oscar, mais ce fût le premier signe de la rencontre qu'ils allaient faire. Le regard de la photographe fût attiré par des Goélises, se battant pour un morceau de coquillage. La jeune femme se sentît heureuse de ne pas devoir faire un relevé d'ornithologie et pria pour que les piafs n'aient pas la merveilleuse idée de se rapprocher d'elle. Cette phobie des oiseaux ne lui passait vraisemblablement pas. Pourtant, après son match d'arène contre Albert, elle aurait cru que ça irait mieux. En y repensant, elle faisait encore régulièrement des cauchemars de Roucool et Roucoups. Elle ne serait pas guérie de si tôt.

Oscar eût l'air de comprendre les sentiments de la jeune femme car elle se colla un peu plus à elle et la regarda jusqu'à ce qu'un sourire repointe sur son visage. L'insecte savait y faire pour remonter le moral de sa dresseuse. Si bien que Dante oublia les oiseaux et continua de gratter le dos de son Pokémon, qui ronronna presque de bonheur. Pour peu qu'une larve puisse ronronner, bien sûr.

Au loin, des bateaux qui rentraient au port firent aller leur sirène. Dante s'aida de sa main pour se faire une visière et les regarda. Des bateaux de pêche, ils avaient sans douté été plus productifs qu'elle. Peut-être que Raoul était sur l'un deux... Cette pensée fît frissonner la jeune femme, qui n'était pas du tout pressée de le revoir.

[Par contre, le Bastien...]

Un sourire sadique se pointa sur son visage alors qu'elle imaginait la tête de Raoul pendant qu'elle partait avec son frère. Peut-être devrait-il prendre des leçons de ce dernier pour apprendre à parler aux dames ? Il faudrait leur suggérer. Ou au moins lui faire comprendre qu'il était d'une lourdeur insupportable. Dante le ferait à la fin de sa journée, s'il fallait se dévouer.

Soudain, la ligne de la canne à pêche se tendît, ramenant Dante à sa priorité du moment : la pêche ! Elle tira de toutes ses forces sur le manche et sortît de l'eau le deuxième pokémon propre à Samibato de la journée : Un Mamambo. Le soleil dans les yeux, la photographe mît un peu de temps à pouvoir le distinguer, cependant. D'après ses connaissances, il s'agissait d'un pokémon agréable, soignant les blessés. Mais ici, le poisson semblait fort contrarié et pas du tout d'humeur à prendre soin de qui que ce soit.

Oscar, fût prompte à réagir. Sursautant sur son nid de sécrétion, elle n'attendît même pas les ordres de sa dresseuses et lança une attaque Vent Argenté sur le poisson. Dans sa précipitation, elle n'avait pas réalisé que le Tranch'Herbe était plus approprié. Ou peut-être ne désirait-elle pas perdre de temps à préparer les feuilles ? Le sens de tout ceci échappa à la photographe, qui lança un regard surpris sur son amie. Il faudrait sans doute un peu d'entraînement afin de réagir au mieux aux situations imprévues, plutôt que de paniquer et faire n'importe quoi ainsi...

Le Mamambo répondît au Vent Argenté par une attaque des plus déconcertantes : Chatouille. L'insecte se tordît de rire sur le sol, aux prises avec des crampes abdominales naissantes. Dante, qui ne se laissa pas décontenancer pour si peu - facile lorsqu'on n'est pas la victime de cette attaque, songea rapidement à une stratégie lui permettant de mettre fin au combat. Elle retourna la situation dans tous les sens pour parvenir à la conclusion suivante : Rien ne serait plus efficace qu'une bonne attaque Tranch'Herbe dans ses dents !

[Mais est-ce que ça a des dents, ces choses-là ?]

Sûrement pas, mais comme on dit, c'est l'expression qui fait le moine. Ou pas ? Soit. Le poisson recula enfin après son attaque, dans l'attente de la réaction de ses opposants. Chose bien étrange étant donné qu'il aurait pu continuer à chatouiller Oscar, qui aurait été incapable de se défendre et se serait étouffée lentement. Mais heureusement pour elle, le poisson ne semblait pas aussi agressif que ce qu'il essayait de paraître. La Larveyette sauta sur ses pattes, exaspérée de s'être laissée avoir si facilement. Si elle avait été un Tauros, on pourrait voir ses naseaux fumer de colère. Elle se prépara à attaquer lorsque Dante l'en empêcha en se plaçant entre elle et sa cible.

"Maintenant, tu arrêtes, Oscar. Tu vas mettre ton sale caractère de côté et m'écouter."

La larve lança un regard plein d'incompréhension à sa dresseuse. Après tout, c'était pour la protéger qu'elle prenait les devant ainsi. Puis elle comprît qu'en fait, la jeune femme juste inquiète. Après tout, elle était mieux placée pour juger la situation et connaissait des moyens de faire mal que l'insecte ne saisissait pas toujours. Comme cette histoire de Tranch'Herbe et de Vent Argenté. Elle sentait qu'elle était plus puissante grâce à la seconde attaque. Mais ces poissons semblaient y réagir différemment. Elle se recula alors, signifiant à sa dresseuse qu'elle écouterait désormais tout ce qu'elle dirait, de manière aveugle.

Dante, quant à elle, eût un peu peur de la réaction d'Oscar : Et si son amie se rebellait à tout jamais ? Cette idée lui donna des frissons, mais elle ne le montra pas. La rebelle avait besoin d'autorité. Sa décision fût même couronnée de succès puisque l'insecte se recula, enfin prête à écouter sa maîtresse. La photographe fît un pas de côté, et se retourna vers le Mamambo, au côté d'Oscar.

" Voyons maintenant l'efficacité de ton attaque Tranch'Herbe ! "

A peine Dante avait-elle ordonné à Oscar de lancer son Tranch'Herbe que le Mamambo avait surgît hors de l'eau. Il avait foncé sur l'insecte et lui avait infligé son attaque Torgnoles, se traduisant par deux baffes bien placées. La larve ne se laissa pas faire plus longtemps, envoyant enfin ses feuilles aiguisées dans sa face. Le poisson retourna dans les flots agités et partît sans demander son reste, tandis qu'Oscar se retournait vers sa maîtresse, bombant le torse de fierté.

La jeune femme la gratifia d'un sourire puis lui caressa la tête. Son pokémon avait bien travaillé et bien appris, sur ce seul combat. Elle devenait de plus en plus forte bataille après bataille. Plus rien à voir avec la frêle Larveyette que Dante avait reçu de son cousin. Dante la prît dans ses bras et la larve rampa rapidement jusqu'à son épaule. Un jour, elle aurait un torticolis à la promener comme ça, mais cela lui importait peu. Elle aimait le contact de l'insecte au creux de son cou, aussi bizarre que cela puisse paraître.

La jeune femme attrapa son carnet et y nota les dernières observations. Ensuite, elle rassembla ses affaires. Il était temps de changer d'emplacement. Elle décida de se rapprocher de la cabane de Raoul le pêcheur-pervers. La journée allait se terminer et il faudrait qu'elle rende la canne. Quoiqu'elle se demandait ce que le professeur allait bien pouvoir déduire de son taux de rencontre plutôt bas. Elle décida donc de lancer une dernière fois sa ligne avant de rentrer. Dante balança son sac sur son épaule inoccupée et attrapa sa canne tant bien que mal. De son côté, l'insecte était on ne peut plus heureuse : Pas besoin de quitter le cou réconfortant de sa maîtresse.

En chemin, Dante craqua devant une vitrine pleine de friandise. Elle entra et s'offrît des bonbons à sucer. Quitte à passer le temps à regarder l'eau, autant s'occuper agréablement n'est-ce pas. Elle s'apprêta à sortir lorsque sa tête rencontra un torse musclé par si inconnu que ça.

" Bastien ? Mais qu'est-ce que tu fais là ? Tu n'es pas chez Raoul ?
- Oh salut Dante. J'en viens et j'y retourne, j'ai juste quelques courses à faire.
- Oh je t'y reverrai sans doute alors, j'ai presque terminé ma journée.
- Oui, bien sûr. A plus tard !
- A-Attends ! Euh... J'en ai juste pour une heure ou deux, ça te dirait de te poser dans un café après ? Il sera trop tard pour prendre un ferry et je n'ai pas envie de passer toute la soirée toute seule... "

Le jeune homme paru surpris, puis sourît finalement à Dante et accepta sa demande. Il entra finalement dans la boutique en lui promettant de l'attendre chez son frère. Dante resta pétrifiée quelques secondes, soufflée par son audace et la réussite de la tentative. Puis elle fît volte face et chercha un endroit où se poser, un bonbon dans la bouche. Plus vite elle en aurait fini, plus vite elle se retrouverait à boire un verre avec Bastien, au nez et à la barbe de Raoul. Son sourire s'agrandît alors qu'Oscar, elle, se demandait ce qu'il pouvait bien se passer dans la tête de sa maîtresse.

Dante se hâta donc de trouver un coin potable. Espérant que ça morde bien et qu'elle n'ait pas à attendre trop longtemps. Ou surtout faire attendre le Bastien trop longtemps.

Dante n'eut pas à attendre si longtemps que ça, elle entamait à peine son deuxième bonbon fruité lorsqu'un Corayon fît son apparition. Flottant à la surface de l'eau, il semblait regarder Oscar. La Larveyette, d'abord méfiante, avait ensuite jugé que ses intentions étaient bonnes et l'avait laissée sans l'attaquer. Le pokémon eau était alors monté à l'air libre, à côté des deux pêcheurs. Dante regarda ce manège avec amusement. Il était rare de rencontrer un pokémon aussi sociable, elle laissa donc Oscar faire connaissance quelques instants, tant pis pour son rendez-vous, il comprendrait certainement.

Les deux pokémons semblèrent bien s'entendre, le Corayon taquina la larve avec des bulles d'eau, qui répliqua avec quelques feuilles sans infliger de blessures, cependant. Leurs jeux durèrent encore quelques minutes, avant que le Corayon s'en aille, un sourire sur le visage, vers le soleil qui déclinait. Dante le regarda partir et lui fît signe de la main, avant de se retourner vers la Larveyette. Mais ce qu'elle vît la déstabilisa énormément.

Une lumière aveuglante et une énergie monstrueuse se libéraient de la Larveyette. Elle était en train d'évoluer. Dante eût le réflexe incroyable d'attraper son appareil afin d'immortaliser ce moment, si important dans sa vie de dresseuse : sa première évolution. La première évolution à laquelle elle assistait de sa vie, par ailleurs. Elle en avait entendu parler, avait lu des exemples dans les livres, mais rien ne la préparait au spectacle qui se déroulait devant ses yeux. Dans cette lumière éblouissante, elle sembla deviner qu'Oscar changeait de forme. Son petit corps allongé se tassait, devenait plus rond, devenait plus... Couverdure. La lumière cessa enfin et laissa apparaître Oscar, sonnée par sa nouvelle apparence, qui prît quelques minutes à prendre ses marques, s'habituer à son nouveau poids et sa nouvelle façon de sa mouvoir. Elle finît par avoir envie de rejoindre sa maîtresse, qui la gratifia d'une caresse, en la félicitant, son sourire ne quittant pas ses lèvres tant sa joie demandait à s'exprimer. Ensuite, 'insecte voulu se placer sur l'épaule de sa dresseuse, comme à l'accoutumée..

"Aouch.. Ah non, Oscar ça va pas le faire. Tu es beaucoup plus lourde, tu sais ?"

L'insecte fît la moue et afficha une mine triste. Dante, prise de pitié et n'ayant pas envie de faire rentrer sa nouvelle Couverdure dans sa pokéball aussi vite, opta pour une solution de rechange. Elle sortît sa nappe à carreaux de son sac et en noua les extrémités sur l'une de ses épaules. Elle s'improvisa ainsi un mini-sac-hamac en bandoulière, de quoi porter Oscar quelques minutes, même si ce n'était pas une solution durable. L'insecte en sembla ravie et s'installa confortablement. Dante finît ses derniers préparatifs et nota sa rencontre avec le Corayon avant de se diriger d'un pas guilleret vers la cabane de Raoul.

Celle-ci avait l'air un peu pitoyable, en arrivant. Ou était-ce parce que Dante redoutait de recroiser le regard de son propriétaire ? Peut-être. Cela n'empêcha pas la jeune femme d'entrer, et de donner un sourire amical à Bastien, qui le lui rendît, sous le regard éberlué de son frère. La jeune femme donna sa canne à Raoul, lui marmonnant des remerciements, et en lui assurant qu'elle était toujours en bon état. Ce à quoi le pêcheur lui répondît qu'il en était sûr. Dante se tourna alors vers Bastien.

" Nous y allons ? Je dois rendre mes observations au Professeur dans un café, autant en profiter et aller là.
- D'accord, je te suis. Tu viens avec nous, Raoul ? "
[What ?]

La jeune femme écarquilla les yeux de surprise. Elle n'avait pas du tout prévu ça. Heureusement pour elle, le Raoul, sans doute blessé dans son honneur, marmonna une excuse bidon. Soulagée, la photographe ne laissa pas le pêcheur revenir sur son avis et sortît, entraînant Bastien dans son sillage. Ils se rendirent au café, le jeune homme la questionnant sur la journée qui s'était écoulée, Dante se vantant énormément de l'évolution de Lady Oscar. La discussion était ponctuée de rire et très animée. Enfin, ils arrivèrent au café, où le Prof' était encore dans ses papiers. Dante demanda à son compagnon de leur trouver une table et de leur commander à boire, le temps de rendre son carnet. Ce qu'elle fît directement, l'esprit encore occupé par la soirée passionnante qu'elle allait passer...