Event : Corvus, un village noyé dans les ténèbres !

Le voyage en provenance d'Oliville et à destination de l'île Syrcas, dans l'archipel de Samibato s'était déroulé sans encombres, et la beauté du paysage avait subjugué la jeune mannequin. Miranda avait passé tout son temps accoudée à la rambarde du pont du bateau, laissant ses longs cheveux roses flotter dans le vent et admirant les beautés alentours qui s'offraient à sa vue. La contemplation de tant de merveilles, de tant de pureté et de naturel avait réchauffé le cœur de la mannequin, qui n'avait pas éprouvé un tel sentiment de bien être depuis si longtemps. Ce que l'archipel de Samibato lui inspirait, c'était le calme, la sérénité et surtout la confiance en soi. Miranda était très égocentrique et imbue de sa personne, mais ce n'était que des airs qu'elle se donnait depuis tellement longtemps qu'elle se mentait presque à elle-même. Malgré tout, aussi incroyable que cela puisse paraître, surtout en sachant ce qu'elle faisait subir à sa secrétaire, c'était une jeune femme agréable, douce et attentionnée. Malheureusement, elle n'avait jamais eu l'occasion de le montrer à qui que ce soit. Elle avait très peu connu sa famille et était partie de la maison de sa mère très tôt. Elle n'avait d'ailleurs pas eu tant d'hommes dans sa vie que ça. Oui, des aventures d'un soir, la mannequin connaissait ça, c'était un peu la dessus qu'elle s'était forgé sa réputation de croqueuse d'hommes. Mais des hommes à qui elle ait vraiment tenus, à qui elle ait accordés sa confiance, il se comptaient sur les doigts de la main, et encore, en y repensant, elle n'en voyait qu'un. Dans le fond, personne ne la connaissait donc vraiment, telle qu'elle était. Mais lorsque l'on est aussi célèbre qu'elle l'était, mieux valait cela.

Elle descendit du luxueux bateau sur lequel elle avait effectué la croisière et foula pour la première fois le sol de l'île de Syrcas. Elle avait été tentée de penser -de l'archipel de Samibato-, mais non, ce n'était pas le cas. Elle avança jusqu'à un petit banc sous un grand chêne, s'assit ici et contempla le paysage tout autour d'elle. C'était une très belle île qu'elle voyait là. De grandes étendues de verdures, mais le brouillard qui y régnait faisait froid dans le dos. On voyait à peine devant soi, et elle avait entendu dire que lorsque le brouillard se dissipait, il se mettait à pleuvoir abondamment. Une chance encore qu'il ne pleuve pas maintenant. De même, elle avait entendu qu'une espèce de 'gang' de Corboss sévissait sur l'île. C'était tout de même le comble. Comment des pokémons pouvaient régner sur cette île en maître, enfin c'est ce qui semblait, sans que quelqu'un ne soit venu les remettre à leur place ? A cette pensée, Miranda eut bien envie de le faire, mais elle se ravisa finalement, reportant son attention sur son œuf de pokémon qui commençait à émettre de plus en plus de lumière. Si personne n'était venu à bout des Corboss, il devait bien y avoir une raison et elle se garderait bien de chercher laquelle.

Miranda prit l'œuf sur ses genoux, l'enroulant dans une chaude écharpe rose qu'elle avait achetée spécialement pour protéger son œuf de pokémon du froid. L'oeuf qu'elle tenait entre ses mains lui avait été remis au centre pokémon d'Azuria, il y avait de cela quelques semaines, voire même quelques mois. Ako avait souvent proposé de s'en occuper quand Miranda s'absentait, comme par exemple pour la capture de Queen, ou bien pour quelques voyages d'affaire, mais la jeune mannequin avait toujours refusé et avait emmené son œuf partout avec elle, faisant toujours de plus en plus attention à lui. Souvent, elle se prenait même au jeu de lui parler alors qu'elle savait pertinemment qu'il ne pouvait pas l'entendre. Elle se demandait bien quel étrange pokémon allait en sortir, mais essayait de ne pas essayer de deviner. Elle aurait, d'ici peu, la surprise de voir quel étrange petit phénomène se joindrait à son équipe. Elle continua de caresser tendrement la coquille de son œuf de pokémon qui émettait une lueur grandissante, mais pas encore assez puissante pour annoncer son éclosion. Elle fixait l'horizon, au loin, se demandant de quoi demain serait fait, encore une de ces questions existentielles. Elle ne vit donc pas arriver, par un petit sentier qui remontait jusqu'au village, une vielle dame, qui s'assit près d'elle, sur le petit banc de pierre, fixant elle aussi l'horizon. La vieille dame était si silencieuse, même en marchant avec sa canne, et Miranda tellement absorbée par ses pensées, qu'elle ne l'entendit pas s'assoir à côté d'elle, avant que la vieille dame ne s'adresse à elle, là tirant à ses rêveries passagères.

« Alors ma petite, on fait du tourisme ? »

Miranda crut entendre une lointaine voix, pendant qu'elle était encore occupée à divaguer. C'est alors qu'elle se rendit compte que quelqu'un lui parlait. Ramenée à la réalité, elle tourna la tête pour découvrir le visage d'une vieille dame qui s'était assise à côté d'elle, sans le moindre bruit. Elle ne l'avait même pas vue arriver, ce qui était étrange. C'était une vénérable dame d'environs soixante-dix quatre-vingt ans tout au plus, qui souriait encore de toutes ses dents à moins que ce ne soit un dentier. Elle avait de longs cheveux blanc aux reflets argentés qu'elle était en train de relever en un chignon. Ceci fait, Miranda put contempler le visage entier de son interlocutrice. Elle avait les yeux d'un vert pâle incroyable dans lequel on avait envie de se laisser aller, de plonger corps et âme, sans peur de se noyer. Son regard était hypnotique, fascinant, et une lueur, de malice peut-être y brillait. Miranda n'avait jamais vu quelqu'un avec d'aussi beaux yeux, si magnifiques à regarder. Elle se laissa aller à contempler ces deux iris couleur jade, parsemés d'éclats noisettes, avec, en leur centre, une pupille d'un noir encre cerclée d'un gris métallisé, qui la fixaient sans un mot. Les iris aussi étaient cerclés d'un vert plus foncé, ce qui rendait le regard de la vieille dame plus fascinant encore.

Miranda laissa glisser son regard sur le reste du visage de la vieille dame. Sa peau était claire, mais très marquée par l'âge et sans doute par une exposition trop longue au soleil, qui pourtant ne se montrait guère sur cette île-ci. Une nez droit et mignon, des lèvres étirées et pulpeuses, aucun doute, même sans maquillage et malgré son âge avancé, cette dame restait une femme magnifique, qui, quand elle était plus jeune, devait faire tourner les têtes, encore plus que Miranda. La vénérable dame était tirée à quatre épingles comme on dit. Elle portait un tailleur sévère, dont le côté strict était laissé de côté grâce aux vieux châle blanc qu'elle avait placé sur ses épaules, retenu par une magnifique broche en or, incrustée de pierres précieuses. Même ce vieux châle gardait une certaine classe, qui allait de pair avec la personne qui se tenait devant Miranda. Miranda songea que cette femme, jeune, devait être une véritable beauté exotique. Elle lui retourna donc son sourire, sincère, et lui répondit d'une voix douce, qui n'était pas du tout son habitude.

« Oui c'est cela-même. »

A la réponse de Miranda, la vieille dame sourit davantage, le coin de ses yeux se plissant un peu plus. Elle laissa échapper un petit rire amusé, et posa son regard sur l'œuf de Miranda. Alors, elle se tourna vers son petit sac en bandoulière que Miranda n'avait pas remarqué, y fourra ses deux mains, avant d'en sortir un œuf de pokémon, différent de celui de Miranda, légèrement plus petit, et l'entoura elle aussi d'une chaude écharpe qu'elle avait apparemment tricotée soit-même.

« Cela fait plaisir de voir des jeunes gens prendre soin des œufs de pokémon. J'étais éleveuse quand j'étais jeune, sur cette même île. Je m'appelle Luce, enchantée de faire ta connaissance, ma petite. »

Sur ce, elle lâcha son œuf de pokémon, le retenant tout de même d'une main, en tendant l'autre à Miranda. La mannequin la lui serra tendrement, souriant de nouveau. Si cette femme avait été éleveuse, elle pourrait lui donner des conseils pour son œuf qui n'allait pas tarder à éclore. Plus les minutes passaient, et plus il émettait une puissante lumière.

« Je m'appelle Miranda, enchantée. J'ai obtenu cet œuf au centre pokémon d'Azuria, et je l'ai toujours gardé avec moi. Cela fait quelques jours qu'il brille de plus en plus, et je crois qu'il ne va pas tarder à éclore. »

La vieille dame, Luce de son nom, se pencha alors vers l'œuf de pokémon de Miranda, passant ses mains à la suface de la coquille de celui-ci, tout en fermant les yeux, elle semblait ressentir ce qui se passait à l'intérieur de celui-ci. Elle resta les yeux clos quelques secondes, avant de se pencher et de coller son oreille à la surface de l'œuf, tout sourire. Visiblement, Miranda ne s'était pas trompée, son œuf allait bientôt éclore. Luce se redressa alors, caressant de nouveau son œuf de pokémon et se tourna vers Miranda, la fixant d'un regard perçant.

« Tu m'as l'air d'être une bonne dresseuse de pokémon. J'ai l'impression que même avant d'être sorti de son œuf, ce pokémon t'aime déjà. Que dirais-tu que je te fasse visiter le village ? »

Comme pour appuyer sa proposition, elle rangea son œuf de pokémon dans le sac qu'elle tenait en bandoulière, prit appui sur sa canne et se releva, assez péniblement songea Miranda, et se tourna vers la mannequin qui s'empressa de faire de même, décidant tout de même de garder son œuf de pokémon dans ses bras. Elle aimait sentir sa chaleur près d'elle et ne voulait plus le quitter, jusqu'à son éclosion. Bien qu'elle soit âgée et de ce fait, pliée sur elle-même, Luce était plutôt grande et devait avoir atteint sans aucun doute la taille de Miranda lorsqu'elle était plus jeune. Sans attendre son reste, elle s'élança sur le petit sentier qui menait au village, regardant du coin de l'œil si la mannequin la suivait.

Luce avançait d'un pas rapide, comme si sa canne n'était pas du tout un handicap. Le petit sentier de cailloux qui menait au village était assez difficile à gravir, mais rien ne semblait déstabiliser Luce qui voulait à tout prix faire découvrir le village à Miranda, pour qui elle s'était visiblement prise d'affection. Sans que la mannequin le sache, Luce avait l'impression de voir en elle tout ce qu'elle avait été étant jeune. Elle voyait la beauté, la fougue, l'audace, mais aussi la douceur, la gentillesse, tout ce qu'elle avait continué de laisser brûler au fond d'elle-même dans son cœur. Miranda suivait Luce, sans rien dire. Elle avait pour une fois cessé de regarder le paysage, se laissant aller à ses rêveries, pour regarder le sol et éviter de trébucher. Il ne manquait plus qu'elle se casse quelque chose... Finalement, après quelques minutes de marche, les deux femmes arrivèrent à l'entrée d'un petit village, celui de l'île de Syrcas. Miranda s'apprêtait à demander le nom du village, mais Luce la prit de court en le lui révélant.

« Voici le village de Corvus. »

D'un geste de la main, elle désigna les petites maisons qui s'entassaient, sur une grande plaine verte. Les maisons se ressemblaient beaucoup entre elles. Recouvertes d'un crépis clair, couleur crème en général, des volets lazurés, le toit recouvert de tuiles bleues. Sur chaque rebord de fenêtres, il y avait des pots de fleurs sublimes, et sur chaque porte, il y avait de nombreux grigris, plus fantaisistes les uns que les autres. Luce et Miranda pénétrèrent peu à peu dans le village, ne perdant pas une miette de ce qu'elles pouvaient voir. Au centre du village, visiblement la place de celui-ci, des enfants jouaient avec des pokémons, couraient dans tous les sens, laissant échapper de longs rires cristallins. Elles passèrent finalement la place du village, Luce souriant aux enfants qui le lui rendaient bien. Elles traversèrent entièrement le village finalement, la vieille dame s'arrêtant parfois pour raconter quelques anecdotes sur le village, pour parler du gang de Corboss qui sévissait, etc. Finalement, elles s'arrêtèrent devant une maison légèrement plus grande que les autres, sur la porte de laquelle deux fois plus de grigris étaient accrochés. Sur le pas de la porte attendait un magnifique petit pokémon que Miranda n'avait pas beaucoup eu l'occasion de voir. C'était une sorte de petit chat tout mignon que la mannequin avait envie de prendre dans ses bras.

« C'est ici que la visite de ce village s'achève, Miranda. C'est ma maison, je suis un peu la doyenne du village, la sage du coin. Si tu as d'autres questions, c'est le moment de les poser, j'ai un peu sommeil et il est bientôt l'heure de ma sieste. »

Miranda se gratta la tête un instant. Il y avait bien une question qui la démangeait mais elle n'osait pas la poser. Finalement, après quelques instants de réflexion, elle se tourna vers Luce, posa sur elle un regard interrogateur avant d'enchaîner avec la question qui la turlupinait tant.

« J'ai entendu parler de la fête annuel de Maître Z, le 'plus grand illusionniste de l'île'. Mais, que signifie, Maître Z ? »

La question de Miranda sembla interpeler Luce qui releva la tête vers elle, lui souriant.

« C'est pourtant évident... Il s'agit du Z de Zoroark. »

Lorsqu'elle prononça le mot 'Zoroark', Miranda crut voir une étincelle de malice parcourir les yeux de Luce. Cette dernière regagna finalement sa maison, s'arrêtant sur le pas de la porte pour gratifier Miranda d'un dernier sourire.

« Profite bien de ton séjour ici Miranda. Et garde un oeil sur ton oeuf. Enfin, transmets mes amitiés à Maître Z si jamais tu le rencontres... »

Sur ces mots, elle ouvrit la porte de sa maison et y entra. Dans l'embrasure de la porte, l'intérieur de la maison était complètement noir, et Miranda ne vit briller que les prunelles de jade de Luce. Cette vieille femme avait été une magnifique rencontre pleine de mystère.

Sur le visage d'Hélia, un sourire s'afficha. Un rire acide et perçant apparut dans les ténèbres, ce rire apparut devant elle et l'avala toute entière. La championne se réveilla. Elle regarda son Ectoplasma dans l'intention de le gronder pour le cauchemar qu'elle venait de faire mais cette fois il n'était en rien. Le Pokémon regardait sa maîtresse avec un air désolé et elle comprit de suite qu'il n'avait rien fait. Le spectre de Boubou disparut alors et elle se réveilla de son second rêve. Elle avait dès lors compris que tous ses réveils n'étaient pas moins que des illusions d'un seul et même cauchemar. Elle voyait extérieurement toute une nouvelle scène et avait vraiment l'impression de contempler l'abstrait de son esprit. Les souvenirs ne restèrent pas abstraits plus longtemps. Soudainement et à la grande surprise de la dresseuse, elle vit son corps apparaitre dans son esprit sans rien pouvoir faire, comme si corps et esprit étaient totalement différents. La pièce sombre devint alors blanche, de nombreuses personnes apparurent, elles marchaient. Cette foule sans but avançait partout, puis disparue, volatilisé. Il n'y avait plus que la vue dans l'esprit et le corps en face de cette vision. Soudainement, la vision alla vers le corps et l'on vit ce que le corps voyait. Il voyait lui-même son reflet, mais un reflet invisible, un reflet fantôme. Ainsi, dans cette pièce étroite blanche, se tenaient face à face le corps d'Hélia et son âme. L'âme, le fantôme, s'approcha de son corps sans que celui-ci, tête baissée, ne manifeste un quelconque signe de vie. Le fantôme allongea son bras, mais à la limite où il allait toucher son corps, des barreaux jaillirent du sol et l'empêchèrent d'aller plus loin. Elle saisit qu'à ce moment précis qu'il ne parvenait pas à revenir dans son vrai corps. Il était prisonnier de cette dimension dans son esprit. Prisonnier si proche de son corps : si proche de sa liberté. Là il ne fut pas question d'une intervention de qui que ce soit. Non, Hélia était seule dans cette pièce sans porte, sans fenêtres. Une infinité de blanc et quelques barreaux.

Un. Finalement il n'y avait qu'un barreau qui l'empêchaient d'atteindre son corps. Un étrange barreau. Un barreau qui se déformait, la suivait, bloquant son passage. Cet unique barreau se transforma en homme, puis en femme, puis en Pokémon. La réflexion fit tilt dans son esprit. Et si l'illusion dont elle était prisonnière était celle du maître Z. Et si le maître Z, voulait déjà stopper son aventure, sans la possibilité de retrouver son vrai corps. Mais qui était déjà ce maître ? La championne se souvenait être arrivée au village puis s'être posée au pied d'un chêne avant d'entrer à Corvus. Elle s'était endormie. Elle toucha alors la chose en face d'elle puis l'imagina en homme et elle devint homme. L'imagina en une autre forme et la créature adoptait la forme de l'imagination d'Hélia. Un tumulte d'incompréhension s'agita dans l'âme droite de cette dernière, comme un raz-de-marée psychologique et perturbant. Elle cria de toute ses forces mais rien n'y faisait. Elle était trop faible. Trop faible. Cette parole se répercuta et s'amplifia. Trop faible. Cette pensée se remplaça par une phrase qui disait clairement. "Tu sais Hélia, la faiblesse n'est que dans ton esprit et ton esprit n'est fait que de chimères. Néanmoins, cette chimère totalement séparée de ton corps seule te permettra d'atteindre la force que tu désire tant". C'était la voix de sa mère, sa mère morte si tôt. Elle se calma, et sans un bruit, imagina la forme en face d'elle comme une immense porte qu'elle franchit d'un pas en avant. La samouraï arriva alors dans un monde totalement chaotique. Elle revit le spectre d'Ectoplasma, puis la foule, puis l'homme, la femme, le Pokémon, l'un, le tout, et elle ouvrit un cil...