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 [Double Capture] Jusqu’à ce que la brume nous sépare [Mimi]

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Octave FerysHors-la-loi

Octave Ferys



[Double Capture] Jusqu’à ce que la brume nous sépare [Mimi] Empty
MessageSujet: [Double Capture] Jusqu’à ce que la brume nous sépare [Mimi]   [Double Capture] Jusqu’à ce que la brume nous sépare [Mimi] EmptySam 22 Jan 2022 - 19:32
Et si quelqu’un s’oppose à cette union, qu’il parle maintenant ou se taise à jamais.

Octave se lève ; c’est plus fort que lui. Ses jambes se déplient sans bruit, mais poussée de quelques centimètres, sa chaise hurle. Elle alerte toute l’assemblée qui se retourne d’un bloc. La réprobation déferle sur les épaules crispées et les bouches pincées. Tous lui intiment de renoncer et de se rassoir, mais encore une fois, c’est plus fort que lui. Il avance.
Non sans mal, il réussit à s’extirper l’interminable rangée de costumes et de robes pastels. Une dernière excuse franchit ses lèvres, puis le voilà qui débouche dans l’allée centrale. Sa longue silhouette noire fait tâche dans ce décor immaculé. Il lève la tête et vacille. L’autel est si loin. Sa détermination ploie, imitant le silence qui s’affaisse sous les murmures. Fermer les yeux pour rassembler ses forces. Lorsqu’il les rouvre, il sépare odieusement les futurs mariés. Son cœur marque un temps d’arrêt, sa gorge s’assèche.

So ? On ne va pas y passer la night

Assise nonchalamment sur la table où se trouve le contrat à signer, Patricia vérifie son brushing dans le reflet de son poudrier. Elle ajuste une mèche ou deux qui retombent en boucles superbes sur l’or de sa combinaison. Soleil brûlant, elle cherche évidemment à éclipser la mariée.
C’est raté.
Une montagne de tulles se resserre sur une taille sculptée. Ce nuage immaculé donne allure vaporeuse à l’heureuse élue, presque fragile. Pourtant, la douceur des froufrous est contrasté par un haut saillant et dentelé avec goût. Il met en valeur chacune des courbes qu’il caresse, disparaissant aux épaules sous un superbe voile qui masque des traits probablement émus.

Octave, retournez vous asseoir.

Ferme, le murmure morcelle son cœur retranché sous la noirceur de son veston. Le jeune homme pivote vers le marié et trébuche sur le lac azuré des prunelles de Suzie. Elles s’obscurcissent sous ses sourcils froncés. Quelques mèches de son chignon chatouillent le col de son costume trois pièces lorsqu’elle lui indique une chaise esseulée du bout du menton.
Le geste est anodin, mais emprunt d’une autorité parentale qui retourne l’estomac d’Octave. Son sang s’embrase et Patricia mange du pop corn. Elle lance une story lorsque le calme du garçon explose.

Mais vous n’allez pas épouser Taiki !
Bien sûr que si ! Sinon je ne porterais pas un costume et lui une robe de mariée !
Mais vous ne pourrez jamais le rendre heureux !
Parce que vous si peut-être ? Rétorque la jeune femme, mains sur les hanches.

Coup en traitre. La réponse se noue au bout de la langue d’Octave qui balbutie quelques bulles. Suzie pose gentiment sa main sur son épaule :

Allons, laissez la flamme du mariage nous consumer.

Hausse de la température. Le feu grignote les pieds de l’autel, puis attaque le tulle de la robe et le coton du pantalon. Il dévore le couple dont les doigts s’entremêlent sans le remarquer. Impossible pour Octave d’approcher, la chaleur est trop forte. Alors survient Patricia, munie d’un extincteur :

Vive les mariés !

L’incendie s’éteint sous une brume opaque. On y voit plus à deux mètres. Octave s’avance avec prudence, dépasse un arbre, enjambe les racines d’un second. La progression est difficile. Il se sent englué, poisseux, mais il s’acharne, certain d’arriver là où il doit aller.
Un rire sur sa gauche le fige. Diva ? Son instinct le retient de l’appeler.
Alors qu’il avance doucement dans sa direction, une silhouette blanche se découpe dans le brouillard. Pas un frisson. Octave reconnait immédiatement ces bras musclés avantagés par la dentelle. Il n’est pas étonné de voir Taiki ici, c’est sa lune de miel après tout.

Vous n’auriez pas vu Diva ? Murmure-t-il en pataugeant aux côtés de la jeune mariée.

Silence du champion. Octave se vexe et presse le pas pour se placer devant lui.

Vous pourriez répondre. C’est important !

En quoi ? Il n’en a pas la moindre idée, mais c’est essentiel, il le sait. Pourtant Taiki se détourne sans un mot. Aussitôt rattrapé, les doigts d’Octave se referment sur le voile immaculé. Il tire.

Hé ! Vous m’écout–

Deux longues oreilles violettes se dressent, appuyées d'un regard inquiet.


* * *


M-Maestro ?!

Réveille difficile.
Octave se redresse péniblement sur le banc où il s’est assoupi. « Cinq minutes » s’est-il dit, mais cela fait près d’une heure qu’il a sombré. Le soleil a tourné, chassant l’ombre du saule et réchauffant son sommier de fortune. Son bras droit a rougi, grignoté par ses rayons sans pitié, mais c’est à peine s’il note que sa peau le cuit.
Posé sur le dossier de bois, Maestro s’agite, chaotique. Ses grandes ailes battent aléatoirement l’espace, décoiffant son ami dont les paupières sont encore alourdies de sommeil. Octave bâille, puis lève les mains pour l’apaiser. Il ne comprend rien, mais il voit bien que son ronchon préféré est mort d’angoisse et de culpabilité.

D-doucement ! Tu me montres le chemin du marais ? Qu’est-ce qu’il a le marais ?

Son nostenfer trépigne. Octave sait qu’il cherche à communiquer, mais son affolement est contagieux et à peine tiré de ses rêves alambiqués, son palpitant s’emballe et trouble à son tour ses pensées. Heureusement, la confusion ne dure pas. Une mimique de son pokémon suffit à brutalement l’éclairer. Maestro vient de lui tirer la langue.

Diva !

Maestro décolle. Aussitôt Octave saute de son banc, enfile son sac à dos et récupère le vélo qu’il a loué pour la journée. Il monte en selle et sans hésiter, file à tout allure sur le chemin côtier. Le marécage de Forbuissons n’est qu’à cinq minutes à pied, il l’atteint en une. Des badauds protestent lorsqu’il s’engage à VTT sur l’une des passerelles de bois aménagées pour visiter l’endroit. Un très juste « Danger public ! » se perd dans le vent.
Le nez en l’air, Octave suit Maestro depuis la terre ferme. Son corps violet se découpe parfaitement dans le ciel bleu et même les feuillages ne parviennent pas tout à fait à l’occulter. Droite, droite, gauche. Habile sur un deux roues, le jeune homme franchit chaque petits obstacles sans se poser de question. Il n’a aucune idée du chemin emprunté, ni des kilomètres avalés. C’est à peine s’il note que les passerelles qu’il traverse sont de plus en plus usées. La mousse en ronge les lattes et rendent glissantes des plateformes qui, de temps à autre, s’enfoncent de quelques centimètres sous l’eau.

Arrêt net.

La passerelle est cassée, coupée en deux par la chute d’une grosse branche d’arbre. L’incident date, les feuilles sont mortes ou tombées et la vase entame la moitié du bois. Octave pose pied à terre. Il siffle un coup sec et en profite pour reprendre son souffle. Cinq secondes s’écoulent, puis un bruissement dans les feuilles lui fait tourner la tête.
Maestro se pose sur le parapet, ses ailes jointes avec nervosité. Son regard ne cesse de glisser de l’autre côté de la cassure.

Diva est de ce côté ? Demande Octave en s’épongeant le front.

Son ami acquiesce. Le jeune homme grince des dents et s’accorde une seconde de réflexion. Rebrousser chemin ? La dernière bifurcation se trouve bien cinq minutes en arrière et rien ne leur assure qu’ils pourront rejoindre cette partie du sentier en l’empruntant. Abandonner son vélo ? S’il traverse à pied, il est bon pour s’embourber. Bon sang.
Octave passe une main sur sa nuque. Il scrute la brèche qui le sépare de l’autre côté et juge qu’avec un peu d’élan, ça devrait passer.

Croise les doigts pour moi Maes’.

Le regard interloqué du nostenfer ne dissuade pas Octave. Demi-tour sur une vingtaine de mètres. Face à face avec le vide. La dernière fois qu’il s’est amusé à ce genre de prouesse, il avait dix ans. Il s’est ratatiné à l’arrivée et a perdu d’un coup trois dents de lait. Et alors ? Aujourd’hui on fait des prouesse en orthodontie.
Débout, Octave appuie de toutes ses forces sur la pédale. Le deux roues s’anime et s’emballe. La chaine tourne à toute allure autour du plateau. C’est une bourrasque qui dépasse Maestro. Le vélo vibre au rythme des lattes avalées et hoquette brusquement lorsqu’il franchit la dernière. Octave se déplie d’un coup, l’élan est donné. Le VTT s’envole.
La roue avant franchit sans peine l’obstacle. Elle retombe de l’autre côté dans un bruit sourd. L’arrière ne suit pas, mais dans un sursaut de lucidité, Octave pose pied à terre et le hisse à la force de ses bras, bien avant que le pneu ne touche l’eau. Succès ! Noyé d’adrénaline, un cri de joie lui échappe. Son cœur affolé vient tambouriner jusque dans son crâne, au moment ou Maestro passe devant lui. En route ! Octave se cale dans son sillage et trop heureux d’être toujours entier, il ne remarque pas tout le suite que l’atmosphère a changé depuis qu’il a franchit le trou.

Le soleil se fait beaucoup plus timoré. Ses rayons ne transpercent plus les feuillages, étouffés par une brume de plus en plus dense. Elle semble provenir des profondeurs du marécage et s’épaissit à mesure qu’ils avancent. Octave tressaille. Déjà-vu.

Attends Maes’ ! Appelle-t-il avant que la silhouette du nostenfer ne s’estompe. Le brouillard est trop épais, on va se perdre si ça continue comme ça. Pose-toi sur le porte-bagage, ça vaut mi—

Tous deux s’immobilisent chatouillés par un éclat de rire familier en tintement de clochettes. Ça vient de leur droite. Octave a beau plisser les yeux, il ne distingue rien. Ni Diva, ni chemin. Il l’appelle. Silence. Alors il hésite. Son regard se porte sur Maestro, dont l’attention n’a pas décollé du brouillard. Son inquiétude déborde sur Octave. La décision est prise.
Du bout du doigt, il fait tinter la sonnette de son vélo. Maestro sursaute et se retourne.

Tu pourras facilement me retrouver en suivant ce son, pas vrai ? Demande Octave en insistant à nouveau sur le carillon. Alors ramène Diva avant qu’il lui arrive des histoires.

Maestro acquiesce et s’envole. Son ami sait qu’il a compris. Il l’a étudié des années et connait parfaitement son ouïe. Les notes aiguës sont celles qu’il perçoit le mieux, même à bonne distance. Il n’y a aucune raison pour qu’ils ne puissent pas se retrouver, pourtant un poids glacé lui tombe au fond de l’estomac lorsqu’il le voit s’éloigner. Ne pas y penser.
Octave est seul maintenant. Il décide de descendre de vélo, car la brume est si opaque qu’il distingue à peine le chemin et craint de tomber à nouveau sur un trou. Il avance doucement et régulièrement, sa sonnette résonne.
Une quinzaine de minutes s’écoule dans cette atmosphère bleutée, percée de temps à autres par l’aura douce de champignons lumineux. Son rêve lui est vaguement revenu depuis qu’il marche et il n’ose plus quitter la passerelle des yeux, craignant l’apparition d’une blanche mariée aux pectoraux développés dans les tréfonds du marais.
Pas de silence. Le faible roulement de son pédalier est souvent entrecoupé du bruit d’éclaboussures ou de branchages agités. Bien sûr, Octave soupçonne la présence de nombreux pokémons, mais il est impossible de les distinguer. Forbuissons les protège et le doute plane quant aux dangers qui le guettent. Alors dès que l’angoisse le saisit : « dring dring ».

Le garçon marche toujours, mais son pas ralentit. Depuis quelques temps, il se sent observé. Une sueur glacée trempe le col de son tee-shirt et ses mains crispées sur les poignées de sa monture d’acier commencent à lui faire mal.
Soudain un cri. Non deux ! Droit devant. Octave est sur d’avoir reconnu l’un d’eux.

Hissé sur son vélo, il transperce la brume à toute vitesse. Une planche manquante le fait tressauter, mais il accélère jusqu’à discerner une chaude lumière. Dernier coup de pédale.

Maestro !

Stop ! Octave pile et son cœur lui remonte dans la gorge.
Il a atteint une sorte de belvédère, bien plus large que les autres passerelles. Les arbres penchés couvent l’endroit de leurs feuillages touffus, tandis que sur leur tronc une mousse rosée luit doucement. La brume prend une teinte irréelle, mais la scène dépasse l’entendement lorsque le jeune homme la remarque enfin.

Là. Il y a quelqu’un. Un frisson le secoue tout entier, au moment où trois mots lui échappent :

L-Lune de miel ?


H.R.P:
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Mimi DellacchioCivile

Mimi Dellacchio


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MessageSujet: Re: [Double Capture] Jusqu’à ce que la brume nous sépare [Mimi]   [Double Capture] Jusqu’à ce que la brume nous sépare [Mimi] EmptyDim 13 Fév 2022 - 20:19
En surplomb d’un ruisseau, une petite voiture jaune vient tout juste de s’arrêter. Son moteur vrombit encore, mais face à elle, un vieux pont en bois plus étroit que la route semble vouloir l’empêcher d’avancer. Petite minute d’hésitation, faut-il s’arrêter maintenant ? Heureusement un insulaire assis sur un banc à proximité vient à la rencontre de la conductrice. Un hochement de tête, puis un doigt désigne l’autre extrémité du pont. Le mécanisme du levier de vitesse s’enclenche, et le véhicule reprend prudemment son chemin. Les planches grincent sous le poids des roues, mais le vieil homme fait signe avec ses mains. Il n’y a rien à craindre, rien à craindre. Finalement le pont est franchi, et la petite voiture continue son périple.

Du côté passager, une main fine sortie de l’habitacle prend plaisir à sentir l’air frais glisser entre ses doigts. À l’arrière, de longues oreilles tachetées semblent chercher à faire de même, tandis qu’à ses côtés deux grands yeux cernés de plumes aussi jaunes que la voiture ne peuvent s’empêcher de quitter l’horizon ensoleillé. Une bosse la prend néanmoins par surprise.

Derrière le volant, le pied se lève de l’accélérateur. La route est en terre, il vaut mieux ne pas trop insister, d’autant que la voiture doit être rendue intacte à la fin de la journée. Le propriétaire est un habitué : « Ça craint rien ! » a-t-il répété ce matin tandis qu’il fixait d’un œil gourmand le porte-monnaie de sa cliente. Le vieil homme du pont a dit la même chose. À croire que sur cette île, il n’y a vraiment rien à craindre. Encore une bosse. La route secoue, l’herbe qui la recouvre suppose qu’elle n’est pas beaucoup empruntée. Mais heureusement, la petite voiture jaune est arrivée à destination. Frein à main, les clés quittent le contact.

Une portière se claque. Devant elle, un corps s’étire avec souplesse, content de retrouver un peu d’activité.

« Tu crois qu’on peut laisser la voiture là ?
– Il y a le panneau, alors je suppose… Il n’y a personne d’autre de toute manière. »

Mimi penche la tête pour voir le panneau en question. La moitié est recouverte de liseron. Est-ce qu’un panneau recouvert de feuilles dit toujours la vérité ? Pour une île comme les Siclades, sans doute. Un haussement d’épaule, et la question est déjà oubliée. Une autre portière claque, tandis que le coffre s’ouvre. Bigoudi et Tutu se dépêchent de partir explorer les alentours, suivies du regard par leur dresseuse qui vient tout juste de rejoindre son amie à l’arrière de la voiture. À l’intérieur, de grandes caisses en bois occupent pratiquement toute la place. L’odeur est forte mais plutôt agréable. Juste à côté, un sac en tissu sur lequel quelques brins d’herbe sont restés accrochés laisse entrevoir une fourchette et un paquet vide habité par quelques miettes, reliques d’un pique-nique tenu il y a un peu plus d’une heure sur les bords d’Agualcanal.

La main de Nott s’emploie à y récupérer une petite boîte en fer dont la petite musique suppose la présence de biscuits secs.

« On les mangera de l’autre côté. Tu as ta gourde ?
– Oui ! Tu crois qu’on pourra la remplir sur le chemin ?
– La gérante de l’hôtel m’a dit qu’il y avait des sources, alors normalement oui. La mienne est pleine sinon. »

Le long bras de la jeune femme s’appuie sur le bord du coffre, qui se referme dans un claquement sec. Sur le toit de la voiture, à peine dérangé par la brève secousse, Coincoin observe la boîte changer de main et disparaître dans le sac en osier que Mimi garde sous son bras. La danseuse devine l’appétit dans le regard du volatile bleu et lui promet secrètement de lui en offrir un après la promenade avant de rejoindre Bigoudi et Tutu qui l’attendent un peu plus loin.

Lunettes de soleil sur le nez, queue de cheval tout juste nouée, Nott part quant à elle récupérer le plan donné par les locaux de l’île laissé sur le siège conducteur puis verrouille la voiture. D’un dernier regard, elle vérifie que les quatre fenêtres sont laissées partiellement ouvertes afin que l’odeur des herbes séchées récupérées tôt dans la matinée n’embaument pas complètement le véhicule, puis rejoins Mimi et les pokémons qui l’accompagnent.

« Je crois que sur le plan, il faut passer par là pour rejoindre le Chemin Vert.
– Attends… Celui-là tu m’as dit qu’il n’existait plus ?
– Le monsieur m’a dit que celui qui passe par le petit lac, et celui qui fait une boucle rigolote, ils sont pas accessibles en marée haute.
– Tu m’as pas dit marée basse tout à l’heure ? »

Regard circonspect, moue pensive. Mimi regarde à nouveau le plan, suit du bout du doigt l’un des sentiers, puis se redresse en ajustant machinalement sa capeline enrubannée.

« On n’a qu’à pas les prendre ! Pour rejoindre le Chemin Vert, c’est par là, en tout cas, ça, je suis sûre !
– Le belvédère, on y va quand du coup ? À l’aller ou au retour ?
– Ah oui pour voir les motifs bizarres ! Peu importe !
– Bon, Bigoudi, aller ou retour ? »

Le pokémon à spirales, captivé par une branche légèrement secouée par le vent, se contente d’un sourire penché à l’attention de Nott, déjà en train de replier le plan. La petite bête titube à gauche, puis avance doucement se réfugier dans les pans de la robe fleurie de sa partenaire. Un sifflement de Tutu, impatiente à l’idée de partir en exploration, donne le coup d’envoi pour la petite escouade. Finalement, le groupe ira voir le belvédère à l’aller. Avec un peu de chance, l’ensoleillement sera favorable à ce moment-là.

Comme attendu, le sentier est correctement aménagé pour tout type de promenades. Rapidement, des passerelles en bois noirci par l’humidité apparaissent, tandis qu’au-dessus des têtes, la cime des arbres se fait de plus en plus épaisse, jusqu’à occulter une partie du ciel bleu derrière un rideau de feuillages. Tutu dirige la marche d’un pas décidé. Ses petites ailes la portent tantôt sur une rambarde en bois, tantôt sur une branche plus basse que les autres, avec quelques petits sifflets pour inviter les autres à avancer plus rapidement. Bigoudi est de son côté un peu moins à l’aise. Le sol irrégulier ne cesse de gêner son parcours, et son attention est en permanence attirée par tant de choses autour d’elle qu’elle finit par tomber à chaque fois sur les fesses, sans plus pouvoir avancer.

Finalement, les bras de Mimi s’enroulent autour du petit panda et viennent la soulever. Une main délicate vient retirer le chapeau de sa tête et le pose sur celle du pokémon aux longues oreilles. Un sifflet rappelle toutefois les deux demoiselles à l’ordre, accompagné d’un petit mot de Nott, la tête penchée par dessus la rambarde de la passerelle sur laquelle elle se tient.

« L’eau est quand même haute à certains endroits. Ah bah, regarde, là il y a un motif.
– Où ça ? Attends Bigoudi je te repose sinon je vois pas.
– Là derrière l’arbre, ça fait une forme.
– Ah oui ! »

Une petite photo, mais la luminosité n’est pas bonne, on ne voit pas grand chose. Peu importe. Les doigts de Mimi tapotent machinalement sur l’écran, voir si sa petite sœur lui a répondu. Mais ses yeux glissent rapidement sur l’un des coins de l’appareil et comprend qu’elle n’est pas prête de recevoir quoi que ce soit.

« Tu as du réseau toi ? Moi j’ai plus rien…
– Ouais moi non plus. On le récupérera à la sortie.
– Le monsieur ne m’avait pas dit ça au village ! Ah mais peut-être qu’il a pas de téléphone… Tu viens Bigoudi, on continue ? »

Tandis que Bigoudi se sépare de la passerelle en bois au prix de quelques pas maladroits, Mimi la suit sans trop regarder devant elle, attirée par une brise venue s’inviter dans sa nuque. Un regard en arrière, et une surprise timide fait sursauter son cœur. Le chemin paraît différent, de ce point de vue. À part la passerelle, tout semble subitement bien étranger.

Mais cela fait à peine une vingtaine de minutes qu’elles marchent, et le sentier a été suivi avec application ! Sans doute s’agit-il là d’un effet d’optique, se dit Mimi, tandis qu’elle rejoint Nott qui l’attend, un peu plus loin. Lunettes de soleil désormais sur la tête, la jeune femme regarde sa montre et avise la suite du parcours. Quelques planches de bois disséminées ici et là indiquent l’existence de panneaux servant à guider les visiteurs de la forêt dans leur traversée, mais presque toutes sont tellement rongées par l’humidité et la mousse que seules quelques lettres peuvent se lire à quelques endroits. Dans le village, on leur a pourtant dit qu’il n’y avait rien à craindre, qu’il suffisait d’aller tout droit. Alors il n’y avait sans doute pas de quoi s’inquiéter.

« On est pas loin du belvédère là, non ?
– Je pense, ça fait moins d’une demi heure qu’on marche, on doit pas être loin.
– C’est drôlement grand quand même ! Heureusement qu’il y a un chemin sinon n’importe qui finirait par se perdre. Ils ont pas peur les habitants de l’île, laisser un endroit comme ça accessible à n’importe qui !
– Je suppose que l’un des panneaux à l’entrée dit de faire attention.
– Bah oui mais y a du lierre partout dessus, du coup ça sert à rien, sauf pour le lierre ! »

Un geste de la tête, et la marche reprend. L’idée était initialement de profiter du paysage de l’île en parallèle d’un rendez-vous d’affaire avec un nouveau fournisseur pour le magasin. La rencontre s’est bien passée le matin, d’ailleurs, et les caisses restées dans la voiture sont signe d’une nouvelle affaire conclue. Mais venir aux Siclades simplement pour faire du commerce, quel gâchis ! Enfin, c’était ce qu’avait dit Mimi au moment où Nott lui a expliqué ce qu’elle avait prévu. Sans trop comprendre comment, au rendez-vous professionnel s’était donc rajouté un pique-nique, puis une promenade jusqu’au chemin vert, dans l’idée d’apercevoir l’île du lointain une fois là-bas. Lexie aurait dû venir, elle aussi, mais un dernier remplacement l’en a empêché, et Noëlle allait travailler une bonne partie de la nuit, impossible pour elle de rester à l’hôtel.

La traversée de Forbuissons ne devait quant à elle n’être qu’une formalité. Seulement, au moment où le belvédère qui doit apparaître au prochain virage est remplacé par un gros arbre couché en travers du sentier, la formalité prend soudainement des airs trompeurs.

Le vent, la marée, difficile de savoir, mais dans tous les cas, le sentier initialement dessiné ne correspond définitivement plus à la réalité. Dans un soupir agacé, Nott finit par s’approcher du tronc infortuné. Mimi la regarde faire, restée en retrait, un peu déçue par la tournure que semble vouloir prendre la petite promenade. Tutu la rejoint, elle aussi visiblement frustrée. Ce n’est pas si grave, après tout, elles auront une autre occasion pour revenir. Peut-être que demander un guide est mieux, finalement. D’accord, Nott a dit que ce n’était qu’une arnaque en voyant les tarifs, mais si cela peut éviter de ce retrouver dans de telles situations…

Puis un frisson. Mimi rajuste son petit gilet et regarde autour d’elle, interpellée par la soudaine chute de température. Au-dessus d’elle, les rayons du soleil semblent être partis, seuls les feuillages subsistent, soufflés par un vent léger.

« Qu’est-ce qu’on fait, on rentre ? De toute façon leur carte marche pas.
– On peut enjamber l’arbre je suppose, mais il doit y avoir un autre passage, on a dû se tromper.
– On rebrousse chemin alors ? »

Un hochement de tête un peu défait, mais pas désespéré. Mimi répond par un soupir naïf et énergique, puis récupère sa capeline sur la tête de Bigoudi avant d’annoncer joyeusement la reprise de la marche. Rapidement, les bruits de pas se suivent et se ressemblent, une passerelle en bois est franchie en sens inverse, tout comme une seconde, et une suivante. Au bord de la quatrième, Nott finit par s’immobiliser.

« Attends, j’ai pas l’impression qu’on soit passées par là tout à l’heure.
– Oooh t’es sûre ? Mais il n’y avait pas d’autre chemin, on a pas pu se tromper ! »

Coup de sifflet. Mimi et Nott tournent la tête et regardent Tutu, en train de s’agiter sur le bord de la passerelle placée devant elles. Elles s’approchent et penchent la tête en direction de là où l’aile à pompon est pointée. Quelques mètres plus loin, une autre passerelle, et entre les deux, un motif en tout point similaire à celui qu’elles ont vu une dizaine de minutes plus tôt. La propriétaire de l’herboristerie ne peut s’empêcher de grimacer.

« On a tourné en rond.
– Mais il n’y avait pas de passerelle en face, tout à l’heure, si ? Tout se ressemble ici, c’est pénible !
– Dans tous les cas on est pas sur le chemin du retour. »

Un instant d’hésitation, puis une décision : continuer encore quelques mètres. Il suffit de sortir d’un côté ou d’un autre de la forêt pour pouvoir contacter quelqu’un. Et ce n’est pas en restant immobiles qu’elles y parviendront. Alors la marche est reprise, un peu moins sereine qu’au préalable.

Bigoudi, déjà habituée, n’a en revanche plus de mal à avancer, si bien que Coincoin a jugé judicieux de se poser sur sa tête. Tutu continue quant à elle de devancer le groupe. Les minutes coulent, le sentier défile sous les jambes des deux égarées, jusqu’à aboutir sur un passage entièrement aménagé de planches de bois clouées sur des petits pilotis au-dessus d’une étendue d’eau trouble. Un peu plus loin, un ponton fait le tour d’un grand arbre et se sépare en plusieurs chemins, chacun s’enfonçant plus profondément dans la forêt. Au pied de l’arbre, partiellement recouvert de mousse et à moitié dans l’eau, un panneau fléché visiblement décroché du tronc marqué « Chemin Vert » redonne toutefois espoir.

« Reste à savoir dans quel sens il pointait avant de tomber.
– Ça devient énervant, elle est nulle cette forêt ! Il n’y a même pas de carrefour sur la car-ah si ! »

Quelques minutes de réflexion. Le papier est retourné dans tous les sens afin de s’assurer de ne pas commettre de nouvelle erreur. Cette fois, elles ne devraient pas se tromper. Les yeux quittent la carte, le plan bien en tête. Mais…

« C’est normal qu’il y ait du brouillard ?
– Si on est au centre du marais, je suppose que oui. Allez, vaut mieux pas traîner. »

Le groupe s’engage sans attendre sur le chemin de gauche. Très vite, les planches de bois laissent leur place à un sol mou et sombre, tandis que le sentier d’ordinaire parfaitement tracé se fait de plus en plus trouble, jusqu’à disparaître complètement passé un certain point. Heureusement, quelques pas hasardeux suffisent à le retrouver, légèrement en retrait. La brume se fait quant à elle de plus en plus épaisse, si bien que se retourner ne permet même plus d’aviser la quantité de chemin parcouru. Finalement, le groupe aboutit sur un autre croisement.

Une petite brise s’invite dans les boucles rousses de la danseuse. Elle se retourne, laissant quelques minutes Nott rouspéter devant un plan plus vraiment d’utilité. L’écho d’un petit rire lui parvient alors. Son oreille la guide petit à petit au pied d’un arbre penché recouvert de mousse derrière lequel était dissimulé un petit passage marqué d’une empreinte de pas que Mimi connaît bien. Sa tête se redresse aussitôt dans l’espoir de retrouver Bigoudi.

Volatilisée.

Phénomène habituel pour la bête à spirales, mais l’instant reste particulièrement mal choisi. Mimi décide d’avertir Nott, encore occupée avec son plan, puis s’avance à son tour, certaine que Bigoudi ne doit pas être bien loin. Quelques pas en avant, un appel franc à destination du pokémon, sans réponse. Finalement, le sol se change à nouveau en bois, et au détour d’un arbuste se révèle ce qui sans doute doit être le tant espéré belvédère. L’endroit est plutôt large, a priori en surplomb d’une partie du marais les jours où la brume n’est pas levée. Enfin, c’est ce qui est écrit sur le papier.

Mimi s’avance, appelant Bigoudi. Aucune réponse. Peut-être qu’elle a déjà rejoint Nott. Sous les souliers marqués par leur passage dans la terre molle du marais, les planches commencent à grincer. Mieux vaut ne pas trop s’attarder. Alors Mimi appelle Bigoudi une dernière fois, puis se dirige vers la sortie du belvédère sans attendre.

Ding, ding.

Arrêt net pour la danseuse qui fait volte-face. A-t-elle bien entendu ? On aurait dit une sonnette.

Ding, ding.

Non, elle ne rêve pas. Mimi fait quelques pas en avant, l’oreille tendue. Puis un bruissement en provenance des feuillages la prend par surprise. Elle se retourne, s’écarte, appelle de nouveau Bigoudi, les yeux rivés vers les arbres qui surplombent le belvédère. Et soudain, une silhouette massive apparaît juste devant son visage. Un cri de surprise, auquel lui répond un autre cri de surprise. Le panier en osier brandi comme bouclier, Mimi se retrouve acculée contre le bord du belvédère. Ses yeux pris d’une brève panique ne parviennent pas à comprendre ce qui lui fait face.

La chose est ronde, avec un grand sourire et des pattes pointues. Ou plutôt, non, c’est un air plutôt grincheux. Mimi retrouve sa respiration et penche légèrement la tête. La créature se tient suspendue à une branche, la tête en bas, et la regarde droit dans les yeux. L’espace d’un instant, Mimi pense reconnaître Nott, mais non, il s’agit bien d’un Nostenfer, et quelques secondes suffisent à faire comprendre qu’il n’est pas agressif.

Un silence flotte, la gorge serrée, Mimi n’a pas encore retrouvé sa voix qu’un autre bruit s’invite sur le belvédère. Visage circonspect et légèrement décoiffé, un jeune homme vient d’apparaître à son tour. Il croise le regard rond de Mimi, puis celui du pokémon ailé, et prononce quelques mots que son interlocutrice n’est pas sûre de comprendre. Elle tente de lui répondre, mais un sifflement suraigu l’interrompt. De nulle part, une imposante masse de plume vient subitement percuter le pokémon chauve-souris de plein fouet, le faisant lourdement tomber de son perchoir. Mimi laisse échapper un nouveau cri, tandis qu’un même sort est aussitôt réservé au jeune homme, heurté à son tour en plein visage par un gros tas de plumes.

Tutu atterrit alors aux pieds de sa dresseuse, mimant avec ses ailes à pompon une attitude digne d’une championne de boxe. Mais au premier grognement du Nostenfer, la petite danseuse court rapidement se réfugier derrière les jambes de la plus grande, effrayée à l’idée de potentielles représailles. Mimi, embarrassée, finit par s’approcher du grand pokémon pour l’aider à se débarrasser de l’épais amas de duvet.

« Désolée ! Tutu a dû m’entendre crier et- Euhm, est-ce que ça va ? »

La question est posée au jeune homme, tandis que son pokémon s’est déjà redressé, bien que quelques plumes demeurent encore collées à ses longues oreilles. Mimi ne peut s’empêcher de lui adresser un sourire, s’efforçant de compenser l’attitude électrique que Tutu refuse de quitter. Rapidement, un regard est également adressé à l’inconnu, mais à lui, aucun sourire ne semble vouloir se manifester. Habits sombres, coupe de cheveux curieuse, pokémon chauve-souris…

Mimi fait un pas en arrière tout en prenant Tutu dans ses bras avant d’adopter un air suspicieux.

« Dites donc vous… Vous seriez pas de la Team Rocket par hasard ? Si vous comptez voler mes pokémons je vous arrête tout de suite, Tutu a encore plein de plumes en réserve ! Pas vrai ? »

Un sifflement énervé de l’oiseau d’alola vient aussitôt se joindre à l’avertissement de la danseuse, qui, la seconde suivante, se met déjà à douter de sa propre logique. Ses épaules crispées retombent aussitôt.

« Ah mais non, vous existez plus c’est vrai ! Oh et puis même si vous êtes de la Team Rocket je m’en fiche en fait. Vous aussi vous êtes perdu ? Je cherche une Spinda, grande comme ça. »

La main est placée avec précision au niveau de la hanche de la danseuse qui ne peut s’empêcher de sourire devant la tête ébouriffée de l’inconnu, les cheveux encore perlés de petites plumes. Un peu plus, et un Roucool pourrait y faire son nid. Mais l’heure n’est pas à la moquerie pour Mimi, qui déjà se dirige vers la sortie du belvédère tout en invitant l’égaré à la suivre afin de rejoindre Nott, restée sur le sentier. Mais en à peine quelques pas, Mimi se surprend à trouver à la place du chemin le bord d’un ruisseau, rempli de pierres et de branchages. Désorientée par la brume, la danseuse fait aussitôt marche arrière, emprunte d’inquiétude. L’inconnu, lui, est toujours là à l’entrée du belvédère, son vélo à proximité.

« C’est vous la sonnette ? Je l’ai entendue tout à l’heure, je pensais que c’était- »

Quelque chose craque. Mimi lève les yeux, et n’a pas le temps de réaliser qu’une énorme branche vient de s’écraser de tout son poids sur une partie du belvédère, emportant avec elle tout un pan de la plateforme de bois et manquant de peu le jeune homme et son Nostenfer. Le choc est tel que la danseuse n’a pas le temps d’être prise par surprise que déjà un trou béant s’est ouvert sous ses yeux. Juste en-dessous, l’eau stagnante s’agite encore, sa surface marquée par endroits par des morceaux de bois flottant.

Mais étrangement, l’eau ne cesse pas de remuer. Au contraire, les simples vaguelettes cèdent rapidement leur place à une agitation de plus en plus grande, jusqu’à devenir une véritable ébullition. Comme si quelque chose, sous la surface, semble s’approcher de plus en plus.
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MessageSujet: Re: [Double Capture] Jusqu’à ce que la brume nous sépare [Mimi]   [Double Capture] Jusqu’à ce que la brume nous sépare [Mimi] EmptyDim 20 Fév 2022 - 23:39
« Oh, je ne saurais que vous conseiller le Chemin Vert ! A sa finalité, vous rencontrez un magnifique lieu, qui peut vous offrir une vue à la fois relaxante et éblouissante ! La récompense par-faite à la suite d’une petite promenade de santé, sans risque bien sûr ! »

Les dents assurées de l’homme se dévoilèrent alors qu’un sourire exagérément confiant gonflait ses traits. La période n’était pas très propice aux affaires, cet entre-saison hiver et été qui ne témoignait pas d’assez de beau temps pour offrir ladite vue imprenable, et dont les températures ne s’élevaient pas assez pour permettre de s’y perdre trop longtemps. L’entrée financière était rude à cette période… Aussi, quelle aubaine de voir débarquer ces deux charmantes demoiselles dans son office ! Et dire qu’un peu plus tôt, c’était un jeune homme qui lui avait rendu visite. Lui, par contre, n’avait pas tenu à embarquer une carte du sentier, contrairement à la nénette à queue de cheval qui était soudain emprise d’un enthousiasme presque communicatif. Non, le jeunot avait simplement demandé un vélo, pas un sportif pourtant, mais sans doute un désireux de ne pas perdre des heures à marcher dans cette satanée tourbière. Des années que Popol, comme il était surnommé dans l’île, conseillait et vantait les mérites de Forbuissons et environs, et pourtant, il préférait se refaire faire ses implants dentaires plutôt que de mettre les pieds dans ce sordide endroit. Les jeunettes avaient plus de chance de se tordre une cheville et de finir embourbées que de réellement prendre du plaisir à leur balade, néanmoins, cela n’empêcha nullement Popol de saisir les pokédollars de sa cliente et de lui tendre en retour une clé de voiture. Au moment où il leur souhaita « Bonne promenade les jeunes », son sourire gagna en hypocrisie et disparut aussitôt que les deux fines silhouettes eurent quitté son office de tourisme. Saisissant rapidement de ses gros doigts boudinés le magazine douteux qu’il avait pris soin de camoufler sous son présentoir, Popol secoua la tête avec un mépris qu’il réservait à ses bons clients, espérant simplement récupérer la voiture dans un état pas trop déplorable… et sans cadavres. Après tout… il paraissait que la sorcière du Marais vadrouillait ces derniers temps. Mais ça, bien sûr, il avait omis de le dire autant au gars à la coupe bizarre qu’aux deux top-model. Lui, son job, c’était de vendre du rêve sur la beauté de la région. Pas de mettre en garde sur le cauchemar probable. Et puis… L’argent, ça faisait oublier la culpabilité.

**

Un, deux, trois, quatre, je te bouffe, t’es patraque !

Une bouche béante s’ouvrait et se refermait sur des corps tellement minuscules qu’ils en étaient invisibles, relevant du domaine du plancton. Et pourtant, ils représentaient la part la plus importante de l’alimentation des Maraiste, dont un particulièrement déterminé à se remplir la panse, ne cessait de nager, la gueule ouverte. Ses compagnons l’observaient, à la fois dépités et amusés, commençant à parier s’il était capable de s’apercevoir si par inadvertance il avalerait un des Axolotos qui lui tournaient autour, curieux de ce comportement si glouton. Ou si le dicton « Tout ce qui rentre, fait ventre » s’appliquait particulièrement à ce congénère-ci.

Mais ce Maraiste n’avait que faire des commentaires et gloussements moqueurs de ses camarades. Lui, c’était un mâle, et un costaud en plus ! Le plus grand de sa tribu, et accessoirement, le plus adorable niveau caractère. Tant adorable qu’il se devait de fermer les yeux pour manger, car du moment qu’il pensait deviner un regard de ses crevettes microscopiques le fixant (imaginaire ou non), il était incapable de poursuivre son dîner.  Trop de culpabilité à tuer un autre être, ce qui lui valait bien sûr les ralliements des siens. Et ce qui rendait impensable le fait d’avaler un de ses petits congénères.

Mais ce Maraiste était aussi vil qu’adroit, ce qui signifiait bien qu’à un moment, un Axoloto vint se perdre dans sa bouche, suscitant des rires sans fin, alors que le malheureux amphibien se faisait recracher avec force. Si le langage humain était leur langue de communication, une multitude de « Désolé » auraient eu lieu, mais au lieu de ça, quelques coups de langues furent donnés au malheureux Axoloto, qui ne saurait déterminer quelle était la chose la plus traumatisante : la vue sur le gosier du Maraiste ou ses coups de langue non consentis.

Et puis soudain…

Les rires se turent d’une traite. Les rayons de soleil qu’on devinait par alternance entre les puissants feuillages devinrent bien ternes, jusqu’à disparaître totalement. Les petites branchies des Axolotos se redressèrent dans un souci certain, puis, tous se volatilisèrent, Maraiste compris. Seul restait notre champion, qui, dans un haussement d’épaules, fut plutôt soulagé du calme trouvé et surtout que les moqueries cessèrent. Il ne vit nullement la fine silhouette embrumée qui se dessinait aux abords de son ruisseau, ni ne sentit son aura, profitant de la place disponible pour reprendre son repas, sans y risquer une indigestion cannibale.

**

Une petite excroissance blanche sortait de la mer, attirant la curiosité des diverses geolise voltigeant au-dessus, en quête de nourriture. D’un coup d’ailes maîtrisé, une de ces dernières plongea le bec le premier dans l’eau, salivant à l’idée de mettre ses dents minuscules sur des fruits de mer dignes des meilleurs restes de restaurants de Saint-Carchipel. La surprise fut de taille, quand la forme vint saisir le bec du geolise, empêchant son ouverture par une poigne insoupçonnée. Et elle gagna encore en intensité, quand une petite créature utilisa la force de cette main étrange pour se hisser sur le dos du geolise, afin de quitter l’étendue de la mer.

D’autres pokémons volants patientaient tranquillement sur un rocher, en quête d’une proie suffisamment bête pour venir dans leurs pattes. Néanmoins, leur attention dévia rapidement de l’eau stagnante se trouvant au pied de leurs gros cailloux pour se centrer sur leur congénère, chevauché par une espèce de forme ovale noire, comportant quelques nuances de rose. Le cou penché à quarante-cinq degrés, les geolise tentaient de comprendre de leur mono-neurone la raison de ce spectacle hors du commun. Puis un Kokiyas tenta une approche discrète, vainement, et les geolise oublièrent tout de ce qui venait de se passer.
Hormis celle chevauchée qui, prise de panique, battait des ailes dans une direction inconnue, espérant seulement se débarrasser de son pirate improvisé. A mesure que les mètres furent parcourus, le soleil perdait en intensité, et rapidement le ciel bleu ne devint qu’un vague souvenir alors que l’odeur iodée de la mer disparaissait à son tour peu à peu des ridicules nasaux du geolise. Epuisé, à bout de souffle, l’oiseau de la plage abandonna sa terrible fuite puis perdit de plus en plus de l’altitude. La fatigue fut tant qu’un atterrissage réussi n’était nullement espéré, et ce fut dans un fracas certain que la geolise rencontra le sol mou de la tourbière. Son agresseur, sous le choc, fut obligé de lâcher la prise de son bec et se retrouva lui aussi éjecté à plusieurs mètres. Heureusement, son corps, désigné pour absorber les chocs, ne subit que peu de dégâts malgré sa réception hasardeuse avec une grosse racine traînant sur son chemin.

Une fois ses esprits repris, le petit pokémon tourna son corps de gauche à droite pour tenter de se situer. Or, ce fut chose impossible. Si sa bouche en forme de X le lui avait permis, un immense sourire aurait déformé ses traits. Il avait réussi. Il avait quitté la mer ! L’œil noir du geolise le fixa du plus mauvais œil possible, alors que l’emplumé secouait ses ailes afin de les débarrasser de la terre fraîche rencontrée. Un crissement insultant fut destiné à son saboteur, ce à quoi ce dernier répondit par une main lui disant aurevoir, tandis que l’oiseau prenait son envol. Observant son « ami » partir des terres étranges qui les avaient accueillis, le petit concombaffe traîna son corps sur les quatre centimètres qui le séparaient d’un ruisseau coulant proche de la racine. Au moment où le choc avec l’eau, plutôt douce que salée, se fit ressentir, un frisson sans fin parcourut le corps du pokémon étrange. A nouveau, s’il avait pu sourire, il aurait souri à s’en craquer la mâchoire ! Enfin ! Finalement ! Hasta la vista, la mer ! Las de cette vie à l’odeur de sel, il avait eu soif d’aventures et de dépaysement. Fini les mêmes discussions avec les mêmes escargome, lançargot, caratroc et autres comparses maritimes ! Fini de devoir se laisser porter par le courant sans fin, en espérant qu’il le porterait dans des endroits pas bourré de prédateurs ! Fini de fuir les touristes bruyants et peu respectueux à chaque saison ! Fini de se cacher à tout va de peur de se faire avaler par un wailord distr-

*Bourp*

**

A cet instant, Maraiste sut que quelque chose n’allait pas. De un, il s’était un peu laissé emporté et avait trop mangé. Cela ne l’avait pas empêché de continuer, non, mais son sentiment de satiété avait empiété sur son sens de l’orientation, et dès lors, il lui semblait s’être éloigné de son territoire.
De deux, il y avait effectivement un truc bizarre dans sa bouche.

Paniqué, à nouveau, l’amphibien cracha de toute sa force le corps étranger présent dans le gouffre lui servant de bouche, pensant à un caillou particulièrement anguleux. Quand deux petits yeux traumatisés lui rendirent son regard pataud, ce fut un déchirement qui se ressentit dans le cœur du Maraiste ! Oh non, pas encore ! Un coup de langue faillit se faire, mais une paume déterminée stoppa la progression de la langue du Maraiste, alors que le cocombaffe fulminait.

**Ding Ding**

Un son strident, qu’ils entendaient quatre fois plus rapidement que sa progression réelle, vu qu’ils étaient dans de l’eau, retint toute leur attention. Le Maraiste, de son regard toujours profondément désolé, voulut proposer au cocombaffe de le sortir de l’eau, pour voir de quoi il en retournait. Ce dernier eut une meilleure idée ! A nouveau, porté par une envie de domination certaine sur les autres espèces, le petit être au pelage foncé se hissa sur le crâne lisse et gluant du maraiste alors que ce dernier sortait timidement du ruisseau, dont ils avaient en fait atteint la fin.

Rapidement, le pokémon du marais, habitué, reconnut le lieu. L’endroit « zoom-sur-île » qui permettait de deviner l’île du lointain, un endroit où seuls les plus forts parvenaient à y survivre. Mais ce qui n’était pas habituel était la présence de deux humains. Des vibrations ressenties sur le sol laissaient en deviner plusieurs, et également d’autres pokémons, mais la brume ne pouvait laisser apparaître en visuel que cette jeune fille, et ce jeune homme, accompagné de son vélo. Le Maraiste se demanda dès lors si le vélo ressentait aussi leur présence, et de quoi il se nourrissait. Une petite baffe à l’arrière de son crâne du cocombaffe l’informa alors d’avancer davantage, ce à quoi l’amphibien n’était pas très enthousiaste.
Apparemment, son compagnon voulait de la baston. Mais le maraiste lui, il partageait son territoire. Qui plus était, ce n’était plus son territoire à l’heure actuelle des choses. Mais que nenni pour le concombaffe, qui n’avait jamais eu l’occasion d’avoir l’effet de surprise sur des humains ! C’était d’habitude lui qui se faisait avoir par ces derniers, surtout ceux de petit calibre qui le prenaient comme compagnon de jeu pour faire des châteaux de sable, ce qui était une autre chose qu’il détestait : le sable.  Le sol mou et à l’odeur caractérielle du marais lui était hautement préférable à cette matière qui s’infiltrait partout, jusqu’à dans son organe interne !

Cette pensée offrit un élan de rejet au maraiste qui parvint toutefois à garder son plancton ingurgité à sa place.

Un petit pincement sur la queue de son destrier invita le Maraiste à s'afficher devant les deux humains, peu certain de la réaction à adopter. D'habitude, par période de touristes, ils venaient à lui, brandissant d'étranges trucs qui faisaient des "bing" et des "cling" et parfois des "tacs", et au moindre sourire, les humains répondaient par un son continu en "Ohhhww". Or, l'ambiance-ci était  tout à fait différente. Premièrement, le soleil n'était pas au rendez-vous, offrant une allure quelque peu sinistre au zoom-sur-île, et de deux, une certaine tension se devinait entre les deux humains. Pourquoi ?

Mais ça, le concombaffe en avait que faire. Il venait de conquérir un nouvel habitat, et ce n'était pas deux êtres humains qui allaient changer ses plans ! Oh que non !
Fronçant les sourcils qu'il n'avait pas dessinés, le petit pokémon vrombit son organe interne en un poing provocateur à l'attention des deux humains, ce qui offrit une drôle de réaction au fruit de l'arbre.
Rectification du Maraiste, ce n'était pas une figue moisie qui pendait à l'arbre, mais un Nostenfer, et qui avait l'air fort.
Mais lui aussi était fort !
Après tout, c'était le plus costaud de la bande !

Mais c'était fatigant de se battre... Et en plus, ça faisait souvent mal...

Mais est-ce que ces humains pourraient lui faire du mal, s'il offrait là son regard le plus doux possible, ses deux billes noires perdues dans une expression de clémence totale ?

Ah. Le doigt d'honneur fulminant du concombaffe contrecarra son plan.

Tant pis. Ca allait faire mal... Sauf si les humains n'étaient pas trop fiers, ce qui était en réalité une impossibilité totale. De son expérience... Est-ce que le mystérieux Octave et l'épanouie Mimi allaient lui prouver le contraire ?


Étang (capture spéciale)



Un Maraiste sauvage apparaît !




Niveau 22


Talent : Inconscient





Attaques :


  • ???

  • ???

  • ???

  • ???




Un Concombaffe sauvage apparaît !




Niveau 27


Talent : Inconscient





Attaques :


  • ???

  • ???

  • ???

  • ???





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Octave FerysHors-la-loi

Octave Ferys



[Double Capture] Jusqu’à ce que la brume nous sépare [Mimi] Empty
MessageSujet: Re: [Double Capture] Jusqu’à ce que la brume nous sépare [Mimi]   [Double Capture] Jusqu’à ce que la brume nous sépare [Mimi] EmptyDim 13 Mar 2022 - 16:05
Blop, blip, blop
La rumeur court et grandit
Qu’un danger guette notre abri.
Ils sont ici,
C’est interdit.

Blop, blip, blop,
Nous devons les chasser
pour protéger notre douillet marais.
Allez vous en,
Dès maintenant.


* * *


De la Team Rocket ? Lui ? Hahaha…
Ok, cette fille est louche, mieux vaut s’en méfier.

Ou simplement… la laisser parler ?

Pensée pour sa mère. Où qu’elle soit sur cette terre, Sixtine Ferys vient de tressaillir de dégoût.
Octave est plus mesuré et se contente d’enterrer un sourire amer. Même si le nom de l’organisation le secoue d’un étrange frisson, la demoiselle ne fait qu’évoquer un fait connu de tous.
La suite l’étonne davantage. Il tique sur la disparition, veut parler, mais tousse et crache une plume jaune avalée par mégarde. Maestro l’observe circonspect. Le jeune homme s’essuie les lèvres d’un revers de main, accrochant le regard taquin de la jolie rousse. L’embarras anime enfin son visage si souvent désabusé et ses tocs reviennent le chatouiller. Mince. Il est décoiffé.
Surtout, ne pas y penser.

Je n’ai pas croisé de spinda, mais moi aussi je cherche quelqu’un. Vous n’auriez pas vu une petite polichombr ?

Sa main glisse dans ses cheveux. Il se fige, soupire. Raté.

Ou entendue peut-être ? Son rire sonne comme des clochettes.

Les plumes volent et ses mèches retombent une à une au-dessus de ses yeux noirs.
Est-ce qu’il a parlé assez fort ? La demoiselle s’est éloignée. Elle l’invite à la suivre pour retrouver l’amie qui l’accompagnait, mais il se sent toujours en désordre et son corps refuse d’avancer.
Allé ! Un épis ne peut pas lui faire de mal !
Ses doigts retrouvent la fermeté du guidon, s’enroulent autour décidé, mais rien n’y fait. Les voilà qui remontent et passent à nouveau dans sa tignasse d’ébène.
Maestro est habitué. Quand c’est comme ça, il faut attendre, mais le moment est mal choisi et Octave le sait. Pourtant le vélo reste vissé au sol, tout comme ses pieds. C’est un point de détail qui le sauve ; au sens propre, comme au figuré.

La jeune femme est revenue sur ses pas. Elle a l’air troublée, mais c’est autre chose qui capte l’attention d’Octave. Une plume est coincée dans les mailles de son gilet. Elle dépasse à peine, mais il ne voit plus que ça. L’importune ondule au rythme des pas de son hôtesse. À un rien de se décrocher, elle tient bon et le nargue de sa danse chaloupée.
Il fronce le nez, avance de trois pas, le vélo suit. Sa main abandonne un énième arrangement capillaire et son index pointe le vêtement. Prêt à l’avertir, un sinistre craquement le coupe sur sa lancée. Sursaut.
La branche s’abat, énorme et impitoyable. Elle tombe juste derrière le nostenfer, à l’endroit exact où se tenait son partenaire une seconde plus tôt. La passerelle se brise sous son poids, l’eau gicle et trempe une partie du belvédère éventré. Les vieilles planches poussent un dernier cri d’agonie, puis sombrent silencieusement dans les tréfonds du marais. De l’incident, il ne reste que quelques feuilles collées sur le sol autour d’un trou béant.
Maestro vient se poser à l’arrière du vélo, peu rassuré. Octave a pâli. Avec un temps de retard, son cœur comment à tambouriner contre ses côtes. Dix secondes s’égrainent, le temps qu’il comprenne ce qu’il vient de se passer. Cinq de plus et il se rappelle qu’il n’est pas seul. Une caresse un brin fébrile est accordée au nostenfer, mais ses paroles sont pour la demoiselle et son oiselle :

Vous n’avez rien ?


* * *


Crac, cric, crac,
Cachés dans la forêt,
Nous protégeons notre douillet marais.
Ils partiront,
Nous y veilleront.


* * *


Elle fixe les remous.
Octave patiente, mais la disparition du chemin pris pour arriver jusqu’ici l’inquiète.
Il tire son pokématos de sa poche avec l’espoir de pouvoir se géolocaliser, mais s’arrête. Un truc à régler. La plume est ôtée discrètement des mailles du gilet. Mieux.
La satisfaction détend ses maigres épaules et les longs doigts blancs qui glissent sur son écran. Même si la précision laisse à désirer, cela leur donnerait une idée de la direction à suivre pour sortir de Forbuissons. Pas de signal. Il lève la main, tente à droite, puis à gauche, mais rien.
Enfin si. Octave baisse son appareil, perturbé. Sous les branches croisées de deux saules se dessine un chemin qu’il est certain de ne pas avoir vu avant. Son esprit cartésien lui souffle que la brume l’a trompé, mais il ne parvient pas à s’en convaincre. Les rambardes sont mal posées ; celle de gauche est plus basse que celle de droite. C’est un détail, mais il sait qu’il ne serait jamais passé à côté. Frisson.
Quelque chose cloche avec ce marais, mais rester sur le belvédère ne résoudrait rien, alors Octave étouffe son appréhension et se décide pour cette unique porte de sortie. Il range son pokématos dans la poche de son jeans, ajuste la lanière de son sac à dos et avance, les doigts crispés sur le guidon de son vélo.

Venez, on va essayer par là.

Maestro s’envole du porte-bagage. Sans doute laisse-t-il sa place ? Non, c’est autre chose.
Octave fronce les sourcils en voyant son nostenfer s’accrocher tête en bas à la branche qui les surplombe. Ailes grandes ouvertes, il se montre volontairement intimidant et protecteur. Pour quelle raison ? Le jeune homme suit le regard concentré de son ami et remarque une grosse patte bleutée posée sur le bois brisé du belvédère. Ok, ils ont de la visite.
Une seconde la rejoint, puis une petite boule noire se hisse au-dessus de la plateforme, rapidement suivie d’une seconde bien plus grosse et toute bleue, au sommet de laquelle brille deux petits yeux. Un maraiste et un concombaffe. Le premier n’a pas l’air belliqueux, mais le plus petit brandit le poing, menaçant, puis lève l’index, insultant.
Génial.


* * *


Wosh, wish, wosh,
En voilà un nouveau,
cette limace ne nage pas dans notre eau.
Ces étrangers,
Doivent s’en aller.


* * *


Que ferait Linda dans un cas comme celui-là ? Octave le devine sans peine.
D’abord trouver la cause de l’agressivité. On peut miser sur la chute de la branche qui les a sans doute dérangés. Ensuite apaiser les tensions en leur parlant avec douceur et si besoin leur donner de quoi grignoter. Il lui reste un fond de chips et deux cookies en plus de quelques poffins qui pourraient faire l’affaire. Avec un peu de tendresse le tour serait joué !
Oui, mais Octave est plus café amer que douceur sucrée. La délicatesse n’est pas son fort et il a clairement autre chose à faire que de s’occuper d’une limace mal dégrossie. Retrouver Diva par exemple.

C’est bon la baudruche ? On peut y aller ?

Deux lianes jaillissent d’entre les branches et s’enroulent autour du concombaffe avant qu’il ne réponde. Elles le soulèvent et l’arrachent à la tête molletonnée du maraiste sans lui laisser le temps de réagir. La boule noire et emportée vers les hauteurs et disparait dans la gueule dégoulinante d’un vortente. Aussitôt la lutte s’engage avec ce casse-croute récalcitrant.
Ça sent mauvais.
Octave veut bouger, mais tout se complique. Les roues de son vélo sont bloquées. Une épaisse toile est entortillée autour du pédalier et des rayons. Il cherche à les débloquer d’un bon coup de pied, mais sa jambe est clouée au sol par une toile crachée depuis les hauteurs. Il lève la tête. Trois mimigals disparaissent entre les branches. Une quatrième glisse le long de son fil, et s’arrête juste derrière la jeune femme. Octave l’aperçoit et tique.
Traquenard.
Il tire la demoiselle par le bras. L’araignée crache, mais sa sécrétion ne fait qu’effleurer la jambe droite de la jeune femme. Il n’y aura pas de second essais. Maestro percute de plein fouet le pokémon insecte et le projette au pied du maraiste. Sonnée, la mimigal se secoue et n’a pour lui que peu d’intérêt. À peine requinquée, elle s’élance droit vers la rouquine du haut de ses six petites pattes.
Octave l’avertit sans possibilité de l’aider. Toujours collé au sol, il s’est accroupit en tenant d’une main le VTT, pendant que l’autre dégage difficilement son pied. Son corps agit tout seul, l’esprit est ailleurs, fixé sur un point de détail.
Ils attaquent la limace, mais foutent la paix à l’amphibien. Pourquoi ?
Le vélo se soulève. Octave aperçoit une paire de liane enroulée autour du cadre. Il lève la tête vers l’obscurité des branchages et une goutte de salive tombe sur sa joue. Une onde de dégoût le traverse. Malgré l’urgence de la situation, il s’essuie le visage d’un revers de main, sans prendre garde que cette dernière est encore pleine de toile. Carnage. Il peste de toutes ses forces et la colère l’embrase. Le deux roues quitte le sol, mais il s’y agrippe avec rage :

J’ai payé une caution !

Une autre paire de lianes vient aider sa consœur. Le VTT quitte le sol et son locataire avec. Octave perd sa basket dans la bataille, mais il refuse de lâcher prise. Il réussit à se retenir du bout des pieds à la rambarde et regrette aussitôt de ne pas abuser plus souvent du rab de dessert de la cafétéria. Il a beau peser de tout son poids, il n’est pas assez lourd pour contrer les deux vortentes dont les crocs luisent désormais entre les branches.
Maestro rapplique pour l’aider, mais le jeune homme commence à cerner ce qui se passe et préfère l’envoyer à la rescousse d’un potentiel allié.

Sauve la limace ! Je gère !

Ou pas.
Ses pieds glissent. Il s’élève brutalement de vingt centimètres et un haut le cœur l’assaille lorsqu’une nouvelle lichée de bave lui dégouline le long du bras. Mais Octave garde ce qui lui reste de calme. Tout va bien. Il a encore une botte secrète.

Mademoiselle ! Prenez-moi dans vos bras ! 

Par. Arcéus.
Vient-il vraiment de dire ça ?
Dans sa tête ça sonnait bien, mais là, prononcé à voix haute, il a l’impression qu’aucun mot ne va. Évidemment, c’est pour faire contrepoids ! Et elle l’a compris n’est-ce pas ? Forcément. Ou peut-être pas. Même s’il pend à un mètre du sol ? Oh la barbe, il ne va pas le préciser quand même… Si ? Non. Peut-être ?
Il n’en aura pas l’occasion.

Maestro a réussi son coup. Bien placée, l’attaque poison croix contraint le premier vortente à cracher son encas. Le concombaffe rebondit deux fois sur le bois, puis roule, groggy et couvert de salive, jusqu’aux pieds de la demoiselle.
Le nostenfer a moins de chance. Il est cueilli au vol au moment de faire demi-tour. Une toile plus solide que celles des mimigals se prend dans ailes et c’est la chute. Son corps rond tombe lourdement près du maraiste.
Octave est blême.

Maes’ !

D’autres fils s’empêtrent entre les jambes de la jeune femme. Une ombre rouge glisse sous la passerelle à toute allure et ressort à l’autre bout. Deux longues pattes jaunes se hissent sur le bois usé, suivi d’une tête écarlate dont les mandibules claquent en cœur avec celles des mimigals.
Lentement, la jeune femme disparait sous les toiles.
Lentement, le mygalos avance vers le concombaffe.


* * *


Blop, cric, wosh,
Le péril est bravé,
Notre marais sera bientôt sauvé.
Le maître aussi
Sera ravi.



H.R.P.:
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