- Kooooorillon ~ ♪ Koooorillon ~ ♪

L’hiver se faisait entendre à l’extérieur, les arbres avaient leurs branches couvertes de neiges tout comme le sol était lui aussi surmonté d’un épais manteau blanc. De nombreuses traces de pas se rejoignaient au seuil d’un des bâtiments de Mauville, dont le bois couplé à la neige lui donnait un charme certain. L’enseigne représentait un pokémon rose, allongé dans une tasse de café et recouvert de crème glacée, et de la cheminée de cette bâtisse s’échappait une fumée qui garantissait la chaleur à l’intérieur du Petit Potin. De nombreux clients s’y rendaient, victimes de la morsure du froid, cherchant un délicieux breuvage chaud pour panser leurs blessures hivernales. À l’entrée du Petit Potin, plus question de clochette, c’était Cracotte qui s’occupait d’accueillir les clients. Ainsi, à chaque fois que la porte du café était ouverte, le petit pokémon clochette sautillait sur place, toute contente d’annoncer l’arrivée d’un nouvel invité. Madeleine arrivait immédiatement à la rencontre du client et le débarrassait de son manteau avant de lui montrer où s’asseoir. Erika, la patronne du café, restait dans la cuisine mais accueillait également les clients, le sourire aux lèvres. L’hiver était saison fructueuse pour le Petit Potin, et la période approchant Noël d’autant plus.

- Mesdemoiselles, votre café et votre thé. Bonne dégustation !
- Merci !

Une silhouette sombre entra dans le café et secoua la longue robe qui lui parcourait le corps pour la débarrasser de la neige qui s’y était accrochée. Autour du visage de cette cliente était nouée une épaisse écharpe en laine blanche, laissant à peine au souffle de la propriétaire la possibilité de s’échapper. Il faisait froid dehors, c’est un fait. Sur l’épaule de la cliente était perché un Hoothoot dont le corps plumeux oscillait doucement de droite à gauche, à la manière d’un pendule. Erika leva la tête et reconnu immédiatement une de ses clientes les plus fidèle, une gentille bonne sœur qui avait à peu près le même âge que la patronne du café. Cette jeune demoiselle venait tous les jours au café, après sa chorale, histoire de se reposer les cordes vocales, sans pour autant s’arrêter de parler. En effet, cette cliente était très appréciée par Erika car elle était très bavarde et écoutait aux murs partout où elle allait, et, étant incapable de tenir un secret, elle divulguait tout à la jeune boucletteuse qui se faisait un grand plaisir d’obtenir autant d’informations aussi facilement.

- Oh ? Bonjour Mélusine ! Ce sera comme d’habitude ?
- Bonjour Erika ! Oui s’il te plaît !
- Madeleine, va la débarrasser, j’arrive.

Le pokémon rose se précipita vers la jeune Mélusine et prit son manteau et son écharpe, dévoilant un petit Natu caché dans les plis du manteau qui sautilla rapidement pour éviter de rester dans l’amas de tissus qui le protégeait. Madeleine guida la cliente vers une table avant de repartir vers une autre table où d’autres clients avaient fini de boire leur café chaud. Le Petit Potin battait son plein, on parlait, on riait en rythme avec le son des petites cuillères frappant contre les tasses de café presque vides. Erika sortit une religieuse (la pâtisserie bande de dégueux) du frigo de la cuisine et la posa sur un plateau, en compagnie d’une tasse de café bien chaude et de deux choux aux baies pour ses pokémons. La boucletteuse rejoignit sa cliente et voyant que personne n’avait besoin d’elle s’installa en compagnie de sa cliente, histoire de papoter de petits potins.

- Aaah j’adore cette période, la neige qui tombe, le sol recouvert de son manteau blanc, c’est tellement magique ! Aaah, et puis nous allons bientôt fêter Noël à l’église ! Oh ! J’allais oublier d’acheter les décorations pour le sapin de cette année, c’est moi qui en suis chargée…
- Tu vas fêter tout ça à l’église avec les filles ?
- Hm hm, mais ça ne durera pas toute la soirée alors je ne sais pas vraiment quoi faire après, et puis fêter Noël seule, ça ne me tente pas vraiment…
- Vient au Petit Potin, j’organise une soirée !
- Ooooh, comme la soirée d’Halloween ?
- Oui ! Mais elle débutera dans l’après-midi et se terminera dans la soirée, la nuit il fera trop froid…
- J’y viendrai alors, ça a l’air amusant ! Oooh, ça me fait penser, tu as lu le PokéMonde dernièrement ?
- Oh tu veux parler de cet article ? Quel malheur qu’on ne se soit rendu compte de cette disparition que maintenant. Qui sait ce que les Quetzacoalts vont faire maintenant…
- Bon, tu le répètes à personne hein, mais le frère d’une amie travaille à la police, et il lui a dit qu’ils ont tellement bien craqué le système de la Sylph SARL qu’ils ont laissé aucune trace derrière eux, comme si tout était millimétré ! Ça m’effraie, tout ça… Je me sens observée, c’est désagréable…

Un nouveau client entra dans le café tandis que d’autres s’apprêtaient à en sortir en reprenant leurs manteaux grâce à Madeleine. La boucletteuse blonde se leva pour rejoindre ses clients et s’excusa auprès de Mélusine.

- Arrête de te tracasser va, ils se feront bien attraper un jour.
- Qu’Arceus t’entende ma chère Erika…

En période de Noël, une telle nouvelle avait sacrément secoué les populations, l’article du PokéMonde avait fait coulé beaucoup d’encre. Ces Quetzacoalts, qui étaient-ils exactement ? Erika possédait de nombreuses informations les concernant, notamment de la part des clients mais aussi de ses collègues Rockets, chacun gardant un œil sur les agissements de cette organisation obscure. Leur but était clair, ressusciter l’oiseau sacré, mais étaient-ils vraiment certains que leur plan marcherait ? Erika était un peu à part de cette intrigue, ses ordres n’étaient pas d’observer les faits et gestes des Quetzacoalts, bien assez de personnes s’occupaient de leur cas…


La porte en verre de l’immense dôme s’ouvrit délicatement et se referma aussitôt dans un claquement sourd. Erika secoua ses habits pour les débarrasser de la neige et enleva son chapeau, en signe de politesse. À peine eut-elle fait un pas qu’une créature végétale apparut à travers les feuillages qui muraient la serre, posant ses fines pattes sur le sol fertile. La demoiselle se trouvait dans la serre d’une de ses amies du nom de Pétunia. Cette dernière vivait dans un immense espace clos, délimité par des murs en verre et orné de nombreuses fleurs et environnements végétaux tel que des arbres fruitiers ou de petits potagers. Pétunia vivait dans une grande serre dont chaque graine avait été semée par ses mains. Des pokémons plantes avaient même poussés dans cette serre et la jeune fille était à la tête d’une véritable citadelle végétale contenant un nombre incalculable de pokémons plantes, tous plus différents que les autres.

La créature qui accueillait Erika était Primula, un Phyllali qui était le pokémon le plus proche de Pétunia. La propriétaire de la serre apparut quelques secondes après son compagnon, un arrosoir dans les mains et son charmant chapeau fixé sur sa tête. La jeune fille sourit à Erika et la salua de sa douce voix avant de l’inviter à boire le thé en sa compagnie.
L’endroit était tellement fourni en matière de végétaux qu’il changeait tout le long de l’année et chaque visite d’Erika se nourrissait de nouvelles découvertes, ce qui était très agréable pour la jeune patronne du café. Cette dernière portait dans sa main un petit paquet rose surmonté d’un ruban rouge, renfermant des chocolats pour son amie qui était incapable de sortir de sa serre, un petit cadeau en somme. Pétunia guida son amie à bouclettes jusqu’à un petit kiosque en acier blanc surmonté de roses toujours en fleur malgré la saison. En son centre était posée une adorable petite table forgée dans la même matière que le kiosque, accompagnée de deux chaises décorées de fleurs elles aussi. Si personne ne savait que la saison actuelle était l’hiver, on se croirait au printemps, le décor était charmant.

- Tiens, je t’ai apporté des chocolats, faits maisons !
- Oh ! Nous pourrons les manger avec le thé, j’ai fait un nouveau mélange qui devrait s’accorder parfaitement avec. Bien, que se passe-t-il à l’extérieur ?
- Rien de spécial, il neige de temps en temps et beaucoup de clients viennent au café pour se réchauffer, je fais d’excellentes recettes en ce moment ~
- Félicitations alors ! Mais sinon, Quel était ce service dont tu m’avais parlé dernièrement ?
- Hm… Ça me gêne de te demander ça mais, je sais que dans ta serre tu as beaucoup de pokémons plantes, et j’ai besoin de ton aide pour l’animation de la fête de Noël, ça te dirait ?
- Mon aide ? Oh oh oh ! Oh oui ! C’est rare que je puisse aider quelqu’un, alors dit-moi tout !
- Tu aurais la possibilité de me trouver des Blizzis ?
- … C’est tout ? Je m’attendais à bien plus compliquer. Tu sais, dans ma serre il n’y a que des pokémons plantes, et comme nous sommes en hiver, évidemment que je saurai t’en trouver, j’en ai beaucoup dans ma serre !
- Vraiment ? Oh génial ! J’ignorais s’ils allaient venir jusqu’ici, comme dans ta serre il ne fait pas aussi froid qu’à l’extérieur…
- Au sud de la serre il y a un petit quartier à moitié ouvert avec l’extérieur où la température est la même, ils sont tous là-bas ! Oh ! J’y pense, j’ai même mieux pour faire une fête de Noël comme il se doit !
- Je te suis toute ouïe ! Hmm, ce thé trop bon, je vais te piquer ta recette !
- Huhu, merci, tes chocolats sont très bons aussi, hein Primula ? Bon, suit moi je vais te montrer ce que je peux te confier.


La veille de Noël était arrivée, mais au lieu d’emballer des cadeaux (elle l’avait déjà fait avant, voyons !), Erika guidait ses petites troupes dans le parc du Petit Potin, recouvert d’un immense et épais manteau de neige. Le soleil était néanmoins présent et réchauffait de ce qu’il pouvait la température, bien que la neige n’était pas prête à fondre. La demoiselle aux bouclettes était debout sur le sol blanc et, le visage emmitouflé derrière une grosse écharpe en laine, guidait les nombreux pokémons qui se trouvaient dans le jardin. Une armée de Blizzis était en effet présente et sautillaient gaiement dans la neige, à l’aise dans leur habitat naturel. Pétunia avait fait fort, sa serre était vraiment un nid à pokémon plante, mais de là à renfermer autant d’aussi belles créatures, Erika était loin de se douter d’une chose pareille. Quoi qu’il en soit, cela l’arrangeait et la fête de Noël en serra bien plus amusante, surtout qu’en plus des Blizzis, des Vivaldaims ayant revêtu leur pelage hivernale étaient aussi de la partie, eux-mêmes provenant de la serre de Pétunia mais étant moins nombreux à cause de leur rareté.

Les pokémons se regroupèrent au centre du parc où l’air ambiant se cristallisait à cause de la surpopulation des Blizzis, tous regardèrent Erika, accompagnée de Madeleine et de Korillon. Cette fois-ci, elle devra tout organiser, pas de Jelly Lily magique !

- Bien vous tous ! Pétunia vous a permis de sortir de la serre pour vous amuser avec beaucoup de gens, mais vous allez devoir m’écouter, d’accord ? Si vous faites tout comme il faut, chacun de vous aura une part de bûche ! Faite maison !

Madeleine brandit alors une bûche au-dessus de sa tête, décorée à la perfection et garnie de couleurs chocolatées et fruitées qui mettaient l’eau à la bouche. Les pokémons, ayant déjà été corrompus par les pâtisseries d’Erika, savaient que cela valait le coup de faire ce qu’elle désirait et puis, malheur à celui qui ne respecte pas les paroles de Dame Pétunia ~ Tous les pokémons confirmèrent alors à Erika qu’ils allaient suivre ses exigences, sachant pertinemment que la fête qu’ils allaient préparer garantissait beaucoup d’amusement.

- Bien ! Alors voilà le plan, les Blizzis, suivez Madeleine, elle va vous montrer où vous placer et ce que vous devrez faire ! Les Vivaldaims, avec moi et Cracotte, et toi aussi mon gros, on va s’occuper de la décoration !

Le jardin du Petit Potin fourmillait d’activité, les Blizzis et la jeune créature rose s’organisaient et se plaçaient exactement là où ils le devaient tout en jouant avec les guirlandes et autres décorations de Noël. Erika et les autres pokémons plaçaient les jouets en bois et posaient les sapins tout en les ornant avec des boules et des baies.
Derrière sa fenêtre couverte de buée, Mamie Sawako regardait sa jeune protégée se démener pour Noël et souriait en compagnie de ses pokémons tout en préparant des tasses de thé à ces petits pokémons qui devaient avoir froid dans ce froid hivernal. La vieille dame demanda à ses propres compagnons d’aller aider Erika afin que tout se fasse convenablement.
Des flocons de neiges tombaient doucement dans le parc et sur les toits des maisons de Mauville. L’esprit de Noël s’invitait dans la tête des habitants de Johto et Kanto, tous souriant en réfléchissant au cadeau qu’ils allaient obtenir le soir venu.

Mais ce cadeau sera-t-il vraiment celui attendu ?

Règles de l’event

Le Petit Potin fête Noël ! Au lendemain du réveillon, tout le monde a ouvert ses cadeaux mais la fête n’est pas finie ! En effet, le Père Noël a déposé un peu plus de cadeaux au café de Mauville, peut-être en a-t-il perdu en cours de route ? Quoi qu’il en soit, la patronne du Petit Potin ne joue pas les égoïstes et distribue ses cadeaux aux gens qui daigneront venir s’y amuser ! La neige est tombée et des cadeaux avec, alors qu’attendez vous, venez ! Vous ne regretterez pas le passage ~
L’ouverture de l’événement se fait dans l’après-midi et s’achèvera dans la soirée, avant que la nuit glaciale ne tombe. L’entrée se fait par la porte d’entrée du Café, une fois à l’intérieur vous retrouverez Erika, habillée en Mère Noël, derrière un comptoir où sont posés des cadeaux. Chaque paquet contient des décorations de Noël (et des petites pâtisseries) toutes différentes les unes des autres. Vous devrez ensuite sortir du café et passer par l’entrée du jardin comme vous le dira Erika une fois vous avoir remis votre paquet.

Le parc est décoré avec des ornements de Noël plutôt simples comme des sapins ou des bonshommes de neige, mais il est aussi orné d’immenses jouets en bois comme des trains ou des cubes issus de coffre à jouet, mais également d’immenses sucres d’orges dont les couleurs chatoyantes rappellent évidemment Noël.

Votre but, vous promener dans le parc enneigé et trouver un petit Blizzi caché dans la neige. Faites attention, ces petites créatures sont assez farceuses et aiment les batailles de boules-de-neige ~ Bref, une fois que vous aurez trouvé votre Blizzi, amusez vous à le décorer avec tout ce que vous pouvez trouver dans le paquet, guirlandes, étoiles et compagnie feront de votre Blizzi un joli sapin bien garni ! En plus de ces pokémons là se promènent dans le parc des Vivaldaims maquillés pour l’occasion en rennes du Père Noël. Ces derniers sont disséminés un peu partout dans le parc et traînent derrière eux un mini traîneau portant de nombreux paquets cadeaux contenant des friandises, des cadeaux et d’autres décorations pour votre Blizzi !

Votre Blizzi doit être le plus beau, le mieux décoré car les personne qui feront une belle description de leur petit sapin vivant auront une petite récompense bonus à la fin de l’event, alors appliquez-vous !

Plus tard, lorsque le ciel sera sombre, vous devrez suivre les Blizzis et/ou les Vivaldaims qui vous guideront au centre du parc. Des guirlandes électriques y sont enchevêtrées autour d’un immense sapin sous lequel sont posés les vrais cadeaux ! Vous pourrez entamer une petite ronde autour de ce sapin en compagnie des autres Blizzis, joyeusement. Tout le monde doit être regroupé au centre du parc où vous seront distribués vos cadeaux, à vous de faire en sorte que la soirée soit belle et respecte l’esprit de noël.

Consignes :

• Passez par l’entrée du Petit Potin et obtenez votre cadeau de la part d’Erika ou de Madeleine.
  
• Faites en sorte que la décoration du Blizzi soit amusante et drôle à lire, on est là pour s’amuser pas pour s’ennuyer !
  
• Vous pouvez varier un peu la mise en scène et faire quelque chose d’original avec les Vivaldaims et la ronde autour du sapin, il faut juste qu’à la fin vous arrivez avec les autres autour du sapin illuminé.
  
• Comme il y a beaucoup de Blizzis dans le parc, il floconne un peut dans le parc, donnant à l’endroit une atmosphère différente et magique. N’oubliez pas qu’il y a un peut partout des énormes jouets en bois, vous pouvez les utiliser, entrez en interaction avec ce que vous voulez, vous êtes libre de faire ce que vous voulez, du moment que c’est chouette !
  
• Amusez-vous, encore et encore ! Faites quelque chose qui fasse sourire plutôt qu’un post qui est là pour gagner des points et des mots.

Comme pour Halloween, votre cadeau sera donné à la fin de l’event, vous avez jusqu’à la semaine prochaine pour poster (2 Janvier), il n’y a pas d’inscription à faire. Je conçoit que cet event laisse moins la place aux rebondissements, mais derrière tout cadeau se trouve la surprise qui se fait à sa découverte, alors amusez-vous bien !

Giovanni, tranquillement installé dans son fauteuil de cuir d'Ecremeuh tamisé, un verre de whiskey à la main, jeta avec dédain son téléphone dernière génération sur un coussin légèrement plus loin. Une inspiration se fit, et une gorgée d'alcool s'entama, tandis que les fines iris du mafioso fixaient la fenêtre qui affichait hélas un temps maussade, de par ses nuages gris, ennuyeux, dû à son manque de neige, et pénible, pour les deux précédentes raisons...
En concordance avec son Noël, à vrai dire.

En effet, voilà environ une quinzaine de minutes quasiment qu'il se prenait le bec avec l'agente responsable de la liaison entre lui et la police, soit... Nancy Houghton.

Et ça commençait sérieusement à lui pomper sur les nerfs. Surtout étant donné la nature fébrile et gamine de leur mésentente.

La rouquine souhaitait de tout coeur inviter le Boss de la Pokémafia à aller manger dehors. En gros, elle tentait depuis quelques semaines à l'obliger à l'inviter, ELLE, pour manger un menu exorbitant à SES frais. Du moins c'était l'idée qui trottait dans la tête de la poulpausurus depuis qu'elle avait fini son acné... Un tête-à-tête avec son amour d'école.

Sauf que son "amour d'école" était de loin enchanté par l'idée... bien qu'il devait se l'avouer que la tentation d'accepter fut bien présente.

Après tout... cette année-ci, son Noël avait été quelque peu... plus empreint de solitude que les années précédentes.

Et oui... Sa soeur profitait d'un instant d'intimité avec Altruis (il frissonna à cette pensée, c'était sa soeur, superzut), Meister devait faire de même avec Nephtys, et sûrement que l'idée d'inviter son frangin ne lui avait même pas effleuré l'esprit, son père devait dépenser des thunes au casino en compagnie de dames... Et ses enfants, leur évoquer Noël reviendrait à leur pointer une lame dégoulinante de cyanure dans le coeur...

De plus, Sakaki n'avait fichtrement aucune idée où sa progéniture traînait en ces heures de fête, et n'y prêta pas grandement attention. Après tout... ils étaient adultes et grands. D'autant plus qu'ils n'avaient jamais vraiment eu besoin de lui pour passer de merveilleux réveillons...

Une autre gorgée d'alcool se fit, vidant le verre qui restera vide. Certes, après les événements dans le manoir Sakaki, Giovanni préférait limiter sa dose... Surtout que Persian ronronnait tranquillement au coin de la cheminée. Et n'était donc pas aux aguets face à une éventuelle offensive.

Ce fut pour cette raison que le quadragénaire ne tarda pas à se lever de son canapé et à armer un magnum qui traînait par là (oui il en disposait dans toutes les pièces de ses appartements désormais, par mesure préventive). Arme qu'il chargea et actionna la sécurité, avant de l'enfouir dans son porte-arme qui lui faisait des bretelles à sa chemise blanche...

Parano ?

Que nenni. Plus prudent, c'était tout. Quand on avait été à deux doigts de finir la cervelle délogée de la caboche, on prenait certaines précautions. Voilà tout. Bien que normalement cela aurait dû faire depuis bien plus longtemps que le pokémafieux agisse prudemment... Mais la chance avait toujours été de son côté, sauf ces dernières années où elle paraissait se rebiffer du côté terroriste.

Aussi, désormais, sa chance il devait la faire lui-même.

Un bruit soudain de vaisselle cassée eut pour effet de directement enclencher le mode survivor du mafioso qui se dépêcha de sortir l'arme de son étui. Immédiatement, moult scénarios s'offrirent à lui. Entre le simple voleur voulant voler le roi des voleurs, le terroriste moyen venu pour le tuer, le professionnel engagé par Vidic pour le tuer, une vendetta personnelle... le choix était vaste, mais il n'y avait qu'une manière d'agir...

Approchant à pas feutré de la cuisine, discrètement, le pokémafieux enleva la sécurité et arma le chien de son arme. Et, tout à coup, inspirant un bon coup, il apparut dans l'encadrure de la cuisine et dégaina en direction de la source du bruit.

Un bruit de culasse chargée autre que la sienne se fit, et tout à coup, deux canons se fixèrent.

Un appartenait à un Tanfoglio T95 dont la crosse était d'un rose pêtant, et l'autre un sobre mais classique Magnum .44. Devinez à qui appartenait la crosse outrageusement rose...

"Rooh mais Giovanni-kun, t'en fais pas, j'ai juste fait tomber ta bouteille de whiskey, pardon !"

L'expression faciale qu'aborda soudainement le quadragénaire suffit à démontrer à quel point cet acte était tout sauf anodin. Crispant sa bouche dans un rictus légèrement compromis entre plaisanterie [ce ne pouvait être vrai, Nancy, dans SA cuisine, qui bousillait un Blended Malt Scotch... C'était surréaliste] et réel énervement [un Blended Malt Scotch damnation !], Giovanni articula difficilement ces mots :

"Tu as quoi ?"

"Bahh, c'était pas bon pour ce que tu as ! Tu mérites bien mieux ! D'ailleurs, tiens ! Pour toi !"

N'ayant même pas abaissé le canon de son arme, Sakaki se vit soudainement agresser par un paquet exagérément décoré de petites guirlandes rouges et violettes, avec un emballage flamboyant de vert et autres couleurs typiques de Noël.

"Nancy, n'avais-je pas dit non au téléphone ?"

Ah... je passais sous un tunnel... avec les perturbations des ondes ... ça avait l'air d'un oui tu sais...

Une petite couleur vint tinter les joues de la presque quadragénaire. Comme si la honte du mensonge lui produisait cet effet. A moins que ce soit car Giovanni s'était désormais saisi du paquet et le gigotait gentiment, avec appréhension.

"Tu l'ouvres ? "

La bouche en coeur, la jeune femme, d'une mini-jupe vêtue, s'assit sans gêne sur une chaise et croisa les jambes alors que des étincelles brillaient dans ses iris. De l'autre côté de la cuisine, un regard de deuil fut atterré en direction du cadavre de la bouteille brisée, noyée dans son précieux liquide.... avant qu'une arme fut rangée dans son étui. Et que des bruits de déchirement de papier se firent.

Et oui, Giovanni daignait ouvrir ce fichu paquet.

Pourquoi ? Sans doute n'avait-il rien de mieux à faire. Et il savait Nancy hélas bonne tireuse. La descendre risquerait de lui coûter trop cher... autant ouvrir son cadeau.

AloooOOOOoooors ?

"..."

Un petit silence franchement dubitatif se fit. Puis...

"Outre les menottes... Je ne comprends pas le sens de ton cadeau. Pourquoi.... y a -t-il une carte ?

Questionna sans enthousiasme le manitou Rocket alors qu'il brandissait d'une main une paire de menottes rosounettes à pompons et de l'autre une carte de ce qui semblait être la région de Johto.

"AlleEEz... Devineuh !"

"..."

"Mais encore ?"

"........"

"Allez, t'y es presque !

"........................."

"Bon... d'accord.... Si tu as envie de savoir, suis-moi !"

Et la demoiselle se leva d'un bond de félin avant de s'en aller proprement, laissant la porte entrouverte.

Cependant, remarquant au bout de 3 minutes que Giovanni ne suivait pas, elle se résolut à revenir, pour retrouver le mafioso allongé sur son fauteuil, examinant les menottes avec une certaine curiosité tandis que Persian ronronnait toujours. L'originaire de Chadeville ne s'était même pas donné la peine de se réveiller lorsque Nancy avait fait irruption, pour cause, il avait reconnu son odeur, et la savait inoffensive.

Ce qui n'était pas un point de vue partagé pour tout le monde. Après tout, Nancy faisait mal à Giovanni. Déjà, à son honneur, sachant qu'elle était flic gaminesque et amoureuse de lui, ensuite, à son argent, elle lui subsistait des fois sa carte de crédit, et à ses parties génitales (référence : la fois où Nancy lui avait accidentellement flingué les coucougnètes en lui faisant un câlin...). Sans oublier les divers torts moraux d'ordre d'humiliation publique qui s'accommodait quand on avait la folie de l'avoir dans son entourage dans un lieu bondé de monde.

Bref, les moments passés avec la rouquine étaient de ceux que Sakaki zapperait bien de sa mémoire, mais ça, la jeune femme ne le comprendrait jamais. Voilà pourquoi elle ne cessait jamais de se raccrocher à lui comme un Kokiyas à son rocher. Et ce depuis la fin de son adolescence.

"Booon. Puisque tu joues au grincheux... On va au Petit Potin ! La gérante organise un truc super ! J'avais été pour Halloween avec un... huhu collègue ! Et c'était juste E-X-T-R-A. J'aimerais bien te faire découvrir ça ~"

Durant un bref instant Giovanni détacha son regard des menottes pour le porter sur Nancy. Avant de le reporter sur les menottes.

"Ah mais c'est pour après les menottes Rondoudous !"

Petit clin d'oeil salace qui indifféra l'homme. Se relevant, et jetant loin les menottes, Sakaki enfila rapidement un veston à revers cranté noir, dissimulant sa chemise blanche et accessoirement son arme.

On aurait pu s'attendre à un cri hystérique de la part de la jeune femme. Du style "YATAH". Mais non. Nancy demeura incroyablement calme. Même... surprise. Ses cils dotés d'une épaisse couche de mascara clignèrent plusieurs fois, comme si elle se demandait si c'était réel. Giovanni allait venir avec elle, sans qu'elle eût à menacer d'appeler Vidic... Elle n'aurait jamais pu rêver d'un meilleur cadeau, sûr que non !

Mais détrompez-vous. Ce n'était guère un acte de pitié, ou de gentillesse. Ô que non. Mais un pur choix égoïste. Après tout, Giovanni était riche. Les milliards, il en avait compté pas mal durant sa vie. Et de ce fait, il demeurait en lui une lueur d'excentricité que seule cette classe sociale connaît. Cette petite lueur qui n'autorise pas l'ennui, et désire s'aventurer parfois dans de folles promenades. Bien que le bon sens l'interdise.

Et accepter la requête de la demoiselle revenait à se laisser aller à cette petite lueur d'excentricité.

"Ohhhw, je peux conduire le jet ?"

"Pour une question de discrétion, je propose de prendre mon Aston Martin.

~~~~

*Quelques heures plus tard*

Une portière s'ouvrit. Et alors qu'une main se tendait, à la recherche d'une autre main pour aider à sortir de la voiture, une indifférence totale se fit, Giovanni fermant avec une brutalité contenue sa porte. Tandis que Nancy décidait qu'elle pouvait oublier son prince charmant... et sortir d'elle-même de la voiture.

Johto... c'est tellement joliiiii !

Ne put s'empêcher de faire remarquer la rouquine. Et Sakaki ne pouvait qu'être d'accord... contrairement à Kanto, il y avait de la neige ! Un épais manteau blanc recouvrait la végétation et sûrement la faune. Quelques petits flocons timides tombaient çà et là, recouvrant peu à peu les diverses empreintes de pas menant toutes vers une direction particulière : une mignonne petite maison. Mignonne ? Ce n'était pas l'adjectif qu'utiliserait Giovanni, après tout, il avait une réputation à tenir mais... charmante, certes. La décoration était bel et bien hivernale.

Plusieurs bonshommes de neige revêtant tantôt la forme d'un Miaoüss que de Pikachu, pokémons basiques pour les plus petits. D'autres sculpture de neige étaient néanmoins plus techniques, tel qu'un, plus discret, enfoui au fond du jardin et qui arborait la forme de ... Regice...

"OHH un Regice !"

Lorsque Nancy exclama cela, Sakaki crut devoir accepter la présence du petit-fils de son plus éminent empêcheur de tourner en rond. Heureusement, en suivant la direction que pointait le doigt de la fliquette, il remarqua rapidement qu'elle parlait du membre du trio Golem. Légendaire très ancien que beaucoup de civilisation nordique aimait vanter les mérites.

Le quadragénaire s'attarda un moment pensif sur cette sépulture de glace faite, arborant un manteau neigeux, mais une main attrapa son bras et le tira à l'intérieur du Petit Potin.

~~

HOOOW C'EST MEUUGNON !"

La porte du Petit Potin à peine franchie, Nancy avait trouvé un moyen de se faire remarquer de tous, en sprintant vers un grand jouet en bois arborant la forme d'un simularbre doté d'un chapeau de Noël qui se mouvait en chantant : "Jingle Beells ♫". Donnant la fabuleuse mais fatale idée à Nancy d'imiter le chapeau en bougeant la tête de gauche à droite et de pousser la chansonnette... avec ses cordes vocales.

Très rapidement, par souci de survie auditive, une main gantée vint saisir sa bouche et l'entraîna vers le comptoir (nourrissant des fantasmes certains à la demoiselle mais qu'elle avait la décence de cacher).

Sans prêter attention à qui s'occupait de la réception, Giovanni sortit une petite liasse de billets mais la main de Nancy vint le stopper.

"Mais voyons ! C'est gratuit ! C'est Noweeel !"

Une mine légèrement dédaigneuse s'offrit à elle tandis que le quadragénaire rangea son portemonnaie dans sa poche intérieure.

"Tu sais, Erika est une gentille fille ! Elle va pas faire payer ses clients le jour de la générosité !!"

Un petit sourire de travers se fit, lorsqu'il entendit le nom de la gérante. Repensant à sa tireuse d'élite qui avait perforé le crâne de plus d'un. Et ce fut seulement lorsque Nancy cita son nom que Giovanni daigna lever la tête pour observer de ses propres yeux l'organisatrice de l'événement....
Et là.

Le choc fut grand.

En effet. Lorsque vous avez personnellement surveillé l'ascension d'une petite fille à l'air innocente au sein d'une organisation criminelle... Lorsque vous l'avez vu de vos propres yeux tuer par dizaine à coup de sniper des ennemis, pas forcément des gens mauvais, seulement des ennemis de la Team Rocket (souvent des gens bien d'ailleurs), quand vous avez pris l'habitude d'associer son image à l'odeur de la poudre et de la chair perforée...

Et que vous la voyez déguisée en Mère Noël dans un décor festif agrémenté d'une odeur de cookies, brownies et fondant au chocolat.

Vous perdez un peu vos repères.

Aussi, il y eut une sorte de moment d'absence, de la part du Parrain.... avant qu'il répéta les propos de Nancy d'une voix lointaine.

".... Une gentille fille...."

Ce petit moment gênant, où le silence est roi.

".... Tu ne penses pas si bien dire."

Offrant un sourire complice à Erika, Giovanni se saisit d'un cadeau que Bélaine, ou il ne savait plus quel nom avait la Nanmeouie, lui tendait. Balayant la gêne présente. Nancy fit de même en gratifiant la malheureuse Pokémon d'un bon bisou baveux. Erika fut chanceuse de ne pas avoir à distribuer ces cadeaux elle-même...

Et, une fois les mains pleines d'un petit cadeau, le "couple" s'en alla vers le jardin. Et la petite porte à peine poussée, une vague d'un froid étrange vint saisir aux poumons le mafioso et la policière. Tous deux eurent une légère surprise, en voyant une drôle de neige, plus intense mais différente de celle régnant dans l'ensemble de Johto. En effet, les flocons semblaient être en suspension un court moment avant de regagner le sol, et ils virevoltaient parfois à contre sens. Et des petites plaques de glace se formaient çà et là, rendant un petit aspect brillant au jardin.

Nancy, avec ses bottes à hauts talons, s'il vous plaît, s'aventura comme une danseuse faisant des esquisses d'une danse apache, sautillant de joie. Relevant la tête en direction du ciel, et ouvrant la bouche pour en récolter les flocons.

Giovanni lui soupira et balaya d'un regard l'espace autrefois vert qui s'offrait à lui. Rapidement il croisa le regard des statues de bois qui s'y trouvaient, semblables au Simularbre trouvé à l'intérieur, mais qui arboraient d'autres formes !

Droit devant lui, un Nidoking figé, avec une petite couche de neige sur les épaules et la tête. Et une écharpe avec des smileys père-noël ornant son cou massif. A sa droite, une Nidoqueen, qui avait des boules de noël en guise de... Boucles d'oreille (voyons !).

Il se devait de l'avouer, les détails de ses figurines étaient bien faits. Bien qu'il manquait le côté "impressionnant" de ces bêtes, notamment au niveau de la taille qui n'était pas celle à l'éch-


HIhi, TRONCHE DE NEIGE !

Une petite boule neigeuse se défit, descendit lentement, mais sûrement, le long du visage du mafioso. Tandis que la victime de cette attaque demeurait immobile, serrant les dents aussi forts que leur émail le permettait...

"... Nancyyy...."

"Viiiiiii ?"

La concernée avait déjà passé à autre chose et semblait fascinée par un étrange petit être dans la neige.
Sakaki lui enfouit sa main dans la poche, une mine autrement plus malsaine seyant son visage, dirigé par l'envie de faire souffrir.

"Que dirais-tu de... tronche de plomb ?"

Saisissant son magnum, prêt à sortir de l'étui, non pas pour flinguer la flic, mais seulement pour la forcer à danser à la Joe Dalton, bien que niveau discrétion c'était pas le plan idéal, Giovanni esquissa un petit rire et s'apprêta à dégainer.

Mais une drôle de chose sortie de nulle part bondit sur lui tel un cow-boy sur son Ecremeuh, avortant totalement son geste.

Nancy, en entendant Gi jurer, se retourna et parut abasourdie.

Ohhhhhhhhhhh ! Tu en as aussi trouvé un de blizziiiiiiii ♥

A cette phrase, elle souleva celui qu'elle observait tout à l'heure (allez, ça ne pèse que 50 kilos voyons !). Et l'amena devant le mafioso qui après s'être débattu comme un Tauros, abandonna l'idée de déloger le pokémon de ses épaules.

♥ J'adore tellement son collier, et ses pompons !"

En effet, celui de Nancy possédait des guirlandes tout autour de son cou qui s'illuminaient de différentes couleurs par intermittence. Aussi, des teintes jaune, bleu, vert, rouge, violet et rose apparurent sur le visage ébloui de la demoiselle. De plus, le Blizzi possédait autour de sa tête des pompons rouges et blancs, comme ceux pour protéger les oreilles. Bien qu'il en soit dépossédé. Mais le malheureux parvenait tout de même à entendre la jeune femme pousser des petits cris admiratifs aigus digne des gamines surexcitées.

Ohhhhhhw le tien aussi est choupi Gi !"

Une mine totalement digne des joueurs de poker hautement concentrés contrastait terriblement avec celles d'une princesse sous ecstasy de Nancy.

"Choupi ou pas, j'aimerais bien qu'il me libère les vertèbres."

BliiiiZzziiii !

Forçant de sa petite masse à faire avancer le quadragénaire, le pokémon enleva son petit chapeau de Noël volé à une statue quelconque et le vissa sur la tête de sa monture. Rendant soudainement le champ de visibilité de Giovanni particulièrement restreint.

"Si tu descends pas dans les 6 secondes je jure de te transformer en descente de lit !

"Mais voyons, Giovanni-Kun, tu ne peux pas transformer une plante glacée en descente de lit ! Ca n'a pas de fourrure !"

On put entendre le pokémafieux maugréer "Je trouverais bien un moyen ! alors que sa comparse lui saisit la main pour l'emmener vers seule elle savait où.

Giovanni n'était pas très rassuré.

Heureusement, le fait que ces bras tentaient de soulager le poids du Blizzi inconnu qui l'avait pris pour un Galopa, et que son chapeau de noël arrivait en-dessous de ses yeux, il ne put rien voir de toutes les imbécilités que fit Nancy, ni où elle le promenait. Toute la .... journée quasiment. Alors que le Pokémafieux tentait vainement de faire descendre de toutes les manières possibles le pokémon (glisser volontairement sur du verglas, effectuer une roulade, se la jouer rodéo Tauros violent, proférer des menaces, tenter la corruption...), Nancy fit le tour du jardin et ne cessait de prendre des photos çà et là des différentes statues. Posant avec. Ou des fois photographiant Giovanni, car on ne voyait pas tous les jours un des hommes les plus puissants au monde se faire monter dessus par un sapin de noël vivant.

Nancy, c'est quoi ce flash !?

C'est pour la postérité mon brave !

On ne put entendre clairement ce que rétorqua l'objet de la postérité, mais le mot "saligaude" en faisait partie.

Enfin, après une longue journée où Nancy s'amusait à faire des bonshommes de neige avec son petit Blizzi tout choupinet qui ne tarda pas à l'abandonner pour trouver une autre personne (la nana était quand même lassante au bout de quelques heures, même pour le plus patient des pokémons), le ciel s'obscurcit un petit peu.

Et, alors au sommet de la dépression, assit sur un bonhomme de neige qu'il venait de décapiter, Sakaki sortit une flasque de whiskey de sa poche tandis que ses muscles criaient à la douleur, le Blizzi n'étant plus soutenu par ses bras et s'accrochant comme un fou à ses épaules.

Nancy au même moment hurla : "OH UNE BAMBINETTE !". Profitant d'avoir une main libre, Giovanni releva malgré tout son chapeau de noël et constata une petite Vivaldaim, au pelage rose tacheté de jaune. Autour de son cou se trouvait une petite écharpe, rouge à rayure verte. Son museau était doté d'un faux nez qui s'illuminait rouge.

"Ts... une bambinette au nez rouge en plus.

Se moqua-t-il de tant de superficialité alors qu'une autre gorgée d'alcool se fit.

Au même moment, son Blizzi le soulagea de son poids, lâchant enfin ses épaules. Puis, l'enlaçant dans un élan de gratitude infinie pour ce moment passé en hauteur ! Cette magnifique balade faite d'un point de vue de dirigeant, d'Empereur ! Il avait adoré ça, et en remerciait grandement l'humain !

Ledit humain quant à lui soupira d'agacement. Agacement qui s'agrandit quand le Blizzi, intrigué par l'étrange petite flasque, vint la saisir, tout à coup. Laissant pour la première fois l'occasion à Sakaki d'enfin voir son assaillant.

Il était... banal, dans la forme. Sa carapace de glace revêtait les couleurs hivernales du bleu et du manteau neigeux blanc. Son ventre quant à lui virait dans les marrons. Cependant, on avait dessiné (à la craie ? Ou... au sucre glace ?) sur son ventre la figure d'un petit père noël grossièrement fait, où dessous était inscrit : "Merry Christmas !".

Pour de ce qui était de sa tête on lui avait fait pendre des petites guirlandes colorées à l'endroit où ses drôles de crevasse lui faisant office de cheveux se rejoignaient. Lui donnant ainsi presque l'air d'un rasta... Ou d'une parfaite déco de Noël, dépendant du point de vue.

Mais ça n'était que détail. L'important, c'était que ce bachibouzouk venait de comprendre que du liquide était contenu à l'intérieur de la bouteille. Et que donc, ça se buvait !

J'crois qu'il va trinquer Gi !"

"Tss... déjà, il lui faudrait une bouche pour cela.

Et, comme pour contredire sa monture humaine, le Blizzi vida l'entier de la flasque sur sa tête....

Transformant soudainement sa couleur blanche de tête en du jaune foncé (et bien oui, quelle couleur elle a la neige, quand vous renversez du liquide dessus, hmm ?).

♥ Blizziii

Sautillant de joie, ou d'alcoolisme élevé dans l'organisme, on ne sut vraiment le dire, le Blizzi accourut vers Bambinette et lui sauta dessus. La petite Vivaldaim poussa un petit cri plaintif et se mit à galoper en direction inconnue.

Oh non partez pas !

Saisissant soudainement la main d'un Giovanni à deux doigts de sortir son magnum et faire du tir au Bliizzi, Nancy les prit en chasse. Malgré les vives protestations du quadragénaire.

Heureusement, la course fut plutôt courte, car ils arrivèrent rapidement devant un immense sapin de Noël et devant lequel des dizaines de petit Blizzi dansaient euphoriquement !

L'arbre était décoré en boules de toutes les couleurs, en guirlande s'illuminant également de toutes les couleurs, et surtout, possédant une étoile scintillante en son point le plus haut. Bref, un parfait petit sapin de Noël propre à toutes les familles !

Nancy elle... avait les larmes aux yeux. Oh que si...

Des Noëls... elle en avait connus. Des biens, oh que oui. Mais... le fait de se retrouver là, devant ce magnifique sapin, sa main dans celle de l'amour de sa vie, malgré sa mauvaise humeur... c'était le plus beau des cadeaux dont elle pouvait rêver.

OH tiens, d'ailleurs, à propos de cadeaux...

Rapidement, elle alla chercher celui de Giovanni (tombé par terre lors de l'assaut rodéo), et vint le déposer au pied du sapin, avec le sien, comme le voulait la tradition.

Son "choupi" blizzi de toute à l'heure vint vers elle et l'enlaça dans un petit câlin, tandis que Giovanni se débarrassait de son chapeau de Noël, et le vissa sur la première tête qui passait par là (il ne prêta pas attention à qui c'était).

Puis... lui aussi, observa le sapin. Ses yeux ne brillaient pas autant que Nancy mais... dans un coin de sa tête, il repensa ... à quelques années en arrière. Où la petite main qu'il tenait était celle d'une petite fille pas plus haute que trois pommes. Et qui pointait un doigt impressionné en direction d'un sapin massif.

"Tu as vu papa comme il est grand le sapin ?

Cette petite voix haute perchée lui vint en tête tout à coup et un sourire attendri se dessina sur son visage, le temps d'un instant.

Au même instant, on lui tira sa manche.

"Blizzi !

Un petit bras doté de griffes lui tendait sa flasque désormais vide. Giovanni la prit doucement, encore replongé dans ses heureux souvenirs d'antan, et la rangea précautionneusement.

Tandis que son sourire s'agrandissait et que Nancy se blottissait contre lui. Elle avait froid. Lui daigna à partager son manteau épais.

Car c'était ça la magie de Noël. Rendre les coeurs même les plus fermés aptes à la générosité.

" Allez ! Dis moi en plus sur cette mission secrète ! Laisse-moi-t’accompagner ! "

Depuis déjà une bonne heure, on n’arrêtait pas de lui marteler ce même refrain. Curiosité mal placée, jalousie et entêtement lui pourrissait ses recherches dans les archives et lui donnaient de singulières envies de meurtre. Et forcément l’auteur de tout cet agacement n’était personne d’autre que Tristan. Qui, de toute façon, dans la team pourrait se montrer aussi chiant et obstiné ? Personne qu’il ne connaisse en tout cas.
Ses doigts pianotaient sur le clavier, fouillant différents thèmes des archives avec une dextérité inhabituelle. Effectivement, la mission qu’on lui confiait valait le détour et il avait plutôt intérêt à bien se préparer, aussi bien physiquement que moralement, en apprendre un maximum sur sa cible et en savoir plus sur l’histoire et la personnalité –qu’il avait de toute façon bien cerné- de ceux qui l’accompagnerait dans cette mission.

Car oui, c’était bien lui qu’on avait mis à la tête de cette mission. Et vu ceux à qui le Boss avait fait confiance pour les deux autres similaires, il comprenait l’avoir sacrément impressionné en lui ramenant Osbrow. Il n’était plus qu’à un doigt d’avoir libre accès aux informations qu’il voulait, ses hypothèses se confirmaient de jour en jour et la fin de sa quête semblait de plus en proche…
Pas question que cet imbécile de Tristan ne l’empêche de réussir cette mission.

Son plan d’attaque était presque au point, il avait réussi à se mettre en accord avec la personne adéquate et il ne lui restait plus qu’à obtenir les derniers compléments d’informations pour son infiltration. L’implication scientifique rendrait ses recherches optimales en efficacité et pour ce qui serait de l’action…
Ses connaissances de l’organisation de l’oiseau de feu, ajoutée à celles de la gamine ne lui donnait certainement pas toutes ses chances, mais il y avait quand même de quoi espéré aller jusqu’au bout.

" ‘Electhor’ ? Me dit pas que tu as une mission similaire à celle d’Abel pour Sulfura ?!
- Quoi ?! " Sans s’en rendre compte l’agent Rocket venait d’entrer le nom de l’oiseau de foudre dans le moteur de recherche des archives, ses pensées à la dérive lui avait fait perdre conscience de ce qu’il était en train de faire "Queque…Quelle mission ?!
-Ne me prends pas pour un con, Domino m’en a parlé, le Boss et Garth avait eu pour idée de rassembler les trois oiseaux et invoquer Lugia afin de contrer les Quetzacoalt et Ho-oh ! Je veux en faire partie !
- Arrête ton délire, on n’est pas les gentils, on ne veut pas sauver le monde. Et puis de toute façon, les participants sont déjà sélectionnés.
-C’est clair que toi t’en as rien à branler de ce monde, tout ce qui t’intéresses c’est de crever le type qu’à tuer ta gonzesse !
- MAIS FERME LA ! T’as personne d’autres à emmerder enfoiré ?!
-C’est toi l’enfoiré ! Je pensais qu’on était pote et tu me fous un pareil coup dans le dos ?!
-Et après c’est moi le vengeur bidon ? Tu t’es vu toi à jalouser un môme juste parce qu’il est dans les faveurs du Boss pour on ne sait trop quelle raison glauque ! Tente ta chance et tu verras bien ce qu’il te proposera en échange !
-… Très bien. Si tu veux pas de ma présence, je t’embêterai plus avec ça, mais dis-toi bien qu’on peut tomber très vite en déchéance chez les Rockets…
- Commence par t’appliquer tes propres conseils et on en reparlera. "

Le plus grand tourna les talons, passablement énervé par son échange musclé avec celui qu’il croyait son partenaire. Il serrait les poings à s’en faire blanchir les jointures, se mordant les lèvres de n’avoir rien trouvé d’autres à répliquer qu’une demi-menace qui aurait très bien pu faire sourire son vis-à-vis, niveau déchéance, baisse de salaire et autres déboires, personne d’autres que lui n’était mieux placé pour recevoir ce conseil. Pour se calmer il allait devoir trouver des sbires moins gradés que lui – ce qui en soit représentait un véritable défi- pour boxer un petit peu. Au pire il pourrait toujours aller massacrer des Pokémons cobayes en l’absence d’Abel. Takhojo le laisserait probablement faire, Owen avait réussi à intéressé assez ce gredin pour faire une faveur à son coéquipier…
Et puis bon, s’il trouvait une bouteille au passage, tous les deux pourraient toujours s’inventer de nouveaux plans pour mettre des bâtons dans les roues du « brillant » responsable du département scientifique.

Vie de merde.

Owen quant à lui avait perdu sa concentration et toute motivation pour continuer ses recherches. Il se retrouva donc là, devant l’écran d’ordinateur des archives, à se ressasser cette conversation en en imaginant toutes les conséquences. Franchement, il voyait mal Tristan dénoncer ses projets. C’était un esprit assez simple qui se contentait de réfléchir de façon primaire.
La vengeance pouvait l’animer, mais il était tellement obnubilé par une seule et même personne que l’imaginer une seule seconde se mettre sur lui paraissait impensable…

Et pourtant, pour le moment il avait une sale envie, une sale envie de courir après ce type qu’il côtoyait pourtant depuis plusieurs mois, une sale envie de le rattraper de lui suggérer une promenade plus loin, loin de l’agitation Rocket, loin de tous potentiels témoins, loin de toutes personnes qui pourraient partir à sa recherche, une sale envie de lui coller une balle dans la tête et de se débarrasser de ce problème gênant qui n’allait pas arrêter de le tracasser.

Mais il se ressaisit. Pas de ça le jour de Noël, respecter encore une petite once de sacré dans sa vie et cela même s’il n’avait ni offert ni reçu de présents aujourd’hui. Il devait se calmer, prendre l’air, penser à autre chose… Et surtout ne pas céder à ses pulsions.

Il éteignit le poste sur lequel il travaillait, rangea le calepin sur lequel il prenait ses notes et s’apprêta à quitter la base Rocket le plus vite possible pour se laisser aller à une très longue promenade en la seule compagnie de Persian.

Sauf que…

" Qui c’est ? "

Deux mains étrangères se posèrent sur ses paupières. Une petite voix fluette leur faisait écho, une petite voix qui lui disait vaguement quelque chose. Les mains étaient minuscules, toute douces, celles d’une enfant. Une enfant chez les Rockets ? Quelle étrange découverte !... Ou peut être pas tant que ça finalement, en effet il avait bien connaissance de deux agents très jeunes dans leur rang. Et s’il s’agissait d’une fille…

"Eiko ? "

Des chuchotements pas vraiment discrets qui de contenu pouvaient à peu de choses près se résumer à un « Vas-y je descend ! » laissèrent à Owen qu’il ne devait pas se retourner. Et effectivement une mise en scène était bien en train de se créer derrière lui, les mains glissèrent sur ses paupières, lui rendant complètement la vue pendant quelques secondes, un bruit étouffé signala la chute d’une personne de petite taille, puis presque aussitôt de nouvelles petites mains l’aveuglèrent, mais ces nouvelles mains étaient gantées.

"Perdu ! "

Les deux mains s’écartèrent et se retournant il pu effectivement constater que ce n’était pas Eiko qui lui avait masqué la vue mais bel et bien Bibi, perché sur Eiko pour atteindre sa hauteur. Mince, il venait de se faire avoir.

"T’es vraiment moins intelligent que ce qu’on croyait Owen ! " Elle ponctua sa remarque d’une petite grimace enfantine, fière d’avoir réussi son petit tour "Mais on t’aime bien quand même tu sais !
-C’est vrai qu’on ne vous a pas encore remercié d’avoir sauvé Tarask, Grand-père Gigi et toute la base de la méchante Reimei !
-… C’était… " Il eut un demi-sourire " …pas grand-chose… Enfin, je crois. Je suis désolé les gosses je n’ai pas vraiment le temps de jouer avec vous, il faut que j’aille prendre l’air.
-JUSTEMENT ! Tu vas venir avec nous au Noël du Petit Potin, tu vas voir ça va être trop bien ! En plus comme t’es un peu fâché avec Tristan on pourra être tes nouveaux amis !
-Et il y aura plein d’air ! Promis !
-Vous ne comprenez pas… J’ai vraiment besoin d’être seul… Et puis je ne fête jamais Noël de toute façon.
- ENCORE PIRE ! Viens avec nous sinon ça va se passer comme à la télé !
-Ouais on a vu ça ce matin avec Djidane et Grenat ! Le monsieur était méchant et avait perdu son esprit de Noël… le pauvre…
- OUAIS ! Et comme lui tu vas te faire hanter par les esprits des Noël passé, présent et futur ! Et tu vas avoir les chocottes ! "

Dans la tête d’Owen il y eut soudain un feu d’artifice de flash-back de toutes les adaptations télévisuelle et cinématographiques du célèbre conte « Un chant de Noël », et il se revit quelques années de plus tôt en train de faire une overdose de cette même histoire réadaptée mille et une fois à l’identique pour le besoin de toute une flopée de licences…

"AH NON ! "


C’est de cette façon qu’il se retrouva, traîné par deux mômes devant les portes du Petit Potin aux décorations autrement plus gaies qu’à sa visite d’Halloween. Il s’était finalement lui-même convaincu que ce serait une très bonne solution pour s’aérer l’esprit, qu’Eiko et Bibi ne lui poseraient aucun problème –ou en tout cas beaucoup moins que Tristan le soir du 31 Octobre- et puis qu’il pourrait peut être de nouveau voir Hoshi donc tant qu’à faire.
Il ne savait pas encore à quoi s’attendre, le parc d’illusions de la dernière fois n’était pas présent et l’entrée dans la fête se faisait par la grande porte, celle qu’ils s’apprêtaient tous trois à franchir.
Ce qui rendait le salon de thé à la fois totalement méconnaissable mais tout de même accueillant, convivial et familier.

Et effectivement poussé les portes équivalait à trouver un lieu bien vide de toute l’agitation produite par les invités d’Halloween, seules à leur comptoir Erika et sa Nanméouie dénommée Madeleine, faisait presque peine à voir. Presque hein. Parce qu’avec des costumes de Mère Noël, des sourires jusqu’aux oreilles et une pile gigantesque de cadeaux derrière elles, on avait du mal à passé par ce sentiment.

Devant eux quelques personnes faisaient déjà la file pour récupérer un paquet et les explications sommaires de la demoiselle. Mais elle faisait vite, ils attendirent au plus une poignée de minutes, pendant lesquelles ils purent s’émerveiller des belles décorations déposées sur chacune des tables -sans doute pour toute la durée des fêtes- qui se mariaient avec la chaleureuse ambiance du petit Potin. Une ou deux personnes, des parents sans doute, s’étaient même arrêtées boire une boisson chaude et déguster une pâtisserie pendant que leurs enfants vivaient de leurs propres ailes l’aventure proposée par Erika.

Et enfin vint leur tour.

"Dame Erika ! Madeleine !
- Ca fait trop longtemps qu’on ne s’est pas vu !
-Faudra trop qu’on refasse une mission ensemble et tu nous apporteras des pâtisseries pour le goûter comme la dernière fois !
- Oh oui ! Et Madeleine pourra jouer avec mes Pokémons ! "

Et ainsi continua une discussion assez longuette –presque monologuée par les deux gamins (et surtout par Eiko, bien que Bibi fasse des efforts pour être un enfant normal quand il s’amuse avec elle –promesse qu’il a faite à Djidane- il n’est encore pas à son niveau) – d’où Owen préféra rester à part. Il ne comprenait pas vraiment de quelle mission les deux enfants pouvaient bien parler, mais ça concernait sans doute la recherche d’une baie extrêmement rare pour la fabrication d’une pâtisserie au goût divin, dans laquelle les deux gosses se seraient enrôlés pour obtenir la récompense promise par la pâtissière : une part de ce gâteau au goût divin.
Rien à voir avec les missions des Rockets ! Qu’est-ce qu’il allait s’imaginer franchement ?!

… Dans le doute, il en toucherait quand même deux mots aux enfants une fois dehors.

Chacun se laissa remettre un superbe paquet cadeau qui, au dire de l’organisatrice, recelait les décorations qui allaient servir à l’activité du jour ainsi que des petites pâtisseries pour chacun pour faire office de goûter. Il s’agissait donc de cadeaux factices et les véritables présents arriveraient donc un peu plus tard dans la soirée, au moment du grand rassemblement sous le plus grand des sapins –décoré pour l’occasion- qu’ils avaient pu apercevoir de loin en marchant vers le Petit Potin.

Une fois les présents remis, vinrent le tour des explications qu’Owen n’écouta qu’à moitié étrangement captivé par le Korillon qui carillonnait pour signaler l’entrée de chaque nouvel arrivant. Il le fixait comme s’il l’avait déjà-vu, comme s’il cherchait à se souvenir d’un événement en rapport avec ce Pokémon ou ce qu’il représentait. Ces pensées n’étaient pas claires pour lui-même… Et puis de toute façon, on était en train de les mettre dehors donc bon !

Guidés par l’explication d’Erika, un instant plus tard notre trio franchissait la porte du jardin et se retrouvait face à l’immense étendue enneigée que représentait à présent le parc, parsemés de sapins, bonhommes de neige, et autres sucres d’orge et jouets en bois géants qu’Erika avait du sortir d’on ne sait trop où. C’était superbe, un vrai décor de Noël où des nuages probablement artificiellement créés par les Pokémons du salon de thé laissaient tomber des rideaux de flocons de neige.

Pour ce qui était du but de leur aventure, il semblait de prime abord plutôt simple : Trouver un des Blizzi caché dans le décor. Sauf que dans la pratique ça se compliquait un peu. Premièrement les Blizzi étaient du genre petits lutins farceurs qui ne se laissent pas facilement approcher et encore moins attraper. Deuxièmement, trouver un Pokémon glace dans son élément risquait d’être fort enquiquinant. Et puis bon, il y avait toujours la possibilité qu’Erika leur ait tendu des pièges sournois pour pimenter encore un peu plus le challenger.
Une fois le Blizzi enrôlé dans leur petite bande, il leur faudrait le sertir des décorations trouvées dans chacun de leur paquet, et éventuellement dans ceux qu’ils pouvaient récolter dans les traineaux des Vivaldaim vagabonds. Et puis après il y avait une sorte de concours du Blizzi le mieux décoré, une grande ronde sous le sapin et un échange de cadeaux… Tout ce qu’il y a de plus Nowëlien quoi.

"Juste pour savoir… D’où connaissez-vous Erika ?
-Bah… T’es bête ou quoi ? On a parlé de notre mission tout à l’heure ! Et t’as pas compris qu’on la connaît de la team ?... T’es raiment bête Owen hein…
-Oui, même que c’est Grand-père Gigi qui nous l’a présenté.
-Et elle est trop forte au tir à la carabine ! OH ! Bibi ! Il faudra qu’on lui demande de nous montrer toutes les peluches qu’elle a gagné à la fête forraine, tu te souviens elle nous l’avait promis la dernière fois ! "

Et lui qui ne gagnait jamais rien dans les fêtes foraines… Non vraiment si ça continuait il allait finir par haïr Erika également…

…

Quequequoi ?! Mais qu’est-ce qu’il se racontait encore comme âneries ?! Il n’en avait rien à faire de la collection de peluche de cette fille d’abord ! Par contre, apprendre de ces bouches innocentes l’appartenance de la demoiselle à la Team Rocket n’était pas pour lui plaire. Rien que l’idée de la collaboration dans un même corps d’une sniper qui tue ses victime de sang-froid avec une gentille pâtissière qui se démène pour donner le sourire à des inconnus, lui faisait froid dans le dos…
D’un coup il reconsidéra même tous les gâteaux qu’il avait pu déguster au cours de la fête d’Halloween ainsi que tout ceux qui l’attendait dans ces paquets cadeaux… Comment être certain de ne pas se faire empoisonner ?

D’accord elle était dans son camp… Mais quand même ! C’est quand même être atteint d’une grave pathologie que de pouvoir associer deux pareils hobbies ! Cette Erika Sasaki était une psychopathe ! Il n’y a vraiment pas d’autres mots !... Ou alors une extrémiste qui pour faire rédemption de ses crimes avait choisi la pâtisserie pour vocation… Mais même !

"Tu penses à quoi ? On va le chercher ce Blizzi ? "

… C’est vrai. Il n’était pas tout seul.

"Heureusement qu’on a pensé à prendre tous le matériel ! "

Tout le matériel ? Le détective ne voyait pas vraiment de quoi la jeune fille voulait parler. Il ne s’agissait pas d’une capture à proprement parler, donc pas besoin d’avoir de Pokéballs sur soi, et il doutait également de l’efficacité des filets à papillons pour prendre au piège les petits sapins. Mais bon, avec leur ingéniosité enfantine, ils devaient probablement avoir pensé à quelque chose qui lui échappait.

Ils avaient déjà raisonnablement marché, atteignant un petit coin à l’écart où ils étaient bien cachés par la disposition de plusieurs gros jouets en bois autour de leur « cachette », quand les deux mômes se décidèrent à poser à terre leur deux cartables d’écoliers qui, jusque là, n’avaient pas intrigué le plus vieux. Allaient-ils sortir des cahiers et autres stylos pou appâter les Blizzi ? Owen doutait de l’efficacité de ce stratagème mais ne pouvait en vouloir à deux gamins de l’avoir mis au point. Il commençait à se faire à leur présence, et était même prêt à les encourager dans leur plan sauf que…

*Des raquettes ? *

Chacun en effet commença à sortir une paire de raquettes qu’il s’enfila aussitôt au pied. C’était un moyen comme un autre de se déplacer plus facilement sur une étendue neigeuse. Bib eut une petite moue de gêne en croisant le regard d’Owen, comme pour lui faire comprendre qu’il n’avait as pensé à lui et que malheureusement il allait devoir se déplacer avec sa paire de chaussures de ville trouées. Il lui fit comprendre d’un sourire bienveillant que ses orteils ne tomberaient pas de sitôt. Le garçon parut rassuré (enfin je crois) et se replongea dans son propre sac alors que la demoiselle extirpait du sien un piège à loup.

…

UN PIEGE A LOUP ?!? C’est quoi ce cartable d’enfant ? Suivirent un nécessaire à fabriquer un énorme piège –entendre par là filet, cordes, marteau, poulie et compagnie -, une carabine en kit que la jeune fille monta en à peine quelques secondes, des fléchettes hypodermiques en veux-tu en voilà et un taser. Owen passa par un très grand moment de bug, pendant lequel il se demanda plusieurs fois s’il était réellement conscient de ce qu’il était en train de vivre où s’il ne s’agissait qu’un fantasme de son imagination.

"Eiko ! Il y en a un qui arrive là ! "

Effectivement un Blizzi était en train de s’approcher, un très beau Blizzi d’ailleurs, un mâle au regard du nombre de strie de bois, assez puissant si l’on en jugeait par ses excroissances végétale, le Pokémon parfait à décorer s’il avait été leur. En effet, le petit Pokémon glace était déjà dans les bras –et semblait d’ailleurs ravi de s’être fait attrapé – d’un grand homme, particulièrement baraqué (peut être même un peu trop) dont le visage exprimait une profonde niaiserie. Ce visage était d’ailleurs surmonté d’une unique houppette blonde qui marquait le contraste avec son épaisse moustache, toute aussi blonde et qui à elle seule pouvait caractériser le personnage. C’est ainsi que de la même façon que Caïn et Tommy des mois plutôt, dans l’esprit d’Owen comme dans celui des deux enfants la question ne fit pas trente-six allers-retours, ce type se nommerait M. Moustache.

Question un peu plus sujette à débat, qu’avait voulu dire les enfants « Il y en a un qui arrive là » ? Parce qu’à moins que ce type ne soit invisible pour les enfants, le Blizzi était tout sauf disponible.
Mais ce détail ne sembla pas gêner l’enthousiasme des deux gamins. La gamine arma sa carabine dans la direction du colosse, son jeune ami lui passa les fléchettes et avant que les connexions dans son cerveau ne combattent l’absence de logique de cette scène, elle avait déjà tiré une première fois (avec un silencieux bien entendu) non pas sur le Blizzi comme le matériel de braconnier aurait pu le suggérer mais bel et bien sur le colosse blond. Elle tira encore une autre fois, pour être bien sûr de sonner cette masse de muscles, rechargea pour être parfaitement certaine de son coup mais Owen abaissa violemment le canon de la carabine avant de s’énerver.

"Mais bordel qu’est-ce que vous faites ? C’est quoi ce matériel de trappeur ?!
-Bah… Pour Capturer le plus de Blizzi possible, faut bien éliminer les autres, non ? Réfléchis Owen !
-Il s’échappe ! "

Et effectivement le Blizzi qui ne comprenait pas pourquoi son « propriétaire se tapait une sieste plutôt que de le décorer était en train de se carapater à travers les fourrés jusqu’à devenir invisible à la vue du trio. Les deux gamins replièrent en un temps record leur matériel -même leur raquettes en fait, ils ne devaient pas être très doués pour courir avec, suivant de très près Owen jusqu’au corps assommé de ce géant. Eiko semblait particulièrement vexée par l’intervention du détective, à cause de lui leur proie leur avait échappé ! Et maintenant il se retrouvait avec un cadavre sous els bras !

" Oublions ça et commençons par le cacher… "

Ils trouvèrent à trois la force de déplacer les kilos de muscle de Monsieur Moustache dans les bruissons, à l’abri des regards des clients du Petit Potin – qui n’apprécierait peut être pas avoir l’impression de trouver des morts sur leur route le jour de Noël. Owen voulu faire une remarque, réprimander les deux gosses et leur expliquer que le but n’était pas de récolter un maximum de Blizzi, mais avec leur agitation et le sale caractère de la petite, ils comprirent seulement qu’ils ne devaient plus utiliser leurs armes.
Les cartables furent bouclés et remit sur les dos, c’était déjà ça, mais ça n’allait pas s’arrêter là pour autant.

"… Vu qu’il est éteint, on peut prendre son paquet cadeau, ce ne sera pas mal, si ?
-OH OUI ! Il faut qu’on récupère les paquets cadeaux de tous nos concurrents pour décorer notre armée de Blizzi et gagner la récompense comme nous l’a dit Erika !
-NON ! On arrête de s’attaquer à la concurrence ! Et puis d’abord il n’est pas éteint mais simplement endormi !
-… Oui, t’as raison. Ce serait pas drôle si les autres ne peuvent plus espérer gagner, j’aime bien voir les gens dépités ~… Ohw je sais ! On a qu’à lui prendre son Pokémon, ce sera notre cadeau pour Papy ! Il les préfère toujours quand on les a volé-main !
-C’est une bonne idée ! Enfin je pense… vu qu’il est simplemendormi, il ne pourra plus s’en occuper, non ? "

… C’est vrai que Bibi et ses problèmes de conscience…

Il n’eut encore une fois pas le temps de préciser la différence entre la mort et le sommeil au jeune garçon qu’Eiko avait déjà vu quelque chose et qu’ils partaient tous les deux en courant en le plantant en seul compagnie du cadavre de Monsieur Moustache.

" Ils ne s’arrêtent jamais hein… "

Il prit leur suite aussi vite que possible, mais avant qu’il ne les rattrape, il entendit quelque chose qui lui fit directement craindre le pire.

"Brasier ! Glacier ! Foudre ! "

Arrivé à hauteur des deux gamins il constata l’ampleur de l’influence néfaste que pouvait avoir la Team Rocket sur des enfants en bas-âge. Bibi avait sorti ses trois plus puissants Pokémons : Pyroli, Givrali et Voltali et tout trois acculaient une petite bande de Blizzi qui s’étaient probablement réunis ici pour faire une ronde en attendant de croiser des humains. Ils ne se doutaient probablement pas à croiser des chasseurs de Pokémons ce jour là. Et des Flammèche, Eclat Glace et Eclair multipliés sans efforts par les trois Pokémons élémentaires leur coupait toute retraite.
Et l’expérience du trio était nettement supérieure à celle des autres, ils se complétaient et se défendaient de telle façon que malgré leur union les petits sapins ne pouvaient pas faire grand-chose.

"Pyroli lance Somni ! "

De la bouche entrouverte du Pokémon de feu s’échappèrent des petites bulles de sommeil, provoquées par son attaque Bâillement. Elles voletèrent quelques instants avant d’éclater chacune au nez d’un Blizzi. Les plongeant presque instantanément dans le sommeil.
S’ils avaient vraiment été en mission de braconnage, Owen les aurait probablement félicité, se serait intéressé à leur motivation d’entrée dans la Team Rocket et à pas mal d’autres choses, mais dans l’état actuel, c’était Noël, on lui faisait une leçon de morale pour qu’il arrête de passer Noël en solitaire et on lui servait… de la tuerie avec des sourires d’anges ?

Ou alors c’était ce genre de mission divine qu’Arceus confie aux hommes comme pénitence, et en l’occurrence il devait remettre les deux petites brebis égarées qu’étaient Eiko et Bibi sur l droit chemin…
Très peu pour lui.

"YES ! On les a eu ! Maintenant il ne reste plus qu’à trouver celui qu’on veut décorer !
-Et on pourra revendre les autres au marché noir après ? Ca nous fera des sous et on pourra acheter des cadeaux à nos amis. "

Décidemment ses gosses en connaissait beaucoup trop sur le milieu du crime. Avec une expression foncièrement démoralisée, Owen se grattait le menton en espérant trouver un moyen d’expliquer aux deux gosses qu’aujourd’hui ils n’étaient pas des agents Rocket. Il leur avait laissé prendre le Pokémon de ce pauvre Monsieur mais n’allait pas non plus céder à tous leur caprice, sinon l’attention allait très vite se porter sur eux. Et puis il n’avait pas envie de se séparer de toutes les babioles qui traînaient dans ses poches pour excuser leurs mauvaises actions. La Citrouball d’Halloween passait encore, il n’avait aucune intention de capturer de nouveaux compagnons, surtout avec ce qui approchait.

Par contre ils pouvaient toujours récupérer chacun un Blizzi en profitant de leur sommeil et finir cette aventure selon les règles de la maison, évitant ainsi de piller les biens de tous les invités d’Erika. Les enfants oubliaient peut être ce détail, mais s’ils gâchaient sa fête la patronne risquait de leur en vouloir… Enfin surtout à l’adulte responsable… En l’occurrence à lui… Et il n’avait vraiment pas envie de s’attirer les foudres d’une tueuse… pas qu’elle soit la première qui rentre dans sa petite liste des « psychopathes complètement atteints qui en veulent à sa vie parce qu’il était au mauvais endroit au mauvais moment », mais plutôt que cette demoiselle lui faisait peut être plus peur que Giovanni, Kuja et tous les autres Gabranth Osbwrow qu’il avait eu le plaisir de croiser sur sa route.

"Bon, je vais prendre ce Blizzi, choisissez les vôtres, on va aller un peu plus loin pour les décorer, des fois que quelqu’un passe dans les environs.
-On en prend pas qu’un seul ?
-Bah… Il faut bien que chacun puisse en décorer un, non ?
-Non,Dame Beate dit qu’il faut toujours décorer le sapin ensemble, comme une famille ! Il faut vraiment qu’on t’apprennes le vrai esprit de Noël Owen…
-AH NON !
-Oh ! Un Vivaldaim ! "


C’était l’heure du grand rassemblement autour du sapin, la nuit était tombée et les étoiles semblaient danser avec les guirlandes lumineuses disposées en hauteur. Leur Blizzi ne semblait pas trop leur en vouloir de la façon dont il l’avait traité. Il avait adoré se faire décorer et ça devait compenser. Il gambadait ainsi, joliment habillé par les décorations fournies par Erika dans la direction de l’immense Sapin illuminé où déjà une bonne foule était présente.

Ils purent alors se rendre compte que certain avait négligé la décoration de leur Blizzi, n’étant probablement venu que pour la récompense, d’autres n’avaient même pas joué le jeu et l’œil avisé d’Owen reconnaissait directement les Blizzi apprivoisés bien trop proches de leur dresseur pour être sauvages. Le leur conservait son naturel tout en étant élégamment décoré. Ils avaient la chance d’être tombé sur un Pokémon maîtrisant l’attaque Nœud d’Herbe et, se faisant pousser des petits nœuds verts un peu partout sur le corps il était déjà en quelques sortes habillées, mais en plus de cela la petite plante apparemment amatrice de déguisement leur permettait de fixer beaucoup plus facilement les décorations.
Dans le paquet d’Owen ils avaient trouvé une superbe étoile Latias pour couronner la plus haute des crêtes enneigées de leur compagnon. Réfléchissant la lumière de la petite guirlande électrique, formée d’un assemblage de deux guirlandes découpée dans un papier cartonné jaune qui prenaient la forme d’Elekid, et de LED –trouvée dans le paquet de Bibi et alimentée par une petite batterie rechargée par Voltali. Du paquet d’Eiko et de M. Moustache ils avaient extirpées de superbes boules à l’effigie de Carvanha et les célèbres Gran-Boules, qu’ils s’étaient empressés d’accrocher aux Nœud d’herbe de Blizzi ! Enfin, le Vivaldaim qui s’était présenté à eux dans la clairière leur avait offert un assortiment de petits pochoirs et d’aérosols Queulorior -100% biodégradables- pour parfaire le visage du Pokémon de jolis flocons bleutés.

Owen contempla la foule, mais ses yeux furent inexorablement attirés par les superbes décorations du sapin qu’on ne pouvait voir de loin. Le détail de chacune des boules, les couleurs harmonieusement équilibrées de ce rassemblement de guirlandes, les beaux sucres d’orges, les superbes chandelles, il s’imaginait les organisateurs en train de calculer les moindres petits détails aux millimètres, et puis il y avait toute cette joie, tous ses chants, tous ses Blizzi qui dansaient ensemble, ce rassemblement de cadeaux et…

"PAPY GIO !
-GRAND-PERE GIGI !! "

Les deux gosses partirent comme des dératés pour sauter dans les bras/sur le dos/partout-où on peut s’agripper du quadragénaire qu’Owen venait à peine de reconnaître. Le pauvre avait pourtant l’air plutôt occuper à emballer une femme aux cheveux rouge vifs qui ne devaient pas savoir à quoi s’attendre en se laissant séduire par ce type.
Owen se rapprocha, sans vraiment chercher à se faire tout de suite remarquer, talonner par son Blizzi qui coquet ne tenait pas à courir et à risquer d’endommager ses décorations.

"Devine quoi ! Devine quoi ! Devine quoi ! On a un cadeau !
-oui, même qu’on l’a volé exprès pour toi !
-Capturé Eiko, on dit capturé, tu confonds encore ces deux mots, pourtant je te le répète encore et encore " avait réagi Owen au quart de tour, comblant d’un bond la distance qui le séparait du petit groupe pur justifier les paroles de cette enfant aux yeux de toutes les personnes qui s’étaient retournées outrées.
"Mais n’importe quoi ! Papy Gio préfère quand on lui offre des cadeaux volé-main ! Je te l’ai dit tout à lheure t’es bête ou quoi ?!
-Oui, oui, c’est ça, c’est ça… " dit-il en lui tapotant avec bienveillance la tête "Montre plutôt à ton grand-père son cadeau hein… "

Là-dessus, il chercha la mine la plus innocente qu’il soit capable de faire, espérant toujours que personne ne les remarque plus que de raisons. Il craignait toujours les foudres d’Erika.

"Allez ! Montre-toi !
- Baaarb’ ? "

Un Barbicha aux moustaches soigneusement entortillées venait de faire son apparition devant un Giovanni probablement ahuri. Le Pokémon eau sembla quelques instants perdus avant de se rendre compte de la présence du quadragénaire… dont la tête ne sembla pas lui revenir.

Une attaque Pistolet à O plus tard, Owen cherchait dans son répertoire une expression encore plus innocente, cherchant bien à faire comprendre qu’il n’avait absolument mais alors ABSOLUMENT rien à voir là-dedans.

"Je crois qu’il t’aime déjà ~♥ "


Tommy se promenait en compagnie de Migalos qui l’avait exceptionnellement rejoint pour quelques jours, le temps que le parc du manoir soit totalement débarrassé de la colonie de Mimigal qu’elle s’était permise d’inviter sans demander l’avis de personne. Et il fallait dire que ces petites bestioles n’étaient pas les plus sympathiques des hôtes. Pour éviter les complications et surtout la confrontation directe avec elle, Alfred avait préféré l’envoyer directement à son maître…
Et la bestiole était de forte mauvaise humeur. Elle n’en voulait pas particulièrement à son dresseur et répondait aux questions de Mentali quand celui-ci venait à sortir de son mutisme, mais elle était beaucoup plus agressive que d’habitude, et certains Pokémons sauvages qui eurent le malheur de passer par là à ce moment eurent le déplaisir de recevoir un filet de toile gluante en pleine pomme, et de plus sévères dommages quand le coordinateur avait les yeux tournés.

"BARBICHAAAA ! Reviens mon Barbicha ! S’il le faut je capturerai tous les Barbicha du monde pour te retrouver mon cher Barbicha ! Je trouverai le forban qui t’a dérobé à moi ! "

Un homme à la voix grave en train de pleurnicher ça faisait peur, mais quand en plus c’est un certain M. Moustache qu’on connaît très bien pour sa chiantise poussée à l’extrême et son côté émotif à vous glacer le sang , c’est encore pire.
Il était au bord d’un petit lac, assit pour pêcher et pleurait à grandes gouttes. C’est pourquoi il ne remarqua pas l’ancien champion qui avait par plusieurs fois croisé sa route, en train de marcher sur le chemin juste à côté. Celui-ci ne se gêna pas non plus pour l’ignorer royalement. Ce type l’agaçait vraiment.

Migalos elle ne se gêna pas, d’un fil de toile elle subtilisa une bourse en cuir posée négligemment au sol, pour continuer son chemin.

Tommy haussa les épaules devant ce délit. D’habitude il essayait d’éliminer les manies de pickpocket de son Pokémon, mais ce moustachu lui inspirait tellement peu de compassion que c’était comme s’il n’avait rien vu.

Ils poursuivirent leur chemin, ayant fait l’acquisition sans en avoir connaissance de la Citrouball d’Owen.

Des étoiles scintillaient dans les pupilles rougeoyantes de la jeune femme. La chaleur qui émanait de la main qu'elle tenait fermement, de peur de perdre son étreinte, suffisait à lui procurer une sensation de bien-être proche de l'extase. Ses paupières étaient quelque peu plus lourdes qu'il y avait quelques minutes, une certaine fatigue de confort commençant à s'instaurer dans son organisme. La quiétude totale qui envahissait ses muscles les ramollissait, endormait toute once de méfiance ou d'attitude policière qui lui inculquait une inquiétude perpétuelle.

Sécurité. Elle se sentait en sécurité.

Allez savoir pourquoi et comment. C'était totalement contradictoire à toute once de bon sens et de logique. Habituellement quand on tenait la main à un des plus grands mafieux ayant jamais marchés sur Terre, on était au moins en mode survie. Or, désormais, pour Nancy, il n'en était rien. Ce soir, elle n'était pas l'agent Houghton, ou la toque imbécile (sa couverture habituelle pour forcer à une sous-estimation calculée de sa personne qui lui bénéficiait un avantage certain en situation de danger). Non, ce soir, elle était juste Nancy. La Nancy qu'avait connue Giovanni, il y avait de longues années. La petite fille à l'esprit vif, intelligente, discrète, et poète dans l'âme, celle qui avait une grande sensibilité. Celle qui avait été éprise du garçon qui empêchait les autres de la taper, car c'était une petite rousse pas assez habillée sophistiqué pour plaire. Celle qui avait fondu face au sourire simple mais sincère d'un garçonnet. Celle qui avait rêvé du Albert Stronghead aux yeux acier pétillant de vie et plein d'ambition.

Tournant la tête pour admirer Albert, elle ne put s'empêcher d'exprimer un rictus triste en constatant à quel point ce dernier n'avait plus rien du garçon qu'il avait été. Ses petites tâches enfantines de rousseur en "Z" sur ses joues avaient disparu depuis longtemps. Son visage ne se contractait plus pour manifester un sourire simple, et sincère. Et ses yeux... n'étaient plus marqués par l'ambition, et la vie. Seulement la soif de pouvoir démesurée, et l'orgueil terne de la vantardise.

Et pourtant... elle continuait à l'aimer. Il lui semblait que quelque part en lui, subsistait ce petit garçon dont le rêve était de "rendre fier maman en devenant le plus puissant dresseur pokémon".

"Nancy ?

Remarquant qu'une petite larme coulait sur sa joue, et que cela faisait quelques minutes qu'elle fixait béatement la tête du mafioso, la jeune femme sut qu'elle s'était fait grillée. Aussi, elle réajusta ses lunettes, toussota, et se cala un peu plus contre le quadragénaire, serrant le manteau qu'il lui avait passé.

C'est une larme de froiiiiiiiiiid"

S'en foutant royalement, le pokémafieux retourna son attention sur les blizzi qui dansaient joyeusement et se mélangeaient avec les Vivaldims, tandis que tout à coup, le sapin s'illumina bien plus fortement, augmentant le rythme de danse des pokémons présents. Tandis que Nancy, éprise d 'une lubie passagère (conséquence à sa tristesse momentanée, oui elle était barge cette fille), transforma sa bouche en cul de Poussifeu, et s'approcha doucement, gentiment du visage du quadragénaire, sans que ce dernier ne s'en rende compte. Trop hypnotisé par ses souvenirs de Noël précédents.

Et, rapidement, la bouche se rapprocha inéluctablement du visage du manitou rocket, tandis que la main gantée de Nancy s'apprêtait à lui tourner sa tête pour finaliser le baiser. Les lèvres pupleuses de la rouquine s'approchaient tel un Léviathor fonçant sur sa cible, leur deux salives n'allaient pas tarder à s'échanger, leur union allait passer à une étape plus physique, et bientôt, dans la logique de ses rêves fantasmagoriques, charnelles.

Elle sentait, même à une certaine distance, la chaleur du corps du quadragénaire, son coeur monta soudainement dans les pulsations tandis que tout son système sanguin déraillait... ainsi que son imagination... et pourtant, l'heure était à la concentration ! Il lui fallait faire preuve d'une synchronisation juste parfaite, pour ne pas laisser le temps à Giovanni de réagir, auquel cas, tout tombait à l'eau, c'était certain... quoi que....

2 centimètres. Et elle lui tournait la tête.

1.254 centimètres, et elle rencontrait les lèvres tant convoitées du chef Rocket.

0.98 centimètres, et le plus beau jour de sa vie serait ce jour-ci.

0.056 centimètres, et le cuir de son gant allait caresser sa joue...

0.001 centimètre et...

"PAPY GIO !
-GRAND-PERE GIGI !! "

Deux petits corps frêles avortèrent la mission de sa vie. Le contact physique fut totalement rompu, Giovanni utilisant ses mains pour soutenir le petit garçon noiraud qui le chevauchait tel le blizzi de toute à l'heure tandis que la petite fille tremblait d'excitation joyeuse et lui tirait la manche. A quelques mètres de leur position, se dessinait une silhouette à un imperméable détectivien.

"Devine quoi ! Devine quoi ! Devine quoi ! On a un cadeau !
-oui, même qu’on l’a volé exprès pour toi !

Très sincèrement, le mafioso fut à deux doigts de lâcher le freluquet sur son dos, qu'il avait retenu par réflexe, pour sortir son arme. Cependant, le fait que la voix qui résonnait désagréablement à ses oreilles était celle d'un enfant l'avait stoppé net dans son élan et l'avait intrigué.

Damnation...

Mais y avait qui qui l'appelait Papy Gio dans sa foutue entreprise et qui portait encore des couches ?

-Capturé Eiko, on dit capturé, tu confonds encore ces deux mots, pourtant je te le répète encore et encore "

La voix facilement reconnaissable du mister Holmes attira directement l'attention du pokémafieux qui arquait deux sourcils complètement surpris de sa présence, et accessoirement de l'assaut qui en résultait, tandis que Nancy faisait ses dents sur un bonhomme de neige, plus loin.

"Mais n’importe quoi ! Papy Gio préfère quand on lui offre des cadeaux volé-main ! Je te l’ai dit tout à lheure t’es bête ou quoi ?!

A nouveau, le "Papy Gio" fit tiquer le concerné qui tentait minablement de définir qui était "Eiko" et qui était la fillette qui l'accompagnait. Et comment ils savaient qui il était. Et surtout de quel droit ils le reléguaient au rang de grand-père.

-Oui, oui, c’est ça, c’est ça….....Montre plutôt à ton grand-père son cadeau hein… "

Foudroyant d'un regard saoulé son subordonné en anorak, Sakaki se débrouilla pour se saisir d'Eiko et le poser comme on poserait un sac de patates par terre. Avec quand même légèrement plus de délicatesse, par souci de ne pas se faire trucider par une petite foule qui avait l'attention rivée sur le petit groupe et qui devait sûrement voir d'un mauvais oeil la maltraitance des enfants.

Puis, le gosse, tout joyeux, se saisit d'un pokéball, ordonnant à son contenu de se montrer. Sakaki croisa les bras, minant un grand-père à la patience très limitée, ce qui eut comme effet de réduire l'attention que les gens avaient sur eux (désormais ils se concentraient sur Nancy qui vomissait des boules de neige).

Un halo rouge se fit et.....

Et......

"Baaaarb''"

Et la mine neutre de Giovanni se déconfit.

Ca y était.

Il savait qui étaient les deux mômes.

Les agents les plus performants Rockets. Recueillis par l'organisation quasiment au berceau. Abandonnés par leurs parents. Sans famille, personne pour les recueillir. Elevés comme des élites, destinés à devenir le fleuron de la Team Rocket. Et, malgré la dureté des entraînements donnés, et leur passé tragique, une figure transpirant de gaieté de vivre et d'insouciance était leur caractéristique principale. Ainsi que des troubles psychopathiques, mais ça, c'était du détail... et une certaine incapacité à définir le bien, et le mal. Ceci étant inhérent au fait qu'ils avaient été élevés par des gens dits "mauvais", qu'ils considéraient comme des gens bien, et qu'ils combattaient les "gentils", soit, les mauvaises gens pour eux. Ce qui inversait totalement la logique universelle du bien et du mal. Et les rendait inaptes à vraiment avoir pleine conscience de leurs actes.

Et leur faisait jeter leur dévolu d'amour sur le représentant même de la société qui les avait protégés, logés, éduqués et nourris. Soit, Giovanni Sakaki.


Il en avait, de la chance...

Essuyant d'un geste froid l'eau qui dégoulinait de son visage, et menaçait de le figer à jamais dans la glace, on put remarquer une veine temporale se dessiner.

"Je crois qu’il t’aime déjà ~♥ "

A cette phrase, sortie d'une petite bouche empreinte d'innocence et de gentillesse, Giovanni ne put que répondre par un sourire hypocritement joyeux tandis qu' Owen établissait une utile distance de sécurité entre lui et son boss.

"..."

S'agenouillant à hauteur de la petite Bibi, Giovanni afficha un sourire extraordinairement chaleureux, si on le connaissait un tant soi peu tandis qu'il réservait un oeil mauvais au Barbicha.

"Tu sais ce qui ferait plaisir à Papy Gio et à Holmsy, Bibi ?"

Eiko, piqué de curiosité, alla vite vers sa soeur de coeur et prit sans gêne sa parole.

Non quoiii ?

Giovanni pointa un doigt en direction d'Owen.

"Tous les deux, vous êtes les meilleurs agents de toute la Team Rocket, n'est-ce pas ? Ce serait bien si vous montriez à Owen toutes les techniques d'assassinat que l'on vous a apprises ? Forcément, sur lui, il faut qu'il puisse retenir les mouvements au mieux ! Bien sûr, n'allez juste pas au bout de l'attaque, il faut que vous le gardiez envie, pour pouvoir le réutiliser pour toutes vos techniques. Allez les enfants, montrez que vous êtes la fierté Rocket. Ma fierté..

Deux petites frimousses arborant le plus grand des sourires lui firent office de réponse et rapidement, les deux petits morveux accoururent vers "Holmsy".

DIiiiis Bibi, on lui fait l'étranglement sanguin de Haka-jime ?"
Ohhh vi, c'est moi qui fais ! ♥ Toi tu feras le respiratoire !

Délaissant son inspecteur aux enfants, Giovanni se tourna pour observer Nancy qui se faisait maîtriser par trois gars, étant soudainement victime d'une crise d’épilepsie (ça pouvait lui arriver, en cas de frustration intense. Cela se manifestait par un martelage du sol par les poings, tel Joe Dalton). Mais le fait que Sakaki alla vers elle la calma aussitôt, et ce fut avec la plus grande des sérénités qu'elle saisit la main que Giovanni lui tendait pour qu'elle se relevât, sous l'oeil stupéfait des gens qui tentaient d'empêcher la donzelle de s'énuquer.

"Ce n'est rien. Merci. Ca lui arrive de temps en temps...

Expliqua brièvement et sauvagement le quadragénaire tandis que tout à coup les lumières changèrent de rythme. Mais ceci, seuls quelques personnes le remarquèrent. Les autres crurent tout simplement que les décorations du sapin étaient programmées pour ne pas s'illuminaient régulièrement tout le long. Nancy, quant à elle, fronçait les sourcils et avait le nez pincé par l'inquiétude.

Giovanni ne dénota pas de cette étrangeté... Mais rapidement, un sentiment de malaise s'instaura. Il venait effectivement de remarquer quelque chose d'étrange.

Partout où il allait, Persian le suivait. Quand bien même ce dernier roupillait tranquillement sur son coussinet que sortir le dérangeait. Les seuls cas où il restait dans une de ses villas, c'était sous injonction de son maître. Or, cette fois-ci, Giovanni n'avait rien communiqué à son pokémon. Pas d'ordre, même pas un geste. Rien. Il s'était levé, avait suivi Nancy.

Et, lorsque Persian refusait obstinément de quitter son coussin, malgré le départ de Sakaki, c'était que quelque chose d'anormal pouvait arriver. Que le sixième sens du félin lui affirmait de ne pas sortir. Et peu de pokémons étaient capables de lutter contre cet instinct de survie. Pas même le fameux Persian de la Pokémafia. En tout cas pas s'il n'y avait pas de situation de danger imminent.

Ce qui fit que Giovanni partagea l'inquiétude croissante de Nancy à mesure que le sapin s'emballait...
Puis, une voix sans appartenance sexuelle s'éleva. Cassant sèchement la danse des Blizzi, des Vivaldaims, les rires des gens, les bavardages futiles, l'ambiance de Noël...

...

Nancy porta une main à sa bouche, choquée de la déclaration qui venait d'être faite.

Ils...

Avaient... Suicune.

Les poings gantés du mafioso se contractèrent, blanchissant ses nies... Ses dents étaient serrées les unes contres les autres, presque broyées... puis, il relâcha la tension, tentant de chercher du regard un éventuel quetzacoalt possédant un micro, planqué sur un toit ou autre.

Mais une secousse l'interrompit, forçant l'équilibre de tout le monde. Et il sentit un corps frôler son tibia, alors qu'une seconde secousse suivit.

C'était... son nouveau Barbicha. Se trémoussant au sol, le regard dénué de volonté, se dirigeant en-dehors du parc.

G... Giovanni !"

Une main agrippa son col et le força à se mettre sur le côté, sous les ordres d'Erika, désormais sortie du petit Potin, l'air aussi désemparée que ses invités.

Le pokémafieux venait d'éviter grâce à Nancy un Tauros fou qui accourait sans se préoccuper de qui était sur sa route. Et, alors au côté de la rouquine, trois flashs fulgurants se firent, faisant sortir de leurs pokéballs son Grodoudou aux yeux verts tout autant hypnotisés que les autres, son Vippélierre ainsi que son Limagma. Sa petite garde rapprochée. Giovanni lui n'avait pris sur lui aucun pokémon, aussi, il fut un des seuls à ne pas être dépossédé de ses créatures. Cependant, il demeurait tout autant concerné que les autres, si ce n'était plus...

Après tout, c'était... une déclaration de guerre.

Une officielle, cette fois-ci. Une qui attestait que l'ennemi avait la bombe nucléaire. Et qu'il fallait que les Rockets soient prêts... prêts à subir de lourds dégâts. Malgré leur égalité relative.

Après tout, il leur restait Entei, dont la capture avait été avortée par ses agents. Et, à lui, il ne lui manquait plus qu'Elekthor.... qu'il se devait de capturer au plus vite, cette fois-ci, ce n'était plus un bonus, qui le rassurait en disant qu'il avait une longueur d'avance, mais une nécessité.

Les terroristes étaient finalement sérieux. Ils n'étaient pas uniquement qu'une bande d'illuminés qui commettaient des attentats au hasard au nom d'une cause pokémonesque, et qui se vantaient de la capture de légendaires. Non. Ils capturaient réellement des légendaires. Plusieurs. Sakaki avait toujours douté de la véracité de leur propos. Il avait cru jusque là à un bluff osé magistral, pour lui mettre une pression, mais le cri plaintif de Suicune venait de lui fournir une preuve que son ennemi était ... aussi gros que lui....

Il ne fallait pas qu'il le devînt plus... Ô que non...

Soudain, comme foudroyé par une pensée, Sakaki s'en alla de l'abri qu'il avait avec Nancy, qui fut trop préoccupée à hurler à ses "chouchous" de revenir pour remarquer sa soudaine absence.

Owen.

Il fallait qu'il trouve Owen....

Passant au-dessus d'un jeune homme, étalé sur la neige, le nez en sang, Sakaki chercha du regard son subordonné qui, il l'espérait, concoctait déjà un plan pour localiser d'où venait l'appel Quetzacoalt (après tout, c'était lui l'espion). Cependant, un hurlement retint illico son attention.

Des gens couraient, désemparés, effrayés par la masse dangereux que représentait le Blizzaroi qui suivait le mouvement des pokémons incontrôlables, détruisant absolument tout sur son passage. En effet, sans se soucier de détruire de son avant-bras un des piliers central du Petit Potin, il continua son avancée, totalement hypnotisé, tandis que ledit pilier menaça de tomber.

A l'extérieur du petit potin.

Vers le centre du parc.

Où étaient regroupés...

Deux gosses.

Invraisemblablement, Giovanni piqua un sprint en leur direction.

Il ne réfléchit pas, non. Son système était passé en mode automatique, et le flux de ses pensées concentrées sur Owen avaient cessé d'exister momentanément.
Ses jambes utilisaient indépendamment toute la capacité musculaire des quadriceps, des mollets et des ischios et ses bras se mouvaient de façon à lui donner une vitesse maximale qu'il espérait suffisante pour ne pas arriver après que le pilier fût tombé...

Les deux petits corps ne bougeaient pas, peut-être trop abasourdis par la fuite de leur pokémon ou trop effrayés de l'image de la mort qui se formait devant eux pour réagir.

Quelle que fût la raison de leur passivité, Sakaki put leur saisir le col avec facilité et, aussitôt chose faite, il entreprit de sauter le plus loin possible que lui permirent ses jambes, tandis que la masse imposante du pilier s’effondrait de tout son poids sur le sol neigeux.

Des particules de neige se soulevèrent suite à l’impact, rendant momentanément le champ de vision des protagonistes restreint, les fins flocons venant leur piquer les yeux, les humidifiant de par leur teneur en eau.

Doucement, Sakaki se redressa, des gouttes de sueur perlant sur sa tempe, le souffle court, se mettant sur le côté, observant d’un œil alerte le spectacle de panique qui s’offrait à lui. Sa perception des mouvements était faiblarde, tout lui semblait se dérouler au ralenti.

Il voyait des dresseurs totalement saisis par le désespoir tenter de rattraper leur pokémon, vainement, bousculant les autres, marchant sur ceux tombés à terre. Et il voyait Nancy, agenouillée dans la froideur de la neige, hurlant, implorant à ses bêtes de lui revenir. Un anorak entra vite dans son champ de vision mais en disparut aussitôt, Sakaki n’ayant pas eu le temps de le percevoir pleinement… Il regarda à nouveau Nancy. Au même instant, quelqu’un passa aux côtés de la jeune femme, et, par un geste involontaire issu du manque de sang-froid, lui asséna un violent coup de genou à hauteur de sa tête. La rouquine s’effondra, marquant sa silhouette dans la neige. Inconsciente. Sakaki détourna alors son attention du champ de bataille qu’était devenu le Petit Potin, tandis que derrière lui les fondations de la bâtisse cédaient les unes après les autres, transformant ce lieu convivial et chaleureux en un triste amas de ruines.
Mais cela il ne le remarqua pas. Il se centrait désormais sur les deux enfants, face contre terre. Intrigué, il les retourna, pour voir leur visage.

Des yeux … azur.

Une chevelure d’un blond scintillant, clair.

Une fille. Et un garçon.

Des… jumeaux…

Ses jumeaux.

Dès l’instant où les iris des enfants et les siens se rencontrèrent, l’image de Takhojo, derrière une vitre isolante, analysant froidement deux cobayes, lui revint en tête. Il se revoyait lui, à côté du savant, observant d’un œil détaché les gamins de 3 ans pleurer de peur et de douleur. Il revoyait leur frimousse de 5 ans livide, pâle, dont les yeux n’exprimaient qu’une terne lassitude.
Il se visualisait le jour où il avait accordé à Takeshi le droit de poursuivre ses expérimentations, quand bien même d’autres jumeaux étaient morts.

Il avait en tête la fois où, débordant de colère, le chef scientifique avait débarqué dans son bureau. Lui annonçant la disparition de ses meilleurs sujets. Il avait tapé du poing sur la table, ce jour-là. Et avait couvert d’insultes témoignant d’incompétence le savant. Puis, il avait décidé de clôturer ses expériences. De ne pas faire aboutir le projet.

Bien évidemment, le noiraud aux lunettes avait tenté de défendre des arguments pour ne pas voir son étude abolie. Il était en colère. La colère d’un homme de science qui ne pouvait voir le progrès, qu’il avait touché du bout des doigts, et qui lui avait échappé. Giovanni, lui, était mué de la colère d’un entrepreneur qui avait investi des millions dans une étude qui tombait bêtement à l’eau, et dont la poursuite ne représentait qu’un gouffre à Pokédollars. Aussi, sa décision était indiscutable. Et, alors que les jumeaux profitaient de leur fuite, Takhojo voyait sa blouse blanche teinter de sang d’un Pokémon disséqué vivant, histoire de canaliser la rancune et l’amertume qui assaillaient son âme sur une créature inapte à se défendre.

Depuis ce jour, chaque année, à un moment donné, lors du bilan final, le quinquagénaire lui amenait le sujet des jumeaux sur le tapis. Dans l’espérance de pouvoir se voir attribuer d’autres cobayes. Ou pour tenter de relancer la recherche de ses cobayes initiaux. Les cobayes les plus chers aux yeux du chef de Département. Une mine d'or pour la sience.

Et… cette mine d'or était là. A cet instant. Devant lui. L’observant, comme lui le faisait.

Ils avaient grandi. Leur corps paraissait moins frêle qu’à l’époque, et leur taille s’était développée. Ils devaient… être âgés dans les 15 ans. A peine moins vieux que sa benjamine.
Cette pensée eut comme effet de faire frissonner l’échine du mafioso sans que ce dernier ne sût exactement pourquoi. Une petite minute passa, durant laquelle rien ne semblait exister. Ni la panique, ni les bruits assourdissants des divers cris poussés, et ni l'attitude étrange des Pokémons. Il n'y avait que les jumeaux, et lui.

Finalement, rompant le flux de ses pensées, Giovanni se redressa. Puis, sans prononcer un seul mot, il se leva et, tourna les talons. Sans se retourner, il accourait vers le corps inconscient de Nancy, titubant quelque peu.

Arrivé à sa hauteur, tentant de chasser les jumeaux de son esprit, il se saisit de la trentenaire et la mit vite à l’abri. Les derniers pokémons échappés du contrôle de leur maître s’apprêtant à rejoindre les autres, et l’auraient piétinée s’il ne l’avait pas mise de côté.

Une fois en sécurité, Sakaki se permit de lui attribuer des baffes, prononçant son nom afin qu’elle revînt à elle. Toutefois, cela ne fonctionna pas… Un petit filet de sang coulait de sa tempe, et de ses lèvres. Elle ne paraissait pas prête à se réveiller de sitôt… Et, alors que Giovanni s’apprêtait à lui donner sa dernière baffe, une élégie effrayante s’entama.
Un chant.

A l’unisson. Tous les pokémons, de leurs différentes cordes vocales, entamaient une berceuse qui n’avait strictement rien de rassurant. Du lugubre ressortait de cette tonalité froide, plate, et une sensation de peur s’immisçait dans les âmes de chacun. Et, ce qui était le plus effrayant, c’est que personne ne savait exactement pourquoi… pourquoi tout le monde ressentait cette étrange peur. Comme un avertissement, avant que quelque chose de tragique n’arrive.

Puis, la chanson s’interrompit, nettement. Un silence de mort s’abattit sur le Petit Potin, seulement perturbé par le sifflement d’une bise qui se levait au même moment. Engourdissant les membres de toutes créatures présentes et fouettant les visages ébahis par ce spectacle.
Après quelques instants, des corps tombèrent. Ceux des pokémons qui, dans un même mouvement, s’affalèrent sur la neige, totalement inertes.

Un nouveau silence de mort, autrement plus gênant vint. Il dura quelques secondes. Peut-être quelques minutes. Le quadragénaire ne saurait le dire. La notion du temps lui avait pleinement échappée.

En tous les cas, ce silence ne dura pas éternellement. Une femme, habillée telle une religieuse, s’avançant d’un pas lourd vers ses pokémons. Elle s’agenouilla vers leurs dépouilles, et les serra fort contre elle. Osant perler des larmes.

Un jeune garçon suivit le mouvement, et fit de même avec son Furfuret. Nancy choisit ce moment pour revenir à elle, se redressant péniblement, encore toute engourdie.
Et, alors qu’elle contemplait les corps, une expression choquée marqua ses traits. Tout à coup, extraordinairement rapidement, elle voulut se lever. Mais parce qu’elle était encore sonnée, elle perdit l’équilibre. Et manqua de tomber. Cependant Sakaki la retint juste à temps, et, dans un silence total, l’aida à marcher jusqu’à son Grodoudou, son Limagma et son Vipelierre, toujours inconscients.

Elle leur fit à tous, oui à tous, une caresse maternelle. Avant de vite les rentrer dans leurs pokéballs, là où ils seraient au chaud. Puis, la lèvre tremblotante, elle se retourna vers Giovanni.

Tu… Tu m’as sauvée….

Pour une fois, sa voix n’était pas empreinte de l’habituelle gaminerie ou dotée d’une intonation suraiguë surfaite. Le quadragénaire garda un visage impassible et chercha du regard Owen. La jeune Houghton crut qu’il allait l’ignorer mais…

Considère-nous comme quittes Nancy.

Et sans un mot supplémentaire, il outrepassa la trentenaire pour se diriger vers sa petite équipe Rocket présente. Il devait … attribuer la mission la plus importante qu’Owen n’aurait jamais. C’était une nécessité.

Il devait par la suite retrouver les jumeaux pour… il aviserait. Il ne savait pas, pas encore. Et… il devrait aussi passer vers Erika. Car à elle aussi, il lui devait sa vie. Il aiderait financièrement à la reconstruction du Petit Potin, si elle l’acceptait.

Nancy quant à elle observa la silhouette du dos du mafioso, tandis qu’une larme, de joie, coulait lentement sur sa joue…

Ca y était.

Elle comprenait.

Elle comprenait enfin pourquoi elle tenait encore à lui. Ce n’était pas par folie. Non.

C’était parce que, quelque part tout enfoui de lui, Albert Stronghead persistait de vivre.
C’était désormais non pas un espoir naïf, mais... une certitude.

"Tu sais ce qui ferait plaisir à Papy Gio et à Holmsy, Bibi ?"

Holmsy ? Décidemment le vieux devait s’être décidé à l’engager pour défouler la frustration qui s’accumulait à chaque fois qu’un Bisounours lui donnait un surnom. Et par Bisounours j’entends un très large panel de personnes affiliées de près ou de loin à l’une des plus terribles organisations mafieuses du monde Pokémon, et qui du fait de leurs relations diverses et variées avec le Boss, créait chaque jour de nouveaux synonymes de « Giovanni Sakaki ».

Owen lui-même l’appelait quelques fois « Calvi’ », en référence à sa remarquable conservation capillaire, mais ce n’était que quelques fois, et toujours quand il n’était pas là pour l’écouter. Il avait beau être un très bon tueur, il avait toujours un cœur et n’avait pas la moindre intension de chagriner son patron préféré en le mettant face à la dure réalité de la vie ( on passera sous silence les autres motivations qui mènent à l’hypocrisie telles que : ne pas se faire tuer). Le pauvre souffrait déjà bien assez, il ne serait pas de ceux qui contribuerait à ruiner le moral d’un homme désabusé…

D’autant que pour le moment la buse c’était lui. Le fait qu’il l’implique directement dans ses propos n’était pas pour lui plaire… Ce qui allait venir n’allait probablement pas lui plaire…

"Tous les deux, vous êtes les meilleurs agents de toute la Team Rocket, n'est-ce pas ? Ce serait bien si vous montriez à Owen toutes les techniques d'assassinat que l'on vous a apprises ? Forcément, sur lui, il faut qu'il puisse retenir les mouvements au mieux ! Bien sûr, n'allez juste pas au bout de l'attaque, il faut que vous le gardiez en vie, pour pouvoir le réutiliser pour toutes vos techniques. Allez les enfants, montrez que vous êtes la fierté Rocket. Ma fierté.. "

Le visage d’Owen se crispa dans une expression pleine de sens.

Comment était-il humainement possible de faire pareille requête à deux gosses ? Deux gosses qui n’avaient aucune conception du bien et du mal. Sur le coup il se demanda même pourquoi il n’avait pas choisi de rejoindre l’autre camp.
Toujours à lui de supporter ce genre de merde. Surtout le jour de Noël. C’est vrai qu’avant il ne se disait pas vraiment respectueux de cette tradition, passant habituellement la journée en solitaire et tout le reste du blabla qui se fait habituellement dans sa tête. Là il reconsidérait la question, se disant qu’au final, une petite fête entre amis, autour d’une bonne table bien garnie, à fumer le cigare et à jouer au Poker, dans la joie, la bonne humeur, et à la vue d’un superbe sapin, ben… ça pouvait toujours être préférable au fait de se faire torturer dans la neige par les deux marmots.

Encore plus quand on se rendait compte de l’engouement des deux marmots en question.

Encore plus quand on savait de quoi ils étaient capables et qu’on connaissait le matériel à leur portée, innocemment dissimulés dans leurs cartables d’écolier.

" Vous m’excuserez, on m’appelle un peu plus loin ! "

C’est ainsi qu’Owen se retrouva à s’éloigner du grand sapin. Laissant leur Blizzi pourtant si bien décoré dans la farandole de ses congénères, laissant Giovanni passer à autre chose et feindre d’ignorer totalement un Barbicha qui faisait de son mieux pour se rendre visible (attention à ne pas l’écraser dans cette obscurité !). Il repartait tout droit sur le chemin de la clairière, droit vers là où devait encore se trouver le corps inanimé de Monsieur Moustache. Tout du moins il essayait.

La nuit était tombée, la neige, les arbres, tout ce décor n’avait plus rien de particulier, il avançait d’un pas pressé, se hasardant à penser qu’il était bien dans la bonne direction –la seule qu’il ne connaisse- mais c’était tout aussi probable qu’il ne se dirigea, à travers bois vers la Tour Chétiflor ou la volière de l’arène. C’était impossible à déterminer, encore plus quand deux mioches vous talonnent et vous empêchent de réfléchir du même coup.

"Pourquoi tu es si pressé Owen ? Attends-nous au moins ! On a la mission de papy Gio à faire ! "

Trouver une réponse logique… Une réponse qui pourrait leur convenir, une réponse au-delà de toute notion de bien et de mal –bien entendu ils n’allaient pas comprendre que tester des techniques d’assassinats sur une personne en vie n’était pas une chose qui se faisait, Owen aurait beau faire usage de tous les meilleurs argument possibles et imaginables ils les voyaient déjà en train de répondre avec leur visage de poupon : « Oui mais Grand-Père Gigi nous l’a demandé gentiment ! ». Il avait peut être passé toute la journée avec eux, supporter presque tous leurs caprices et gamineries, mais rien n’y changerait, sa parole ne vaudrait pas celle du grand patron.

C’est pourquoi il fallait trouver une justification qui tenait la route.

Pas trop quand même sinon leur cerveau d’enfant assimilerait ça à une blague et prendrait ça comme un encouragement à lui sauter dessus. Vite, il devait trouver quelque chose. Il n’allait quand même pas s’aventurer dans la forêt à une heure pareille… Et puis toute cette fête ! Et puis tous les cadeaux, tous les gâteaux, il devait forcément y avoir une solution efficace à son problème ! Un agencement de mots qui convaincrait les deux autres de ne pas l’écorcher vif.

Il s’était retourné, leur faisait face sans pour autant être tranquille, il s’évitait juste un poignard dans le dos.

"Pourquoi tu fais cette tête ?
-Tu as peur de quoi ?
-Mais arrête de reculer bon sang ! "

À mesure qu’ils s’approchaient il faisait des pas vers l’arrière, fixant leur visage bienveillant comme pour y trouver plus facilement la solution qu’il attendait. Qu’est-ce que peut bien dire un enfant quand il est acculé et qu’il veut échapper à une tâche, à un devoir en particulier, comment va-t-il aller se justifier d’une absence soudaine et particulièrement bienvenue…

"Aïe !
-Tu vois ! Je t’avais bien dit de faire attention ! À force de faire l’andouille et de marcher à reculons tu te fais mal ! T’es vraiment trop bête Owen. "

Mal pas tant que ça. C’était plutôt le fait de se retrouver dos à un arbre qui le gênait, surtout que le contourner n’était plus vraiment possible à présent.

Réfléchir. Réfléchir.

Et soudain, d’une impulsion venue d’on ne sait trop où, il lâcha :

"JE DOIS ALLER AUX TOILETTES ! "

… Aussi absurde que ça puisse paraître, il avait mis tellement de convictions dans ce cri du cœur que les enfants se figèrent dans leur avancée, surpris ils avaient même eu –bien qu’inconsciemment- un mouvement de recul. Le faux-détective profita de cette ouverture pour passer entre eux, se dégageant de cette position délicate et reprenant le dessus (ce qui en gros voulait dire qu’il était de nouveau capable de fuir en cas d’urgence), pas question de leur laisser le temps de mûrir et de comprendre que les adultes étaient également capables de mentir.
Son excuse prenait, autant en profiter pour se permettre une bonne retraite.

"Attendez moi bien sagement ici les enfants ! "

Il allait partir en courant, retourner vers le sapin géant, se cacher dans la foule, admettre qu’ils étaient tout à fait capables de rentrer à la base Rocket d’eux-mêmes et qu’au pire ils choisiraient Giovanni comme nouvelle nounou, il allait s’empiffrer de gâteau, danser, profiter et surtout éviter de se retrouver de nouveau acculer contre un mur face à des psychopathes !

Soudain il remarqua que les décorations du grand sapin qu’il rejoignait se mettaient à clignoter, de là où il était il avait bien l’impression qu’il se passait la même chose au Petit Potin. Quelque chose n’allait pas… Erika avait-elle surestimé la consommation électrique de toutes ces LEDs réunies ?
Il en doutait.
La musique entraînante qui marquait le rythme des rondes autour du grand arbre s’arrêta nette, remplacée par un grésillement désagréable, comme si on parasitait le signal. Plus personne ne dansait, plus personne ne chantait, plus personne ne riait. Le sapin s’était complètement éteint, on ne comprenait pas ce qu’il se passait. Erika leur préparait-elle une surprise ? Si c’était le cas, elle était de très mauvais goût.

Owen comme les deux gosses n’avaient pas bougé, toujours à l’écart du gros du groupe, ils s’attendaient au pire, attendaient que quelque chose bouge, attendaient que la suite vienne.

Ils n’y voyaient presque rien d’ici. La nuit était tombée et la lueur de la lune ne leur permettait pas beaucoup plus que de voir à quelques mètres devant eux. En revanche, ils entendaient très bien.
Les haut-parleurs fonctionnaient toujours et ils crachèrent une voix sonore, puissante mais sans genre, une voix masquée qui ne se veut pas reconnue, une voix qui est là pour annoncer une « grande nouvelle »


Suivit une longue plainte, celle d’un Pokémon en cage, celle de Suicune qui ne pouvait plus rien faire contre ses ravisseurs. Owen lâcha un juron, aussitôt suivi d’un hoquet de surprise de la petite demoiselle qui l’accompagnait. Et tout de suite après, une rumeur commença à monter, les hommes s’inquiétaient, les hommes partageaient leurs inquiétudes avec les autres.

Ils étaient de retour.

Les Quetzacoalt étaient en possession du deuxième félin légendaire ! Après Raïkou, Suicune tombait dans leurs griffes et les rapprochait un peu plus de leur but destructeur. D’un coup, Owen se rendit compte de l’urgence de sa mission, s’il échouait où s’il ne l’accomplissait pas dans les plus brefs délais, le monde se retrouverait sans aucun allié pour faire face à l’oiseau de feu… Il devait vraiment éviter de se faire réduire en bouillie par deux enfants alors qu’une tâche aussi importante lui était destinée.

Il devait trouver Giovanni de suite, qu’il lance sa mission dans les plus brefs délais, il devait se dépêcher, partir demain s’il le fallait, ramener sa proie le surlendemain pour enchaîner tout de suite avec la cérémonie, l’invocation, éviter la fin du monde et avoir le week-end de libre.

Tsss…. Longue vie aux optimistes.

Il arrivait sérieusement à penser dans un moment pareil qu’il puisse être le sauveur, celui qui changerait la face du monde… N’importe quoi. Il n’était qu’un simple pion, destiné à tomber quand viendrait son heure. Seule satisfaction, il était à présent de certain de ce qu’il avait à faire après sa mission, sa voie était toute tracée et il comptait bien la suivre jusqu’au bout.
Un pion n’a plus rien à perdre.

Il se tourna vers les deux enfants qui semblaient bouleversés par l’annonce. Comprenaient-ils tout ce qu’elle impliquait ou ressentaient-ils seulement –instinctivement- qu’il s’agissait d’une très mauvaise chose ? À cet instant ils ressemblaient vraiment à des enfants. Prêts à fondre en larmes et à se jeter dans les bras du seul adulte présent pour se consoler. Owen voulut leur parler, les rassurer, leur dire quelque chose pour les remotiver et qu’ils se reprennent en main, seulement…

Un éclair de lumière caractéristique de l’ouverture d’une Pokéball traversa un buisson tout près d’eux, les faisant se retourner instinctivement. Un instant plus tard, un Melokrik pointait le bout de son nez. Et vu la teinture blonde qui recouvrait ses moustaches, Tommy le reconnut presque immédiatement comme appartenant à Monsieur Moustache –et dites vous bien qu’il fait nuit donc imaginer bien la teinture hein. À tort il crut que le colosse blond allait émerger à sa suite, prêt à se venger de ce qu’ils lui avaient fait subir un peu plus tôt (et encore ce n’était pas ce qui inquiétait le plus le détective de pacotille), mais il ne vint pas, au contraire même, on l’entendait ronfler…

Le Pokémon insecte était comme en transe, avançant tout seul sans sembler s’apercevoir de la présence de trois humains. Quelque chose l’avait guidé hors de sa Pokéball, quelque l’attirait loin de son dresseur. Il marchait comme un zombie, comme si une pensée primaire guidait ses mouvements, un but premier qui ne se laissait distraire par aucun de ses sens.
Mais ce qui suivit fut encore plus troublant…

Les cris de panique qui résonnaient au loin s’intensifiait. Il était en train de se passer quelque chose près du sapin, mais les trois humains ci-présent commençaient à avoir leurs propres soucis.

À l’unisson chacune des Pokéballs de nos trois compères s’ouvrirent, libérant tour à tour un Roigada, un Kecleon, un Capumain, un Persian pour Owen , un Pyroli, un Voltali, un Givrali et un tout jeune Aquali du côté de Bibi, et un Spinda monté sur un Grahyena du côté de la petite Eiko. La même transe sembla instantanément habiter le corps de leurs Pokémons, laissant les trois humains sans voix et sans actes face à ces événements inexplicables.

Owen ne comprit pas. Les deux enfants encore moins. Qu’est-ce qui pouvait bien animer des Pokémons comme ça ? Pourquoi avaient-ils franchis la barrière de la Pokéball sans attendre qu’on ne les appelle ? Au loin on appelait désespérément toute une foule de Pokémon, les dresseurs n’arrivaient plus à les tenir, ils étaient tous en train de partir…
Partir vers où ?

Le petit groupe de Pokémons du trio pressa le pas pour rejoindre le gros des troupes. Eiko et Bibi voulurent s’élancer tout de suite à leurs trousses, inquiets que leurs amis ne les écoutent pas, ne les entendent pas, Owen distingua Erika tenter de sortir vaillamment du café, faisant de son mieux pour que les dresseurs n’essayent pas de trop s’impliquer et finissent gravement blesser. L’agent Rocket copia aussitôt ce réflexe en sommant les deux gosses de ne pas s’inquiéter qu’il allait lui-même se charger de récupérer les Pokémons.

C’était peine perdue. Il oubliait qu’il avait affaire à des agents bien plus anciens que lui. Il oubliait que si on oubliait leur corps à la force plus limitée, ils étaient tout aussi capables que lui de faire face à cette situation de crise. Et pendant qu’ils débattaient les dix Pokémons étaient déjà loin. Ils se mêlaient à tous les autres, empruntant le Petit Potin pour se ruer vers l’extérieur, sans se soucier des dégâts matériels qu’ils causaient au passage.

Au diable les Quetzacoalts et leur plan de conquête, ils ne pouvaient quand même pas être responsable de tout ce bordel !

Il profita de la supériorité de ses réflexes pour partir d’un sprint dans la direction de cet immonde chaos, laissant en plan les enfants qui de leurs petites jambes mettraient un certain temps à rejoindre cette immense file apocalyptique, au fond de lui il espérait même qu’ils n’arrivent pas avant qu’elle ne se soit complètement engouffrée dans le Petit Potin.

Surtout qu’à présent les humains se mêlaient à leurs compagnons, prenant tous les risques les plus inutiles qu’on puisse imaginer pour tenter de raisonner l’irraisonnable. Certains tombèrent, certains se firent piétiner, d’autres pleuraient, d’autres encore étaient complètement perdus et ne savaient absolument plus quoi faire.

Owen aperçut de loin la couronne de Roigada. C’était encore celui qui serait le plus facile de raisonner, celui qui pourrait ensuite apaiser tous les autres, mais pourquoi diable ne résistait-il pas non plus à cette emprise psychique ?! La diversité de Pokémons était tout bonnement ahurissantes, de toutes les tailles et de toutes les corpulences ils arrivaient pourtant entre eux à ne pas se gêner dans leur avancée, presque comme s’ils étaient en parfaite synchronisation.
Mais pour ce qui était du bâtiment qu’ils traversaient…

Qu’est-ce qu’il pouvait bien faire pour calmer tout ça ?

Rien. Si ce n’est courir. Percevoir le son du sapin implosant sous la libération d’un gigantesque Blizzaroi, voir le géant franchir en quelques foulées monstrueuses la distance qui le séparait de l’extérieure, ressentir au ralenti le coup qu’il reçu dans la mâchoire directement envoyé par l’avant-bras du colosse des neiges qui n’avait même pas du se rendre compte de la présence de quelqu’un sur sa route. Se sentir expulser au loin. Atterrir dans la neige froide. Être prêt à perdre conscience. Lutter. Voir la bâtisse s’écrouler sur le passage de l’Arbregelé.

Qu’est-ce qu’il aurait aimé pouvoir rester là, étendu et oubliant toute l’agitation qui l’entourait.

"Owen, reprend toi bon sang ! "

Il sentit qu’on lui donnait des petites claques sur ses joues déjà rendues douloureuses par le coup de Blizzaroi. Sa vision redevint nette et il vit qu’Eiko était penchée sur lui, Bibi juste à côté qui attendaient de pouvoir le relever et repartir à la poursuite des Pokémons.
Une étrange rumeur parcourait le ciel alors que deux têtes d’anges le traitaient d’idiot, d’imbécile, d’irresponsable, de gamin incontrôlable qui n’était bon qu’à se blesser. Il pensait qu’elle n’existait que dans sa tête, étrange séquelle du coup qu’il avait reçu, mais à force qu’il se rapprochait de l’attroupement cette rumeur devenait un chœur de plaintes, des lamentations de Pokémons criées aux cieux. Etaient-ils en train de pleurer le sort de Suicune ? C’était une hypothèse farfelue mais tout de même envisageable.

Il ne pouvait que percevoir par les bruits et les silences, tout le village ceinturait maintenant l’hommage de cette assemblée de Pokémons. Derniers arrivés, moins bien servis. Pas sûr que cette scène ne soit la plus belle chose qui lui ait été donné de voir. Les enfants eux avaient l’air particulièrement émus, peut être pas pour les mêmes raisons que tout le monde, mais eux au moins réussissaient à ressentir quelque chose.

Lui… Que ça vienne du fait qu’il se soit fait sonné ou que malgré tout ce qu’il avait pu dire il se préoccupait plus de ce qui allait venir ensuite que des cris émouvants de tous ces Pokémons. Ca lui faisait bizarre de s’imaginer les siens dans un pareil état de bouleversement, mais ça n’était pas naturel, il l’avait constaté de lui-même en les voyant dans leur état de zombie…

Il voyait cette scène pleine d’émotion sans y accorder la moindre importance, il avait juste envie de partir, de se replier dans l’ombre et d’attendre que ses Pokémons reviennent à leur état normal. Du coin de l’œil il aperçut Giovanni s’éloigner discrètement de la foule, il ressentait probablement la même indifférence que lui pour l’ambiance générale, ruminait probablement une vengeance pas assez rapide à son goût…

Owen abandonna Eiko et Bibi, ils ne se rendraient probablement pas de son absence avant de pouvoir récupérer leurs Pokémon –et seul Arceus savait à quel point la queue était longue, cherchant à retrouver son patron assez vite.
Mauville ne lui était pas familière, encore moins maintenant que certaines bâtisses s’étaient vues éventrées par la sortie inconsciente de certains gros Pokémons. Et n’ayant qu’une vague idée du chemin qu’avait pu prendre le mafieux…

Ses pensées obscures toujours en tête, il explora Mauville d’un pas lent et ne croisa qu’une seule personne : Abel.

Ce dernier ne se rendit même pas compte de sa présence, trop occupé qu’il était à se concentrer sur deux gamins en très bas-âge. Complètement gâteux, le « chef du département scientifique » avait pourtant l’air soucieux. Venait-il de croiser son patron ? Ou était-ce simplement la fuite de ses Pokémons qui le préoccupait au point de ne même plus voir au-delà des bavoirs de ses bambins…
Mais bordel, pourquoi fallait-il qu’il pense toujours à autant de trucs inutiles ?

Il erra encore une bonne minute, roulant des yeux dans les trois dimensions pour trouver celui qu’il cherchait, et quand enfin il trouva…

" Owen ? Tu fais quoi ? "

Il était tout proche du Petit Potin, inconsciemment ses pas l’avaient amené à rebrousser chemin. Les deux gamins arrivaient vers lui au pas de course, ayant retrouvés sa trace tout de suite après avoir récupéré leurs Pokémons. Ils étaient sur le point de le rejoindre, courant derrière lui, et pourtant il ne se retourna pas, figé au coin de cette rue, fixant une scène que les enfants ne pouvaient encore voir.

Son visage était à mi-chemin entre l’horreur et la panique : Giovanni était entendu au sol, couvert de sang.

La propriétaire du Petit Potin était penchée sur lui, mais se rendit aussitôt compte de sa présence, leur regard se croisa, il ne s’était jamais vraiment adressé la parole, mais il comprit tout de suite : elle était tombée sur lui par hasard, ne savait rien et voulait à tout prix lui prodiguer les premiers secours.

Elle porta un doigt à sa bouche en percevant la voix de Bibi : Elle voulait le faire le plus discrètement possible.

Les sinistres événements qui avaient commencé à s’enchaîner après l’annonce Quetzacoalt étaient déjà assez nombreux pour qu’on ébruite un meurtre. Il la comprenait. Sans vraiment savoir pourquoi, il lui fit instantanément confiance.

Elle allait avoir un peu de mal à tirer le corps en lieu sûr et à l’abri des regards mais il allait lui permettre de gagner du temps, surtout qu’Eiko et Bibi n’étaient pas seuls.

"Owen ! Dépêche-toi de venir ! Ton Kecleon ne veut pas s’arrêter de pleurer ! On n’a pas que ça à faire de surveiller tes Pokémons hein… Les parents de Puck nous ont invités moi et Bibi à venir manger une bûche glacé pour qu’on se remette de tout ça…
-… J’arrive. "

Argument qui suffit à calmer la curiosité générale.
Personne ne parlait, même Puck qui avait –d’après Eiko- pourtant l’habitude de taquiner Bibi et de le pousser dans de vraies conversations, était solennel.
Le brun partit récupérer ses Pokémons, la crise d’hyperémotivité de Kecleon se calma à l’instant même où il vit que son dresseur débouchait sur la place principale de la ville, là où s’était déjà bien dispersé toute la foule de Pokémons envoûtés. Il prétexta un coup de fatigue pour que les jeunes s’en aillent sans lui.

Qui avait bien pu faire ça ?

La seule personne qu’il avait croisée sur les lieux était Abel, préoccupé qui plus est… Une conscience pas vraiment tranquille ? Il allait devoir réfléchir à tout ça avant de partir se coucher… Sa soirée était encore loin d’être finie et la première chose qu’il allait devoir faire consistait à emboîter le pas de la religieuse pressée qu’ils avaient croisée en revenant ici. Elle courrait vers le Petit Potin, sans doute prévenue par Erika.

Maintenant qu’Eiko et Bibi n’étaient plus dans ses pattes, il allait devoir… devoir quoi ?
Beaucoup de personnes devaient en vouloir à la vie de Giovanni, mais au point de l’abattre en pleine rue, alors qu’il ne s’était fait remarquer de personnes par ses actes aujourd’hui ? Peut être quelqu’un comme Reimei… Mais il la savait loin d’ici, elle avait eu sa vengeance, elle ne serait pas revenue comme ça…
Quant à Abel… Le fait qu’il ait un môme dans chaque bras ne lui permettait pas vraiment un meurtre. Mais s’il n’avait pas été témoin de la tentative de meurtre, cette dernière s’était forcément faite en à peine quelques secondes, ce qui désignerait Erika…

Ouais, mais non.

Il avait eu vent de la réputation d’Erika Sasaki.

Il l’avait compris au premier coup d’œil.

Elle n’était pas impliquée.

Ce qui faisait forcément d’Abel Kujaku un coupable…

… Ou un complice.

Il n’allait pas se coucher tôt aujourd’hui.

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Un Blizzi !
Le petit pokémon s'est attaché à ton Farfaduvet et à toi par la même occasion. Alors que tu t'apprêtais à partir de Mauville, le pokémon t'a suivi tant bien que mal et a décidé de rester avec toi. Ce charmant petit pokémon t'appartient maintenant ! Il est niveau 25 et tu peux choisir ses attaques en en prenant une si tu le souhaites de reproduction.