[Inscriptions] Event printanier à Doublonville

Tic Tac Tic Tac. Sur la table de chevet, le petit réveil en forme de skitty comptait les secondes dans un profond silence. Derrière lui, un filet de lumière se dessinait tout doucement dans la pénombre, à mesure que les rayons du soleil remontaient au travers des deux rideaux de la fenêtre. Un peu plus loin, accroché sur le mur, près du miroir de la coiffeuse, le calendrier multicolore semblait attendre le début de la journée et guettait, imperturbable, le réveil de l’occupante de la petite chambre.

Mais celle-ci avait déjà les yeux grands ouverts. Ses doigts manucurés et vernis la veille agrippaient fermement le bord de la couette, déjà prêts à l’arracher du lit. Elle attendait, à l’affût, que cette interminable minute se termine enfin. La trotteuse continua lentement sa course, inondant de ses petits hoquets un silence devenu de plus en plus difficile à supporter. Une seconde ricocha contre le sablaireau en peluche. Une autre dégringola le long des posters accrochés au dessus du lit et sautilla du porte clé accroché au téléphone jusqu’à celui qui se balançait le long de la hanse du sac à main en cuir.

Tic Tac Tic Tac. Le soleil termina enfin de s’étirer, jusqu’à rejoindre la chaise dont le dossier était recouvert d’une tenue mûrement réfléchie depuis plusieurs jours déjà. Les battements de cœur répondaient désormais au mécanisme de l’horloge.

Puis enfin, le réveil hurla le début de la journée.

Aussitôt, une gifle magistrale vint interrompre son champ du coq. La couette vola, deux jambes s’extirpèrent du lit pour se précipiter en direction de la fenêtre de la chambre. Les rideaux s’écartèrent. Ciel bleu, pas de nuage. Bascule de la chaise, libérée de son fardeau. Le pyjama céda sa place à une petite robe printanière et un petit gilet blanc en coton. Aucun pli, parfait.

Regard rapide dans le miroir de la coiffeuse. Trois doigts glissèrent le long de la longue mèche brune. Devant ou derrière l’oreille ? Derrière, cela mettra en valeur son cou. Ah ! Le collier, il ne fallait surtout pas l’oublier. Une dernière vérification de la frange, il fallait camoufler le bouton qu’elle avait sur le front. Non, un petit peu plus… Plutôt comme ça… Voilà ! Vite, le sac à main accroché au porte manteau, le téléphone, laissé branché toute la nuit, et tout était prêt ! La porte de la chambre claqua sans perdre de temps, plongeant à nouveau la chambre dans un silence total. Quelques bruits de pas pressés s’éloignèrent… Puis se rapprochèrent à nouveau. La porte s’ouvrit en trombe, comme soufflée par une tempête parfumée. Elle courut jusqu’au carton posé sur le petit tabouret au pied du lit puis fouilla activement avant d’en sortir une écharpe couleur sable et une liasse de photos en papier glacé. Un dernier regard pour s’assurer que rien n’avait été oublié, et elle disparut à nouveau.

Dans le dernier claquement de porte, la page du calendrier se souleva. Autour de la case d’aujourd’hui, un large cœur rouge avait été dessiné, accolé à un « Terra » écrit avec minutie. Sans doute ce jour printanier était une date qu’il ne fallait manquer pour rien au monde…

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