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 [Event] Le festival de la Tour Chétiflor

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Super StaffMaître du jeu

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MessageSujet: [Event] Le festival de la Tour Chétiflor   [Event] Le festival de la Tour Chétiflor EmptyDim 23 Jan 2022 - 19:28


Choco Pudding

Personnage non joueur



Tout en haut, le ciel avait pris une belle couleur orangée. Cette couleur, Choco Pudding l’aimait beaucoup, car elle avait un goût de chocolat chaud.

La roulotte ricochait par intermittence sur les pavés des rues de Mauville. Un pas devant l’autre, Choco Pudding tirait sa petite boutique ambulante avec patience et détermination, le tout sous le regard bienveillant des passants. Quelques fois, les grandes roues en bois rencontraient des obstacles, mais Choco Pudding était habitué et trouvait toujours un moyen de s’en sortir.
Il faut dire que ses petits pieds crémeux en ont connu, des déconvenues, alors un petit nid de poule ne risquait pas de le stopper dans sa lente mais courageuse progression.

Ce soir-là, Choppi était d’ailleurs particulièrement motivé, car à Mauville, une très grande fête était en train de se préparer. Il ne pouvait pas manquer cela ! Bien sûr, tout le monde s’attendait à le voir montrer le bout de sa petite frimousse sucrée, en particulier les enfants qui se firent un plaisir de l’accueillir dès qu’il franchit l’entrée de la petite ville aux toits de lilas.

Mais Choppi n’était pas venu pour s’amuser, ça non, sinon il n’aurait pas emporté sa roulotte avec lui ! À l’intérieur, d’innombrables confiseries attendaient d’être cueillies par les visiteurs du festival. Mais avant de les distribuer, Choppi devait s’installer. Ho-hisse, la montée vers la grand place n’était pas tendre, il fallait tirer plus fort, sinon la roulotte risquait de repartir dans l’autre sens. Si cela venait à arriver, jamais elle pourrait être installée à temps pour le festival ! Heureusement, Choco Pudding n’était pas du genre à baisser les bras, et il était aussi costaud qu’il sentait bon ! Alors il tira sans montrer quelconque signe de fatigue, et voilà que la roulotte atteignit les abords de la grand place. Cette petite réussite réchauffa le corps du pokémon, comme un gâteau tout juste sorti du four.

Sur la place, une longue clôture faite de piquets en bois délimitait l’espace destiné au festival. L’endroit était grand pour Choco Pudding, mieux valait être prudent pour ne pas se perdre ! Heureusement, les visiteurs n’étaient toujours pas arrivés, il restait du temps pour préparer la boutique. Alors la roulotte reprit son chemin et roula doucement jusqu’à l’une des trois entrées de la zone du festival. Juste à côté du passage, un grand homme sans cheveux plaçait avec délicatesse des petits tubes en bois enroulés de corde dans des petits trous prévus pour les accueillir. Choppi ne put s’empêche de s’avancer, curieux de savoir à quoi pouvaient servir ces étranges bâtons de cannelle en bois. Le moine lui adressa un sourire doux et l’accueillit par un salut respectueux teinté  d’une belle voix grave.

Ce n’étaient pas des bâtons de cannelle, expliqua-t-il gentiment à Choco Pudding, mais des rouleaux renfermant un parchemin, lui-même inscrit d’une divination. Choppi n’était pas sûr de bien tout comprendre, mais lorsque l’homme lui proposa d’en prendre un, il accepta avec plaisir.

« Attention Choppi, tu ne dois pas l’ouvrir tout de suite. Il faut attendre le début du festival, et dénouer la ficelle une fois dans la tour, au pied du grand pilier. Tu as compris ? »

Cette fois c’était plus clair, alors Choco Pudding répondit par l’affirmative. Il posa son petit rouleau dans le panier d’osier accroché à sa roulotte puis reprit son chemin en direction de l’emplacement qui lui avait été attribué. Très rapidement, un autre moine vint à sa rencontre, et l’accompagna sur quelques mètres en direction de là où il allait pouvoir ouvrir sa boutique itinérante.

La truffe de Choppi ne put s’empêcher de renifler une foule d’odeurs dans les allées qu’il traversa. Tantôt salées, tantôt sucrées, les restaurateurs d’une nuit avaient déjà mis en marche la petite cuisine de leur tente afin d’être prêts à accueillir les visiteurs. On entendait la friture ronger les beignets plongés dans l’huile, on voyait la fumée blanche sortir des grandes marmites de bouillon, tandis que les nouilles fraîches volaient habilement entre plusieurs paires de mains généreusement farinées.

Dans son pèlerinage gustatif, Choco Pudding ne réalisa qu’au tout dernier moment qu’il avait enfin trouvé là où s’installer. Seulement, Choppi avait un petit problème. Juste devant lui se trouvait la marche d’un trottoir, bien trop haute pour que sa roulotte puisse la franchir en la tirant. Mais le petit pokémon ne se découragea pas, et tenta de pousser sa boutique en bois. Une fois, deux fois, trois fois ! Mais non, rien à faire… Voilà qui était bien embêtant pour Choppi.

« Ah ! Tu as besoin d’aide Choppi ? »

La voix d’un enfant qui sentait bon le caramel chaud sembla surgir de nulle part. Bientôt, celle d’une jeune fille à l’odeur de fraise le rejoignit. Rapidement, tous les deux avisèrent la situation. Malheureusement, eux étaient trop petits pour pouvoir l’aider, alors, le garçon s’éloigna à toute allure, promettant aller chercher de l’aide.

« Toi aussi tu as eu ta divination Choppi ? J’ai trop envie d’ouvrir la mienne ! Mais il faut attendre, sinon ce sera une mauvaise divination ! »

La petite fraise se balança d’un pied à l’autre, agitant son étui gravé avec engouement. Choppi récupéra le sien, toujours posé dans le petit panier, et le montra à l’enfant. Les deux tubes de bois n’étaient pas tout à fait identiques, chacun arborant des gravures rappelant différents types de végétaux. La ficelle, elle, était la même, et restait solidement nouée autour du rouleau par un nœud ingénieux, tenu grâce à une pièce de monnaie percée qui semblait faire office de sceau.

« Le moine m’a dit qu’il fallait tirer à cet endroit là de la corde, comme ça, ça ouvre tout ! Ensuite, tu jettes la pièce dans la grande boîte trouée au pied du pilier, tu fais un vœu, et tu peux ouvrir l’étui ! Tu verras c’est facile ! Enfin c’est que m’a dit ma maman. »

Choco Pudding adressa une petite exclamation satisfaite à l’enfant afin de la remercier pour sa précieuse explication. Au même moment, il aperçut, quelques mètres au loin, trois grands hommes s’approcher, guidés par le petit garçon de tout à l’heure. Tous étaient vêtus d’un habit traditionnel aux couleurs de la ville et coiffés d’un carré de tissu blanc, comme les cuisiniers que Choppi avait croisé quelques minutes auparavant. Ils s’adressèrent à lui avec un voix forte et vigoureuse puis avisèrent la roulotte. Alors, de leurs gros bras aussi bruns qu’un pain d’épice, les grands costauds soulevèrent la boutique de Choppi et la hissèrent sans difficulté sur le trottoir. Quelle chance !

La petite et son camarade applaudirent, admiratifs, tandis que le petit pokémon offrit à ses bienfaiteurs un petit bonbon en guise de remerciement.

« Si t’as besoin d’aut’ chose, Choppi, tu nous dis hein ! »

Un pouce dressé, une manche relevée, et les trois bonshommes de pain d’épice regagnèrent leur stand de beignets, quelques allées plus loin. Les enfants s’éloignèrent eux aussi, désireux de profiter d’être sur place avant que la cohue n’arrive pour voir les autres étals. Pour Choppi, l’heure était désormais à la mise en place !

Dans le ciel, le soleil était désormais à moitié caché derrière les montagnes. Il n’y avait plus de temps à perdre ! Alors le petit confiseur tourna la manivelle située sur le flan de la roulotte. Celle-ci s’ouvrit alors à l’aide d’un mécanisme spécialement pensé pour son propriétaire, qui, en un tour de main, se retrouva presque déjà prêt ! Devant lui, sa truffe ne pouvait s’empêcher de frétiller sous l’appel des innombrables odeurs des boîtes de bonbons. Mais, quelque chose sembla préoccuper encore Choppi. Était-ce un problème avec sa roulotte ? Non, tout était normal. Des bonbons qu’il aurait oublié de mettre sur son étal ? Non plus, ils étaient tous là !

Mais oui, Choco Pudding comprit ce qui manquait ! Alors il dévala les deux petites marches pliables pour regagner le sol, et contempla son entreprise quelques secondes.

« Tu vas te promener, Choppi ? Je peux garder la roulotte pour toi si tu veux ! »

La dame du stand voisin venait tout juste de revenir. Sur son étal, une foule d’objets étaient exposés, tous reliés à une ficelle différente, nouée en un gros tas de nœud. Tirer sur une des ficelles faisait bouger l’un des objets, mais impossible de savoir quelle ficelle était reliée à quelle récompense, c’était donc une drôle de loterie ! Choppi eut envie d’essayer, mais la dame était en train de vérifier que tout fonctionnait correctement. Alors, il se contenta de lui offrir un petit bonbon, puis s’enfonça plus profondément dans les autres allées.

Les stands étaient si grands et si nombreux que Choppi crut avoir quitté Mauville l’espace de quelques instants. Seule la Tour Chétiflor était toujours visible au nord, et semblait toiser toute la grand place du haut de ses trente mètres. Le regard du pokémon fut attiré par toutes sortes de couleurs, sa truffe tiraillée quant à elle par d’innombrables odeurs. Par ici, un jeu de lancer d’anneaux en bois, par là, un stand de baies couvertes de caramel et attachées à un bâtonnet. Un peu plus loin, le parfum irrésistible de queues de Ramoloss rôties côtoyait un ciel tapis de lanternes flottantes aux couleurs chatoyantes. Choppi ne put s’empêcher de les regarder se balancer délicatement, tandis qu’au-dessus d’elles, le ciel s’assombrissait de plus en plus.

Alors, Choco Pudding continua son exploration, saluant les commerçants et les propriétaires d’étals qui, tous, proposaient un jeu ou un type de nourriture différent. Certains vendaient aussi des peluches, d’autres des cerfs-volants. Il y avait même un monsieur qui proposait des petits feux d’artifices avec son Darumaka, tandis que sa fille gérait juste en face un stand de fanions colorés reprenant la forme de la tête d’un Chétiflor ou d’un Empiflor. Admiratif, Choppi les regarda avec tant d’intérêt que la jeune vendeuse proposa de lui en offrir un pour décorer sa roulotte.

« Je vais te le mettre, si tu veux ! Ta roulotte est de l’autre côté hein ? Oh il faut que tu ailles voir le bassin, il y a plein de poissirènes, c’est super beau ! »

Le pokémon remercia la jeune fille par un petit bonbon et la regarda partir à toute allure. Le bassin ? Cela avait l’air intéressant à voir ! Alors Choppi pivota vers le nord, en direction de l’étang qui séparait la tour de la grand place. Mais sur le chemin, une soudaine odeur de fleur ne manqua pas de chatouiller l’odorat du confiseur qui aperçut quelques mètres plus loin, entre un étal de jeu de tir et un autre de masques de Chétiflor, un magnifique stand entièrement recouvert de fleurs colorées. Au milieu de ce bouquet se tenait dans un kimono tout aussi fleuri une jeune fille que Choppi connaissait bien. Elle aussi, d’ailleurs, puisqu’elle lui faisait signe aux côtés de son Boustiflor.

« Coucou Choppi ! Qu’est-ce que tu en dis ? Suzie dit que j’ai peut-être mis trop de fleurs… Je suis toute excitée, j’ai hâte que ça commence ! »

Le petit pokémon lui répondit par un petit cri enjoué avant de désigner une drôle de fleur tenue dans un pot juste derrière elle. De loin, elle ressemblait en tous points à un Chétiflor, mais contrairement au pokémon, celle-là ne bougeait pas.

« C’est rigolo hein ? J’en ai prévues plein ! Ah, je sais, je vais t’en donner une pour la mettre sur ta roulotte ! Ça fera tout joli ! »

Choppi fut ravi d’une telle idée, et tendit ses petites pattes vers Pétunia, qui lui offrit bien volontiers sa belle orchidée. Alors, le pokémon se promit de lui offrir un bonbon en retour, mais décida de se rendre avant jusqu’à l’étang, l’heure du festival commençant dans très peu de temps.

Les petites pattes sucrées de Choco Pudding l’amenèrent enfin jusqu’aux deux ponts de bois qui rejoignaient la grande tour. Tout autour, un large étang à l’eau transparente brillait de mille feux, survolé par d’innombrables lanternes en papier aux couleurs aussi douces qu’une pomme d’amour. Près de l’étang, un homme vêtu lui aussi pour l’occasion le salua d’un air franc. Autour de son front, un bandeau solidement dégageait une douce odeur d’algue. Derrière lui, des filets d’une forme étrange attendaient d’être utilisés par les visiteurs et finissaient d'être inspectés par ses camarades.

« Yo Choppi ! Alors, toi aussi t’es prêt pour cette nuit ? Cette année encore les poissirènes ont fait le déplacement, et ils ont l’air farouche, ça promet ! Ah c’est un beau cadeau que t’as là, tiens, je t’en offre un aussi ! »

L’homme s’éloigna quelques instants puis revint avec une petite sculpture en bois reprenant l’apparence d’un Poissirène. Choppi le récupéra avec gratitude et commença à s’éloigner, lorsque subitement, juste au-dessus du pont d’aubier, un immense Poissoroy exécuta un saut grandiose. L’espace d’un instant, le pokémon poisson sembla voler par dessus les lanternes, avant de retrouver dans un formidable plongeon l’eau scintillante de l’étang. L’homme en charge du jeu de pêche lâcha un grand rire, ravi d’y voir la présence d’un tel spécimen, tandis que Choppi s’empressa quant à lui de retourner auprès de sa roulotte, ravi d’avoir été témoin d’un tel spectacle.

Son chemin le fit regagner rapidement le centre de la grand place, spécialement aménagé pour accueillir une large scène de forme circulaire entourée de flambeaux. À proximité, deux immenses tambours semblaient prêts à faire résonner leur grand corps creux. D’ailleurs, alors même que Choppi s’apprêtait à bifurquer vers son allée, plusieurs coups successifs sonnèrent, suivis de trois autres plus distincts. Les joueurs de tambour échauffaient leurs bras, mais l’attention de Choco Pudding, elle, était attirée ailleurs.

Assise sur un banc, au pied d’un arbre endormi par l’hiver, une vieille dame en kimono rose pâle attendait patiemment le début des festivités. Sur ses genoux était posée une petite boîte visiblement remplie de biscuits. Mais alors qu’elle s’apprêtait à en manger un, elle aperçut que suspendu à une branche de l’arbre se trouvait un Pomdepik, visiblement lui aussi en appétit. La vieille dame s’apprêta à lui en offrir un, mais au même moment, un vieil homme l’interpella en s’approchant du banc, visiblement gêné. Dans sa maladresse, il n’aperçut même pas le regard vexé du pokémon insecte, qui voyait le biscuit changer lentement de destinataire.


Alors, un feu d’artifice éclata du haut de la Tour Chétiflor. Choppi sursauta, c’était l’ouverture du festival ! Plus une minute à perdre, il devait vite rejoindre sa roulotte ! Le pokémon quitta alors la grande place en toute hâte, et trouva sa boutique comme il l’avait laissée, à l’exception faite que désormais, elle était parée de tout un tas de décorations ! Quelle joie pour Choco Pudding, dont les yeux ne purent s’empêcher de pétiller de gratitude envers tous ses camarades du festival ! Sans attendre une minute de plus, Choppi ajouta la plante offerte par Pétunia ainsi que la petite sculpture, et déjà la voix de sa voisine d’étal sonna le coup de départ d’une longue nuit, pleine de formidables rencontres !

Le festival de la Tour Chétiflor était lancé !



Ça y est, le festival ouvre ses portes ! À peine débuté, et déjà tant de monde pour en profiter ! Avez-vous vu tous ces étals ? On ne sait vraiment plus où donner de la tête ? Alors, par quoi vous laisserez vous tenter ? Les plus gourmands se dirigeront sans doute vers les nombreux stands de nourriture ! À moins que jouer vous plaît plus ? Dans ce cas, aucune inquiétude, il y en a pour tous les goûts, et avec un peu de chance, vous pourrez repartir avec une petite récompense !

N’hésitez pas, non plus, en passant, à acheter un petit souvenir, pour ceux qui n’ont pas eu la chance d’être présents ! Sans oublier, bien entendu, l’incontournable jeu d’attrape-poissirène au bord de l’étang ! Le filet est trop petit, direz-vous, mais avec le bon coup de main, c’est tout à fait réalisable, et on peut gagner gros ! Attention à ne pas tomber dans l’eau cela dit !






Règles du jeu


Cet évent se distingue des précédents pour plusieurs raisons, veillez à bien lire les précisions qui suivent :



État des lieux



Le festival se situe sur la grand place de Mauville. C'est un très grand endroit, clôturé par des piquets en bois et accessible par trois entrées, chacune positionnée à un point cardinal différent. Au nord, en revanche, se tient la Tour Chétiflor, séparée de la place par deux grands ponts en bois qui surplombent de très peu un large étang rempli de Poissirènes.

La place a été divisée en une multitude d'allées au milieu desquelles il est facile de se perdre. Tout au centre se trouve une scène où s'enchaînent divers spectacles de danse au rythme des tambours. Bien sûr, sentez vous libres de rajouter les stands qui vous plaisent en plus de ceux présents dans le post d'introduction !



Un post, et un seul !



D’abord, il s’agit d’un event monopost, donc chaque participant n’a la possibilité de ne poster qu’une seule fois ! L’idée est donc pour cette fois d’écrire autant que vous le souhaitez afin de raconter les péripéties de votre personnage dans ce magnifique festival ! Du fait de ce format, vous ne pourrez pas réagir aux réponses de vos camarades, l’interaction entre personnages est donc pour cette fois mise au second plan, au profit d’une aventure plus personnelle mais tout aussi amusante !



Même début, même fin



L’autre particularité est que pour cet évent, chaque post aura le même point de départ, et le même point d’arrivée !


  • Le point de départ est l’entrée au festival. Comme Choppi, votre personnage se verra offert un petit étui de bois contenant un mystérieux parchemin. À l’intérieur se trouve votre divination, professée par le Grand Chétiflor, en personne ! Mais attention, vous ne pourrez l’ouvrir qu’à la fin de votre exploration du festival, une fois à l’intérieur de la Tour Chétiflor. Gare aux imprudents, il ne faudrait pas perdre sa prédiction, car c’est un très mauvais présage !

  • Le point d’arrivée est donc l’ouverture de l’étui. Celui-ci se fait à l’intérieur de la Tour Chétiflor, au pied du pilier central qui se balance en permanence, ou à proximité. Les explications données par la petite fille à Choppi sont claires : il faut dénouer la ficelle autour du tube et jeter la pièce percée dans la caisse en bois. Un petit vœu, et le tour est joué ! Ensuite, il vous reste à lire votre prédiction. Pour ce qui est écrit, vous ne le saurez qu’une fois l’évent clôturé !


Pour résumer, votre post commence à l’entrée du festival par l’obtention du rouleau, et se termine dans la Tour Chétiflor ou à sa sortie, avec l’ouverture du rouleau. Tout ce qui se déroule entre le point de départ et le point d’arrivée ne dépend que de vous ! Le festival dure jusqu’au lever du soleil, inutile de se presser !



Le petit jeu en plus



Vous l’avez remarqué, un passage en particulier se démarque dans la petite aventure de Choco Pudding. Il s’agit là du début d’un petit jeu que nous proposons aux participants de l’évent. Les règles sont simples : vous allez tous continuer tour à tour la scène décrite par Choppi ! Mais attention, là aussi il y a quelques règles !



  • Le principe est un exercice de style semblable à un cadavre exquis, si ce n’est que là, on sait ce qui a été écrit avant. L’idée est donc de développer la scène sans la terminer, de sorte que le membre suivant ait de quoi faire pour lui même la prolonger encore !

  • Il faut imaginer la scène comme une pièce de théâtre ou un film muet. Interdiction formelle pour votre personnage d’intervenir donc ! Pour cette fois, il n’est qu’observateur. Quant aux personnages présents, ils peuvent parler, mais vous serez trop loin pour les entendre.

  • Temporellement parlant, nous vous demandons de rester vigilants au moment d’inclusion de votre paragraphe. Si la scène que vous décrivez se déroule à la toute fin du festival dès le premier post, alors tous les autres joueurs devront la placer dans une temporalité similaire, ce qui peut être problématique. Afin d’éviter ces petits problèmes, nous vous conseillons de diffuser le déroulement de la scène tout au long du festival, ou alors sans donner de précision sur sa position vis-à-vis du déroulement du festival dans son ensemble.

  • La scène doit rester fixe, dans le même cadre qu’au début, c’est à dire le banc et l’arbre. En revanche, vous êtes libres de déplacer les personnages, les faire partir ou revenir, et éventuellement inclure d’autres protagonistes.

  • Enfin, le plus important, votre contribution ne doit pas dépasser 100 mots et doit débuter exactement là où elle s’est terminée dans le post précédent. Inutile de reprendre tout ce qui a été fait plus haut.


Afin que l’on puisse facilement repérer le passage dans l’ensemble de votre post, merci de mettre votre paragraphe à l’intérieur des balises de code ci-dessous !




Code:
<div style="margin: 0px 40px;">Chétiflower Power !</div>

Faites un vœu !



Il y a le vœu de votre personnage, et puis, il y a le vôtre ! En ce premier évent de l’année, nous vous offrons la possibilité de choisir un objet dans les boutiques du forum en guise de récompense ! Équipements, objets d’évolution, CT, pokéball, tout est disponible ! Seul les magasins des joueurs pokémons ne sont pas concernés par l’offre. Pour ça, il faudra quand même payer !

L'objet souhaité peut être indiqué en fin de post, sous spoiler.



Dernières informations



L’évent s’achèvera le 28 Février 2022 ! Vous avez donc tout votre temps pour bien préparer votre post. Du fait de ce format un peu particulier, n’hésitez pas à poser des questions au staff afin d’obtenir des précisions supplémentaires !



Les inscriptions sont toujours ouvertes ici !
Amusez vous bien et profitez bien du festival !





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Kiseki DenaroCivile

Kiseki Denaro



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MessageSujet: Re: [Event] Le festival de la Tour Chétiflor   [Event] Le festival de la Tour Chétiflor EmptyLun 24 Jan 2022 - 21:49
L'hiver était arrivé bien vite. Kiseki aimait bien cette saison, du calme qu'elle apportait, ou plutôt qu'elle forçait a s'installer. Hiver forcée donc, qui avait beaucoup de bien fait sur le corps et l'esprit. Le repos était de mise, et même elle qui est généralement active devait bien se rendre à l'évidence : Il est important de respecter la volonté de la nature. Est-ce qu'elle était foncièrement ravi de cet état de fait ? Pas vraiment. Fort heureusement, les festivals d'hiver étaient là pour briser la routine un peu monotone de ce rythme ralenti. Notamment, il y en avait un qui se préparer, à Mauville, plus précisément à la Tour Chétiflor. Bien que le pokémon semble un peu ridicule en lui-même, il y avait fort à parier que ce festival serait réussi.

Elle avait donc troquer sa tenue habituelle de voyage contre un élégant Kimono, il semblait qu'il est d'usage d'en porter un pour cet événement. Kiseki n'avait rien d'une rebelle et le respect des règles est une valeur qu'elle possédait, naturellement, elle avait profité de sa visite à Doublonville pour s'en procurer un. Un qui était très simple, un kimono crème avec des motifs de fleurs de cerisiers du côté gauche de l'habit. Elle s'était également parfaitement coiffée, avec soin mais depuis qu'elle avait sa petite Etourmi, rien n'était simple. Nichée au plus haut point, cette dernière n'aimait vraiment pas le froid et le fit bien comprendre à sa dresseuse en s'installant sur sa tête. Avec un regard littéralement blasé et le sentiment qu'elle ferait mieux de rentrer dans sa pokéball. Mais savoir qu'elle ne pouvait pas veiller sur elle était... perturbant. Finalement, combattre le froid était un mal nécessaire ? Un petit cri échappa du bec de Lyn, se rappelant que le danger pourrait bien surgir de n'importe ou. Ce Lougaroc avait bien failli l'avoir... Kiseki savait que quelque chose n'allait pas, elle prit la parole à l'intention de Lyn :

« Oui je sais, je suis vilaine à sortir lorsqu'il fait froid. Mais ça nous fera du bien à toutes les deux. Il faut que tu passe à autre chose, aucun pokémon ne t'attaquera cette fois. »

Il était certain que leur dernière mésaventures avait entamée la confiance de Lyn. Même s'il elle ne le montrait pas, Kiseki savait qu'elle était encore bien perturbée des derniers événements. A qui prends le temps peut guérir, mais un coup de pied au fesse était parfois nécessaire pour accélérer le processus. Après tout elle n'avait pas fait le moindre progrès depuis son arrivée, il était temps que cela change. Et... elle voulait retrouver sa petite impertinente. Elle lui manquait terriblement.

Kiseki se mit donc en route pour rejoindre ce fameux festival, elle n'avait pas pris tant de renseignement que ça sur l'événement, a vrai dire elle en avait pas ressenti le besoin. Après tout, personne ne viendrait lui faire de reproche a ce niveau là, pourquoi s'inquiéter ? Et s'amuser était son premier objectif en ce jour. Ca et changer les idées de Lyn. Une fois à l'entrée qui semblait avoir été délimité par une clôture en bois. Et ce qu'elle pouvait en dire, c'est que l'endroit était grand. Pas si immense que ça comparé à Unionpolis mais ça irait. Tandis qu'elle avançait en observant le charme typique des lieux, un moine lui fit face dans une attitude sereine, possédant des sortes de rouleau.

« Bienvenue au festival de la tour Chétiflor a vous deux, en ce début de festival, je vous remets ce rouleau. Il contient un parchemin avec une divination. Vous devrez l'ouvrir a l'intérieur de la Tour Chétiflor, au pied du pilier central.
- Et si je l'ouvre avant ?
- Je vous le déconseille très fortement, le malheur s'abattra sur vous.
- Ca ne donne pas très envie, on va faire en sorte d'esquiver le malheur. Merci à vous. »

Elle fit une petite révérence poli a l'intention du moine avant de continuer sa route. Elle regarda sa comparse qui semblait trop silencieuse pour son tempérament. Elle lui fit un petit sourire avant de placer l'étui en dessous d'elle, la forçant un peu a bouger.

« Tu vas me garder ça ma grande. Ca t'entrainera pour le jour ou tu auras tes propres œufs à couver. »

Lyn ne fut pas très heureuse de cette remarque et commença a faire beaucoup de bruit pour exprimer son mécontentement. A quoi est-ce que sa dresseuse pensait ?... Un mâle ? Et puis quoi encore ? Et pourquoi elle devait garder son truc là... Et... si c'était la condition pour qu'elle reste sur son perchoir, bien installée et pas embêter... et bien soit. Mais c'est bien parce que c'était elle.

Kiseki s'amusa donc à explorer ce grand festival, s'arrêtant a de multiple reprise pour observer les coutume locale. Tout le monde était bien habillé en tout cas, c'était plaisant. La grande ville, ça avait ses avantages, mais il était dur de faire respecter un dress code. Il n'y avait pas encore grand monde, elle était arrivée tôt cela dit. Et ca ne serait pas étonnant que celui-ci devienne noir de monde dans pas très longtemps. En regardant les stands, Kiseki se dit qu'il faudrait sans doute manger avant de continuer sa petite escapade. Ni une, ni deux, elle attrapa la première chose qui lui donna envie, des Onigiris ! C'était simple mais leur design était assez intéressant. Il était assez classique mais dans la présentation, il y avait des lianes qui parcourait ce dernier jusqu'à son sommet. Sans doute pour évoquer la légende locale. Elle prit également quelques baies pour Lyn, histoire qu'elle devienne encore plus grosse qu'elle ne l'est. Il n'y avait rien de dure dans cette pensée, Kiseki savait qu'elle devrait bientôt évoluer, il était donc normal qu'elle gagne un peu de masse.

C'était sans doute la dernière fois qu'elle pourrait l'accueillir sur sa tête comme cela. Est-ce qu'elle était triste ? Un peu. Elle trouva un endroit ou s'asseoir pour nourrir son pokémon sans pour autant la faire bouger. Presque machinalement, elle attrapa les baies pour les tendres au dessus d'elle.

« Mange Lyn, tu ne fais que grignoter le stricte minimum ces derniers temps. Tu vas me faire le plaisir de prendre un peu de poids. Sinon ton plumage va encore en prendre un coup.
- Pi.
- Ah non tu vas pas me faire ce coup là. Tu mange. Je ne veux rien savoir. »

L'autorité dans la voix de sa dresseuse fini de convaincre le pokémon. Elle ne cherchait pas à la fâcher. Au contraire, elle ne savait pas ce qu'elle ferait s'il elle ne l'avait pas. Elle mangea bout par bout la baie Sitrus dans un appétit questionnable. Kiseki resta dans sa posture un petit moment, pouvant observer un spectacle un peu singulier.

Le Pomdepik, fort déçu de la tournure des événements, n'avait pas dit son dernier mot. Il aurait ce biscuit coûte que coûte. Il fallait juste un peu de patience. L'homme qui ne se doutait de rien, commença une conversation avec la veille dame qui échangea volontiers avec lui sur bon nombres de sujets. La proposition du gâteau vient presque aussi naturellement, que le gentilhomme ne put se résoudre à refuser. Il tendit sa main en direction de celui-ci et le Pomdepik descendit de l'arbre en abaissant le fil de sa sécrétion pour intercepter le biscuit.


La jeune femme ne prêta plus d'intention à cette scène lorsqu'elle sentit la baie qu'elle avait de la main s'alléger totalement. Sa petite Lyn avait tout mangée, elle avait fait un sacrée effort. Dans un petit rire, elle mangea à son tour ses onigiris qui étaient délicieux. Vraiment délicieux. Et la petite touche de verdure était la bienvenue. Une fois ceci fait et ses mains nettoyés, elle se dirigea naturellement vers la tour chétiflor, en y faisant face, elle devait reconnaître que c'était très grand. Elle avait l'impression d'être totalement écrasée par sa grandeur. Elle y entra assez vite, n'appréciant pas spécialement ce sentiment de n'être finalement pas grand chose. En plus c'était vexant. Une fois à l'intérieur, le style était un peu particulier, mais ce qu'elle remarqua assez vite, c'était ce pilier qui bougeait de droite à gauche, et de gauche à droite dans un bruit très particulier. Une fois au pied de celui-ci, Elle attrapa le rouleau qui contenait le parchemin.

« Peu importe ce que le parchemin dira, je peux te dire que notre route ne fait que commencer Lyn. Je ferais en sorte de devenir meilleur pour toi. »

Et elle ouvrit le parchemin.
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Ayla KumaRanger

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Quand on arrive en ville - Jack

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MessageSujet: Re: [Event] Le festival de la Tour Chétiflor   [Event] Le festival de la Tour Chétiflor EmptyVen 4 Fév 2022 - 12:31
« La Tour Chétiflor, le symbole de l’harmonie par la grâce. Celui qui a l’équilibre peut supporter les plus grandes pressions sans broncher. Au pire penchera-t-il un peu, accompagne-t-il le mouvement, mais toujours il se redresse. Il en va de même pour un cœur brave, il affronte les coups durs mais se redresse et… »

Elle hésita. Stylo en main, bloc-note coincé sur le bras gauche qu’elle tenait pour mieux écrire de la main droite. Rêveuse, faisant les cent pas dans la pension de sa mère, totalement rénovée désormais, et qui sentait les dragons qu’on lui avait confié. Ayla, pensive, écrivait des poèmes concernant ce qu’elle avait vu aux actualités et… Et ce qu’elle avait dans le cœur.

« … Et se prépare aux prochains coups de bourrasques qui cherchent à le déstabiliser, et… »

Cœur qui d’ailleurs débordait de troubles. Quand soudain une voix grave mais puissante retentit, beaucoup plus aigue qu’à l’accoutumée et trahissant de l’agacement.

— Ayla, ça suffit. J’en ai assez. Tu n’es pas sortie de chez toi depuis une semaine.

« Il a raison » confirma un crachement de Tarask.

Ayla sursauta et se retourna vers les deux, Lars qui s’était arrêté de vérifier les registres de fournitures de sa presque fille adoptive, et Tarask qui, blotti contre sa mère, adressait à son amie humaine un sale œil : elle ne cessait décidément pas ses bêtises.

La jeune fille haussa les sourcils et voulut leur dire qu’elle ne voyait pas le problème, quand soudain elle perça dans le regard de son « maître » une lueur d’énervement suprême. Et également, un sentiment de trahison. Le rouge lui monta aux joues et elle se détourna pour ne pas les voir, sachant très bien qu’il savait ce qu’elle ressentait, et pourquoi cela l’énervait tellement.

– J’étudie. Les pokémons sont férus de poésie, vous savez mieux que moi. Alors je pensais que dans le cadre de l’élevage, on pourrait faire des atel –

– Ce que je sais, c’est que les humains sont férus de fêtes et que toi qui parles du festival Chétiflor, tu vas justement y aller, décréta Lars en posant le registre, se levant de toute sa taille et toisant sa fille d’un regard qui ne souffrait pas de refus. Fi d’excuses, il serait temps que tu te sociabilise un peu.

– Sans vouloir vous offenser, vous n’aimez pas les humains non plus !

– Certes, mais moi je côtoie en général des gens de mon âge, lui rappela-t-il en claquant de la langue. Toi, tu n’as pas un seul ami de ta génération. A part les quelques amis que tu as à la maison et le duo de l’autre jour dont tu m’as parlé, tu n’as pas noué une seule amitié. Alors je garde Tarask et Mykos, on va s’entraîner ensemble – toi, tu vas t’entraîner à te faire des amis humains.

– Père ! laissa-t-elle échapper, en protestation. Le but de ce festival n’est-il pas de passer un peu de temps privilégié avec les êtres qui nous sont chers ?! A quoi cela rimerait-il si j’y vais sans Tarask et Mykos ? Je ne suis plus une enfant, vous ne pouvez pas me dicter ma conduite !

– Ayla… ! répéta-t-il, plissant les yeux.

Elle poussa un gros soupir. Tarask acquiesçait son approbation et Mykos… Mykos, lui, les considérant, sembla indécis jusqu’à ce qu’elle l’interroge du regard. Là, il témoigna son accord à la chose et tourna le dos à Ayla pour en rajouter une couche.

Elle le regarda faire et poussa un gros soupir. Puis se leva et épaula son sac, adressant un œil noir à son père.

– Ok, j’y vais.

C’est limite si elle ne claqua pas la porte derrière elle comme une ado en pleine crise. Lars renacla quand elle se fut volatilisée.

Décidément…


**************


Ce ne fut que quand elle arriva que la rogne sans but d’Ayla termina de se volatiliser, et qu’elle écarquilla de grands yeux une fois passé l’entrée. C’est-à-dire à peu près au moment où, avec son rouleau en main (elle savait même pas pourquoi) elle vit des pokémons en train de s’amuser avec leurs humains et leurs enfants humains.

Ou, plus précisément, une Momartik avec son Stalgamin, accompagnée d’une dame et de son enfant qui soufflaient des bulles pour un jeu qui laissait encore Ayla perplexe. Les quatre s’amusaient tandis que plus loin, un homme et un Oniglali suaient comme des bœufs sous une montagne de cadeaux, un moine à côté d’eux leur faisant une leçon sur le bon équilibre à avoir – et on ne savait trop s’il mentionnait l’équilibre général de la vie ou de la famille, ou tout simplement l’équilibre à avoir pour porter son poids en jouets et en vêtements.

Ils étaient tous très bien habillés, de très beaux vêtements traditionnels, et Ayla réalisa seulement que…

… Qu’elle n’en avait pas et qu’elle était dans sa tenue de tous les jours un peu futuriste.

Honnêtement, il y a quelques temps, elle se serait copieusement désintéressée de tout ça et aurait fait comme si de rien n’était. Maaaiis, elle avait fait des rencontres avec des gens qu’elle appréciait, des gens qui n’étaient pas des dracologues, c’est-à-dire un certain Octave et une certaine Linda, et depuis elle essayait de faire plus attention aux gens.

Et puis elle était tombée sottement amoureuse entre temps. Même si c’était une cause perdue. Et ça, ça n’aide pas.

Du coup… Elle plaqua les mains sur sa tenue, se retourna dans tous les sens, et prit soudainement conscience de la foule. L’angoisse lui monta à la gorge et elle avala difficilement sa salive. Personne n’y prenait attention, mais l’anxiété est une pourrie et vous fait croire que le monde entier vous juge ou, s’il ne le fait pas, qu’il devrait le faire, et elle se mit à trembler sur place, voyant les gens passer à côté d’elle en petits groupes sans rien dire.

Sa vue se brouilla, et elle regretta de ne pas avoir emmené ses compagnons. Sans eux elle se sentait désarmée, elle se sentait…

– Madâme ?

Ce mot, prononcé d’une voix fluette, la fit bondir au ciel – avant de se rendre compte qu’il y avait un jeune garçon devant elle qui la regardait avec perplexité. Clignant plusieurs fois des yeux, elle vit le brouillard indistinct dans lequel régnaient les autres personnes se dissiper autour du garçon, et son visage lui apparaître clairement.

Elle inspira, avala sa salive, et mobilisa le max de ses ressources en elle.

– Ca va ? demanda le gamin.

– Pas trop, fit-elle tout bas, considérant sa tenue. Je… Est-ce que vous savez où je pourrais trouver de quoi m’habiller ?

Le gamin se tourna pour regarder derrière elle, confus. Ayla le fut davantage en le voyant faire, et envieuse au fond d’elle de voir le tissu qui bougeait avec lui. Le tissu était vraiment très beau et bien fait, et elle aurait bien voulu avoir le même. Elle se clarifia la voix, sentant une goutte de sueur lui dégouliner des tempes :

– Je… vous parle ?

Le gamin se retourna vers elle en haussant les yeux jusqu’au plafond. Apparemment, il n’était pas du tout habitué ni ne trouvait concevable qu’on le vouvoie. Comme la gêne d’Ayla grandissait, il continua :

– Y a un Zaro en ville, répondit le gamin du tac au tac en inclinant la tête, perplexe. (Puis, il la regarda gesticuler en direction de ses vêtements, puis des autres, et parut comprendre. Il opina du chef et sourit.) Aaah. Venez, y a un endroit où on vend des yukatas, j’connais la gérante, elle vous fera peut-être même un prix !

Il tourna les talons et commença à partir, et Ayla aurait voulu le suivre, vraiment, mais elle n’arrivait physiquement plus à bouger. Tout ce dont elle avait envie, c’était de courir loin d’ici et d’aller chercher auprès de ses proches la sécurité, mais rien à faire, elle pouvait pas mettre un pied debout. Le gamin se retourna et la vit immobile, et s’inquiéta en voyant sa jambe trembler. Croyant qu’elle s’était faite mal, il se tourna vers un stand de tir au caillou et fit signe à l’énorme pokémon qui donnait les cailloux, un Golgopathe qui faisait mine de somnoler et, au moment opportun, faisait semblant d’effrayer les enfants qui venaient le toucher pour voir s’il était bien en pierre. Ayla le vit faire, et vit surtoiut le Golgopathe répondre à l’enfant avec un signe de tête et une expression la plus joviale possible pour une bestiole de la sorte – et…

Etrangement, elle sentit sa propre anxiété se dissiper un peu, entendit la musique environnante, vit les gens passer avec beaucoup plus de sérénité, réallisant que la brume qui l’entourait n’y était pas. Se redressant, elle s’approcha du gamin qui parut être rassuré, lui faisant elle-même un signe pour qu’il ne se soucie pas de sa paralysie momentanée.

Avantage d’être gamin : le petit ne se posa pas plus de questions.

Ni l'un ni l'autre ne prêtèrent attention à l'étrange scène derrière eux.


Le Pomdepik posa le bout d’un fil sur le gateau, se délectant d’avance. Enfin, le moment tant attendu de savourer le fruit de ses efforts de charmes pokémonesques auprès de la vieille dame, seulement volé par le vieux, arrivait ! Il tira sur le fil, le faisant bondir hors de la main du vieux et rappelant sa présence à la vieille dame qui poussa un petit cri, quand…
Un Scarhino passa à toute allure et lui piqua de la patte, à toutes ailes. Sans rien voir, il s’arrêta sur le poteau à côté d’eux et engloutit la moitié du biscuit, totalement indifférent à ce qui se tramait dans son dos.



***


Elle avait beau ne pas être la créature la plus féminine qui soit, même elle fut absorbée par le stand de vêtements. Plusieurs attirèrent son attention, la gérante étant particulièrement sympa elle aussi, et se faisant un devoir de lui faire essayer plusieurs tenues, toutes les plus jolies les unes que les autres. Ayla finit par opter pour un yukata violet à étoiles jaunes, et, tandis que le gamin discutait avec la gérante – ce qui permit à Ayla d’apprendre qu’il s’appelait Rydag – elle fila se changer dans une cabine, une fois son achat fait.

Quand elle sortit cependant, le gamin se tourna vers elle et écarquilla les yeux tout grands.

– Ouah ! M’dâme, vous êtes trop belle !

Elle rosit, mais sourit, ce gamin étant montré dans son monde. Il était chou, Rydag – un bout de chou d’à peu près sept ans, une trogne bien humaine avec un yukata de chétiflor et une coiffure verte arrangée comme les feuilles d’un Chétiflor – et elle se sentit aussitôt plus proche de lui.

Son père voulait qu’elle se lie avec le monde, et bien soit – elle fit une courbette exagérément révérencieuse devant lui et déclara :

– Mais vous êtes trop gentil, monsieur, je vous suis reconnaissante de votre amabilité ~

Cela le fit rire, et quand elle se redressa avec un clin d’œil, se comportant à peu de choses près avec lui comme avec un jeune pokémon, la gérante déclara en croisant les bras sur son comptoir, avisant les stands de takoyaki un peu plus loin :

– Dis, Rydag, et si tu continuais ta promenade avec ta nouvelle amie, pour lui montrer tout ce qu’il y a à faire ? Va donc profiter un peu de la fête, je parlerai avec ton oncle, ne te soucie pas de ton boulot.

– T’es sûre Tata ?

– Tout à fait, acquiesça la dame en adressant un coup d’œil à Ayla pour vérifier qu’elle était d’accord.

Mais c’était évidemment le cas – Rydag l’avait aidée, et elle s’était prise d’affection pour lui, bien qu’elle fut perplexe d’entendre parler de « boulot ». Le gamin lui demanda silencieusement si c’était ok pour elle, et chuchota qu’en vrai, il était chargé de montrer tous les stands aux visiteurs pour leur donner envie de dépenser…

… Mais que si elle voulait bien juste faire semblant, il aimerait bien jouer lui aussi, un petit peu.
Toute étonnée, Ayla accepta bien évidemment.


****


Ayla ce jour là connut ce qu’elle ne connaissait pas encore, c’est-à-dire la joie de voir un enfant, un être plus jeune que vous, s’amuser comme un fou. Rydag avait très envie de tout faire, et commença par retourner au stand de tir au caillou qui était, elle l’apprit, géré par son oncle. Il demanda tout bas à Ayla si elle voulait bien lui demander de lui faire une démonstration, de prétexter qu’elle voulait quelque chose. Un peu étonnée, mais de bon cœur, et voyant tous les autres enfants s’amuser,  elle acquiesça et joua la comédie devant l’oncle, demandant à Rydag de lui montrer comment on jouait, parce qu’elle avait très envie de gagner le mignon Boustiflor en peluche accroché au plafond.

L’oncle parut suspicieux au début, surtout qu’il s’étonna que Ayla ne s’y essaie pas tout de suite, aussi se contraignit-elle à faire un tour de tirs sans conviction intérieure au début, bien qu’elle la feignât…

… Mais à sa grande surprise, elle s’y amusa.

Prête à faire un deuxième round, elle remarqua le gamin jouer, et une idée lui vint. Elle se tourna vers l’oncle et demanda :

– Un tour pour le petit, s’il-vous-plaît ? Je suis sûre qu’il tire mieux que moi et je voudrais vraiment cette peluche ! On peut s’y mettre à deux ?

L’oncle haussa les épaules.

– Si vous voulez…

Il accepta l’argent et les laissa faire. Ayla et Rydag se lancèrent alors dans une compétition dont il se sortit haut la main, toute vraisemblance selon laquelle Ayla faisait exprès d’être mauvaise étant tout à fait fortuite. L’oncle se gratta la joue en les regardant, probablement pas crédule du but initial de la manœuvre, mais au final…

… Après tout le gamin s’amusait, et il avait son argent.


***


Ayla ressortit avec une peluche énorme de… Ortide, ce n’était pas le but, mais étrangement elle était quand même mignonne, cette boule de poil. Rydag bondissait et sautillait plus qu’il ne marchait à ses côtés, et lui prit le bras pour l’entraîner en courant vers un autre stand de jouets.

Ce même manège se produisit plusieurs fois, car les forains connaissaient Rydag et qu’il lui fallait donc jouer bien la comédie. Mais, au bout du troisième stand, Ayla commença à remarquer quelque chose.

Un motif récurent.

A chaque fois qu’ils passaient devant un stand de nourriture, le petit s’arrêtait et humait l’air, se retournait vers Ayla pour jauger sa réaction – plus ou moins intéressée, elle n’avait pas du tout aimé le premier car bien que les Takoyakis parurent délicieux, le Octillery à l’entrée qui faisait sauter des boulettes lui plaisait beaucoup moins, mais le second, le stand de nouilles, sentait fort bon, et elle ignora le troisième qui était un stand de yakitoris.

Le quatrième, un stand de nouilles, fut celui où elle remarqua le plus son manège car l’enfant resta bloqué sur la vision même après que Ayla se fut éloignée.


Ce fut donc juste après ce troisième stand de jeu, quand Rydag l’emmena aux feux d’artifices en essayant de la convaincre d’en prendre, et qu’ils venaient de dépasser le stand de nouilles, qu’elle s’arrêta alors que le gamin speedait vers l’étal aux feux d’artifice.

Il se tourna vers elle en sautillant et dit :

– Allez, faut vite y aller avant qu’ils n’en vendent plus. Aujourd’hui il faut absolument lancer des feux, sinon c’est pas vraiment une vraie fête !

Ayla était distraite. Le nez vers le stand de nouilles, elle réfléchissait, tandis que Rydag, lui, se lançait dans une explication passionnée de la tradition selon laquelle ce jour-là on jouait avec des feux d’artifice et on prenait des lampions.

Puis, l’oreille entraînée de la jeune fille saisit un bruit qui lui semblait bien avoir entendu auparavant, au moment précis où le gamin suivait son regard et, son expression presque imperceptiblement moins enjouée, lui demandait si elle avait faim.

Le ventre du gamin gargouillait.

– Rydag, commença-t-elle, tu…

– J’peux peut-être vous avoir une réduction ! ronronna-t-il toujours joyeux. Qu’est-ce que vous aimez comme type de nouilles ? Des…

Elle essaya de lui demander s’il avait faim, mais il s’acharna à parler en même temps qu’elle et à l’attirer par la manche en direction du stand dont plusieurs familles repartaient avec des victuailles plein les mains, les mines réjouies. Et très vite, voyant qu’il n’avait de cesse de l’ignorer pour lui jouer son numéro de vendeur, elle s’agaça, s’accroupit et le prit par les épaules pour lui demander, les yeux dans les yeux :

– Rydag, tu es affamé, non ? Pourquoi tu ne me l’as pas dit plus tôt ?

Il chercha choqué… puis baissa les yeux et, honteux, minauda :

– Maman elle dit qu’on mangera à la maison… On est au service des gens, on n’a pas le droit de…

Il fut interrompu parce que Ayla venait de le prendre dans ses bras et de le serrer très fort contre elle. Et quelques minutes plus tard, pendant qu’il s’était mis dans un coin tout penaud, ce fut elle qui vint en sauveuse avec plusieurs énormes bols de nouille, avec un clin d’œil.

– Je ne vais jamais pouvoir manger ça toute seule. Un coup de main ?

Rydag roucoula, et posa le bol qu’elle venait de lui tendre pour lui faire un câlin à son tour. Ayla fut si bouleversée qu’elle n’entendit même pas un bruit derrière elle qui aurait dû l’alerter, un bruit très familier.

Comment l’aurait-elle pu, alors qu’un nouvel être humain venait d’entrer dans son monde ?

Le duo savoura son repas et les multiples petits suivants avec un bonheur inégalé, et la jeune femme et le petit garçon se laissèrent complètement emporter par la fête, faisant presque tous les stands avec joie, perdant beaucoup, riant beaucoup, et s’amusant beaucoup.


***


Il commença à se faire tard, Rydag, plus fatigué, se mit à avoir des remords à l’idée de ne pas retourner aider les forains. Il en fit part gentiment à Ayla, qui acquiesça, s’étant bien amusés pendant de très nombreuses heures.

Un peu hésitant, le gamin demanda :

– On bouge beaucoup avec ma famille… Je peux vous donner le numéro de ma maman, comme ça si vous voulez, j’pourrais avoir de vos nouvelles ?

– Oh, volontiers, dit-elle. Mais… (Un sourire se dessina sur son visage) Ce n’est pas comme ça que je veux la jouer. Attends.

Et, sous l’enfant agréablement fatigué mais étonné de ses gestes, Ayla prit un stylo et inscrivit son numéro sur l’étiquette de l’Ortide en peluche, puis la lui tendit en souriant.

– Un petit cadeau. Pour pas s’oublier. Et comme ça, c’est toi qui pourra me joindre.

Elle eut droit à un second câlin, un gros gros câlin du cœur et même avec des petites larmes (un peu dues à la fatigue) puis elle dit au revoir à son nouvel ami et le regarda s’éloigner, se sentant étrangement bien.

Son sourire faiblit car elle réalisa que son cœur, énorme d’affection, débordait même trop d’émotion pour être contenu. Au moment où elle inspira pour se calmer, une voix familière résonna derrière elle. Confiante, un peu arrogante, et avec un très net accent aristocrate.

– Tu vois ? Je savais que cela te ferait du bien.

Elle sursauta et se retourna vers celui qui parlait, qui n’était autre que son père spirituel, Lars. Il lui prit la main, Tarask à ses côtés et Tranchodon également, et comme elle le regardait avec un flot d’émotions désormais ingérables, les yeux humides, il dit doucement :

– Toi aussi, tu as l’air fatiguée. Viens, moi aussi j’en ai fini avec la fête. Allons ouvrir nos prédictions.

Elle acquiesça, et, après avoir fait un bisou à Tarask, se mit en route avec son « papa ». La Tour les attendait. Dedans, ils ouvrirent enfin leurs prédictions... Celle de Lars le fit ricaner et dédaigner le tout, déclarant que ça se saurait si un Chétiflor avait plus de pouvoir mystique qu'un dragon. Ayla fut plus pensive...

Et elle aurait tout le temps d'y réfléchir sur le chemin du retour.


Spoiler:


Dernière édition par Ayla Kuma le Dim 6 Fév 2022 - 21:27, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [Event] Le festival de la Tour Chétiflor   [Event] Le festival de la Tour Chétiflor EmptyDim 6 Fév 2022 - 0:45
Un calme plat gouvernait la ville de Mauville en cette magnifique soirée. D’habitudes, la vie citadine, quoi que moins intense qu’à Céladopole, gagnait en intensité à mesure que le soleil éclipsait sa présence pour laisser place à sa sœur régente, la lune. Or, en ce soir-là, certes, des silhouettes s’attelaient çà et là, cependant dans une discrétion tant commune qu’elle offrait un sentiment de solennité à l’ombre de la Tour Chétiflor qui se confondait de plus en plus dans l’obscurité ambiante.

Des yeux empreints de nostalgie observaient attentivement les morceaux de soie éclairés qui voltigeaient au-dessus du centre de Mauville ; le résultat de quelques maladroits trop empressés pour attendre le moment final avant de les envoyer voler. Bien qu’imprévu, ce spectacle était… magnifique. Il y en avait pour toutes les prunelles ; de diverses couleurs, offrant une luminosité délicate et réconfortante à qui savait les apprécier à leur juste valeur. Celle du symbole de l’espoir. Une lueur brillante qui détonait avec les ténèbres. Seule, elle n’éclairait que sa propre surface, mais entourée d’autres, elle dessinait des paysages et des chemins dissimulés par une noirceur qui pouvait tout autant être littérale que figurée ; elle transformait les ombres encapuchonnées menaçantes qui s’affairaient en moines souriants ; les dessins monstrueux qui se découpaient de l’obscurité en pokémons enjoués, entourés de leurs jeunes maîtres, riant à l’insouciance du moment.

L’espoir. C’était ainsi qu’il avait pour habitude de considérer cette tradition qu’il avait eu loisir de connaître à quelques reprises, dans des mentalités toutefois différentes…

Mains camouflées dans son kimono traditionnel d’un rouge intense, taillé sur mesure, Taiki pénétra dans l’enceinte du centre de Mauville, une sensation désagréable ne sachant quitter son organisme. La sensation du textile fait de lin sur sa peau était agréable, malgré le froid ambiant, ses prunelles étaient régalées par l’accent mis sur les décorations des multiples stands et l’accoutrement des gens présents, son odorat se voyait doucereusement agressé de multiples odeurs rappelant fortement l’enfance, tantôt sucrées que succulentes à l’image du bouillon rassurant que lui faisait sa maman, malheureusement, rien de tout cela ne lui permettait de profiter pleinement du moment présent.
Quelque chose manquait.

Il n’avait pas décidé d’être grognon ou maussade pour cet évènement, au contraire, il s’en était tant réjoui. Mais c’était plus fort que lui, une sensation de vide dans son âme qui se refusait à le quitter. Même Ondine, qui offrait pourtant une présence gorgée de bonne humeur et d’allégresse, avait fait fi de sa présence pour rejoindre un groupe, à la suite d’un argument avec le champion de feu. Une dispute de trop qui avait eu raison de la patience de la trentenaire. Aussi, le rouquin balafré se retrouva seul, à errer dans une foule emplie de vie.

Un homme alla tantôt à sa rencontre, l’air sage, et particulièrement bienveillant. Quand il croisa toutefois le regard du champion, l’allure malicieuse derrière son iris se perdit, gagnant en gravité. Avec respect, il tendit de ses deux mains un morceau de parchemin scellé au pompier, qui réceptionna le présent avec exactement le même respect, les yeux rivés sur le sol. Le vieil homme partit sans dire mot, à la recherche d’un autre parchemin à délivrer. Taiki se retourna, suivant du regard le départ de l’homme à la démarche courbée, et vint perdre son attention sur une scène se jouant plus en retrait.

Un couple, à l’âge respectable, était assis sur un banc, sous un arbre. Leur sujet de discussion était impossible à deviner, néanmoins, quoique cela fût, ça leur décrochait de vifs rires. Derrière eux, un Pomdepik virant au rouge pivoine, alors qu’à quelques pas semblait se délecter un Scarhino, biscuit entamé en pinces, dont des miettes tombaient de sa gourmande mandibule. La dame tira alors un biscuit de son sachet et le tendit au petit pokémon rougi par la frustration. Cependant, au moment où le pokémon s’approcha, le vieil homme engloutit d’une traite le biscuit des mains de sa contemporaine !


En temps normal, cette scène attendrissante aurait pu lui décrocher un sourire. De même que les kimonos bouclés du mauvais côté de bon nombre de passants, ou encore, d’une jeune femme étrangement familière qu’il croisa vêtue à l’opposé de la définition du mot « tradition ». Ce genre de décalage, il les prenait à la légère, bien que porté sur l’importance des croyances ancestrales liées à cet évènement. Mais pas ce soir-là.

Le géant de presque un mètre quatre-vingt-dix erra dans le terrain délimité pour la fête, tel un spectre invisible, alors que tout autour de lui était vivant et en mouvement. Un homme au kimono d’une très grande classe fit virevolter un Poissoroy au-dessus de sa tête, offrant l’émerveillement de ses plus jeunes spectateurs. Une dame enrobée affligée d’un tablier tendit un bol rempli de nouilles et de bouillon à une petite fille en pleurs, pour une raison inconnue. Le sourire qui gagna les lèvres presque bleues de la petite fille après la première gorgée aurait eu de quoi réchauffer mille cœurs, mais pas le sien, pas en cette soirée-là.

Lorsqu’il passa à côté des douceurs auparavant repérées olfactivement, Taiki offrit un regard au gérant du stand à sucreries. Un cupcanaille chromatique, assez réputé pour quiconque aimait suffisamment ses pokémons au point de leur offrir de temps à autre quelques gâteries sucrées. Sans dire mot, Taiki sortit les pokédollars inscrits et acheta des bonbons pour pokémons, au goût orange et menthe, un drôle de mélange, mais qui avait toujours plu à Ghost. Le petit cupcanaille à l’allure mignonne eut tantôt vite fait d’emballer son bien et de tendre sa petite patte pour lui rendre la monnaie, mais Taiki d’un sourire qui lui coûta, fit comprendre au marchand qu’il avait là sa bonne main. « Pour la décoration de votre roulotte, elle est … superbe » glissa-t-il, avant de s’éclipser dans la foule.

Seul… La présence de Ghost lui manquait. Son plus fidèle ami s’était roulé en boule dès le début de la soirée et n’avait daigné quitter le pied du lit du champion, malgré les multiples tentatives de ce dernier de l’en convaincre. Exaspéré, les traits défigurés et fermes de Yakimasu s’étaient adoucis, et il avait permis à son compagnon de se reposer en cette soirée.
Et il comprenait peu à peu l’état d’âme de son Ossatueur.

Le même mal l’accommodait actuellement, de plus en plus vivement. Son attention se portait sans cesse sur les cris épatés des enfants, les discussions des aînés et des commerçants sur l’origine de la fête sans jamais s’y accrocher réellement, prenant quelques brides çà et là.

Certains mettaient le côté « mysticisme et sacré » de l’évènement sur le dos d’une ancienne croyance, comme quoi à cette date de l’année, la frontière entre le monde des vivants et celui des esprits devenait particulièrement translucide, et permettait dès lors aux moines de faire leur prédiction. D’autres prétendaient qu’il était davantage question de traditions issus d’un temps où vénérer un pokémon était indispensable pour s’attirer les faveurs d’Arceus concernant les récoltes à venir, un simple héritage culturel. Quoiqu’il en fût, cette fête ancestrale savait délier les langues, même les plus timides.

Un petit garçon s’arrêta net devant Taiki, le tirant hors de ses pensées. Ce dernier sourit, conscient que son apparence avait de quoi effrayer le plus téméraire des enfants, puis plia les genoux, tendant un des nombreux bonbons achetés au stand de Choco Pudding. « C’est pour moi ? » demanda le jeune enfant d’une voix peu assurée, offrant ainsi une légèreté bienvenue au cœur du champion de feu. « Pour toi, ou pour ton pokémon, comme tu veux ! ». Joues rosées, il s’empara du bonbon avec délicatesse et porta son attention sur quelqu’un, plus loin. « Natsora-chan ! Viens voir ! Le Monsieur il a des bonbons pour ta Tchupette! »

A ce moment, une vague de froid glacial vint geler les veines de Taiki. Immobile, il observa la jeune fille appelée par le garçon s’approcher, attitude réservée seyant son visage juvénile. « Excusez-le Monsieur, et… merci ? » dit-elle, perturbée par le silence de plomb et les yeux stupéfaits qu’elle rencontra. Serrant la main du jeune garçon, elle se volatilisa aussitôt, telle une apparition. Taiki ne fut capable de se relever qu’après quelques instants qui lui parurent durer une éternité. Une éternité de gens passant dans son dos, devant lui, derrière lui, le contournant, alors que de soudaines gouttes vinrent humidifier ses yeux. Il voyait des visages sans expression partout, dont un seul se démarquait : celui de Natso, dont il ne parvenait pas à se défaire.

Se relevant, et essuyant abruptement l’humidité présente par un revers de manche, aussi irrespectueux cela fut-il, le champion prit les jambes à son cou, porté par une soudaine angoisse enserrant sa poitrine et comprimant sa respiration, incapable de regarder les visages de ceux qu’il bouscula dans sa précipitation, de peur de croiser le sien…

Il fallut quelques instants au trentenaire pour gagner un endroit plus calme, où il eut loisir de s’appuyer contre un treillis, délimitant une zone privée, à côté d’une roulotte de réserve d’un quelconque stand de nourriture. Sa poitrine se soulevait dans des mouvements saccadés, son kimono avait perdu de sa superbe, défait par endroit, laissant voir les vêtements thermiques noirs qu’il avait enfilés de crainte d’avoir froid. Or en cet instant, il mourait littéralement de chaud. Le bruit du sang tambourinait dans ses tympans encore quelques instants, avant d’enfin regagner un rythme bien moins angoissé.

- Ne me dites pas que vous avez vu un fantôme… ?

Une voix féminine retentit dans le silence de son isolement, offrant un soubresaut au ranger.

- N’ayez crainte, j’étais venue ici pour un peu de calme moi aussi… Excusez-moi. Je ne voulais pas vous importuner.

Taiki jaugea la femme, appuyée contre la roulotte, visage dissimulé dans une ombre non éclairée, la lanterne principale étant trop loin de sa position. Des cheveux roux se devinaient, tombant élégamment sur la soie de son kimono ceinturé qui mettait en avant sa taille fine. La main qui retomba mollement, portant une cigarette allumée, laissait deviner les empreintes du temps, une quadragénaire, sans aucun doute, mais qui n’avait pas à envier la jeunesse. Lorsqu’elle reprit un peu de l’élément cancérigène au bout de ses lèvres, l’embout enflammé de la cigarette offrit une esquisse de son visage, d’une beauté froide, mais éblouissante.

Le champion cala une main contre sa nuque, quelque peu mal à l’aise.

- Excusez – moi. On peut dire ça, oui, j’ai vu un fantôme.

Un silence passa. La bienséance dictait à Taiki de laisser cette femme à sa propre nostalgie, par respect, mais quelque chose l’en empêcha. La stupeur d’avoir cru rencontrer la réincarnation de sa sœur était passée, et il se rendait compte de l’imbécilité de sa propre angoisse. Néanmoins il ne sut se motiver à regagner cette foule de visages, potentiellement issus d’un passé qu’il n’avait cessé de fuir.  Le pompier se sentait bien, en retrait de tout, accompagné d’une personne qui semblait elle aussi rongée par la peine, au contrario de ce brouhaha de gens heureux qui se devinaient au loin.

- Je ne parle jamais de moi. Mais ce soir est le soir de l’exception.

Informa l’inconnue sans réellement porter son attention sur son interlocuteur, comme si la discussion qui allait suivre s’effectuerait, avec ou sans sa présence. L’homme balafré mu dans un silence profond fixa cette silhouette à moitié dans les ténèbres, partiellement brisées par quelques taffes lumineuses.

- J’ai voué toute ma vie à un homme. Je lui ai donné… ma moralité. Ma loyauté. Ma dévotion. J’ai mis de côté bon nombre de mes principes, dont celui de mon propre respect. J’ai fermé les yeux sur… tellement de choses.

Elle recracha de sa bouche revêtant un rouge vif un nuage gris, semblant porter les tourments qui la hantaient, et qui disparut dans la froideur de la nuit aussi vite qu’il eût apparu. Contrairement auxdits tourments….

Il était impossible de deviner son expression faciale, mais à quelques lueurs offertes par des lampions sauvages passant au-dessus d’eux, Taiki devina une… infime tristesse.

- Et pourtant, le nombre de choses que je lui ai pardonnées. Ses mensonges ? Balayés par son sourire charmeur devenu si rare. Ses multiples vices ? Je ne suis pas une sainte non plus, me répétais-je sans cesse…. Le fait qu’il rompt nos vœux de mariage ? J’ai serré les dents car je voyais un futur à trois, avec notre fils.

Une inspiration plus longue que les autres se fit sur le filtre de sa cigarette. Le cadet Yakimasu ne sut trouver de mot, et il sentait que ce n’était pas ce que cette étrangère attendait de lui. Un autre silence passa, rompu par un groupe d’adolescents qui passèrent à leurs côtés, quelque peu bruyants, mais vite engloutis dans la foule autour des stands ouverts, notamment ceux vendant de la boisson.

- L’amour d’un enfant nous pousse parfois à oublier notre amour-propre.


Lança-t-elle dans un nouveau nuage grisonnant. Taiki acquiesça d’un discret hochement de tête. Il n’était pas père, mais l’affection qui le liait aux jeunes dresseurs qui venaient l’affronter dans son arène pouvait être comparée à celle d’un paternel, bien que ces derniers ne la remarquaient jamais, trop masquée par sa brutalité et son impitoyabilité. Le champion s’imaginait assez bien quel genre de lien particulièrement fort pouvait lier un parent à son enfant.

- J’ai été trop sotte… pour remarquer que je ne pouvais rivaliser avec une morte… Je n’ai jamais eu les pions pour gagner cette partie d’échecs… Jamais eu … aucune chance.

Le feu fluet au bout de la cigarette de la femme s’éteignit, à la suite d’une bourrasque glaciale invitée de manière inopportune. Le champion, en bon pompier, et donc bon pyromane, s’approcha de l’inconnue en sortant un de ses multiples briquets de sa poche. Un sourire lui répondit. Il s’approcha alors, une main protégeant l’objet diabolisé par l’organisme mondial de la santé et l’autre allumant son briquet, offrant un second éclat à ce petit bout de cancer, dont le bout s’alluma à nouveau.

- Je vous remercie.
- Je vous en prie.


A nouveau, un silence passa, Taiki regagna sa distance respective, tandis que l’inconnue continuait de finir en toute tranquillité sa cigarette, pensive à milles choses qui resteraient un mystère pour le champion volcanique. Il aurait pu poursuivre ce silence, mais les pensées hurlaient dans sa tête à ce moment présent. Comme s’il… avait absolument besoin de sortir de sa tête la raison de son mal-être, dans l’espoir de l’exorciser, du moins, pour ce soir-là…

- A votre intonation, on sent que vous avez perdu quelqu’un qui vous était cher. J’en suis désolé. Je sais ce que c’est. Aujourd’hui devrait être un soir de fête. Mais je n’arrive pas à me mettre dans cette ambiance-là, même avec la meilleure volonté au monde.

En temps normal, l’ex-militaire ne s’épancherait pas sur son ressenti, mais il y avait en plus un sentiment de désinhibition totale. Comme s’il se sentait de se mettre à cœur ouvert devant cette femme, sans que jamais cela aurait une incidence sur la façon dont elle le voyait, ou ses attentes, car elles étaient nulles. Juste… deux inconnus, qui partageaient leur peine.

- Ma sœur est morte il y a quinze ans. Normalement, on est censé faire le deuil, et passer à autre chose. Mais quand il est question d’un meurtre au coupable jamais identifié, c’est presque chose impossible….

Un velouté de fumée grise s’immisça entre les deux alors qu’une sensation de soulagement s’emparait de Taiki. Il venait de dire à voix haute pour la première fois quelque chose qu’il avait su garder pour lui-même presque toute sa vie, et, même si cela ne changeait pas les fondements-mêmes du problème, cela lui apportait un bien insoupçonné. Le regard qu’il entrecroisa à la lumière de l’embout enflammé de la cigarette n’était pas celui empreint de jugement, mais un compatissant, et ça aussi, lui fit un bien fou.

- Je suis navrée de l’apprendre… Bon nombre de personnes restent impunies pour leurs crimes. Mais j’ai foi qu’un jour, tout finit par se payer… tôt ou tard.

Un nouveau tirage s’effectua, le dernier, prenant les dernières ressources chimiques de la cigarette, avant qu’elle ne rendît son dernier souffle pour de bon, lorsque la quadragénaire l’écrasa contre un des pneus de la roulotte. D’une démarche chaloupée, la femme à la chevelure de feu s’avança de quelques pas, permettant à son visage de recouvrir une entière luminosité, offerte par la lanterne qui dévoilait depuis le début le visage de Taiki.

Une larme avait marqué de son sillage son visage d’un blanc maculé, avec lequel ses yeux d’un rubis étincelant contrastaient passablement. Ses cheveux, tirés en arrière par un chignon qui laissait déborder de belles mèches ondulées, avaient un éclat rouge semblable au champion, bien que cette dame ne lui fût aucunement familière.

- Ce soir… est le soir des regrets. Mais je constate que vous avez quand même de l’espoir, pour accepter la quelconque nouvelle que vous porte ce morceau de parchemin.

Le regard rougeoyant de l’inconnue dévia sur le papier ancien scellé du champion, qui le tenait toujours fermement en ses mains. Perturbé, le regard bleuté du pompier confronta celui de son interlocutrice.

- Vous… n’avez pas pris le vôtre ? Vous ne désirez pas connaître votre…. Destin ? Si je peux le formuler ainsi ?

Un rire, furtif, disparut aussitôt qu’il eût apparu des lèvres de la femme, alors que sa main auparavant dissimulée dans un des pans de son kimono vint sécher la larme encore fraîche de sa joue. Sous l’éclat de la lanterne, le temps sembla s’arrêter alors, un jeu de lumière étrange se faisant avec quelques lampions venus de nulle part s’entremêlant soudainement à la discussion, comme portés par le coup du sort. Une chevalière seyait l’annuaire gauche de la femme, et, alors qu’elle jetait son mégot dans le contenant à ordures avoisinant, Taiki put en lire l’inscription.
Ou du moins, la lettre qui décorait la pierre sertie.

- Mon cher, voilà des lustres que je ne fais plus confiance aux hommes pour me dicter mon destin.

Un lampion passa alors et des rires d’enfants retentirent, une foule enjouée passant alors soudainement dans leur allée, des doigts pointés en direction de la tour, alors que se mêlait l’excitation à l’idée de lire les prédictions du parchemin !

Lorsque cette distraction disparut, Taiki rencontra la roulotte, vide de la présence de sa visiteuse. Seule la fumée qui émanait encore du mégot dans la poubelle témoignait de la réalité de cette rencontre. Taiki en avait la respiration coupée. Par des pas empressés, il tenta de voir si la femme avait fui dans une allée avoisinante, mais le nombre de personnes présentes rendait impossible son repérage, si elle eût fait partie de la foule. Une baffe, deux baffes… Taiki se meurtrit lui-même sa joue, de peur que son esprit ne lui ait malgré tout joué un mauvais tour. La poubelle avait cessé de cracher des vapotes de fumée, néanmoins des cendres fraîches se devinaient à l’endroit où la femme s’était appuyée contre la roulotte.
Perplexe, Taiki poursuivit son chemin, suivant un groupe de personnes, presque machinalement, comme s’il s’eût retrouvé dans un rêve éveillé. Rapidement, il outrepassa la majorité des stands du centre, sans même les voir, encore hanté par cette rencontre fortuite.

Puis, il pénétra dans la Tour Chétiflor. Comme le sut-il ? Car les soudains signes de main que lui adressaient Ondine retinrent enfin son attention, lui permettant alors de reprendre pied avec la réalité. Il était devant le pilier central de la Tour Chétiflor, et Ondine s’était désormais frayée un passage à ses côtés, voyant que le champion ne la rejoignait pas.

Elle lui demanda comment il allait, au vu de sa pâleur, puis passa rapidement à autre chose, comme à détailler le rituel selon les instructions que tous avaient reçues. Mais Taiki n’écoutait pas. C’était avec la même nonchalance qui l’avait amenée jusqu’ici qu’il défit la ficelle du parchemin puis jeta la pièce trouée dans la caisse en bois. Au moment où son lui d’autrefois avait fait moult vœux joyeux, porteurs de bonheur, et de futur, voire parfois même d’ambition, c’était un esprit plus embrumé qui formula son vœu avant l’ouverture du parchemin.

Un vœu que ses lèvres articulèrent malgré tout et qui offrirent une chair de poule inédite à Ondine.

« Je souhaite que ceux qui doivent payer… paient. »

Spoiler:
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Octave FerysHors-la-loi

Octave Ferys



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MessageSujet: Re: [Event] Le festival de la Tour Chétiflor   [Event] Le festival de la Tour Chétiflor EmptySam 19 Fév 2022 - 15:12
Entrée ouest du festival.

Octave attendait. En avance, comme d’habitude, il n’avait pas osé franchir seul le torii qui le séparait des éclats de rires et du fumet délicieux des stands. Appuyé contre le muret, il jouait au type détendu, consultant négligemment son pokématos d’une main pourtant si moite qu’un rien aurait suffit pour que l’appareil lui échappe. L’écran défilait sans qu’il sache vraiment ce qu’il regardait. L’oreille tendue, il guettait les gloussements et les messes-basses des visiteurs qui le dépassaient sans même le remarquer. Pourtant Octave avait l’impression d’être plus voyant qu’un phare dans la nuit. C’était stupide et il le savait, mais impossible de se débarrasser de ce ressenti. Jamais il n’aurait dû écouter Linda. Il aurait dû prendre le noir.
Mais Octave se trompait. La couleur lavande de son kimono lui allait à merveille. Il portait le vêtement dans ce qu’il avait de plus traditionnel, ceinturé par un large bandeau argenté et couvert d’un haori au violet soutenu dont le bord des manches avait été embelli de motifs discrets. La seule entorse qu’il s’était accordée consistait en une paire très basse de geta ; parce qu’il était bien assez grand comme ça et qu’il craignait de se vautrer tous les trois pas.
Diva lui tenait compagnie. Flottant tout près de lui, elle suivait avec attention les mouvements de sa main libre, occupée à aligner de petites pierres le long du parapet. Parfois, lorsqu’elle s’absentait pour vérifier que le col du kimono était toujours bien ajusté, la jeune polichombr s’amusait à déplacer un caillou ou deux et attendait. Ils étaient toujours remis en place et rapidement, d’autres les rejoignait. Son rire charmant s’ajoutait alors à celui des enfants.
Présent aussi, Maestro s’était fait plus discret. Aussi à l’aise qu’Octave dans les lieux fréquentés, il s’était posé au sommet du torii d’où il surveillait son ami et guettait l’arrivée de l’incurable retardataire.
Cinq minutes de plus s’écoulèrent, avant qu’un bref battement d’ailes avertisse Octave. Il releva aussitôt la tête et son regard tomba sur un sourire malicieux surmonté d’une paire de lunettes rondes.
Marjolaine dans les bras, Max siffla :

Qui êtes vous et qu’avez-vous fait de mon sinistre meilleur ami ?
Je savais que c’était trop… Soupira Octave. J’ai dit à Linda que je voulais quelque chose de plus discret, mais elle a menacé de cacher toutes mes chaussures gauches, si je venais en noir.
J’comprends. Moi aussi je suis dégoutée, j’avais prévu plein de vannes sur tes fringues sombres.
Merc- Hey !
Moh, t’as vu ça Diva, on dirait qu’il est fâché. T’en dis quoi ? Tu trouves que ça lui va ?

Note tendre et admirative de la petite spectre. Octave se sentit rougir et tourna la tête. Maestro en profita pour les rejoindre et Max le salua par un check. Elle enchaina sur des banalités, exagérant toutes les péripéties rencontrées afin de justifier son retard, tout en guettant du coin de l’œil le relâchement progressif des épaules d’Octave.
Ce dernier sourit en entendant ses histoires. Il finit par oublier d’aligner le cailloux qui roulait entre ses doigts et se demanda comment complimenter sa tenue sans être maladroit. La comparer à un chétiflor semblait risqué, pourtant il était visible que Max s’était apprêtée en l’honneur du petit pokémon plante.
Elle portait un joli kimono citron, maintenu par une large ceinture verte qu’elle avait customisée, remplaçant le nœud traditionnel par deux longues feuilles en tissus qui tombaient de part et d’autres de sa taille. Épinglé d’un pins en forme de pokéball, un bandeau rose dégageait son visage de ses mèches bariolées et mettait en avant son regard anisé, pétillant de malice.
Regard qui attendait une réaction d’Octave, depuis quelques secondes déjà.

Je disais : « Tu as pris ton parchemin ? »

À sa tête, Max comprit que non. Elle lui saisit le bras et l’entraîna sous la chaude lumière lampions. Pressée de participer aux festivités, Diva les devança et franchit la première le torii. Maestro lui succéda, mais il rejoignit très vite le calme des hauteurs, préférant les accompagner de loin.
Ils ne firent que quelques pas, puis un moine les salua. Il semblait les attendre et tendit à chacun, le rouleau qu’il tenait entre ses mains. Max s’inclina et le récupéra, Octave l’imita sans comprendre. On leur souhaita une agréable soirée et ils s’éloignèrent pour ne pas gêner les autres visiteurs.
Arrêté sous une manche à air en forme de boustiflor, Octave fit tourner le mystérieux papier entre ses doigts et tiqua. Le nœud n’était pas centré, un brin pendait bien plus long que l’autre. Il voulut le dénouer pour l’ajuster, mais Max lui enleva le rouleau en s’écriant :

Mais ça va pas ?!
J’allais le refaire juste après !
Faut l’ouvrir dans la tour, sinon tu seras maudit jusqu’à la fin d’ta vie !
N’importe quoi.
J’rigole pas ! Mauvais œil et tout l’tralala.
Ok, ok. C’est bon… Soupira Octave. J’y toucherai plus.
Menteur. J’le garde. Tu vas tirer d’ssus dès que j’aurais l’dos tourné.
Alors laisse moi juste –
Bas les pattes ! Coupa-t-elle en s’écartant. J’te le rendrais quand tu feras ton vœux.
Quel vœux ?
T’es obligé d’en faire un quand t’ouvres le parchemin.

Octave haussa les sourcils. Garçon pragmatique, la spiritualité ne l’avait jamais touché. Son esprit scientifique avait tendance à tout rationaliser et quoi que pétrie d’imagination, Max lui ressemblait sur ce point. Qu’elle accorde soudain tant d’importance à tout ce cérémonial le déstabilisa suffisamment pour qu’il oublie de la chambrer.
Dépassant une demoiselle accompagnée d’un étourmi, la jeune femme s’engouffra au milieu d’une foule pleine de couleurs et de parfums entêtant, accompagnée de Diva, alors en pleine discussion avec Marjolaine. Octave leur emboita silencieusement le pas, regardant Max ranger leur deux parchemins dans sa petite bourse en forme d’empiflor. Il passa une main sur sa nuque et après une courte hésitation, il demanda :

Je peux faire le même que toi ?
De vœux ?
Oui. Si on est deux à le faire, il a plus de chance de se réaliser, non ?
Quel nigosier tu fais des fois, pouffa Max. Ça marche pas comme ça, faut qu’tu fasses un vrai vœux, pour toi. Y a rien qu’t’aimerais demander ?
J’ai pas d’idée…
T’as tout l’festival pour y penser. J’suis sûre tu vas trouver !


* * *


« Je veux manger. »

Souhait quelque peu trivial au regard de la majesté de la Tour qui les surplombait, mais Octave avait, comme qui dirait, « la dalle ».
C’était normal. Il n’avait presque rien avalé à midi, trop stressé par l’approche de cette soirée pour   accepter autre chose d’une demi-salade et une madeleine. Ensuite, il n’y avait plus pensé. Il avait laissé l’énergie de Max l’emporter, puis s’était doucement acclimaté à l’ambiance bienveillante du festival. L’angoisse enfin apaisée, son estomac lui rappela tout naturellement qu’il existait et à ce stade, ce n’était plus qu’une question de temps avant qu’il ne se pique d’une gargouillement plus tonitruant qu’un brouhabam. Un drame facile à éviter si Max ne s’acharnait pas, depuis quinze minutes déjà, à décortiquer une fine plaque de sucre.
Le jeu demandait du doigté. Armé d’un cure-dent, il fallait découper, sans la briser, une forme délimitée dans un bonbon aussi fin qu’une feuille de papier. Différents niveaux de difficultés étaient proposés, chacun permettant de remporter tout un tas de lots.
Max avait opté pour l’une des plus complexes. Langue tirée et doigts fébriles, elle en atteignait victorieusement la moitié, quand Octave céda à l’appel de la nourriture. Il l’avertit qu’il revenait et s’éloigna avec Diva, attiré par le délicieux fumet d’un stand de yakisoba.

Tiens, tiens, mais c’est Oc-taaaave !

Une voix de fond de gorge, rayée, féminine et moqueuse à souhait. Octave s’était promis de ne plus jamais croiser sa propriétaire, mais le destin ne l’avait pas écouté. Il sentit son appétit s’évaporer lorsque le sourire de denticrisse de Karen s’étira juste pour lui.

Comment vous… commença-t-il, décontenancé par le fait qu’elle utilise un prénom qu’il ne lui avait jamais donné ; mais il se ravisa, préférant écourter au plus vite l’entrevue. Deux green-yaki, s’il vous plait.
On n’est pas pressé ! Ricana-t-elle en s’accoudant au comptoir de son échoppe. Comment tu vas ? T’as remplacé le sac à puces, finalement ?

Diva ne comprit pas tout, mais le timbre de Karen lui déplut. Elle lui tira la langue se plaça entre elle et Octave, prête à jalousement le défendre.

C’est bon Diva, c’est rien. On fait vite, promis, la rassura Octave. Pardon Karen, mais je suis attendu ailleurs, alors si vous pouviez juste…
Mouais. Mais tu sais, les green-yaki c’est longs à préparer.
Surtout quand on y met de la mauvaise volonté, grinça-t-il.
Pas du tout. C’est pour l’goût. J’suis obligée de faire nouille par nouille ! Du coup ça nous laisse tout le temps de discuter, pas vrai ?

Octave ajusta nerveusement le col de son haori. Diva le sentit stressé et s’approcha de lui. Elle poussa un petite note interrogative à laquelle il répondit par une caresse. Pas totalement convaincue, la polichombr s’installa tout près de son épaule, visiblement sur ses gardes.
Il aurait été facile de tourner les talons et d’aller voir ailleurs, mais en cette belle soirée, le mauvais tour qu’Octave avait joué à Karen lors de leur rencontre à Céladopole revenait le hanter. Il se sentait un peu coupable de l’avoir manipulée, mais pas assez pour réprimer cette petite voix en son fort intérieur qui lui soufflait qu’elle l’avait bien cherché. Il fit tout de même un effort :

Vous… profitez bien de la fête ?

Elle se figea alors qu’elle garnissait — vraiment — nouille par nouille la barquette. Ses sourcils se haussèrent jusqu’au foulard blanc qui lui couvrait la tête, puis redescendirent lentement et la surprise laissa place à un petit air malicieux.

Tu rêves que j'te tienne compagnie, c’est ça ?

Diva se hérissa.

Honnêtement ? Je préfèrerais me faire arracher toutes les dents.

Karen éclata de rire. Cette fois, une grosse louche de yakisoba s’ajouta aux premières pattes.

J’en profite plus que je ne le pensais, avoua-t-elle, soudain moins amer. La dernière fois que je suis venue c'était y a dix ans. J'avais un petit copain et un bel avenir tout tracé de pokéathlète. Deux ans plus tard, tout s'est écroulé, mais comme leur Grand Chétiflor a oublié d’m’avertir, je voulais plus mettre les pieds au Festival.
C’est Maximus, qui vous a convaincu ?
Oui et non. Je voulais lui faire ce cadeau. Sa cuisine mérite d’être connue au-delà de Kanto.
Faites attention, on pourrait croire que avez un bon fond, nota Octave en récupérant son premier plat.
Surement pas ! S’offusqua-t-elle. D’ailleurs, si tu le répètes à qui que ce soit, je serais forcée de me débarrasser de toi.
Si je garde ma langue, on sera quitte ?

Karen parut étonnée, mais elle acquiesça en étouffant un ricanement et Diva s’apaisa. La jeune femme referma la seconde barquette avant de la lui tendre. Octave la remercia et acheta en plus un petit paquet de biscuits salés pour pokémons. Au moment de partir, il lui demanda :

Vous allez quand même faire un vœux ce soir ?
Pourquoi pas ? Répondit-elle en haussant les épaules. Richesse, célébrité, pouvoir, amour. Y a l’choix ! T’en feras pas toi ?
Si, si…

Mais il ne savait toujours pas quoi.



* * *



« J’aimerai pouvoir disparaître »

Vœux qu’un esprit malin aurait pris plaisir à appliquer au pied de la lettre, alors qu’Octave aspirait seulement ne pas être remarqué. Une formalité dans un tel festival, sauf quand vous le traversiez en portant l’énorme peluche de wailord remportée par le petit bout de femme qui marchait à vos côtés affublée d’un bonnet pharamp clignotant.
Jusqu’à présent, il s’était accommodé du regard envieux des gamins et de celui, plus sceptique des adultes, mais depuis peu, une silhouette qu’il connaissait très bien se rapprochait dangereusement d’eux et autant dire qu’avec son gros doudou bleu et Max qui brillait de mille feux, Octave perdait toutes les probabilités qu’elle passe sans noter sa présence.

Un cauchemar.

Ça va Coco ? T’es tout blanc tout à coup.

Elle était là. À cinq mètres à peine.
Belle comme tout dans son kimono couleur barbapapa, ses longs cheveux blonds noués en un chignons parés de breloques et de grelots qui tintaient faiblement lorsqu’elle bougeait la tête. Deux grands yeux turquoises détaillaient avec curiosité de petites figurines de bois, pointant l’une d’elle à une coxyclaque qui voletait à ses côtés. Une bise transporta deux éclats de rire et un parfum sucré. Celui de Suzie.
Le cœur d’Octave s’emballa. Il tourna la tête et l’air de rien, dissimula sa figure derrière son énorme peluche.
Le manège n’échappa pas aux demoiselles qui l’accompagnaient. Toutes trois se penchèrent sur le côté, mais seule Max et Marjolaine comprirent de quoi il retournait. Un sourire de chacripan fendit leurs lèvres et tout à coup, une inquiétante aura les enveloppa.

Alors c’est elle la fameuse Suzie ? S’enquit Max sur le ton de la confidence.
C-Commence pas, bredouilla Octave, soudain écarlate.
Tu devrais aller lui dire bonjour tu sais, c’est c’que font les garçons civilisés en général.
Vaut mieux pas…
J’peux y aller à ta place ?
Q-quoi ? Non, surtout p… M-Max !

L’exclamation murmurée n’atteignit même pas le couple d’anciens qui se tenait à proximité.  Octave était mortifié. Il broyait de ses deux bras l’innocent wailord contre lequel il avait laissé tomber son front glacé. Diva l’appela, inquiète, mais seul un désespoir étouffé s’échappa du ventre du pokémon marin.
Tout sourire avec son togepi, Max s’accouda nonchalamment au stand de pommes d’amour tenu par un petit barbu et son pomdrapi.

Salut !

Suzie sursauta. Elle essuya rapidement ses lèvres pleines d’éclats de caramel et sourit. Un sourire surpris et interrogatif, mais sans préjugé ni une once de crainte. Elle pointa la loupiote clignotante du chapeau de Max de ses doigts bien manucurés et lui glissa avec une gentillesses spontanée :

Votre bonnet est adorable !
Merci ! Vous le voulez ?
Oh euh… Mais il est à vous, je ne voudrais pas…
Je vous l’offre si vous m’accordez cinq minutes.
Volontiers. Est-ce que je peux vous aider ?
Ça se pourrait.

Elle lui proposa son bras et comme si elle se connaissaient depuis des années, les deux demoiselles se rapprochèrent d’un type étrange, complètement figé, en train de s’étouffer dans une pauvre peluche wailord qui n’avait rien demandé.
Diva glissa de l’épaule tremblante d’Octave et se rapprocha des demoiselles. En temps normal, son caractère jaloux l’aurait poussée à se méfier de cette blondinette, mais l’aura sereine qui se dégageait de l'animatrice radio lui inspirait étrangement confiance. Max de son côté, avait tout planifié. Avec sérieux, elle posa une main sur l’épaule de Suzie et solennellement :

Bon, j’sais qu’on se connait pas, mais j’dois vous dire un secret.
Vraiment ? S’enquit Suzie, soudain toute frémissante de curiosité.
En fait, j’aimerais vous parler de quelqu’un qui vous apprécie beaucoup, mais qu’ose pas vous le dire. C’est un copain, alors j’voudrais lui donner un coup d’main.
O-oh ! Je vois ! C’est très gentil, rougit Suzie. Je ne pensais pas être aussi intimidante…
Mais non vous êtes super chou, c’est lui qu’est bizarre.

Wailord toussa. Max lui jeta un bref coup d’œil et Suzie faillit l’imiter, mais son interlocutrice reprit rapidement son discours, yeux dans les yeux :

J’peux pas vous donner son nom, mais si vous voulez, j’peux vous donner un indice.
Je vous écoute, répondit franchement l’animatrice.
Vous travaillez avec lui et… Son prénom contient la lettre « O ».
Hm… Si vous parlez de Georges…
Non, non ! Ce n’est pas Georges, précisa aussitôt Max.
Ah ! Dans ce cas…
Holà Suzie !

Cette fois Wailord frôla l’arrêt cardiaque.
Son corps tout entier s’était crispé, car lui seul savait ce que signifiait ce timbre désagréablement ensoleillé en provenance directe des plages d’Alola.

F-Flavio ? Bredouilla Suzie.

Non. Flavi-O.
Octave eut envie de se jeter dans le bassin de la pêche au couaneton en bois et de s’y noyer. Il n’osait plus dévoiler sa présence, par peur de passer pour le dernier des nigosiers, mais voir cette espèce de crème brûlée des tropiques venir dorer son caramel sous le nez de Suzie l’enflammait d’une pulsion meurtrière transmise à merveille par le regard exorbité du wailord écrabouillé entre ses bras.
Max perçut le danger, mais ne fut pas tout de suite en mesure de l’identifier. Elle resta en alerte, prête à rattraper le tir, sans se douter que l’âme héroïque de Suzie avait déjà balayé toutes autres possibilités.
La belle animatrice était bien décidée à ne pas se laisser berner par le sourire de façade et l’accent lumineux de son collègue. Elle adressa un petit clin d’œil complice à Max qui sentit une partie de ses organes se liquéfier. Boulette.
Marjolaine s’agita dans ses bras, la poussant à intervenir dans un bégaiement laborieux. Suzie ne le remarqua pas, trop désireuse de ne pas impressionner ce timide Flavio, pourtant bavard pour deux et déjà fort à l’aise. Alors qu’ils s’éloignaient, Max trouva la force d’articuler :

A-attendez !
Oui ? Demanda-t-elle, toute pimpante de cette mission confiée.
Vous… Commença Max, mais sa détermination vacilla. Vous oubliez le bonnet.
Oh ! Merci !

Elle l’enfila, n’en fut que plus adorable et s’éloigna au bras d’un succulent sorbet passion qui sentait bon la « playa. » Max soupira. Elle n’osa pas se retourner, mais l’éclat de voix inquiet de Diva ne lui laissa pas le choix.

Octave !

Le Wailord sauvage prenait la fuite.


* * *


« Je voudrais retrouver ma mère. »

Pourquoi faire ? Octave n’en avait aucune idée et à dire vrai, il regretta aussitôt son souhait. Puis il regretta de regretter.
Moroses, lui et wailord s’étaient échoués sur un banc en retrait du festival, mais avec une belle vue sur la pêche aux poissoroys qui ne désemplissait pas. Petits et grands venaient tenter leur chance avec plus ou moins de réussite, de la joie plein la gorge et sans peur de finir trempés. Une petite famille de quatre avait capté l’attention de son regard cerné.
Au début, chacun pêchait de son côté. Octave ne les entendait pas, mais il était certain qu’ils se taquinaient. Et puis le plus jeune des enfants, un garçon blond comme les blés, avait crié. Sa cane s’était tendue d’un coup et il serait passé à l’eau sans la poigne salvatrice de sa mère. Très vite sa sœur aînée le rejoignit, puis son père qui abandonna sans hésiter le poisson qui avait mordu à son hameçon. Ensemble, soudés autour du petit cadet, ils unirent leur force au sein de cette pêche miraculeuse et presque fructueuse. La ligne céda et tous les quatre tombèrent en arrière avant de rire aux éclats.
C’était touchant, mais Octave en fut seulement déconcerté.
Était-ce vraiment comme ça que ça fonctionnait ?

Un mouvement dans l’air le ramena sur terre.
Il se redressa et soupira en voyant Maestro se poser près de lui.

Je ne me cache pas tu sais.

Il mentait. Maestro le savait et le scruta avec un air fâché. Octave esquiva, tournant la tête et se laissant choir sur wailord, le seul qui le comprenait. Il n’eut pas à patienter longtemps avant que le crissement des graviers ne trahisse l’approche d’un pas pressé.
Un brin essoufflée, Max s’arrêta, poing gauche sur les hanches, main droite chargée d'un paquet d’où dépassait Marjolaine. Elle n’eut pas le temps d’ouvrir la bouche. Diva la traversa et sonna les cloches de son partenaire de sa petite voix haut perché. Elle s’était inquiétée !

Pardon… Marmonna le concerné en fixant l’étang bouillonnant.

La polichombr se glissa dans son champs de vision. Octave loucha et se redressa. Diva s’approcha, insistant d’un ton plus doux cette fois, sa joue collée contre la sienne. Le jeune homme rendit les armes et la caressa :

Mais oui, ça va.

Maestro se hissa d’un coup d’ailes sur le dossier du banc et Max prit sa place. Elle déposa son sac par terre et en tira Marjolaine qu’elle posa près d’elle. D’un pas décidé, la togepi fendit leur assise et posa sa menotte sur l’avant-bras d’Octave en signe de solidarité. Max fut plus hésitante. Elle s’agita une poignée de secondes, avant de demander en fixant le ciel pailleté d’étoiles.

Sur une échelle de un à dix, tu m’en veux à combien ?
Quatre-vingt huit.
Ouch.

Elle se pencha, fouilla dans son sac et en tira une boîte métallique estampillée du logo du Petit Potin, café local apprécié des connaisseurs. Luttant avec le couvercle, Max finit par l’ôter et il s’en dégagea une délicieuse odeur de café.
Le regard fâché d’Octave glissa doucement de l’horizon qu’il s’obstinait à fixer, vers la myriade de biscuits. Grillés à souhait, pile comme il les aimait, et surtout…

J’ai pris qu’les ronds. La serveuse m’a regardé bizarrement, mais t’allais pas les manger sinon.
Sept sur dix, concéda-t-il en piochant l’un des gâteaux marqué d’une petite tête de chétiflor.

Max sourit, rassurée. Octave avala tout rond la pâtisserie et ferma les yeux. Tellement délicieux.
Son corps tout entier bascula pour venir s’avachir contre Max. Sa tête posée sur la sienne, il avoua.

Trois sur dix.
Tu m’écrases.
Je sais.


* * *


« Je ne veux plus y penser. »

C’était décidé. De retour au cœur du Festival, Octave était déterminé à tout faire pour ne plus avoir à penser à sa mère ou à Suzie. Surtout à Suzie.
Il ne se laisserait pas abattre, même si l’animatrice riait délicieusement aux bras de ce surfeur à l’humour aussi douteux que ses chemises à motifs. Non vraiment, ça ne l’obsédait plus du tout. Flavio pouvait bien savourer son parfum cerise et sa voix sucrée, peu importait. Peu importait aussi qu’il lui susurre des mots chauffés par le soleil d’Alola, qu’il l’invite autour d’une Piña colada en agitant sa toison dorée nourrie à l’après-shampoing « glossy-glossy ». Franchement ça ne lui faisait rien. Rien du tout. Non mais vraiment rien.
Et au pire quoi, il allait lui prendre la main ? Saisir sa taille l’air de rien ? Profiter d’une douce obscurité pour l’étreindre et lui rouler un p-

Mais par pitié qu’on lui change les idées !

La dame sursauta, surprise par le rapt dont le vieil homme venait de s’acquitter. Le malandrin se lécha les lèvres, mais sa comparse n’en avait pas terminé. Déterminé, elle tira toute une poignée de biscuits colorés. Le pomdepik sentit enfin son tour arriver. Il frétilla, encourageant la femme à se presser. Elle dégaina. Plus vite qu’un kunai, le biscuit fendit les airs droit vers la pomme de pin. Le scarhino l’intercepta. Raté. Elle recommença, mais cette fois le grand-père fut plus rapide. Au troisième essai, l’arbre tout entier se décala et goba le biscuit. Un simularbre rejoignait la partie.


Eh ?


* * *


« J’aimerais réussir à profiter de la soirée. »

Mais vraiment profiter. Sans réajuster trois fois son kimono à chaque regard croisé, ou aligner discrètement les petites ardoises des échoppes visitées. Il voulait s’éviter les regards insistants des commerçants, curieux de savoir s’il allait enfin acheter cette figurine qu’il déplaçait pour la sixième fois juste parce qu’elle souffrait d’une minuscule imperfection qu’il était le seul à voir.
Octave cherchait la quiétude du début de soirée, mais les sourires ne suffisaient plus à le calmer. Malgré lui, il voulait rentrer.
Alors qu’il s’échinait à redresser un lampion désaxé, Max le tira par la manche, happée par la beauté d’un stand. On l’aurait cru fleuri, mais en réalité, il était couvert d’innombrables moulins à vent qu’un prismillon bleuté animait d’un battement d’ailes. Hypnotisés, une rangée d’enfants et de petits pokémons observaient, fascinés, ce  charmant spectacle.
Diva hésita à s’approcher, intimidée par l’ampleur du mouvement. Octave le remarqua et se glissa près d’elle pour lui cueillir une belle roue pailletée qui s’arrêta dès qu’il l’écarta du stand. La polichombr en fut toute décontenancée, mais le garçon rendit vie au moulin d’un souffle. La petite spectre sursauta, mais comprenant vite, elle le copia et éclata d’un rire comblée lorsqu’elle réussit à agiter les pales.

La tension du garçon diminua un peu.
Mieux.

S’en suivit une courte déambulation durant laquelle Octave crut apercevoir un visage familier penché près d’un petit garçon. Il inclina la tête, mais Max l’entraina dans le sens opposé, en direction de la roulotte de Choppi, cupcanaille bien connu à Doublonville dont Marjolaine s’était secrètement entiché.
Elle avait sauté des bras de Max dès qu’elle l’avait aperçu, trottant jusqu’à son échoppe pour le saluer avec style, nonchalamment appuyée contre sa roulotte. Ce qu’ils se dirent restera à jamais un secret, mais la togepi lui offrit le moulin à vent que son amie venait de lui acheter. Une décoration de plus pour la boutique de Choppi qui eut même le droit à un clin d’œil complice avant le départ précipité de sa visiteuse.
D’un pas rapide, Marjolaine retrouva les jambes de sa partenaire qui la hissa aussitôt dans les airs. Une hauteur idéale qui lui permit d’assister au spectacle qui captivait Octave.

Un cercle c’était formé à quelques mètres d’eux, laissant apercevoir l’agitation d’un homme aux manches de kimono retroussées, dont le front était habillé d’un bandeau à l’effigie du badge Zéphyr. « Un disciple d’Albert » d’après Max, mais Octave n’écoutait qu’à moitié.
Jusqu’alors appuyé contre la barrière, le jeune homme s’était redressé et abusait de sa haute taille pour ne rien rater. Maestro l’avait rejoint et s’était posé à ses côté, tout aussi intrigué.
L’homme s’activait autour d’une toute petite scène circulaire au centre de laquelle se trouvait une sorte de canon à air comprimé, pointé vers le ciel. De part et d’autres, se trouvaient deux perchoirs alors occupés par un hélédelle et un colombeau. Leurs dresseurs se tenaient près d’eux, aussi concentrés que les deux oiseaux, bec en l’air et ailes à demi déployées. L’animateur assura le show lors d’un dernier tour de piste :

Je vous rappelle les règles. Le pokémon qui attrapera en premier le paquet à livrer au Grand Chétiflor, gagnera son contenu ! Il peut jaillir à n’importe quel moment, alors soyez attentifs ! Est-ce que vous êtes prêts ?

Un même hochement de tête et le silence s’abattît. Le disciple d’Albert laissa le suspense s’installer. La tension s’accentua à mesure que les secondes s’égrainaient.
Tout à coup, une sphère en carton jaillit, projetée à une vitesse folle, presque aussi haut que la Tour Chétiflor. Décollage immédiat des deux pokémons. Les curieux les plus proches sursautèrent, pris de court par la puissance de leur envol. La bataille aérienne fut très disputée et s’acheva sous de chaleureux applaudissements, par la victoire d’hélédelle. Le temps de féliciter les participants et au suivant. On invita les volontaires à s’avancer, tandis que la foule se dispersait, remplacée par une autre vague de badauds.
Octave et Maestro échangèrent un regard, puis un sourire. Ni l’un ni l’autre n’avait l’âme d’un compétiteur, mais l’idée de relever un défi leur plaisait. Le pokémon chauve-souris s’envola, suivi par son ami. Max mit trois secondes avant de passer en mode groupie.

Oh oh ! S’exclama l’animateur. Voici un premier concurrent accompagné d’un magnifique nostenfer. Ton nom s’il te plait ?
Octave, répondit le jeune homme, stressé d’être soudain mise en avant, mais plus grisé encore par le challenge. Et lui c’est Maestro.
Très bien ! Lâcha son interlocuteur ; puis se tournant vers les passants. Alors, alors ? Est-ce qu’un courageux ou une courageuse aimerait se mesurer à eux ?

Quelques secondes s’écoulèrent. Une éternité pour Octave dont les mains ne cessèrent de réajuster nerveusement le col de son kimono, puis une voix éclata, nette, franche et affreusement familière.

Avec plaisir !

Ralentissons un instant le temps de ce récit afin de détailler précisément le fil des émotions qui défila sur le visage d’Octave.
À une joie un brin gamine, succéda la surprise, ou plutôt le doute compte tenu de ce bref tressaillement de sourcils. Puis une nette sidération les hissa haut sous la frange noire du jeune homme, vite remplacée par une angoisse palpable dans chaque centimètre carré de son corps crispé. De courte durée, la crainte se mua en un sentiment puissant et brutal : une folle envie de meurtre.

Rudy.

Veste à poches serrée sur son kimono vert, le ranger au visage le plus niai de la galaxie se planta  fièrement près du second perchoir. Sourire débile collé aux lèvres, il adressa un énergique « coucou » à Octave qui en tressaillit tout entier. Il allait le tuer.
Non. C’était illégal.
Il allait l’éclater.

Alors Rudy ! S’exclama l’animateur. Tu penses avoir un pokémon capable de rivaliser avec Maestro ?
Moi non ! Avoua l’intéressé. Mais mon petit cousin oui ! Viens Rody, on va leur montrer ce que PouicPouic sait faire.

Et Rody s’avança, poussé par une discrète paire de mains qui disparut aussitôt dans la foule.
Deux ou trois ans, guère plus. Tétine à la bouche, les yeux plein de sommeil, mais pétillant d’étoiles, le garçonnet s’avança, tenant une pokéball entre ses petits doigts.
La poignée de spectateur l’accueillit par un « Ooooowh » attendri, mais la capacité « cœur de pierre » d’Octave l’immunisait contre tout ce qui mangeait ses propres crottes de nez.
Rudy souleva le bambin et le rapprocha du perchoir. Après un bref échange avec l’organisateur, la pokéball s’ouvrit dans un flash. Le public retint son souffle, impatient de découvrir qui serait le nouveau challenger de ce duel au sommet. Il n’allait pas être déçu, car une surprise de taille fit son entrée.

Jeune natu de son état, PouicPouic piailla en déployant ses toutes, toutes petites ailes.

Allé PouicPouic ! Tu peux y arriver ! S’exclama Rudy avec entrain.

L’oisillon lui répondit, déterminé à faire de son mieux. Fier de lui, le petit Rody posa sa main sur sa tête emplumée et l’encouragea d’un franc bruit de tétine. Silence gêné. L’animateur chercha dans l’assistance une âme charitable, prête à rappeler au ranger et à son petit cousin que les natus ne savaient pas voler, mais le cœur manqua à toute l’assemblée.

B-Bien. Euh… Eh bien, bafouilla l’homme. J’espère que vous êtes prêts…

Octave sentit que non.
Sous sa frange noire, ses iris glissèrent jusqu’au perchoir de Maestro. Le nostenfer le fixait, pétrifié. Son gros cœur plein de tendresse ne pouvait pas se résoudre à briser, le même soir, les rêves d’un enfant et les espoirs d’un tout jeune pokémon. Le pauvre était totalement désemparé.
Quelle plaie…
Un soupir et tout le corps d’Octave s’affaissa de dépit. Il fit un vague geste de la main, signe que seul Maestro comprit. Aussitôt le nostenfer se mit en position, prêt à décoller. D’évasifs encouragements retentirent, même Max hésitait sur la personne à soutenir.

Pop !

À la seconde où s’éleva la sphère de carton, s’envola une ombre violette.
Au lieu de s’élancer droit vers le ciel, Maestro se jeta en un battement d’ailes sur le perchoir voisin, où PouicPouic, les yeux clos, agitait aussi ardemment qu’inutilement sa silhouette emplumée. Ni une, ni deux, le nostenfer le saisit entre ses pattes arrières et s’éleva à toute vitesse vers le colis à rattraper.

Et une flèche découpa silencieusement la nuit.
Quatre ailes fendirent l’espace dans un souffle, mais sans un bruit. Une discrétion superbe, étonnante même, au regard de la maladresse dont ce corps rond souffrait sur terre. Tout changeait une fois les hauteurs gagnées. Il devenait agile, léger, se mouvoir était un délice et cela se sentait.
Maestro ne mit que quelques secondes à atteindre sa cible. Il lui rendit un peu d’altitude d’un coup de tête, puis lança le natu dans sa direction.
Loin d’avoir tout suivi, PouicPouic piailla de joie, trop heureux de sentir ce vent frais s’engouffrer dans son plumage. Il savait qu’il en était capable ! Ne restait plus qu’à tendre les pattes pour saisir le paquet entre ses serres rosées. C'était fait ! Un cuicui victorieux précéda l’inévitable chute de l’oisillon. Battre des ailes n’y changea rien, mais heureusement, Maestro veillait au grain.
Le nostenfer rattrapa sans encombre PouicPouic et le déposa avec son colis sur son perchoir, avant de gagner le sien.
Octave l’attendait. Il n’avait rien raté du ballet. Jamais.
Voir son nostenfer glisser dans les airs était pour lui un plaisir et une fierté. Cette fois encore, son ami s’était surpassé et le jeune homme ne put s’empêcher de l’accueillir d’une caresse discrète, ne souhaitant pas l’embarrasser.

L’étonnante victoire de PouicPouic et Rody fut annoncée, mais au fond, Octave s’en moquait. Il rejoignit Max souriant jusqu’aux oreilles, encore tout ébloui par l’image de son Maestro quittant la chaleur des lampions pour s’élever gracieusement dans la nuit. Tandis que Marjolaine et Diva complimentaient le nostenfer, Max renonça à chambrer son ami sur sa bouille ébouriffée, préférant lui souffler :

Surtout panique pas… Mais y a Rudy juste derrière toi.
Coucou ! Ça va ?

Sursaut. Octave fit volte-face et faillit se manger le ranger de plein fouet. Il s’était planté là, à moins d’un mètre de lui, arborant son plus beau sourire de simularbre attardé. Sur la défensive, l’ingénieur accueillit par un mouvement de recul, la main qu’il lui tendait.

Bravo pour le vol ! C’était vraiment super !
Euh… Merci.

Octave hésita à complimenter la chute grandiose de PouicPouic, mais s’abstînt, certain que Rudy le prendrait au premier degré. Faisant tout de même un effort, le jeune homme accepta la poignée de main. Le ranger y mit beaucoup d’entrain, manquant de lui arracher le bras tout en lui broyant les doigts. Lorsqu’il daigna enfin le libérer, ce fut pour rabattre ses paumes épaisses sur les épaules de son vis-à-vis qui frissonna tout entier. Son regard noir tomba dans les prunelles vides de Rudy, dont le sourire s’élargit. Il reprit :

Tu sais Gaulet, faut pas désespérer ! Tu feras mieux la prochaine fois !

Une bonne tape sur le bras et le ranger s’éloigna alors que son interlocuteur, sidéré, affichait un air de magicarpe groggy. Un état qui évolua vite en leviator enragé dont l’ultralaser fut avorté suite à l’obstruction de son champs de vision par une grosse tête de wailord. La voix de Max s’éleva derrière la peluche :

Tu veux crier dans Waily pour décompresser ?

Raaaaah !


* * *


« Je veux… »

Bah ça y est, on y est.

Il était très tard ou trop tôt, tout dépendait. Habitués aux nuits sans sommeil, Octave et Diva s’en moquaient et Max, Marjolaine et Maestro commençaient à fatiguer. Il était temps de mettre un point final à cette soirée.
La Tour Chétiflor les enveloppa délicatement de toute sa sérénité. Bercés par les oscillations de son pilier central, les trois pokémons se posèrent sur un banc, pendant que leurs partenaires rejoignaient la boîte à vœux installée non loin.
Octave remarqua une connaissance au visage balafré. Il la trouva un peu éteinte, mais la fatigue ne devait pas aider et comme elle était très bien accompagné, il jugea inutile de la déranger. Son regard se reporta alors sur Max, immobile et soudain fort silencieuse. Elle fixait sans vraiment les voir, les parchemins tirés de sa bourse. Puis relevant la tête :

Dis Coco, tu t’rappelles où t’étais y a pile cinq ans ?
Hum… Avec Lambda je dirais, avoua-t-il un brin honteux.
Possible ouais. Et bah, moi j’étais là, exactement au même endroit.

Il la sentit émue, mais ne comprit pas pourquoi.

Ça allait pas fort à cette époque-là, confia-t-elle en essuyant ses yeux fatigués. Ça faisait deux ans que la catastrophe de Céladopole m’avait pris mes parents et après avoir erré une année, j’avais fini par tout plaquer. École, amis, famille, j’ai tout laissé tomber, sans savoir où aller. J’avais plein d’projets, mais plus aucune boussole pour me guider. J’me suis sentie glisser sur la mauvaise pente, ça m’terrifiait. Et je sais qu’tu trouves ça débile, mais j’me suis dit qu’le Grand Chétiflor pourrait m’aider.
C’est juste que… Commença Octave avant de se raviser. Et… ça a marché ?
T’as pas idée.
Oh, abandonna-t-il vraiment surpris, avant de froncer les sourcils. Je comprends mieux pour quelles raisons tu tenais revenir, mais pourquoi tu voulais que je sois là ?

En le voyant si perdu, elle éclata de rire et Octave n’en fut que plus déconcerté. Pivotant sur ses pieds, elle se plaça face à lui, ses yeux verts vibrant de malice plantés dans les siens.

Y a cinq ans, j’ai demandé au Grand Chétiflor un petit signe. N’importe quoi qui me remette sur la bonne voie. Après j’ai ouvert l’parchemin, mi figue mi raisin, m’attendant à un blabla incompréhensible de sage illuminé et ça a pas loupé. C’était marqué « La lumière se cache toujours dans l’obscurité. »
Woah… Surjoua son ami, définitivement paumé.
Ouais hein. J’me suis dit pareil et puis j’y ai plus pensé, jusqu’à un beau soir de mai.
Pourquoi un soir de m-

Octave ouvrit grand les yeux. Son cœur s’emballa, sa gorge se serra et il se sentit tout à coup bien trop bouillant pour cette fraiche nuitée. À sa tête, Max sut qu’il avait deviné, mais elle se fit un plaisir d’en remettre une couche.

Un beau soir de mai, j’suis tombée sur un type vraiment bizarre, échoué sur les toits mités des faubourgs de Céla’. Un cornèbre avec des cernes jusqu’aux pieds qui clopait comme un sagouin pour calmer des nerfs en pelote. J’allais m’barrer, mais c’t’olibrius s’est soudain excusé d’avoir laissé trainer ses mégots et les a soigneusement débarrasser.
C’est que… c’était assez crade comme ça, bafouilla Octave en massant fébrilement sa nuque.
Moi j’me suis plutôt dit qu’il avait pas tort le Grand Chétiflor. La lumière sait s’planquer même dans les coins les plus malfamés.

Tout en fixant ses pieds, Octave bafouilla une suite incompréhensible de syllabes, qu’il ponctua d’un faible « moui ». Max étouffa un rire, amusée de le voir si gêné et finit par lui tendre son parchemin. Elle chercha son regard avant de lui glisser :

T’être qu’le Grand Chétiflor t’aidera, comme il m’a aidé. On sait jamais ?
On sait jamais, sourit Octave en récupérant le papier.

Le visage de son amie s’illumina et il en fut tout réchauffé. Elle en profita pour le décoiffer avant de se replacer près de lui, appuyant sa tête contre son épaule, heureuse de l’entendre râler alors qu’il replaçait méticuleusement sa chevelure d’ébène.
Se redressant, elle délassa la première le parchemin, puis jeta la pièce dans la boîte. Octave l’imita après une brève hésitation. Ils s’éloignèrent sans ouvrir tout de suite leur papier. De nouveau débordante d’énergie, Max s’agrippa au bras d’Octave pour lui demander :

Alors t’as souhaité quoiiiii ?
Que l’haleine de Rudy sente le pet.

Le rire clair de la jeune femme explosa dans la salle et remonta en une chatouille jusqu’au sommet de la Tour.

« Tu sais quoi Grand Chétiflor ? Surprends-moi. »



H.R.P:


Dernière édition par Octave Ferys le Sam 5 Mar 2022 - 10:42, édité 1 fois
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Déclic


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MessageSujet: Re: [Event] Le festival de la Tour Chétiflor   [Event] Le festival de la Tour Chétiflor EmptyMar 1 Mar 2022 - 14:05
Habituellement quand je me rendais dans ce genre de festival c'était avec mon harnais de la K9, en tant que policier en patrouille. En service donc, pas question de goûter aux sucreries et à tout ce que le festival avait à offrir. Le regard attentif, je guettais les petits voleurs, les petits conflits, rarement quelque chose de bien méchant. Bien que sérieux, j'étais content de ne pas parader comme un coq ridicule ou de errer sans but dans les allées en prenant le risque qu'un gosse me tire la queue pour jouer. Alors quand Marco me proposa de l'accompagner au festival chétiflor je refusais, préférant la tranquillité de ma niche. C'est Lina qui me fit les yeux doux et me poussa à finalement accepter : à la seule condition qu'elle n'entre pas dans sa pokéball !

C'est ainsi que j'arrivais à l'entrée du festival. Lougaroc et Grahyena côte à côte. Nous fûmes accueilli par un moine :

« Bienvenu au festival Chétiflor ! Voici votre rouleau, je vous confie celui de vos pokémon monsieur. Je suis sur qu'il contiendra des vœux de bonheur pour ce joli couple. »

Ma gueule en tomba et Marco pouffa. Je le fusillais du regard, les sourcils froncés et m’apprêtant à lui gronder quelque chose dessus mais il fut plus rapide :

« Allons Déclic, tout le monde sait que tu l'adores ma Lina et qu'elle aussi a de l'affection pour toi. Cela se voit comme la truffe au milieu de la figure. »

Et voilà qu'il eut le culot de m'appuyer brièvement sur la truffe avec son doigt. Ce fut au tour de Lina de glousser et, taquine, de frotter son museau contre ma joue. Elle me connaissait bien... Peut être un peu trop bien : ce geste me cloua le bec, m'apaisa. Je grondais dans ma barbe pour l'image ce qui eut pour effet d'amuser tout le monde, le moine aussi.

« Aller les amoureux, on se retrouve au pied de la tour tout à l'heure.

-Les amou... Hey pas si vite ! … Grrr il est parti. »

Je me retrouvais soudain face au regard interrogateur de la Grahyena, je su que je n'avais pas le droit à l'erreur : tout l'avenir de cette soirée ce jouait sur ma réaction à ce moment précis. Aussi frottais-je mon museau contre sa joue et l'invitais à venir avec moi. C'est épaule contre épaule que nous nous aventurâmes dans les allées du festival. Lina s'émerveillait des lumières et de la beauté du lieu. Plusieurs fois elle bondit joyeusement en avant pour regarder ceci ou cela de plus près, chaque fois je la rejoignais tranquillement, content qu'elle soit contente.

Elle m’entraîna jusqu'à un petit attroupement de jeunes humains qui observait tous la même chose. Curieuse, elle s'installa avec eux pour regarder le spectacle de marionnettes pour jeunes enfants qui se déroulait. Moins intéressé, même pas du tout, je m'assis à l'arrière et attendis avec patience. Au bout de quelques minutes, un petit humain tout juste âgé d'une grosse année se mit à pleurer : il venait de faire tomber son bâton sur lequel se trouvait une brochette de baies au sucre encore emballées. Délicatement, je ramassais le bâton et le lui tendit pour qu'il le récupère, ce qui mit immédiatement fin aux pleurs mais pas à son gros chagrin de bébé : il tendit grand les bras. Il me suffit de faire un pas de côté pour qu'il puisse se blottir dans ma fourrure, sans vraiment réfléchir je lui offris quelques coups de langue dans les cheveux dans l'espoir de calmer les quelques sanglots qui le secouait encore. Bon je ne voyais plus rien mais lorsque le spectacle se termina le bambin s'était endormi dans la douceur de ma fourrure : ce sont ses parents qui vinrent me sauver en le récupérant avec délicatesse. Ce que je ne savais pas c'est que Lina avait tout vu et m'observait avec des yeux pleins d'étoiles. Je baissais la tête et les oreilles, bondissant comme un Vivaldaim elle plongea son museau dans la fourrure de mon cou et, taquine, s'échappa aussitôt. Répondant au jeu, je m'élançais à sa poursuite. Je réussi à la rattraper, enfin disons plutôt qu'elle se laissa faire, au bord de l'étang : je lui bondis dessus et nous roulâmes dans l'herbe. C'est une grande partie de jeu qui débuta : comme des chiots je lui attrapais l'oreille, elle m'attrapait la queue, je la poursuivais, nous nous sautâmes dessus le tout dans un nuage de Muciole et Lumivole. Ce fut l'un des moments les plus beaux de ma vie, les plus heureux de mon existence. Les humains qui, émerveillés et attendris, nous montraient du doigt n'existaient pas. Il n'y avait qu'elle et moi. Qu'un Lougaroc et une Grahyena enfermés dans une bulle de bonheur. Jusqu'à ce que nous nous écroulions ensemble au bord de l'eau, épuisés mais heureux.

C'est au bord de cet étang, durant les minutes que nous passâmes couchés l'un contre l'autre, enfermés dans notre bulle d'affection que je réalisais la place qu'elle avait prise dans ma vie. Heureuse, elle se leva et joua avec les Muciole et Lumivole. Pas à les attraper non, elle essayait de les toucher avec la truffe. D'un point de vu extérieur, elle dansait, sa fourrure ténébreuse scintillant féeriquement de milles et une lumières. Quant à moi je m’émerveillais du spectacle. Finalement nous retournâmes ensemble dans les allées du festival, nous promenant sans but réel.  

Nous fûmes attirés par les milles et une odeurs de nourriture bien sur. Curieux, nous nous assîmes devant un stand qui transformait les baies en un étrange matière filandreuse pleine de sucre et aussi légère qu'une plume. Généreux, le marchand planta un bâton avec un énorme nuage de barbe à papa à la baie mepo devant nous. Lina trouva cela délicieux et je dois avouer que c'est quelque chose ! Bon ce n'est pas nourrissant mais c'est vraiment très bon. Soudain je fus percuté par un Cadoizo qui semblait très pressé et me retrouvais le visage tout entier dans la barbe à papa. Catastrophé, l'oiseau porta les deux ailes à sa bouche... Puis éclata de rire en même temps que Lina qui ne réussissait plus à calmer son hilarité. Joueur et bien décidé à ne pas la laisser se moquer de moi comme ça, j'attrapais le bâton et me dirigeais vers elle mais, riant toujours, elle s'élança dans les allées et je la poursuivis. De retour au bord de l'étang, nous dégustâmes ce qui restait de la sucrerie avant de nous rincer la fourrure dans l'eau.

Nous fîmes une balade dans l'herbe, nous éloignant un peu du festival, simplement heureux d'être ensemble. Nous gravîmes une petite bute du sommet de laquelle nous pouvions voir tout le festival. Nous restâmes ici de longues minutes, seuls, loin de la foule et du regard des autres, partageant ensemble l'affection que nous ressentions l'un pour l'autre. Nous vécûmes un moment magique gravés à jamais dans le secret de nos cœurs...

Déstabilisé et surprit, le Pomdepik chuta au sol, roula et son front percuta le pied du banc dans un « poc » sonore. Il se redressa avec les larmes aux yeux : pourquoi n'avait-il pas le droit à son biscuit ? Attendrie, la dame le ramassa et le berça avec une infinie douceur, allant jusqu'à lui chantonner une tendre chanson. La dame s'assit à nouveau sur son banc et tendit la main pour attraper un biscuit mais le sac les contenants avait disparu : un Capumain se tenait avec sur une branche de Simulabre qui sautillait pour essayer de le déloger.


Puis nos pas nous conduisirent jusqu'à l'entrée de la tour chetiflor. Marco était là. Il nous donna nos prédictions. Le prenant chacun en gueule, nous entrâmes toujours épaule contre épaule. Arrivés devant le pilier central, assis devant lui, nous posâmes la prédiction au sol. Poussant celui de Lina vers elle, je l'invitais à ouvrir le sien d'abord, ce qu'elle fit avant de déposer la pièce dans la boite. Puis elle ferma les yeux et posa sur moi un regard profond, chargé d'un message que je ne saisi pas. Ce fut mon tour : j'ouvris le parchemin, déposais la pièce dans la boite et... m’aperçus que je ne savais pas quoi faire comme vœu. J'étais soudain bien embêté : que pouvais-je donc souhaiter ? Ce que j'avais perdu je ne pouvais le récupérer et je n'avais besoin de rien en particulier. Je me rendis soudain compte que mon regard était attiré par la fourrure sombre de la belle femelle qui se trouvait à mes côtés, m'observant patiemment. Alors je fis mon vœu :

« Je fais le vœu que toujours Lina soit heureuse... »

La Grahyena et moi échangeâmes un regard. Elle se blotti contre moi et, ensemble, nous jetâmes un regard sur les mots inscrits sur le parchemin...
HRP:
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Mimi DellacchioCivile

Mimi Dellacchio


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[Event] Le festival de la Tour Chétiflor Empty
MessageSujet: Re: [Event] Le festival de la Tour Chétiflor   [Event] Le festival de la Tour Chétiflor EmptyJeu 3 Mar 2022 - 12:50
Les fils de sucre s’enroulaient de plus en plus vite autour de la fine baguette de bois. D’une main experte, l’homme faisait tourner la boule de coton en même temps qu’il la piquait avec son petit crochet, comme pour la tricoter jusqu’à lui faire prendre une forme particulière. Il mettait du cœur à l’ouvrage, cela se voyait. Ses épaules étaient décontractées, mais la petite moue que prenait ses lèvres trahissait une concentration extrême. Finalement, il acheva son œuvre non sans réussite. D’ailleurs, ce fut avec un grand sourire qu’il tendit le bonbon duveteux à la manière d’un bouquet de fleurs. De l’autre côté du stand, une main fine vint réceptionner le présent. Un remerciement sincère, teinté d’admiration devant le travail accompli, sut non sans mal teindre de pourpre les joues du confiseur. Mais alors qu’une petite pièce fut déposée dans sa paume, la cliente était déjà partie, remplacée par une autre personne.

L’homme tenta de se dresser sur la pointe des pieds, dans l’espoir de la voir un dernier instant, mais il comprit que le seul souvenir qu’il garderait de cette furtive rencontre restera cette pièce, et l’image de quelques boucles rousses flattées par une fourrure blanche.

Sur le chemin du retour, la fleur de sucre évita avec beaucoup de précaution d’accrocher ses pétales au endroits les plus inconfortables. Si l’odeur qu’elle dégageait était divine, il n’en restait pas moins qu’elle était si collante qu’un moindre contact la déchirerait en plusieurs morceaux. Alors elle se faufila, esquiva de peu la main baladeuse d’un bébé juché sur les épaules de son père, manqua aussi de s’emmêler dans les cheveux d’une dame un peu trop heureuse d’avoir gagné une surprise, pour finalement ressortir indemne de son passage dans la foule. Du haut de sa baguette, la confiserie se montra donc triomphale, tandis que dans une autre main, un petit cylindre en bois gravé de motifs floraux roulait avec langueur entre des doigts songeurs. Lui n’était pas sur le point d’être mangé, sans doute est-ce la raison pour laquelle il semblait moins préoccupé.

D’ailleurs, il regagna un petit sac en peluche blanche alors même que quelques mètres plus loin, deux grands yeux avaient déjà repéré le bouquet de sucre. Des mains pressées s’avancèrent, et le présent fut délivré. Un premier pétale fut aussitôt arraché et englouti avec gourmandise.

« Il m’a demandé quoi choisir entre une fleur, une étoile ou un cœur, alors je lui ai dit de faire le plus difficile ! Il l’a fait vite en plus !
– Ch’est trop incroyable ! Je savais même pas qu’on pouvait faire ça avec de la barbapapa ! Tu en veux Bigoudi ? Tiens attends, prends un pétale. »

Une petite patte s’empara du morceau de sucre. Elle se secoua, intriguée par le fait que le drôle de coton ne se décolle pas, puis prit une petite pose que celle qui détenait le reste de la fleur ne manqua pas de féliciter. Un éclat de rire, une petite photo, et le bonbon fut avalé. Aussitôt, un mouchoir en tissu fut tiré du petit sac pour débarrasser la patte maladroite du sucre encore collé. Un dernier passage autour de la frimousse du petit panda assorti d’un regard complice, puis la belle en kimono se redressa et pinça du bout du doigt une partie de la barbapapa avant de la porter à ses lèvres. Comme pour l’imiter, un oiseau à pompons fit du même du bout du bec, en prenant soin de ne pas pour autant se salir les plumes.

Attaquée de toutes parts, la petite sœur feignit de rouspéter et tira la confiserie vers elle avant de se précipiter vers un nouvel étal qui venait d’attirer son attention. À ses pieds, une petite bête à quatre patte ne la quitta pas d’une semelle. Son épaisse fourrure rose s’accordait à merveilles avec le kimono vert d’eau de sa partenaire, dont les fines broderies rappelaient les ailes d’un charmillon. L’aînée des sœurs kimono aurait préféré celui couleur crème, mais cette fois-ci, c’est la cadette qui eut le dernier mot. Pour la grande sœur, en revanche, aucun doute parmi les danseuses, c’est le rose poudré aux motifs floraux qui fut choisi. Une étole de fourrure blanche pour rester au chaud malgré la saison, une paire d’okobo afin de parfaire la tenue, et comme touche finale, une barrette composée de perles et de fleurs en tissu pour tirer derrière une oreille une partie des cheveux roux de celle qui, le temps d’une nuit, devait être aussi belle que le jour.

« Bon alors, tu vas faire un tour oui ou non ? »

La voix grave de Nott fit sortir Mimi de sa rêverie qui se retourna vers le stand contre lequel elle était adossée. Derrière l’étal, Nott arrangeait méthodiquement les grandes boîtes en bois remplies de plantes médicinales séchées. L’emplacement était méthodique, celles pour maigrir à droite, côté stand de nouilles sautées, celles pour l’angoisse à gauche, côté stand de divination. Mimi n’avait pas vraiment fait le rapprochement, avant que Lexie, qui assistait l’herboriste pour la nuit, ne lui explique.

« Vous voulez que j’aille vous chercher quelque chose ? C’est trop dommage de rester ici sans pouvoir profiter !
– Moi je veux bien ! »

Au même moment, Lexie passa derrière Nott pour ranger l’argent qu’elle venait d’encaisser dans une petite boîte en métal.

« Il paraît qu’il y a un stand qui vend des baies caramélisées, ça doit être super bon non ?
– C’est pas pour les pokémons ça normalement ?
– Bah on en donnera à Chapopi et les autres !
– Je sais pas s’il aimera… »

Haussement des épaules de la plus grande, qui passa nonchalamment sa main derrière sa nuque, spécialement dégagée grâce au chignon haut confectionné plus tôt dans la journée. Mimi s’écarta de son côté avec un signe de la main chaleureux aussitôt réceptionné par Lexie et ses petites couettes basses qui flattaient la teinte dorée du col de son kimono. Bigoudi la suivit sans attendre, sans manquer de répéter le petit salut à l’attention de Lexie et Nott, qui lui répondirent à leur tour, chacune à leur manière. Tutu hésita quant à elle quelques secondes, puis rejoignit sa camarade à spirales en quelques coups d’ailes afin de se poser sur sa tête.

Un peu plus loin, Vivi admirait un étal entièrement recouvert d’éventails traditionnels. Certains étaient décorés de motifs similaires à son kimono, tandis que d’autres, sans doute spécialement préparés pour l’occasion, affichaient un chétiflor peint sur le modèle d’estampes traditionnelles. Par son air perplexe, l’adolescente laissait deviner une hésitation certaine. Les charmillons, ou le chétiflor ? Vivi se retourna pour croiser le regard interrogé de sa sœur. Malheureusement, elle non plus ne sut quoi décider. Heureusement, les sœurs Dellacchio avaient leur propre solution pour résoudre un dilemme.

« Bon Bigoudi, lequel des deux ? »

Les deux éventails face à elle, l’intéressée se contenta de sourire naïvement. Puis elle pencha tout doucement à droite, avant de claudiquer un peu à gauche. Petit revirement, la danseuse à spirales tituba encore quelques secondes, puis roula finalement sur son flanc gauche.

« Chétiflor alors !
– En vrai c’est celui que je préférais, au moins, ça s’accorde avec le festival !
– Il fera joli sur la petite table du salon ! »

Les deux sœurs remercièrent chaleureusement Bigoudi, toute heureuse d’avoir pu participer, tandis que Tutu se replaça rapidement sur sa tête en rouspétant par quelques sifflets, comme elle se plaisait à le faire.

De l’autre côté de la vitrine, la vieille dame s’inclina puis rangea soigneusement sa monnaie, sans un mot, tandis que les deux belles clientes s’éloignaient vers un stand de nouilles sautées. Méticuleuse, elle ne remarqua pas tout de suite le regard curieux de la plumeline, restée en arrière avec sa camarade tachetée. Ses grands yeux semblaient incapables de quitter les éventails ouverts sur le présentoir. Une respiration, puis un nouveau client. Les deux pokémons étaient quant à eux déjà partis rejoindre leur partenaire, déjà avalée par la foule.

Petit pas de côté, Bigoudi se faufila sans mal jusqu’à retrouver Mimi, occupée à choisir la garniture de son plat de nouilles. Juste devant elle, une femme aussi ronde que sa marmite annonçait d’une voix puissante à sa fille le prochain plat à préparer. Ses petites mains jonglaient avec fermeté entre les ustensiles et les nombreux tapis de nouilles en train de frémir sur le feu tandis qu’elle répondait aux nombreuses questions de Vivi, qui cherchait à savoir ce qu’il fallait absolument goûter. Il fallait parler fort afin de se faire entendre derrière la mélodie du piano à friture. Une carte se glissa devant les yeux de Tutu et Bigoudi. Accroupie près d’elles, Mimi tenait à choisir quelque chose dont elles pourraient profiter elles aussi. Celui-là ? Bigoudi était d’accord, mais Tutu un peu moins. Celui-ci dans ce cas ? Bigoudi était d’accord, mais Tutu resta hésitante. Dans ce cas, peut-être l’avant dernier de la liste ? Bigoudi était d’accord, Tutu aussi ! La cuisinière répondit avec aplomb. Les nouilles volaient sous les yeux en appétit des deux sœurs en kimono. Juste à côté de la tête de la plus jeune, un lampion chaleureux s’agitait au gré d’une petite brise.

« La même chose, s’il vous plaît. »

Une voix douce et sombre. Mimi sursauta dans un mouvement de recul, surprise de découvrir juste derrière elle une silhouette familière. Kimono noir et argenté, obi écarlate, Noëlle ne put s’empêcher d’adresser un sourire amusé. Ses lèvres maquillées de noir mettaient en valeur ses beaux yeux dorés, tandis que les bijoux accrochés à ses oreilles percées reflétaient les lumières chaudes des lanternes. La croupière était venue avec Nott et Lexie. Entre ses ongles vernis de noir, un sac en tissu rempli de petits sachets de plantes sèches, dont la ficelle servant à les fermer était décorée d’une carte de visite du Chaudron Blanc, l’herboristerie de Nott. Idée de la patronne, impossible de lui refuser. Distribuer les sachets suffisait à assurer une promotion tout au long du festival, disait-elle. Pour Noëlle, qui connaissait l’événement depuis son enfance, il était très facile de connaître les endroits avec le plus de fréquentation. Autant dire que la mécanique était parfaitement huilée, ce qui, venant de Nott, était loin d’être surprenant.

Une petite pause repas s’imposa. Le groupe trouva son salut sur un banc en retrait d’une allée parallèle remplie de stands de jeux. Toutes les dix minutes, une cloche sonnait, signe d’une récompense obtenue. Les yeux curieux de Vivi ne pouvaient s’empêcher de tenter de repérer les heureux vainqueurs au milieu de la foule abondante, tandis que baguettes au bout des lèvres, Mimi écoutait avec intérêt le récit de Noëlle à propos de l’édition précédente du festival, dont elle gardait un souvenir tout particulier en raison de sa proximité avec l’année noire. La cloche sonna à nouveau, cette fois si fort que les trois occupantes du banc penchèrent la tête dans la même direction. Un petit garçon en yukata s’éloigna à toute allure, une énorme peluche de Skitty entre les bras, avec à sa poursuite d’autres enfants tout aussi excités que lui.

Le regard pétillant de Vivi ne laissa quant à lui aucun doute sur ses intentions. Seulement, alors même que le groupe se leva pour rejoindre les stands de jeu, leur barquette en carton vide déposée dans une poubelle non loin de là, Bigoudi s’éloigna par quelques pas maladroits dans la direction opposée, sans répondre aux appels de sa dresseuse. Sans doute avait-elle aperçu quelque chose.

« Je vais la chercher, commencez sans moi ! Tutu tu restes avec elles ? »

Un sifflet approbateur, et Mimi s’engagea sans attendre à suivre la petite spinda avant qu’elle ne quitte son champ de vision. Les appels furent renouvelés, sans grand succès. Quand Bigoudi avait quelque chose en tête, il était difficile de lui faire changer d’avis. La petite bête bifurqua tantôt à droite, tantôt à gauche, se glissa entre les jambes des nombreux visiteurs sans jamais les bousculer, contrairement à Mimi qui, contrainte d’accélérer le pas, manqua de peu de pousser un homme sur son chemin. Les quelques secondes suivantes, Bigoudi sembla avoir disparu, engloutie par la foule. Heureusement, les prunelles habituées de la danseuse de cabaret retrouvèrent rapidement la petite fugitive, désormais en train de se faufiler entre deux étals.

Après de brèves hésitations Mimi la suivit à son tour, en prenant soin de ne pas accrocher par mégarde un pan de sa tenue. Finalement, au prix de quelques pas de côté, les mains fines de Mimi retrouvèrent la douce fourrure tachetée de Bigoudi, sur qui les quelques réprimandes rebondirent naïvement comme une cuillère sur un flan pâtissier.

Mais alors que Mimi invita son pokémon à la suivre pour rejoindre sa sœur et Noëlle, une voix l’interpella pour la saluer. Moment d’égarement pour la danseuse. Tout autour d’elle, les stands avaient comme disparu, avalés par la nuit. Le bruit de la foule était étouffé et distant, dissimulé derrière un épais rideau d’ombre traversé par une unique fente de lumière habillée d’ombres fugaces. Mimi pensa avoir quitté le festival par mégarde, mais le stand isolé qui lui faisait face sembla lui dire le contraire. La voix venait de derrière le comptoir. Mimi s’approcha.

D’une main prudente, elle écarta le pan de tissu brodé de perles suspendu au-dessus du comptoir. De l’autre côté, pierreries et bougies se répondaient dans une atmosphère chargée d’un agréable parfum exotique. Mimi articula un bonsoir curieux, incapable de quitter des yeux ses innombrables reflets comme pris au piège à l’intérieur des pierres précieuses exposées.

Fondue au milieu des tapisseries, une silhouette voutée sembla alors apparaître de nulle part. Son visage et une partie de son corps étaient recouverts d’un sublime tissu carmin, garni de motifs dorés, ne laissant voir que son long nez et ses belles mains noueuses. Mimi lui demanda pour quelles raisons elle se trouvait en retrait des autres stands, toujours éprise de la décoration de l’étal. Elle ne fit pas attention à la réponse. D’ailleurs, elle ne fut même pas sûre d’en avoir eu une. À la place, trois petits pots en terre lui furent présentés. Mimi tendit une pièce. C’était une pièce qu’elle demandait, n’est-ce pas ?

Les pots furent retournés, puis se mirent à danser sous le regard amusé de la belle en kimono. Elle les suivit, attentive, puis reprit sa respiration une fois le spectacle achevé. Quel pot ? Ce fut à Bigoudi de décider. La petite spinda désigna celui de droite.

Le pot bascula.
La pièce était là, et retrouva sa propriétaire !

De brefs applaudissements, et en cadeau une belle petite broche que Mimi s’empressa d’attacher à son étole. L’heure était déjà venue de rejoindre Vivi et Noëlle, mais quelque chose chatouilla l’esprit de la danseuse, sans parvenir à trouver de quoi il s’agissait. Elle réfléchit, souleva le tissu, prête à partir, perplexe. Puis dans un dernier élan, elle se retourna en direction de la vieille marchande.

« Excusez-moi mais… On ne s’est pas déjà rencontrées ? »

Drôle d’écho. La dame avait déjà rejoint ses tapisseries. Plus bas, Bigoudi tira sur la manche du beau kimono de soie. Les secondes dégringolèrent, et l’attention de Mimi quitta finalement le drôle de petit étal, laissant le morceau de tissu retomber derrière elle.

Toutes les deux regagnèrent finalement l’une des allées du festival et se mêlèrent à nouveau à la foule, tentant de retrouver leur chemin pour rejoindre le reste du groupe. Mimi, toujours pensive, ne put s’empêcher de se retourner une dernière fois, toujours gênée par cette impression étrange qui semblait se balancer entre ses boucles rousses. Son cœur lui chuchota de faire demi-tour, mais alors même que son corps bascula en arrière, une main se posa sur son épaule et chassa aussitôt toutes ces pensées confuses empruntes du parfum de l’étrange échoppe.

Surprise mutuelle, sursaut similaire. Les yeux de Mimi s’écarquillèrent alors que devant elle Monroe affichait un air confus et désolé. Les salutations furent rapides, car les deux collègues s’étaient déjà téléphonés le matin même. L’homme portait un beau yukata rouge dont la couleur ne manqua pas de déteindre sur ses joues. Ou bien était-ce la faute des lampions ? Mimi ne se posa pas vraiment la question et se contenta de complimenter chaleureusement la tenue. Le compliment retour fut un peu plus timide, mais tout aussi sincère.

« J’ai euhm, croisé Vivi et Noëlle, un peu plus loin, elles m’ont dit que tu cherchais Bigoudi. Mais je vois que…
– Oui c’est bon je l’ai trouvée ! Par contre on est un peu perdues maintenant… Tu sais par où il faut passer ? Ah ! Regarde, j’ai gagné une jolie broche ! On pourrait l’utiliser pour un spectacle non ? »

La conversation se déroula à mesure que le duo et Bigoudi traversèrent une partie du festival, jusqu’à retrouver Vivi au pied d’un stand. Entre ses mains, un fusil à air comprimé dont le canon était bloqué par un petit bouchon de bois. Derrière elle, Noëlle lui donnait des conseils pour améliorer sa posture. Doigt sur la gâchette, le bouchon partit dans un pop à peine audible. La cible accrochée à la peluche fut manquée de peu. Moue boudeuse de la part de l’adolescente qui chercha aussitôt réconfort auprès de sa sœur tout juste retrouvée. D’abord souriante, la danseuse ne manqua pas de remarquer le regard moqueur du propriétaire du stand et dégaina quelques pièces afin de tenter elle aussi sa chance.
Premier coup, trop bas.
Deuxième coup, trop haut.
Troisième coup, trop à droite.
Raté.

Les joues gonflées, Mimi se redressa et tendit l’arme factice à son agent. Pris par surprise, celui-ci s’en empara d’une main tremblante et essaya à son tour. Pop, pop, pop. Un paquet de biscuit fut déposé sur le comptoir. C’était la peluche placée juste à côté qu’il visait. Le groupe finit par s’éloigner, défait, à peine réconforté par les quelques gâteaux reçus en consolation.

« Pfeeeuh de toute façon il était trop nul ce jeu !
– Pff mais oui ! Je suis sûre que c’était truqué ! Noëlle tu veux pas envoyer Nott ? Elle le pulvérisera je suis sûre !
– Je lui dirai d’essayer. Ah d’ailleurs je vais être à court de sachets, faut que je retourne la voir. On se retrouve tout à l’heure ? »

Le groupe se divisa. Dans le ciel, la tour chétiflor perçait désormais une nuit noire déjà bien consommée. Le regard endormi de certains enfants laissait deviner la présence d’une fatigue latente contre laquelle il devenait de plus en plus difficile de lutter. Mais le festival continuait quant à lui de s’épanouir, captant par ses innombrables couleurs et odeurs les rêves des plus grands. En son cœur palpitait une scène en pleine effervescence. Des pas pressés la foulaient tandis que tout autour d’elle tambours et autres instruments se réunissaient sous la direction de musiciens en tenue traditionnelle. Manches remontées, carré de tissu sur la tête et corde tressée autour de la taille, les héritiers d’un soir semblaient guidés par un souffle ancestral. Les préparations allaient bon train si bien que sans même qu’une note soit produite, déjà un certain nombre de passants s’étaient arrêtés, saisis par la curiosité.

Les pas de Vivi s’accélérèrent afin de s’approcher du cœur de la place centrale. Suivie de près par Patoux et Tutu, elle fit signe à sa sœur et Monroe qui la rejoignirent malgré une foule de plus en plus compacte. La scène ne se trouvait plus que quelques mètres en avant. Mimi, prise par l’excitation ambiante, s’approcha de l’oreille de Monroe afin de lui demander ce qui était en de se préparer.

« C’est un cadeau pour toi, de la part du Grand Chétiflor !
– Un quoi ? »

Mimi n’avait pas tout entendu. Mais la main de sa sœur, venue saisir la sienne, lui ôta toute idée d’en savoir plus.

L’instant suivant, trois coups de tambour résonnèrent avec vigueur.
Le sang de la danseuse entra aussitôt en ébullition.

Ils grondèrent, aux quatre points cardinaux, tout autour de la scène. Les majestueux tambours piétinèrent l’air d’une voix aussi puissante qu’un orage. Comme un ronflement des temps anciens, leurs battements furent si puissants que la peau des spectateurs se mit à trembler, percutée de plein fouet. Les coups s’enchaînèrent, de plus en plus vite. Les muscles saillants des musiciens rougirent et gonflèrent au rythme des impacts de leur bâton sur le cuir tendu des instruments. Ils crièrent alors dans un chœur nourri d’une profonde énergie. Ha ! Yo !

Les tambours accélérèrent leur cavale. Au-dessus de la scène, deux braisillons volèrent en ligne droite, déposant dans leur sillage des braises qui allumèrent une série de lampions suspendus dans les airs. En-dessous, six danseurs et quatre danseuses écartèrent leurs bras, habillés de longues manches en tissu brodé. Leurs pieds nus heurtèrent de concert le plancher de la scène en réponse aux tambours. Un cri. Ha ! Yo ! Leur voix résonnait avec encore plus de force que les tambours. Elle éclata comme la foudre, frappa comme un feu d’artifice les tympans du festival.

Ils tournèrent, semblèrent jongler de leur corps tout entier entre les coups incessants et vigoureux des percussions. Leurs bras fendirent les airs comme une lame, puis s’assouplirent comme la tige d’un roseau. De parts et d’autres de la place, quatre nouveaux danseurs entrèrent en scène à leur tour. Ils portaient devant leur visage un carré de papier décoré d’un motif abstrait, peint à l’encre noire. Entre leurs bras, un pot de terre, scellé d’un cercle en bois et d’une corde minutieusement nouée. Ils piétinèrent le sol avec intensité, joignant de leur voix les cris répétés et de plus en plus puissants des danseurs déjà présents. Puis, chacun face à un tambour, ils posèrent un genoux au sol et ouvrirent le pot qu’ils détenaient avant de le tendre vers le ciel. De l’intérieur sortit un chétiflor. Les joueurs de tambour s’immobilisèrent, puis tendirent dans un mouvement parfaitement symétrique la pointe de leur bâton à chacun des pokémons plante. Ceux-ci se hissèrent sans mal, puis le morceau de bois se dressa de la même manière que la tour, et chaque chétiflor gagna son perchoir, au sommet du tambour.

Une inspiration.

Les coups retentirent à nouveau. La cavalcade s’intensifia, les cris redoublèrent de puissance. Les danseurs semblèrent alors ne faire plus qu’un avec la nature, le ciel et la terre. Les mouvements de leur corps rejoignirent ceux des chétiflors, tous emportés dans une même transe. Ha ! Yo ! Les cris sortirent des poitrines comme les sons surgirent hors des tambours. L’air semblait empêtré dans un tourbillon invisible, enfiévré d’une énergie invoquée par delà les âges. Plus vite. Les tambours semblaient sur le point de rompre, les danseurs ne respiraient plus. Plus vite. Les bras des joueurs de tambour étaient prêts à éclater, leur visage déformé par leur effort inhumain. Plus vite, encore plus vite.

Et enfin, dans un mouvement conjoint, tous les bras se levèrent. Les bâtons de percussion pivotèrent dans un dernier éclat entre les bras épais de leurs maîtres puis s’abaissèrent, tête contre sol. Les jambes des danseurs se levèrent à leur tour, et frappèrent eux aussi la scène, comme un seul homme.

Respiration haletante, sueur au bout du front. L’instant sembla se pétrifier, comme pour s’imprimer de manière indélébile dans les mémoires des spectateurs. On attendit, on s’apprêta à applaudir, quand contre toute attente, les coups de tambours reprirent doucement, dans un rythme régulier. Les quatre danseurs au pot de terre s’inclinèrent alors en direction des spectateurs et s’approchèrent après avoir retiré le carré de papier devant leur visage. Main tendue, ils invitèrent les plus braves à venir les rejoindre. Une première âme s’arracha de la foule, puis une autre, et une suivante.

Le corps parcouru de tremblements, Mimi bloqua sa respiration. La danseuse sentait son cœur battre dans tous ses membres au rythme des tambours. Contre sa poitrine, une autre percussion semblait lui répondre. L’âme de Tutu, qu’elle tenait entre ses bras, n’en pouvait plus de rester elle aussi immobile.
Bigoudi fit le premier pas.
La main de Vivi quitta alors celle de sa sœur, tandis que les doigts discrets de Monroe vinrent frôler son épaule.
Elle s’avança.

Ses doigts furent immédiatement accueillis par ceux du danseur qui l’invita à le suivre. Sa main était dure comme du bois, rougie et tannée par le poids de la tradition. Elle était chaude, voire brûlante, et trouva dans la paume de la belle en kimono une chaleur en tous points similaire. Les tambours reprirent, on monta sur la scène.

Des rires, des cris de surprise. Un petit garçon s’efforça de suivre la cadence avec son Machoc. Un homme un peu pataud n’avait pas le rythme mais faisait de son mieux. Deux amies se soutenaient mutuellement par un amusement communicatif. On tourna, les danseurs guidèrent les amateurs d’un main bienveillante. Seul l’un d’eux n’en eut pas besoin. La surprise se lisait sur son visage, tandis que devant lui, une jeune femme laissait s’épanouir tout son talent. Un pas à gauche, un pas à droite, elle lui répondit et vrilla avec élégance, imitée de près par son pokémon à spirales, accompagnée parfaitement par celui à plumes. Leurs deux mains se retrouvèrent. Il ne put s’empêcher de sourire. Elle semblait déjà jouer avec lui. Deux coups de tambour. Les jambes se levèrent et frappèrent le sol en concert, puis on cria Ha ! Yo ! L’enfant avait un temps de retard. Peu importe. Un nouveau geste fut ajouté à la chorégraphie. La belle en kimono l’avait déjà comprit. Son habit de soie semblait aussi léger qu’une plume, les fleurs qui recouvraient son corps sur le point d’éclore sur son visage. Le danseur tapa des mains, sa partenaire fit de même avec son talon. L’homme ne pouvait quitter des yeux les lèvres couleur pêche de la demoiselle. Les tambours accélèrent une nouvelle fois. La dernière, sans doute. Le rythme devenait difficile à suivre, les rires redoublèrent d’intensité. La fatigue commençait à poindre, mais les danseurs arrachèrent un dernier effort commun aux invités, désormais entièrement pris dans la formidable tempête. L’instinct de la demoiselle en kimono avait quant à lui pris le dessus, elle ne réfléchissait plus, et se contentait de se laisser porter. Son regard se posait tantôt sur sa partenaire à spirales, tantôt sur sa camarade à pompons, puis quelques secondes sur les yeux noirs du danseur. Celui-ci lui tendit alors sa main une dernière fois, et tous se rejoignirent enfin dans un dernier mouvement. Les tambours se turent, on leva tous la jambe. Le silence s’installa, puis fut écrasé par un dernier coup de talon.

Une puissante salve d’applaudissements recouvrirent aussitôt les quelques soupirs soulagés. Le danseur s’inclina devant Mimi pour la remercier, qui fit de même. Quelques mots furent échangés tandis qu’ils quittèrent la scène, lui s’exclama en apprenant qui lui faisait face, elle se contenta de rire et de l’inviter à venir la voir un jour sur scène. Ils se séparèrent, sans même échanger leur nom.

La foule se désagrégea doucement. Mimi retrouva, les joues encore teintées de rose, sa sœur et Monroe, tous les deux aussi éblouis par ce qu’ils venaient de voir. Si la petite ne cacha pas son émotion, le plus grand se remit quant à lui plus discrètement de la sienne. On alla s’installer sur un banc à proximité, le temps pour la danseuse de reprendre des forces. Au-dessus de leur tête, quelques lampions se préparaient à rejoindre les étoiles.

Le capumain agita sa prise, moqueur, sous le nez de ses concurrents. D’une agile pirouette, il sauta sur la tête de l’arbre factice, adressant aux autres un rictus provocateur avant de se targuer de quelques tapes sur son postérieur. Mais alors qu’il pensa pouvoir s’enfuir et profiter de son butin, le petit pokémon se retrouva bien embêté, lorsqu’il vit que le pomdepik avait projeté un filet de toile sur le sachet. Le capumain tira, pour s’en débarrasser, mais le vieil homme, le simularbre et le scarhino attrapèrent à leur tour l’objet. Ils tirèrent, ils tirèrent et… Malheur ! Le sac en papier se déchira, et tous les biscuits se retrouvèrent éparpillés partout par terre !


L’éventail à l’effigie de chétiflor s’agita doucement devant le visage désormais un peu rafraîchi de la danseuse, pensive. Un peu plus loin, Tutu continuait de s’amuser avec Bigoudi et les chétiflors qui avaient participé au spectacle. Les drôles de fleurs lui montraient un mouvement à reproduire. Pour Bigoudi, l’exercice était facile, malgré sa maladresse. Tutu, quant à elle, ne pouvait s’empêcher d’y ajouter quelques coups de pompons dans les airs. Mimi s’en amusa, mais la frustration lisible sur le visage de la petite bête à plumes ne lui échappa pas. Pendant quelques secondes, l’éventail cessa de bouger.
Sur la place centrale, l’ambiance s’était doucement apaisée. La foule compacte d’il y a plusieurs minutes avait laissé sa place à un paysage moins chargé et plus reposant. Le festival se rapprochait peu à peu de sa clôture.

Comme piquée par sa mémoire, Mimi profita de ce petit instant de repos pour glisser sa main dans son petit sac. Ses doigts partirent doucement en quête du cylindre de bois, mais la voix de Vivi les freinèrent dans leur course. Apparue juste derrière elle, l’adolescente s’empressa se s’asseoir à ses côtés. Entre ses mains, un grand sac en papier estampillé d’un logo que Mimi n’avait jamais vu.

« Regarde regarde ! J’ai trouvé ça pour Mamie Nonna ! »

Un petit carillon en étain et verre soufflé en forme de tête de chétiflor. L’objet était ravissant et irait parfaitement du côté de la porte d’entrée. Mimi ne cacha pas son plaisir, ravie que sa sœur ait trouvé un aussi beau cadeau à envoyer à leur grand-mère. Mais alors que la danseuse continuait d’admirer le superbe objet, sa sœur recommença à fouiller dans le sac.

« Et ça, c’est pour toi ! »

Un petit flacon en verre, décoré d’un bouchon en liège et d’une ficelle brune. À l’intérieur, des pétales de fleur mauves flottaient dans un liquide légèrement translucide de la même couleur. Les yeux de Mimi glissèrent aussitôt vers Tutu, qui rouspétait désormais contre les chétiflors qui ondulaient devant elle.

« J’y ai pensé tout à l’heure en te voyant danser avec Tutu, et Momo m’a dit qu’il y avait un stand qui en vendait ! Tu crois que ça lui plaira, à Tutu ?
– Je crois, oui. »

La petite bouteille de nectar entre les mains, Mimi continua d’observer, pensive, sa partenaire de scène à plumes, le temps de quelques secondes. Puis le sourire que lui adressa Bigoudi lui fit reprendre ses esprits. Son visage retrouva aussitôt un sourire ravi.

« Merci ! Je lui montrerai tout à l’heure. Je me demande comment ça fonctionne… Tu crois que c’est instantané ?
– Oooh genre transformation magique ? Comme une magical girl !
– Ouiii ! Oh mais si ça se trouve si j’en bois moi aussi je me transforme ! Tu crois que le mauve ça m’irait bien ?
– Fais voir ? »

La petite sœur s’empara du flacon et posa son œil au niveau de la paroi en verre afin de regarder son aînée au travers. Le liquide à l’intérieur s’agita quelques secondes, faisant remonter les pétales jusqu’au bouchon.

« Hmm, moi je dis que oui !
– C’est vrai ? Je demanderai à Tutu de m’en prêter un peu alors ! »

Le présent retrouva l’intérieur du sac en papier aux côtés du carillon chétiflor. Un peu plus loin, la petite silhouette de Lexie se dessina au milieu des lampions, accompagnée de Nott, Noëlle et Monroe. Elle tenait dans sa main une brochette de baies recouvertes de caramel.

Mimi et sa sœur quittèrent le banc pour venir à leur rencontre, et furent aussitôt accueillies par un gros poussifeu en peluche, tendu par la patronne de l’herboristerie à la plus jeune membre du groupe. Ce grand nigaud et son fusil truqué n’avaient rien pu faire. Lexie s’exclama quant à elle à la vue de la scène, désormais occupée par quelques moines de la tour. La toiletteuse aurait vraiment aimé être là pour voir son amie danser. Elle demanda des informations au sujet du spectacle, mais aussi du danseur anonyme, qu’elle voyait déjà protagoniste d’une romance non assumée. Monroe lui présenta quelques photos, prises sur le vif, afin de la consoler, avant de les présenter à Noëlle, toute aussi curieuse d’avoir quelques images.

Finalement, le groupe atteignit au bout de quelques minutes le pied de la tour chétiflor, encore remplie de visiteurs du festival. Derrière eux, les clapotis des poissirènes dans l’étang s’accordaient à merveilles avec une atmosphère sereine et reposante. Les pas de Vivi furent les derniers à quitter les planches de pont qui séparait la place de l’entrée de la tour. On procéda à entrer en s’efforçant de parler un peu moins fort.

À l’intérieur, les bougies semblaient méditer, bercées par le rythme du pilier central de la tour qui se balançait de manière presque imperceptible. Le groupe suivit les indications des moines, et s’approchèrent peu à peu de leur point d’arrivée. Devant eux, un couple était en train de dénouer leur cylindre respectif. Mimi récupéra son petit sac en peluche blanc et partit machinalement en quête de son propre rouleau. Ses doigts frôlèrent le mouchoir, un petit porte monnaie et quelques pièces égarées.

Mais.

Elle recommença son inspection du sac.

Mais.

Cette fois elle l’ouvrit complètement, et regarda à l’intérieur. Son cœur se serra aussitôt. Elle l’avait mis là, pourtant. Elle ne pouvait pas se tromper. Elle l’aurait égaré ? Mais où ? Pendant la danse ? Elle l’aurait vu. En allant chercher Bigoudi ? Ou alors pendant le repas ? Mais dans ce cas, impossible de le retrouver.

« Il est là, tête de granivol. »

Le rouleau en bois apparut comme par magie. Mimi leva les yeux et croisa le regard gentiment réprobateur de Nott.

« Tu l’as fait tomber en sortant ton mouchoir pour débarbouiller Bigoudi, devant notre stand. Je l’ai vu juste après que tu sois partie avec Vivi.
– Haaan et tu me l’as même pas dit !
– Non, j’attendais le bon moment. »

L’air doucement moqueur rencontra les joues gonflées de frustration de la danseuse, puis une résignation amusée ponctué d’un soupire de soulagement.

« Heureusement que Nott est là hein Mimi ?
– Mais en plus j’ai cru l’avoir avec moi pendant tout le festival !
– C’est à nous. »

On s’avança. À quelques pas, l’énorme pilier semblait les observer, de là-haut, si haut qu’il était impossible de savoir jusqu’où il montait réellement. Lexie et Noëlle passèrent les premières. La croupière adressa un salut discret en direction de la tour, aussitôt imitée par Lexie déjà en train de s’écarter. Nott et Monroe suivirent. Nott resta un peu plus longtemps, puis s’éloigna rejoindre les autres. Les deux sœurs furent les suivantes.

Quelques pas en avant. La corde glissa facilement entre les doigts de la danseuse, qui hésita quelques secondes. Puis le son de la pièce lancée par Vivi la rappela à son devoir, et rapidement sa propre pièce rejoignit le tas déjà consistant que contenait la grosse boîte en bois. Les mains jointes, la danseuse adressa ses mots au grand chétiflor. Une respiration, un regard complice, et les deux sœurs sortirent à leur tour, suivies de leurs pokémons.

« Tu as fait quel vœu toi ?
– Faut pas le dire.
– Ah bah oui mais bon on fait comment pour savoir s’il s’est réalisé alors !
– On le saura, c’est tout ! »

Le petit parchemin se déroula entre des doigts pressés. Les deux sœurs comparèrent leur deux divinations, amusées, sans se douter, qu’en fait, toutes les deux avaient fait le même souhait.

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MessageSujet: Re: [Event] Le festival de la Tour Chétiflor   [Event] Le festival de la Tour Chétiflor EmptyLun 7 Mar 2022 - 18:50


Erika Sasaki

Personnage non joueur



« En vous remerciant ! »

Le paquet estampillé du logo du Petit Potin changea de mains alors même que du sommet de la Tour Chétiflor, un feu d’artifice venait de déployer ses pétales. La gérante du café se pencha en avant, son visage aussitôt éclairé par une multitude de teintes colorées.

Tout autour de son stand, les visiteurs et les vendeurs s’étaient immobilisés, quelques secondes, afin de profiter eux aussi du spectacle. Madeleine, qui était restée près de la patronne du café, prit elle aussi le temps d’admirer le chaleureux bouquet, tout en prenant soin de protéger du bout de ses petites pattes les extrémités de ses oreilles délicates. Une dernière explosion sonna finalement la dernière heure du festival. Une salve d’applaudissements fut adressée en réponse à l’attention de la tour, dont la silhouette commençait peu à peu à se détacher de la nuit. L’aurore arrivait.

« C’est déjà fini ? »

La petite fille tira la manche du kimono de sa mère, comme pour lui demander de prolonger la nuit d’une petite heure de plus. Malheureusement pour elle, le sommeil la rattrapa, et à peine quelques minutes plus tard, l’enfant dormait dans les bras de son père. Une brise souffla sur sa petite mèche bouclée, alors que l’allée se vida progressivement de ses visiteurs.

La boîte en métal se referma sur quelques miettes de biscuits. Les ventes avaient été très bonnes, il ne restait presque plus rien sur l’étal du Petit Potin, si ce n’est un paquet de sablés à la noisette que la pâtissière avait gardé tout spécialement de côté jusqu’à la fin du festival. Tout autour, les autres stands avaient eux aussi commencé à plier les voiles. Le son des casseroles vides, fatiguées de leur soirée, répondait aux clapet des grosses caisses en bois, tandis qu’un peu partout, la flamme gourmande des lampions s’épuisait, repue d’une mèche qu’elle avait pris soin de grignoter dans sa totalité.

Les doigts d’Erika s’enroulèrent autour du ruban tenant fermé le paquet de biscuits. D’un dernier regard, elle s’assura qu’elle n’avait rien oublié derrière elle, puis fit signe à son voisin afin de l’avertir qu’elle partait se rendre à la tour, sans en avoir pour longtemps. Madeleine la suivit, tandis que Cracotte et Chausson restaient en arrière, à moitié endormis.

Les semelles en bois résonnèrent doucement contre le pavé encore chaud de la place de Mauville. Drôle de silence. Juste avant que les feux d’artifice n’éclatent, l’endroit était rempli de rires, de cris, et de voix en tous genres. Mais à peine la fin du festival fut-elle annoncée que la féerie s’était déjà évaporée, consumée, laissant derrière elle l’agréable odeur d’une bougie éteinte. Le sommeil rattrapait quant à lui son retard. Il galopait, encore plus vite que les enfants, pour plaquer ses mains sur leurs yeux. Quelques bâillements de la part de commerçants laissaient deviner qu’eux aussi espéraient bien pouvoir retrouver leur oreiller d’ici peu.

Un signe de la main.

L’homme se frotta les yeux et salua à son tour Erika. Son kimono couleur chocolat et vanille lui donnait des airs de pâtisserie et flattait à merveilles son teint rosé. Tout autour d’elle, une agréable odeur de gâteau semblait s’amuser à chatouiller le nez des plus gourmands, alors même qu’elle traversait l’allée lentement, son paquet de biscuit entre les mains. C’est un cadeau, affirma-t-elle avec douceur au vendeur de nouilles qui l’avait interpellée alors même qu’il remontait l’allée dans le sens inverse. Mais venu s’immiscer dans leur discussion, un appel résonna en provenance de la place centrale. Quelques secondes suivantes, une roulotte s’engagea, avec à sa tête un grand Cupcanaille et derrière lui deux moines de la tour venus lui prêter main forte. Erika et Madeleine s’écartèrent pour lui laisser la voie libre. Choco Pudding lui adressa un petit signe de la patte, auquel la demoiselle répondit avec amitié tout en suivant du regard le grincement des grandes roues de bois sur les pavés. Un regard de la gérante du café à son pokémon, puis toutes les deux reprirent leur chemin.

Elles rejoignirent en peu de temps la place centrale, dont la scène était désormais presque entièrement démontée. Les gros piliers de bois étaient acheminés, l’un après l’autre, en direction de la tour pour y reposer jusqu’à la tenue du prochain spectacle. Les gestes étaient savamment étudiés et suivaient un ordre précis et ancestral. Erika les dépassa, sans manquer de leur adresser un chaleureux sourire. Ses pas la guidèrent elle et Madeleine jusqu’à l’entrée de la dernière allée qui la séparait du pont menant à la tour. Non loin de là, un natu picorait avec gourmandise un petit biscuit, laissé à l’abandon sur un banc.

Si la gérante du Petit Potin se contenta d’un sourire attendri avant de continuer son chemin, l’oiseau, lui, redressa son petit corps rond quelques secondes, le temps pour lui de se remémorer cette petite histoire à laquelle il avait assisté du haut de son perchoir.

Assise sur un banc, au pied d’un arbre endormi par l’hiver, une vieille dame en kimono rose pâle attendait patiemment le début des festivités. Sur ses genoux était posée une petite boîte visiblement remplie de biscuits. Mais alors qu’elle s’apprêtait à en manger un, elle aperçut que suspendu à une branche de l’arbre se trouvait un Pomdepik, visiblement lui aussi en appétit. La vieille dame s’apprêta à lui en offrir un, mais au même moment, un vieil homme l’interpella en s’approchant du banc, visiblement gêné. Dans sa maladresse, il n’aperçut même pas le regard vexé du pokémon insecte, qui voyait le biscuit changer lentement de destinataire.

Le Pomdepik, fort déçu de la tournure des événements, n'avait pas dit son dernier mot. Il aurait ce biscuit coûte que coûte. Il fallait juste un peu de patience. L'homme qui ne se doutait de rien, commença une conversation avec la veille dame qui échangea volontiers avec lui sur bon nombres de sujets. La proposition du gâteau vint presque aussi naturellement, ce que le gentilhomme ne put se résoudre à refuser. Il tendit sa main en direction de celui-ci et le Pomdepik descendit de l'arbre en abaissant le fil de sa sécrétion pour intercepter le biscuit.

Le Pomdepik posa le bout d’un fil sur le gâteau, se délectant d’avance. Enfin, le moment tant attendu de savourer le fruit de ses efforts de charmes pokémonesques auprès de la vieille dame, seulement volé par le vieux, arrivait ! Il tira sur le fil, le faisant bondir hors de la main du vieux et rappelant sa présence à la vieille dame qui poussa un petit cri, quand… Un Scarhino passa à toute allure et lui piqua de la patte, à toutes ailes. Sans rien voir, il s’arrêta sur le poteau à côté d’eux et engloutit la moitié du biscuit, totalement indifférent à ce qui se tramait dans son dos.

Derrière le couple, le Pomdepik vira au rouge pivoine, alors qu’à quelques pas se délectait le Scarhino, biscuit entamé en pinces, dont des miettes tombaient de sa gourmande mandibule. La dame tira alors un biscuit de son sachet et le tendit au petit pokémon rougi par la frustration. Cependant, au moment où le pokémon s’approcha, le vieil homme engloutit d’une traite le biscuit des mains de sa contemporaine !

La dame sursauta, surprise par le rapt dont le vieil homme venait de s’acquitter. Le malandrin se lécha les lèvres, mais sa comparse n’en avait pas terminé. Déterminée, elle tira toute une poignée de biscuits colorés. Le pomdepik sentit enfin son tour arriver. Il frétilla, encourageant la femme à se presser. Elle dégaina. Plus vite qu’un kunai, le biscuit fendit les airs droit vers la pomme de pin. Le scarhino l’intercepta. Raté. Elle recommença, mais cette fois le grand-père fut plus rapide. Au troisième essai, l’arbre tout entier se décala et goba le biscuit. Un simularbre rejoignait la partie.

Déstabilisé et surprit, le Pomdepik chuta au sol, roula et son front percuta le pied du banc dans un « poc » sonore. Il se redressa avec les larmes aux yeux : pourquoi n'avait-il pas le droit à son biscuit ? Attendrie, la dame le ramassa et le berça avec une infinie douceur, allant jusqu'à lui chantonner une tendre chanson. La dame s'assit à nouveau sur son banc et tendit la main pour attraper un biscuit mais le sac les contenant avait disparu : un Capumain se tenait avec sur une branche du Simulabre qui sautillait pour essayer de le déloger.

Le capumain agita sa prise, moqueur, sous le nez de ses concurrents. D’une agile pirouette, il sauta sur la tête de l’arbre factice, adressant aux autres un rictus provocateur avant de se targuer de quelques tapes sur son postérieur. Mais alors qu’il pensa pouvoir s’enfuir et profiter de son butin, le petit pokémon se retrouva bien embêté lorsqu’il vit que le pomdepik avait projeté un filet de toile sur le sachet. Le capumain tira, pour s’en débarrasser, mais le vieil homme, le simularbre et le scarhino attrapèrent à leur tour l’objet. Ils tirèrent, ils tirèrent et… Malheur ! Le sac en papier se déchira, et tous les biscuits se retrouvèrent éparpillés partout par terre !


Toc Toc. Quelques coups de bec, et il ne resta du dernier biscuit que des miettes maigrelettes. Le natu finit par s’envoler, laissant derrière lui un récit que seul l’âme du festival pourrait à nouveau raconter. Ce que le petit pokémon psy ne précisa pas, en revanche, était que la vieille dame, dans sa boîte, avait gardé un autre paquet. Alors, une fois le rideau baissé, elle se leva, et apaisa tout ce petit monde par un simple sourire. Tout le monde aura un biscuit, rassura-t-elle, à condition qu’elle les distribue elle-même.

Un premier biscuit, le pomdepik est ravi,
Un second biscuit, le vieil homme vient ensuite,
Un troisième biscuit, au scarhino en appétit,
Un quatrième biscuit, simularbre et fraise confite,
Un cinquième biscuit, offert au capumain gourmet,
Et le dernier, pour celle qui les a préparés !

Ceux tombés par terre furent finalement ramassés et époussetés, et tout ce petit groupe partit en profiter au pied de la tour sacrée. Il n’en resta qu’un, qui fut remis à celui que l’on connaît.

N’est-ce pas là une jolie histoire ? Sans doute aurait-elle plu à Erika, mais pour elle, le récit du festival n’est pas encore tout à fait terminé.

À l’entrée de la tour, les moines s’efforçaient déjà de décrocher les belles décorations placées sur la façade. Derrière eux, l’étang s’était apaisé, ses habitants aux nageoires voilées ayant déjà repris leur longue migration vers la vallée. À l’intérieur de la tour, le pilier, lui, continuait de se balancer lentement, dans un mouvement presque imperceptiblement. Un des tambours acheminés jusque sur la place centrale terminait de retrouver son emplacement initial aux côtés d’une grande statue de chétiflor. Erika s’avança, adressant comme à son habitude une salutation simple et discrète aux moines qui croisaient son regard. Ses jambes s’immobilisèrent finalement au pied du pilier, devant lequel la boîte remplie de pièces et de vœux allait bientôt être scellée. Une haute silhouette s’approcha alors même que le paquet de biscuit fut posé sur la boîte.

« Le Grand Chétiflor vous remercie pour cette offrande.
– Bonjour Ancien. »

Un regard complice s’échangea entre le vieil homme et la douce gérante.

« Avez-vous trouvé un vœu, cette année ?
– Malheureusement non. Je pense avoir tout ce qu’il me faut.
– Je vois…
– Et vous, avez vous fait un vœu ? »

Le vieux moine caressa sa barbe, l’air pensif.

« Bien sûr. Le Grand Chétiflor l’a même déjà exaucé. »

Comme pour accompagner sa pensée, l’Ancien tira ses grands doigts des manches de sa tenue traditionnelle pour venir attraper le paquet de biscuits, avant de le tirer à lui. Erika lui adressa un sourire amusé, auquel il répondit par un rictus similaire. Alors, tous les deux se saluèrent sans un mot, puis se séparèrent avec respect.

De retour à l’entrée de la tour, Erika s’immobilisa, quelques instants. Oui, cette fois encore, elle n’avait pas trouvé de vœu à formuler. Elle y avait réfléchi, pourtant. Puis alors, une idée lui vint. Elle pensa à tous les souhaits formulés au pied de la tour, et pria que tous trouvent leur réponse.  Et sans le savoir, ce vœu, qu’elle balaya d’une pensée, pensant que le Grand Chétiflor ne l’écouterait pas car elle n’avait pas participé au rite du festival, fut reçu.

Il flotta dans les airs, glissa sur les rayons de l’aurore, et rejoignit tous les autres souhaits, faits cette nuit-là.

Il croisa le vœu d’une jeune âme désireuse d’aventure, portée par des ailes tout juste déployées. Il ressentit la chaleur du souhait d’un cœur sauvage, rempli d’un amour indomptable, et la peine d’un autre, dont le visage marqué par le passé ne pensait pas formuler ce soir-là. Il entendit les mots d’une voix discrète, qui ignorait que son ombre pouvait cacher l’éclat d’une chaleureuse lumière. Il accompagna les paroles professées par des crocs tant habitués à mordre qu’ils avaient oublié la douceur d’un baiser sincère. Il tendit la main à une prière brûlante de passion, qui ignorait que d’autres avaient également prié pour elle.

Un vœu appelant aux autres d’êtres exaucés, le Grand Chétiflor ne pouvait pas l’ignorer. Alors il remercia celle qui venait de le formuler, et, par une brise chargée d’un agréable parfum, offrit à sa mémoire la pensée de tendres souvenirs.


Le festival de la Tour Chétiflor

Le matin se lève, le festival s’endort

Alors que la place de Mauville se défait peu à peu de sa tenue de fête, de nombreux souvenirs ont germé dans les esprits de ses innombrables visiteurs. Certains se sont beaucoup amusés, d’autres ont pu faire plaisir à leurs papilles. Il y a eu des heureux, d’autres un peu plus tristes. Mais finalement, chacun a pu prendre part comme il le souhaitait à cette nuit unique, oubliant, peut-être, le temps de quelques heures, le monde qui les attend à l’extérieur.

Un dernier regard est adressé à la tour. Était-ce réellement un chétiflor géant qui se tenait là, à cette place ? L’étang qu’elle surplombe pourrait peut-être répondre, mais désormais, seul le clapotis des ptitards, ravis de retrouver un peu de calme, résonne.



Divinations et récompenses


Certains ont déjà oublié tout ce qu’ils ont vu, d’autres ne peuvent détacher leurs pensées de ce morceau de papier, obtenu au terme d’un long pèlerinage au milieu des étals. Le Grand Chétiflor a distribué ses sages paroles. Saurez-vous les écouter et les comprendre ?






Kiseki Denaro




Le chétiflor en quête d'humidité ne doit pas ignorer la rosée que lui offre le matin.


Récompenses




Bec Pointu x1




Mots : 1405 mots
Pokédollars : 300 P






Ayla Kuma




Un rayon de soleil rend le sourire du chétiflor beau, mais le sourire du chétiflor rend beau le soleil tout entier en retour.


Récompenses




Croc Dragon x1




Mots : 3310 mots
Pokédollars : 300 P






Taiki Yakimasu




À force de chercher les réponses ailleurs, le chétiflor oublie que certaines se trouvent dans l'ombre de ses propres feuilles.


Récompenses




Rappel Max x1




Mots : 3372 mots
Pokédollars : 300 P






Octave Ferys




Les réponses aux questions du chétiflor se trouvent parfois dans le sol où il a éclot.


Récompenses




Encens Vague x1




Mots : 6367 mots
Pokédollars : 300 P






Déclic




À trop vouloir regarder ses racines, le chétiflor peut oublier de fleurir.


Récompenses




Nœud Destin x1




Mots : 1442 mots
Pokédollars : 300 P






Mimi Dellacchio




Un chétiflor qui croit en soi est un chétiflor en qui l'on croit.


Récompenses




Nectar Mauve x1





Poudre Claire x1




Mots : 5830 mots
Pokédollars : 300 P



Un grand merci aux participants !
À très bientôt pour le prochain évent !




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